J’ai été très intéressé dernièrement en considérant la manière excellente dont Jean le baptiseur répondait aux diverses questions qui se présentaient devant lui, car il y avait beaucoup de questions de son temps, comme il y en a du nôtre.
Ce à quoi je fais plus particulièrement référence maintenant nous est présenté dans l’évangile de Jean (Jean 1 et 3). La première question à laquelle ce cher et honoré serviteur de Christ fut appelé à répondre, avait trait à lui-même, et de fait, il y passa très rapidement. « Et c’est ici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des lévites, pour lui demander : Toi, qui es-tu ? ».
Il est fâcheux, pour toute personne sensée, d’être invitée à parler d’elle-même. C’est ce que ressentit Jean, je n’en doute pas. Il leur avait dit sans hésiter qu’il n’était pas le Messie, qu’il n’était pas Élie, qu’il n’était pas même le prophète. Mais ils voulaient une réponse positive. « Ils lui dirent : Qui es-tu, afin que nous donnions réponse à ceux qui nous ont envoyés ? Que dis-tu de toi-même ? ». Il avait de fait peu à dire de lui-même. « Je » avait une très petite place, dans les pensées de Jean. « Une voix ». Était-ce tout ? Oui ; c’était tout. L’Esprit dans le prophète avait parlé ; Jean cite les paroles, et il s’en tient là. Serviteur béni ! Témoin honoré ! Que nous ayons davantage de son excellent esprit, plus de sa méthode de répondre aux questions !
Mais ces pharisiens n’étaient pas satisfaits. La pensée de Jean de se cacher lui-même les dépassait complètement. « Ils l’interrogèrent et lui dirent : Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le prophète ? ».
Là encore, le baptiseur fait une réponse brève. « Jean leur répondit, disant : Moi, je baptise d’eau ; mais au milieu de vous il y en a un que vous ne connaissez pas, celui qui vient après moi, duquel moi je ne suis pas digne de délier la courroie de la sandale ».
Ainsi, quant à lui-même, il était seulement une voix. Et, quant à son œuvre, il baptisait d’eau, et il n’était que trop heureux de se retirer derrière ce Bienheureux dont il se sentait totalement indigne de délier la courroie de Sa sandale.
C’était d’une justesse peu courante. Je suis persuadé, mon cher ami, que cette aimable disposition d’esprit manifestée par ce très illustre serviteur de Christ, est ce que vous désirez ardemment pour vous-même. Et je pense que je fais un avec vous en cela. J’aspire à connaître toujours davantage cet effacement de soi — cette perte de vue du moi et de ses œuvres, cet esprit de retrait. En vérité, il est des plus nécessaires en ce jour de vanterie égoïste et de prétention.
Tournez-vous un moment avec moi vers Jean 3. Là, nous avons une autre sorte de question. Ce n’est plus maintenant au sujet de lui-même ou de son œuvre, mais sur la purification. « Il y eut donc une discussion entre quelques-uns des disciples de Jean et un Juif, touchant la purification. Et ils vinrent à Jean, et lui dirent : Rabbi, celui qui était avec toi au-delà du Jourdain, à qui tu as toi-même rendu témoignage, voilà, il baptise, et tous viennent à lui ».
Or c’était une erreur, car « Jésus lui-même ne baptisait pas, mais ses disciples ». Mais ce n’est pas le sujet ici. Ce qui me frappe est la manière qu’a Jean de répondre à toutes les questions, justes ou fausses. Il trouve une solution parfaite pour toutes, dans la présence de son Seigneur. « Jean répondit et dit : Un homme ne peut rien recevoir, à moins qu’il ne lui soit donné du ciel ».
Combien c’est vrai ! Combien c’est simple ! Combien c’est parfaitement évident ! Quelle manière complète de régler toutes les questions ! Si un homme a quelque chose, quoi que ce soit, d’où cela vient-il, d’où cela pourrait-il venir ? Assurément, seulement du ciel. Quel remède parfait pour les conflits, les envies, les jalousies et l’émulation ! « Tout ce qui nous est donné de bon et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières ». Quelle histoire cela raconte de la terre ! Quel récit est fait au ciel et à Dieu ! Il n’y a pas un atome de bien sur la terre, sinon ce qui vient du ciel. Il n’y a pas un atome de bien dans l’homme, sinon ce qui vient de Dieu. Pourquoi alors quelqu’un se vanterait-il, ou serait-il jaloux, ou envieux ? Si toute bonté vient d’en haut, que cela mette une fin à tout conflit et que tous les cœurs s’élèvent en louange au « Père des lumières ».
C’était ainsi que le baptiseur répondait aux questions de son jour. Il faisait savoir à tous les questionneurs que leurs questions avaient peu d’intérêt pour lui. Et plus que cela, il leur fait savoir là où résidaient tous ses intérêts. Ce serviteur béni trouvait toutes ses sources dans l’Agneau de Dieu, dans Son œuvre précieuse, dans Sa personne glorieuse. La voix de l’Époux lui suffisait, et l’ayant entendue, sa joie était accomplie. La question de la purification pouvait être assez intéressante, à sa place ; et comme toutes les autres questions, elle avait son bon et son mauvais côté ; mais pour Jean, la voix de l’Époux était suffisante. Dans Sa présence, il trouvait une réponse divine à toute question, une solution divine à toute difficulté. Il regardait en haut vers le ciel et voyait toutes les bonnes choses qui en provenaient. Il regardait à la face de l’Époux et voyait toute gloire morale ayant là son centre. Cela lui suffisait. Pourquoi le troubler avec toutes sortes de questions — des questions quant à lui-même ou à son œuvre, ou au sujet de la purification ? Il vivait bien au-delà de la région des questions, dans la présence bénie de son Seigneur, et là, il trouvait tout ce dont son cœur pouvait jamais avoir besoin.
Maintenant, mon très cher ami, il me semble que vous et moi ferions bien de suivre l’exemple de Jean pour ce qui regarde tout cela. Je n’ai pas besoin de vous rappeler que de nos jours, il y a des questions qui agitent les esprits des hommes. Oui, et certains d’entre nous sont appelés à rendre compte du fait de ne pas s’être exprimés de façon plus décidée sur certaines de ces questions. Mais je crois que le diable fait de son mieux pour aliéner nos cœurs de Christ et les uns des autres, par des questions. Nous ne devons pas être ignorants de ses desseins. Il ne vient pas ouvertement en disant : « Je suis le diable et je veux vous diviser et vous disperser par des questions ». Pourtant, c’est précisément ce qu’il cherche à faire.
Or, il importe peu que la question soit bonne ou mauvaise en elle-même ; le diable peut utiliser une question juste de façon aussi efficace qu’une mauvaise, pourvu qu’il puisse réussir à élever cette question à une importance injustifiée, la faisant se placer entre nos âmes et Christ, et entre nous et nos frères. Je peux comprendre une différence de jugement sur diverses questions mineures. Les chrétiens ont différé sur ces sujets depuis bien des siècles, et ils continueront de différer jusqu’à la fin des temps. C’est la faiblesse humaine. Mais quand il est permis à une question quelconque de prendre une importance indue, cela cesse d’être de la simple faiblesse humaine, et cela devient une ruse de Satan. Je peux avoir un jugement très décidé sur un point donné, et vous de même. Mais ce à quoi j’aspire maintenant, c’est d’enfouir complètement toutes les questions et de nous réjouir ensemble en écoutant la voix de l’Époux, et d’avancer ensemble dans la lumière de Sa face bénie. Cela confondra l’ennemi. Cela nous délivrera effectivement de tout préjugé, de toute partialité, et de tout clan. Nous nous mesurerons alors l’un l’autre, non par nos vues sur une question particulière, mais par notre appréciation de la personne de Christ et notre dévouement à Sa cause.
En un mot, mon bien-aimé et cher ami, ce que je désire est que vous et moi, et tous nos chers frères dans le monde entier, soient caractérisés par un dévouement profond et complet au nom et à la vérité et à la cause de Christ. J’aspire à cultiver de larges sympathies qui peuvent englober tout ceux qui aiment vraiment Christ, même si nous n’avons pas le même point de vue sur toutes les questions mineures. Au mieux, « nous connaissons en partie », et nous ne pouvons jamais nous attendre à ce que l’on soit d’accord avec nous sur toutes les questions. Mais si Christ est le seul objet qui nous absorbe, toutes les autres choses prendront leur juste place, leur valeur relative, leur proportions convenables. « Nous tous donc qui sommes parfaits (tout autant qu’il y en a qui ont Christ pour leur seul objet), ayons ce sentiment ; et si en quelque chose vous avez un autre sentiment, cela aussi Dieu vous le révélera ; cependant, dans les choses auxquelles nous sommes parvenus, marchons suivant une même règle (Christ) et ayons un même sentiment (Christ) ». Du moment que quelque chose d’autre que Christ est introduit comme règle pour la marche, c’est tout simplement l’œuvre du diable. Je suis certain de cela aussi sûrement que du fait que je tiens cette plume dans ma main.
Que le Seigneur nous garde tous près de Lui, marchant ensemble, non dans le sectarisme, mais dans un amour fraternel vrai, cherchant la bénédiction et la prospérité de tous ceux qui appartiennent à Christ, et promouvant de toutes les façons possibles Sa cause bénie jusqu’à ce qu’Il vienne !