Les regards de la foi

(Fragments de lettres)
G.V. Wigram

Il nous semble parfois avoir beaucoup de grâce et d’énergie ; cependant, quand vient l’épreuve, nous constatons que tout cela disparaît vite, emporté comme la balle par le vent. Nous sommes ainsi amenés à apprendre des leçons humiliantes.

Je suis sûr que quelques-uns d’entre nous sont disposés à regarder à la mort en Adam plutôt qu’à la vie en Christ ; à la ruine et aux maux qui sont entrés dans ce monde par le premier homme, plutôt qu’à la délivrance introduite par le second homme.

Nous portons en nous ce qui se rapporte à la fois à la corruption et à la gloire. Lazare, le pauvre [Luc 16, 20-23], en est une illustration. Il fut un temps, pour lui, où assis à la porte d’un riche, des chiens léchaient ses ulcères ; mais, plus tard, par les anges, il fut transporté en haut dans des scènes glorieuses. Cette pensée est encourageante ; elle nous aide à détacher nos regards de ce qui est corruptible pour les porter sur ce qui est glorieux. Certains parmi nous sont tentés de ne s’occuper que de ce qui se rapporte à la corruption et ne s’occupent que rarement de ce qui est glorieux.

Mais Jésus ressuscité appelle notre attention et c’est vers Lui que se tournent les regards de la foi.

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On aime à parler ensemble de Celui qui nous unit les uns aux autres.

C’est si triste quand le cœur est indifférent et froid ; son incapacité à comprendre, son manque de vie, sa distance de l’atmosphère du Bien-aimé, hélas ! tout cela est connu et réalisé chaque jour. Nous donnons peu libre cours à l’Esprit dans le secret de nos âmes. Je crains que nous nous soyons un peu hâtés à ne saisir que la connaissance, sans que l’âme en ait été affectée. Mieux vaut que le cœur soit frappé par une seule vérité que si l’esprit est occupé de beaucoup de vérités.

Quelle joie inexprimable que rien ne pourra interrompre ! La pensée de chaque membre de cette innombrable compagnie sera qu’il appartient à Christ. « Je suis à mon bien-aimé et son désir se porte vers moi » [Can. 7, 10].

Le fait d’être à Christ sera alors une source de joie profonde et sans mélange, mais ne devrait-il pas en être ainsi maintenant ? L’objet absorbant de leur vision céleste par l’Esprit, ce sera Christ ; être toujours avec Lui, Le voir, jeter leurs couronnes à Ses pieds, Lui rendre le profond hommage de leurs cœurs, dans un même accord, disant et chantant : « Tu es digne… car tu as été immolé et tu as acheté pour Dieu par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation ; et tu les as faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu » [Apoc. 5, 9, 10].

La puissance de la résurrection de Christ sera appliquée aux corps de Ses saints ; ils seront ressuscités parce que Lui a été ressuscité, parce qu’ils ont Sa vie et que l’Esprit habite en eux ; ils seront présentés dans la perfection de cette vie, dans son plein triomphe sur la mort et sur celui qui en avait le pouvoir ; ils seront ressuscités, non pour le jugement (qui est passé pour eux, puisque Christ l’a porté à leur place), mais parce qu’ils sont à Christ.

Christ ressuscité est les prémices et le gage de cette abondante moisson.

Il était la première gerbe présentée à l’Éternel, le modèle et le gage de la moisson qui sera alors recueillie dans le grenier de Dieu ; ils seront ressuscités et présentés avec Lui dans la gloire. Lui-même est l’expression de la gloire, et c’est en Lui qu’ils sont. Leur poussière sera ranimée par la vie divine ; la faiblesse sera transformée en puissance ; la corruption en incorruptibilité ; le déshonneur en gloire ; le corps naturel en un corps spirituel qui portera l’empreinte du céleste comme il aura porté l’image du terrestre.

Où est, ô mort, ton aiguillon ? [1 Cor. 15, 55] Il est disparu !

Où est, ô sépulcre, ta victoire ? Le sépulcre est vaincu.

Le triomphe est entier, complet, éternel. Satan est écrasé pour toujours sous les pieds des saints.

Ils paraîtront devant le tribunal de Christ pour recevoir les récompenses du royaume, mais ils y paraîtront comme des saints glorifiés. Ils ne porteront aucune tache de péché ; la malédiction aura été ôtée jusqu’à la dernière trace ; l’opprobre de l’Égypte ne sera plus. La mort de l’Agneau immolé sera un sujet de méditation à la lumière de la gloire et dans la présence de Dieu.

Il se peut que la terre poursuive sa course et le monde ses projets, comme il en fut lorsque la lumière fut obscurcie par les ténèbres de la croix ; la religion du monde aussi pourra continuer, avec des fins où Dieu n’entre pour rien, jusqu’à ce que le jugement rompe le charme de l’illusion et mette fin au rêve. Alors, les hommes se réveilleront en présence de la terrible réalité : ils tomberont entre les mains du Dieu vivant.

La lumière de Dieu aura trouvé sa propre sphère afin d’y réfléchir l’éclat particulier de chacun. Tous brilleront dans le firmament et resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père [Matt. 13, 43], étant avec Celui qui est le soleil et le centre du système céleste qu’aucun nuage d’incrédulité ou de doute ne viendra obscurcir. Ils seront avec Christ dans Ses mouvements relatifs aux conseils de Dieu concernant soit les cieux en haut, soit la terre en bas. En présence de Sa gloire, ils seront irréprochables et se réjouiront. Puis, lorsque Christ prendra Sa grande puissance dans Son règne, portant le sceptre d’une juste suprématie sur une terre jugée et renouvelée, ils seront avec Lui.

Quand le royaume prendra fin et qu’Il le remettra au Père, Il habitera avec eux. Dans le nouveau ciel et la nouvelle terre, sera la demeure de la justice. Les saints seront avec Lui. Ils sont la portion présente et éternelle de Christ ; leur place est « toujours avec le Seigneur » [1 Thess. 4, 17]. Que ce soit dans le royaume, ou dans le nouveau ciel et la nouvelle terre, ils jouiront du repos de Dieu en perfection et rendront témoignage à Sa gloire dans la sphère d’exaltation où la grâce les aura placés, sphère pour laquelle la grâce les aura formés.


Notre espérance n’est ni le jugement, ni le royaume en puissance ; ce n’est pas non plus la restauration d’Israël ou la délivrance de la création actuellement dans la servitude (chacune de ces choses étant vraie à sa place) ; mais nous attendons du ciel le Fils de Dieu. Il vient, non seulement pour accomplir la prophétie, mais afin d’accomplir la promesse : « Je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi » (Jean 14, 3). Voilà ce qu’attend le croyant. La restauration d’Israël, comme la délivrance de la création, tout doit attendre qu’aient été enlevés « ceux qui sont de Christ, à sa venue » [1 Cor. 15, 23].

Lorsque le Seigneur Jésus aura rassemblé les siens auprès de Lui dans le ciel, Il assurera l’accomplissement de Sa parole prophétique à l’égard de la terre et délivrera la création, l’introduisant dans la liberté de la rédemption.

Une telle perspective est bien de nature à toucher le cœur et les affections. Cette écriture bien connue est digne d’être présente à l’homme intérieur : « Voici, je viens bientôt » [Apoc. 22, 12]. Oui, Il vient, afin d’entrer en possession de ce qu’Il a acheté à prix et de s’entourer des trophées de l’amour rédempteur.

La volonté du Père sera pleinement accomplie dans la résurrection et dans la glorification de ceux qui en étaient les objets ; c’est dans ce but qu’ils ont été sauvés. Nos besoins n’étaient pas la cause initiale ; Dieu est glorifié dans la rédemption qu’Il a accomplie, et les objets de Son amour sont préparés pour la gloire qui les attend. Ils seront dans la pure lumière sans nuage de la justice divine, et s’y sentiront à l’aise. Ils sont revêtus de la robe de la justice divine ; c’est la robe qui convient à cette occasion.

Dieu, se reposant dans le plaisir de l’amour tout-puissant, les accueillera. Sa présence immédiate sera leur repos. Dieu et l’Agneau seront leur lumière et leur temple [Apoc. 21, 22, 23] ; Il habitera au milieu d’eux ; ils seront Son peuple et Lui sera leur Dieu.


Quelle merveilleuse perspective ! La seule anticipation d’une telle espérance élève nos esprits au-dessus des nuages et de la brume de la terre, mais il nous faut des cœurs purifiés pour que les rayons de cette gloire puissent y pénétrer et y répandre leur lumière.

Rien ne devrait être toléré qui ne soit en harmonie avec cette scène de sainteté, rien qui soit de nature à obscurcir cette vision ou à la rendre confuse à nos affections. Ainsi, le Saint Esprit nous conduira à nous occuper de notre être intérieur pour le débarrasser de tout ce qui le corrompt, et pour y laisser pénétrer la lumière d’un nouveau ciel qui l’illumine de sa gloire.

Oh ! que la position de ceux qui se sont tournés des idoles vers Dieu pour servir le Dieu vivant et vrai, soit d’attendre du ciel Son Fils, ayant l’œil simple, le cœur purifié, le bâton en main, les reins ceints, prêts pour le moment où se fera entendre le cri, prêts, sans avoir rien à laisser qui pourrait retarder notre enlèvement ou qui ne s’accorderait pas avec ce désir : « Amen, viens, Seigneur Jésus ! » (Apoc. 22, 20).