Le paradis perdu et le paradis retrouvé

W.J. Lowe
1874

Le jardin d’Éden

« Or l’Éternel Dieu avait formé l’homme de la poudre de la terre, et avait soufflé dans ses narines une respiration de vie ; et l’homme fut fait une âme vivante. Aussi l’Éternel Dieu avait planté un jardin en Éden, du côté d’orient, et y avait mis l’homme qu’il avait formé. Et l’Éternel Dieu avait fait germer de la terre tout arbre désirable à la vue et bon à manger, et l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal…

L’Éternel Dieu prit donc l’homme et le mit dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder. Puis l’Éternel Dieu commanda à l’homme, en disant : Tu mangeras librement de tout arbre du jardin ; mais quant à l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras point ; car dès le jour que tu en mangeras, tu mourras de mort…

Or Adam et sa femme étaient tous deux nus, et ils ne le prenaient point à honte.

Or le serpent était le plus fin de tous les animaux des champs que l’Éternel Dieu avait faits, et il dit à la femme : Quoi ! Dieu a dit : Vous ne mangerez point de tout arbre du jardin ? Et la femme répondit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin ; mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point, et vous ne le toucherez point, de peur que vous ne mouriez. Alors le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez nullement ; mais Dieu sait qu’au jour que vous en mangerez, vos yeux seront ouverts, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal » (Gen. 2, 7 à 3, 5).


C’est en remontant à l’origine des choses que l’on apprend à les connaître sous leur vrai jour. Nos pensées sont souvent faussées par la tradition, ou par une certaine manière superficielle d’envisager les choses. C’est ainsi qu’on se fait illusion sur le présent et sur l’avenir. Cependant, Dieu a fait en sorte qu’il reste au-dedans de nous une certaine voix qui, de temps à autre, se fait entendre, et nous dit la vérité malgré tout ce qui s’y oppose dans le cœur naturel. Cette voix de la conscience nous dit que la vie de l’âme ne finit pas avec le dernier souffle de la vie terrestre ; — qu’il faut, en outre, comparaître devant le Dieu vivant, pour Lui rendre compte de nos actions, de nos paroles, voire même de toutes les pensées secrètes de nos cœurs.

Il est certains faits qui demeurent devant nous, dans toute leur épouvantable réalité — faits que tous les raisonnements des hommes incrédules de ce monde ne réussissent pas à annuler. Je puis accepter ou contester des opinions selon l’idée que je me fais de leur valeur, mais je suis aveugle de propos délibéré si, vis-à-vis des faits, je ferme les yeux.

L’homme poursuit sa vie mondaine, ne cherchant que le plaisir, la satisfaction de son égoïsme, sa volonté propre ; mais, dans le cours de ces choses, se présentent des faits qui viennent le troubler de bien des manières. Ces faits, je n’aime pas à les regarder de près, je les mets de côté, je ne veux pas qu’on m’en parle, et je me tranquillise en disant : Ce ne sont là que des niaiseries, des contes de vieilles femmes ; alors je cherche des distractions dans le monde, je me dissipe encore plus ; puis cette voix intérieure résonne et me dit : Cela ne va pas ; tu sais que tu n’es pas en règle avec Dieu ; il te demandera compte de ton passé. Je me trouve ainsi de nouveau en face de ces vérités contre lesquelles j’ai lutté et je lutte encore, et auxquelles je résiste de toutes mes forces ; je cherche à m’appuyer sur les raisonnements des hommes, qui jettent du doute sur toutes ces vérités, pour tâcher de faire taire ma conscience. Mais de nouveau, cette voix me dit : Pourquoi te donnes-tu donc tant de peine pour résister à ce qui n’existe pas ? Voudrais-tu battre le vent, ou anéantir le néant ? Ne vois-tu pas que la lutte même que tu engages est la meilleure preuve au-dedans de toi de la vérité écrasante de ces faits que tu repousses ? Oui, ils sont réels, et que tu le veuilles ou non, il faut que tu les reconnaisses.

Voilà les faits dont il nous est parlé en tête de cet article ; cher lecteur, ils nous condamnent vous et moi, et tout homme quel qu’il soit. Les déclarations du livre de Dieu s’accordent parfaitement avec tout ce qu’on voit autour de soi dans ce monde où règne tant de misère. Ce que Dieu a écrit comme en lettres de feu : « Le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort », n’est que trop vrai (voyez Rom. 5, 12).

Oui, cela n’est que trop vrai ; ne le dit-on pas à tout moment : il faut mourir une fois ou l’autre ? « Personne ne pourra en aucune manière racheter son frère, ni donner à Dieu sa rançon pour faire qu’il vive encore et qu’il ne descende point dans la fosse ; car on voit que les sages meurent, pareillement que le fou et l’abruti périssent, et qu’ils laissent leurs biens à autrui » (Ps. 49, 7-10). Les philosophes se donnent beaucoup de peine pour expliquer ce phénomène. Dieu nous en donne une raison bien simple : « Le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort ».

Oui, le péché est entré. Il y eut un temps où il n’était pas connu. Alors toute la création jouissait d’un repos parfait ; elle venait d’éclore dans toute sa primitive beauté, sortant de la main de son Dieu créateur. Partout régnait la paix, et un ordre divin. Dieu Lui-même regarda Son ouvrage, et voilà, il était très bon ; rien n’y manquait.

Au milieu de toute cette splendeur, il y avait un endroit plus beau que tout le reste : un lieu particulièrement favorisé par l’Éternel Dieu — un jardin qu’Il avait Lui-même planté et arrangé. Là, Il plaça l’homme, le chef-d’œuvre de la création — le seul être raisonnable et libre — le seul qui fût capable de jouir de la communion de Dieu.

L’homme ne reçut pas la vie de la même manière que les autres créatures. Celles-ci sortirent vivantes de la terre ou des eaux par l’effet de la parole du Créateur. L’homme, quand il fut formé, n’était qu’une poussière sans vie, jusqu’à ce que Dieu soufflât dans ses narines une respiration de vie. Ce souffle, venant de Dieu Lui-même, c’est l’âme qui, dans son essence, est immortelle ; quoi qu’il lui arrive, elle ne peut s’éteindre ni être anéantie.

Formé de la poussière de la terre et vivifié par l’Éternel Dieu, l’homme ne put, par ses propres forces, garder la belle position que Dieu lui avait faite en l’établissant comme chef et seigneur de la création terrestre. Pour y être maintenu, il fallait une dépendance continuelle de Celui qui l’avait créé. C’est là une vérité positive ; pourtant, aucune ne nous offusque davantage — et pourquoi ? Parce qu’on aimerait vivre pour soi-même dans ce monde, dégagé de toute responsabilité vis-à-vis de Dieu ; on voudrait être indépendant ; on est lent de cœur à comprendre que le véritable bonheur de la créature dépend d’une harmonie parfaite entre elle et son Créateur. La condition essentielle de cette harmonie, c’est que la créature soit soumise, en toutes choses, à la volonté du Créateur. L’autorité souveraine du Dieu créateur avait imposé à l’homme une seule loi, une seule défense, qui suffit à mettre son obéissance à l’épreuve. Aussi longtemps qu’il fut obéissant, la communion de Dieu était son glorieux privilège et son bonheur, car il était parfaitement heureux dans la présence de son Créateur ; aucun mal n’abordait son esprit, rien n’interrompait le cours de sa vie calme et paisible, rien ne l’empêchait de goûter toutes les beautés de cette demeure bienheureuse, rien n’entravait son intimité avec son Dieu. Dans son état d’innocence, le mal aussi bien que la honte étaient pour lui choses inconnues.

Le commandement de Dieu était clair et positif : « Tu mangeras librement de tout arbre du jardin ; mais, quant à l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras point ; car dès le jour que tu en mangeras, tu mourras de mort ». Le principe de l’obéissance, c’est que l’on garde le commandement sans raisonner. On le garde parce que c’est le commandement. Il n’y avait rien, dans l’apparence extérieure du fruit défendu, qui montrât qu’on ne devait pas le toucher ; tout comme les autres fruits, « il était agréable à la vue, et bon à manger ». Mais la loi du Dieu souverain avait défendu d’en manger. C’était là, pour l’homme, la pierre de touche de son obéissance ; c’était la condition essentielle de son bonheur.

Or l’épreuve ne se fit pas longtemps attendre. Satan, dont le vieux nom de « serpent » est rappelé dans le dernier livre de la Bible (Apoc. 12, 9), s’adressant à la femme, comme au plus faible des deux êtres qui jouissaient ensemble du paradis, élève dans son cœur un doute quant à la bonté illimitée du Dieu suprême. Ève lui répond avec complaisance, en lui exposant à son point de vue à elle leur position vis-à-vis de Dieu. Il était vrai, en effet, qu’ils n’osaient pas manger librement de tous les arbres. Ils possédaient le jardin, mais non pas d’une manière pleine et entière. Ils en jouissaient, mais leur jouissance n’était pas sans bornes. C’en était assez. Dès que le moindre doute, quant à la parfaite bonté de Dieu, se fut élevé dans le cœur de la femme, son adversaire ne tarda pas à en profiter. Il s’enhardit, il jette du doute sur la parole même de Dieu ; il va jusqu’à dire que Dieu a trompé ses créatures. « La mort », dont Dieu avait parlé, n’était qu’un épouvantail pour les retenir dans l’esclavage. Bien plus, c’était cet arbre-là qui seul pouvait les affranchir du joug de la servitude ; s’ils en mangeaient, ils seraient les égaux de Dieu Lui-même, connaissant le bien et le mal.

La femme écouta les paroles de Satan ; elle se laissa séduire.

La chute et ses conséquences

« La femme donc, voyant que le fruit de l’arbre était bon à manger et qu’il était agréable à la vue, et que cet arbre était désirable pour donner de la science, en prit du fruit et en mangea, et elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea ; et les yeux de tous deux furent ouverts ; et ils connurent qu’ils étaient nus, et ils cousirent ensemble des feuilles de figuier, et s’en firent des ceintures ; alors ils ouïrent, au vent du jour, la voix de l’Éternel Dieu qui se promenait par le jardin ; et Adam et sa femme se cachèrent de devant l’Éternel Dieu parmi les arbres du jardin.

Mais l’Éternel appela Adam et lui dit : Où es-tu ? — Et il répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai craint, parce que j’étais nu, et je me suis caché. — Et Dieu dit : Qui t’a montré que tu étais nu ? N’as-tu pas mangé du fruit de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? — Et Adam répondit : La femme que tu m’as donnée pour être avec moi, m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé. — Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Qu’est-ce que tu as fait ? — Et la femme répondit : Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé.

Alors l’Éternel Dieu dit au serpent : Parce que tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre toutes les bêtes des champs… Et il dit à la femme : J’augmenterai beaucoup ton travail et ta grossesse ; tu enfanteras en travail les enfants ; tes désirs se rapporteront à ton mari, et il dominera sur toi. — Puis il dit à Adam : Parce que tu as obéi à la parole de ta femme, et que tu as mangé du fruit de l’arbre duquel je t’avais commandé en disant : Tu n’en mangeras point, la terre sera maudite à cause de toi ; tu en mangeras les fruits en travail tous les jours de ta vie ; et elle te produira des épines et des chardons, et tu mangeras l’herbe des champs. Tu mangeras le pain à la sueur de ton visage jusqu’à ce que tu retournes en la terre, car tu en as été pris ; parce que tu es poudre, tu retourneras aussi en poudre » (Gen. 3, 6-19).


Plus on considère le caractère de la tentation que Satan mit devant la femme, plus on comprend que cette première désobéissance au commandement de Dieu renferme en elle le germe de tout le mal qui a dès lors corrompu le monde. Le désir de s’élever, de se faire égal à Dieu, afin de pouvoir se passer de Lui, telle était la pensée secrète et dominante du cœur humain. Or, quand la femme entrevit qu’une telle chose pouvait s’accomplir, et qu’elle satisfaisait en même temps ses goûts naturels, rien ne l’empêchait d’agir selon son égoïsme. Préoccupée d’elle-même dans ce moment critique, elle ne voit rien en dehors d’elle-même. Son égoïsme l’avait complètement aveuglée ; mais, remarquez-le bien : avant d’être aveuglée par son amour-propre, elle donne place dans son cœur à des pensées de méfiance envers Dieu. Voilà la source du mal. Si l’on a bien saisi cela, on comprend aussi que pour le relèvement moral d’un individu, il faut qu’il soit en règle avec Dieu quant à sa conscience. C’est là un principe de la dernière importance. Lorsqu’on est vraiment heureux dans la présence de Dieu — en communion avec Lui — on ne pense pas à soi-même, on est à l’abri du mal. Quand la communion avec Dieu n’existe pas, on s’occupe de soi, on a perdu son bouclier, et l’adversaire ne tarde pas à en profiter.

Dans la première épître de Jean, on trouve une définition du monde dans son essence ou dans son principe, définition qui se rapporte à ce que nous voyons dans notre passage. Il y est parlé (chap. 2, 16) de tout ce qui est dans le monde, savoir : 1º la convoitise de la chair ; 2º la convoitise des yeux ; et 3º l’orgueil de la vie. Au verset 6 de notre chapitre, nous voyons que les pensées de la femme avaient ce triple caractère ; elle vit que le fruit défendu était 1º bon à manger, 2º agréable à la vue, et 3º désirable pour donner de la science ; elle prit du fruit et en mangea ; elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea. Les voilà maintenant grandis à leurs propres yeux, mais honteux en même temps. Ils connurent qu’ils étaient nus, et se firent des ceintures de feuilles de figuier. La science qu’ils avaient convoitée les oblige à s’occuper d’eux-mêmes d’une façon qui leur avait été inconnue jusqu’alors. L’orgueil de la vie demande que nos semblables aient de nous-mêmes la haute opinion que notre propre ambition entretient follement dans nos cœurs. Or, comme on ne peut juger que par l’extérieur (car Dieu seul voit et sonde le cœur), nous nous donnons toutes les peines imaginables pour obtenir d’autrui cette appréciation favorable. Tous nos efforts, de même que ceux de nos premiers parents, ont pour but de cacher ce qui n’a pas bonne façon ; mais ce que nous étalons orgueilleusement en guise d’ornement ne fait en réalité qu’attirer l’attention sur nos défauts.

La connaissance du bien et du mal eut pour effet de détruire la confiance mutuelle entre Adam et Ève, de les amener à se méfier l’un de l’autre. Ils avaient fait la découverte qu’ils étaient nus ; leur première pensée fut de se couvrir. Bientôt, leur condition morale fut pleinement dévoilée, quand ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu qui se promenait dans le jardin au vent du jour. Adam et sa femme se cachent incontinent derrière les arbres. Ils ne peuvent pas supporter le regard de l’Éternel Dieu ; tous leurs liens avec Lui étaient rompus. Sa présence, au lieu d’être leurs délices, remplit maintenant leur âme de terreur. Les ceintures de feuilles de figuier leur avaient suffi pour se cacher l’un à l’autre ; mais il leur fallait trouver un moyen plus efficace pour se cacher de devant l’Éternel. Ils avaient peur de Dieu. La conscience, la connaissance du bien et du mal, qu’ils avaient acquise par la chute, transformait le paradis, ce jardin délicieux, en un lieu insupportable ; et cela, à cause de la présence de l’Éternel Dieu. Hélas ! Adam n’était plus en communion avec Dieu. La voix de l’Éternel le fait fuir, lui et sa femme. Mais qui peut se soustraire au regard de Dieu ? Du moment que l’Éternel Dieu fait entendre cette parole : « Où es-tu ? », Adam est obligé de reconnaître qu’il avait peur de Dieu, parce qu’il était nu. Dieu lui dit : « Qui t’a dit que tu étais nu ? ». La conscience de sa nudité décelait l’état d’Adam, quelque effort qu’il eût fait pour se le cacher à lui-même. Plus tard, nous verrons comment Dieu agit en grâce envers Adam à cet égard. Mais quand Dieu entre sur la scène, il faut qu’Adam reconnaisse : « J’étais nu ».

Dieu met le doigt sur le vrai caractère du péché, en disant : « As-tu mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? ». Adam avait été désobéissant ; il s’excuse en jetant la faute sur la femme, et même en quelque sorte sur Dieu, qui la lui avait donnée ; mais il est condamné (v. 17) pour la chose même par laquelle il s’excuse. Ensuite, Dieu s’adresse à la femme en termes bien propres à sonder tous les replis de son cœur : « Qu’est-ce que tu as fait ? ». Mais elle, à son tour, rejette la faute sur le serpent.

Alors Dieu, commençant par le serpent, l’auteur du mal, prononce sur chacun sa juste sentence. Le serpent est maudit, et à la fin sa tête sera écrasée. La femme doit enfanter avec travail des enfants. La terre est maudite à cause d’Adam ; elle lui produira des épines et des chardons, et l’homme mangera son pain à la sueur de son visage, jusqu’à ce qu’il retourne en la terre de laquelle il a été tiré. En conséquence, il faut que lui et sa femme soient bannis du beau jardin d’Éden. Le premier paradis, le paradis terrestre, fut ainsi perdu par la désobéissance.

Au moment dont nous parlons, Adam et Ève, obligés de sortir de dessous les arbres dont ils faisaient leur retraite, se trouvent devant Dieu convaincus par Lui de leur péché. Dorénavant, le péché s’attache à toute leur postérité, et leurs enfants sont comme eux des « enfants de la désobéissance » (Éph. 2, 2).

Les voies subséquentes de Dieu envers l’homme font ressortir d’autant mieux ce triste fait.

Quand Dieu, du haut du Sinaï, donna, par l’entremise de Moïse, la loi au peuple d’Israël, ce dernier, d’un commun accord, répondit par deux fois : « Nous ferons toutes les choses que l’Éternel a dites » (Ex. 19, 8 ; 24, 3). Mais, hélas ! avant de recevoir de la part de Dieu les deux tables de pierre sur lesquelles étaient inscrits les dix commandements, les enfants d’Israël avaient déjà violé le premier de la manière la plus grossière : ils avaient fait une image et s’étaient prosternés devant elle.

Tout cela se renouvelle plus tard dans l’histoire de l’homme. Malgré tant d’expériences répétées de ce qu’ils étaient, c’est-à-dire un peuple rebelle et revêche, les Israélites osent dire à Josué : « Nous servirons l’Éternel, notre Dieu, et nous obéirons à sa voix » (Jos. 24, 24). Bientôt après, Dieu leur envoya un ange pour leur dire : « Vous n’avez point obéi à ma voix ; qu’est-ce que vous avez fait ? » (Jug. 2, 2).

N’oublions pas que ces choses leur arrivèrent comme types de ce qui nous concerne, et qu’elles ont été écrites pour notre enseignement (1 Cor. 10, 6, 11). Dieu nous fait voir, à vous et à moi, cher lecteur, que par nature, nous sommes des enfants de désobéissance, et par conséquent, des enfants de colère.

Reste toutefois la grande et bienheureuse vérité que « Dieu est amour » ; Dieu veut se faire connaître tel qu’Il est ; Il ne veut pas nous abandonner aux conséquences de nos péchés ; Il ne veut pas la mort du pécheur. Voilà pourquoi Il fait prêcher parmi toutes les nations les bonnes nouvelles du salut — salut éternel, parfait et actuel — « pour l’obéissance de la foi » (Rom. 1, 5 ; 16, 26) ; afin que, comme des enfants obéissants, nous ne nous conformions pas à nos convoitises d’autrefois (1 Pier. 1, 14). Il nous avertit en même temps qu’un jugement terrible attend tous ceux « qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ » (2 Thess. 1, 8).

Si donc ce fut la désobéissance qui nous sépara de Dieu tout d’abord, et qui depuis lors nous a retenus esclaves de nos propres convoitises, c’est l’obéissance à Dieu qui doit nécessairement caractériser tous ceux qui sont sauvés par la grâce en croyant aux bonnes nouvelles du salut.

Remarquez, cher lecteur, comment ce salut a été opéré. Jésus Christ, le saint Fils de Dieu, Lui qui n’a jamais connu le péché (2 Cor. 5, 21) — Dieu L’a fait péché pour nous. Jésus s’est livré volontairement : « Il s’est abaissé Lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » (Phil. 2, 8). C’est pourquoi, « comme par la désobéissance d’un seul homme, plusieurs ont été constitués pécheurs, ainsi aussi, par l’obéissance d’un seul, plusieurs seront constitués justes » (Rom. 5, 19-21).

Celui qui ne se rend pas à l’invitation de Dieu, en venant maintenant à Christ, persiste dans l’état de désobéissance dans lequel Adam s’est vu quand il se tenait devant Dieu, coupable et convaincu de péché. Il est même beaucoup plus coupable qu’Adam, car il ajoute à la désobéissance le mépris de la grâce de Dieu ; il choisit, le sachant et le voulant, le péché, les ténèbres, la mort.

Adam s’est caché de devant Dieu autant qu’il a pu le faire. Sa conscience ne lui permettait pas de chercher la lumière de la présence de son Créateur.

Il y a deux côtés, dans la conscience. Elle est d’abord « la connaissance du bien et du mal », en vertu de laquelle les pensées s’accusent ou s’excusent les unes les autres (Rom. 2, 15). Ensuite, cette connaissance, acquise par la désobéissance, s’unit au sentiment de la responsabilité personnelle vis-à-vis de Dieu — responsabilité qui existait déjà — et produit celui de la culpabilité, là où il y a quelque connaissance de Dieu, parce que nous avons tous péché ; et si nous avons été placés sous la tutelle de la loi, nous n’avons fait que transgresser le commandement.

Le premier effet de la conscience du péché est de pousser Adam et Ève à se faire des ceintures de feuilles de figuier pour se cacher à eux-mêmes leur nudité, et, quand la voix de Dieu se fait entendre, à chercher à se cacher de devant Lui, parce qu’ils se sentent nus devant Ses yeux. Leur conscience étant mauvaise, ils n’osent pas se présenter devant Dieu.

N’avons-nous pas fait comme Adam ? Notre grand désir n’a-t-il pas été de conserver une position respectable aux yeux des hommes, tout en nous éloignant de Dieu ? Tout cela prouve que notre conscience était mauvaise. Il est écrit : « Or c’est ici le jugement, que la lumière est venue au monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises » (Jean 3, 19).

Dieu cependant vient à la recherche de l’homme pécheur et perdu ; « la bonté de Dieu nous pousse à la repentance » (Rom. 2, 4). Dieu nous fait connaître qu’Il a donné un remède efficace pour le pécheur coupable et condamné. Il attire notre cœur par Son amour, Il fait luire Sa lumière dans notre conscience, demandant : « Qu’as-tu fait ? » (Gen. 3, 13 ; 4, 10). Il nous amène devant Lui, et nous apprend à nous juger dans Sa présence et à nous voir tels qu’Il nous voit ; Il nous apprend à confesser nos péchés, nous donnant de croire que Lui est pour nous. Devant le témoignage de Sa grâce, le cœur brisé et tremblant confesse ses péchés, parce qu’il sait que l’Agneau de Dieu les a tous portés, qu’Il en a porté la peine, dans l’agonie de Son âme, sur la croix, où, comme substitut, Il a subi le juste jugement de Dieu que le pécheur avait encouru.

Quand les péchés sont ainsi confessés à Dieu, la conscience en est délivrée, et elle devient « bonne » ; jusque-là, les terreurs du jugement de Dieu pesaient sur elle. La délivrance ne vient que quand l’âme saisit, dans la présence de Dieu, cette vérité que, par une seule offrande, l’offrande du corps de Jésus Christ, Dieu a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés (Héb. 10, 14). La conscience est alors purifiée des œuvres mortes pour servir le Dieu vivant. Le croyant recherche la lumière qu’il fuyait jadis. Il n’a plus peur de Dieu, car c’est Dieu Lui-même qui le justifie. Sa conscience, de plus en plus éclairée par la lumière, devient de plus en plus délicate, et le garde, par la grâce, dans le chemin de l’obéissance où Jésus a toujours marché. Dans ce chemin, le chrétien éprouve le besoin et jouit du privilège de dépendre continuellement de Dieu, de connaître et de faire Sa volonté.

Il est très important de saisir cette double opération de l’Esprit de Dieu en rapport avec ce que Dieu est. Il est écrit que « Dieu est lumière » et que « Dieu est amour ». Il faut que chaque âme soit amenée dans la lumière, et c’est dans la lumière de Dieu qu’elle apprend à se connaître réellement. Jésus dit : « Je suis venu dans le monde, la lumière, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres » (Jean 12, 46).

Mais comment supporter cette lumière ? Nous qui, avec peu de connaissance de nous-mêmes, recherchons naturellement les ténèbres, comment pourrions-nous subsister dans la présence de Dieu, où toutes nos pensées secrètes sont mises au jour ? La réponse est simple : « Dieu est amour ». Il nous dit qu’Il a tellement aimé le monde qu’Il a donné Son Fils unique… « Dieu constate son amour à Lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rom. 5, 8). Les passages qui sont si souvent cités comme donnant un exposé clair et court de l’évangile commencent toujours par signaler l’amour de Dieu ; comparez Jean 3, 16 ; Romains 5, 8 et 9 ; Éphésiens 2, 4 à 7 ; Tite 3, 4 et 5 ; 1 Jean 4, 9 et 10.

La connaissance de Son amour, que nous expose Sa Parole écrite, produit la confiance en Lui ; et le cœur du croyant ose espérer dans un Dieu qui, pour lui, n’est plus un juge, mais un Sauveur.

Ceci demande peut-être un éclaircissement. Prenons un exemple : Je dois une somme immense à mon principal créancier. Je sais que je ne puis lui payer un centime. Mes livres sont là avec les dettes de toute espèce qui y sont inscrites. Les unes ont été contractées plus ou moins par nécessité, plus ou moins honorablement, selon le monde ; d’autres, à parler franchement, devraient être appelées des vols plutôt que des dettes. On conviendra donc que plus les dettes sont nombreuses et mauvaises, moins j’aurais le courage de repasser le registre qui les contient. Mon cas est désespéré ; je suis sur le point d’être arrêté par la justice. Mon principal créancier, qui connaît l’état de mes affaires, se rend alors auprès de moi et demande à voir mes livres. Je ne veux pas les lui présenter. « Comment, lui dis-je, je n’aime pas y regarder moi-même ; encore moins les faire voir à d’autres, surtout à vous ! ». — « Mais si je paye vos dettes ? » — « Vous vous moquez de moi ; c’est impossible ; elles sont en trop grand nombre ». — « Je ne me moque pas de vous, je viens en ami ; l’argent est là ; j’ai des ressources infiniment plus grandes que toutes vos dettes accumulées ». — « Quoi ! vous, me les payer ! vous, mon créancier, que j’ai si souvent trompé ! J’en suis tout confondu, ces nouvelles sont trop bonnes pour être vraies ». — Pourtant, elles sont vraies ; et à mesure que je prends confiance en celui qui se fait connaître à moi sous un aspect tout nouveau, je commence à lui exposer les choses que je m’efforçais de me cacher à moi-même, confiant en sa parole qui m’assure qu’il veut tout payer pour moi. Alors, aussitôt reconnue, chaque dette est acquittée, et mon cœur en est ainsi débarrassé pour toujours.

Nous espérons, par cette faible comparaison, rendre claire la place que la confession et la repentance occupent dans l’expérience d’une âme amenée à Dieu.

Nous pourrions aller encore plus loin et montrer l’autre côté de la vérité : un créancier qui, non seulement acquitte les dettes, mais qui, de plus, fait de son débiteur son associé et l’introduit dans la relation d’enfant et d’héritier, en sorte que les dettes soient dorénavant une chose impossible ; mais cela nous entraînerait au-delà des limites de notre sujet qui traite du travail de Dieu dans la conscience. Il faut que chaque âme soit amenée à reconnaître son état individuel devant Dieu. Il ne suffit pas d’affirmer, d’une manière générale, que « tous sont pécheurs ».

La repentance, c’est le jugement de moi-même, non pas seulement de mes péchés ; c’est le jugement que Dieu me donne de porter sur moi-même en communion avec Lui. Il faut être dans la lumière de Dieu pour se juger ainsi. Il faut qu’on ait déjà connu la grâce pour que l’on puisse supporter la découverte de ce qu’on est dans la présence du Dieu de sainteté — du Dieu juste et Tout-puissant. La repentance est le résultat inévitable du fait qu’on se trouve réellement en présence de Dieu révélé en Jésus Christ. « C’est la bonté de Dieu qui nous pousse à la repentance ».

Loin de Dieu, il est impossible de se repentir. Sans la connaissance de Sa grâce, il est impossible de se juger. Les terreurs du jugement ne font, après tout, qu’endurcir le cœur, tant l’homme est méchant et corrompu.

Le paradis de Dieu

« Et Adam appela sa femme Ève, parce qu’elle a été la mère de tous les vivants.

Et l’Éternel Dieu fit à Adam et à sa femme des robes de peau, et les en revêtit. Et l’Éternel Dieu dit : Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, connaissant le bien et le mal ; mais maintenant, il faut prendre garde qu’il n’avance sa main, et aussi qu’il ne prenne de l’arbre de vie, et qu’il n’en mange et ne vive à toujours. Et l’Éternel Dieu le mit hors du jardin d’Éden pour labourer la terre de laquelle il avait été pris. Ainsi il chassa l’homme, et mit vers l’orient du jardin d’Éden des chérubins et une épée flamboyante qui se tournait çà et là, pour garder le chemin de l’arbre de vie » (Gen. 3, 20-24).

« Et Jésus lui dit : En vérité, je te dis : Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23, 43).


En examinant de plus près comment Adam et Ève furent chassés du paradis terrestre, nous comprendrons quelles étaient les conditions nécessaires pour donner entrée à l’homme dans le « paradis de Dieu » ; nous verrons ensuite comment ces conditions ont été remplies.

Quand l’Éternel Dieu descendit dans le jardin d’Éden, après la chute d’Adam, Il manifesta le péché de l’homme et de la femme, faisant peser sur leurs consciences leur désobéissance. Il prononça ensuite son jugement selon l’ordre dans lequel le mal avait été introduit : sur le serpent d’abord, puis sur la femme, enfin sur Adam ; insistant sur le fait que la mort était entrée par le péché. « Tu es poudre, et tu retourneras en poudre ».

Adam saisit alors, par la foi, l’espérance que le jugement du serpent avait éveillée dans son cœur, et il appela le nom de sa femme Ève (mot qui veut dire vivant) ; car bien que Dieu eût prononcé la sentence de la mort, Il avait dit aussi que la semence de la femme écraserait la tête du serpent. Le travail et la douleur devinrent la part de chacun — d’Adam en cultivant la terre ; de la femme dans l’enfantement ; — mais la parole de Dieu porta les regards d’Adam vers une victoire finale ; aussi Adam pense-t-il à la vie, lorsqu’il nomme sa femme Ève, c’est-à-dire : « mère de tous les vivants ».

Qu’il est beau de voir ici la grâce de l’Éternel Dieu entrer, après la chute, dans les circonstances d’Adam et de sa femme, en couvrant Lui-même, d’une manière efficace, la honte dont la connaissance du bien et du mal avait rempli leurs cœurs ! Ils avaient vainement essayé de se faire une couverture avec des ceintures de feuilles de figuier ; mais l’Éternel Dieu leur fit des robes de peau et les en revêtit. Ni la pensée, ni les efforts d’Adam n’entrèrent pour rien dans cette couverture. Son désir fut infiniment dépassé. Dieu Lui-même était l’auteur des robes dont Il revêtit Adam et sa femme. Remarquons encore que ces vêtements n’avaient pas été faits sans effusion de sang : des animaux avaient été mis à mort pour que leurs peaux servissent à cet usage tout nouveau.

N’est-ce pas là un précieux type de ce que Dieu fait pour le pécheur qui vient à Christ avec un cœur brisé ? Dieu le couvre d’une robe de justice digne de Lui-même, tellement que l’homme ainsi revêtu est trop heureux de se débarrasser de sa vaine et fallacieuse couverture de propre justice dans laquelle il s’était confié. Or, la robe de justice que Dieu donne est le fruit de la rédemption ; elle a été payée au prix du sang précieux de Jésus, lequel s’est offert comme substitut de l’homme, subissant la mort et la colère de Dieu à la place du pécheur.

Craindra-t-on que la belle robe de justice puisse enorgueillir le cœur du racheté de Jésus ? Bien loin de là. Ces robes de peau ne disaient pas qu’Adam et Ève fussent encore innocents ; au contraire, elles déclaraient qu’ils étaient tombés, mais elles attestaient en même temps la grâce de Dieu qui avait pensé à leur misère. Ainsi revêtu de la robe de justice, le croyant se souvient par là même qu’il est sauvé par la grâce ; or la grâce suppose qu’il était pécheur, qu’il méritait la mort, et que, sans la grâce, il était nu devant Dieu et perdu.

Cependant, Dieu ne pouvait plus permettre qu’Adam et Ève restassent en Éden. L’arbre de vie était là au milieu du jardin, et Dieu ne voulait pas que l’homme, dans son état de chute, en pût manger. C’eût été le rendre immortel dans son état de péché et de misère. « Ainsi Dieu chassa l’homme ». Mais ce que Dieu faisait, Il le faisait en grâce, dans l’intérêt de l’homme. Dieu ne pouvait avoir communion avec le pécheur ; Sa sainteté demandait le jugement du pécheur, l’abolition du péché. Aussi le jardin d’Éden ne pouvait plus être la demeure d’Adam ni un paradis pour lui. Dieu l’en fit sortir ; Il le chassa de Sa présence — en jugement, il est vrai — mais par des voies pleines de grâce et d’espérance pour l’avenir — d’une espérance fondée sur une justice toute nouvelle, sur la justice de Dieu, non pas sur celle de l’homme. Puis Dieu plaça à l’orient du jardin des chérubins avec une lame d’épée flamboyante, montrant ainsi l’impossibilité pour Adam de revenir sur ses pas, afin de jouir d’une vie d’innocence. Le chemin de l’arbre de vie était gardé, et l’épée tournait de tous côtés, en sorte que personne ne pouvait s’approcher.

L’expulsion de nos premiers parents du paradis terrestre détermine la situation actuelle de tous ceux qui sont nés d’eux. L’avez-vous compris, cher lecteur ? Je ne vous demande pas quel est votre caractère dans le monde. Il est possible que vous soyez aimable, respectable, que vos voisins n’aient rien à vous reprocher ; mais quelle est votre position vis-à-vis de Dieu ? Vous êtes de la race d’Adam ; — né et élevé en dehors du paradis, tandis que l’arbre de vie est dedans. Que ferez-vous ? Votre position actuelle, comme pécheur, est loin de Dieu ; vous êtes là, séparé de Lui, sous le pouvoir de Satan ; car si Satan a pu entrer dans le jardin pour tromper l’homme par sa ruse, c’est en dehors du jardin qu’il exerce son pouvoir. Écoutez tous les cris de détresse qui s’élèvent incessamment de cette terre ; considérez tous les champs de bataille ; voyez toutes les disputes, toutes les jalousies, toute la rancune que nourrit le cœur de chacun ; puis, dites si Satan ne fait pas sentir sa puissance ; dites si la terre ne gémit pas sous l’empire du péché et de la mort ! Il n’est que trop vrai, cher lecteur ; nous sommes chassés du paradis, et l’épée flamboyante garde le chemin de l’arbre de vie. Les chérubins ne font pas de grâce ; ils n’écoutent pas les excuses ou les explications ; ils sont là pour plonger l’épée de feu du jugement de Dieu dans le sein de quiconque s’approche.

Il est quelqu’un cependant, un seul, qui a pu et qui a voulu se dévouer pour recevoir le terrible coup de ce jugement. Lui, le compagnon de l’Éternel des armées, était pur, sans tache et sans souillure ; « Il n’a pas connu le péché » (2 Cor. 5, 21). En fait de péché, il n’y avait rien en Lui que cette épée de jugement pût atteindre ; — tout en Lui était perfection absolue. Il était qualifié pour répondre à notre place, Lui qui, personnellement, était pur et parfait devant Dieu. Il peut recevoir le coup ; mais le voudra-t-Il ? Écoutez, Il dit :

« Voici, je viens ; il est écrit de moi dans le rouleau du livre ; je viens pour faire, ô Dieu ! ta volonté » ; — et « c’est par cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes » (Héb. 10, 5-10). Ainsi, aussi, nous lisons dans les prophètes : « Épée, réveille-toi sur mon pasteur et sur l’homme qui est mon compagnon, dit l’Éternel des armées ; frappe le pasteur… » (Zach. 13, 7). Quel dévouement ! Jésus Christ, le Fils du Dieu vivant, est entré dans ce monde où règnent le péché et la mort ; Il y est entré en ressemblance de chair de péché et pour se livrer Lui-même en sacrifice pour le péché. Il a souffert une fois pour les péchés, Lui juste, pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu (Rom. 8, 3 ; 1 Pier. 3, 18).

Cela ne vous touche-t-il point, lecteur ? Contemplez, et voyez s’il y a une douleur semblable à Sa douleur qui Lui est arrivée, à Lui que l’Éternel a affligé au jour de l’ardeur de Sa colère (Lam. 1, 12). Regardez à la croix de Christ, et apprenez que les grandes eaux L’ont atteint jusque dans l’âme (Jon. 2, 6) ; comme dit aussi le prophète en parlant des souffrances de Christ : « Un abîme appelle un autre abîme au son de tes canaux ; toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi » (Ps. 42, 7). « Lui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui ». Lui a été abandonné de Dieu dans ce moment suprême ; Il a mis son âme en oblation pour le péché, criant d’une forte voix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».

Tel a été le prix de notre rachat, car l’amour de Dieu ne pouvait pas se manifester aux dépens de Sa justice. « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3, 16). Christ, le Fils de Dieu, Celui qui a fait la propitiation, est maintenant la vie de nous tous qui croyons en Lui. À la croix de Christ, l’amour de Dieu a été manifesté ; là aussi, Sa justice a été pleinement satisfaite. Dieu fait monter de mon cœur des actions de grâces, en m’apprenant là comment Il a voulu me mettre à part et me sanctifier pour Lui-même.

Il est dit dans les prophètes qu’après avoir mis Son âme en oblation pour le péché, Il se verra de la postérité… « Il jouira du travail de son âme et en sera rassasié… » (És. 53, 10, 11). Au moment même des souffrances du Seigneur, il y avait à côté de Lui un pauvre brigand qui se reconnaissait pécheur, condamné à mort justement, et qui, en proclamant l’innocence et la justice parfaite de Jésus, Lui dit : « Seigneur, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume ». Jésus lui dit : « En vérité, je te dis : Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ». Voilà déjà, pour Jésus, un fruit du travail de Son âme, voilà le paradis de Dieu ouvert au pécheur repentant, par la croix de Jésus ; le chemin de la vie à travers la mort. La justice satisfaite n’a plus rien à demander à un pécheur lavé dans le sang de Jésus. Celui qui croit en Jésus a la vie éternelle, il ne viendra pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. Il n’y a pas de condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus (Jean 5, 24 ; Rom. 8, 1). Et puis, qui peut dire tout ce que contiennent ces paroles : « Tu seras avec moi » ?

Jésus Christ a été livré par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu. Ce sont cependant les hommes qui ont été les instruments de la mort du Prince de la vie ; ainsi, ils ont mis à découvert toute la haine invétérée du cœur naturel contre Dieu. Jésus allait de lieu en lieu, faisant du bien, agissant toujours en grâce ; délivrant ceux que le diable avait asservis à sa puissance. Comment L’ont-ils reçu ? Ils L’ont accablé de mépris et d’outrages ; ils Lui ont dressé des pièges ; ils ont cherché Sa vie ; de sorte que Lui-même a dit : « Si je n’eusse pas fait parmi eux les œuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant, ils ont et vu et haï et moi et mon Père » (Jean 15, 24). À la fin, s’étant saisis de Lui, ils amenèrent de faux témoins pour Le condamner à mort ; ils Lui crachèrent à la figure ; puis, L’ayant mis en croix, ils se tenaient là pour Le regarder en se moquant de Lui. Enfin, comme si tout cela n’était pas suffisant, un soldat armé d’une lance Lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau ; témoignage du salut que procurait Sa mort, même pour ceux qui Le tuaient, s’ils venaient à croire en Lui.

Tel est l’homme et tel est Dieu. La plus haute manifestation de l’amour de Dieu fait ressortir la haine acharnée du cœur de l’homme contre Lui, et contre tout ce qui est de Lui. C’est pour une telle créature, cependant, que Dieu, dans Son amour infini, « a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais ait la vie éternelle ». Or, Jésus dit encore maintenant à celui qui vient à Lui : « Tu seras avec moi dans le paradis ».

S’il a fallu la croix de Christ pour démontrer pleinement ce que c’est que l’homme déchu, il n’a pas fallu moins, non plus, pour donner un démenti complet à l’adversaire. Devant la croix de Christ, nous sommes forcés de reconnaître que Dieu a donné ce qu’Il avait de plus cher afin de pouvoir justifier le pécheur qui croit en Lui. Dieu n’a pas épargné Son propre Fils, mais L’a livré pour nous, afin que nous devinssions Ses héritiers et que nous fussions avec Lui dans la gloire céleste, « connaissant à fond, comme aussi nous avons été connus » (1 Cor. 13, 12 ; Gal. 4, 9).


Nous avons donc passé en revue la position actuelle de l’homme chassé du premier paradis, ainsi que la manière dont Dieu, par Christ, a ouvert le chemin du salut. Les faits racontés dans le chapitre 3 de la Genèse s’accordent avec tout ce que nous voyons autour de nous dans ce monde. Le péché règne partout ; la mort ne cesse pas de faucher ses victimes. Malgré cela, par la grâce de Dieu, la porte du salut est encore ouverte. Et vous, cher lecteur, êtes-vous sauvé ? Si vous ne connaissez pas le Seigneur Jésus Christ, vous demeurerez dans les ténèbres de ce monde, loin de Dieu.

Vous direz peut-être qu’il n’y a pas de votre faute ; que vous êtes né et que vous avez été élevé dans le péché, et que même, lorsque vous éprouvez le désir d’en être délivré, Satan est plus fort que vous et vous retient. — Il faut cependant convenir que cela ne peut point vous servir d’excuse devant Dieu. La délivrance est là pour celui qui croit. La Parole de Dieu a la puissance de sauver nos âmes. « Écoutez cette parole, et votre âme vivra ».

Rappelez-vous encore ceci : c’est que l’homme s’est servi de son libre arbitre pour entrer dans le service de Satan. Il a préféré écouter le mensonge du diable, plutôt que de rester soumis au commandement de son Dieu. Satan est un maître très dur, mais l’homme est volontairement son esclave. Vous ne savez que trop, cher lecteur, que vous aimez à vivre dans l’indépendance de Dieu, dans la désobéissance à Sa volonté ; c’est pourquoi, si vous ne vous rendez pas à l’appel du Seigneur, qui dit : « Venez à moi », vous aurez à reconnaître la vérité de cette autre parole : « Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie » (Jean 5, 40). La volonté propre de votre méchant cœur, qui est inimitié contre Dieu, vous tient éloigné de Lui.

Il y a deux chemins ouverts devant vous : celui de la vie et celui du jugement. Vous faites partie d’un monde qui a mis le comble à sa rébellion contre Dieu, en crucifiant Son Fils unique. Dieu a ressuscité Son Fils d’entre les morts et L’a établi juge des vivants et des morts (Act. 10, 42). Le Père a donné tout jugement au Fils, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père (Jean 5, 22, 23). Si donc vous n’êtes pas sauvé par le Fils de Dieu, vous serez jugé par Lui ; et quand vous vous trouverez devant Son trône, rien ne pourra vous abriter (voyez Apoc. 20).

Celui qui a le Fils de Dieu a la vie, et devient héritier de la gloire et du bonheur éternels qui se trouvent dans le paradis de Dieu.