Qu’attendez-vous donc ?

Lettre à un ami

[Série de traités chrétiens n° 11]

Je n’ai pas cessé de penser à vous, mon cher ami, depuis notre conversation de ce matin. Je suis certain de servir Dieu en venant vous servir, c’est-à-dire en vous suppliant encore une fois de Sa part, de vous laisser réconcilier avec Lui, sans que, de votre côté, il y ait quoi que ce soit à faire. Acceptez une réconciliation toute prête. Dieu vous tend la main qui a signé votre pardon et qui a établi solidement les bases d’une paix parfaite avec Lui-même. Il n’a jamais été irrité contre vous. Il le sera finalement, si vous persistez à demeurer Son ennemi en rejetant le message de Son amour qui vous crie : Vous, mon adversaire, « soyez réconcilié avec moi » ; puis je serai votre Dieu et votre Père ; vous serez pardonné et revêtu de ma justice ; vous aurez la vie éternelle pour jouir de mon propre bonheur et de la gloire éternelle, en ma présence et dans mon intimité. Quelle offre gracieuse, quel amour gratuit et immérité !

Vous êtes malade ; mais cette maladie de votre corps n’est peut-être qu’une nouvelle et pressante invitation de Dieu à vous hâter de venir à Lui par Son Fils Jésus Christ, et j’espère que vous ne voudrez pas attendre le retour incertain de la santé de votre corps, avant de vous occuper du salut éternel de votre âme.

Un mur d’airain, m’avez-vous dit, vous sépare encore du Dieu d’amour. Quel est donc ce mur d’airain, sinon l’inimitié ou l’incrédulité de l’homme qui se détourne de Dieu pour s’attacher à la terre ? « Le nom de l’Éternel est une forte tour. Le juste y accourt et se trouve en lieu sûr. L’opulence du riche est sa forteresse et comme une haute muraille, dans son opinion ». Si vous savez que Dieu vous tend la main de réconciliation, et si c’est de cela que votre âme a besoin, pourquoi ne vous levez-vous pas pour aller à Jésus Christ, puisque « il est notre paix… lui qui a renversé le mur mitoyen de clôture, ayant aboli, dans sa chair, l’inimitié » ? Croyez-moi, cher ami, vous êtes resté assez longtemps accroupi au pied de cette sombre muraille qui vous cache la face de Dieu. Souvenez-vous de Jéricho : « Par la foi, les murs de Jéricho tombèrent après qu’on en eut fait le tour durant sept jours… ». Mais vous ne voulez pas croire que Dieu a établi Christ, Son Fils, pour être votre paix, aussi bien que pour être votre justice. Christ est mon espérance, simplement parce que j’ai cru le témoignage que Dieu a rendu au sujet de Son Fils. C’est la foi. La foi reçoit le témoignage de Dieu. Elle ne fait absolument rien autre que de recevoir, du moins en ce qui concerne le pardon, la justification, l’adoption, ou l’expiation et la rédemption : « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par le moyen de notre Seigneur Jésus Christ ». — « Car Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait être péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu, en lui ». Dieu a traité Christ, le Saint et le Juste, comme une victime expiatoire pour le péché ; Il L’a traité comme un pécheur ; Il L’a abandonné sous le poids de nos péchés ; Il L’a condamné et L’a laissé sous la malédiction de la croix — « pour nous » — à notre place et en notre faveur. Dieu a fait cela et Christ s’y est soumis en grâce, afin que « nous », afin que quiconque croirait cela, fût pleinement établi dans la justice de Dieu ; afin qu’il fût réputé juste de cette justice seule valable devant Dieu, et traité éternellement par Dieu comme tel (2 Cor. 5). Voilà, mon ami, le joyeux message que Dieu adresse à tous les pécheurs ; message que reçoivent simplement, humblement et avec adoration, tous ceux qui sentent leur état naturel de ruine ou leur misère, et qui cherchent à « fuir la colère à venir ».

Si vous m’aviez dit : Je n’ai aucune inquiétude quant à mes relations avec Dieu ; ou : Je n’ai ni désir ni besoin de réconciliation ou de pardon — j’aurais dû me borner à supplier le Seigneur de vous réveiller de ce lourd sommeil de mort. Mais vous aspirez à la paix ; c’est ce qui m’engage à vous écrire de la part du Seigneur : « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ». Dieu ne peut mentir. Si donc quelqu’un n’est pas justifié dans son âme et dans sa conscience, s’il n’a pas dans son cœur la paix avec Dieu, c’est qu’il n’a jamais eu réellement ce que Jésus, le Seigneur, appelle « la faim et la soif de la justice ». Il s’est tenu loin de la source. Il attend, il cherche, sans doute, d’autres choses que cette justice. Faux calcul, s’il en fut jamais ! Car le Seigneur Lui-même a encore dit : « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice et toutes choses vous seront données par-dessus » (Matt. 5, 6 ; 6, 33). Si donc une âme désire quoi que ce soit qui puisse lui être utile ou nécessaire selon Dieu, et si elle cherche premièrement le royaume de Dieu et sa justice, elle obtiendra le reste par-dessus.

Un pauvre mendiant presque nu dans ses haillons, mourant de faim, de froid et de fatigue, veut aller sonner à votre porte ; vous l’avez prévenu ; vous êtes sorti au-devant de lui ; vous l’avez invité à entrer, à se reposer, à se chauffer, à manger et à boire ; pour qu’il soit à son aise et qu’il puisse se réjouir dans votre belle maison, vous lui donnez, sur le seuil de la porte, de vos propres vêtements. S’il eût été votre ennemi pendant toute sa vie, vous auriez fait pour lui infiniment moins que ce que Dieu a fait pour vous. Ce ne serait pas vous, en effet, qui auriez poussé le mendiant à entrer dans votre cour et à s’adresser à vous ; tandis que Dieu le Père poursuit les pécheurs en les suppliant de se laisser réconcilier avec Lui. C’est Lui-même qui les pousse et les attire vers Son Fils Jésus Christ, les invitant à se revêtir de Sa justice, à mettre Son anneau à leur main. Il vous exhorte à entrer pour manger le veau gras, pour vous réjouir avec Lui et avec toute Sa maison, de la joie qu’Il éprouve à vous recevoir dans Ses bras. Le Père vous appelle ; la porte est ouverte ; toute la maison vous attend — mais, ô folie de l’incrédulité ! le misérable ne veut pas entrer. S’il a faim, soif et froid, il est donc assez insensé pour ne plus sentir réellement ses misères. Il a l’air de demander moins que Dieu ne lui offre, et cependant il s’obstine à rester dehors, à se plaindre, à sonner pendant des heures, des jours, des nuits, des semaines, des mois et des années, pour mendier un peu de pain de celui qui le supplie d’accepter tout ce qu’il possède : « Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas gratuitement aussi, avec lui, toutes choses ? ». Un besoin vrai, un sincère désir de sortir de son misérable état manquent, devant Dieu, à cet homme qui s’obstine à demander ce que Dieu le supplie d’accepter. Certes il est bien digne de toute la pitié des malheureux habitants de la maison. Il s’abuse lui-même sur cette question de vie ou de mort. Sa voix, ses gestes demandent l’aumône, mais au fond de son cœur, il est attaché à son état de mendiant, lié à ses habitudes de vagabondage : « Nous sommes de Dieu ; celui qui connaît Dieu nous écoute ; celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute pas : à ceci nous connaissons l’esprit de la vérité et l’esprit de l’erreur » (1 Jean 4, 6).

Jamais Moïse n’aurait opéré la délivrance d’Israël, s’il se fût borné à la demander à l’Éternel qui venait de la lui promettre et qui, seul, pouvait la donner. Dans son angoisse, Moïse criait à l’Éternel et, certes, il y avait lieu de le faire au milieu d’un peuple en révolte, cerné par les puissantes armées de Pharaon et par la mer Rouge. Alors « l’Éternel dit à Moïse : Que cries-tu à moi ? Parle aux enfants d’Israël ; qu’ils marchent. Et toi élève ta verge… » (Ex. 14, 15). Du côté de Dieu tout était prêt. Pour en profiter, il n’y avait pas un moment à perdre, rien du tout à attendre. Il fallait — comptant sur la parole de Dieu — se lever et agir.

Dieu, qui est riche en miséricorde, ne se lasse point de vous tendre les bras en vous présentant Christ, le gage et le grand trésor de Son amour parfait envers les pauvres pécheurs. Christ Lui-même vous appelle : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos » (Matt. 11, 28). Le moment viendra pourtant, où le maître de la maison fermera la porte et où, répondant à ceux qui seront restés dehors, il leur dira : « Je ne sais d’où vous êtes… retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers d’injustice ». Ah ! n’attendez pas jusque-là. Il y en aura plus d’un, plus d’un millier et plus d’un million qui seront laissés dehors pour avoir refusé d’entrer dans la maison sur l’unique principe de la foi qui accepte tout simplement l’invitation de Dieu — pour avoir voulu se rendre dignes d’entrer, en heurtant, ou en sonnant, ou en priant, ou en faisant d’abondantes et riches aumônes, des fondations pieuses — que sais-je encore ? — en faisant tout, excepté ce que Dieu dit de faire ; tout, excepté de prendre le seul chemin qui est Christ ; tout, excepté d’entrer par l’unique porte qui est Christ. Il n’y a rien du tout à faire ni avant d’entrer, ni afin de pouvoir entrer ; il n’y a qu’à passer par la porte. Dès qu’on est dans le vestibule, on est déjà vêtu. Tout le reste se trouve dans la maison. Dieu veut qu’on L’honore. Il ne tolère pas ces grimaces que la politesse du monde appelle « des façons ». On honore Dieu en Lui obéissant, c’est-à-dire en allant à Christ, lorsqu’Il dit : « Venez à moi ! ».

Qu’attendez-vous donc, mon ami ? Je m’en souviens. Vous me disiez, n’est-ce pas ? « Puisque je n’ai pas encore pu croire, puisqu’il n’y a rien d’autre à faire pour être sauvé, je n’ai donc qu’à attendre ». Attendre quoi ? je vous prie. Le jour de demain ? « Vous qui ne savez pas ce qu’il en sera du lendemain, car qu’est-ce que votre vie ? Car elle est une vapeur paraissant pour un peu de temps et puis disparaissant ». « Souvenez-vous de la femme de Lot » (Jacq. 4, 14 ; Luc 17, 23-33). Prenez garde à vous-même de peur que le jour du Seigneur ne vienne sur vous à l’improviste, « car il viendra comme un piège sur tous ceux qui habitent sur la face de toute la terre ». Pendant que vous êtes encore « en chemin », acceptez la réconciliation, de peur qu’arrivé vers le juge, vous ne puissiez pas « subsister devant le Fils de l’homme » (Luc 12, 58, 59 ; 21, 36, sqq.).

Il est bien vrai que tout est pure grâce gratuite dans le salut d’un pécheur. Comme qu’on l’envisage à la lumière de la Parole, c’est toujours l’œuvre de Dieu pour nous et l’œuvre de Dieu en nous (Rom. 9, 16 ; Phil. 1, 6 ; 2, 13 ; 2 Cor. 1, 20 ; 5, 21). Tout est don gratuit de Dieu, à l’homme ou dans l’homme, par l’énergie de l’Esprit de Dieu. Christ Jésus tout entier ; les besoins par lesquels la grâce nous pousse vers Christ ou nous attire à Lui ; la foi qui Le saisit ; le Saint Esprit qui nous affranchit, nous conduit et nous transforme de gloire en gloire à la même image — tout cela et le reste « vient de Dieu qui nous a réconciliés avec lui-même, par le moyen de Jésus Christ » (2 Cor. 3, 18 ; 5, 18). Accordez-en la moindre parcelle à l’homme, vous aurez diminué d’autant la gloire de Dieu. Or, cette vérité convainc l’homme d’une impuissance radicale : « Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu ». Au contraire ! Dieu n’a-t-Il pas réveillé votre conscience et suscité, dans votre âme, des besoins de paix ! Cette grâce, qui vous sollicite en vain, découvre votre état d’inimitié et cette inimitié se manifeste par l’incrédulité qui rejette les appels et les avances du Dieu de toute grâce aux pauvres pécheurs.

En effet, qui pourrait satisfaire les besoins de votre âme, si ce n’est Dieu qui les a produits ? Et, de fait, Dieu a répondu à l’avance à ces besoins. Il ne crée la faim et la soif de la justice qu’après avoir établi et annoncé « Christ, fin de loi, en justice pour tout croyant ». Si vous vouliez seulement vous laisser guider par vos besoins et si ces besoins étaient réellement enracinés dans votre âme, ils vous conduiraient infailliblement vers Celui dont ils sont comme une voix qui crie à votre âme : « Crois au Seigneur Jésus Christ et tu seras sauvé » (Act. 16, 31). Si au lieu de vous tourner vers cette voix, vous vous tournez vers vous-même, vous n’y pouvez rencontrer, finalement, rien qu’une sentence radicale d’impuissance et de mort. Inscrivez-la dans votre cœur, je le veux bien. Le sentiment profond de votre impuissance fera votre sûreté ; et la puissance de Dieu se manifestera en vous dès qu’elle y trouvera la place libre pour y agir. Oui, dites : « Je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite rien de bon » ; dites-le ; mais surtout sachez-le, croyez-le, soyez-en pénétré. Cette conviction, jointe à vos besoins de paix et de pardon, vous amènera à Christ et vous liera toujours plus étroitement à Lui qui est « la puissance de Dieu, en salut à tout croyant ». Dieu vous attire vers Jésus ; toute Sa Parole Lui rend témoignage ; mais, dit le Seigneur : « Vous scrutez les Écritures, parce que vous pensez avoir par elles la vie éternelle ; et ce sont elles qui rendent témoignage de moi ; et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ». Tout est perverti chez l’homme naturel, mais principalement sa volonté et ses désirs qui sont complètement aliénés et détournés de Dieu. L’homme voudrait bien avoir la vie, mais il ne veut pas aller à Christ qui est la vie. Il cherche autre chose que la vie éternelle, ou bien il la cherche partout où Dieu ne l’a pas mise.

Mais, répond l’homme qui désire se soustraire à l’appel de Dieu : « Je ne peux pas croire ». À Dieu ne plaise que mes raisonnements servent à détourner de votre conscience la pointe ou le tranchant de cette parole de Jésus : « Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie éternelle ». Vous me répondez : « mais je ne peux pas », vous faisant — pour votre malheur — un bouclier de la corruption qui vous tient éloigné de Dieu. Ne sentez-vous pas, mon cher ami, que vous vous appuyez sur la sentence qui doit vous condamner ? Le Fils de Dieu, Celui qui sait ce qu’il y a dans l’homme, aussitôt après avoir dit : Vous ne voulez pas, ajoute : « Comment pouvez-vous croire ? ». Le Seigneur montre à ceux qui L’écoutent que leur volonté et leurs désirs, tournés vers les choses d’en bas, les détournaient de la grâce de Dieu que le Christ leur apportait : « Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie »… « Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez de la gloire les uns des autres, et qui ne cherchez pas la gloire qui vient de Dieu seul ? ». La pensée de la chair est mort ; elle est inimitié contre Dieu. Appelez cela indépendance, péché, incrédulité, inimitié, vous aurez toujours raison, car vos paroles seront conformes à la Parole de Dieu. Mais souvenez-vous que « lorsque nous étions encore sans force, Christ mourut, dans le moment convenable, pour des impies » (Rom. 5, 6) — à leur place et en leur faveur. Souvenez-vous que c’est contre cette grâce ineffable que votre incrédulité combat.

Souvenez-vous que le même Seigneur a dit encore : « Vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis » (lisez pour les passages qui nous occupent dans ce moment : Jean 5, 39 à 44 ; 10, 26). Que Dieu veuille appliquer cette parole à votre conscience ; qu’elle y pénètre et y agisse jusqu’à ce qu’elle vous manifeste comme étant une des bienheureuses brebis du Seigneur. Dieu veuille, cher ami, qu’aujourd’hui même, vous puissiez dire : « Hier encore, cette parole m’était applicable ; alors elle me paraissait dure. Aujourd’hui c’est pour moi une parole de vérité. Aujourd’hui je suis une de Ses chères brebis ; j’ai connu la voix du bon Berger qui m’appela si longtemps en vain. Je sais qu’Il a laissé Sa vie, pour moi aussi. Aujourd’hui je peux me réjouir pour mon propre compte et pour celui de tout le troupeau, lorsque Jésus nous dit : Mes brebis entendent ma voix, et je les connais, et elles me suivent ; et je leur donne la vie éternelle ; et elles ne périront jamais ; et nul ne les ravira de ma main. Mon Père qui me les a données est plus grand que tous ; et nul ne peut les ravir de la main de mon Père. Moi et le Père sommes un ».

L’homme ira s’abriter derrière toutes sortes de retranchements, plutôt que de recevoir la grâce. Ne pouvant nier son état d’inimitié, il essaye d’en jeter la responsabilité sur Dieu qui lui offre la paix. « Puisque la foi est indispensable, dira-t-il, et que je n’ai rien autre à faire que d’aller à Christ, je n’ai donc plus qu’à attendre que la foi me vienne ! ». Mais Dieu vous dit précisément le contraire. Il vous ordonne de croire. Y a-t-il au monde une seule raison qui puisse détruire votre responsabilité en face d’un commandement quelconque de Dieu ? Dans ce cas-ci Dieu est-Il injuste en vous ordonnant de croire ? Ou bien doit-Il être coupable de votre incrédulité ? Dieu est venu dans la personne de Son Fils. Repoussé par les pécheurs, Jésus s’est offert et livré Lui-même, sans tache, à Dieu pour notre rançon. Ensuite Dieu L’a ressuscité d’entre les morts à cause de notre justification. La grâce de Dieu, la toute-puissante grâce, fait le siège du mur d’airain de votre incrédulité. Qui vous justifiera si vous lui résistez ? En contemplant seulement Christ sur la croix — en acceptant Son sacrifice, vous entreriez à l’instant (selon les privilèges de la foi) dans la position de Christ Lui-même devant Dieu et avec Dieu. Vous seriez « en Christ ». Allez donc à Christ, réfugiez-vous en Christ, avant de penser à faire quoi que ce soit ; car Lui-même a dit : « Hors de moi, vous ne pouvez rien faire ». Il faut d’abord que vous soyez en Christ. Alors et seulement alors, nous parlerons de faire ; alors et seulement alors, nous aurons assez à faire et jamais, à notre propre jugement, nous ne ferons assez pour Celui qui s’est anéanti pour nous jusqu’à la mort infâme de la croix.

La foi seule nous rend capables de vouloir ce que Dieu veut et de faire Sa volonté. Croire en Son Fils Jésus Christ, c’est le premier, mais le suprême acte de la foi : tous les autres découlent de celui-là ; sans lui la foi n’existe pas. Pouvez-vous espérer de plaire à Dieu en faisant quoi que ce soit, pendant que vous continuez à Le traiter comme un menteur (1 Jean 5, 10), en refusant de croire ce qu’Il annonce au sujet de Son Fils ? C’est impossible ! N’attendez donc pas une demi-seconde de plus. Qu’attendriez-vous encore ? Que la grâce vous vienne ? Mais elle est venue en Jésus Christ ; elle est venue à vous aussi. Écoutez le message qu’elle vous adresse sans cesse et sans relâche, encore aujourd’hui et depuis si longtemps. « Aujourd’hui » est un jour très favorable et un jour de salut. Si même « aujourd’hui » était à nous tout entier, cependant demain ne nous appartient point. Pendant cet « aujourd’hui », n’endurcissez donc pas votre cœur contre la voix du Seigneur qui vous invite à entrer et à vous approcher de Dieu.

Voici toute la question : Comment et sur quel pied pouvez-vous vous approcher de Dieu ? Si c’est simplement comme pécheur, vous rencontrez Dieu pour votre juge. Cette position, qui est encore la vôtre, aboutit au jugement éternel, puis à la seconde mort. Il faut en sortir à tout prix. Vous y demeurez en fuyant le Dieu de l’évangile et en continuant à mépriser Ses invitations. C’est ainsi que s’approche, toujours plus sombre, le moment fatal où vous ne pourrez éviter la rencontre du Juge. Que ferez-vous alors, si vous êtes encore « dans vos péchés » ? Oh ! écoutez Sa voix qui vous supplie d’être réconcilié avec Lui par Jésus. Aujourd’hui même, allez à Dieu comme un pauvre pécheur repentant, comme un misérable mendiant, couvert de lèpre, dévoré par la faim et la soif. Ce sont vos titres à « la miséricorde qui se glorifie vis-à-vis du jugement ». Sur ce pied-là, entrez hardiment ; car c’est sur ce pied que l’amour de Dieu vous invite. Vous rencontrerez Christ et l’amour du Père ; vous serez revêtu de la justice de Dieu au moment où vous toucherez le seuil de la porte. Une fois dans la maison, vous y trouverez plus de biens, de richesses, de bénédictions, de paix et de bonheur que vous n’en sauriez désirer et demander dans votre incrédulité actuelle. Attendre encore, c’est continuer à refuser ce que Dieu vous offre ; c’est prouver que vous n’en voulez rien — quelles que soient les apparences dont vous vous revêtez ; c’est résister à la grâce et mépriser le Dieu de toute grâce, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ.

« Telle voie semble droite à l’homme ; mais elle aboutit au chemin de la mort » (Prov. 16, 25). Le monde vous propose plusieurs sentiers qui, selon lui, mènent à la vie éternelle ; mais ce sont les sentiers du labyrinthe de la perdition, propriété de Satan. Il n’y a qu’un seul chemin ; c’est Christ. Le monde vous propose plusieurs portes qui doivent, selon lui, vous introduire dans le ciel. Passez outre sans y frapper ; sans même les regarder. Si belles et si larges qu’elles vous paraissent, elles n’en conduisent pas moins aux oubliettes de Satan. Là viennent s’engloutir tous ses esclaves, tous ceux qui recherchent quelque autre liberté que celle qui est en Christ. Pour les brebis de Jésus, il n’y a qu’une seule porte. C’est Christ ! Aucun secours, aucune bénédiction ne manqueront à celui qui suit ce chemin, à celui qui est entré par cette porte pour s’approcher de Dieu. Si Christ est le chemin et la porte de Ses brebis, Il est aussi leur vie, leur nourriture et tout le reste. Cette feuille ne pourrait pas contenir la simple nomenclature de ce que Christ est de la part de Dieu, pour un pauvre pécheur repentant qui vient à Lui. Un seul nom, au contraire, nom redoutable et terrible, dit tout ce que Christ sera pour le monde en général (Act. 17, 31 ; 2 Thess. 1, 7-10) et pour tous ceux qui « n’obéissent point à la bonne nouvelle de notre Seigneur Jésus Christ ». Ils l’auront pour juge. « Là seront les pleurs et les grincements de dents !… ».

Hâtez-vous donc ; allez à Christ « avant que les jours des maux arrivent et que les années viennent, dont vous direz : Je n’y ai point de plaisir ! ». Dieu ne répond-Il pas à chaque cri de votre conscience, en vous présentant le sang de Son Fils ? Serez-vous sage ou juste en refusant de placer sous l’aspersion de ce sang votre cœur qui, une fois purifié ainsi, se trouverait rempli de paix et de joie par le Saint Esprit ? L’inimitié de la chair contre la grâce de Dieu ; l’incapacité naturelle de l’homme à recevoir cette grâce, ne sont point des excuses, mais seulement des preuves de son infaillible et juste condamnation dans cet état-là. Vouloir s’en faire une excuse pour repousser Christ, n’est que la manifestation de l’esprit de révolte qui gouverne l’homme naturel. « Dans le jour où Dieu jugera les choses secrètes des hommes selon ma bonne nouvelle, par Jésus Christ », Dieu seul sera trouvé véritable « et tout homme menteur »« afin que toute bouche soit fermée et que tout le monde soit sous la condamnation devant Dieu ».

C’est à cause de cela que je vous écris avec toute sorte d’affection et de sympathie, par un effet de la grâce de notre « Dieu patient envers tous, qui ne veut pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance ». C’est dans la conviction où je suis, que Dieu est amour et qu’Il vous appelle, que je vous supplier de choisir votre chemin sans retard. Suivez celui que vous trace l’amour de notre « Dieu Sauveur qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité ».

Cette lettre prend des proportions auxquelles je ne m’attendais pas en la commençant. Je n’y retrancherai rien, mon cher ami, parce que j’ai la conviction de n’avoir pas écrit une ligne sans les sentiments d’amour qui convenaient dans de telles circonstances. C’est ainsi que je vous prie d’accepter l’assurance de mon sincère intérêt pour ce qui vous concerne.