Le tribunal de Christ

(Traduit de l’anglais)
C.H. Mackintosh

[Courts articles 36]

Nous avons reçu d’instantes demandes d’aide quant au solennel sujet du tribunal de Christ. Un cher ami écrit ainsi : « Je suis en difficulté. Une chère amie est très malheureuse à la pensée que, au tribunal de Christ, toute pensée secrète et tout motif du cœur seront rendus manifestes là à tous. Elle n’a ni craintes ni doutes quant à son salut éternel ou quant au pardon de ses péchés, mais elle recule avec horreur devant la pensée que tous les secrets de son cœur seront manifestés là à tous ».

Un autre écrit ce qui suit : « En me rappelant ces vérités bénies et de toute importance de Jean 5, 24 ; 1 Jean 1, 7 à 9 ; 2, 12 ; et Hébreux 10, 1 à 17, j’aimerais savoir comment vous comprenez les passages suivants, que je transcris dans leur entier, pour indiquer les mots particuliers auxquels je fais référence.

« Car il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal » (2 Cor. 5, 10). « Ainsi donc, chacun de nous rendra compte pour lui-même à Dieu » (Rom. 14, 12). « Car celui qui agit injustement, recevra ce qu’il aura fait injustement ; et il n’y a pas d’acception de personnes » (Col. 3, 24, 25).

C’est sur les passages ci-dessus que je suis désireux d’être correct quant à l’interprétation et à l’application. J’ai pensé que vous ne considéreriez probablement pas comme un abus de votre temps si je vous demandais votre opinion sur ce sujet ».

Nous avons été très intéressés par l’examen des différentes raisons de la perplexité qui semble prévaloir quant au sujet solennel du « tribunal de Christ ». Les passages mêmes que cite notre correspondant sont si clairs, si éloquents et si nets sur la question, que nous n’avons qu’à les prendre tels qu’ils sont et à leur permettre d’avoir leur juste influence sur le cœur et la conscience. « Il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ ». « Chacun de nous rendra compte pour lui-même à Dieu ». « Celui qui agit injustement, recevra ce qu’il aura fait injustement ».

Ce sont des déclarations claires. Désirerions-nous en affaiblir la force, en émousser le tranchant, en détourner la pointe ? Dieu nous en garde ! Nous devrions plutôt chercher à en faire un saint usage, en maintenant la pression sur la nature dans toutes ses vanités, ses convoitises et ses humeurs. Le Seigneur avait pour but que nous utilisions ces versets ainsi. Il n’a jamais souhaité que nous les utilisions d’une manière légale, pour ébranler notre confiance en Christ et en Son plein salut. Nous ne viendrons jamais en jugement pour nos péchés. Jean 5, 24, Romains 8, 1 et 1 Jean 4, 17 sont concluants à ce sujet. Mais nos services doivent être placés sous le regard du Maître. L’œuvre de tout homme sera éprouvée, pour voir de quelle sorte elle est. Le jour rendra tout manifeste. Tout cela est très solennel et devrait conduire à une grande vigilance et un grand soin quant à nos œuvres, nos voies, nos pensées, nos paroles, nos motifs et nos désirs. Le sentiment le plus profond de la grâce et l’intelligence la plus claire de notre parfaite justification comme pécheurs, n’affaibliront jamais le sentiment que nous avons de la grande solennité du tribunal de Christ, ou ne diminueront notre désir de marcher de manière à Lui être agréables.

Il est bon de saisir cela. L’apôtre travaillait afin qu’il soit agréable. Il assujettissait son corps de crainte d’être désapprouvé. Chaque saint devrait faire de même. Nous sommes déjà rendus agréables en Christ, et comme tels, nous travaillons à Lui être agréables. Nous devrions chercher à donner sa vraie place à chaque vérité. La manière de le faire est d’être beaucoup dans la présence de Dieu et de regarder chaque vérité en relation immédiate avec Christ. Il y a toujours un danger de faire un tel usage d’une seule vérité, qu’en pratique, nous déplaçons une autre vérité. Il faut soigneusement être en garde contre cela. Nous croyons qu’il y aura une manifestation complète de chacun et de toutes choses devant le tribunal de Christ. Toutes choses seront dévoilées là. Des choses qui semblaient très brillantes et louables, et qui ont fait grand bruit parmi les hommes ici-bas, seront brûlées entièrement comme n’étant que « du bois, du foin, du chaume ». Des choses qui ont flamboyé au loin et utilisées pour entourer les noms des hommes d’un halo d’applaudissements humains, seront toutes soumises à l’action scrutatrice du « feu », et beaucoup d’entre elles seront réduites en cendres.

Les conseils de tous les cœurs seront rendus manifestes. Chaque motif, chaque raison, chaque intention seront pesés aux balances du sanctuaire. Le feu éprouvera l’œuvre de tout homme, et rien ne sera marqué comme authentique, sinon ce qui aura été le fruit de la grâce divine dans nos cœurs. Tous les motifs mélangés seront jugés, condamnés et consumés. Tous les préjugés, tous les jugements erronés, toutes les méchantes suppositions concernant les autres — toutes ces choses semblables seront exposées et jetées au feu. Nous verrons alors les choses comme Christ les voit, nous les jugerons comme Lui les juge. Nul ne sera plus heureux que moi de voir tout mon chaume consumé. Même maintenant, alors que nous croissons en lumière, en connaissance et en spiritualité, alors que nous nous rapprochons de Christ et devenons plus semblables à Lui, nous condamnons vivement bien des choses que nous avions estimées autrefois comme tout à fait justes. Combien plus le ferons-nous quand nous nous tiendrons dans le plein éclat de la lumière du tribunal de Christ ?

Maintenant, quel devrait être l’effet pratique de tout ceci sur le croyant ? Le faire douter de son salut ? Le laisser dans un état d’incertitude quant à savoir s’il est ou non agréé ? Le faire mettre en question sa relation avec Dieu en Christ ? Certainement pas. Alors quoi ? Le conduire à marcher dans une sainte attention jour après jour, comme sous l’œil de son Seigneur et Maître — produire la vigilance, la sobriété et le jugement de soi, induire la fidélité, la diligence et l’intégrité dans tout son service et dans toutes ses voies.

Prenez une illustration simple. Un père quitte la maison pour un moment. En prenant congé de ses enfants, il fixe un certain travail à faire et une certaine ligne de conduite à adopter pendant son absence. Quand il revient, il peut avoir à louer certains de leur fidélité et de leur diligence, alors qu’il doit en blâmer d’autres pour l’inverse. Mais renie-t-il les derniers ? Rompt-il leur relation ? En aucun cas. Ils sont tout autant ses enfants que les autres, quoiqu’il indique fidèlement leur manquement et les reprend pour cela. S’ils se sont mordus et dévorés l’un l’autre au lieu de faire sa volonté ; si l’un a jugé l’œuvre de l’autre au lieu de prendre soin de la sienne ; s’il y a eu de l’envie et de la jalousie au lieu de l’exécution sincère des intentions du père, toutes ces choses trouveront un blâme bien mérité. Comment pourrait-il en être autrement ?

Mais alors, certains « reculent avec horreur à la pensée que les secrets du cœur seront manifestés là à tous ». Eh bien, le Saint Esprit déclare que « le Seigneur mettra en lumière les choses cachées des ténèbres, et manifestera les conseils des cœurs ; et alors chacun recevra sa louange de la part de Dieu » (1 Cor. 4, 5). Il ne dit pas à qui elles seront manifestées ; et cela n’affecte en rien la question, parce que toute personne droite de cœur sera bien plus profondément soucieuse du jugement du Maître que du jugement d’un compagnon de service. Pourvu que je plaise à Christ, je n’ai pas besoin de m’inquiéter beaucoup du jugement de l’homme. Si je suis davantage troublé à l’idée que tous mes motifs seront exposés à la vue de l’homme, qu’à celle qu’ils le seront à la vue de Christ, il est clair qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Cela prouve que je suis occupé de moi-même. Je recule devant la manifestation de « mes motifs secrets ». Il est alors très clair que mes motifs secrets ne sont pas justes, et plus tôt ils seront jugés, mieux cela vaudra.

Quelle différence cela ferait-il si tous nos péchés et tous nos manquements étaient rendus manifestes à tous ? Pierre et David sont-ils moins heureux parce que des millions d’inconnus ont lu le récit de leur chute honteuse ? Certainement pas. Ils savent que le récit de leurs péchés ne fait que magnifier la grâce de Dieu et illustre la valeur du sang de Christ, et par là, ils s’en réjouissent. Il en est ainsi dans tous les cas. Si nous étions plus vidés de nous-mêmes et occupés de Christ, nous aurions des pensées plus simples et plus correctes quant au tribunal, aussi bien que quant à tout le reste.

Que le Seigneur garde nos cœurs vrais envers Lui, pendant ce temps de Son absence, de sorte que quand Il apparaîtra, nous ne soyons pas couverts de honte devant Lui ! Que toutes nos œuvres commencent, se poursuivent et se terminent en Lui, de sorte que la pensée qu’elles seront dûment pesées et estimées en présence de Sa gloire, ne trouble pas nos cœurs ! Que nous soyons étreints par « l’amour de Christ », et non par la crainte du jugement, pour vivre pour Celui qui pour nous est mort et est ressuscité ! Nous pouvons laisser toutes choses entre Ses mains, en toute sécurité et joie, en voyant qu’Il a porté nos péchés en Son corps sur le bois. Nous n’avons aucune raison de craindre, dans la mesure où nous savons que quand Il apparaîtra, nous serons comme Lui, car nous Le verrons comme Il est. Au moment où Christ apparaîtra, nous serons changés en Son image, nous passerons dans la présence de Sa gloire, et reverrons là le passé. Nous regarderons en arrière, de cette élévation haute et sainte, vers notre course ici-bas. Nous verrons les choses sous une lumière totalement différente. Il se peut que nous serons étonnés de voir tant de choses dont nous avions pensé beaucoup de bien ici-bas, trouvées défectueuses là-haut. D’un autre côté, bien des petites choses qui ont été faites dans l’oubli de soi et l’amour pour Jésus, seront enregistrées avec soin et abondamment récompensées. Nous serons aussi capables de voir, dans la pure lumière de la présence du Maître, bien des fautes et des manquements que nous n’avions jamais discernés. Quel sera l’effet de tout cela ? Simplement susciter de nos cœurs des hosannas puissants et enthousiastes, à la louange de Celui qui nous a conduits à travers tous nos labeurs et nos dangers, qui nous a supportés avec toutes nos fautes et nos manquements, et qui nous a donné une place dans Son propre royaume éternel, étant là pour jouir des rayons lumineux de Sa gloire et reluire à Son image à jamais.

Nous ne nous attarderons pas davantage sur ce sujet, mais nous avons confiance qu’il en a été assez dit pour soulager les pensées de ces chers amis qui nous ont consulté sur ce point. Nous considérons toujours comme un heureux service de communiquer sur toute question qui peut présenter des difficultés aux pensées des gens. Nous pouvons dire en vérité que notre désir est d’être une aide et une bénédiction pour les âmes des siens partout, et que le nom du Seigneur Jésus soit magnifié.