Le vrai adorateur

G. O.
1924

[Traités à l’adresse des croyants n° 2]

Avez-vous jamais considéré à la lumière de l’Écriture ce qu’est réellement le culte ? Satan a si bien réussi à faire oublier aux chrétiens quelle est leur position en Christ ressuscité — c’est-à-dire qu’ils ont été rendus parfaits à perpétuité (Héb. 10, 10, 14, 19) par une seule offrande, et qu’ils sont accomplis en Lui (Col. 2, 10) — qu’il leur a fait perdre de vue ce à quoi Dieu les a réellement appelés, et qu’il a mis autre chose à la place. « Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en Esprit et en vérité » (Jean 4, 24) et : « Le Père en cherche de tels qui l’adorent » (Jean 4, 23). Ce culte doit être en Esprit : aucune forme extérieure ne peut lui convenir ; il doit être en vérité : la base doit en être établie si solidement que Dieu Lui-même en soit satisfait, et puisse accepter l’offrande de l’adorateur comme Lui étant parfaitement agréable. Pour cela, il faut que le péché n’ait plus aucun droit sur l’adorateur. Cela ne signifie pas seulement que ses péchés doivent être pardonnés, mais que son péché doit être éloigné, et cela si parfaitement, que l’adorateur soit sanctifié, rendu propre pour la présence de Dieu, et même invité à entrer dans le lieu très saint comme dans le lieu de son culte. Il ne s’agit pas pour lui du parvis extérieur, ni même du lieu saint, où les sacrificateurs avaient le droit d’entrer, mais du saint des saints, où, en type, le souverain sacrificateur seul pouvait entrer, et cela seulement une fois l’an. Quelle purification ne faut-il pas avoir pour obtenir cela ! Le secret de ce merveilleux privilège est que l’adorateur n’entre pas du tout dans le lieu très saint comme vu en lui-même, mais comme vu en Christ. Le jugement de Dieu a été exécuté sur le péché, le Fils Lui-même le portant en Son corps sur le bois. Étant la victime et le seul qui pût convenir comme substitut en ce qu’Il était Lui-même sans tache et divin, Christ a bu à notre place la coupe du jugement de Dieu jusqu’à la lie. De cette manière, il n’y a pas un seul atome de la justice de Dieu (si l’on peut s’exprimer ainsi) qui soit resté non satisfait, ou qui nous reste encore à satisfaire.

C’est à la croix que l’homme a été rejeté pour toujours comme entièrement corrompu, sans espoir, mort dans ses péchés. La mort de Christ a été l’exécution de la sentence de Dieu contre l’homme en tant que fils d’Adam, et contre tout ce qui lui appartient, en sorte que la vie d’Adam est déclarée être entièrement terminée et absolument inapte à quoi que ce soit de bon.

Quel repos le croyant ne trouve-t-il pas dans ce fait ! Pouvoir dire adieu pour toujours à celui qu’il appelle : « Misérable homme que je suis ! » (Rom. 7, 24), le voir désormais dans le tombeau où Christ a été couché, avoir le droit de le tenir pour mort, parce que Dieu le considère ainsi (Rom. 6, 3-11) ; avoir dépouillé (Col. 2, 11) le corps du péché aussi bien que les péchés qu’il portait ; être délivré « de ce corps de mort » (Rom. 7, 24) ! Tout ceci a été accompli par la croix, accompli par un autre, et nous, si nous croyons en Christ et en Son œuvre expiatoire, nous sommes placés de la part de Dieu dans la même position que Christ.

Mais que trouvons-nous encore ? La dette payée, qu’arrive-t-il au débiteur ? Nous avons vu ce dernier mort. Est-ce tout ? Non, en vérité ! Il a recommencé une nouvelle vie, sans qu’il reste de l’ancienne une seule parcelle, car c’est une vie entièrement nouvelle, du commencement à la fin. De quelle nature est-elle donc ? De la nature de Christ. « La loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus m’a affranchi de la loi du péché et de la mort » (Rom. 8, 2). « Celui qui a le Fils a la vie » (1 Jean 5, 12). « L’Esprit est vie à cause de la justice » (Rom. 8, 10). « C’est ici le témoignage que Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie est dans son Fils » (1 Jean 5, 11). « Votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col. 3, 3). Est-ce que cela ne nous rend pas propres à entrer dans les lieux saints ? Certes, nous y sommes, en Lui qui y est ressuscité. Nous sommes ressuscités ensemble et assis ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus (Éph. 2, 6). C’est là le lieu de notre culte, nous n’en avons aucun autre, aucun qui lui soit inférieur. Pouvons-nous donner à Christ une place inférieure à celle-là ? Dieu Le voit-Il à une autre place ? Peut-Il nous voir en Lui à une autre place ? Non, en vérité ; c’est Le déshonorer, diminuer Sa valeur que de ne pas prendre cette position. Si quelqu’un est incapable de la prendre comme adorateur, il fait l’une de ces deux choses : ou il tient compte de sa vieille nature, ne l’ayant pas abandonnée comme trop mauvaise pour s’en occuper ; ou bien il n’apprécie pas à sa valeur l’œuvre et la personne de Christ auquel il fait profession de croire. N’essayez pas de mélanger la lumière et les ténèbres ; recevez la lumière que Dieu a fait briller en Christ et laissez la croix vous séparer de vos ténèbres, comme elle l’a déjà fait dans la pensée de Dieu et selon Sa Parole (2 Cor. 5, 17-18 ; Éph. 2, 10 ; 5, 8). Quelle sentence précieuse que celle-ci : « Les choses vieilles sont passées » ! Arrêtez-vous-y : Elles sont passées, s’en sont allées, sont terminées pour toujours ! Ce ne sont pas seulement les péchés, mais aussi « les choses vieilles », c’est-à-dire tout ce qui nous appartenait comme faisant partie du premier Adam. Maintenant « toutes choses sont faites nouvelles », mais, bien plus que cela : « toutes sont de Dieu » (2 Cor. 5, 18). Pouvez-vous accepter ce mot : « de Dieu » ? Tout de Lui ! Rien de ce qui est vieux n’est maintenu, tout est nouveau, tout est de Dieu ! C’est réellement merveilleux, mais la Parole de Dieu qui ne peut changer parle ainsi. Il n’y a pas de sentiments, ni d’expériences, ni de doutes, ni de raisonnements qui puissent la détruire. C’est Sa Parole. Vous dites : Comment est-ce possible ? Ma seule réponse est que Dieu a rendu ceci vrai en mettant à mort la vieille nature et en me donnant la nouvelle nature en Christ. Vous dites : Pourquoi ? La seule raison en est : la miséricorde, la grâce, l’amour ; et ces deux paroles : « Afin que la sagesse si diverse de Dieu soit maintenant donnée à connaître… par l’Assemblée » (Éph. 3, 10) ; puis celle-ci : « Afin qu’il montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus » (Éph. 2, 7).

Qui donc recueillera le fruit de tout cela ? Sans aucun doute le croyant ; mais est-ce tout ? Faudrait-il que Dieu sème sans moissonner ? Priveriez-vous Dieu de ce qui est Sa part dans cette œuvre merveilleuse, c’est-à-dire la reconnaissance d’un cœur rassasié et beaucoup plus que rassasié, d’un cœur plein et débordant de joie et de louanges ? Qui a été appelé à se réjouir et à faire bonne chère en mangeant le veau gras ? Non pas le fils prodigue seul, mais le père. « Réjouissons-nous ». « Le Père en cherche de tels qui l’adorent ». « Offrons donc par Lui sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom… car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices » (Héb. 13, 15-16). « Soyez remplis de l’Esprit, vous entretenant par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant de votre cœur au Seigneur » (Éph. 5, 19). Quel est le tout premier fruit de la croix, mentionné dans le psaume de la crucifixion (Ps. 22) ? « J’annoncerai ton nom à mes frères (dit le Seigneur), je te louerai au milieu de l’assemblée ». Avons-nous appris le nom du Père comme de Celui dont nous avons été « approchés » (Éph. 2, 13) ? Nous sentons-nous chez nous dans Sa maison ? Le veau gras a-t-il été tué ? Le père se réjouit-il ? « Réjouissez-vous avec moi », dit le Seigneur. Voyez comment les épîtres commencent toujours : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ ». C’est le culte. Quelque chose d’autre pourrait-il satisfaire le cœur de Dieu ? Si vous aviez vos enfants à votre table, et que tout ce que leur cœur peut désirer ou imaginer soit placé devant eux, voudriez-vous qu’ils soient continuellement occupés à prier et à demander, ou voudriez-vous qu’ils mangent et vous bénissent ? Lequel des deux vous honorerait davantage ? Sans doute nous ne pouvons nous passer de la prière, mais la mettons-nous à la place de ce que Dieu attend de nous, le culte, l’action de grâces, l’offrande de nos prémices ? Celui qui s’approche le plus de Dieu par la prière est aussi celui dont Dieu remplira davantage le cœur de louanges et d’actions de grâces. Mais nous ne sommes pas isolés pour recevoir cette grâce. Dieu a d’autres enfants ; Christ a un corps et « le corps n’est pas un seul membre, mais plusieurs » (1 Cor. 12, 14). Je dois avoir la pensée de Dieu à leur sujet aussi. Je ne dois pas en exclure un seul, dans ma pensée, de la grâce de Dieu.

N’oubliez pas que les habitants de Bérée « étaient plus nobles que ceux de Thessalonique » en ce qu’ils « examinaient chaque jour les Écritures pour voir si les choses étaient ainsi ».