Les bienheureux

M. Koechlin

Le bonheur dans ce monde, n’est-ce pas ce que l’homme désire et qu’il ne peut atteindre ? Ce bonheur, il le cherche en vain dans les choses d’ici-bas. Mais fût-il même en possession de tous les biens, de toutes les richesses, de toutes les jouissances que le monde peut procurer, comme Salomon, il ne serait pas heureux et il devrait dire comme lui : « Vanité des vanités ! tout est vanité ! » [Eccl. 12, 8].

La Parole nous déclare cependant qu’il y a des bienheureux, et c’est d’hommes qui sont sur la terre et non pas de créatures célestes qu’il s’agit. Dans le ciel, ce sera le bonheur parfait, il n’y aura que des bienheureux, inutile de le dire ; mais sur la terre !

De nombreux passages nous parlent de bienheureux, mais ils nous disent tous que le bonheur que ce mot comporte est d’une nature toute différente de celle du bonheur que l’homme recherche. Sa source et ce qui le procure sont entièrement étrangers aux biens de ce monde ; il ne peut se trouver que dans nos relations avec Dieu, dans ce qu’Il est Lui, dans ce qu’Il est pour nous et dans ce qu’Il fait pour nous. On peut résumer en deux vérités fondamentales ce qui, d’après la Parole, peut rendre l’homme bienheureux : la confiance en Dieu et en Sa Parole, et l’obéissance à cette Parole.

La confiance en Dieu :

« Bienheureux tous ceux qui se confient en Lui » (Ps. 2, 12).

« Bienheureux l’homme qui a mis en l’Éternel sa confiance » (Ps. 40, 4).

« Bienheureux l’homme qui se confie en toi » (Ps. 84, 12).

« Qui se confie en l’Éternel est bienheureux » (Prov. 16, 20).

« Bienheureux tous ceux qui s’attendent à lui » (És. 30, 18).

« Tu garderas dans une paix parfaite l’esprit qui s’appuie sur toi, car il se confie en toi » (És. 26, 3).

Pourquoi l’homme qui s’attend à Dieu et qui met sa confiance en Lui est-il bienheureux ? Parce que Dieu est amour, un Dieu miséricordieux et faisant grâce. Si les Psaumes ont été de tout temps un si grand réconfort pour les âmes, c’est qu’on y trouve ce que Dieu est en bonté dans toutes les circonstances et dans toutes les épreuves de la vie, pour celui qui se confie en Lui. Il est son Dieu (Ps. 63). Un bouclier, un rocher et un lieu fort (Ps. 18). Son berger (Ps. 23). Sa lumière et son salut (Ps. 27). Sa force (Ps. 28). Son refuge, son secours dans les détresses (Ps. 46). Le père des orphelins, le juge des veuves (Ps. 68). Sa bonté attire ceux qui en ont goûté quelque chose. « Goûtez et voyez que l’Éternel est bon. Bienheureux l’homme qui se confie en lui » (Ps. 34, 8). « Combien est précieuse ta bonté, ô Dieu ! aussi les fils des hommes se réfugient à l’ombre de tes ailes » (Ps. 36, 7). C’est à l’ombre de ces ailes que l’âme est bienheureuse et peut chanter de joie.

Ne trouvons-nous pas aussi dans les Psaumes l’expression des sentiments que l’homme parfait a éprouvés dans Sa confiance en Dieu ? « Garde-moi, ô Dieu ! car je me confie en toi » (Ps. 16). Des sentiments de paix et d’amour !

Le premier pas dans cette confiance est celui de l’âme qui, reconnaissant son état de perdition, s’approche de Dieu, confesse ses péchés et se remet entre les mains du Dieu sauveur. Elle est bienheureuse quand elle reçoit Sa parole et croit en Celui qui pardonne toutes nos iniquités et guérit toutes nos infirmités. « Bienheureux celui dont la transgression est pardonnée, et dont le péché est couvert. Bienheureux l’homme à qui l’Éternel ne compte pas l’iniquité, et dans l’esprit duquel il n’y a pas de fraude » (Ps. 32, 1, 2).

Bienheureux aussi celui qui se remet avec confiance entre les mains de Dieu quand il s’agit de discipline. « Bienheureux l’homme que tu châties, ô Jah » (Ps. 94, 12). C’est ce que David a fait sous le poids du péché et dans sa grande détresse ; il s’est confié en Dieu en disant à Gad le prophète : « Que nous tombions, je te prie, dans les mains de l’Éternel, car ses compassions sont grandes » (2 Sam. 24, 14).

Il est dit aussi : « Bienheureux quiconque craint l’Éternel et marche dans ses voies » (Ps. 128). « Bienheureux l’homme qui craint l’Éternel et qui prend un grand plaisir en ses commandements » (Ps. 112, 1). Cette crainte de Dieu n’est pas une crainte qui nous éloigne de Lui, mais elle nous maintient dans Sa dépendance et nous fait marcher dans la sainteté, en séparation du mal. « La bonté de l’Éternel est grande envers ceux qui le craignent » (Ps. 103). « Oh ! que ta bonté est grande, que tu as mise en réserve pour ceux qui te craignent, et dont tu uses envers les fils des hommes, envers ceux qui se confient en toi » (Ps. 31, 19).

L’obéissance à Sa Parole :

« Bienheureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent » (Luc 11, 28). « Voici, écouter (ou obéir) est meilleur que sacrifice » (1 Sam. 15, 22). Le chemin de celui que la Parole appelle bienheureux n’est pas sans épreuves et sans souffrances, mais c’est le chemin dans lequel on peut marcher avec Dieu et c’est le bonheur du fidèle de le suivre dans l’obéissance. Il y jouit de ce que Dieu est pour lui en amour ; il est dans Sa communion. S’il rencontre des souffrances, il a devant lui l’espérance. Pour lui, « les souffrances du temps présent ne sont pas dignes d’être comparées avec la gloire à venir qui doit nous être révélée » (Rom. 8, 18). « Et si même vous souffrez pour la justice, vous êtes bienheureux » [1 Pier. 3, 14], dit l’apôtre Pierre. Les souffrances pour le nom de Christ ne réjouissaient-elles pas les disciples parce qu’ils avaient été estimés dignes de souffrir des opprobres pour le nom [Act. 5, 41] ?

Le mot bienheureux que nous trouvons si souvent dans la Parole comprend la jouissance intérieure du cœur qui est en relation avec Dieu et le bonheur de faire Sa volonté. « C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au-dedans de mes entrailles » (Ps. 40, 8). Il comprend aussi la joie de recevoir toutes les bénédictions qui conviennent à notre état et que nous dispense Celui qui nous aime, et la joie de l’espérance de la gloire.

Les bienheureux prononcés par le Seigneur dans Son sermon sur la montagne et qui se rapportent plus particulièrement à Ses disciples, aux fidèles du résidu, peuvent s’appliquer aux chrétiens de tous les temps ; ils leur disent que lorsqu’il s’agit de la marche, du témoignage, des persécutions, leur récompense est dans les cieux, qu’elle est grande, et c’est là ce qui peut les réjouir et les faire tressaillir de joie.

L’heureuse confiance du croyant est inébranlable ; elle repose sur Celui qui est « le Rocher des siècles » [És. 26, 4], qui est toujours le « Même ». « Jusqu’à votre vieillesse je suis le même, et jusqu’aux cheveux blancs je vous porterai » (És. 46, 4). Elle repose sur Jésus, Celui dont le nom remplit nos cœurs de joie, d’assurance et de paix, Celui que nous attendons du ciel.