Si vous étudiez avec quelque attention les écrits de l’apôtre Paul, vous trouverez, à la base de tout son enseignement, le principe que nous sommes morts et ressuscités avec Christ. Ce n’est pas seulement que Lui est mort et ressuscité pour nous, mais que nous sommes morts et ressuscités avec Lui. À cela, l’apôtre ajoute encore un autre principe : notre union avec Christ dans le ciel. « Car nous sommes membres de son corps — de sa chair et de ses os ». Ces deux principes se retrouvent dans le chapitre qui nous occupe : nous sommes morts et ressuscités avec Christ, et nous sommes unis à Lui, maintenant qu’Il est dans la gloire. Lorsque Paul parle d’union, il nous considère à l’origine comme étant morts, et toute la puissance de Christ intervient pour nous ressusciter. Lorsque l’apôtre considère les hommes comme vivant dans le péché, il introduit la doctrine de la mort au péché. D’autre part, si nous sommes considérés comme étant morts dans nos péchés, sans aucune vie spirituelle, alors l’œuvre tout entière est de Dieu qui nous sort de cet état en résurrection. Ainsi, dans l’épître aux Éphésiens, Paul développe les privilèges de l’enfant de Dieu depuis la mort jusqu’à l’union avec Christ. Dans celle aux Colossiens, il pose, comme fondement de son enseignement, le fait que nous sommes morts et ressuscités avec Christ. De toute manière, il nous associe ainsi avec Christ, premièrement par la mort, ensuite par la résurrection, et enfin, lorsque « Christ, qui est notre vie, sera manifesté, alors nous aussi, nous serons manifestés avec lui en gloire ».
Voici la différence entre les deux épîtres : dans celle aux Colossiens, l’apôtre parle de la vie ou de la nouvelle nature que nous avons en Christ ; en écrivant aux Éphésiens, il s’occupe davantage du Saint Esprit, par lequel nous sommes unis à Christ, « membres de son corps — de sa chair et de ses os ». Le chapitre que nous étudions traite de la mort et de la résurrection avec Christ, ainsi que de notre association avec Lui. C’est là, du reste, une doctrine à laquelle l’apôtre revient sans cesse. « Si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui ». « Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans l’incirconcision de votre chair, il vous a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonnés toutes nos fautes ». Son thème constant est que, comme croyants, nous sommes associés entièrement avec Christ.
Je le dis une fois encore, quelque précieux que soient les privilèges dans lesquels nous sommes ainsi introduits, le fait d’être morts et ressuscités avec Christ est la grande doctrine qui reste toujours la base et la racine de toutes ces choses. La vraie condition de chaque croyant, celle que cette doctrine enseigne dès le début, est un jugement complet du vieil homme. La sentence de mort, une condamnation entière, sont prononcées contre lui. La chair ne peut être ni reconnue, ni excusée, ni acceptée. Mais lorsque j’ai découvert que ma vieille nature est foncièrement mauvaise, je trouve aussi qu’il ne peut être question pour moi que de la dépouiller et d’en revêtir une autre. Il ne peut être question de la corriger, mais il faut la dépouiller et trouver quelque chose à revêtir à sa place. Je dépouille l’une, pour revêtir l’autre. C’est là une image, sans doute, mais l’image d’une chose qui est une grande réalité pour la foi. D’un côté, j’en ai fini avec ma vie comme lié au premier Adam ; d’un autre côté, la nature que je reçois ou que je revêts par grâce, est la vie que je possède en Christ. Mais comment puis-je dépouiller une vie ? La seule manière de se débarrasser d’une vie, c’est de mourir. Mais me voici bien vivant ! Comment peut-il être dit de moi, réellement, que j’ai dépouillé le vieil homme ? La réponse à cette question est la grande vérité que l’apôtre place devant nous. Après avoir reçu Christ comme ma vie (c’est Lui qui est appelé le second homme, le dernier Adam, l’Esprit vivifiant), après avoir reçu de Lui la vie, Lui-même étant en moi, Dieu me donne en propre, toute la valeur et toute la puissance de ce en quoi Christ est et de ce qui se trouve en Lui.
Ici, il s’agit plus particulièrement de la vie. Or Il a été crucifié pour nous, non seulement afin d’effacer nos péchés, mais « en ce qu’il est mort, il est mort une fois pour toutes au péché,… de même, vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus ». Telle est la vérité fondamentale sur laquelle l’apôtre base son enseignement tout entier : Christ est venu, Il s’est présenté à l’homme dans la chair, et l’homme n’a pas voulu de Lui, n’a pas reçu Dieu qui venait à lui comme un homme vivant, dans la chair. Mais Christ meurt pour l’homme ; et ceux qui Le reçoivent dans leur cœur vivent maintenant par Lui. « Nous tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort ». C’est ainsi qu’Il répond, en Romains 6, à la question : « Demeurerions-nous dans le péché afin que la grâce abonde ? ». Il réfute ainsi victorieusement les raisonnements de ceux qui pourraient dire : « Christ, par sa mort et par sa résurrection, m’a rendu juste devant Dieu, aussi je puis maintenant vivre dans le péché ». L’obéissance de Christ a été jusqu’à la mort ; vous êtes morts avec Lui ; un homme mort ne vit plus. L’apôtre prend la question à sa racine et dit : Vous êtes entrés en possession de cette justification de vie, par la mort et la résurrection de Christ, et maintenant, vous nieriez la chose même qui vous a justifiés ? Il s’agit d’être morts au péché et vivants à Dieu ; par conséquent, en prenant la défense du péché, vous anéantissez la grande vérité sur laquelle repose votre salut. Si vous êtes mort avec Christ à tout ce qui est dans le monde, vous ne pouvez vivre dans le monde. « Nous qui sommes morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché ? ». La conclusion est définitive ; elle fait taire tout raisonnement humain. Si je prends la mort sur moi, comme je le fais en étant baptisé pour Christ, je l’applique à tout ce qui m’entoure, au péché, à la chair, au monde, à la loi elle-même. Car la loi a autorité sur l’homme aussi longtemps qu’il vit. Un homme est emprisonné pour vol ; s’il meurt, tout est fini pour lui. La loi ne peut plus sévir contre le coupable. Elle n’a pas perdu sa puissance ; mais elle ne peut atteindre un homme mort. Et si, comme croyant, je suis mort avec Christ, ma vie dans ce sens est terminée. Il en est de même quant au péché. La mort met un terme pour l’homme vivant à tout cet ordre de chose avec lequel le vieil homme se trouvait en rapport. Je suis crucifié avec Christ, je suis mort avec Lui, et je suis ressuscité avec Lui.
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Il y a encore le côté positif de la question : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ». J’ai reçu, comme étant ma vie, Celui qui est ressuscité. Rien ne peut être plus important que de comprendre ce fait d’une manière définie et distincte ; non seulement Christ est mort pour nous, mais encore nous pouvons dire que nous sommes morts avec Lui. C’est bien la fin de tout ce que la chair désire. Qu’est-ce qu’un homme mort peut chercher ou désirer ? Nous devons nous tenir pour morts ; — non pas raisonner sur le fait que nous devons mourir, car cela ne nous donne aucune puissance ; mais nous devons nous tenir pour morts. Quelqu’un vient-il m’induire en tentation ; un homme mort peut-il être tenté ? Il me propose de chercher de l’amusement dans le monde. Mais je lui réponds : Je suis mort. Et je puis le dire en vérité, car je possède une vie toute différente de celle que j’avais autrefois. Le vieux tronc peut encore bourgeonner et montrer de temps à autre sa vitalité ; mais j’apprends à traiter mon ancienne nature comme n’étant pas l’arbre du tout. Si nous la traitons d’une autre manière, elle produira les mêmes fruits qu’auparavant ; mais en tant que Christ est ma vie, je ne suis qu’un arbre greffé, et comme tel je puis regarder le plant sur lequel je suis greffé comme l’arbre véritable, et ainsi j’en ai fini avec tout le reste.
« Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ». Quelles sont les choses qui appartiennent à une vie de résurrection ? Les choses d’ici-bas ? Non. Qu’est-ce qu’un homme ressuscité peut chercher dans le monde ? Il n’a pas affaire avec les choses de cette vie. C’est là la position dans laquelle Dieu nous place. Mais, Dieu soit béni, l’homme ressuscité, si je suis vraiment tel, a des objets devant lui ; sa vie appartient à un autre monde, elle appartient au ciel. « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut ». Si je suis ressuscité avec Christ, s’Il est devenu ma vie, où dois-je Le chercher maintenant ? Là-haut, à la droite de Dieu. Paul ne dit pas : Vous y êtes. Mais en parlant de la vie, il écrit : « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ; pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre ; car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ, qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire ».
Remarquez dans ce passage, combien positivement l’apôtre nous associe avec le Christ. Christ, dit-il, est caché en Dieu ; eh bien ! Il est votre vie, et votre vie y est aussi cachée. Mais Christ est sur le point d’être manifesté ; lorsqu’Il le sera, alors vous aussi vous serez manifestés avec Lui en gloire. Je possède maintenant une association complète avec le Seigneur Jésus quant à la vie : parce que Lui est ma vie, ma vie est cachée avec Lui en Dieu ; de plus, lorsqu’Il apparaîtra, j’apparaîtrai avec Lui en gloire. Ce n’est pas l’union, mais une complète association avec Christ. C’est ce qui caractérise le chrétien, ce qui montre en quoi consiste sa vie, car il est dit : « Afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans votre corps » (2 Cor. 4, 10). Notre vie est la reproduction de Christ dans ce monde, et nous trouvons, dans les versets que nous avons lus, la description complète de ce qu’est cette vie au sens pratique. La vie elle-même, c’est Christ. « Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu ». Mais quelle vérité que celle-là : si j’ai droit, le moins du monde, au titre de chrétien, c’est Christ qui est ma vie ! Ce n’est pas le vieil arbre que l’on déchausse et auquel on met du fumier (Luc 13, 8) ; ce fait appartient au passé. Lorsque le Seigneur maudit le figuier, c’était une sentence d’éternelle stérilité prononcée sur cet ancien arbre. On ne pouvait trouver aucun fruit sur lui, et Jésus lui dit : « Que jamais aucun fruit ne naisse plus de toi » (Matt. 21, 19). Le vieil homme, c’est-à-dire la chair, est une chose jugée et condamnée ; c’est le second homme, le Seigneur du ciel, qui est la source de tout ce qui est bon et précieux. Tel est le grand principe qui nous est présenté dans ce passage. « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ».
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Remarquez maintenant une chose qui caractérise très distinctement cette vie de résurrection. Si Christ est ma vie, alors dans ce sens, Christ et les choses célestes deviennent l’objet de ma vie. Toute créature doit avoir un objet. Dieu seul n’en a pas besoin, et c’est là Sa prérogative suprême. Il peut aimer un objet ; mais moi, je ne puis pas davantage vivre sans objet, que sans nourriture. Cette nouvelle vie a un objet. Ce qui manquait à la loi, c’est qu’elle ne donnait pas un objet. Elle disait bien : « Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute ta force », mais elle en restait là et n’en disait pas plus long. C’est une grande bénédiction de ma vie comme chrétien, que, tout en ayant Christ pour ma vie, je suis cependant aussi crucifié avec Christ, et que, « ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu ». C’est-à-dire que je possède maintenant un objet qui agit sur cette vie, la nourrit et la fait croître. « Or nous tous, contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit ». Là est la vie ; et cette vie possède un objet d’un prix infini qu’elle contemple et dans lequel elle trouve ses délices ; or cet objet, c’est le Seigneur Jésus, non pas dans Son humiliation, mais dans Sa gloire.
C’est pourquoi nous avons à parvenir « à la mesure de la stature de la plénitude du Christ ». Nous ne pouvons aspirer à rien moins qu’à ce qui est vu en Christ. S’Il est la vie en moi et l’objet de cette vie, la conséquence en sera que je me purifierai comme Lui est pur. En Le contemplant ainsi, nous acquérons toujours plus de Sa grâce, et ainsi nous n’avons plus à devoir mourir, mais à nous tenir pour morts. Vous pouvez demander à la chair de mourir, mais elle ne le fera jamais. Nous disons quelquefois que nous devons mourir à la chair ; si nous parlons ainsi, c’est que nous ne nous rendons pas compte de la distinction positive qui existe entre les deux natures. Le vieil homme se garderait bien de mourir. Mais étant ressuscité avec Christ, j’ai le privilège et le droit de traiter ma vieille nature comme étant morte, parce que Jésus est mort. Il n’est jamais dit que nous devions mourir. Mais, comme chrétiens, nous avons le privilège et le devoir de nous tenir pour morts, parce que nous possédons une vie nouvelle. Celui qui parle de mourir au péché, prouve qu’il se tient pour vivant au péché. Du moment où je puis dire que j’étais perdu, mais que maintenant j’ai Christ pour ma vie, je puis ajouter aussi que je suis mort au péché. L’Écriture ne présente jamais la moindre variation sur ce sujet.
Ce point étant donc acquis, et ayant devant nous cet objet béni, nous cherchons les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu. Je possède une vie formée et façonnée selon Sa propre nature, qui trouve ses délices dans les choses divines et me fait croître à Sa mesure en toutes choses.
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Mais maintenant, nous arrivons au déploiement actuel de cette vie. L’apôtre commence par les choses les plus basses et monte graduellement aux choses les plus élevées ; il donne ainsi le principe et le développement tout entier de cette vie. Il dit : « Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu ». Il ne reconnaît pas la vieille nature comme étant une vie ; mais il ajoute : « Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre ». Si je considère ces membres sur la terre, que sont-ils ? De grossiers péchés. Tous ces membres sont des convoitises. « Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre, la fornication, l’impureté, les affections déréglées, la mauvaise convoitise et la cupidité, qui est de l’idolâtrie, à cause desquelles la colère de Dieu vient sur les fils de la désobéissance ; parmi lesquels vous aussi vous avez marché autrefois, quand vous viviez dans ces choses ». Mais ce n’est pas tout. Il continue : « Mais maintenant, renoncez, vous aussi, à toutes ces choses : colère, courroux, malice, injures, paroles honteuses venant de votre bouche ». Si je me mets en colère, c’est une preuve que la volonté du vieil homme n’est pas brisée. La colère n’est pas une convoitise ; mais si vous vivez dans la grâce, vous ne vous laisserez pas entraîner à la violence. Nous avons la puissance d’une vie qui ne fait pas ces choses et qui maîtrise ce qui les fait. En Satan, qui est un meurtrier, nous trouvons la colère et la violence ; chez les hommes, la violence et la corruption. Nous avons ici tous les côtés négatifs. « Ne mentez point l’un à l’autre ». Il parle de ce que la chair produirait, si elle n’était tenue en échec. Je dois dépouiller les mouvements de la vieille nature. « Ne mentez point l’un à l’autre, ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions », mais nous avons aussi « revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé ».
Remarquez où nous sommes introduits ici. J’ai dépouillé le vieil homme et ses actions ; mais, en revanche, qu’ai-je revêtu ? Le nouvel homme, qui est Christ. J’ai revêtu une nature entièrement nouvelle. Et quelle en est la mesure ? Christ, qui est l’image du Dieu invisible ; et je suis renouvelé en connaissance, selon l’image de Celui qui m’a créé. Dieu a créé ce nouvel homme, et quelle en est la mesure ? Christ en est la source et la mesure ; Christ, dans toute Sa perfection céleste, est l’image de Celui qui créa ce nouvel homme. Et maintenant, le chrétien contemple dans le ciel ce qu’il doit être pratiquement ici-bas — c’est-à-dire Christ. « Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché ». Il « est renouvelé en connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé ». La mesure de ce renouvellement est la révélation que Dieu a faite de Lui-même en Christ. Si je considère le bien et le mal d’une manière légale, je considère quelque chose dans ma conduite comme homme, et ce n’est pas là ma mesure. « Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants ». Mais dois-je me présenter comme sacrifice à Dieu ? Certainement. « Je vous exhorte… à présenter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service intelligent ». C’est là, précisément, le vrai fruit de tout ce que nous sommes. Dès que la puissance de la vie divine descend prendre possession d’un homme, elle manifeste sa présence en ce que cet homme se livre à Dieu. L’amour de Dieu est descendu en Christ ; quelle a été sa manifestation pratique ? Jésus s’est livré Lui-même à la mort. « Vous avez été achetés à prix ». Aussi présentez « vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service intelligent. Et ne vous conformez pas à ce siècle ; mais soyez transformés par le renouvellement de votre entendement, pour que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, bonne et agréable et parfaite ». Voilà pourquoi il dit : « Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et marchez dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur ». Et encore ici : « Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité, vous supportant l’un l’autre, et vous pardonnant les uns aux autres, si l’un a un sujet de plainte contre un autre ; comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même ».
Je dois donc commencer par traiter le vieil homme comme étant mort. Nous sentirons bientôt nos manquements. Mais cela nous place dans la position bénie d’être morts avec Christ, et nous devons, dans cette position même, montrer la puissance de la vie dans laquelle nous sommes appelés à marcher. Vous avez « revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé, où il n’y a pas Grec et Juif, circoncision et incirconcision, barbare, Scythe, esclave, homme libre ; mais où Christ est tout, et en tous ». Si je parle de moi-même comme étant un Anglais ou un Français, j’oublie que je suis mort et ressuscité, et que Christ est tout. Il est le seul objet, la seule chose sur laquelle l’âme ait le droit de s’arrêter, qu’elle ait raison de contempler. « Christ est tout ». Il n’existe pour le cœur de celui, quel qu’il soit, qui est mort et ressuscité avec Lui, d’autre objet que Christ, que Lui seul. De qui ai-je besoin ? De Christ. Qui dois-je suivre ? Christ. Quel est l’objet qui doit occuper mon cœur ? Christ.
La seconde vérité qui nous est présentée est la suivante : Christ est dans tous les chrétiens ; Il est leur vie : « Christ est tout et en tous ». Il est en nous comme étant notre vie et par conséquent Christ vit en moi, et « ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu ». Il est tout pour moi. Tel est le chrétien dépeint en quelques mots. Il a positivement dépouillé le vieil homme et ses actions ; il a revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en connaissance, selon l’image de Celui qui l’a créé ; maintenant Christ est tout pour lui ; Christ est en lui, sa vie. Quelle simplicité, mais aussi quelle plénitude admirable ! L’apôtre ne dit pas ce qu’un chrétien devrait être ; il constate simplement ici ce qu’est un chrétien. Christ est sa vie et Christ est tout pour lui, puisqu’il possède cette vie. Il ne sait rien d’autre. Nous pouvons sentir nos manquements, ce qui est autre chose ; mais nous avons ici ce que nous sommes comme chrétiens — « Christ est tout et en tous ».
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Nous trouvons ensuite les conséquences bénies en pratique et en puissance que l’apôtre tire de ces faits. Il considère maintenant le côté positif — l’esprit et le chemin dans lesquels je marche. « Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité, vous supportant l’un l’autre et vous pardonnant les uns aux autres, si l’un a un sujet de plainte contre un autre ; comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même ». C’est-à-dire : marchez comme Christ. Ayant maintenant Christ pour ma vie et Christ pour mon objet, je reçois la puissance nécessaire pour surmonter les motifs qui me gouvernaient autrefois ; les choses qui m’entourent ont perdu leur force. Je parle de ce qu’est la vie dans son caractère et ses principes. Christ est l’unique objet de cette vie nouvelle ; c’est Christ qui la forme et la gouverne ; et l’âme du croyant étant remplie de Christ, les circonstances du monde extérieur ont perdu leur force ; son cœur est rempli d’autre chose. La vie qui est en lui est occupée de Christ. Il en résulte naturellement que les choses visibles n’exercent plus d’influence sur lui. « Si donc ton œil est simple, ton corps tout entier sera plein de lumière ». Ainsi ce qui excite le vieil homme n’est pas en activité ; et ce qui est manifesté, c’est l’influence de Christ comme révélé au nouvel homme — le nouvel homme qui vit de Lui. L’apôtre l’exprime comme suit : « Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés », etc. Il ne dit pas : « Vous prétendez être des élus de Dieu, saints et bien-aimés ». Il affirme que c’est là notre place ; il désire que nous vivions dans la conscience de cette position et que, comme tels, nous agissions de telle et telle manière. Voilà quel est le secret de toutes les saintes affections. Si, comme enfant, je doute que mon père soit bien véritablement mon père, comment pourrais-je connaître l’amour filial ? Je dirai alors : Combien je voudrais être assuré d’être son enfant — mais je ne connaîtrai pas l’affection pleine et entière que la certitude d’une telle relation peut seule donner.
L’apôtre dit ensuite : « Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés », etc. Je marche maintenant dans la conscience que Dieu trouve Ses délices en moi. Mon âme est-elle remplie d’amour, de joie, de paix ? Telle est la position dans laquelle le cœur vit, et maintenant j’ai à me revêtir de toutes ces choses. Mais je ne puis le faire qu’en marchant dans la conscience bénie de la réalité de ma position en Christ. Si un homme est régénéré, les désirs de la nouvelle nature s’éveilleront en lui, quoiqu’il ne soit peut-être pas encore capable d’en jouir. Des affections et des devoirs découlent de la position dans laquelle je me trouve. « Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés », etc. Oh ! si mon cœur peut vivre dans cette position, dans ce que je suis — un élu de Dieu, saint et bien-aimé — je pourrai me revêtir de toutes ces choses. Elles découleront naturellement de la position bénie que j’occupe. Si je vis dans la conscience de mes relations avec Dieu, dans la réalisation de ce qu’Il est pour moi, il y aura du fruit. Les fruits de l’Esprit sont d’abord : l’amour, la joie, la paix ; ensuite viennent : la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance. Mais je dois posséder premièrement l’amour, la joie, la paix. Si je suis parfaitement heureux en Dieu, les insultes des hommes ne me préoccuperont pas ; je les supporterai avec patience. Je possède un bonheur sans mélange, et mon âme peut se reposer dans le lieu de ces saintes affections. Voilà pourquoi les choses extérieures seront impuissantes à m’en détourner. Aussi l’apôtre écrit-il : « Revêtez-vous, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés », etc.
Il en était ainsi de Christ. Il est au-dessus de tout : l’objet béni, élu, précieux — le Saint, le Bien-aimé. Et Il est notre vie. Si je puis agir comme étant dans cette position, mon cœur est vrai dans ses affections. Nous avons été introduits dans cette relation bénie, et nous devons chercher à avoir le sentiment constant de ce que nous sommes devant Lui, afin de pouvoir, dans cette jouissance, produire les fruits qui conviennent à une telle position. Revêtons-nous des choses qui constituent la vie de Christ dans ce monde : « d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité ; vous supportant l’un l’autre, et vous pardonnant les uns aux autres,… comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même. Et par-dessus toutes ces choses, revêtez-vous de l’amour, qui est le lien de la perfection. Et que la paix du Christ, à laquelle aussi vous avez été appelés en un seul corps, préside dans vos cœurs ; et soyez reconnaissants ».
Après avoir développé le caractère pratique de cette vie, l’apôtre va plus loin. Il s’attend à ce que la parole du Christ habite en nous richement, en toute sagesse ; et il désire que nos cœurs soient élargis et que nous vivions dans l’intelligence qui convient à ceux qui ont leur place en Christ. Il dit : Je souhaite que votre cœur et votre esprit soient mis au large pour vivre dans ces choses ; je désire que la parole du Christ, la pleine révélation que Dieu nous a donnée de Ses pensées et de Ses desseins, révélés dans le Seigneur Jésus, habite en vous richement.
Arrêtons-nous maintenant et demandons-nous : De quoi mon esprit a-t-il été occupé aujourd’hui ? Quel but ai-je poursuivi ? Pouvons-nous dire que la parole de Christ a habité en nous richement ? Peut-être la politique nous a-t-elle absorbés, peut-être étaient-ce des bavardages, ou bien encore des intérêts personnels ? La plus grande partie de notre journée a-t-elle été remplie par l’activité de notre propre esprit ou par les propos de notre propre cœur ? Ce n’est pas Christ. « Que la parole du Christ habite en vous richement — en toute sagesse ». Toute connaissance et toute sagesse pratique se trouvent en Lui. Ce sont deux choses bien distinctes ; mais si elles sont réelles, elles s’associent merveilleusement. Christ est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu. Ainsi donc, l’apôtre attend que dans cette condition, il y ait en nous le déploiement et le développement de la connaissance bénie de Christ. L’Esprit de Dieu prend des choses de Christ et nous les communique. Nous vivons dans cette sphère où Dieu révèle Ses pensées.
Remarquez de plus qu’il ne parle pas seulement de sagesse et de connaissance, mais il ajoute : « Vous enseignant et vous exhortant l’un l’autre, par des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels, chantant de vos cœurs à Dieu dans un esprit de grâce ». Il parle aussi des affections, car tel est le caractère des hymnes et des cantiques spirituels. Ce n’est pas tant la connaissance écrite et rédigée comme un sermon ; mais c’est lorsque le cœur répond dans ses affections à la révélation de Christ ; peut-être quelque parole entendue dans une réunion où Christ a été présenté ; c’est le Saint Esprit faisant surgir les affections en réponse à la révélation de Christ qui nous est parvenue. Ensuite vient l’expression du cœur, qui a reçu cette révélation dans les affections du nouvel homme et qui y répond par la louange et l’adoration que cette révélation produit. Ce ne seront pas nécessairement les mêmes idées qui seront reproduites, mais l’adoration du cœur se porte vers la personne qui a été révélée.
« Et quelque chose que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par lui à Dieu le Père ». Je trouve ici le cours tout entier de ma vie. En traversant ce monde, je rencontre constamment des difficultés. Je me demande : Devrais-je faire telle ou telle chose, ou m’en abstenir ? J’hésite, ne sachant quel est le droit chemin ; ou bien je rencontre mille empêchements à faire ce qui me paraît juste. Si je suis en doute quant à la route à suivre, mon œil n’est pas simple ; tout mon corps n’est pas plein de lumière, et c’est pourquoi mon œil n’est pas simple. Dieu m’amène dans des circonstances difficiles pour que je découvre cet état de chose. Ce peut être une chose, dont je n’ai jamais soupçonné l’existence dans mon cœur, qui obscurcit ma vue spirituelle ; mais c’est une chose qui se trouve entre moi et Christ et, tant qu’elle n’est pas ôtée, je ne sentirai aucune assurance quant à mon chemin. C’est pourquoi l’apôtre dit : « Quelque chose que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus ». Ce précepte servira de solution à toutes les difficultés, neuf cent quatre-vingt-dix-neuf fois sur mille. Si vous vous demandez : « Dois-je faire telle ou telle chose ? », posez-vous cette question : « Puis-je la faire au nom du Seigneur Jésus ? », et il n’y aura plus d’hésitation.
Ainsi, si quelqu’un dit : Quel mal y a-t-il à faire ceci ou cela ? je demanderai à mon tour : Le ferez-vous au nom du Seigneur Jésus ? Peut-être répondrez-vous tout de suite : Il va sans dire que non. Alors la question est tranchée aussitôt. C’est la pierre de touche de l’état du cœur. Si mon œil est simple, si les intentions de mon cœur sont droites, je trouve dans ce passage de quoi résoudre toutes les difficultés ; il éprouve mon cœur. Je désire connaître le droit chemin ; eh bien ! il est aussi simple que l’ABC. Si mon cœur n’est pas attaché à Christ, je chercherai à faire ma propre volonté, or ce n’est pas celle de Dieu. La règle constante et uniforme qui juge clairement de chaque action et de chaque circonstance, est celle-ci : Est-ce que j’agis simplement au nom du Seigneur Jésus ?
Mais qu’est-ce qui accompagne cela ? « Rendant grâces par lui à Dieu le Père ». Un autre passage dit : « En toutes choses rendez grâces ». Là où je puis porter Christ avec moi, mon esprit est occupé de Dieu, et je puis dire qu’Il est avec moi, même si je dois passer par l’épreuve. Je suis dans le chemin de Dieu ; Christ est là avec moi ; et je préfère ce sentier aux lieux les plus attrayants et les plus beaux que le monde puisse offrir. Comme il est dit au psaume 84 : « Ceux dans le cœur desquels sont les chemins frayés ».
Ainsi se termine ce déploiement de la vie de Christ. Il débute par la grande vérité que nous sommes morts et ressuscités avec Christ — que le vieil homme est absolument et complètement jugé, et que pratiquement nous devons le tenir pour mort. On parle parfois de mourir à la chair, et l’on dit que c’est une mort lente, etc. Ce sont là des absurdités. Cette mort est un simple fait qui est vrai déjà maintenant. Si je suis mort avec Lui, je vivrai aussi avec Lui. La puissance de ce fait agit dans mon âme. La racine de toute la doctrine de Paul est que nous avons été crucifiés avec Christ, et que nous sommes morts avec Lui ; et maintenant ce n’est plus nous qui vivons, mais Christ qui vit en nous. Alors Christ devient l’objet de cette vie nouvelle. Ayant posé comme fondement, que nous avons dépouillé le vieil homme et revêtu l’homme nouveau, qui est Christ, l’apôtre développe la conséquence de la bénédiction dans laquelle nous sommes et les fruits qui en découlent. Puis vient cette règle simple et bénie pour celui qui désire sérieusement suivre le Seigneur : je ne me permets rien que ce que je puis faire au nom du Seigneur Jésus.
Une grande chose est mise pratiquement devant nous ici : Christ est tout. Il est en tous, mais nous avons à nous poser cette grande question : Est-Il, pratiquement, tout ? Pouvez-vous dire sincèrement : Quoique je sois une pauvre et faible créature, je n’ai pas le sentiment d’avoir dans ce monde aucun autre objet que Christ ? Vous rencontrez mille difficultés — vous n’êtes pas assez vigilant — votre foi est faible — vous connaissez tous vos manquements ; mais pouvez-vous, malgré tout cela, dire avec sincérité : Je n’ai dans ce monde d’autre objet que Christ ?
D’abord, la racine de tout, c’est Christ comme vie. Nous passons ensuite à la conduite extérieure dans la marche. Et permettez-moi de dire ici, qu’un homme peut se conduire extérieurement d’une manière droite et irréprochable, tout en étant un chrétien très faible et dépourvu de spiritualité. Vous trouverez plus d’un vrai chrétien, qui possède Christ pour sa vie, qui n’a rien à se reprocher quant à sa marche, et qui cependant manque absolument de spiritualité. Si vous parlez de Christ à un tel homme, vous ne trouverez aucun écho. Entre la vie qui est au fond, et la conduite irréprochable qui est à la surface, entre lui et Christ, se trouvent une foule d’affections et d’objets qui ne sont pas Christ du tout. Quelle place Christ occupe-t-Il dans votre journée ou dans l’activité de votre âme ? Jusqu’à quel point est-Il le seul objet de votre cœur ? Quand vous êtes en prière, n’arrivez-vous jamais à un sujet, sur lequel, pour ainsi dire, vous fermez la porte à Dieu ? Ne faites-vous pas quelque réserve, n’y a-t-il pas, dans votre cœur, une chose que vous cherchez à Lui cacher ? Si nous demandons la bénédiction jusqu’à un certain point seulement, nous faisons une réserve ; et pratiquement, Christ n’est pas tout pour nous.