Que dois-je lire ?

Une question actuelle
(Traduit de l’anglais)
C.H. Mackintosh

[Courts articles 61]

La question qui forme le titre de cet article est d’un grand poids et d’une importance très pratique. Elle implique beaucoup plus que ce que nous voudrions admettre. Il est courant de dire : « Montrez-moi votre compagnie, et je vous dirai ce que vous êtes ». On pourrait dire, tout aussi justement : « Montrez-moi votre bibliothèque, et je vous dirai vous en êtes ». Nos lectures peuvent bien être prises comme le grand indicateur de notre condition morale, intellectuelle et spirituelle. Nos livres sont notre nourriture mentale et spirituelle, le matériau dont se nourrit l’homme intérieur. De là le sérieux de toute la question de la lecture d’un chrétien. De fait, nous pouvons ouvertement reconnaître devant nos lecteurs que ce sujet nous a beaucoup occupés, ces derniers temps. C’est pourquoi nous nous sentons contraints, par fidélité au Seigneur et à l’âme de nos lecteurs, d’offrir quelques mots d’avertissement en regard de ce que nous considérons comme un sujet très important pour tous les chrétiens.

Nous observons avec une profonde inquiétude une répugnance croissante pour la lecture solide, en particulier parmi les jeunes chrétiens, bien que cela ne se limite pas à eux. Journaux, nouvelles religieuses, récits sensationnels, toute sorte de littérature empoisonnée et mauvaise sont avidement dévorés, alors que des volumes de la vérité la plus importante et la plus précieuse restent négligés sur l’étagère.

Nous considérons tout ceci comme très déplorable. Nous le voyons comme une indication très alarmante d’une condition spirituelle basse. En effet, il est difficile de concevoir comment quelqu’un qui possède une seule étincelle de vie divine peut trouver du plaisir dans des ordures qui souillent telles qu’on les voit de nos jours dans les mains de beaucoup de ceux qui occupent le terrain élevé de la profession chrétienne. L’apôtre inspiré exhorte tous les chrétiens, « à désirer ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel de la Parole, afin que vous croissiez par lui ». Comment pouvons-nous croître si nous négligeons la Parole de Dieu, tout en dévorant les journaux et des livres légers et vains ? Comment est-il possible, pour un chrétien, d’être dans une bonne condition d’âme, quand il peut à peine trouver quelques moments à la hâte pour faire courir ses yeux sur un verset ou deux de l’Écriture, mais qu’il peut consacrer des heures à des lectures légères et inutiles ? Nous pouvons compter là-dessus : nos lectures prouvent sans doute possible ce que nous sommes et où nous en sommes. Si nos lectures sont légères et frivoles, notre état sera de même. Si notre christianisme est d’un type solide et sérieux, il sera clairement mis en évidence par nos lectures habituelles et volontaires — la lecture vers laquelle nous nous tournons pour notre récréation et notre rafraîchissement.

Certains pourraient dire : « Nous ne pouvons pas toujours lire la Bible et de bons livres ». Nous répondons simplement que la nouvelle nature ne se préoccupe jamais de lire autre chose. Or la question est, si nous voulons servir la vieille nature ou la nouvelle ? Si c’est cette dernière, nous pouvons être assurés que les journaux et la littérature légère ne sont pas les moyens à employer. Il est impossible qu’un chrétien vraiment spirituel et sérieux puisse trouver du plaisir dans de telles lectures. Il se peut qu’un chrétien engagé dans les affaires ou dans une vie d’office public ait l’occasion, en lien avec son affaire ou son devoir officiel, de se référer à un journal, mais c’est une chose tout à fait différente que de trouver son vrai plaisir et sa récréation dans de telles lectures. Il ne trouvera pas la manne cachée ou le vieux blé du pays de Canaan dans le journal. Il ne trouvera pas Christ dans une nouvelle à sensation.

C’est une chose pauvre et bien basse d’entendre un chrétien dire : « Comment pouvons-nous toujours lire la Bible ? » ou « Quel mal y a-t-il à lire un livre d’histoire ? ». Toutes ces questions mettent en évidence le fait que l’âme s’est éloignée de Christ. C’est ce qui rend cela si sérieux. Le déclin spirituel doit s’être installé et avoir fait des progrès alarmants, avant qu’un chrétien puisse penser poser de telles questions. C’est pourquoi il est peu utile de discuter du bien ou du mal des choses. Il n’y a pas d’aptitude à discuter justement, pas de capacité pour peser les preuves. Toute la condition spirituelle et morale est mauvaise. « La mort est dans la marmite ». Ce qui est nécessaire est une restauration complète de l’âme. Vous devez « apporter de la farine », ou en d’autres termes, appliquer un remède divin pour répondre à l’état désastreux de la constitution.

Nous nous sentons pressés dans notre esprit d’appeler l’attention sérieuse du lecteur chrétien sur cette grande question pratique. Nous estimons qu’il s’agit d’une affaire des plus sérieuses. Le ton spirituel extrêmement bas du christianisme parmi nous est dû, dans bien des cas, à la lecture d’une littérature légère et sans valeur. L’effet moral de celle-ci est très nuisible. Comment une âme peut-elle prospérer, comment peut-il y avoir croissance dans la vie divine, là où il n’y a pas de véritable amour pour la Bible ou pour les livres qui déroulent devant nos âmes son précieux contenu ? Est-il possible qu’un chrétien puisse être dans une bonne condition d’âme, s’il préfère en réalité quelque œuvre légère à un volume conçu pour une vraie édification spirituelle ? Nous ne pouvons pas le croire. Nous sommes persuadés que tous les chrétiens droits de cœur et sérieux — tous ceux qui désirent vraiment avancer dans les choses divines, tous ceux qui aiment véritablement Christ et désirent le ciel et les choses célestes — tous ceux-ci seront trouvés lisant diligemment les saintes Écritures, et profitant avec reconnaissance de tous les bons livres utiles qu’ils peuvent trouver à leur portée. Ils n’ont ni temps ni goût pour les journaux ou la littérature légère. Pour eux, il ne s’agit pas du bien ou du mal de telle lecture : ils n’ont simplement aucun désir pour elle, ne la désirent pas, ne voudraient pas l’avoir. Ils ont quelque chose de bien meilleur. « Qui regretterait de laisser les cendres, quand il est invité à se régaler du pain des anges ? ».

Nous espérons que nos lecteurs supporterons que nous écrivions de façon si claire et si directe. Nous nous sentons contraints de le faire, en voyant le tribunal de Christ. Que nous puissions écrire sur le sujet avec autant de ferveur que nous le ressentons. Nous considérons que c’est une question très pratique et des plus importantes qui puisse retenir notre attention. Nous supplions le lecteur chrétien de fuir et d’interrompre toute lecture légère. Que chacun de nous se pose la question, quand il va prendre un livre ou un journal : « Aimerais-je que mon Seigneur vienne et me trouve avec cela en main ? Ou puis-je le prendre dans la présence de Dieu et demander Sa bénédiction sur sa lecture ? Puis-je le lire à la gloire du nom de Jésus ? ». Si nous ne pouvons pas répondre « oui » à ces questions, alors, par la grâce de Dieu, jetons loin le journal ou le livre, et consacrons nos instants gagnés à la bienheureuse Parole de Dieu ou à quelque ouvrage spirituel écrit à son sujet. Nos âmes seront alors nourries et fortifiées ; nous croîtrons dans la grâce et la connaissance et l’amour de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, et les fruits de la justice abonderont dans notre vie pratique, à la gloire de Dieu.

Peut-être que quelques-uns de nos amis voudraient répudier tout à fait l’habitude de lire des écrits humains. Il y en a qui prennent la position de ne lire rien d’autre que la Bible. Ils nous disent qu’ils trouvent tout ce dont ils ont besoin dans ce volume incomparable, et que les écrits humains sont une entrave plutôt qu’une aide.

Eh bien, quant à ceci, chacun doit en juger pour lui-même. Nul ne peut être une règle pour un autre. Mais nous ne pouvons certainement pas prendre une position aussi élevée. Nous bénissons chaque jour le Seigneur toujours davantage pour toutes les aides de grâce qui nous sont données par le moyen des écrits de Ses bien-aimés serviteurs. Nous les considérons comme une source très précieuse de rafraîchissement et de bénédiction spirituelle découlant de notre Tête glorifiée dans les cieux, pour laquelle nous ne pouvons jamais assez Le louer. Nous devrions tout aussi bien songer à refuser d’écouter un frère qui parle dans l’assemblée, que refuser de lire ses écrits, car que sont-ils sinon une branche du ministère donné de Dieu pour notre profit et notre édification ?

Nous devons être prudents pour ne pas accorder trop d’importance au ministère, qu’il soit oral ou écrit, mais l’abus possible d’une chose n’est pas un argument valable contre son usage. Il y a des dangers des deux côtés, et très certainement, c’est une chose très dangereuse de mépriser le ministère. Aucun de nous ne se suffit à lui-même. C’est le propos divin que nous soyons utiles l’un à l’autre. Nous ne pouvons pas nous passer de ce que « fournit chaque jointure ». Combien auront à louer Dieu pendant toute l’éternité pour la bénédiction reçue par des livres et des traités ! Combien nombreux sont ceux qui n’ont jamais eu un atome de ministère spirituel, sinon ce que le Seigneur leur a envoyé par la presse ! On dira : « Ils ont la Bible ». C’est vrai, mais tous n’ont pas la même capacité à comprendre les profondeurs vivantes ou à saisir les gloires morales de la Bible. Sans doute, si nous ne pouvons avoir ni ministère oral ni ministère écrit, l’Esprit de Dieu peut nous nourrir directement dans les verts pâturages de l’Écriture sainte. Mais qui niera que les écrits des serviteurs de Dieu sont utilisés par le Saint Esprit comme un agent des plus puissants pour édifier le peuple du Seigneur dans sa très sainte foi ? C’est notre ferme conviction que Dieu a fait bien davantage usage d’un tel agent durant les quarante dernières années que jamais auparavant dans toute l’histoire de l’Assemblée.

Ne pouvons-nous pas L’en louer ? Si, en vérité. Nous devrions Le louer avec des cœurs remplis et rayonnants. Et nous devrions Le prier ardemment d’accorder encore plus de bénédiction aux écrits de Ses serviteurs — de renforcer leur ton, d’augmenter leur puissance et d’élargir leur sphère. Les écrits humains, s’ils ne sont pas revêtus de la puissance du Saint Esprit, ne sont juste que du papier gâché. De la même manière, la voix du prédicateur ou de celui qui enseigne en public, si elle n’est pas le véhicule vivant du Saint Esprit, n’est qu’un airain qui résonne ou une cymbale retentissante. Mais le Saint Esprit fait usage de ces deux agents, pour la bénédiction des âmes et pour répandre la vérité, et nous estimons que c’est une grave erreur pour quiconque de mépriser un agent que Dieu se plaît à adopter. De fait, nous avons rarement rencontré quelqu’un qui refusait l’aide des écrits humains, qui ne soit pas excessivement étroit, grossier et partial. C’est tout ce à quoi nous pouvons nous attendre, dans la mesure où c’est la méthode divine pour nous rendre mutuellement utiles l’un à l’autre. C’est pourquoi, si quelqu’un revendique être indépendant ou auto-suffisant, il doit tôt ou tard découvrir son erreur.