Les leçons de l’épreuve

« Les choses qui ne se voient pas sont éternelles »

(2 Cor. 4, 18)

Nous désirons faire partager à nos lecteurs l’édification que nous a procuré le récit des derniers moments d’un frère longuement éprouvé par une cruelle maladie, ainsi que la lecture de ses dernières lettres adressées à des amis.

Récit

La veuve de notre frère nous écrit :

Malgré le vide immense que nous laisse notre bien-aimé, nous ne pouvons que nous réjouir en pensant au bonheur et au délicieux repos dont il jouit maintenant auprès de son Sauveur après quatre années de souffrance, car dès le début de sa maladie, il eut beaucoup à souffrir. À mesure que les années s’écoulaient, les souffrances augmentaient. Les six derniers mois furent les plus pénibles ; il n’eut alors vraiment plus aucun répit, ni jour, ni nuit ; les calmants n’avaient presque plus d’effet sur lui, et il ne voulut pas en augmenter les doses de peur de perdre sa lucidité d’esprit ; il préférait la souffrance à un état de somnolence qui l’empêchait de jouir des choses d’en haut.

Dans ses moments pénibles, combien de fois nous l’avons entendu crier au Seigneur : « Oh ! Seigneur, mon Seigneur, si tu voulais ! », et bien souvent Il lui a répondu en lui accordant un peu de calme. Aussi longtemps qu’il en eut la force, il chercha à vaincre la souffrance en lisant et en écrivant ; il ne s’arrêtait que lorsqu’il était à bout de forces. Je ne me souviens pas d’avoir entendu un seul murmure sortir de sa bouche. Sa soumission et sa patience étaient remarquables et il ne tarissait pas sur les bontés du Seigneur à son égard. Il avait toujours pour nous des paroles d’encouragement ; il nous disait aussi : Si nous devons être séparés, ce ne sera pas pour longtemps ; le Seigneur vient. Quand la faiblesse lui rendit impossible la lecture de sa Bible, il se fit écrire en gros caractères au pied de son lit les passages suivants qu’il désirait avoir toujours sous les yeux : « Fatigués, mais poursuivant toujours » (Jug. 8, 4). « Dans la tribulation de toute manière, mais non pas réduits à l’étroit. Dans la perplexité, mais non pas sans ressource. — Abattus, mais ne périssant pas » (2 Cor. 4, 8-9). « Nos regards n’étant pas fixés sur les choses qui se voient, mais sur celles qui ne se voient pas ; car les choses qui se voient sont pour un temps, mais celles qui ne se voient pas sont éternelles » (2 Cor. 4, 18). « Nous avons donc toujours confiance » (2 Cor. 5, 6).

Les huit derniers jours, ses souffrances s’atténuèrent graduellement ; lui qui, depuis des mois, ne pouvait rester que sur le côté gauche, les jambes repliées, put se coucher dans toutes les positions. S’il ne souffrait plus, il était d’une faiblesse extrême et ne parlait plus que pour exprimer sa joie d’être bientôt dans la maison du Père. Quelques jours avant son départ, il me dit : « N’est-ce pas que tu es heureuse en me voyant si heureux de m’en aller auprès du Seigneur ? » puis il ajouta : « Mais je suis bien égoïste de parler ainsi ».

Le dernier dimanche, il a désiré que tous les frères et sœurs vinssent auprès de lui pour chanter des cantiques, entre autres : « Quel autre ai-je aux cieux », « Mon cœur joyeux, plein d’espérance », « C’est en toi, Dieu Sauveur » et le verset 3 :

Ton amour et ta paix
Et ta parfaite joie
Sont à moi pour jamais.
Devant moi se déploie
L’heureuse et douce voie,
Le sentier glorieux
Qui conduit vers les cieux.

et dans le nouveau recueil :

« Lieu de repos, sainte patrie…
Repos, repos ! Près de Jésus,
Peines, douleurs ne seront plus. »

Il ne pouvait plus joindre sa voix à celle de nos amis, mais il murmurait les paroles.

Il alla encore en s’affaiblissant jusqu’au mercredi soir, toujours aussi calme et paisible. Le frère A.C. lui demanda : « Le bon Berger est toujours à vos côtés ? ». Il répondit : Oh, oui ! Un peu plus tard il me dit : « J’ai vu le Seigneur ».

Il eut quelques moments de délire pendant la nuit, mais ne perdit pas connaissance. À sept heures, nous vîmes que le Seigneur allait rappeler notre bien-aimé. Ses yeux se fixèrent au ciel avec une grande intensité ; son visage s’illumina et il nous dit à plusieurs reprises : « Je Le vois, oh, je Le vois ! ». L’un de nous lui demanda : « Et nous, nous vois-tu ? ». Il répondit : « Non, je Le vois, Lui ». Puis abaissant un instant ses regards sur nous, il dit : « Je vous vois un peu » et, les levant de nouveau au ciel, il répéta les mêmes paroles : « Je Le vois ! ». Ensuite il entonna faiblement, mais assez distinctement le troisième verset du cantique 51 :

Ah ! bientôt sans voile
Luiront tes splendeurs…

puis le troisième verset du cantique 76 :

Être avec toi, voir ta beauté,
Savourer ta tendresse,
Jouir de ta riche bonté,
Quelle immense allégresse !

Après cela, nous lûmes le chapitre 14 de Jean qu’il aimait tant. Arrivés au passage : « Afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi », il fit un signe de la main et dit : « vous » à plusieurs reprises comme pour dire : Moi, j’y suis déjà, mais vous, vous y viendrez bientôt.

Un peu après il nous montra du doigt le ciel et perdit connaissance. Cela dura environ vingt minutes, puis il ferma les yeux de lui-même et ce fut tout. Notre bien-aimé était avec son Sauveur.

Qu’Il nous accorde la grâce de ne jamais oublier ses enseignements, ses conseils, sa patience et sa fidélité, jusqu’au jour bienheureux où nous serons tous réunis autour de notre adorable Sauveur.

Un ami, témoin de ses souffrances, écrit :

« Quel souvenir pour les siens et pour ceux qui l’ont vu de temps en temps pendant ces quatre années de souffrances ! Notre frère a pu, dès le commencement, accepter l’épreuve de la main du Seigneur. Il me disait une fois : « Le Seigneur m’a retiré des affaires ; Il m’a mis de côté ; Il sait pourquoi, mais certainement ce n’est pas pour que je m’occupe encore de ces choses ». L’énergie de sa foi s’est montrée en ce qu’il est allé en avant, malgré la souffrance, toujours plus occupé des choses célestes et absorbé par elles. Quand nous voyons ce résultat produit, nous comprenons davantage la sagesse des voies du Seigneur. Beaucoup mieux que nous, Il voit d’avance ce résultat et le manifestera dans Son jour, comme il est dit : « Afin que l’épreuve de votre foi, bien plus précieuse que celle de l’or qui périt et qui toutefois est éprouvé par le feu, soit trouvée tourner à louange, et à gloire et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ » (1 Pier. 1, 7).

Dernières lettres

La moins récente de ces lettres est écrite à l’un de ses parents :

I

« Il me semble que, plus j’avance dans l’épreuve, plus le Seigneur me prive, tantôt d’une chose, tantôt de l’autre. Mais je ne récrimine pas, et je puis dire avec le psalmiste, au psaume 131, que je suis « comme un enfant sevré auprès de sa mère ». En effet, s’il me sèvre des choses d’ici-bas, les unes après les autres, Il se tient d’autant plus près de moi. L’enfant ne peut pas toujours recevoir du lait comme nourriture, mais quand sa mère doit le sevrer, elle l’entoure d’autant plus de soins, c’est ainsi que le Seigneur agit à notre égard. Il arrive aussi, quand cela est nécessaire, qu’Il éprouve notre foi, mais nous n’estimons pas le prix de ce travail autant que Lui, c’est pourquoi nous gémissons quand la souffrance augmente. M. P. m’écrivait que ce que Dieu faisait en nous était plus important que ce que nous faisions pour Lui. C’est Son travail, ajoutait-il, qui sera vu dans le ciel. Puisque nous devons refléter Ses perfections, il faut que nous y soyons préparés ici-bas. Maintenant est le temps de la souffrance, la gloire viendra plus tard ; attendons avec patience…

Pour ce qui me concerne, il n’y a pas grand changement ; je suis un peu mieux qu’il y a quelques semaines, quoique je ne puisse pas quitter le lit, et que, malgré tout, ma situation ne s’améliore pas. Je vais ainsi en avant, profitant des alternatives, comptant sans cesse sur le Seigneur pour me donner la force et le courage dont j’ai tant besoin pour tout supporter, afin que je puisse Le glorifier sur mon lit, puisque c’est là qu’Il veut que je sois. Ma chère femme me suit courageusement dans le chemin de l’épreuve, quoique toujours fatiguée à l’excès, car tant de travail depuis plus de trois ans (nous sommes dans la quatrième année de la fournaise), sans jamais de repos, accumule une fatigue extraordinaire, physique et morale, et je demande au Seigneur qu’Il la soutienne jusqu’au bout, car c’est de Lui seul que vient notre secours.


La lettre suivante est écrite à un ami :

II

Cher frère,

… Avez-vous appris le délogement de notre frère V. ? Heureuse délivrance après une longue et douloureuse maladie, rendue plus pénible par leur situation. Sa femme et sa fille, aidées de deux voisines, ont dû procéder à son enterrement. Quelles tristes circonstances pour ces cœurs déjà meurtris, brisés par la douleur, mais nos chères sœurs sont bien soutenues et bénissent le Seigneur d’avoir mis un terme à tant de souffrances. Combien de situations pénibles, angoissantes, que nous ne connaissons pas et qui sont traversées dans l’isolement, loin de tout ; mais pourtant, jamais d’isolement pour nous, les bien-aimés du Seigneur, car Il est Lui-même toujours présent ; rien ne peut nous séparer de Son amour. Quelle différence, cher frère, de jouir de ces choses en passant par la tribulation, ou lorsque tout va bien pour nous ici-bas ! Nous apprenons à mieux Le connaître et à mieux L’aimer. Nous Le bénirons bientôt pour tout. Il me semble que les cœurs des saints étaient plus touchés au début des événements actuels qu’à présent. Hélas ! nos pauvres cœurs ne s’habituent-ils pas à tout ? Pourtant certaines contrées demeurent sous une impression d’angoisse qui persiste. Comment n’en serait-il pas ainsi en face de tant de deuils, de tant de cœurs brisés !

J’ai souvent fait les mêmes réflexions que vous au sujet des réunions de prières. Aujourd’hui ne sommes-nous pas tous dans l’épreuve ? Et nos cœurs ne devraient-ils pas tous être unis par le besoin commun de crier constamment au Seigneur ? Ne nous lassons pas, cher frère ; s’il faut crier seuls, crions toujours. « La fervente supplication du juste peut beaucoup ». Prions avec intelligence, confiance et persévérance.

Que le Seigneur vous bénisse dans l’évangélisation en disposant les cœurs à recevoir Jésus pour leur Sauveur pendant que luit encore le jour de la grâce. Jérémie dit dans sa prophétie : « Le Pharaon, roi d’Égypte, n’est qu’un bruit ; il a laissé passer le temps » (Jér. 46, 17). Félix veut bien discourir avec Paul sur la justice et sur la tempérance, mais quand la conversation aborde le jugement à venir, il est tout effrayé et dit : « Pour le présent, va-t’en ; quand je trouverai un moment convenable, je te ferai appeler » (Act. 24, 25). Hélas ! aujourd’hui le cœur de l’homme n’est pas meilleur ; il pense peut-être qu’en condamnant les choses grossières, il échappera au jugement de Dieu, et il méprise ainsi les richesses de Sa bonté, et de Sa patience, et de Sa longue attente, ne connaissant pas que la bonté de Dieu le pousse à la repentance (Rom. 2, 4).

Quant à moi, cher frère, mon état ne s’améliore pas ; depuis votre dernière visite j’ai eu de bien mauvais moments. L’épreuve est longue, le creuset est ardent, mais c’est le travail de Dieu. Il me garde à Son école jusqu’à ce que la leçon soit bien apprise. Un frère faisait la remarque, en comparant l’épreuve à la prophétie sur Moab, en Jérémie 48, 9 à 13, qu’il faut que nous soyons aussi transvasés, versés de vase en vase, d’épreuve en épreuve, afin que notre parfum soit changé. Moab était resté tranquille sur sa lie et n’était pas allé en captivité. Il faut aussi que le vase soit brisé, cher frère, afin que le potier puisse en faire un autre vase qui plaise à ses yeux (Jér. 18). Que d’expériences faites sur un lit de maladie qui ne peuvent se faire ailleurs ! Je croyais que j’aimais beaucoup le Seigneur, et certes je L’aimais, mais Il m’a montré combien je L’aimais peu, parce que je Le connaissais peu ! Il me prend tout, mais Il me prend les choses une à une, et Il me donne en retour une plus grande connaissance et une plus grande jouissance de Lui-même. Combien il est difficile de laisser les choses visibles pour les invisibles ; nous aimerions garder les unes et les autres, mais ce n’est pas possible, car les premières voilent les secondes et, par conséquent, nous voilent Christ. J’ai besoin de patience et de courage ; je les trouve en ne regardant qu’au Seigneur. Encore un peu de temps et l’épreuve prendra fin ; je sais que le temps est compté et qu’il ne sera pas dépassé. Ma chère femme me suit courageusement dans le chemin de la vallée de l’ombre de la mort et trouve les mêmes consolations que moi dans le bâton et la houlette du bon Berger. Nous savons que le chemin aboutit à la maison du Père. Précieuse et permanente consolation ; nous ne serons certainement pas déçus de notre attente.


Le 14 novembre il écrivait à un ami :

III

Bien cher frère,

À celui qui est défaillant est due la miséricorde de la part de ses amis (Job 6, 14). Pardonnez-moi donc le retard apporté à répondre à votre lettre du 15 septembre dernier. Il ne provient que de mon état de faiblesse et de souffrance, et même aujourd’hui, je suis encore obligé de me servir de la main de mon fils pour vous tracer ces lignes, en écourtant le plus possible, car ma situation ne me permettra bientôt plus d’écrire. Combien je voudrais refaire l’ancienne tournée avec vous dans nos régions, ainsi qu’au Creusot, mais ce temps est à jamais passé pour moi…

Je suis à l’école de Dieu ; maintenant tout ce que je désire, c’est de supporter avec patience l’ardeur du creuset jusqu’à ce que je parvienne à refléter l’image de mon Sauveur. Jusqu’à présent, Il m’a admirablement soutenu et encouragé, mais je sens toujours plus la nécessité de m’appuyer sur Lui pour traverser cette vallée de l’ombre de la mort, où je n’ai rien à craindre puisqu’Il est avec moi (Ps. 23). Lui-même connaît le chemin, je sais qu’il aboutit à la maison du Père ; en attendant, Sa bonté et Sa gratuité me suivront chaque jour.

En pensant aux souffrances de mon cher Sauveur, je suis encouragé et j’ai bien lieu d’être reconnaissant, car j’ai encore ici-bas des amis, des frères qui prient pour moi, tandis que Lui a attendu que quelqu’un eût compassion de Lui, mais il n’y a eu personne… et des consolations, mais Il n’en a pas trouvé (Ps. 69). Que vous dirai-je, cher frère ; j’ai la bouche fermée… ce qui me convient, c’est la soumission absolue à la volonté de Dieu, demandez-le Lui pour moi.

Le dernier Messager contient une courte méditation de J.N.D. sur 1 Corinthiens 15 qui m’a fait beaucoup de bien ; ce bien-aimé serviteur a pu dire aussi déjà en 1844, ainsi que beaucoup d’autres enfants de Dieu qui ont passé par la fournaise depuis cette époque : « Je me suis demandé quel est le secret caché dans ce fait que Christ a la toute-puissance dans les cieux et sur la terre, et laisse ici-bas ceux qu’Il aime, plus misérables que tous les hommes ». Donc ce qu’Il fait à mon égard en me tenant couché dans la douleur depuis bientôt quatre ans est Son secret ! Il y a des mystères que la foi ne peut pénétrer maintenant, mais nous les connaîtrons plus tard (Jean 13, 7). Il y a le présent de la discipline ; et le plus tard du fruit paisible (Héb. 12, 11).

Je voudrais, bien cher frère, vous revoir encore ici-bas ; s’il vous était possible de venir jusqu’ici, votre visite me serait agréable et je compte un peu que vous obtiendrez facilement le sauf-conduit nécessaire pour cela. Ma famille a bien diminué ici-bas, en effet, mais elle s’est accrue au ciel, et c’est là que je vois tous les miens se reposant doucement dans les bras du Seigneur en attendant le jour de la résurrection.

Ces jours-ci sont des moments de souffrances aiguës pour moi et je fais un réel effort pour dicter ces lignes. Ma chère femme me suit courageusement dans l’épreuve, mais elle souffre autant que moi ; nous allons ainsi à la rencontre de notre bien-aimé Sauveur… Il sera bientôt là.


À une date toute récente, il écrivait encore à son parent :

IV

Sur mon lit de maladie j’ai été souvent amené à considérer ce passage : « Le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation » (2 Cor. 1, 3). Pour apporter quelque consolation à un frère souffrant, il faut avoir été consolé soi-même, avoir fait l’expérience que notre Dieu est le Dieu de toute consolation. Et ce n’est pas une consolation passagère : en 2 Thessaloniciens 2, 16, l’apôtre l’appelle « une consolation éternelle ». C’est pourquoi nous éprouvons tant de bien des visites chrétiennes

Depuis plusieurs semaines je souffre, et même ces jours-ci, les douleurs se sont accentuées à tel point que le jour et la nuit sont à peu près semblables. J’ai bien besoin que le Seigneur me soutienne, m’encourage et me donne toute la patience nécessaire pour aller en avant. Je sais qu’Il ne retient pas ses compassions envers moi, que Sa droite me soutient. Toutes ces vérités, je les connais, mais j’ai besoin de Lui-même pour en jouir. Sur un lit de maladie, on apprend beaucoup de choses ; c’est une école dont les leçons sont difficiles à retenir, mais nous avons affaire au divin Maître qui est doux et patient. Il reviendra sur la leçon autant de fois qu’il le faudra, car Il nous forme pour le ciel, mais le creuset est ardent, mon cher ami ; toutefois, Il ne permettra pas que je sois consumé, puisqu’il faut que je reflète Son image.

Pour moi, comme pour Job et pour David, ce sont des choses difficiles à comprendre, trop merveilleuses pour que je puisse y atteindre pour le moment, mais cela viendra, et le Seigneur me soutiendra jusqu’au bout, je le sais, si difficile que soit la route. Puis, je me réjouis d’être avec Lui un moment, en attendant le jour de la résurrection, comme disait le cher frère B. quelque temps avant sa mort, tout en jouissant d’une paix profonde comme le vénéré frère D. sur son lit de mort…


Le 6 janvier notre frère écrivait sa dernière lettre à un ami :

V

J’ai reçu votre lettre et suis très sensible à votre sympathie, surtout en des moments aussi critiques, car je vais m’affaiblissant de plus en plus, mais quelle précieuse perspective de voir bientôt mon cher Sauveur ! J’aurais un vif désir de vous revoir encore sur cette terre, quoique d’un moment à l’autre je puisse être rappelé auprès du Seigneur. J’espère qu’il m’accordera encore cette satisfaction (elle ne lui fut pas accordée) ; toutefois, si nous ne nous revoyons pas ici-bas, notre rendez-vous est là-haut. Là, tout sera passé — ce sera fini à tout jamais des souffrances du temps présent. Je m’en réjouis.

Votre dévoué en Lui.


Le 2 février, notre frère était auprès du Seigneur.