Le sanctuaire

H. Rossier

Psaume 63

Les psaumes 63 et 73 nous présentent une pensée très simple et surtout très pratique. Ces deux psaumes offrent entre eux un contraste remarquable. Au psaume 63, nous voyons une âme qui réalise, d’une manière aussi complète que possible, ce que c’est que le désert : « une terre aride et altérée, sans eau ». Dans ce désert, elle a soif de Dieu, et sa chair languit après Lui. Alors elle reçoit une réponse merveilleuse, la même qui a passé devant Moïse, caché dans la fente du rocher : « Je ferai passer toute ma bonté devant ta face » [Exo. 33, 19]. Combien il est à désirer que nous tous, bien-aimés du Seigneur, nous recevions cette réponse ; mais pour la recevoir, il nous faut (chose qui manque au Ps. 73), avoir commencé par le sanctuaire. Le croyant dit ici : « Pour voir ta force et ta gloire, comme je t’ai contemplé dans le lieu saint » (v. 2). C’est le secret de la joie débordante dont cette âme est remplie, au verset 7.

C’est d’autant plus frappant que, dans le second livre des Psaumes, dont le psaume 63 fait partie, le croyant est privé du sanctuaire, et n’en a plus que le souvenir (Ps. 42, 4) ; mais il avait commencé par le sanctuaire. Il y avait vu la force et la gloire de Dieu. Partant de ce lieu béni, il est chassé dans le désert, comme le sera le résidu fidèle à la fin des temps ; mais c’est précisément parce qu’il a été dans le lieu de la puissance et de la gloire, qu’il est capable de juger, dans toute sa triste réalité, le milieu dans lequel il se trouve maintenant. Comment découvrir quelque attrait, dans cette solitude aride, quand on a été témoin des splendeurs du lieu saint ? Ces splendeurs font d’autant plus sentir l’aspect désolé du désert. Commençons donc par le sanctuaire, cher lecteur, et si nous ne l’avons pas encore fait, faisons-le maintenant. Entrons dans le sanctuaire, où nous ne trouvons que Lui, car Il remplit le ciel, dont Il est le seul objet, de Sa puissance et de Sa gloire. Attachons-nous à Sa personne, à Lui, tel qu’Il est dans la maison du Père, et nous serons capables de juger, par le contraste, le monde sous son vrai aspect. Il ne peut rien offrir à une âme nourrie des perfections de Christ ; mais, bien plus que cela, il revêt à nos yeux une telle apparence de désolation et de vide, que nous disons immédiatement, en l’abordant : Ce lieu n’a point d’attrait pour moi, ne m’offre rien qui puisse me le faire désirer ; car je connais, pour l’avoir visité, le lieu de l’abondance et des richesses divines. N’est-il pas frappant que les habitants du désert, que Dieu appelle : « ceux qui habitent sur la terre », raisonnent de la même manière que nous, quand ils se trouvent devant le seul « rejeton qui monte de la terre aride » [És. 53, 2] ? « Il n’y a point d’apparence en lui, disent-ils, qui nous le fasse désirer ». Ils ne peuvent se rendre compte de Sa beauté et de Ses richesses, parce qu’ils ne Le connaissent pas, et qu’ils se sont toujours tenus éloignés du sanctuaire où l’on peut faire Sa connaissance.

Mais ce n’est pas tout : l’âme obligée de traverser le désert, et se rendant compte du vide affreux que l’on y éprouve, n’a qu’une pensée, c’est de jouir, pendant le voyage, des choses qu’elle a trouvées dans le sanctuaire. Elle désire que la parole de Dieu se réalise pour elle : « Bien que je les aie éloignés parmi les nations, et bien que je les aie dispersés par les pays, toutefois je leur serai comme un petit sanctuaire dans les pays où ils sont venus » (Éz. 11, 16). Elle comprend que le contenu du sanctuaire puisse venir se mettre à sa portée, dans le pays de la faim et de la soif. Elle réalise l’horreur de ce pays, mais elle se souvient que c’est précisément dans le désert que Dieu est venu jadis établir Son tabernacle, au milieu de Son peuple. Alors, si le croyant à soif, si sa chair languit, c’est après Lui, l’Éternel, et non pas après les « concombres, les melons, les poireaux, les oignons et l’ail » [Nomb. 11, 5] de l’Égypte. Elle veut voir dans le désert Sa force et Sa gloire, comme elle les a contemplées en Lui dans le lieu saint.

Dieu ne lui répond pas d’une manière complète. Le petit sanctuaire du désert ne peut pas contenir toutes Ses perfections. Le désert n’est pas le lieu du déploiement définitif de la puissance. Il faudra, pour que l’âme puisse mesurer cette dernière, qu’elle soit retournée au sanctuaire, au lieu d’où elle est partie. Elle sera soutenue jusque-là, elle éprouvera chaque jour que la « puissance du Seigneur s’accomplit dans l’infirmité » [2 Cor. 12, 9] ; elle pourra, sa force étant en Lui, marcher de force en force [Ps. 84, 7], jusqu’à ce qu’elle se présente devant Lui, sur la montagne de Sion ; mais elle ne verra pas Sa force, telle qu’elle resplendit dans le lieu saint. Elle ne verra pas non plus Sa gloire tout entière. Qu’elle attende, pour la contempler (et il en est de même pour nous), d’être retournée au lieu de Son habitation. Mais il est une partie de Sa gloire, la plus précieuse, et qui dépasse en valeur toutes les autres, c’est l’amour, l’amour qui est appelé ici, la bonté, que les croyants des Psaumes célèbreront continuellement, dans le repos éternel de la gloire millénaire, quand ils diront : « Célébrez l’Éternel ! car il est bon ; car sa bonté demeure à toujours » ! De même dans notre psaume : « Car ta bonté est meilleure que la vie » (v. 3). Moïse avait eu la même part. La bonté tout entière de l’Éternel avait passé devant sa face, au désert de Sinaï (Exo. 33, 18-23). L’amour est descendu des cieux. C’est dans le désert de ce monde qu’il a resplendi, dans toute sa radieuse beauté ; c’est dans l’homme humilié et méprisé, c’est sur la croix ignominieuse, que cette lumière ineffable de l’amour divin a éclaté devant nos yeux.

Dès lors, le pauvre être souffrant et solitaire, dont il est question dans ce psaume, a trouvé ce qui répond richement à tous ses besoins : « Ta bonté est meilleure que la vie ». Je devrais, dit-il, manquer de tout, ton amour remplacera tous mes besoins et les comblera. Ce psaume du désert est-il donc un psaume d’affliction ? Bien au contraire ; il est le psaume de la joie, de la louange et du rassasiement. « Mes lèvres te loueront… mon âme est rassasiée comme de moelle et de graisse, et ma bouche te louera avec des lèvres qui chantent de joie… à l’ombre de tes ailes je chanterai de joie… le roi se réjouira en Dieu ! ».

N’oublions pas que tout le secret de la joie, des louanges, de l’accroissement spirituel, dans notre vie chrétienne, consiste à avoir commencé par le sanctuaire ; il faut que les choses que nous y avons vues, fassent perdre à nos âmes tout désir de gagner quelque avantage, sur la terre aride que foulent nos pas. Puissions-nous tous dire, en vérité :


Dans ce désert je n’ai ni gain, ni perte,
Rien à choisir et rien à désirer,
Pas un buisson, pas une feuille verte,
Pas une source où me désaltérer.

Psaume 73

Le psaume 73 nous présente, sous plusieurs rapports, la contrepartie du 63, dont nous venons de nous entretenir. Nous y trouvons une âme qui, au lieu de commencer par le sanctuaire pour finir par le désert, commence par le désert, ou plutôt par le monde, pour finir par le sanctuaire. Examinons son état moral, dans la condition où elle se trouve. Remarquez que c’est une âme pieuse, qui n’appartient pas au monde, une âme occupée des choses de Dieu, qui cherche à maintenir pures ses voies et à s’abstenir d’actes coupables ; mais elle n’y trouve ni satisfaction, ni paix du cœur, car elle dit : « Certainement c’est en vain que j’ai purifié mon cœur et que j’ai lavé mes mains dans l’innocence » (v. 13). Cette âme possède beaucoup de notions justes, quant à l’état du monde ; elle en connaît le mal et la misère ; la méchanceté règne partout ; l’orgueil et la violence dominent et s’étalent au grand jour ; c’est à qui dépassera son voisin dans tout ce que son cœur imagine. Devant cet état misérable, elle est remplie de douleur, au lieu d’être remplie de joie. Lot aussi, cet homme juste, qui avait choisi sa place dans le monde, affligeait tous les jours son âme juste [2 Pier. 2, 8] à cause du mal qu’il trouvait dans Sodome ; il ne pouvait être à l’aise, ni se réjouir au milieu de ces êtres abominables.

Cher lecteur chrétien, si vous avez l’intention de commencer votre vie chrétienne par le monde, lisez et relisez les premiers versets de ce psaume. Vous essayerez, je n’en doute pas, de rester fidèles, comme Asaph, au milieu de cet état de choses ; mais, si vous n’y trouvez pas le tourment, quand vous verrez que la fin de ces hommes n’est pas pire que la vôtre, il vous arrivera peut-être de leur porter envie, en voyant leur prospérité. Alors la discipline de Dieu s’exercera à votre égard, malgré tout votre désir de bien faire. Ce sera en vain ; vous serez « battu tout le jour, et votre châtiment reviendra chaque matin ». Votre vie sera une vie de discipline. Est-ce là ce qu’il vous faut choisir ? — Pauvre Asaph ! Comme il est à plaindre ! Il cherche à être parfait, et Dieu le frappe ! Si nous commençons comme lui, Dieu nous frappera aussi, comme lui, sans trêve, jusqu’à ce qu’Il nous ait chassé dehors, pour ainsi dire, et poussé par les épaules ; mais, grâces Lui en soit rendues, non pas pour nous laisser à la porte, mais pour nous faire entrer dans le sanctuaire. Ah ! si nous avions commencé par là, comme David, nous aurions fait provision de la moelle et de la graisse de la maison de Dieu (Ps. 63, 5), afin de nous mouvoir paisiblement au milieu d’un monde qui est « tout entier plongé dans le méchant » [1 Jean 5, 19]. Mais, quoiqu’il en soit, la discipline de notre Dieu nous amène en Sa présence, et là, nos yeux sont ouverts. C’est là que nous apprenons à juger le monde que, bien à tort, nous croyions connaître auparavant. « J’ai compris leur fin », dit Asaph. Rien peut-il égaler la ruine du monde et l’anéantissement de tous ses plans, de toutes ses espérances ? « Comme un songe, quand on s’éveille, tu mépriseras, Seigneur, leur image, lorsque tu t’éveilleras » (v. 20). Ah ! porterais-je encore envie aux arrogants ? Irais-je m’asseoir avec le monde, quand je sais que rien n’en subsistera devant Dieu ? Comme le jugement qu’il portait sur le monde aurait été plus complet, si Asaph avait commencé par le sanctuaire !

C’est aussi dans le sanctuaire que nous apprenons à nous connaître. Asaph croyait se connaître, quand il frayait avec le monde : « J’ai purifié mon cœur », disait-il. Il n’était pas trop mécontent de lui-même. Entré dans le sanctuaire, il dit : « J’étais stupide ; j’étais avec toi comme une brute » (v. 22). Ce jugement complet qu’il porte sur lui-même rappelle la Syrophénicienne, acceptant la place méprisable d’un « petit chien » [Marc 7, 28] ; ou David, se qualifiant de « chien mort et de puce » (1 Sam. 24, 15). Il n’y a peut-être pas de jugement plus profond de soi que celui de cette femme et de ces deux hommes de Dieu ; mais David, comme on le voit au psaume 63, l’avait appris dès le commencement de sa carrière, avant même qu’il fût « dans le désert de Juda » (Ps. 63, suscription). Asaph y était arrivé tout à la fin de sa course.

Mais, connaissance merveilleuse, Asaph ne peut pas être dans le sanctuaire sans apprendre ce qu’est le Seigneur. Il faut avoir été sous la discipline, avoir été poussé de force, pour ainsi dire, dans le lieu que Dieu habite, pour y connaître toutes les ressources qui sont en Christ au sujet d’un état comme le nôtre. Le Seigneur a des richesses qui ne sont connues et pleinement savourées que par ceux qui ont traversé l’épreuve et la discipline. Asaph a-t-il regretté celle-ci ? Écoutons-le parler : « Mais je suis toujours avec toi : tu m’as pris par la main droite ; tu me conduiras par ton conseil, et tu me recevras dans (après) la gloire. Qui ai-je dans les cieux ? Et je n’ai eu de plaisir sur la terre qu’en toi ». Le voilà revenu à la première expérience de David au sortir du sanctuaire, dans le psaume 63, où, comme ici, les « tu » et les « toi » abondent. Le résultat, grâce à Dieu, est le même, quoique le chemin d’Asaph soit plus long et plus douloureux que celui de David. Mais n’est-ce pas ce chemin-là que nous choisissons le plus souvent ? Aussi, ayant appris à nous connaître et à nous juger nous-mêmes, nous ne demanderons plus à Dieu de nous soustraire à Sa discipline, mais nous savons qu’elle nous fera pénétrer plus avant dans les secrets de Son cœur, et nous dirons : « Ma chair et mon cœur sont consumés ; mais Dieu est le rocher de mon cœur, et mon partage à jamais ! ».


Quel autre ai-je aux cieux,
Quel autre en ces lieux,
Que toi, mon Sauveur,
Mon Berger, mon guide, l’ami de mon cœur ?

Psaume 27

Rappelez-vous, cher lecteur, que le psaume 63 nous avait présenté le sanctuaire comme point de départ pour apprécier le vrai caractère du monde : un désert aride pour l’homme de Dieu. Rappelez-vous encore que le psaume 73 nous avait montré le sanctuaire comme seul refuge du croyant, après ses tristes expériences de ce qu’est un monde entièrement éloigné de Dieu, le sanctuaire comme le seul lieu où l’on puisse juger sainement de l’état désespéré du monde, de notre propre état à nous, et de la bonté de Dieu à notre égard. Dans ce dernier cas, celui d’Asaph, les expériences sont peut-être plus variées et plus riches, l’âme ayant été profondément labourée, pour trouver enfin son refuge dans le sanctuaire. Dans le premier cas, celui de David, il y a moins d’expériences, mais plus de joie, plus de louanges, plus de connaissance d’un amour qui vaut mieux que la vie, plus de simplicité et d’entier dévouement dans la marche : « Mon âme », dit David, « s’attache à toi pour te suivre, ta droite me soutient » (v. 8).

Voici maintenant le psaume 27, qui nous présente une troisième alternative, la plus élevée, la plus précieuse de toutes, le cas d’une âme qui n’a qu’une seule pensée, c’est d’habiter dans le sanctuaire, et de n’en jamais sortir. Cette âme est aux prises avec le monde, non pas comme étant un désert, ni comme l’habitation de l’homme dans son ambition et son orgueil, mais comme étant le lieu où l’on rencontre l’homme dans son inimitié contre Dieu. Du côté du fidèle, on ne trouve là que souffrances, et quelles souffrances ! Il cherche la face de l’Éternel, désire la faire chercher à d’autres, et leur en donne l’exemple. Mais le voilà qui rencontre un Dieu qui va lui cacher Sa face, le repousser avec colère, le délaisser et l’abandonner ! un Dieu qui va le livrer aux désirs de ses adversaires, aux calomnies des faux témoins, aux violences des hommes de sang !

Est-ce là l’image de notre vie ici-bas ? Non certes, quoique nous puissions avoir, dans nos circonstances, quelque avant-goût de l’inimitié des hommes contre Dieu ; mais un seul homme a traversé ces choses dans toute leur horreur, a subi toute la haine du monde, a bu, jusqu’à la lie, la coupe de la colère divine, afin que nous ne soyons jamais appelés à la boire. Ce psaume n’est donc pas l’image de notre vie, mais de celle de Christ, de Christ, voyant aboutir à Gethsémané, dernière station avant la croix, toute une carrière de dévouement sans exemple. En effet, nul homme ne pourra jamais Le suivre dans ce chemin jusqu’au bout, mais Il nous y sert de modèle. Il est, en effet, le modèle, l’homme parfait en toutes choses : parfait comme serviteur, parfait dans le chemin de la dépendance, de la confiance et de la foi, parfait en justice, parfait en dévouement, parfait dans Son humanité, parfait dans Sa divinité. Et cependant, comme tel, sauf dans l’œuvre de la rédemption, Il nous engage à Le suivre. Ne dit-Il pas : Cherchez ma face ? Ne nous donne-t-Il pas l’exemple d’un homme qui cherche la face de Son Dieu (v. 8) ?

Mais, devant ce monde ennemi, quand les huissiers et les soldats en armes, conduits par le traître, s’approchent de Lui pour dévorer Sa chair, que va-t-Il faire ? Comment leur résister ? Un seul mot : « C’est moi » (le même mot que : « Je suis »), et ils reculent et tombent par terre, ou, comme dit notre psaume : « ils ont bronché et sont tombés ». D’où Lui venait cette puissance ? De Sa divinité, direz-vous. En effet, comment l’homme mortel tiendra-t-il un instant devant un seul regard du : Je suis, de Dieu ? Mais ce n’est pas de Sa divinité qu’il s’agit ici, car notez bien qu’Il dit tout cela pour nous. Où a-t-Il puisé « la force de sa vie », pour remporter la victoire sur le monde ? « Vous avez de la tribulation dans le monde », dit-Il à Ses disciples, « mais ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde » (Jean 16, 33).

Or c’est là que je veux en venir ! Son âme habitait constamment dans le sanctuaire, et ne le quittait jamais. Oui, il y a un moyen d’y être toujours, et c’est ce que Jésus seul a réalisé pleinement. Il pouvait dire de Lui-même : « Le fils de l’homme qui est dans le ciel » [Jean 3, 13]. Il dit ici : « J’ai demandé une chose à l’Éternel, je la rechercherai : c’est que j’habite dans la maison de l’Éternel tous les jours de ma vie, pour voir la beauté de l’Éternel et pour m’enquérir diligemment de lui dans son temple » (v. 4). Remarquez qu’Il demande une seule chose. Il aurait pu présenter, pour Lui-même, beaucoup de demandes à l’Éternel ; Il n’en présente qu’une seule, dans laquelle toute bénédiction se résume, c’est d’habiter, non pas souvent, ce qui n’est pas assez pour Lui, mais, tous les jours de Sa vie, sans en excepter aucun. Et de quoi veut-Il être occupé, dans le sanctuaire ? De ce monde ennemi, pour l’écarter ? Non, mais à voir la beauté de l’Éternel, et à méditer de Lui dans Son temple.

Le mauvais jour arrive, jour plein de terreur, où Il est en proie à ces loups avides de dévorer Sa chair. Où est-Il ? Corporellement, sans doute, au milieu de ceux qui L’outragent ; mais Son âme ? Elle n’a pas un instant quitté le sanctuaire. Au mauvais jour, Il est dans l’endroit le plus secret du tabernacle, dans le sein de Son Père qu’Il n’a jamais quitté. Occupé de quoi ? Des ennemis ? Non ; car Sa tête est élevée par-dessus Ses ennemis qui sont à l’entour de Lui. Non ; car Il est occupé de l’Éternel : « Je sacrifierai dans sa tente des sacrifices de cris de réjouissance ; je chanterai et je psalmodierai à l’Éternel ! ».

Pour nous, une telle chose est-elle possible ? Oui, certes, puisqu’Il nous a laissé ce modèle afin que nous suivions Ses traces [1 Pier. 2, 21]. Oui, certes, car Il nous y engage. C’est là qu’Il veut nous avoir, non seulement lorsque nous serons avec Lui, dans Sa gloire, mais pendant que nous traversons un monde ennemi, qui nous entoure et nous menace. Notre sauvegarde, notre lumière, la force de notre vie, se trouvent dans l’occupation constante de notre âme avec Lui, dans le sanctuaire.

Comment réaliser de telles choses, direz-vous ? Ce sont des hauteurs auxquelles je ne puis atteindre. Cher lecteur, il ne faut, pour les atteindre, qu’un cœur simple. Elles sont plus à la portée d’un enfant que d’un homme renommé par sa connaissance. Que demandez-vous à votre Père ? Que désirez-vous dans ce monde ? Oh ! de quel nombre infini de choses vous avez besoin ! Au milieu de toutes ces demandes, il en est une, une seule, que vous avez oubliée. Christ homme a demandé, pour Lui-même, une seule chose. Votre vie a-t-elle la simplicité de la vie de notre Sauveur bien-aimé ? Soyons donc, en Le suivant, les hommes d’une seule chose.

On peut, comme Marthe, se tourmenter de beaucoup de choses ; mais il n’est besoin, dit le Seigneur, que d’une seule, et Marie l’avait choisie : une part qui ne pouvait lui être ôtée (Luc 10, 41-42). L’aveugle-né ignorait beaucoup de choses, mais il savait une seule chose, ce que Jésus avait fait pour lui, et cela lui suffisait (Jean 9, 25). Paul avait sur d’autres un avantage en beaucoup de choses, mais il les considérait toutes comme une perte, et les oubliait toutes pour faire une seule chose : « Courir droit au but, pour le prix de l’appel céleste de Dieu, dans le Christ Jésus » (Phil. 3, 14).

Puissions-nous choisir, savoir, faire, demander une seule chose. En attendant que le but soit atteint, cette seule chose consiste à demeurer dans le sanctuaire tous les jours de notre vie. Où est la puissance du monde contre ceux qui habitent le sanctuaire ? Elle tombe à terre devant Celui « dont la tête est élevée par-dessus ses ennemis ». Le monde ne peut entrer dans le sanctuaire, et n’a aucune puissance sur l’âme qui s’y trouve. Il peut lui être permis de faire du mal au corps de ceux qui habitent le sanctuaire, mais, à travers toutes les épreuves qui les assaillent, ils peuvent cultiver en paix la jouissance des choses divines, apprises dans la contemplation de Jésus Christ.


Être avec toi, voir ta beauté,
Savourer ta tendresse,
Jouir de ta riche bonté,
Quelle immense allégresse !