Quelle valeur Christ a-t-il pour votre cœur ?

A. Ladrierre

Chacun a son jugement particulier sur la valeur des choses et des personnes. La compagnie d’une personne qui me sera extrêmement précieuse, n’aura pour un autre aucun attrait. Telle annonce dans un journal que vous jetteriez au feu, aura du prix pour votre voisin. Cependant, avec toutes ces différences de sentiments que nous rencontrons chez les hommes au sujet de l’estimation des personnes et des choses, il y a des intérêts communs, d’une valeur reconnue par tout le monde. L’argent, par exemple, « répond à tout », comme le dit l’Ecclésiaste (chap. 10, 19). Son influence sur l’esprit humain est telle que presque tout est évalué au prix de l’argent. En certains temps et en certains lieux, l’homme, ce roi de la création, a même été, et est encore, taxé en argent selon qu’on estime sa valeur à l’instar d’une marchandise. Il en est ainsi dans le commerce des esclaves où l’on regarde surtout aux qualités corporelles ; cela seul est estimé comme ayant son prix. Lorsque ce trafic est toléré nous en éprouvons un sentiment d’horreur, sans avoir la conscience d’en être nous-mêmes coupables à divers titres, et cependant nous devrions nous en accuser plus souvent que l’on pense. Quelle considération n’avons-nous pas pour ceux qui sont riches, et quelle envie n’excitent-ils pas ! On les évalue au prix de leur argent.

Mais que dire lorsque nous lisons dans les Saintes Écritures que Jésus, le Fils de Dieu, le Seigneur de gloire, a été vendu pour de l’argent ! Et par qui ? Par Judas qui, durant trois années, avait vécu avec Lui et avait été témoin de Sa marche sainte, de Ses œuvres de miséricorde, de Sa bonté divine. Oui, trente pièces d’argent eurent plus de prix, aux yeux de Judas, que le Fils de Dieu. Il préféra cette misérable somme au Seigneur. Et les gouverneurs des Juifs ne crurent pas que Jésus valût davantage. C’est là « le prix magnifique », dit le prophète avec ironie, auquel Il a été estimé, Lui, le Créateur des mondes (Zach. 11, 13).

« Mais nous ne sommes pas des Judas ! » s’écrie-t-on avec indignation. Il est facile en effet de se leurrer à la pensée que jamais on n’aurait trahi Jésus pour quelques pièces d’argent. Hélas ! je crains que nous ne connaissions guère la ruse de notre cœur. D’abord laissez-moi vous rappeler un récit des évangiles. Un jeune homme riche, un des principaux de l’endroit qu’il habitait, vint un jour se prosterner devant Jésus et Lui demanda : « Que faut-il que je fasse pour hériter de la vie éternelle ? ». Cet homme était sincère, il aurait fait peut-être de grands sacrifices, mais après qu’il eut dit au Seigneur comment il avait soigneusement observé la loi, Jésus éprouve son cœur en lui disant : « Une chose te manque : Va, vends tout ce que tu as, et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel, et viens, suis-moi, ayant chargé la croix » (Marc 10, 21). Que fit le jeune homme ? Il avait de grands biens, et il s’en alla tout triste, laissant là Jésus. Ses biens avaient pour son cœur plus de prix que le Seigneur et le « trésor » réservé dans le ciel. Il taxait Christ à un prix au-dessous de ses biens, ou plutôt Christ n’avait point de valeur pour lui.

Eh bien, lecteur qui jugez Judas, quel jugement portez-vous sur ce jeune homme ? Il n’a pas trahi le Seigneur pour de l’argent, mais il n’a pas voulu Le suivre à cause de l’argent et de sa position qu’il allait perdre. Il eut tort, dites-vous. Oui, sans doute ; mais vous, que faites-vous ? N’y a-t-il pas quantité de choses que vous préférez à Jésus, qui vous tiennent comme enlacé, vous empêchent de voir la beauté de Christ et Sa valeur ? Jésus vous invite, vous aussi, à Le suivre, si vous voulez avoir la vie éternelle et un trésor dans le ciel. Mais, en Le suivant, il faut renoncer à tout, et comment aurez-vous le courage de faire cela, si Jésus n’a pas pour vous un prix, une valeur au-dessus de toutes les autres choses ? Êtes-vous disposé à faire la perte des biens auxquels votre cœur s’attache ? Le monde vous présente ses plaisirs : bals, théâtre, concerts ; ses distractions : lectures de romans, de nouvelles plus ou moins frivoles et amusantes, propres à plaire à l’imagination, conférences, réunions diverses pour s’entretenir des nouvelles du jour ; le monde vous engage dans les affaires, la société, la politique ; il vous offre un rôle à jouer, de l’argent à gagner ; en un mot tout ce qui peut satisfaire la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Avez-vous renoncé à tout cela, êtes-vous prêt à y renoncer pour suivre Christ dans un sentier d’obéissance à Dieu, de dépendance de Lui en encourant le mépris du monde, et peut-être la désapprobation et l’opposition de ceux qui vous sont chers, amis et famille ? Christ a-t-Il une telle valeur pour votre cœur que vous Le préfériez à tout ?

Écoutez maintenant ce que dit un autre homme qui, lui aussi, de même que le jeune homme riche, se vit en présence du Seigneur Jésus. Il nous dit quels étaient les avantages dont il jouissait. Ce n’étaient pas les richesses, ni une haute position sociale. C’étaient des choses plus élevées et que le monde même respecte et estime. Il avait pour lui sa naissance comme descendant d’Israël — faisant ainsi partie du peuple de Dieu — sa moralité, son zèle pour Dieu, sa vie sans reproche. Il pouvait faire valoir ces choses ; elles lui attiraient de l’honneur et lui assuraient un rang distingué dans le monde religieux de son temps. Mais Paul fait la connaissance de Jésus ; Jésus lui apparaît dans la gloire. Il apprend que ce Jésus, le Fils de Dieu, l’a aimé et s’est donné pour lui. Christ a dès lors pour son cœur une valeur infinie. Pour l’amour de Christ, il fait la perte de toutes ces choses dont il se glorifiait. Il y renonce, il les estime comme des ordures en comparaison de Jésus son Seigneur, et il choisit de souffrir pour Lui l’opprobre, le mépris, les coups, la prison et même la mort.

Eh bien, lecteur, avez-vous ainsi choisi Christ ? Est-Il devenu le tout de votre cœur, de vos pensées, de votre vie ? Est-ce que vous ne vous arrêtez pas plutôt à demander d’où vient la valeur attribuée à Christ, valeur telle que l’on est invité à renoncer à tout pour Lui ? Si vous l’ignorez, vous avez en effet raison de le demander. Pour apprécier un trésor, il faut savoir tout ce qu’il renferme. Quand vous aurez vu tout ce qui se trouve en Christ, vous comprendrez que l’univers entier n’est que néant en comparaison de l’excellence de Sa personne adorable.

Considérez d’abord ce qu’Il est en Lui-même. Il est la Parole éternelle, Dieu au-dessus de toutes choses béni éternellement ; Il est le Créateur des mondes qu’Il soutient par la parole de Sa puissance ; Il est le resplendissement de la gloire divine. Devant Lui, les anges se prosternent et adorent. Est-ce que Sa grandeur ne dit rien à votre cœur ? — De plus, Christ est le Fils bien-aimé de Dieu ; en Lui Dieu a mis toute Son affection. Il est Ses délices de toute éternité dans Son sein. Et ce qu’Il était dans le ciel, Il le fut sur la terre, le Bien-aimé de Dieu. Sur Lui se concentrait tout l’amour du Père. Ne faut-il pas qu’Il soit d’un prix infini à Ses yeux et pour Son cœur ? Et si pour Dieu Il a un tel prix, L’évaluerez-vous moins ? Sera-t-Il moins pour vous ?

Vous répondrez peut-être : « Dieu l’apprécie ainsi parce qu’Il est Son Fils ; mais, pour moi, qu’est-Il ? ».

Écoutez encore. Lui, le Fils bien-aimé de Dieu le Créateur, le Tout-puissant, s’est abaissé jusqu’à venir sur cette terre de douleurs et de misères. Il est devenu un homme pour révéler aux hommes pécheurs et perdus l’amour de Dieu pour eux, la grâce qui sauve les pécheurs. Il est devenu un homme pour connaître nos souffrances et pouvoir sympathiser avec nous. Il est entré ainsi avec un cœur rempli de tendresse dans tous ces maux qui accablent les hommes. Il a essuyé les larmes et consolé les cœurs. Il a pardonné aux pécheurs repentants. Il a montré Sa puissance par des œuvres d’amour envers tous les misérables qui venaient à Lui ; Il a manifesté Sa sagesse divine dans Son enseignement, et répandu Son cœur dans les consolations célestes qu’Il offrait aux âmes troublées et affligées. Ne voyez-vous pas de quel prix Il est ? Ne comprenez-vous pas ce qu’Il a fait pour vous ? Vous êtes un pécheur perdu, justement condamné et sous la sentence de mort prononcée contre vous par le Dieu juste et saint que vos péchés ont offensé. Et cette sentence n’est pas seulement la mort physique, elle est suivie par le jugement et la seconde mort, l’éternelle séparation d’avec le Dieu bienheureux, où le ver ne meurt point, et le feu ne s’éteint point. Oh ! quel affreux sort. Mais pour vous, pour ôter vos péchés, pour les effacer de devant les yeux de Dieu, afin de vous arracher à la perdition, vous ouvrir le ciel et vous donner la vie éternelle, Jésus Christ est venu souffrir et mourir. Il s’est laissé clouer sur la croix ; Il a été abreuvé de mépris ; Il a été abandonné de Dieu, Lui, juste et saint, comme un criminel, parce qu’Il s’était chargé de vos péchés et qu’Il en portait la peine ; Il a été ainsi une victime expiatoire afin que Dieu pût vous pardonner et vous recevoir ; Il est descendu dans le sombre domaine de la mort pour que vous puissiez avoir la vie ; Il a vaincu Satan qui avait le pouvoir de la mort, afin de vous délivrer de la captivité où le prince des ténèbres tient les pécheurs, et de vous amener dans la lumière du ciel. Et c’est pour vous, oui, pour vous, que le Fils bien-aimé de Dieu, le Créateur des mondes, le Seigneur de gloire, l’objet de l’adoration des anges, s’est ainsi abaissé, qu’Il a souffert, qu’Il est mort. Et quel a été Son mobile ? L’amour. Il est venu ici-bas en vertu de l’amour de Dieu pour le monde. C’est pour sauver les pécheurs qu’Il a donné Sa vie. C’est à ce prix qu’Il a évalué notre âme. Quel prix a Jésus pour votre cœur ?

Et ce n’est pas tout. Il est ressuscité, Il est monté au ciel et s’est assis dans la gloire à la droite de la Majesté divine, et Il veut vous associer à cette gloire, vous y donner une place avec Lui. En attendant, Il veut veiller sur vous et vous garder avec le même amour qu’Il montra aux siens sur la terre, le même amour qu’Il a manifesté en mourant pour vous sur la croix. Devant cet amour immense du Dieu Sauveur, devant la tendresse sans bornes de Jésus qui sympathise avec nous dans nos infirmités, qui prie et intercède pour nous dans le ciel, que dit votre cœur pour Lui ? Quel prix n’a-t-il pas en Lui-même et quel prix ne devrait-Il pas avoir pour vous !

Pensez-y, le monde avec ses vanités que vous préférez à Christ n’a rien fait et ne peut rien faire pour vous que de vous éloigner de Dieu. Puis le monde et ses plaisirs vont disparaître, tomber dans le néant. Ils ne peuvent satisfaire pleinement votre cœur. Après les avoir goûtés à satiété, le roi Salomon s’écrie : « Vanité des vanités, tout est vanité et poursuite du vent ». Les bords de la coupe que présente le monde sont emmiellés, mais, à mesure que l’on y boit, l’amertume et le vide se font sentir toujours plus, et combien n’y a-t-il pas de ces mondains qui, ayant tout épuisé sans être satisfaits et désespérant de tout, ont préféré la mort à la vie !

Il n’en est point ainsi de Christ. Il ne trompe pas ; Son amour est immuable. Ce qu’Il donne gratuitement à qui vient à Lui, c’est la réconciliation avec Dieu, la paix, le repos du cœur, l’espérance assurée du ciel. « Venez à moi », dit-Il, « vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi je vous donnerai du repos ». Il est la fontaine pure de la vie à laquelle Il convie les âmes altérées afin qu’en y buvant elles n’aient plus soif à jamais. Il a dit : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ». Soif de paix, soif de bonheur, soif de consolation, Il satisfait à tout. Tout ce qu’il faut à nos pauvres cœurs se trouve en Lui. Il est à la fois pour nous sagesse, justice, sainteté et rédemption. Dites-moi, maintenant, s’Il n’est pas d’un prix infini. Précieux auprès de Dieu, précieux pour ceux qui croient, n’aura-t-Il aucun prix pour votre cœur ?

Judas a préféré à Christ trente pièces d’argent ; misérable somme, n’est-ce pas ? Âme vile et misérable ! Les prêtres juifs ont cru le bien payer ; oh ! combien peu ils estimaient le Fils de Dieu, pas même le prix d’un esclave ! Quand le choix leur a été proposé, ils ont préféré à Jésus un brigand souillé de crimes. Le jeune homme riche a mieux aimé ses biens et sa position dans le monde que Christ et un trésor dans le ciel. Qu’ont-ils récolté tous ceux-là ? Judas a eu pour son partage le désespoir et la mort : il n’a pas joui du fruit de sa trahison. Les Juifs, pour prix de leur inimitié contre Jésus de Nazareth, sont sous le jugement de Dieu. Et le jeune homme riche, a-t-il eu la vie éternelle ? Non ; mais la tristesse. Celui qui n’apprécie pas Christ au-dessus de tout et ne L’a pas choisi pour son trésor, n’a à attendre que la misère. « Celui qui n’a pas le Fils, n’a pas la vie ».

Mais qu’il est différent le sort de Paul et de tous ceux qui ont saisi Christ pour leur trésor ! Paul a renoncé à tout pour posséder Christ. Il L’a suivi à travers les opprobres, les souffrances et la mort même. Pour lui, vivre c’était Christ. Et au milieu de ses travaux, de ses luttes et de ses peines, loin d’être triste, il se réjouissait. Dans la sombre prison où il était avec Silas, il chantait les louanges de Dieu. Telle est la paix, telle est la joie du cœur qui possède le Seigneur. Où est Paul maintenant ? Auprès de Jésus, où il attend la couronne de justice qui lui est réservée et qui lui sera donnée au grand jour de rétribution.

Et maintenant, lecteur, je vous pose encore la question : « Quelle valeur Christ a-t-Il pour votre cœur ? ». Vous voudriez peut-être, comme le jeune homme riche, faire quelque chose pour avoir la vie éternelle : de bonnes œuvres, des prières, des cérémonies religieuses, des aumônes, etc., et ne pas prendre Christ pour votre tout, ne pas Le suivre en portant la croix. Mais souvenez-vous qu’en Lui seul est la vie éternelle, et que, hors de Lui, vous n’avez rien. Si Lui n’est pas maintenant votre trésor, le sera-t-Il davantage dans le ciel ? Lecteur, quelle est la valeur de Christ pour votre cœur !


Ô pécheur ! vois l’amour dont t’aime le Sauveur !
Pour toi, pour tes péchés, Il fut en agonie ;
Du jugement divin Il subit les terreurs,
Et sur la croix maudite Il a donné Sa vie.

Ô pécheur ! vois l’amour dont t’aime le Sauveur !
Il sortit de la mort, et, monté dans la gloire,
À la droite du Père Il s’assit en vainqueur
Et veut t’associer à Sa sainte victoire.

Ô pécheur ! vois l’amour dont t’aime le Sauveur !
Du séjour bienheureux où maintenant Il siège,
Il te dit : « Viens à moi pour trouver le bonheur,
Pour goûter de ma paix l’infini privilège ».

Pécheur, cède à l’amour dont t’aime le Sauveur ;
Pour toi, près de Son cœur, Il te garde une place ;
Lui seul peut t’assurer du Dieu saint la faveur :
Hâte-toi de venir : c’est le jour de la grâce.