Prêcher Christ : qu’est-ce que c’est ?

(Traduit de l’anglais)
C.H. Mackintosh

[Courts articles 17]

« Philippe, étant descendu dans une ville de la Samarie, leur prêcha le Christ » (Act. 8). Cette brève et simple déclaration englobe en elle un grand trait caractéristique du christianisme — un trait qui le distingue de tout système religieux qui existe actuellement ou qui a jamais été proposé dans ce monde. Le christianisme n’est pas un ensemble d’abstractions — un certain nombre de dogmes — un système de doctrines. C’est avant tout une religion de faits vivants, de réalités divines — une religion qui trouve son centre dans une personne divine, l’homme Christ Jésus. Il est le fondement de toute la doctrine chrétienne. Car de Sa personne divine et glorieuse rayonne toute vérité. Il est la source vivante d’où jaillissent tous les courants en plénitude, en puissance et en bénédiction. « En Lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ». En dehors de Lui, tout est mort et ténèbres. Il n’y a pas un atome de vie, pas un rayon de lumière dans tout ce monde, excepté ce qui vient de Lui. Un homme peut posséder tout le savoir des écoles ; il peut se prélasser dans la plus brillante lumière que la science peut verser sur son intelligence et sur son chemin ; il peut orner son nom de tous les honneurs que ses compagnons mortels peuvent entasser sur lui ; mais s’il y a ne serait-ce que la largeur d’un cheveu entre lui et Jésus — s’il n’est pas en Christ et Christ en lui — s’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu, il est en lien avec la mort et les ténèbres. Christ est « la vraie lumière qui, venant dans le monde, éclaire tout homme ». C’est pourquoi aucun homme ne peut, dans un sens divin, être appelé un homme éclairé, sauf « un homme en Christ ».

Il est bon d’être au clair quant à cela. Il est nécessaire d’y insister, en ce jour d’orgueil et de prétention de l’homme. Les hommes se vantent de leur lumière et de leur intelligence, du progrès de la civilisation, de la recherche et des découvertes de l’époque dans laquelle nous nous trouvons, des arts et des sciences et de ce qui a été fait et produit par leur moyen. Nous ne voulons pas toucher à ces choses. Nous voulons les laisser tout à fait pour ce qu’elles valent réellement, mais nous sommes arrêtés par ces mots qui tombaient des lèvres du Maître : « Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ». Ici, c’est : « celui qui me suit ». La vie et la lumière ne peuvent se trouver qu’en Jésus. Si quelqu’un ne suit pas Jésus, il est plongé dans la mort et les ténèbres, même s’il possède le génie le plus impressionnant et enrichi de tous les trésors de la science et de la connaissance.

Nous serons considérés comme étroits d’esprit, en écrivant cela. Nous serons considérés par beaucoup comme des hommes aux vues très restreintes, de fait — des hommes d’une seule idée, et même cette idée présentée de façon partiale. Bien, ainsi en soit-il. Nous sommes des hommes d’une seule idée ; et nous désirons de tout cœur qu’il en soit toujours plus ainsi. Mais quelle est cette seule idée ? Christ ! Il est la grande idée de Dieu, béni soit Son nom éternellement ! Christ est la somme et la substance de tout ce qui est dans la pensée de Dieu. Il est l’objet central dans le ciel, le grand fait de l’éternité, l’objet de l’affection de Dieu — de l’hommage des anges — de l’adoration des saints — de la terreur des démons — l’alpha et l’oméga des conseils divins — la clé de voûte de l’arche de la révélation — le soleil central de l’univers de Dieu.

Tout étant ainsi, nous ne devons pas nous étonner de l’effort constant de Satan pour empêcher les gens de venir à Christ et pour les attirer loin de Lui, après qu’ils sont venus à Lui. Il hait Christ, et il utilisera n’importe quoi et tout ce qu’il peut pour empêcher le cœur de Le saisir. Satan utilisera les soucis ou les plaisirs, la pauvreté ou les richesses, la maladie ou la santé, le vice ou la moralité, les choses profanes ou la religion ; en bref, peu lui importe ce que c’est, pourvu qu’il puisse garder Jésus en dehors du cœur.

D’un autre côté, le but constant du Saint Esprit est de présenter Christ Lui-même à l’âme. Ce n’est pas quelque chose au sujet de Christ, des doctrines qui Le concernent, ou des principes simplement en lien avec Lui, mais c’est Sa propre personne même, dans sa puissance et sa fraîcheur vivantes. Nous ne pouvons pas lire une page du Nouveau Testament sans le remarquer. Tout le livre, depuis les premières lignes de Matthieu jusqu’à la fin de l’Apocalypse, est simplement un rapport de faits concernant Jésus. Ce n’est pas notre propos de suivre ces rapports ; le faire serait intéressant au-delà de toute expression, mais nous détournerait de notre sujet immédiat dont nous devons maintenant nous occuper. Qu’il soit dévoilé et appliqué dans la puissance du Saint Esprit !

En étudiant l’Écriture en lien avec notre sujet, nous trouverons le Seigneur Jésus Christ présenté de trois manières — comme pierre de touche, comme victime et comme modèle. Chacun de ces points contient en lui-même un volume de vérité, et quand nous les voyons dans leurs liens entre eux, ils ouvrent à nos âmes un vaste champ de connaissance et d’expérience chrétiennes. Considérons donc ce que cela signifie quand nous parlons de

Christ comme pierre de touche

En contemplant la vie du Seigneur Jésus comme homme, nous avons la manifestation parfaite de ce qu’un homme devrait être. Nous voyons en Lui les deux grandes perfections de la créature, à savoir, l’obéissance et la dépendance. Quoique Dieu sur toutes choses, le Créateur tout-puissant et Celui qui soutient tout le vaste univers ; quoiqu’Il ait pu dire : « Je revêts les cieux de noirceur, et je leur donne un sac pour couverture », pourtant, Il a pris sur cette terre la place d’un homme si complètement et de façon si absolue, qu’Il pouvait dire : « Le Seigneur l’Éternel m’a donné la langue des savants, pour que je sache soutenir par une parole celui qui est las. Il me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que j’écoute comme ceux qu’on enseigne. Le Seigneur l’Éternel m’a ouvert l’oreille, et moi je n’ai pas été rebelle, je ne me suis pas retiré en arrière » (És. 50, 4-5).

Le Seigneur n’a jamais fait un pas sans l’autorité divine. Quand le diable Le tenta pour opérer un miracle pour satisfaire Sa faim, Sa réponse fut : « Il est écrit : L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Il ferait volontiers un miracle pour nourrir les autres, mais pas pour Lui-même. Ensuite, quand Il fut tenté pour se jeter du haut du temple, Il répondit : « Il est écrit : Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu ». Il n’avait aucun commandement de la part de Dieu de se jeter en bas, et Il ne pouvait agir sans cela ; faire ainsi aurait été une tentation de la providence. Ainsi aussi, quand Il fut tenté par l’offre de tous les royaumes de ce monde, à condition de rendre hommage à Satan, Sa réponse fut : « Il est écrit : « Tu rendras hommage au Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul ».

L’homme Christ Jésus fut parfaitement obéissant. Rien ne pouvait L’inciter à sortir de la largeur d’un cheveu du chemin étroit de l’obéissance. Il fut l’homme obéissant du début à la fin. C’était la même chose pour Lui, où qu’Il serve ou quoi qu’Il fasse. Il agirait par l’autorité de la Parole divine. Il prendrait le pain de la part de Dieu ; Il viendrait à Son temple quand Il serait envoyé de Dieu, et Il attendrait le moment de Dieu pour recevoir les royaumes de ce monde. Son obéissance était absolue et sans interruption, de la crèche à la croix, et en cela, Il était agréable à Dieu. C’était la perfection de la créature ; et rien autre que cela, en aucune manière, ne pouvait être agréable à Dieu. Si l’obéissance parfaite plaît à Dieu, alors la désobéissance doit être haïssable. La vie de Jésus, dans ce caractère-là, était un festin continuel pour le cœur de Dieu. Sa parfaite obéissance faisait monter continuellement un nuage d’encens de bonne odeur vers le trône de Dieu.

Or c’est là ce qu’un homme doit être. Nous avons là la pierre de touche parfaite de la condition de l’homme, et quand nous regardons à nous-mêmes à la lumière de ce seul rayon de la gloire de Christ, nous devons voir notre éloignement complet de la seule et vraie position propre de la créature. La lumière qui brille du caractère et des voies de Jésus, révèle, comme rien d’autre ne pouvait le faire, les ténèbres morales de notre état naturel. Nous ne sommes pas obéissants ; nous sommes obstinés ; nous faisons ce qui nous plaît ; nous avons rejeté l’autorité de Dieu ; Sa Parole ne nous gouverne pas. « La pensée de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas » (Rom. 8).

On pourra demander : « La loi n’a-t-elle pas rendu manifeste l’obstination et l’inimitié de nos cœurs ? ». Sans doute, mais qui peut ne pas voir la différence entre une loi exigeant l’obéissance, et le Fils de Dieu, comme homme, exposant l’obéissance ? Eh bien donc, dans la mesure où la vie et les voies du Seigneur Jésus Christ transcendent en gloire tout le système légal, et dans la mesure où la personne de Christ transcende en gloire et en dignité la personne de Moïse, de la même manière, Christ, comme pierre de touche de la condition de l’homme, surpasse en puissance morale la loi de Moïse. Et la même chose demeure vraie pour toute mise à l’épreuve qui ait jamais été appliquée et à toute autre mesure qui ait jamais été établie. L’homme Christ Jésus, vu sous le seul caractère de l’obéissance parfaite, est une pierre de touche absolument parfaite par laquelle notre état naturel peut être mis à l’épreuve et rendu manifeste.

Prenez un autre rayon de la gloire morale de Christ. Il était aussi absolument dépendant de Dieu qu’Il Lui était obéissant. Il pouvait dire : « Garde-moi, ô Dieu ! car je me confie en toi » (Ps. 16). Et encore : « C’est à toi que je fus remis dès la matrice » (Ps. 22). Il n’a jamais, même un seul moment, abandonné l’attitude de l’entière dépendance envers le Dieu vivant. Il convient d’être dépendant de Dieu pour toute chose. Le bien-aimé Jésus l’a toujours été ! Il respirait l’atmosphère même de la dépendance, de Bethléhem au Calvaire. Il fut le seul homme qui vécut jamais une vie de dépendance de Dieu ininterrompue, du début à la fin. D’autre ont été en partie dépendants, Lui le fut parfaitement. D’autres se sont occasionnellement, ou même principalement, tournés vers Dieu ; Lui n’a jamais regardé ailleurs. Il trouvait toutes Ses sources en Dieu, non pas certaines d’entre elles ou même la plupart.

Cela aussi était très agréable à Dieu. Avoir un homme sur cette terre dont le cœur ne fut jamais, même un seul instant, hors de l’attitude de la dépendance, était très précieux pour le Père. C’est pourquoi, encore et encore, le ciel s’ouvrit et le témoignage en parvint : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ».

Puisque cette dépendance dans la vie parfaite de l’homme Christ Jésus fut infiniment agréable à la pensée de Dieu, elle fournit aussi une pierre de touche infiniment puissante de l’état naturel de l’homme. Nous pouvons voir ici, comme nulle part ailleurs, notre apostasie de la seule position propre de la créature — la position de dépendance. Il est vrai, l’historien inspiré nous informe, en Genèse 3, que le premier Adam tomba de sa position originelle d’obéissance et de dépendance. Il est vrai aussi, que la loi de Moïse rend manifeste ce que sont les descendants d’Adam, chacun d’eux, dans une condition de révolte et d’indépendance ; mais qui peut manquer de voir avec quelle puissance supérieure tout cela est mis en relief dans ce monde par la vie et les voies de Jésus ? En Lui, nous voyons un homme parfaitement obéissant et parfaitement dépendant, au milieu d’une scène de désobéissance et d’indépendance, et faisant face à toutes les tentations pour abandonner la position qu’Il occupait.

Ainsi, la vie de Jésus, dans ce point particulier de la parfaite dépendance, met à l’épreuve la condition de l’homme et démontre son entier éloignement de Dieu. L’homme dans son état naturel cherche toujours à être indépendant de Dieu. Nous n’avons pas besoin d’entrer dans des preuves détaillées de cela. Ce seul rayon de lumière, émanant de la gloire de Christ et reluisant dans le cœur de l’homme, y met à nu toutes les chambres, et démontre au-delà de toute question — démontre d’une manière telle que rien d’autre ne pourrait le faire — l’éloignement de l’homme d’avec Dieu, et l’indépendance hautaine qui caractérise notre condition naturelle.

Plus sera intense la lumière que vous dirigerez sur un objet, plus parfaitement pourrez-vous voir ce qu’il est. Il y a une immense différence entre regarder un tableau à la faible pénombre de l’aube, et l’examiner dans la pleine lumière du jour. Ainsi en est-il quant à notre état réel par nature. Nous pouvons le voir à la lumière de la loi, à la lumière de la conscience, à la lumière de la norme de moralité la plus élevée connue parmi les hommes, et en le voyant ainsi, nous pouvons voir qu’il n’est pas ce qu’il devrait être ; mais c’est seulement quand nous le voyons dans le plein éclat de la gloire morale de Christ que nous pouvons le voir tel qu’il est réellement. C’est une chose de dire : « Nous avons fait des choses que nous n’aurions pas dû faire, et négligé les choses que nous devions faire », et c’est une chose tout à fait différente de nous voir nous-mêmes dans cette parfaite lumière qui rend tout manifeste. C’est une chose de considérer nos voies à la lumière de la loi, de la conscience ou de la moralité, et une autre de considérer notre nature à la lumière de cette pierre de touche toute-puissante, à savoir, la vie de l’homme Christ Jésus.

Nous nous référerons à un autre trait du caractère de Christ, qui est Son parfait renoncement à Lui-même. Il n’a jamais une seule fois cherché Son propre intérêt en quoi que ce soit. Sa vie fut une vie de constant sacrifice de soi. « Le Fils de l’homme est venu pour servir et pour donner ». Ces deux mots : « servir » et « donner », formaient la devise de Sa vie, et étaient écrits en lettres de sang sur Sa croix. Dans Sa merveilleuse vie et dans Sa mort, Il fut le Serviteur et le Donateur. Il était toujours prêt à répondre à toute forme de besoin humain. Nous Le voyons au puits isolé de Sichar, ouvrant la fontaine de l’eau de la vie à une pauvre âme assoiffée. Nous Le voyons au réservoir de Béthesda, accordant la force à un pauvre impotent paralysé. Nous Le voyons à la porte de Naïn, séchant les pleurs de la veuve et lui rendant son fils unique dans son sein.

Nous voyons tout cela, et bien plus encore, mais nous ne Le voyons jamais rechercher Ses propres intérêts. Non, jamais ! Nous ne pouvons peser trop profondément ce fait dans la vie de Jésus, ni ne pouvons trop nous scruter entièrement à la lumière qu’émet ce fait merveilleux. Si, à la lumière de Son obéissance parfaite, nous pouvons détecter notre terrible obstination ; si, à la lumière de Sa dépendance absolue, nous pouvons discerner notre orgueil et notre indépendance hautaine ; alors certainement, à la lumière de Son renoncement à Lui-même et de Son sacrifice de Lui-même, nous pouvons découvrir notre répugnant égoïsme sous ses dix mille formes, et en le découvrant, nous devons nous haïr et nous détester nous-mêmes. Jésus n’a jamais pensé à Lui en quoi qu’Il ait jamais dit ou fait. Il trouvait Sa nourriture et Son breuvage en faisant la volonté de Dieu et en répondant aux besoins de l’homme.

Quelle pierre de touche se trouve là ! Combien elle nous met à l’épreuve ! Combien elle rend manifeste ce qui est en nous par nature ! Combien elle répand sa brillante lumière sur la nature de l’homme et sur le monde de l’homme, et reprend et l’une et l’autre ! Car qu’est-ce, après tout, que le grand principe à la racine de la nature et de ce monde ? Le moi ! « On te louera, si tu te fais du bien » (Ps. 49). L’intérêt propre est en réalité le principe qui gouverne dans la vie de tout homme, femme et enfant non renouvelé, dans ce monde. La nature peut se revêtir de formes très aimables et attirantes ; elle peut adopter un aspect très généreux et bienveillant ; elle peut disperser aussi bien qu’accumuler ; mais nous pouvons demeurer assurés de ceci, que l’homme irrégénéré est totalement incapable de s’élever au-dessus du moi comme objet. Cela ne peut en rien être rendu plus complètement manifeste — ne peut en rien être développé avec une telle force et une telle clarté — son infamie et sa laideur ne peuvent en rien être plus entièrement détectées et jugées, que dans la lumière de cette parfaite pierre de touche présentée dans la vie de sacrifice de soi de notre bien-aimé Seigneur Jésus Christ. C’est quand cette lumière pénétrante brille sur nous que nous nous voyons dans notre véritable dépravation et notre infamie personnelle.

Le Seigneur Jésus est venu dans ce monde et a vécu une vie parfaite — parfaite en pensées, parfaite en paroles, parfaite en actes. Il a parfaitement glorifié Dieu, et non seulement cela, mais Il a parfaitement mis l’homme à l’épreuve. Il a montré ce que Dieu est, et Il a aussi montré ce que l’homme devait être — montré cela non seulement dans Sa doctrine, mais aussi dans Sa marche. L’homme n’avait jamais été mis à l’épreuve ainsi auparavant. C’est pourquoi le Seigneur Jésus pouvait dire : « Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse pas parlé, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils n’ont pas de prétexte pour leur péché. Celui qui me hait, hait aussi mon Père. Si je n’avais pas fait parmi eux les œuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père » (Jean 15, 22-24).

De nouveau, Il dit : « Je ne juge personne. Et si aussi moi, je juge, mon jugement est vrai » (Jean 8, 15-16). L’objet de Sa mission n’était pas le jugement, mais le salut, quoique l’effet de Sa vie soit le jugement sur tous ceux avec qui Il entrait en contact. Il était impossible pour quiconque de se tenir dans la lumière de la gloire morale de Christ et de n’être pas jugé dans le centre même et la source de son être. Quand Pierre se vit lui-même dans cette lumière, il s’exclama : « Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur » (Luc 5).

Tel était le résultat certain d’un homme se voyant lui-même dans la présence de Christ. Ni tous les tonnerres et les éclairs du mont Sinaï, ni toutes les condamnations du système légal, ni toutes les voix des prophètes, ne pouvaient produire un tel effet sur un pécheur, comme un seul rayon de la gloire morale de Christ lancé dans son âme. Je peux regarder à la loi et sentir que je ne l’ai pas gardée, et reconnaître que je mérite sa malédiction. La conscience peut me terrifier et me dire que je mérite le feu de l’enfer à cause de mes péchés. Tout cela est vrai, mais au moment même où je me vois dans la lumière de ce que Christ est, tout mon être moral est mis à nu — chaque racine, chaque fibre, chaque source de motif, chaque élément, toutes les sources de pensée, de sentiment, de désir, d’affection et d’imagination, sont exposées au regard, et je me déteste moi-même. Il ne peut pas en être autrement. Tout le livre de Dieu le démontre. L’histoire de tout le peuple de Dieu l’illustre. Citer des cas remplirait des volumes.

Une véritable conviction est produite dans l’âme quand le Saint Esprit amène sur elle la lumière de la gloire de Christ. La loi est une réalité, la conscience est une réalité, et l’Esprit de Dieu peut et fait usage de la première pour agir sur la dernière ; mais c’est seulement quand je me vois moi-même dans la lumière de ce que Christ est, que j’obtiens une vue juste de moi-même. Alors je suis conduit à m’exclamer avec Job : « Mon oreille avait entendu parler de toi, maintenant mon œil t’a vu : C’est pourquoi j’ai horreur de moi ».

Lecteur, vous êtes-vous déjà vu de cette manière ? Vous êtes-vous déjà éprouvé vous-même par la norme parfaite de la vie de Christ ? Il se peut que vous ayez regardé à vos compagnons et que vous vous soyez comparé avec cette mesure imparfaite, et vous soyez éprouvé par cette pierre de touche imparfaite. Cela ne suffira jamais. Christ est le véritable standard, l’épreuve parfaite, la pierre de touche divine. Dieu ne peut avoir quelque chose de différent de Christ. Vous devez être comme Lui — conforme à Son image — avant de pouvoir trouver votre place dans la présence de Dieu. Demandez-vous : « Comment cela peut-il jamais se faire ? ». En connaissant Christ comme la victime et en étant formé d’après Lui comme modèle !

Il est des plus nécessaires, avant de poursuivre le sujet qui a retenu notre attention, que le monde entier et chaque cœur humain soit vu et jugé à la lumière de la gloire morale de Christ — cette pierre de touche divine et parfaite par laquelle tous et toutes choses doivent être éprouvés. Christ est la mesure de Dieu pour tout. Plus le monde et le moi seront mesurés complètement et fidèlement ainsi, mieux cela sera. La grande question pour le monde entier et pour tout cœur humain est celle-ci : « Comment Christ a-t-Il été traité ? Qu’avons-nous fait de Lui ? ». Dieu a envoyé Son Fils unique dans le monde comme l’expression de Son amour pour les pécheurs. Il a dit : « Peut-être que, quand ils verront mon fils, ils le respecteront ». Ont-ils fait ainsi ? Hélas, non ! « Ils dirent : Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le ». Voilà comment le monde a traité Christ.

Observez que ce n’était pas le monde dans sa forme païenne ténébreuse qui a traité ainsi le Bien-aimé. Non ; c’était le monde des Juifs religieux et des Grecs raffinés et cultivés. Ce n’était pas dans les endroits ténébreux de la terre, comme disent les hommes, que vint Jésus, mais au milieu même de Son propre peuple hautement favorisé, « qui sont Israélites, auxquels sont l’adoption, et la gloire, et les alliances, et le don de la loi, et le service divin, et les promesses ». C’est à eux qu’Il vint en débonnaireté, en humilité et en amour. C’était parmi eux qu’Il a vécu et travaillé, et « alla faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance ; car Dieu était avec lui ». Comment L’ont-ils traité ? Voilà la question ; réfléchissons-y profondément, et réfléchissons à la réponse. Ils ont préféré un meurtrier à Jésus, saint, sans tache et plein d’amour. Le monde a fait son choix. Jésus et Barabbas étaient placés devant lui, et la question fut posée : « Lequel voulez-vous avoir ? ». Quelle fut la réponse — la réponse délibérée et déterminée ? « Non pas celui-ci, mais Barabbas. Or Barabbas était un brigand ».

Fait incroyable ! — un fait que l’on pèse peu, que l’on comprend peu, dans lequel on entre peu — un fait qui marque le caractère de ce monde actuel et éprouve et manifeste l’état de tout cœur non repentant et non converti sous la voûte du ciel. Si je veux une vue juste du monde, de la nature, du cœur de l’homme, de moi-même, vers où dois-je me tourner ? Vers les rapports de police ? Vers les agendas de nos grands jurys ? Vers les diverses statistiques de la condition sociale et morale de nos cités et de nos villes ? Non ; toutes ces choses peuvent placer devant nous des faits qui nous remplissent d’horreur, mais il faut voir clairement et ressentir profondément que tous les faits de crimes jamais enregistrés dans leurs formes les plus effrayantes, ne peuvent être comparés avec ce fait unique, la réjection et la crucifixion du Seigneur de gloire. Ce crime se détache nettement de l’arrière-plan de toute l’histoire de l’homme, et fixe la véritable condition du monde, de l’homme, de la nature, du moi.

Or c’est cela que nous tenons à bien faire comprendre au cœur de notre lecteur, avant de poursuivre avec la deuxième division de notre sujet. C’est le seul moyen pour avoir un sentiment correct de ce qu’est le monde et de ce qu’est le cœur humain. Les hommes peuvent parler du vaste progrès qui a eu lieu dans le monde et de la dignité de la nature humaine, mais le cœur revient à cette heure en laquelle le monde, quand il a été appelé à choisir entre le Seigneur de gloire et un meurtrier, a délibérément opté pour ce dernier et a cloué le premier à un bois, entre deux malfaiteurs. Ce crime entre les crimes demeure, en ce qui concerne le monde, non annulé et non pardonné. Il demeure enregistré sur la page éternelle. Non seulement en est-il ainsi pour ce qui regarde le monde dans son ensemble, mais cela demeure aussi vrai pour le lecteur de ces lignes non repentant, non converti. La question solennelle demande encore une réponse — réponse de la part du monde — réponse de la part du pécheur individuel — « Qu’avez-vous fait du Fils de Dieu ? Qu’en est-il advenu de Lui ? Comment L’avez-vous traité ? ».

À quoi sert-il d’indiquer le progrès de la race humaine, la marche en avant de la civilisation, l’avancée des arts et des sciences, les améliorations dans les transports et les communications, les armes modernes, les dix mille formes sous lesquelles le génie humain s’est chargé de servir la convoitise, le luxe et le propre plaisir de l’homme ? Toutes ces choses sont largement surpassées par la misère, la dégradation morale, la pauvreté sordide, l’ignorance et le vice dans lesquels plus des neuf dixièmes de la race humaine sont impliqués.

Mais nous ne devons pas essayer de dresser le barbarisme contre la civilisation, la pauvreté contre le luxe, la grossièreté contre le raffinement, l’ignorance contre l’intelligence. Nous n’avons qu’une seule pierre de touche, une seule norme, une seule jauge, et c’est la croix où Jésus fut cloué par les représentants de la religion de ce monde, de sa science, de sa politique, et de sa civilisation.

C’est là que nous nous tenons et posons cette question : Le monde s’est-il jamais repenti de cet acte ? Non ; car s’il l’avait fait, les royaumes de ce monde seraient devenus les royaumes de notre Seigneur et de Son Christ. C’est là que nous nous tenons et demandons au lecteur : Vous êtes-vous repenti de cet acte ? Il pourrait dire : « Je ne l’ai jamais commis. Il a été fait par de méchants Juifs et de méchants Romains il y a près de deux mille ans. Comment pourrais-je être tenu pour coupable d’un crime qui a été commis tant de siècles avant que je naisse ? ».

Nous répliquons : C’était l’acte du monde, et soit vous faites partie de ce monde qui demeure devant Dieu sous la culpabilité du meurtre de Son Fils, soit vous avez, comme une âme repentante et convertie, trouvé refuge et abri dans l’amour de Dieu qui pardonne. Il n’y a pas de position intermédiaire, et plus vous le verrez clairement, mieux ce sera, car vous ne pouvez en aucun cas avoir de sentiment juste de la condition de ce monde ou de votre propre cœur, sinon dans la lumière qui est jetée dessus par la vie et la mort de Christ comme une pierre de touche. Nous ne pouvons pas nous arrêter avant ce point, si nous voulons nous faire une estimation vraie du caractère du monde, de la nature de l’homme et de la condition de l’âme inconvertie. Quant au monde, il ne peut y avoir de véritable amélioration dans sa condition, de changement radical dans son état, jusqu’à ce que l’épée du jugement divin ait réglé la question de la manière dont il a traité le Fils de Dieu. Quant au pécheur individuel, le témoignage divin est : « Repentez-vous et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés ». Cela nous amène, en deuxième lieu, à contempler

Christ comme victime

C’est un sujet bien plus agréable sur lequel s’arrêter, quoique l’autre ne doive jamais être omis en prêchant Christ. Il est trop souvent perdu de vue dans nos prédications. Nous n’insistons pas suffisamment, pour la conscience du pécheur, sur Christ à la fois dans Sa vie et dans Sa mort, comme pierre de touche de la véritable condition de la nature et comme preuve de sa ruine irrémédiable. La loi peut être utilisée, et à juste titre, pour opérer son travail de mise à l’épreuve dans la conscience. Pourtant, en dépit de l’aveuglement et de la folie de nos cœurs, nous pouvons essayer de prendre cette même loi pour produire une justice pour nous-mêmes — cette loi par laquelle, quand elle est convenablement considérée, est la connaissance du péché. Mais il est impossible pour quelqu’un d’avoir ses yeux ouverts pour voir la mort de Christ comme la terrible manifestation de l’inimitié du cœur contre Dieu, et de n’être pas convaincu qu’il est complètement et désespérément ruiné et perdu. C’est la vraie repentance. C’est le jugement moral, non seulement de mes actes, mais de ma nature à la lumière de la croix, comme la seule mise à l’épreuve parfaite de ce qu’est réellement la nature.

Tout ceci est pleinement mis en avant dans la prédication de Pierre dans les premiers chapitres des Actes. Regardez le deuxième chapitre, où nous trouvons le Saint Esprit présentant Christ à la fois comme pierre de touche et comme victime. « Hommes israélites, écoutez ces paroles : Jésus le Nazaréen, homme approuvé de Dieu auprès de vous par les miracles et les prodiges et les signes que Dieu a faits par lui au milieu de vous, comme vous-mêmes vous le savez, ayant été livré par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu, — lui, vous l’avez cloué à une croix et vous l’avez fait périr par la main d’hommes iniques, lequel Dieu a ressuscité, ayant délié les douleurs de la mort, puisqu’il n’était pas possible qu’il fût retenu par elle… Que toute la maison d’Israël donc sache certainement que Dieu a fait et Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié ».

Ici, nous avons affaire de façon solennelle et amère avec la conscience quant à la manière selon laquelle ils ont traité l’Oint du Seigneur. Ce n’était pas seulement qu’ils avaient violé la loi ; c’était vrai ; ni encore qu’ils n’avaient fait que rejeter tous les témoins qui leur avaient été envoyés ; c’était également vrai, mais ce n’était pas tout. Ils avaient en réalité crucifié et mis à mort « un homme approuvé de Dieu », et cet homme n’était nul autre que le Fils de Dieu Lui-même. C’était là le fait nu et surprenant que le prédicateur inspiré plaçait avec insistance et une importance solennelle, sur la conscience de ses auditeurs.

Remarquez-en le résultat ! « Et ayant ouï ces choses, ils eurent le cœur saisi de componction, et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : Que ferons-nous, frères ? ». Pas étonnant qu’ils aient été transpercés jusqu’au cœur même. Leurs yeux furent ouverts, et que découvrirent-ils ? Quoi donc, sinon qu’ils étaient en réalité contre Dieu Lui-même — le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Et à propos de quoi l’étaient-ils ? À propos de la loi ? Non. À propos des prophètes ? Non. À propos des rites et des cérémonies, des statuts et des institutions de l’économie mosaïque ? Non. Tout cela était vrai, et assez mauvais. Mais il y avait quelque chose bien au-delà de tout cela. Leur culpabilité avait atteint son point culminant dans le rejet et la crucifixion de Jésus de Nazareth. « Le Dieu d’Abraham et d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a glorifié son serviteur Jésus, que vous, vous avez livré, et que vous avez renié devant Pilate, lorsqu’il avait décidé de le relâcher. Mais vous, vous avez renié le saint et le juste, et vous avez demandé qu’on vous accordât un meurtrier ; et vous avez mis à mort le prince de la vie, lequel Dieu a ressuscité d’entre les morts ; ce dont nous, nous sommes témoins ».

C’était réellement, et c’est actuellement, le summum de la culpabilité de l’homme ; et quand quelque cœur dans tout ce monde en prend conscience par l’énergie puissante du Saint Esprit en lui, cela doit produire la vraie repentance et susciter, des profondeurs de l’âme, la demande sérieuse : « Hommes frères, que ferai-je ? » « Seigneurs, que dois-je faire pour être sauvé ? ». Ce n’est pas simplement que nous avons manqué à garder la loi, à faire notre devoir envers Dieu et notre devoir envers notre prochain, à vivre comme nous le devions. Hélas, tout ceci n’est que trop vrai. Mais, oh ! nous avons été coupables du péché épouvantable d’avoir crucifié le Fils de Dieu. Telle est la mesure de la culpabilité de l’homme, et telle était la vérité que Pierre mettait avec insistance sur la conscience des hommes de son temps.

Alors quoi ? Quand le tranchant effilé de ce puissant témoignage eut pénétré les cœurs des auditeurs, quand la flèche du carquois du Tout-puissant eut percé l’âme et tiré de lui le cri amer de la repentance : « Que ferons-nous ? », quelle fut la réponse ? Que dut dire le prédicateur ? « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés ; et vous recevrez le don du Saint Esprit ». De même dans le troisième chapitre, il dit : « Et maintenant, frères, je sais que vous l’avez fait par ignorance, de même que vos chefs aussi ; mais Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait prédit par la bouche de tous les prophètes, savoir que son Christ devait souffrir. Repentez-vous donc et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés : en sorte que viennent des temps de rafraîchissement de devant la face du Seigneur ».

Ici, nous avons les deux choses présentées de façon très distincte, à savoir, Christ comme pierre de touche et Christ comme victime — la croix comme manifestation de la culpabilité de l’homme, et la croix comme manifestation de l’amour de Dieu. « Vous avez mis à mort le prince de la vie ». C’était là la flèche pour la conscience. « Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait prédit, savoir que son Christ devait souffrir ». C’était là le baume guérissant. C’était le conseil déterminé de Dieu que Christ souffre, et tandis qu’il était vrai que l’homme avait manifesté sa haine de Dieu en clouant Jésus à la croix, cependant, à peine une âme a-t-elle été rendue capable de voir cela et d’être ainsi amenée à une conviction divine, aussitôt le Saint Esprit lui donne de voir que cette même croix est le fondement des conseils de l’amour rédempteur et la base de la pleine rémission des péché pour tout vrai croyant.

Ainsi en fut-il dans cette scène très touchante entre Joseph et ses frères, telle que nous la rapporte Genèse 44 et 45. Les frères coupables sont amenés à passer par de profonds et douloureux exercices de cœur, jusqu’à ce qu’ils se tiennent en présence de leur frère blessé avec la flèche de la conviction ayant percé leur âme au plus profond. Alors, mais non pas avant, ces paroles apaisantes tombent dans leurs oreilles : « Et maintenant, ne soyez pas attristés, et ne voyez pas d’un œil chagrin que vous m’ayez vendu ici, car c’est pour la conservation de la vie que Dieu m’a envoyé devant vous… Et maintenant, ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, mais c’est Dieu ».

Grâce exquise et incomparable ! Du moment qu’ils sont entrés dans la position de la confession, Joseph se trouva dans la position du pardon. C’était divin. « Il leur parla durement » quand ils ne pensaient pas à leur péché, mais aussitôt qu’ils ont prononcé ces mots : « Nous sommes coupables à l’égard de notre frère », alors ils peuvent trouver cette douce réponse de grâce : « Ce n’est pas vous, mais Dieu ».

Ainsi en est-il, cher lecteur, dans tous les cas. À l’instant même où le pécheur prend la place de la contrition, Dieu prend la place d’un pardon libre et complet ; et très certainement, quand Dieu pardonne, le pécheur est pardonné. « J’ai dit : Je confesserai mes transgressions à l’Éternel ; et toi, tu as pardonné l’iniquité de mon péché » (Ps. 32).

L’aurions-nous eu autrement ? Certainement pas. Un cœur dur, un esprit non brisé, une conscience non atteinte, ne peuvent pas comprendre ou faire bon usage de paroles telles que : « Ne soyez pas attristés ; ce n’était pas vous, mais Dieu ». Comment cela serait-il possible ? Comment un cœur non repentant pourrait-il apprécier des paroles qui ne sont conçues que pour apaiser et tranquilliser un esprit brisé et contrit ? C’est impossible. Dire à un pécheur au cœur endurci de ne pas être attristé, serait fatalement un mauvais traitement. Joseph n’aurait pas pu dire à ses frères : « Ne soyez pas attristés », jusqu’à ce qu’ils aient dit et ressenti : « Nous sommes réellement coupables ».

Tel est l’ordre, et il est bon de s’en souvenir. « Je confesserai et tu as pardonné ». Du moment que le pécheur prend sa vraie place en présence de Dieu, il n’y a pas un seul mot qui lui est dit au sujet de ses péchés, sauf pour lui dire qu’ils sont tous pardonnés et tous oubliés. « Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités ». Dieu non seulement pardonne, mais oublie. Le pécheur convaincu se tient là et regarde à la croix, et se voit dans la lumière de la gloire de Christ comme la pierre de touche divine et parfaite, et il crie : « Que ferai-je ? ». Comment lui est-il répondu ? En lui dévoilant Christ comme victime, mis à mort par le conseil défini et la préconnaissance de Dieu, pour ôter le péché par le sacrifice de Lui-même.

Qui peut définir les sentiments d’une âme qui a été convaincue d’avoir désiré un meurtrier et d’avoir crucifié le Fils de Dieu, quand elle apprend que ce crucifié même est le canal du pardon et de la vie pour elle — que le sang qui a été versé ôte pour toujours la culpabilité de l’avoir répandu ? Quel langage peut présenter de façon adéquate l’émotion de quelqu’un qui a vu sa culpabilité, non seulement à la lumière des dix commandements, mais comme manifestée dans la croix d’un Jésus rejeté par le monde ; et qui pourtant sait et croit que sa culpabilité est entièrement et pour toujours ôtée ? Qui pourrait tenter de rendre en paroles les sentiments des frères de Joseph quand ils sentirent ses larmes d’affection tomber sur eux ? Quelle scène ! Des larmes de contrition et des larmes d’affection mêlées ! Précieux mélange ! La pensée de Dieu seule peut justement estimer sa valeur et sa douceur.

Mais ici, soyons bien en garde contre une mauvaise compréhension. Que personne ne suppose que des larmes de contrition sont la cause du pardon ou le terrain méritoire de la paix. Loin, bien loin de l’esprit du lecteur, une telle pensée ! Toutes les larmes de contrition qui ont jamais jailli des fontaines de cœurs brisés, depuis les jours des frères de Joseph jusqu’aux jours de Actes 3 et au moment présent, ne peuvent former un fondement juste pour l’acceptation d’un pécheur et la paix avec Dieu, ou pour laver une seule tache de la conscience humaine. Le sang de la victime divine, et lui seul, en perspective depuis la chute de l’homme jusqu’au Calvaire, et en rétrospective depuis le Calvaire jusqu’à maintenant — rien sinon ce sang précieux, cette mort expiatoire, ce sacrifice sans égal — pouvait justifier un Dieu saint en pardonnant un seul péché. Mais, béni soit Dieu, ce sacrifice a si parfaitement justifié et glorifié Son nom, que du moment qu’un pécheur voit son véritable état, sa culpabilité, sa rébellion, son inimitié, sa basse ingratitude, sa haine de Dieu et de Son Christ ; du moment qu’il prend la place d’une véritable contrition dans la présence divine — la position de quelqu’un de complètement brisé, sans excuse de modération — à ce moment, la grâce infinie le rencontre avec ces paroles de guérison, d’apaisement et de tranquillisation : « Ne soyez pas attristés », « Je ne me souviendrai plus de vos péchés ni de vos iniquités », « Va en paix ».

Certains pourraient supposer que nous attachons une importance injustifiée à la mesure de contrition, ou que nous voulons enseigner que chacun doit sentir le même caractère ou le même degré de conviction que celle produite par le puissant appel de Pierre en Actes 2. Rien n’est plus éloigné de nos pensées. Nous croyons qu’il doit y avoir et qu’il y aura conviction et contrition. De plus, nous croyons que la croix est la seule mesure appropriée de la culpabilité humaine — que c’est seulement à la lumière de cette croix que quelqu’un peut avoir un sentiment juste de l’ignominie, de l’immoralité et du caractère répugnant de sa nature. Mais tous peuvent ne pas le voir. Beaucoup ne pensent jamais à la croix comme une pierre de touche et une preuve de leur culpabilité, mais simplement comme le terrain béni de leur pardon. Ils se sont inclinés sous le sentiment de leurs nombreux péchés et défauts, et ils regardent à la croix de Christ comme le seul terrain de pardon. Et très certainement, ils ont raison ! Mais il y a une vue plus profonde du péché, un sentiment plus profond de ce qu’est réellement la nature humaine dans son état de chute, une conviction plus profonde de la condition totalement impie et sans Christ du cœur. Où atteint-on cela ? À la croix, et là seulement. Il ne suffira jamais de regarder aux hommes du premier siècle et de dire : quels terribles pécheurs ils étaient, d’avoir crucifié l’incarnation vivante de tout ce qui était saint et bon, plein de grâce et pur. Non ; ce qui est nécessaire, c’est d’amener la croix jusque dans notre siècle et de mesurer par elle la nature, le monde et soi-même.

Cela, soyez-en assuré, lecteur, est la véritable manière de juger la question. Il n’y a pas de vrai changement. « Crucifie, crucifie-le ! » est tout aussi positivement le cri du monde d’aujourd’hui qu’il était celui du monde du premier siècle. La croix était alors, et elle est maintenant, la seule vraie mesure de la culpabilité de l’homme. Quand quiconque, homme, femme ou enfant, est amené à voir cela, il a un sentiment bien plus profond de sa condition que celui qu’il aurait jamais pu avoir en regardant à ses péchés et à ses défauts à la lumière de la conscience ou des dix commandements.

Et à quoi tout cela conduira-t-il l’âme ? Quel sera l’effet de se voir soi-même à la lumière que la croix, comme pierre de touche, jette dessus ? La plus profonde détestation de soi. Oui, et cela reste vrai dans le cas du moraliste le plus raffiné et du religieux le plus aimable qui ait jamais vécu, tout autant que dans le cas du pécheur le plus grossier et le plus vil. Ce n’est plus une question de degrés ou de nuances de caractère, établis par l’échelle graduée de la conscience humaine ou le sens moral. Oh non ! la croix est vue comme la seule norme parfaite. La nature, le monde, le cœur, le moi, sont mesurés par cette norme, et leur véritable condition atteinte et jugée.

Nous sommes extrêmement soucieux que le lecteur entre pleinement dans ce point-là. Il découvrira qu’il est une immense puissance morale pour former ses convictions, à la fois quant à son propre cœur et quant au véritable caractère du monde qu’il traverse — ses fondements moraux, son cadre, ses caractères, ses principes, son esprit, son but, sa fin. Nous voulons qu’il prenne la croix comme la mesure parfaite de lui-même et de tout ce qui l’entoure. Qu’il n’écoute pas les suggestions de Satan ou les pensées qui jaillissent dans son propre cœur, les vapeurs de la philosophie et de la science faussement ainsi nommée, les vanteries infidèles de ce siècle particulièrement infidèle. Qu’il écoute la voix de l’Écriture sainte, qui est la voix du Dieu vivant. Qu’il utilise la pierre de touche que fournit l’Écriture — un Christ crucifié. Qu’il essaye tout cela et voie où cela le conduira. Une chose est certaine, cela le conduira à descendre dans sa propre conscience de lui-même, à des profondeurs telles que rien ne pourra lui servir sinon Christ comme la victime divine, qui porta le jugement de Dieu contre le péché et ouvrit le ciel au pécheur.

Ayant cherché à présenter Christ comme pierre de touche et Christ comme victime, nous poursuivrons, dans la dépendance de la direction et de l’enseignement divins, en Le considérant comme

Le modèle

auquel le Saint Esprit cherche à rendre conforme tout vrai croyant. Cela complètera notre sujet et ouvrira un vaste champ de méditations au lecteur chrétien. Dieu a prédestiné Son peuple à être conforme à l’image de Son Fils, afin qu’Il soit premier-né entre plusieurs frères (Rom. 8). Mais comment pouvons-nous jamais être formés d’après un tel modèle ? Comment pouvons-nous jamais songer être conformes à une telle image ? La réponse à ces questions dévoilera de façon plus complète la valeur infinie et bienheureuse de la vérité qui est déjà passée devant nous.

Si le lecteur a suivi le courant de pensées que nous avons poursuivi ; s’il y est entré expérimentalement ou si ce courant a pénétré en lui dans la puissance de l’Esprit de Dieu ; s’il l’a fait sien, il verra, sentira et reconnaîtra qu’en lui-même, par nature, il n’y a pas un seul atome de bien, pas un seul point sur lequel il puisse faire reposer ses espérances pour l’éternité. Il verra que, pour autant qu’il s’agisse de lui, c’est une ruine totale. Il verra que le propos divin, tel que révélé dans l’évangile, n’est pas de reconstruire cette ruine morale, mais d’ériger une chose toute nouvelle. La croix de Christ est le fondement de cette chose nouvelle.

Le lecteur ne peut sonder trop profondément cela. Le christianisme n’est pas la vieille nature rendue meilleure, mais la nouvelle nature implantée. « Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu » (Jean 3). « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles ; et toutes sont du Dieu qui nous a réconciliés avec lui-même par Christ, et qui nous a donné le service de la réconciliation » (2 Cor. 5).

L’effet de la mission de Christ envers ce monde était de démontrer, comme rien d’autre ne le pouvait, la ruine totalement irrémédiable de l’homme. Quand l’homme eut rejeté et crucifié le Fils de Dieu, son cas a été démontré être désespéré. Il est de la plus grande importance d’être complètement au clair à ce sujet. Cela résout un millier de difficultés et ôte de l’horizon de beaucoup un sombre et épais nuage. Aussi longtemps que l’homme est pris par l’idée qu’il doit améliorer sa nature par quelque moyen que ce soit, il doit demeurer totalement étranger à la vérité fondamentale du christianisme.

Hélas, il y a une quantité effrayante de ténèbres et d’erreur dans l’église professante quant à la simple vérité de l’évangile. La ruine totale de l’homme est niée ou justifiée d’une manière ou d’une autre, et les vérités mêmes du christianisme aussi bien que les institutions de l’économie mosaïque, sont utilisées pour améliorer la nature déchue et la rendre propre pour la présence de Dieu. De la sorte, la véritable nature du péché n’est pas ressentie ; les exigences de la sainteté ne sont pas comprises ; la libre, pleine et souveraine grâce de Dieu est mise de côté ; et la mort de Christ en sacrifice est jetée par-dessus bord.

Le sentiment de tout cela nous fait aspirer à plus de zèle, de puissance et de fidélité en présentant ces vérités fondamentales qui sont constamment affirmées et maintenues dans le Nouveau Testament. Nous croyons que c’est le devoir solennel de tout écrivain et de tout orateur, de tous les auteurs, éditeurs, prédicateurs et docteurs, de prendre une position ferme contre le fort courant de l’opposition aux plus simples vérités de la révélation divine, si tristement apparente de façon alarmante de toutes parts. Il y a un besoin urgent de fidélité à maintenir la norme de la pure vérité, non dans un esprit de controverse, mais avec douceur, sérieux et simplicité. Nous désirons que Christ soit prêché comme pierre de touche de tout ce qui est dans l’homme, dans la nature, dans le monde. Nous désirons que Christ soit prêché comme victime, portant tout ce que méritaient nos péchés ; et nous désirons qu’Il soit prêché comme un modèle d’après lequel nous devons être formés en toutes choses.

Voilà le christianisme. Ce n’est pas la nature déchue essayant de trouver la justice en gardant la loi de Moïse. Ce n’est pas non plus la nature déchue luttant pour imiter Christ. Non ; c’est la mise de côté complète de la nature déchue, comme une chose entièrement bonne à rien, et la réception d’un Christ crucifié et ressuscité comme fondement de toutes nos espérances pour le temps et l’éternité. Comment le pécheur non renouvelé pourrait-il obtenir la justice en gardant la loi, par laquelle est la connaissance du péché ? Comment pourrait-il jamais se mettre à imiter Christ ? C’est totalement impossible ! « Il doit être né de nouveau ». Il doit obtenir la vie nouvelle en Christ, avant de pouvoir manifester Christ. On ne peut insister trop fortement là-dessus. Pour un homme inconverti, penser imiter l’exemple ou marcher dans les traces de Jésus, est la chose la plus désespérée au monde. Ah non ! le seul effet de regarder l’exemple béni de Jésus est de nous jeter dans la poussière dans l’humiliation de soi et la vraie contrition. Et quand, depuis cette position, nous levons nos yeux vers la croix du Calvaire sur laquelle Jésus a été cloué comme notre garant, Celui qui a porté nos péchés, notre substitut, nous voyons le pardon et la paix découler pour nous de Son très précieux sacrifice. Alors, mais pas avant, nous pouvons nous asseoir, de façon calme et heureuse, pour L’étudier comme notre modèle.

Si je considère la vie de Jésus en dehors de Sa mort expiatoire ; si je me mesure moi-même d’après cette norme parfaite ; si je songe à me rendre conforme à une telle image, cela doit me plonger dans le plus profond désespoir. Mais quand je contemple cet Être parfait, saint et sans tache, portant mes péchés en Son propre corps sur le bois — quand je Le vois poser, dans Sa mort et Sa résurrection, le fondement éternel de la vie, de la paix et de la gloire, pour moi — alors, avec une conscience en paix et un cœur libéré, je peux regarder en arrière tout l’ensemble de cette merveilleuse vie et y voir comment je dois marcher, car « Il nous a laissé un modèle, afin que nous suivions ses traces ».

Ainsi, tandis que Christ comme pierre de touche me montre ma culpabilité, Christ comme victime annule cette culpabilité, et Christ comme modèle brille devant la vue de mon âme, comme la norme à laquelle je dois continuellement tendre. En un mot, Christ est ma vie et Christ est mon modèle, et le Saint Esprit, qui a fait Sa demeure en moi sur la base de la rédemption accomplie, opère en moi dans le but de me rendre conforme à l’image de Christ. Il est vrai que je dois toujours sentir et reconnaître combien je reste loin de cette norme élevée, mais cependant, Christ est ma vie, quoique la manifestation de cette vie soit tristement entravée par les infirmités et les corruptions de ma vieille nature. La vie est la même, comme le dit l’apôtre Jean : « ce qui est vrai en lui et en vous, parce que les ténèbres s’en vont et que la vraie lumière luit déjà » (1 Jean 2, 8). Nous ne pouvons jamais nous satisfaire de quoi que ce soit de moindre que « Christ notre vie, Christ notre modèle ». « Pour moi, vivre c’est Christ ». C’était Christ reproduit dans la vie quotidienne de Paul par la puissance de l’Esprit Saint.

C’est le vrai christianisme. Ce n’est pas la chair devenue religieuse et menant une vie pieuse. Ce n’est pas la nature non renouvelée, tombée et ruinée, essayant de se rétablir par des rites et des cérémonies, des prières, des aumônes et des veilles. Ce n’est pas le vieil homme se tournant des « œuvres méchantes » vers les « œuvres mortes », échangeant le bar à bière, le théâtre, la table de jeu et le terrain de course, pour le monastère, le banc de l’église, le lieu de réunion ou la salle de lecture. Non, lecteur, c’est « Christ en vous, l’espérance de la gloire », et Chris reproduit dans votre vie quotidienne par le ministère puissant de Dieu le Saint Esprit.

Ne vous y trompez pas ! Il n’est d’absolument aucune utilité pour la nature déchue de se revêtir des formes de la religion. Elle peut s’impliquer dans les choses attirantes du ritualisme, de la musique sacrée, des images pieuses, de la sculpture, de l’architecture, de la faible lumière religieuse. Elle peut répandre les fruits de la bienfaisance d’un cœur large : elle peut visiter les malades, nourrir les affamés, vêtir ceux qui sont nus, répandre sur tous alentour les rayons de soleil d’une philanthropie aimable. Elle peut lire la Bible et exécuter toutes les formes d’une routine religieuse. Elle peut même tenter une imitation vide de Christ : les enseignants peuvent la dispenser, d’autres peuvent s’y soumettre, les mystiques peuvent l’envelopper dans leur rêveries nébuleuses et la conduire à une méditation tranquille sans rien à contempler. En bref, tout ce que la religion, la moralité et la philosophie peuvent faire pour elle et avec elle, peut être fait, mais tout cela en vain, dans la mesure où il reste toujours vrai que : « ce qui est né de la chair est chair », « il ne peut voir ou entrer dans le royaume de Dieu », car « il vous faut être nés de nouveau ».

Là se trouve le profond et solide, divin et éternel, fondement du christianisme. Il doit y avoir la vie de Christ dans l’âme — le lien avec « le second homme, le dernier Adam ». Le premier homme a été condamné et mis de côté. Le second homme est venu et s’est tenu à côté du premier. Il l’a éprouvé et l’a mis à l’épreuve, et a montré de la manière la plus complète qu’il n’y avait pas un seul ingrédient de sa nature, de son caractère ou de sa condition, qui puisse se tenir dans cette nouvelle création, ce royaume céleste qui allait être introduit — que pas une seule pierre ou planche de l’ancien bâtiment ne pouvait être employé dans le nouveau — que « en ma chair, il n’habite point de bien » — et que le terrain doit être entièrement nettoyé de toutes les ordures de l’humanité ruinée, et la fondation posée dans la mort du second homme qui est devenu, en résurrection, comme le dernier Adam, le Chef de la nouvelle création. En dehors de Lui, il ne peut y avoir de vie. « Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5, 12).

Tel est le langage concluant de l’Écriture sainte, et ce langage doit rester valable en dépit de tous les raisonnements de ceux qui veulent se vanter de leurs vues libérales et éclairées, de leur puissance intellectuelle, et de l’étendue de leur théologie. Peu importe ce que les hommes peuvent penser ou dire ; nous avons seulement à écouter la Parole de notre Dieu qui doit demeurer éternellement, et cette Parole déclare : « Il vous faut être nés de nouveau ». Les hommes ne peuvent changer cela. Il y a un royaume qui ne peut jamais être déplacé. Afin de voir ou d’entrer dans ce royaume céleste, nous devons être nés de nouveau. L’homme a été éprouvé de toutes manières, et trouvé manquant. Maintenant, « en la consommation des siècles, il a été manifesté une fois pour l’abolition du péché par son sacrifice » (Héb. 9, 26).

C’est le seul fondement de la vie et de la paix. Quand l’âme est fermement établie dessus, elle peut trouver ses délices à étudier Christ comme son modèle. Elle en a fini avec tous ses pauvres efforts pour obtenir la vie, le pardon et la faveur de Dieu. Elle jette de côté ses « œuvres mortes » ; elle a trouvé la vie en Jésus, et maintenant, sa grande occupation est de L’étudier, de discerner les traces de Ses pas et d’y marcher — de faire comme Lui a fait, de viser toujours à être comme Lui, de rechercher en tout à Lui être conforme. La grande question, pour le chrétien, en toute occasion, n’est pas : « Quel mal y a-t-il en ceci ou cela ? », mais : « Est-ce comme Christ ? ». Il est notre modèle divin. Les maris sont-ils exhortés à aimer leurs femmes ? C’est : « comme Christ a aimé l’Assemblée ». Quel modèle ! Qui peut jamais y atteindre ? Personne, mais nous devons toujours le garder devant nous. Ainsi, nous entrerons dans la vérité de ces lignes de notre poète :

Plus tes gloires frappent mes yeux,
Plus je demeure humble,
Ainsi tandis que je coule, mes joies s’élèvent
Incommensurablement haut.

Le lecteur chrétien percevra immédiatement quel immense champ de vérité pratique est ouvert par ce point qui conclut notre sujet. Quel privilège indicible de pouvoir, jour après jour, s’asseoir et étudier la vie et les voies de notre grand exemple, pour voir ce qu’Il était ; de noter Ses paroles, Son esprit, Son style ; de Le suivre dans tous les détails de Son merveilleux chemin ; de remarquer comment « Il allait faisant du bien » ; comment c’était Sa nourriture et Son breuvage de faire la volonté de Dieu et de servir pour les besoins des hommes. Et alors, de penser qu’Il nous aime, qu’Il est mort pour nous, qu’Il est notre vie, qu’Il nous a donné de Son Esprit pour être la source de puissance dans nos âmes, pour soumettre tout ce qui est de la vieille racine du moi et produire, dans notre vie de chaque jour, l’expression de Christ.

Quelle langue mortelle peut dévoiler la valeur précieuse de tout cela ? Ce n’est pas vivre selon des règles et des ordonnances. Ce n’est pas poursuivre une routine morte de devoirs. Ce n’est pas souscrire à certains dogmes de croyance religieuse. Non ; c’est l’union avec Christ et la manifestation de Christ. C’est ce que nous répétons et réitérons et voudrions imprimer sur le lecteur. Ceci, et rien de moins, rien de différent, est le christianisme vrai, authentique, vivant. Que chacun réalise que c’est ce qu’il possède, car sinon, il est mort dans ses fautes et dans ses péchés, il est loin de Dieu et loin du royaume de Dieu. Mais s’il a été conduit à croire au nom du Fils unique de Dieu, si, comme pécheur conscient de sa ruine et de sa culpabilité, il a fui pour trouver refuge dans le sang de la croix, alors Christ est sa vie, et ce devrait être son unique et constant objet, jour après jour, d’étudier son modèle, de fixer ses yeux sur le chef de file et chercher à s’en approcher autant que possible. C’est le vrai secret de toute sainteté et sanctification pratiques. Cela seul constitue un christianisme vivant. Il contraste fortement avec ce qui est couramment appelé « une vie religieuse » qui, hélas ! se résume très souvent à une simple routine morte, une adhésion rigide à des formes sans vie, à un ritualisme stérile qui, loin de manifester quoi que ce soit de la fraîcheur et de la réalité du nouvel homme en Christ, est une distorsion de la nature elle-même.

Le christianisme amène un Christ vivant dans le cœur et dans la vie. Il diffuse une influence divine tout autour. Il pénètre dans toutes les relations et associations de la vie humaine. Il nous enseigne comment agir comme maris et femmes, comme pères et mères, comme maîtres, comme enfants, comme serviteurs. Il ne nous enseigne pas par des règles et des ordonnances sèches, mais en plaçant devant nous, dans la personne de Christ, un modèle parfait de ce que nous devrions être. Il présente à nos regards Celui même qui, comme pierre de touche, nous a laissé sans aucune excuse, et qui comme victime, nous a laissé sans une seule tache, et qui maintenant, comme notre modèle, doit être le sujet de notre étude admirative et la norme à laquelle nous devons toujours et seulement viser. Peu importe où nous sommes ou ce que nous sommes, pourvu que Christ habite dans le cœur et soit manifesté dans la vie quotidienne. Si nous L’avons dans le cœur et devant les yeux, Il dirigera tout ; si nous ne L’avons pas, nous n’avons rien.

Nous terminerons ici notre article, non parce que notre thème est épuisé, mais parce qu’il est inépuisable. Nous croyons que l’Esprit de Dieu seul peut ouvrir le sujet et l’appliquer, dans sa puissance et sa fraîcheur vivante, à l’âme du lecteur, et le conduire ainsi à un type de christianisme plus élevé que ce qui est manifesté d’ordinaire en ce jour de profession mondaine. Que le Seigneur incite tous nos cœurs à rechercher une plus grande proximité de Lui et une conformité à Lui plus fidèle dans toutes nos voies ! Que nous puissions dire avec un peu plus de vérité et de sincérité : « Notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l’opération de ce pouvoir qu’il a de s’assujettir même toutes choses ».