« Réconciliés et sauvés »

(Traduit de l’anglais)
C.H. Mackintosh

[Courts articles 31]

« Car si, étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plutôt, ayant été réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie » (Rom. 5, 10).

S’il y eut jamais un moment où il était important de présenter les grandes vérités fondamentales du christianisme, c’est bien maintenant. L’ennemi cherche par tous les moyens en son pouvoir à saper les fondements de notre foi — à affaiblir l’autorité de l’Écriture sainte sur le cœur et la conscience — à introduire, sous les formes les plus spécieuses et les plus captivantes, des erreurs mortelles pour attirer l’âme loin de Christ et de Sa Parole.

On pourrait dire : « C’est une histoire ancienne ». Elle est aussi ancienne que 2 Timothée, 2 Pierre et Jude. Mais c’est aussi une histoire nouvelle ; et quoique nous ne sentions pas que ce soit notre travail de combattre contre les erreurs et les maux populaires d’une manière polémique, nous croyons que c’est notre devoir sacré de présenter et de maintenir constamment ces grandes et solides vérités fondamentales, qui sont notre seule sauvegarde contre toute forme d’erreur doctrinale et de dépravation morale.

De là vient que nous nous sentons appelés à attirer l’attention de nos lecteurs sur ce passage très important, qui se trouve en tête de cet article. C’est une des déclarations les plus complètes et les plus exhaustives de la doctrine fondamentale qui se trouve dans toute l’étendue du Livre de Dieu. Méditons un peu sur elle.

En examinant le contexte dans lequel se trouve ce passage, nous trouvons quatre termes distincts par lesquels l’écrivain inspiré présente la condition de l’homme dans son état inconverti. Il parle de lui comme étant « sans force ». C’est ce que nous pourrions appeler un terme négatif. L’homme est complètement impuissant, tout à fait incapable de faire quoi que ce soit pour sa propre délivrance. Il a été mis à l’épreuve de toutes les manières possibles. Dieu l’a testé et éprouvé, et l’a trouvé comme n’étant absolument bon à rien. Quand il a été placé en Éden au milieu des dix milles délices qu’un Créateur bienveillant avait déversés autour de lui, il crut le mensonge du diable plutôt que la vérité de Dieu (Gen. 3). Une fois chassé d’Éden, nous le voyons poursuivre une carrière de mal — « seulement de mal » — continuellement de mal — jusqu’à ce que le jugement de Dieu tombe sur toute la race, à une seule exception près — Noé et sa famille (Gen. 6 à 8). Plus tard, quand, une fois sur la terre restaurée, l’homme se vit confier l’épée du gouvernement, il s’enivre et s’expose lui-même à l’outrage, en présence de ses fils. Quand le saint service de la sacrificature lui fut confié, l’homme offrit un feu étranger (Lév. 10). Quand le service élevé de roi lui fut confié, accompagné d’une richesse incalculable, il épouse des femmes étrangères et adore les idoles des païens (2 Chron. 11).

Ainsi, partout où nous suivons la trace de l’homme — la race humaine — nous ne voyons rien d’autre que la plus humiliante faillite. L’homme est démontré n’être bon à rien, « sans force ».

Mais il y a plus que cela. L’homme est « impie ». Il est non seulement sans puissance quant à tout ce qui est saint et bon, mais il est aussi sans aucun lien moral ou spirituel avec le Dieu vivant et vrai. Examinez le cœur non renouvelé, de son centre à sa circonférence, et vous n’y trouverez pas une seule pensée vraie sur Dieu, ni une seule affection juste envers Dieu. Il peut y avoir beaucoup de ce qui est agréable et attirant pour la nature — beaucoup de ce qui est aimable aux yeux des hommes, comme bien des vertus sociales et des qualités excellentes. La nature humaine, même dans ses ruines, peut exhiber bien de ces choses, tout comme la création visible — cette terre sur laquelle nous vivons — montre, en dépit de sa condition ruinée et gémissante, bien des traces splendides de la main du Maître qui l’a formée.

Tout cela est parfaitement vrai et tout à fait évident. De plus, il faut toujours le prendre en compte en traitant de la grande question de la position et de la condition de l’homme. Il y a une manière extrême de parler de l’état d’un pécheur, qui est bien plus susceptible de faire broncher et de rendre perplexe l’esprit que de convaincre la conscience ou de briser le cœur. Il faut soigneusement l’éviter. Nous devons toujours tenir compte de tout ce qui est vraiment bon dans la nature humaine. Si nous considérons le cas du jeune chef riche en Marc 10, nous voyons que le Seigneur reconnaît quelque chose d’aimable en lui, car nous lisons que « Jésus, l’ayant regardé, l’aima », quoique nous n’ayons aucune assurance quelconque pour supposer qu’il y avait quelque œuvre divine en son âme, en voyant qu’il tourna le dos à Christ et Lui préféra le monde. Mais il y avait de toute évidence quelque chose de très attirant dans ce jeune homme, quelque chose de différent de ces formes grossières, vulgaires et dégradées dont la nature humaine se revêt souvent.

Nous ne pouvons que juger que l’homme qui, en écrivant ou en parlant de l’état moral et spirituel du pécheur, ignorerait ou perdrait de vue ces distinctions morales et sociales, fait un tort positif à la cause de la vérité et neutralise l’objet même qu’il a en vue. Si, par exemple, nous nous approchons d’une personne aimable, droite, franche et honorable, et la plaçons d’une manière radicale dans la même catégorie qu’un caractère corrompu, sournois, malhonnête et méprisable, nous ne faisons que la chasser dans l’irritation et le dégoût. Alors que, si nous reconnaissons ce qui est réellement bon ; si nous accordons, comme le fait assurément l’Écriture, une place suffisante dans laquelle mettre tout ce qui est moralement et socialement excellent même dans l’humanité déchue, nous atteindrons bien plus probablement notre but, qu’en ignorant peu judicieusement ces distinctions. Dans la mesure où elles existent clairement, c’est le comble de la folie de les nier. Toutefois, il demeure vrai — et que le lecteur considère solennellement ce fait important — que l’homme, le meilleur, le plus beau spécimen, est « sans force » et « impie ». Et ce n’est pas tout. L’apôtre n’en reste pas à de simples termes négatifs. Il nous dit non seulement ce que l’homme n’est pas, mais il poursuit en nous disant ce qu’il est. Il nous donne les deux côtés de cette grande question. Il déclare non seulement que : « alors que nous étions encore sans force, au temps convenable, Christ est mort pour des impies », mais il ajoute que « Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous ».

Ici, nous avons l’activité positive du mal, l’énergie présente de la propre volonté. Car, souvenons-nous-en, le péché est de faire notre propre volonté dans quelque chemin que suive cette volonté, sous quelque forme qu’elle prenne. Elle peut se présenter sous la forme de la dépravation la plus grossière, ou elle peut se revêtir de l’apparence d’un goût cultivé et raffiné, mais c’est toujours la propre volonté, et la volonté propre est le péché. Elle peut n’être que comme un gland, la simple semence, mais le gland contient le chêne qui s’étend au loin. Ainsi, le cœur de l’enfant nouveau-né est une petite portion de semence dans lequel peut être trouvé le germe de tout péché qui ait jamais été commis dans le monde. Il est vrai que chaque semence peut ne pas germer ou porter du fruit, mais la semence est là, et n’a besoin que de circonstances ou d’influences pour se montrer.

Si quelqu’un est gardé des péchés extérieurs grossiers, ce n’est pas dû à une nature meilleure, mais simplement au fait de son environnement. Tous les hommes sont des pécheurs. Tous, par nature, font leur propre volonté. Cela marque leur caractère. « Tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu ». Depuis les jours d’Adam tombé jusqu’à maintenant — presque six mille ans — il n’y a eu qu’une seule exception à cette règle solennelle et terrible. Il n’y en a eu qu’un qui n’a jamais péché, qui n’a jamais fait Sa propre volonté, et c’est le bien-aimé Seigneur Jésus Christ. Quoique Dieu béni sur toutes choses éternellement, et pourtant étant devenu un homme, Il abandonna complètement Sa propre volonté et fit toujours et uniquement les choses qui plaisaient à Son Père. De la crèche à la croix, Il fut dirigé en toutes choses par la volonté et la gloire de Dieu. Il fut le seul homme parfait et sans tache qui ait jamais foulé cette terre souillée par le péché. Il était la seule gerbe belle et intacte qui soit jamais apparue dans le champ de ce monde — « l’homme Christ Jésus » qui mourut pour nous « pécheurs » et « souffrit pour les péchés, le juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu ».

Quelle merveilleuse grâce ! Quel amour qui subjugue l’âme ! Quelle miséricorde étonnante ! Oh ! combien il devrait faire fondre nos cœurs ! Pensez, cher lecteur, pensez profondément à cet amour, à cette grâce, à cette miséricorde. Attardez-vous dessus jusqu’à ce que votre âme soit absorbée dans sa contemplation. Nous sommes tristement insensibles et indifférents. En effet, il n’y a rien de plus humiliant que notre indifférence coupable et honteuse envers l’amour d’un Sauveur. Nous semblons nous contenter de prendre le salut comme le résultat de Sa croix et de Sa passion, de Son agonie et de Sa douleur, de Sa peine inexprimable, tandis qu’en même temps, nos cœurs sont froids et indifférents envers Lui. Il a quitté les cieux brillants et est descendu dans ce sombre monde pécheur pour nous. Il est descendu dans les profondeurs sinistres de la mort et du tombeau. Il a enduré le fait que Dieu a caché de Lui Sa face, ce qui impliquait une angoisse plus intense pour Sa précieuse âme que tout ce que les hommes et les démons, la terre et l’enfer, pouvaient faire. Il s’est enfoncé dans les eaux profondes, et est descendu dans le puits de la destruction et dans le bourbier fangeux. Il a fait tout cela pour nous « pécheurs », quand nous étions « impies » et « sans force ». Cependant, combien peu nous y pensons ! Combien peu nous nous y attardons ! Combien peu nous sommes émus par le récit de ces choses !

Le souvenir de cela devrait nous humilier dans la poussière devant notre précieux Dieu Sauveur. La dureté de nos cœurs en présence du profond mystère de la croix et de la passion de notre Seigneur Christ est, si possible, une preuve encore plus remarquable et plus frappante de notre dépravation, que les péchés pour lesquels Il mourut. Mais nous avons plutôt anticipé sur ce qui doit encore être placé devant nous dans le développement ultérieur de notre sujet. Et maintenant, une brève référence au quatrième terme par lequel l’apôtre présente notre condition selon la nature. Il est contenu dans le verset qui forme notre sujet actuel. « Nous étions ennemis ». Quelle pensée ! Nous étions non seulement sans force, impies, pécheurs, mais véritablement hostiles — dans un état d’inimitié positive contre Dieu.

Rien ne peut dépasser cela. Être ennemi de Dieu donne l’idée la plus épouvantable que nous puissions avoir de l’état d’un pécheur. Pourtant, telle est la condition réelle du lecteur inconverti de ces lignes. Il est un ennemi de Dieu. Il peut être aimable, poli, beau, raffiné, cultivé, éduqué, moral, et même extérieurement religieux. Il peut occuper la position la plus élevée de la profession religieuse. Il peut être membre d’une église, communier régulièrement, travailler dans la vigne, être un moniteur d’école du dimanche, un prédicateur, un ministre, et avec tout cela, être un ennemi de Dieu.

Quelle pensée affreuse ! Oh, bien-aimé lecteur, arrêtez-vous et considérez cela, nous vous en supplions. Donnez à cette solennelle question toute votre attention. Ne la mettez pas de côté. Nous vous le demandons avec la plus grande instance, comme dans la présence du Dieu Tout-puissant, de Son Fils Jésus Christ et de l’Esprit éternel. Nous vous adjurons par la valeur de votre âme immortelle, par la réalité effrayante du trône de jugement de Christ, par toutes les horreurs de cet étang de feu et de soufre, par le ver qui ne meurt pas, par le fait affreux de l’éternité — une éternité dans les lugubres ombres de l’enfer — par l’agonie indescriptible d’être séparé à tout jamais de Dieu, de Christ et de tout ce qui est pur et aimable. Par la force combinée de tous ces arguments, nous vous supplions instamment et affectueusement de vous enfuir, dès maintenant, au Sauveur qui se tient avec les bras ouverts et un cœur plein d’amour pour vous recevoir. Venez à Jésus ! Venez maintenant, tel que vous êtes ! Confiez-vous simplement en Lui, et vous serez en sûreté — en sûreté pour toujours — en sûreté comme Lui.

Nous voudrions aussi attirer l’attention de nos lecteurs sur la distinction importante entre propitiation et réconciliation. Elles sont souvent confondues par manque d’attention aux termes précis de l’Écriture sainte. Le fait est qu’elles sont distinctes, quoiqu’intimement liées — distinctes comme la fondation l’est du bâtiment — liées comme le bâtiment l’est avec sa fondation. La propitiation est le fondement sur lequel repose la réconciliation. Sans propitiation, il ne pouvait y avoir de réconciliation, mais la réconciliation n’est pas la propitiation. Le lecteur fera bien de peser ces choses complètement, à la lumière de l’inspiration. Il est très nécessaire pour tous les chrétiens d’être au clair et sains dans leurs pensées sur les sujets divins, et précis dans leur manière de les énoncer. On trouvera invariablement que plus quelqu’un est spirituel, plus il gardera son langage proche de l’Écriture, en mettant en avant la vérité fondamentale. Malheureusement, notre excellente version autorisée (KJV, version anglaise) n’est pas exacte en la matière, dans la mesure où nous trouvons en Romains 5, 11 le mot « propitiation » là où il devrait y avoir « réconciliation ». D’un autre côté, nous avons en Hébreux 2, 17 le mot « réconciliation » quand ce devrait être « expiation » ou « propitiation ». Cependant, les deux choses sont distinctes, et il est important que la distinction soit comprise et maintenue.

De plus, nous voudrions rappeler au lecteur que il n’y a pas le moindre fondement dans la Parole de Dieu pour l’idée que Dieu a besoin d’être réconcilié avec nous. Il ne se trouve nulle part une telle pensée dans toute la Bible. C’était l’homme qui avait besoin d’être réconcilié avec Dieu, et non pas Dieu avec l’homme. L’homme était l’ennemi de Dieu. Il était non seulement « sans force », « impie » et « un pécheur », mais véritablement « un ennemi ».

Or c’est l’ennemi — celui qui est aliéné, celui qui est étranger — qui a besoin d’être ramené, d’être réconcilié. C’est clair. Mais Dieu, béni soit Son nom, n’était pas l’ennemi de l’homme. Il était l’ami de l’homme, l’ami des pécheurs. Tel était le Seigneur Jésus Christ quand Il était sur la terre. « Il vint faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance ; car Dieu était avec lui » (Act. 10). C’étaient Ses délices de faire du bien à tous. Il passa Sa vie à faire du bien à ceux qui Lui ont préféré un brigand et un meurtrier, et L’ont cloué à une croix entre deux malfaiteurs. Ainsi, que nous considérions la vie ou la mort de Christ, nous voyons de la manière la plus claire et la plus énergique l’inimitié de l’homme, mais l’amitié, la bonté, l’amour de Dieu.

Comment l’homme doit-il être réconcilié avec Dieu ? Question cruciale ! Considérons bien la réponse. Le passage de l’Écriture qui forme le thème de cet article déclare, de la manière la plus claire, que « nous sommes réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils » (Rom. 5, 10). Rien d’autre ne pouvait le faire. La mort de la croix — la mort expiatoire — le sacrifice pour autrui — le précieux sang inestimable de Jésus — est la base absolument essentielle de notre réconciliation avec un Dieu qui hait le péché. Nous devons déclarer cette grande vérité d’une manière très emphatique et non équivoque. L’Écriture est aussi claire et précise que possible. Pour que nous soyons réconciliés avec Dieu, le péché doit être ôté, et « sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission » (Héb. 9, 22).

Ainsi se pose la question, si nous devons être enseignés seulement par l’Écriture. Pas d’effusion de sang, pas de rémission ; pas de rémission, pas de réconciliation. Tel est l’ordre divin. Que les hommes prennent garde à la manière dont ils touchent à cela. C’est une chose très sérieuse que de toucher à la vérité de Dieu. Nous pouvons être assurés que tous ceux qui le font s’en mêlent à leur propre détriment.

Nous sommes réconciliés avec Dieu par la mort de Son Fils. Ce n’est pas par Son incarnation, c’est-à-dire, le fait qu’Il ait revêtu notre nature humaine. L’incarnation ne pouvait nous réconcilier avec Dieu, dans la mesure où elle ne pouvait effacer nos péchés. L’incarnation n’est pas l’expiation. Il est bon de le noter. Il y a une façon subtile de jouer avec le mot expiation, qui consiste en une mauvaise division des syllabes — comme si le mot était « at-one-ment » (« atonement », en anglais). Cette « expiation » se réfère à l’incarnation, comme si, dans cet acte mystérieux, notre Seigneur avait pris notre nature humaine déchue en union avec Lui. Nous mettons solennellement en garde le lecteur contre cela. C’est une fausse doctrine fatale. C’est un effort de l’ennemi pour remplacer ou mettre de côté complètement la mort expiatoire de Christ, avec toutes ces grandes vérités fondamentales qui se groupent autour de ce précieux mystère.

Nous tenons comme une vérité cardinale l’incarnation du Fils éternel ! Elle forme le fondement de ce grand mystère de la piété, dont la pierre de faîte est un homme glorifié sur le trône de Dieu. « Et, sans contredit, le mystère de la piété est grand : — Dieu a été manifesté en chair, a été justifié en Esprit, a été vu des anges, a été prêché parmi les nations, a été cru au monde, a été élevé dans la gloire » (1 Tim. 3, 16).

Nous tenons l’incarnation comme une partie intégrante de la foi d’un vrai chrétien, et nous ne pouvons pas reconnaître comme chrétien quelqu’un qui la nierait. Mais c’est une chose de tenir une vérité, et une tout autre chose de la sortir de sa place. C’est un effort constant de Satan, s’il ne peut pas faire rejeter aux hommes une vérité, de la sortir de sa place. De cette manière, il obtient certains de ses plus grands triomphes apparents. Ainsi en est-il avec la doctrine essentielle de l’incarnation. Assurément, le Fils de Dieu est devenu un homme pour mourir, mais devenir un homme est une chose, et mourir sur la croix en est une autre. Il aurait bien pu devenir un homme ; Il aurait pu vivre et travailler pendant trente-trois ans sur cette terre ; Il aurait pu être baptisé dans le Jourdain et être tenté au désert ; Il aurait pu monter de la montagne de la transfiguration à cette gloire d’où Il était venu et qu’Il avait avec le Père avant la fondation du monde. À tout moment durant Sa vie bénie, Il aurait pu, en tant que cela le concernait personnellement, retourner au ciel d’où Il était descendu. Qui pouvait L’en empêcher ? Il n’y avait aucune nécessité pesant sur Lui de mourir, sauf la nécessité de l’amour infini et éternel. La mort n’avait aucun droit sur Lui, dans la mesure où Il était le Saint de Dieu, sans péché et sans tache. Il n’était pas venu sous la domination fédératrice du premier homme. S’Il l’avait fait, Il aurait été sous la malédiction et la colère de Dieu tous Ses jours, et cela non pas pour d’autres, mais en vertu de Son lien avec le premier Adam. Cela aurait été un blasphème ouvert et positif contre Sa personne. Il était le second homme, le Seigneur du ciel, le seul grain non souillé du blé humain sur lequel pouvait se reposer l’œil de Dieu. Comme tel, nous le répétons, Il aurait pu à tout instant entre la crèche et la croix, retourner dans le sein du Père — cette demeure de l’amour inexprimable.

Que le lecteur saisisse avec clarté et puissance cette grande vérité. Qu’il s’y attarde. C’est une vérité d’une très grande importance. Jésus se tint seul dans ce monde. Il était seul dans la crèche, seul au Jourdain, seul dans le désert, seul sur la montagne, seul dans le jardin. Tout cela est en parfaite harmonie avec Ses propres paroles en Jean 12 : « À moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ». Voilà le grand point : « à moins qu’il ne meure ». À moins de retourner seul dans la gloire, Il devait mourir. S’Il voulait nous avoir avec Lui, Il devait mourir. Si les péchés devaient être pardonnés, Il devait mourir. Si les pécheurs devaient être sauvés, Il devait mourir. Si un chemin nouveau et vivant devait être ouvert pour nous dans la présence de Dieu, Il devait mourir. Si le voile devait être déchiré, Il devait mourir. Ce rideau mystérieux est demeuré intact quand le Bien-aimé était dans la crèche à Bethléhem — et quand Il fut baptisé, et quand Il fut oint, et quand Il fut tenté, et quand Il fut transfiguré, et quand Il s’inclina à Gethsémané, suant de grosses gouttes de sang, et quand Il fut fouetté devant Ponce Pilate. À travers toutes ces étapes de Sa merveilleuse vie, le voile demeura non déchiré. Il était ainsi là pour barrer au pécheur l’approche de Dieu. L’homme était chassé loin de Dieu, et Dieu isolé de l’homme. Toutes les œuvres vivantes du Fils éternel — Ses miracles, Son précieux ministère, Ses larmes, Ses soupirs, Ses gémissements, Ses prières, ses épreuves douloureuses et ses afflictions indicibles pendant Sa vie — ne pouvaient pas déchirer le voile. Mais du moment où la mort fut accomplie, « le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas ».

Tel est l’enseignement clair de l’Écriture sur cette question vitale. La mort de Christ est le fondement de tout. S’agit-il de vie ? Il a donné Sa chair pour la vie du monde. S’agit-il de pardon ? « Sans effusion de sang il n’y a pas de rémission ». S’agit-il de paix ? « Il a fait la paix par le sang de sa croix ». S’agit-il de réconciliation ? « Nous sommes réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils ». En résumé, c’est par la mort que nous obtenons toutes choses ; sans la mort, nous n’avons rien. C’est sur la base de la mort, la mort expiatoire de Christ, que nous sommes réconciliés avec Dieu et unis par le Saint Esprit à une Tête ressuscitée et glorifiée dans le ciel. Tout repose sur la base solide d’une rédemption accomplie. Le péché est ôté, l’inimitié est mise à mort, toutes les barrières sont supprimées, Dieu est glorifié, la loi est magnifiée, et tout cela, par la mort de Christ. « Il a traversé les eaux sombres et en furie de la mort » pour établir toutes choses pour nous, et pour poser le fondement impérissable de tous les conseils et propos de la sainte Trinité.

Quelques mots encore sur la vie de Christ dans le ciel pour nous. « Si, étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plutôt, ayant été réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie ». Remarquez avec soin que cela se rapporte à Sa vie après la mort — Sa vie en résurrection, Sa vie dans le ciel. Certains voudraient nous enseigner qu’il s’agit de Sa vie sur la terre — Son accomplissement de la loi à notre place. C’est catégoriquement contredit par la structure même du passage et par tout l’enseignement du Nouveau Testament. Ce n’est pas de la vie avant la mort, mais de la vie après la mort, que parle l’apôtre. C’est la vie de sacrificature de notre bien-aimé et adorable Seigneur, qui vit à toujours pour intercéder pour nous. C’est par ce moyen que nous sommes délivrés de toutes les difficultés et de tous les dangers, des pièges et des tentations du désert de ce monde.

Étant réconciliés avec Dieu par la mort de Christ, nous sommes toutefois en nous-mêmes des créatures pauvres, faibles, incapables et errantes. Nous sommes disposés à errer, toujours enclins à manquer et à pécher, totalement incapables d’avancer un seul instant, si nous ne sommes pas gardés par notre grand souverain Sacrificateur, notre Avocat béni, notre Consolateur. Il nous garde jour et nuit. Il ne bronche jamais, ni ne dort. Il nous maintient continuellement devant Dieu dans toute l’intégrité de la position dans laquelle Sa mort nous a placés. Il est impossible que notre cause puisse jamais manquer, entre de telles mains. Son intercession prévaut sur tout. « Nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ, le juste ». Celui qui a porté nos péchés en Son corps sur le bois, porte maintenant nos peines sur Son cœur jusqu’au trône. Et Il reviendra pour porter le gouvernement sur Son épaule.

Quel Sauveur ! Quelle victime ! Quel sacrificateur ! Quelle chose bénie d’avoir toutes nos affaires entre Ses mains, et d’être soutenus par un tel ministère ! Combien il est précieux de savoir que Celui qui nous a réconciliés avec Dieu par Sa mort, est maintenant vivant pour nous sur le trône. Parce qu’Il vit, nous vivons aussi ! Que toute louange soit rendue à Son nom incomparable !