Il est de la plus grande importance, pour le serviteur de Christ dans tous les temps, d’avoir un sentiment clair, profond, constant et influent de sa position, de son chemin, de sa portion et de ses perspectives — une intelligence divinement donnée du terrain qu’il est appelé à occuper, de la sphère d’activité qui est ouverte devant lui, de la provision divine faite pour sa consolation, son encouragement, sa force et sa direction, et des brillantes espérances qui lui sont offertes. Il y a un danger considérable à être entraîné dans un simple domaine de théories et de spéculations, d’opinions et de sentiments, de dogmes et de principes. La fraîcheur du premier amour est souvent perdue au contact des hommes et des choses de ce que l’on peut appeler « le monde religieux ». L’aimable fraîcheur du premier christianisme personnel est souvent détruite par une mauvaise utilisation de la machinerie de la religion, si nous pouvons nous permettre d’utiliser un tel terme.
Dans le domaine de la nature, il arrive souvent que quelque semence errante soit tombée au sol, ait pris racine et se soit développée en un tendre plant. La main de l’homme n’a rien à faire avec cela. Dieu l’a plantée, l’a arrosée et l’a fait grandir. Il lui a assigné sa position, lui a donné sa force et l’a couvert d’une merveilleuse fraîcheur. Bientôt, l’homme fait irruption dans sa solitude et le transplante dans son propre enclos artificiel, où il fane et s’affaisse. Il en est trop souvent ainsi avec les plantes du royaume spirituel de Dieu. Elles sont souvent blessées par la rude main de l’homme. Elles auraient été bien mieux si elles avaient été laissées à la seule gestion de la main qui les avait plantés. Les jeunes chrétiens souffrent fréquemment énormément de ne pas être laissés sous la formation exclusive du Saint Esprit et sous l’enseignement exclusif de l’Écriture sainte. La gestion humaine est presque sûre de freiner la croissance des plantes spirituelles de Dieu. Ce n’est pas que Dieu ne puisse pas utiliser des hommes comme Ses instruments pour arroser, cultiver et prendre soin de Ses précieuses plantes. Il le peut certainement et le fait, mais alors, c’est la culture et le soin de Dieu, non pas de l’homme. Cela fait toute la différence. Le chrétien est la plante de Dieu. La semence qui l’a produit était divine. Elle avait été dirigée et plantée par la propre main de Dieu, et cette même main doit avoir le droit de la former.
Or, ce qui est vrai du croyant individuel est également vrai de l’Assemblée dans son ensemble. En 1 Timothée, l’Assemblée est considérée dans son ordre et sa gloire d’origine. Elle est vue là comme « la maison de Dieu », « l’Assemblée du Dieu vivant », « la colonne et le soutien de la vérité ». Ceux qui y officient, ses fonctions et ses responsabilités sont décrites là minutieusement et officiellement. Le serviteur de Christ est instruit quant à la manière selon laquelle il doit se conduire au milieu d’une telle sphère sainte et digne. Tel est le caractère, telle est la portée et le but de la première épître de Paul à Timothée.
Mais dans la seconde épître, nous avons quelque chose de complètement différent. La scène a entièrement changé. La maison qui, dans la première épître, était considérée dans son ordre, est ici contemplée dans sa ruine. L’Assemblée comme économie établie sur la terre, a, comme toutes les autres économies, complètement failli. L’homme manque en tout. Il a failli au milieu de la beauté et de l’ordre du paradis. Il a failli dans ce pays favorisé « ruisselant de lait et de miel, un ornement entre tous les pays ». Il a failli au milieu des rares privilèges de la dispensation de l’évangile, et il faillira au milieu des brillants rayons de la gloire milléniale. Comparez Genèse 3 ; Juges 2 ; Actes 20, 29 ; 3 Jean 9 ; Apocalypse 1, 2 et 20, 7-9.
Le souvenir de cela nous aidera à comprendre 2 Timothée. Cette épître peut très justement être appelée « une provision divine pour les temps fâcheux ». L’apôtre semble pleurer sur les ruines de cette structure autrefois magnifique. Comme le prophète qui pleure, il voit « les pierres du lieu saint répandues au coin de toutes les rues ». Il rappelle les larmes de son bien-aimé Timothée. Il est heureux d’avoir même un sein compatissant dans lequel déverser ses peines. Tous ceux qui étaient en Asie s’étaient détournés de lui. Il avait été laissé se tenir seul devant le tribunal de César. Démas l’avait abandonné. Alexandre, l’ouvrier en cuivre, lui avait fait beaucoup de mal. Tout autour de lui, en ce qui concernait l’homme, semblait sombre et lugubre. Il supplie son bien-aimé Timothée de lui apporter son manteau, ses livres et ses parchemins. Tout cela est fortement marqué. « Les temps fâcheux » sont anticipés. « Une forme de piété sans la puissance » — le manteau de la profession jeté sur les plus grossières abominations du cœur humain — des hommes incapables de supporter la saine doctrine, s’amassant pour eux-mêmes des docteurs selon leurs propres convoitises, ayant les oreilles qui leur démangent et qui ont besoin d’être chatouillées par les absurdités de fables sans fondement provenant de l’esprit humain. Tels sont les caractères de 2 Timothée. Qui pourrait ne pas les remarquer ? Qui pourrait ne pas voir que notre part nous est échue au milieu même des maux et des dangers qui sont considérés ici ? N’est-il pas bon d’avoir une perception claire de ces choses ? Pourquoi désirerions-nous fermer nos yeux à la vérité ? Pourquoi nous tromperions-nous avec de vains rêves de lumière croissante et de prospérité spirituelle ? Ne vaut-il pas bien mieux regarder la vraie condition des choses en face ? Assurément ; et d’autant plus quand la même épître qui indique si fidèlement « les temps fâcheux », dévoile complètement la provision divine.
Pourquoi devrions-nous imaginer que l’homme sous la dispensation chrétienne se montrera meilleur que l’homme sous toutes les dispensations qui ont eu lieu auparavant, ou sous la dispensation milléniale qui doit encore suivre ? L’analogie, même en l’absence de preuve directe et positive, ne nous conduirait-elle pas à nous attendre à la ruine sous cette économie actuelle, comme sous toutes les autres ? Si nous trouvons, sans exception, le jugement à la fin de toutes les autres dispensations, pourquoi nous attendrions-nous à autre chose à la fin de celle-ci ? Que mon lecteur pèse ces choses, puis qu’il m’accompagne tandis que je chercherai, par la grâce de Dieu, à dévoiler quelques-unes des provisions divines pour « les temps fâcheux ».
Je ne cherche pas à exposer en détail cette épître très touchante et intéressante. Ce serait impossible dans ce court article. Je voudrais seulement distinguer un point dans chacun des quatre chapitres dans lesquels a été divisée l’épître. Ce sont, d’abord, « une foi sincère » (2 Tim. 1, 5) ; ensuite, « le solide fondement » (2 Tim. 2, 19) ; en troisième lieu, « les saintes lettres » (2 Tim. 3, 15) ; et enfin, « la couronne de justice » (2 Tim. 4, 8). Celui qui connaît quelque chose de la puissance de ces choses, est divinement pourvu pour « les temps fâcheux ».
Tout d’abord, quant à « la foi sincère » — cette possession inestimable. L’apôtre dit : « Je suis reconnaissant envers Dieu, que je sers dès mes ancêtres avec une conscience pure, de ce que je me souviens si constamment de toi dans mes supplications, nuit et jour (désirant ardemment de te voir, me souvenant de tes larmes, afin que je sois rempli de joie,) me rappelant la foi sincère qui est en toi, et qui a d’abord habité dans ta grand’mère Loïs et dans ta mère Eunice, et, j’en suis persuadé, en toi aussi ». Nous avons ici quelque chose de supérieur et qui va au-delà de tout ce qui est ecclésiastique — quelque chose que l’on doit avoir avant d’être introduit dans l’Assemblée, et qui demeurera vrai même si l’Assemblée était en ruine tout autour. Cette foi sincère met l’âme en relation immédiate avec Christ dans la puissance d’un lien qui doit nécessairement être antérieur à toute association ecclésiastique, quelque importante qu’elle puisse être — un lien qui perdurera quand toutes les associations terrestres auront été dissoutes pour jamais. Nous n’arrivons pas à Christ par l’Assemblée. Nous arrivons d’abord à Christ, puis à l’Assemblée. Christ est notre vie, et non pas l’Assemblée. Sans doute, la communion de l’assemblée est des plus précieuse, mais il y a quelque chose au-dessus et au-delà, et c’est de ce quelque chose dont « la foi sincère » s’empare. Timothée avait cette foi habitant en lui avant même qu’il entre dans la maison de Dieu. Il était en lien avec le Dieu de la maison avant son association manifeste avec la maison de Dieu.
Il est bon d’être au clair à ce sujet. Nous ne devons jamais abandonner la vive individualité qui caractérise « la foi sincère ». Nous devons la porter avec nous tout au long des scènes et des circonstances, des liens et des associations de notre vie et de notre service chrétiens. Nous ne devons pas nous occuper de simples positions d’église ou nous appuyer sur une machinerie religieuse ou être portés par une routine de devoir, ou nous accrocher au support sans valeur de la sympathie sectaire ou de la préférence de dénomination. Cultivons ces affections fraîches, vivantes et puissantes qui ont été formées dans notre cœur quand nous avons connu le Seigneur au commencement. Que les belles fleurs de notre printemps soient suivies, non pas de l’aridité et de la stérilité, mais de ces douces grappes qui proviennent de la relation réalisée avec la racine.
Trop souvent, il en va autrement. Trop souvent, le jeune chrétien sérieux, zélé et simple de cœur se perd dans un membre d’une secte fanatique et à l’esprit étroit, ou dans le défenseur intolérant de quelque opinion particulière. La fraîcheur, la douceur, la simplicité, la tendresse et la vive affection de nos premiers jours sont rarement conservés dans les étapes ultérieures de l’âge adulte plein de vigueur ou dans le grand âge mûr. Très souvent, on trouve une profondeur de ton, une richesse d’expérience, d’élévation morale, dans les premières étapes de la vie chrétienne, qui font trop vite place à un formalisme froid dans la marche personnelle, ou à une simple énergie pour défendre quelque système théologique stérile. Combien il est rare que se réalisent ces paroles du psalmiste : « Ils porteront des fruits encore dans la blanche vieillesse, ils seront pleins de sève, et verdoyants » (Ps. 92, 14).
En vérité, nous manquons tous à cultiver plus diligemment une « foi sincère ». Nous avons besoin d’entrer avec plus de vigueur spirituelle dans la puissance du lien qui nous attache individuellement à Christ. Cela nous rendrait « pleins de sève et verdoyants », même dans le grand âge. « Le juste poussera comme le palmier, il croîtra comme le cèdre dans le Liban. Ceux qui sont plantés dans la maison de l’Éternel fleuriront dans les parvis de notre Dieu ». Nous souffrons matériellement en permettant à ce qui est appelé la communion chrétienne d’interférer avec notre relation personnelle et notre communion avec Christ. Nous sommes trop enclins à substituer la communion avec l’homme à la communion avec Dieu — à marcher dans les traces de notre prochain, plutôt que dans celles de Christ — à regarder autour de nous plutôt qu’en haut, pour trouver la sympathie, le soutien et l’encouragement.
Ce ne sont pas là les fruits d’une « foi sincère » ; mais tout le contraire. Cette foi est aussi rayonnante et énergique au milieu des solitudes d’un désert que dans le sein d’une assemblée. Son affaire immédiate et qui l’absorbe toute est avec Dieu Lui-même. « Il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible ». Elle fixe son regard sérieux sur les choses qui ne se voient pas et qui sont éternelles. « Elle entre jusqu’au-dedans du voile ». Elle vit au milieu des réalités invisibles d’un monde éternel. Ayant conduit l’âme aux pieds de Jésus, pour y trouver un plein pardon final de tous ses péchés par Son sang très précieux, elle la porte en avant majestueusement, à travers tous les lacets et les labyrinthes de la vie du désert, et lui permet de savourer les brillants rayons de la gloire milléniale.
Ainsi en est-il pour ce premier précieux élément de la provision divine pour « les temps fâcheux » — cette « foi sincère ». Nul ne peut jamais avancer sans elle, que le temps soit paisible ou fâcheux, facile ou difficile, rude ou doux, sombre ou brillant. Si un homme est dépourvu de cette foi, profondément implantée et soigneusement cultivée en lui, il tombera tôt ou tard. Il peut être encouragé pour un temps par les impulsions des circonstances environnantes et leur influence. Il peut être soutenu et porté par ses coreligionnaires. Il peut flotter le long du courant de la profession religieuse. Mais très certainement, s’il n’est pas animé d’une « foi sincère », le temps approche rapidement où c’en sera fini de lui pour toujours. Les « temps fâcheux » atteindront bientôt leur paroxysme. Alors viendra l’affreuse crise du jugement, à laquelle nul n’échappera sinon les heureux possesseurs d’une « foi sincère ». Que Dieu accorde à mon lecteur d’être un de ceux-ci ! Si c’est le cas, tout est sûr pour jamais.
En deuxième lieu, nous considérerons maintenant « le solide fondement ». « Toutefois le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau : Le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et : Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur » (2 Tim. 2, 19). Au milieu de tout le « trouble », de la « dureté », des « disputes de mots », des « discours vains et profanes », des erreurs de « Hyménée et Philète » — au milieu de tous ces divers caractères des « temps fâcheux », combien il est précieux de pouvoir compter sur le solide fondement de Dieu. L’âme qui est édifiée dessus, dans l’énergie divine de « la foi sincère », est capable de résister à la marée du mal qui monte rapidement — est pourvue divinement pour les temps les plus épouvantables. Il y a un bon lien moral entre la foi sincère dans le cœur de l’homme et le solide fondement posé par la main de Dieu. Tout peut tomber en ruine. L’Assemblée peut partir en miettes, et tous ceux qui l’aiment peuvent n’avoir qu’à s’asseoir et pleurer sur ses ruines, mais là demeure ce fondement impérissable posé par la propre main de Dieu, contre lequel la marée déferlante de l’erreur et du mal peut se jeter avec toute sa fureur sans avoir aucun effet, sinon de montrer la stabilité éternelle de ce Rocher et de tous ceux qui sont édifiés dessus.
« Le Seigneur connaît ceux qui sont siens ». Il y a beaucoup de fausse profession, mais l’œil de l’Éternel repose sur tous ceux qui Lui appartiennent. Nul d’entre eux n’est, ou ne peut jamais être oublié de Lui. Leurs noms sont gravés sur Son cœur. Ils Lui sont précieux du fait du prix qu’Il a payé pour eux, et qui n’est rien de moins que le « précieux sang » de Son propre Fils bien-aimé. Aucun mal ne peut leur arriver. Aucune arme dirigée contre eux ne peut prospérer. « Le Dieu d’ancienneté est leur demeure, et au-dessous sont les bras éternels ». Quelle riche et ample provision pour « les temps fâcheux » ! Pourquoi craindrions-nous ? Pourquoi serions-nous inquiets ? Ayant en nous une foi sincère et le fondement de Dieu au-dessous, c’est notre heureux privilège de poursuivre, avec des cœurs tranquillisés, notre chemin en avant et vers le haut, dans l’assurance que tout est bien et tout sera bien.
« Je connais mes brebis », crie-t-Il, « Mon âme les apprécie bien : Le déguisement traître du monde est vain, Et vaine la rage de l’enfer. »
Il a été dit à juste titre que le sceau sur le fondement de Dieu a deux faces. L’une porte l’inscription : « Le Seigneur connaît ceux qui sont siens » ; l’autre : « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur ». Le premier est aussi apaisant que le dernier est pratique. Que la lutte et la confusion soient aussi grandes que possibles, que la tempête fasse rage et que le tourbillon se lève, que les ténèbres s’épaississent, que toutes les puissances de la terre et de l’enfer s’associent, « le Seigneur connaît ceux qui sont siens ». Il les a scellés pour Lui. L’assurance de ce fait est prévue pour maintenir le cœur dans un profond repos, que les « temps » soient aussi « fâcheux » que jamais.
Mais n’oublions jamais que chacun de ceux qui « invoquent le nom de Christ » est solennellement responsable de « se séparer de l’iniquité », où qu’il la trouve. Cela s’applique à tous les vrais chrétiens. Du moment que je vois quelque chose qui mérite l’épithète d’« iniquité », quoi que ce soit ou où que ce soit, je suis appelé à me « retirer » de cette chose. Je ne dois pas attendre que les autres voient comme moi, car ce qui peut sembler « iniquité » à l’un, peut ne pas sembler tel à un autre. C’est pourquoi c’est une question entièrement personnelle. « Que quiconque ». Le langage utilisé dans cette épître est très personnel, très fort, très intense. « Si quelqu’un se purifie ». « Fuis les convoitises de la jeunesse ». « Détourne-toi de telles gens ». « Toi, demeure ». « Je t’en adjure ». « Sois sobre en toutes choses, endure les souffrances ». « Garde-toi aussi de lui ». Voilà des paroles solennelles, sérieuses, importantes — des paroles qui montrent clairement que notre lot nous est échu dans des temps où nous ne devons pas nous reposer sur le bras ou regarder le visage de notre prochain.
Nous devons être soutenus par l’énergie d’une « foi sincère » et par notre relation personnelle avec le « solide fondement ». Nous serons ainsi capables, en laissant les autres faire ou penser ce qu’ils veulent, de « nous retirer de l’iniquité », de « fuir les convoitises de la jeunesse ». Nous pourrons nous « détourner » des adhérents d’une « forme de piété » sans puissance, où que nous les trouvions, et « nous garder » de tout « Alexandre, ouvrier en cuivre »[1]. Si nous permettons à nos pieds de s’écarter du rocher, si nous cédons aux impulsions des circonstances et des influences environnantes, nous ne serons jamais capables de progresser contre toutes les formes spéciales de mal et d’erreur, dans ces « temps fâcheux ».
Notre troisième point est « les saintes lettres » — cette précieuse part de tout « homme de Dieu ». « Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises, et que, dès l’enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le christ Jésus. Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre » (2 Tim. 3, 14-17). Ici, nous avons une riche provision pour « les temps fâcheux ». Nous avons besoin d’une connaissance complète de Celui de « qui nous avons appris », d’une connaissance développée, personnelle, expérimentale des « saintes lettres », cette fontaine pure d’autorité divine, cette source immuable de sagesse céleste que même un enfant peut posséder, et sans laquelle un sage doit errer.
Si quelqu’un ne peut pas rapporter toutes ses pensées, toutes ses convictions, tous ses principes à Dieu comme leur source vivante, à Christ comme leur centre vivant, et aux « saintes lettres » comme leur autorité divine, il ne sera jamais en mesure d’avancer dans ces « temps fâcheux ». Une foi de seconde main ne suffira jamais. Nous devons tenir la vérité directement de Dieu, par le moyen et d’après l’autorité des « saintes lettres ». Dieu peut utiliser un homme pour me montrer certaines choses dans la Parole, mais je ne les tiens pas de l’homme, mais de Dieu. C’est « savoir de qui tu les as apprises ». Quand c’est le cas, je suis capable, par grâce, d’avancer dans les ténèbres les plus épaisses et à travers tous les chemins tortueux du désert de ce monde. La lampe céleste de l’inspiration émet une lumière si claire, si pleine, si régulière, que sa clarté n’est rendue que plus manifeste par l’obscurité environnante. « L’homme de Dieu » n’est pas laissé à devoir boire les ruisseaux boueux qui coulent dans le canal de la tradition humaine. Avec le vase de la « foi sincère », il s’assied à côté de la fontaine toujours jaillissante des « saintes lettres », pour boire à ses eaux rafraîchissantes, à la pleine satisfaction de son âme altérée.
Il est digne de remarque que, bien que l’apôtre inspiré soit pleinement conscient, lorsqu’il écrivait sa première épître, de la « foi sincère » de Timothée et de sa connaissance depuis l’aube de son enfance des « saintes lettres », il ne fait pourtant pas allusion à ces choses jusqu’à ce que, dans sa seconde épître, il considère les caractères épouvantables des « temps fâcheux ». La raison en est évidente. C’est au milieu même des périls des « derniers jours » que l’on a le plus urgent besoin de la « foi sincère » et des « saintes lettres ». Nous ne pouvons pas avancer sans elles. Quand tout autour de nous est frais et vigoureux — quand tout porte en avant comme par une impulsion commune de dévouement authentique — quand chaque cœur est plein à déborder d’un attachement profond et sincère à la personne et à la cause de Christ — quand chaque visage rayonne d’une joie céleste — alors il est comparativement facile d’avancer.
Mais la condition des choses considérée en 2 Timothée est l’exact inverse de tout cela. Elle est telle, qu’à moins que quelqu’un ne marche près de Dieu, dans l’exercice habituel d’une « foi sincère » — dans la réalisation permanente du lien qui le relie indissolublement avec « le fondement de Dieu » — et dans une connaissance claire, indiscutable et exacte des « saintes lettres », il doit faire naufrage. C’est une considération profondément solennelle, bien digne de l’attention pleine et entière de mon lecteur, avec prière. Le temps est arrivé où chacun doit suivre le Seigneur selon sa mesure. « Que t’importe ? Toi, suis-moi ». Ces paroles tombent dans l’oreille avec une puissance unique, tandis que l’on cherche à se frayer un chemin au milieu des ruines de tout ce qui se rapporte à l’église.
Qu’on me comprenne bien. Je ne veux pas détourner l’attention, au moindre degré, de la valeur de la vraie communion d’assemblée ou de la divine institution de l’Assemblée et de tous les privilèges et responsabilités qui s’y attachent. Loin de moi cette pensée. Je crois pleinement que les chrétiens sont appelés à rechercher le maintien de ces principes très élevés de communion. De plus, nous sommes autorisés, par l’épître qui est maintenant ouverte devant nous, à nous attendre à ce que, dans les temps les plus sombres, les « vases purifiés » soient capables de « poursuivre la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » (2 Tim. 2, 22).
Tout cela est clair et a sa juste place et sa juste valeur, mais cela n’interfère en rien avec le fait que chacun est responsable de poursuivre un chemin de sainte indépendance, sans attendre d’approbation, de sympathie, de soutien ou de compagnie de son prochain. Il est vrai que nous devons être profondément reconnaissants pour la communion fraternelle, quand nous pouvons la trouver sur le vrai terrain. Aucun mot ne peut exprimer la valeur d’une telle communion. Que nous puissions la connaître toujours plus ! Que le Seigneur nous l’augmente au centuple ! Mais ne nous abaissons jamais à acheter la communion au prix élevé de l’abandon de tout ce qui est « aimable et de bonne renommée ». Que le nom de Jésus soit plus précieux à nos cœurs que tout le reste. Et que notre heureuse part sur la terre se trouve avec tous ceux qui aiment Son nom en vérité, comme ce sera le cas dans toute l’éternité, dans le domaine de la lumière et de la pureté immuables, en haut.
En quatrième lieu, un mot de conclusion sur « la couronne de justice ». « Car, pour moi, je sers déjà de libation, et le temps de mon départ est arrivé ; j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi : désormais m’est réservée la couronne de justice, que le Seigneur juste juge me donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui aiment son apparition » (2 Tim. 4, 6-8). Ici, le vénérable pèlerin prend sa position au sommet du mont Pisga spirituel, et avec un œil non affaibli, parcourt les brillantes plaines de la gloire. Il voit la couronne de justice scintillant dans la main du Maître. Il regarde en arrière la course qu’il a courue, et le champ de bataille où il a combattu. Il se tient aux confins de la terre et au milieu même des ruines de cette Assemblée dont il a suivi l’élévation et le progrès avec un si vif empressement, et sur le déclin et la chute de laquelle il a versé les larmes d’une affection tendre mais déçue ; et il fixe ses yeux sur le but de l’immortalité, qu’aucune puissance de l’ennemi ne peut l’empêcher d’atteindre en triomphe. Que ce soit par la hache de César qu’il doive atteindre ce but, ou par quelqu’autre moyen, cela importe peu à celui qui était capable de dire : « Je suis prêt ». Quelle vraie grandeur ! Quelle majesté morale ! Quelle noble élévation nous avons ici !
Pourtant, il n’y avait rien d’ascétique dans ce serviteur incomparable, car bien que sa vue soit pleine de la couronne de justice, bien qu’il soit prêt à marcher comme un vainqueur dans son char de triomphe, il sent néanmoins qu’il est parfaitement juste de donner des directions détaillées quant à son manteau et à ses livres. C’est divinement parfait. Cela nous enseigne que plus nous entrerons vivement dans les gloires du ciel, plus nous accomplirons fidèlement les fonctions de la terre. Plus nous réaliserons la proximité de l’éternité, plus nous mettrons en ordre de façon effective les choses temporelles.
Telle est, cher lecteur, l’ample provision faite par la grâce de Dieu pour « les temps fâcheux » par lesquels vous et moi passons maintenant. « Une foi sincère » — « le solide fondement » — « les saintes lettres » — et « la couronne de justice ». Que le Saint Esprit nous conduise à un profond sentiment de l’importance et de la valeur de ces choses ! Que nous aimions l’apparition de Jésus et attendions ardemment ce matin sans nuages où « le juste Juge » placera un diadème de gloire sur le front de chacun de ceux qui aiment vraiment Son apparition !