Ce chapitre, très simple, est divisé en trois parties distinctes ; la première s’étend jusqu’à la fin du versets 1 à 24 ; la seconde du verset 25 au verset 27 ; et la troisième du verset 28 à la fin du chapitre.
Parlons ensemble, si vous le voulez bien, du contenu de ce chapitre ; nous sommes comme les brebis et les agneaux d’un troupeau, rassemblés autour d’un puits, recouvert d’une pierre que le Seigneur peut rouler par le moyen qu’Il voudra. Si nous pensons à cela, nous profiterons mieux de Son enseignement, car nous avons une fâcheuse tendance à tomber dans une sorte de mécanisme religieux. Aller aux réunions par routine est une chose dont nous devons avoir horreur. Et nous, frères, ne sommes-nous pas exposés à ce danger de tomber dans ce mécanisme religieux de la chrétienté qui nous rendrait semblables au cheval du moulin tournant jour après jour autour de la meule ? Comment échapper à cette routine ? En vivant individuellement dans la présence de Dieu, et en nous rassemblant avec des cœurs exercés. Une réunion dépend davantage des auditeurs que du prédicateur. Quand j’entre dans une réunion, j’ai connaissance de son atmosphère comme de celle d’une chambre. Si j’entre dans une chambre fermée, mes poumons le sentent ; et si j’entre dans une réunion endormie, combien les poumons spirituels le sentent aussi ! Et qu’y trouve-t-on ? Des hommes qui semblent s’efforcer de faire monter de la fumée. Jetons-nous devant Dieu sur notre face ; car on ne retire aucun profit de garder un mécanisme religieux. Ayons de la puissance dans nos âmes, et il y aura de la puissance dans nos réunions. Le réservoir est là, un plein réservoir, mais combien de fois nous nous rassemblons sans que le troupeau soit abreuvé ; il n’y a personne pour rouler la pierre, car nous ne vivons pas assez en la présence de Dieu. Nous nous plaignons de manquer de prédicateurs, de pasteurs, d’évangélistes. Tout est en Lui et procède de Lui.
Venons-en maintenant aux trois divisions de notre chapitre. Dans la première, nous trouvons les échecs que le Seigneur Jésus rencontre dans Son ministère ; dans la seconde, les ressources qu’Il trouve dans le Dieu vivant ; et dans la troisième, ce qu’Il nous donne en retour. Quelqu’un dira : « Je ne comprends pas ce que vous voulez dire par les échecs que le Seigneur Jésus Christ rencontre ». Lisez ces paroles d’Ésaïe chapitre 49 verset 4 : « J’ai travaillé en vain, j’ai consumé ma force pour le néant et en vain ». Ces paroles s’appliquent au Seigneur Jésus Christ. Il fut le seul serviteur parfait, le seul ouvrier parfait, le seul ministre parfait. Il était un docteur et un ministre merveilleux, mais Il rencontra des refus et des désappointements. Dans le psaume 69, Il dit : « J’ai attendu que quelqu’un eût compassion de moi, mais il n’y a eu personne,… et des consolateurs, mais je n’en ai pas trouvé » (v. 20). Il a passé par toutes les peines et les afflictions qu’un cœur humain parfait peut éprouver. Si le Seigneur Jésus Christ « était Dieu béni éternellement » (Rom. 9, 5), Il sentit cependant toutes ces épreuves avec le cœur de l’homme parfait. Nous sommes quelquefois disposés à dire : Il était Dieu et ne sentait pas les choses comme je les sens. C’est une grande méprise ; il n’y eut pas un seul manque d’égard, si petit qu’il fût, qu’Il ne sentit pas. Que dit-Il à Simon le pharisien ? « Tu ne m’as pas donné d’eau pour mes pieds,… tu ne m’as pas donné de baiser,… tu n’as pas oint ma tête d’huile » (Luc 7, 44-46). Il sentit tous les manques d’égard pour Lui ; et Il les sent encore : les manques d’égard pour Sa personne, résultant de notre indifférence et de notre froideur. Son cœur est jaloux de nos cœurs ; Il a besoin de nos affections. Il sent toute chose. Il a senti tous les échecs ; le premier qu’Il essuya fut de la part de Jean-Baptiste. Pensez à Jean blessant le cœur de Christ par cette question qu’il Lui pose : « Es-tu celui qui vient ou devons-nous en attendre un autre ? ». Jean pose cette question parce que sa foi était ébranlée à ce moment. Alors que dans une autre circonstance (Jean 1, 26-36), il avait rendu un brillant et magnifique témoignage à Christ ! Mais maintenant, dans l’obscure prison d’Hérode, réalisant la mort, il envoie ce message au Seigneur : « Es-tu celui qui vient, ou devons-nous en attendre un autre ? ». Vous avez peut-être de la peine à croire que Jean ait été ébranlé de la sorte. S’il en est ainsi, c’est parce que vous ne connaissez pas assez ce qu’est le cœur humain. Comment, direz-vous, Jean-Baptiste pouvait-il être aussi ébranlé dans sa foi ? Ce grand homme qui rendit un tel témoignage de Christ, qui parla avec une telle énergie aux pharisiens et qui disait de lui : « Moi je suis la voix » (Jean 1, 23) ; « je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale » (v. 27) ; et encore : « Voilà l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (v. 29) ; et encore : « Voilà l’agneau de Dieu » (v. 36) ; et encore : « Vous-mêmes vous me rendez témoignage que j’ai dit : ce n’est pas moi qui suis le Christ » (Jean 3, 28). Mais ici, il est dans l’obscure prison d’Hérode, et sa foi chancelle. C’est une chose que de marcher dans la ferveur et la puissance d’une vie nouvelle, et c’en est une tout autre que de tenir ferme quand nous rencontrons des revers. Je puis vous dire qu’il n’y a personne qui marche dans le chemin du Seigneur, dont la foi ne soit mise à l’épreuve. Dieu nous aime trop pour nous laisser sans épreuve. Si vous et moi nous suivons Christ dans le chemin du service, nous devons être préparés à rencontrer la prison, et même à descendre dans la fosse. Je désire que vous sentiez le solide fondement sous vos pieds, et que vous ayez un tel sentiment du cœur de Christ, que, quoiqu’il arrive, vous demeuriez fermes, car nous n’attendons pas ici un chemin facile. Qu’est-ce que le message de Jean rappelle à notre mémoire ? Il nous rappelle Élie sous le genêt. L’homme qui s’était tenu pour Dieu devant tous les prophètes de Baal se tient un instant après sous un genêt, fuyant devant une femme. Le plus grand ministre, le meilleur serviteur, est comme une feuille détachée de l’arbre par le vent. Mais finalement, Élie est enlevé au ciel dans un chariot de feu. Il dit : « Éternel, prends mon âme, car je ne suis pas meilleur que mes pères » (1 Rois 19, 4).
Et que fit l’Éternel ? Il l’enleva au ciel dans un chariot de feu !
Quel amour dans le cœur du Seigneur !
Ainsi dans notre chapitre, le Seigneur envoie ce message à Jean : « Allez et rapportez à Jean les choses que vous entendez et que vous voyez : les aveugles recouvrent la vue et les boiteux marchent ; les lépreux sont rendus nets et les sourds entendent, et les morts sont ressuscités, et l’évangile est annoncé aux pauvres. Et bienheureux est quiconque n’aura pas été scandalisé en moi » (v. 4-6). Remarquez cette délicatesse, la plus exquise que l’on puisse rencontrer dans l’Écriture.
Vous trouverez, comme principe général dans la Parole, que le Seigneur n’expose jamais nos manquements aux autres. Il nous les exposera à nous-même, mais jamais à un étranger. Je désire m’arrêter sur cette vérité, elle est grande et pratique ; vous la trouverez dans toute l’Écriture. Les disciples de Jean s’en retournent ; pensez-vous que le Seigneur leur montra la faiblesse de leur maître ? Non, du tout ; Son cœur ne saurait agir ainsi. Il désire parler à la conscience de Jean. Comment le fait-Il ? Il veut envoyer une flèche qui atteigne son cœur, mais Il la renferme dans un fourreau si délicat, que les disciples ne connaissent pas ce qu’ils portent ; cette manière de faire illustre la merveilleuse grâce du cœur du Seigneur. Quelle que soit notre infirmité, Il ne l’exposera jamais à un autre, et Il ne permettra jamais à un autre d’agir envers nous. Il s’occupera Lui-même de nous. Il envoie ce message à Jean : « Allez, et rapportez à Jean les choses que vous entendez et que vous voyez : les aveugles recouvrent la vue et les boiteux marchent ; les lépreux sont rendus nets et les sourds entendent, et les morts sont ressuscités, et l’évangile est annoncé aux pauvres ». Ces signes doivent avoir eu sur le prisonnier beaucoup plus de puissance que si Jésus l’avait délivré de sa prison.
Je suppose qu’il n’y a personne qui n’ait pas dans son lot quelque chose de pénible ; cela nous est nécessaire comme le lest est indispensable au navire ; nous ne pourrions marcher sans cela. Peut-être êtes-vous dans le besoin et vous ne savez pas si vous aurez du pain le lendemain ; mais vous savez cependant que le Seigneur doit suppléer à tous vos besoins. Pourquoi ne le fait-Il pas ? Je vous répondrai par une question : Que désirez-vous le plus, la puissance de Sa main ou la sympathie de Son cœur ? Vous répondez : la sympathie de Son cœur. Bien ; mais vous ne l’auriez pas, si vous aviez la puissance de Sa main. Paul nous en est un exemple. Le Seigneur n’ôte pas son écharde, mais Il fait quelque chose de mieux : « car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité » (2 Cor. 12, 9). S’Il ôte l’écharde, vous aurez quelque chose de pire. Peut-être regardez-vous à quelque faiblesse dans votre cercle de famille, à quelque difficulté dans vos affaires, à quelque personne avec laquelle vous êtes en contact continuel et qui vous harcèle constamment. Peut-être pensez-vous que cette personne possède un caractère pire que tous les autres, qu’elle est pour vous une entrave à votre progrès, et vous désirez ardemment un changement. Mais si vous vous débarrassez de cette difficulté, vous en aurez de pires. La victoire sur vous-même est ce dont vous avez besoin : un changement ne la produirait pas. La raison pour laquelle vous trouvez cette disposition si éprouvante pour vous, c’est que votre propre volonté n’a pas été soumise. Quelqu’un disait : « Les saints dans la vie domestique sont comme des bouteilles dans une corbeille : elles se choquent constamment si elles n’ont pas abondamment de paille autour d’elles ». Ils se rendent bien aux lieux de réunions, et là il semble que tout va bien ; mais placez-les dans la vie domestique, et vous verrez immédiatement ce qu’ils sont. On peut les comparer aux rouages grinçants d’une machine ; ce qui manque, c’est un peu d’huile. Je le constate en faisant des visites ; car les personnes sont toujours prêtes à faire le récit de leurs tristes histoires ; cela prouve que des saints, dans la vie domestique, font peu de progrès, et cela parce qu’il n’y a pas chez eux la subjugation du moi, le jugement du moi. On dit que la charité doit commencer par soi-même ; je dis : le jugement doit aussi commencer par celui du moi.
Remarquez ceci : le Seigneur Jésus Christ ne vous expose pas devant les autres ; et ainsi Il envoie ce message à Jean : « Et bienheureux est quiconque n’aura pas été scandalisé en moi » ; toute l’œuvre doit être faite par Lui. Telle était la pointe de la flèche destinée à atteindre le cœur de Jean ; le Seigneur ne veut pas qu’un autre fasse l’œuvre. Prenons un autre cas : Abraham et Abimélec (Gen. 20). Abraham agit tout à fait mal ; mais Dieu permettra-t-Il à Abimélec de le lui dire ? Non ; au contraire, Dieu agit comme s’Il disait : « Prenez garde à ce que vous ferez avec cet homme, car il est mon serviteur ; je ne permettrai pas que vous le touchiez ». Dieu jette un manteau sur lui. S’il devait faillir encore dix mille fois, Il dirait : « Je ne veux pas que vous le touchiez, mais vous serez débiteur de ses prières pour la restauration de votre maison ». — Prenez encore le cas des fils d’Israël en présence de Balaam qui était payé pour les maudire. C’était à la fin de leur course à travers le désert, après tous leurs murmures et leurs manquements. Balak sort et loue Balaam pour les maudire. Ils n’étaient plus dans la fraîcheur de leurs premiers jours, quand ils sortirent victorieux de l’Égypte, mais ils étaient à la fin de leur histoire du désert. Balaam se présente. Dieu ne lui permet pas de les maudire ; Balaam dit : « Il n’a pas aperçu d’iniquité en Jacob, ni n’a vu d’injustice en Israël » (Nomb. 23, 21). Ces choses ne se trouvaient-elles pas en eux ? « Je ne les ai pas vues ». Comment cela ? La raison en est que tout fut placé sur le Fils de Dieu qui fut cloué à la croix du Calvaire. « Il porta nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pier. 2, 24) ; Il a enduré la colère à notre place et nous a amenés dans une position où Dieu ne voit pas une tache sur nous : Christ a porté tout ce qui était contre nous. Quelqu’un dira : Peu importe donc de quelle manière nous vivons, puisqu’il en est ainsi. Que trouvons-nous dans la pique de Phinées (Nomb. 25, 7, 8) ? Le jugement de leur conduite. Dans les paroles de Dieu à Balaam, vous trouvez le jugement de leur position. Si vous les regardez du sommet des rochers, vous avez les pensées de Dieu en grâce pour eux. « Du sommet de la montagne je le regardais ». Voilà la manière de regarder aux saints. C’est ainsi que Dieu regarde à eux, et Il dit : « Je n’ai pas aperçu d’iniquité ». Si vous regardez à eux de votre point de vue, vous verrez un caractère pervers et morose, et vous vous demanderez si cet homme est vraiment un saint de Dieu ? Oui. je ne plaide pas pour les caractères faux, car je ne connais rien qui soit une source de trouble ou une pierre d’achoppement comme un caractère pervers. Je les abhorre. Les gens disent : « Ce sont là vos saints ! ». Dieu veuille que ce que je dis n’empêche pas le jugement de soi-même. Je n’ai aucune excuse à faire pour moi-même, mais je vous excuse vous-mêmes. Regardez à cette pauvre personne, d’un caractère pervers et fâcheux, du sommet des rochers : elle est aussi belle qu’il est possible de la concevoir. Cherchez Christ dans les personnes, et ne regardez pas à leurs taches. Que l’on ne vous trouve jamais ouvrant la bouche pour parler contre un saint de Dieu. Ceux qui « mordent » peuvent se diviser en deux classes : les calomniateurs et les flatteurs — ceux qui en votre absence parlent mal de vous, et ceux qui vous flattent en face. Je dirai sans hésiter que ces deux choses sont du diable. Ne soyez point trouvés faisant l’œuvre du diable — il est le prince des médisants. Ne prononcez jamais un mot de mal contre quelqu’un derrière lui. Je vous dirai que j’ai trouvé un sûr remède pour les médisants, remède que j’ai employé plusieurs fois avec succès : quand une personne vient me trouver pour parler des autres, je lui dis : Je vais allez chez la personne dont vous m’avez parlé, je lui raconterai tout ce que vous m’avez dit, et je vous donnerai ensuite mon appréciation ; mais si vous ne pouvez prouver ce que vous dites, vous supporterez les conséquences de vos propres paroles. Si vous agissez ainsi, vous ne serez pas troublé par les médisants. Est-ce que je ne dois pas être fidèle envers les autres ? Si ; je dois aller les trouver et leur dire : « Je vois ceci ou cela chez vous qui ne va pas bien ; vous devez vous en débarrasser ». Prenez le bassin et le linge, et mettez-vous à laver les pieds de vos frères. Un cher chrétien disait : « Je suis déterminé à ne jamais parler des fautes d’un saint en son absence, et à ne jamais parler de ses vertus devant lui ». Je trouve ce principe en perfection dans le Seigneur. Quand Il envoie le message à Jean, Il ne dit rien à son égard, mais après. Jean disait : « Je suis seulement la voix », et le Seigneur dit de lui : « Il est plus qu’un prophète » ; Jean disait : « Je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales », le Seigneur dit de lui : « Parmi ceux qui sont nés de femme, il n’en a été suscité aucun de plus grand que Jean le baptiseur ». Je suis persuadé que le cœur du Seigneur fut blessé par la question de Jean, mais pas un seul mot n’est prononcé derrière lui relativement à cela ; au contraire, Il montre le bon côté de Jean — Il le pare, pour ainsi dire ; et c’est bien là Sa manière d’agir envers nous.
Craignant que quelqu’un soulève la question : « Je ne comprends pas comment celui qui est le moindre dans le royaume des cieux est plus grand que Jean-Baptiste », je ferai remarquer que cela se rapporte à la position dispensationnelle de Jean. Il dit ensuite : « Depuis les jours de Jean le baptiseur jusqu’à maintenant, le royaume des cieux est pris par violence, et les violents le ravissent ». Le royaume était différé pour un temps, et quiconque le saisissait avait à faire violence pour toutes ses espérances juives. Le Seigneur révèle que le royaume ne sera pas établi maintenant en puissance, mais en mystère.
Je ferai remarquer seulement que pour les villes où Il avait fait beaucoup de miracles, Il a à dire à chacune d’elles : « Malheur à toi ». Pensez à cette terrible malédiction, parce que ces villes n’avaient pas reçu Ses paroles !
Remarquez qu’au verset 25, Jésus se retire dans les ressources qu’Il a dans le Père : « En ce temps-là », quand tout semble être contre Lui, Il dit : « Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre… car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi ». Il se réfugie dans les conseils de Dieu. Quoiqu’en Ésaïe, Il dise : « J’ai travaillé en vain » (chap. 49, 4), la réponse qu’Il obtient de Dieu est : « Quoique Israël ne soit pas rassemblé, je serai glorifié aux yeux de l’Éternel ;… je te donnerai aussi pour être une lumière des nations, pour être mon salut jusqu’au bout de la terre » (chap. 49, 5, 6). Résultat magnifique ! Bien que tout semble faillir, il est dit : « tu seras mon salut jusqu’au bout de la terre », flot après flot de bénédiction. Je dirai donc à tout serviteur de Christ : « Êtes-vous découragé concernant votre œuvre ? ». Vous dites : « Je ne vois aucun fruit de mes travaux ». C’est une bénédiction de voir des résultats, mais assurez-vous que vous êtes à votre vraie place, et ensuite, avancez. Ne jugez pas par les résultats, le temps de la moisson arrivera — le temps de recueillir viendra. « Celui qui porte la semence pour la mettre en terre ira son chemin en pleurant ; mais il reviendra avec chant de triomphe, quand il portera les gerbes » (voy. Ps.126). Combien c’est beau ! Allez, travaillez ; c’est le temps des semailles maintenant, celui de la moisson viendra plus tard. Qu’avez-vous à faire maintenant ? Retournez à vos ressources en Dieu ; si vous ne le faites pas, qu’arrivera-t-il ? Je puis dire que durant de longues années, j’ai été en contact avec des gens qui s’étaient tenus avec nous sur la brèche ; mais que sont-ils devenus ? Ils ont passé. J’en ai connu de ceux-ci qui tenaient la plume en faveur de la propagation de ces précieuses vérités, et je les ai vus ensuite contredire, avec la même plume, ce qu’ils maintenaient autrefois. Christ a-t-Il failli ? Dieu a-t-Il failli ? Le fondement a-t-il été ébranlé ? Non, le fondement conserve toute sa stabilité, Dieu est le même, Christ est le même. Quel est donc le secret de tout cela ? C’est que les gens n’ont pas trouvé ce qu’ils attendaient, et ils s’en sont allés avec chagrin et désappointement. Et vous, à quoi regardez-vous quand vous venez au milieu des chrétiens ? Dites-vous : « Ils ne sont pas ce que j’attendais ; je croyais trouver de l’amour, et j’ai été désappointé » ? Servez vous-mêmes comme il faut. Si vous étiez venus pour montrer l’amour, vous auriez eu une histoire bien différente à raconter. Les hommes dont je vous parle se sont retirés ; où ? en Dieu ? Non, ils se sont retirés en eux-mêmes, et ils sont devenus comme le glaçon qui pend au toit d’une maison.
La plus grande méprise que vous puissiez jamais faire est celle de venir, vous attendant à l’amour des autres. Il y a trente-deux ans que je suis sur le terrain de la vérité, et je puis dire que j’ai éprouvé mille fois plus d’amour que je n’aurais jamais attendu et dix mille fois plus que je n’ai jamais mérité. Quand des personnes parlent du manque d’amour, la faute est généralement dans leurs propres cœurs. Ne dites-vous pas que vous ne méritez que le feu de l’enfer ? Quel droit avez-vous donc à vous attendre à l’amour ? Ce que j’ai à faire, c’est de montrer l’amour. Du commencement à la fin de ce livre, il n’y a pas une seule ligne qui m’enseigne à attendre l’amour des autres ; mais il y en a abondamment pour m’enseigner à le montrer moi-même. La Parole ne vous dit jamais d’attendre quelque chose de l’homme. Ceux dont nous avons parlé vinrent au milieu des chrétiens s’attendant à l’amour, ils furent désappointés. Si vous venez vous attendant à l’amour, vous serez désappointés aussi, et vous vous retournerez, désabusés de ceux que vous laisserez.
Prenons l’exemple d’une pompe. Que servira-t-il de pomper à sec ? Versez-y donc un peu d’eau et vous en obtiendrez ensuite en abondance. Quand vous vous approchez des chrétiens et que vous les trouvez insensibles, sombres et froids, versez un peu d’eau en eux, et vous obtiendrez bientôt un courant jaillissant.
Christ se retire dans les ressources qu’Il a auprès du Père, et tout est bien. Ensuite Il sort et dit : « Venez à moi ». Combien c’est beau ! d’autant plus beau que c’est si près de : « Malheur à toi ». Bien qu’ils m’aient désappointé, semble-t-Il dire, moi, je ne vous désappointerai pas. Que dit-Il ? « Je vous donnerai du repos ». Y a-t-il ici une conscience qui n’ait pas obtenu la paix, le repos ? Je ne dis pas un cœur, car je crois que ce premier repos est le repos de la conscience. Quel est le sens de cela ? Si vous n’avez pas le repos de la conscience, c’est parce que vous n’êtes pas venus à Jésus. Des milliers de gens sont convertis, et cependant ils n’ont pas obtenu le repos ; c’est parce qu’ils ne sont pas venus à Christ. Ils sont occupés de leur dispositions et de leurs sentiments, tâchant d’obtenir par eux-mêmes la paix. Vous ne réussirez jamais en agissant de cette manière. Comment pouvez-vous l’obtenir ? Simplement en étant satisfaits de Jésus. Dieu est satisfait de l’œuvre de Jésus, l’êtes-vous ? Il dit : « Venez à moi, et je vous donnerai du repos ». Vous n’êtes pas venus à Lui si vous n’avez pas ce repos. Il désire remplir votre âme ; croyez ce qu’Il dit. Il n’y a pas de classe de personnes qui m’intéresse plus que celle des âmes anxieuses. Venez à Jésus maintenant ; regardez entièrement en dehors de vous-mêmes — et vous trouverez en Jésus tout ce qu’il vous faut.
C’est à tort que l’on exhorte des pécheurs à prendre le joug de Christ. Jésus dit aux pécheurs : « Venez à moi ». Ce n’est pas dire : « Venez à un joug ». Quand je suis venu à Lui et que j’ai trouvé le repos, Il dit : « maintenant, baissez-vous, inclinez-vous et placez-vous sous le joug avec moi ». Remarquez la beauté de cela. Pensez au privilège de prendre le joug avec Christ. Une volonté brisée — voilà le secret pour trouver le repos. Éprouvez-vous le besoin d’un changement pour améliorer vos circonstances ? Vous faut-il plus de gain ? Alors vous n’avez pas trouvé le repos. Un homme qui a vraiment trouvé le repos peut dire : « Je ne remuerai pas le doigt pour changer une seule chose à mes circonstances, car c’est le Seigneur qui les a arrangées ». Le Seigneur dit en Jean 14, 27 qu’Il laisse la paix ; c’est la paix de la conscience ; puis : « Je vous donne ma paix », c’est la paix du cœur. Quand je vois quelqu’un troublé par les circonstances, je dis : Vous n’avez pas trouvé le repos. « Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi » ; c’est pour nous. Laissez-moi ajouter que si nous nous retirons, vous et moi, de nos échecs, pour entrer dans nos ressources en Dieu, nous sortirons ensuite de là non comme des glaçons, mais comme des courants de bénédiction, et ceux qui vous entourent verront Christ au lieu de l’odieux moi. Dans votre travail, dans vos affaires ou dans vos ateliers, vous êtes appelés à être une vivante expression de Christ. Si vous êtes soumis dans votre esprit, vous trouverez que ce dont je viens de parler est le meilleur remède ; et si, dès le matin, rempli de douleur et de peine, vous vous préparez pour aller auprès de quelque chrétien pauvre et alité, et que vous essayiez de faire parvenir dans son âme un courant de bénédiction, vous sentirez alors un vrai soulagement dans votre cœur. Pourquoi ? Parce que vous vous êtes débarrassés de vous-mêmes.
Il y a trois sources de maux : un esprit légal, une conscience malade, et un cœur occupé de lui-même. Le remède pour un esprit légal, c’est la grâce ; le remède pour une conscience malade, c’est de se juger devant Dieu et de marcher dans la vérité ; le remède pour un cœur occupé de lui-même, c’est Christ. Quand je trouve un cœur occupé de lui-même, je dis : « Vous avez besoin d’un nouveau centre — Christ. Tournez autour de Lui-même, et vous en aurez les brillants rayons ». Quand les chrétiens se meuvent autour de ce nouveau centre, ils en reçoivent les rayons et les projettent autour d’eux. Que nous soyons des gens ne parlant pas seulement, mais travaillant ; des gens vivant, se mouvant et respirant. Fasse le Seigneur qu’il en soit ainsi de plus en plus pour chacun de nous.