Quelques pensées sur l’humiliation

F.G. Burkitt

Tout important que soit ce sujet, il est quelque peu difficile de discourir longuement sur l’humiliation, parce qu’il est malheureusement très facile d’en parler sans que l’âme réalise la chose et soit de fait brisée et humiliée devant Dieu. Le prophète exprime une pensée semblable lorsqu’il dit : « Quand vous avez jeûné et que vous vous êtes lamentés au cinquième et au septième mois, et cela pendant soixante-dix ans, est-ce réellement pour moi, pour moi, que vous avez jeûné ? » (Zach. 7, 5).

Qu’il y ait sûrement une nécessité spéciale de s’humilier dans le temps présent, quiconque considère les choses avec Dieu, dans Son sanctuaire, doit le sentir profondément. Le jugement de Dieu commence toujours par Sa maison, par ce qui est le plus près de Lui ; c’est pourquoi nous lisons en 1 Pierre 4, 17 : « Car le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu » ; et, en Ézéchiel 9, 6 : « Commencez par mon sanctuaire » ; et encore, en Amos 3, 2 : « Je vous ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre ; c’est pourquoi je visiterai sur vous toutes vos iniquités ».

Si nous considérons en général l’état de choses parmi les diverses sections de ceux qui sont sortis des systèmes religieux, quelle triste chute les caractérise ! Notre état incessant de division est une honte pour nous et un déshonneur pour Christ, et il pourrait être dit de nous avec vérité : « Car, puisqu’il y a parmi vous de l’envie et des querelles, n’êtes-vous pas charnels, et ne marchez-vous pas à la manière des hommes ? » (1 Cor. 3, 3). N’y a-t-il pas eu parmi nous l’orgueil et le contentement de soi ? N’avons-nous pas été occupés de nous-mêmes, comme formant un corps spécial, plutôt que d’être occupés de Christ et de Son Église ? N’y a-t-il pas eu dans certains cas une sévérité imméritée en nous occupant les uns des autres ? N’y a-t-il pas eu des accusations et des suspicions injustes et fausses ; ou encore un esprit de parti, et, chose triste à dire, des doctrines malsaines conduisant à la division ? N’y a-t-il pas de la conformité au monde en bien des choses, et le déclin quant au premier amour et au dévouement pour Christ ? Sondons individuellement nos cœurs : « Recherchons nos voies et scrutons-les, et retournons jusqu’à l’Éternel » (Lam. 3, 40). Nierons-nous que Sa main soit sur nous en châtiment ? Reconnaissons que ce châtiment est mérité.

Dans les jours anciens, quelques hommes de Dieu ont montré un vrai esprit d’humiliation. Ils ont justifié le Seigneur, reconnaissant Sa justice en châtiment, et ont confessé comme leur péché, le péché du peuple. Daniel, bien que personnellement remarquable par sa grande piété, dit : « À toi, Seigneur, la justice » ; « Nous avons péché » ; « Tout Israël a transgressé la loi » (Dan. 9). Esdras dit : « Tu es juste, car nous sommes un reste de réchappés, comme il paraît aujourd’hui. Nous voici devant toi dans notre culpabilité » (Esdr. 9, 15). Néhémie dit : « Tu es juste dans tout ce qui nous est survenu, car tu as agi avec vérité, et nous, nous avons agi méchamment » (Néh. 9, 33). Jérémie dit : « L’Éternel est juste ; car je me suis rebellé contre son commandement » (Lam. 1, 18).

Ce même esprit, ce même principe, devraient nous caractériser ; et, souvenons-nous-en, nous ne pouvons jamais nous désassocier de l’Église tout entière, par nos désirs, nos prières et nos confessions, sans devenir sectaires, étroits et occupés de nous-mêmes.

Sondons chacun nos voies et voyons en quelle mesure, par nos paroles, nos actes ou nos écrits passés, nous avons contribué au présent état de choses. Il est solennel d’avoir affaire avec Dieu ; mais, que Son nom en soit béni, Ses miséricordes sont grandes, et nous pouvons dire : « Ce sont les bontés de l’Éternel que nous ne sommes pas consumés, car ses compassions ne cessent pas ; elles sont nouvelles chaque matin ; grande est ta fidélité ! L’Éternel est ma portion, dit mon âme ; c’est pourquoi j’espèrerai en Lui » (Lam. 3, 22-24). En Apocalypse 2 et 3, le Seigneur, s’adressant à quelques-unes des églises, leur dit : « Repens-toi ». Même à la tiède Laodicée, Il dit qu’Il reprend et châtie en amour, et Il ajoute encore : « Repens-toi ». Seulement, souvenons-nous que de simples paroles ou des formes de langage ont peu de valeur. Il faut une profonde, réelle repentance, provenant du cœur ; il faut le jugement de soi-même, avec les fruits pratiques qui l’accompagnent. Tel est le premier pas vers une restauration individuelle ou collective.

Que le Seigneur veuille placer ces choses sur le cœur des siens, afin que, comme individus et comme assemblées, nous prenions devant Lui l’attitude qui convient à notre état, et que, guidés par Lui, nous profitions de toute occasion qui se présente, pour l’humiliation spéciale et la prière !