« Prenez garde ! »

S. Prod’hom

« Vous donc, bien-aimés, sachant ces choses à l’avance, prenez garde, de peur qu’étant entraînés par l’erreur des pervers, vous ne veniez à déchoir de votre propre fermeté ; mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ »

(2 Pier. 3, 17, 18)

Dans les temps fâcheux que nous traversons, les hommes annonçant des doctrines perverses pour « attirer des disciples après eux » (Act. 20, 30) deviennent toujours plus nombreux et leurs erreurs plus variées. Le croyant, s’il veut rester fidèle, doit s’attacher simplement à la Parole de Dieu et demeurer dans les choses qu’il a apprises, sachant de qui il les a apprises.

Il est parfaitement inutile de réfuter les erreurs enseignées par ces hommes : le temps viendra où « leur folie sera manifeste » (2 Tim. 3, 9). Au reste, dans plusieurs de ces « fables ingénieusement imaginées », il serait impossible de séparer, comme on aurait pu le penser, le vrai du faux, car même les quelques vérités que l’on pourrait s’attendre à y trouver font défaut. Tel est le cas dans la plupart des publications de l’Ange de l’Éternel et de la Tour de garde ; leur enseignement dénote une ignorance complète des Écritures quant aux diverses dispensations de Dieu et quant à l’Église.

C’est en prévision de jours semblables aux nôtres, que l’apôtre Paul dit à Timothée : « Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises, et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises » (2 Tim. 3, 14). Le Seigneur Jésus dit des siens : « Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent ». Il disait aussi : « Le Berger va devant elles ; et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix ; mais elles ne suivront point un étranger ; mais elles s’enfuiront de lui, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers » (Jean 10, 4, 5, 27). Il est de toute importance pour le chrétien d’être habitué à la voix du bon Berger, afin de discerner toute dissonance dans les voix qui frappent son oreille. Cela manque, hélas ! beaucoup aujourd’hui, parce que les chrétiens n’ont pas fait usage de la Parole, ni des moyens que le Seigneur a donnés pour la comprendre par les écrits de ceux qui ont exposé « justement la Parole de la vérité » (2 Tim. 2, 15).

Les voix des étrangers apportent généralement des nouveautés, tandis que la Parole de Dieu nous dit : « Pour vous, que ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous : si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous demeurerez dans le Fils et dans le Père » (1 Jean 2, 24) ; c’est-à-dire : vous demeurerez dans les vérités du christianisme dont l’ennemi cherche à vous détourner. L’erreur qu’il propage conduira les hommes à recevoir l’Antichrist qui nie le Père et le Fils.

La vérité telle que la Parole de Dieu la présente est simple ; elle répond aux besoins du cœur et de la conscience en présentant au croyant la personne de Christ, objet de ses affections renouvelées. Aux inconvertis, elle présente un Sauveur. Ayant trouvé le Sauveur, les croyants Le possèdent comme leur Seigneur auquel ils doivent obéissance, et s’ils ont besoin de quelqu’un pour les conduire au travers du désert, ils ont trouvé dans Sa personne le bon Berger qui a mis Sa vie pour Ses brebis. Toute Sa vie ici-bas, toutes Ses paroles, tous Ses commandements, font autorité pour eux, et non seulement les dirigent, mais sont la nourriture de leur âme, leur joie et leur bonheur. En Lui qui fut « l’homme de douleurs », ils trouvent en outre toute la sympathie dont ils ont besoin dans leur faiblesse, leurs souffrances et les épreuves de tout genre qui les assaillent. « En ce qu’il a souffert lui-même étant tenté, il est à même de secourir ceux qui sont tentés » (Héb. 2, 18 ; 4, 14-16). Si le croyant s’égare sous l’action de sa mauvaise nature, il a « un Avocat auprès du Père, Jésus Christ, le Juste » (1 Jean 2, 1). Enfin, Jésus dans la gloire est l’expression de la position du racheté devant Dieu.

Les écrits de l’apôtre Paul nous révèlent encore que Christ glorifié est la Tête, le chef, de Son corps, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous, et que tous les croyants de l’économie actuelle ― et non quelques-uns comme ces gens l’enseignent ― font partie de ce corps et constituent Son Épouse qui sera enlevée à Sa rencontre, lors de Son prochain retour, pour être toujours avec Lui.

La personne du Seigneur est donc l’objet que l’Esprit de Dieu place devant le croyant dans toutes les Écritures. Quand a-t-Il été révélé ? Quand est-ce que Son œuvre fut accomplie ? Quand est-ce que le Saint Esprit fut envoyé pour nous faire connaître les gloires de Sa personne, les conséquences merveilleuses de Son œuvre, et nous enseigner les choses qui doivent arriver ? N’est-ce pas au commencement du christianisme, à la suite de la glorification de Christ ? Dès le commencement, ces faits glorieux demeurent dans toute leur réalité et leur perfection. La Parole de Dieu nous les communique dans le but de nourrir nos âmes de Christ, de nous faire marcher sur Ses traces et de Lui ressembler moralement, en attendant de Lui être rendus semblables, en gloire, quand nous Le verrons tel qu’Il est.

L’enseignement selon la vérité présente donc Christ révélé dans les Écritures et répondant à tous les besoins du cœur renouvelé.

Quel rapport y a-t-il entre la Parole présentée dans ce but et les diverses théories qui occupent les âmes d’événements prophétiques, sortis entièrement de leur cadre, appuyés de dates imaginaires, et qui ont la prétention de présenter le bonheur éternel sur cette terre en ramenant l’homme dans l’état d’innocence où se trouvait Adam avant la chute, état auquel ils donnent le nom de « rétablissement de toutes choses » ? Or toutes ces faussetés et tant d’autres, ne peuvent nourrir l’âme de Christ, ni Le faire connaître comme Sauveur.

Pour faire accepter ces nouveautés, ceux qui les présentent nous disent, quand il y est fait opposition, que l’homme a toujours lutté contre les enseignements nouveaux qui lui sont présentés, et que selon l’expression du Seigneur Lui-même, il retourne au vin vieux après avoir goûté du nouveau. Ils oublient que le chrétien n’a rien de nouveau à attendre, la révélation de Dieu étant complète. Certaines vérités de la Parole, après être tombées dans l’oubli, peuvent être remises en lumière. Les réformateurs eux-mêmes n’ont pas enseigné des choses nouvelles ; ils ont simplement présenté la vérité du salut par la foi, telle qu’elle était au commencement. Au siècle dernier, les vérités relatives à l’Église, à l’action de l’Esprit et au retour du Seigneur, ont été simplement remises en lumière, telles qu’elles existaient au commencement. Ce ne sont pas là des nouveautés, mais c’est l’enseignement de l’Esprit de Dieu par Sa Parole, enseignement qui attache l’âme à Christ. Il faut donc se détourner de tout ce qui ne produit pas ce résultat.

Les erreurs qui pullulent aujourd’hui ne sont pas seulement présentées à ceux qui, connaissant la voix du bon Berger, sont capables de fuir les étrangers ; elles sont offertes aux personnes qui, ne possédant pas la vie et ne connaissant pas la Parole de vérité, sont incapables de discerner l’erreur.

Dans les temps troublés que nous traversons, beaucoup de personnes sont remplies de crainte et tremblent avec raison en pensant à l’avenir qui les menace. Sentant que tout est instable et incertain, plusieurs d’entre elles sont disposées à écouter ce que disent les Écritures. Si donc quelqu’un se présente avec la prétention de les renseigner sûrement à l’égard des événements prophétiques imminents, ces personnes-là, voyant que les arguments qui leur sont présentés prétendent s’appuyer sur des versets de la Bible, et ne sachant pas que l’on peut « tordre les Écritures », prennent confiance, acceptent l’enseignement et tombent dans l’égarement le plus complet quant à la vérité, sans avoir trouvé la seule chose que l’évangile apporte au pécheur. Pourquoi ces âmes tremblent-elles en se rendant compte de l’état actuel de ce monde et de ce que l’avenir leur réserve ? Parce qu’elles n’ont pas la paix. Il faut donc leur présenter le moyen d’avoir la paix avec Dieu au sujet de leurs péchés. La Parole de Dieu s’adressant à de telles âmes ne commence pas à leur parler d’événements prophétiques ; elle commence par les convaincre de péché et de perdition ; elle leur montre qu’il leur faudra avoir affaire à Dieu en jugement, car Dieu étant juste et saint ne peut passer par-dessus le péché sans le punir. Elle leur montre que, voulant sauver le pécheur, Dieu a envoyé Son Fils dans le monde pour subir sur la croix le jugement mérité par des coupables : « Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3, 16). « En vérité, en vérité, je vous dis, que celui qui entend ma parole, et qui croit Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5, 24). L’évangile enseigne donc que celui qui croit est sauvé, qu’il a la paix avec Dieu, qu’il connaît Dieu comme son Père et Jésus comme son Sauveur. Quant à l’avenir, le croyant n’a plus de crainte, il sait qu’il a été converti pour attendre des cieux le Fils de Dieu « qui nous délivre de la colère qui vient » (1 Thess. 1, 10), et « de l’heure de l’épreuve qui vient sur la terre habitée tout entière pour éprouver ceux qui habitent sur la terre » (Apoc. 3, 10). Il possède une paix parfaite, quelque événement qui puisse arriver jusqu’à ce moment-là. Jouissant d’une telle grâce, il peut apprendre à connaître les pensées de Dieu quant à l’avenir de ce monde, mais ce qui est placé devant lui comme le plus prochain événement, c’est la venue du Seigneur pour enlever auprès de Lui les saints vivants et ressusciter ceux qui sont morts en Christ (1 Thess. 4, 13-18).

L’idée d’une prochaine résurrection de tous les morts, pour annoncer le salut à ceux qui ne l’avaient pas avant de mourir, est absolument étrangère à la Parole de Dieu. Cet enseignement-là, de même que la négation des peines éternelles, est une habile manœuvre de l’Ennemi pour perdre ceux qui reçoivent ces doctrines.

Quant au monde, tel qu’il existe aujourd’hui, les jugements de l’Apocalypse fondront sur lui dès que Jésus sera venu enlever les siens. Après ces jugements, le Seigneur établira Son règne glorieux de paix et de justice sur la terre, selon les prophéties de l’Ancien Testament. Les Juifs étant rentrés dans leur pays, ceux d’entre eux qui auront traversé la période des jugements dans la crainte de Dieu et dans l’attente du Roi, rejeté jadis par ce peuple, et avec eux les croyants d’entre les nations aujourd’hui païennes, qui attendront l’avènement du Roi de gloire, jouiront de ce beau règne de Christ, qui s’imposera à tous les hommes et durera mille ans. Après cela, les cieux et la terre de maintenant passeront avec un bruit sifflant de tempête, pour être remplacés par de nouveaux cieux et une nouvelle terre dans lesquels la justice habite (2 Pier. 3, 10-13). Tous ceux qui sont morts sans avoir accepté le salut ressusciteront après les mille ans et paraîtront devant le grand trône blanc pour y être jugés selon leurs œuvres (Apoc. 20, 11-15). Tel est en abrégé l’enseignement de la Parole de Dieu quant à l’avenir.

Lecteur inconverti qui ne possédez pas encore le pardon de vos péchés et qui faites partie d’un monde sur lequel les jugements de Dieu tomberont dès que l’Église aura été enlevée, vous avez besoin du Sauveur que l’évangile vous présente. Il s’adresse à vous encore aujourd’hui disant : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et je vous donnerai du repos » (Matt. 11, 28). Les événements prophétiques qui vont se dérouler selon la Parole de Dieu sont proches, il est vrai, mais ce qui est important pour vous aujourd’hui, c’est de recevoir Jésus comme votre Sauveur, afin de pouvoir attendre en paix Son retour pour introduire Ses bien-aimés dans Sa propre gloire.


Note. ― Chez ceux qui ont la prétention de préciser l’accomplissement prochain des prophéties, une chose nous frappe surtout : c’est l’assurance avec laquelle ils donnent des dates basées sur des calculs absolument faux ou imaginaires. Il suffit pour les réfuter de présenter ce que la Parole de Dieu nous enseigne. Elle ne donne qu’une seule date à venir, au chapitre 9 du prophète Daniel. Ce prophète ayant compris d’après Jérémie 25, 11, que la fin de la captivité de Babylone arrivait, fit la touchante confession des péchés qui avaient attiré un tel châtiment sur Juda. Comme il aurait pu penser qu’après ces soixante-dix ans de captivité, les bénédictions promises par les prophètes allaient s’accomplir, Dieu lui fit connaître la date à laquelle commencerait le règne de Christ pour Son peuple terrestre. L’ange Gabriel lui fit savoir que soixante-dix semaines d’années ― donc quatre cent quatre-vingt-dix ans ― avaient été déterminées pour mettre fin au péché du peuple et introduire le règne de Christ. Le verset 25 de ce chapitre 9 donne le point de départ de ces quatre cent quatre-vingt-dix ans. Il eut lieu l’an 455 A.C., à partir du jour où l’ordre fut donné par Artaxerxès à Néhémie de rebâtir Jérusalem (Néh. 2). L’ange dit à Daniel qu’après soixante-neuf semaines, soit quatre cent quatre-vingt-trois ans, le Messie serait retranché et n’aurait rien ; c’est ce qui eut lieu, car Jésus fut crucifié après l’accomplissement de ce temps-là. Le Messie étant rejeté, Son règne fut différé, et un autre ordre de choses fut introduit, celui de l’Église, qui étant du ciel n’a rien à faire avec la prophétie, et dont le temps sur la terre est absolument indéterminé et ne peut entrer dans aucun calcul, car elle forme une parenthèse dans les voies de Dieu envers Son peuple terrestre et envers le monde. Quand le temps de la formation de l’Église sera accompli, le Seigneur viendra la chercher. Dès lors se dérouleront les événements prophétiques qui termineront les soixante-dix semaines. Le livre de Daniel et l’Apocalypse fournissent des détails abondants sur ce qui aura lieu durant la seconde moitié de cette dernière semaine qui se terminera par l’apparition glorieuse du Fils de l’homme pour rétablir Son règne millénaire.