Une étude attentive de ces versets nous y fera découvrir des types distincts de restauration, à savoir, la restauration de la conscience, la restauration du cœur, et la restauration de la position.
La première d’entre elles, la restauration de la conscience, est de toute importance. On ne pourrait jamais attribuer trop de valeur à une conscience saine, pure et qui ne se reproche rien. Un chrétien ne peut avancer s’il garde ne serait-ce qu’une impureté sur sa conscience. Il doit marcher devant Dieu avec une conscience pure — une conscience sans tache ni piqûre. Précieux trésor ! Puisse mon lecteur la posséder toujours.
Il est évident que Pierre la possédait, lors de la scène touchante « à la mer de Tibériade ». Pourtant, il était tombé — une faute grave et honteuse. Il avait renié son Seigneur avec imprécations, mais il était restauré. Un seul regard de Jésus avait brisé les sources profondes de son cœur et fait jaillir des torrents de larmes amères. Et pourtant, le motif de sa restauration complète n’était pas ses larmes, mais l’amour qui les avait fait couler. C’étaient l’amour éternel et immuable du cœur de Jésus — l’efficacité divine du sang de Jésus — et la toute-puissance de l’intercession de Jésus, qui avaient accordé à la conscience de Pierre la hardiesse et la liberté qui ressortent d’une façon si frappante et si belle dans la mémorable occasion qui nous occupe.
Le Sauveur ressuscité, dans ces derniers chapitres de l’évangile selon Jean, nous est présenté s’occupant de Ses pauvres disciples faibles, insensés, errants, se tenant sur leur chemin, se présentant à eux de diverses manières — prenant occasion de leurs nécessités mêmes pour se faire connaître en parfaite grâce à leurs cœurs. Y avait-il une larme à essuyer, une difficulté à résoudre, une crainte à dissiper, un cœur brisé à soulager, un esprit d’incrédulité à redresser ? Jésus était là dans toute la plénitude et la variété de Sa grâce, pour répondre à tous ces besoins. De même lorsque les disciples, sous la direction de Pierre toujours allant de l’avant, avaient passé la nuit à un travail infructueux, Jésus avait l’œil sur eux. Il savait tout ce qu’il en était des ténèbres et du labeur et du filet vide ; et là, sur le rivage, Il allumait un feu et leur préparait un dîner. Oui, ce même Jésus qui était mort sur la croix pour ôter leurs péchés, se tenait maintenant sur le rivage pour les restaurer de leurs errances, les réunir autour de Lui et répondre à tous leurs besoins. « Avez-vous quelque chose à manger ? », démontrait l’inutilité de leur labeur de la nuit. « Venez, dînez », était l’expression touchante de l’amour tendre, plein de sollicitude et pourvoyant à tout, du Sauveur ressuscité.
Remarquons les preuves d’une conscience entièrement restaurée que manifeste Simon Pierre. « Ce disciple donc que Jésus aimait dit à Pierre : C’est le Seigneur. Simon Pierre donc, ayant entendu que c’était le Seigneur, ceignit sa robe de dessus, car il était nu, et se jeta dans la mer ». Il ne pouvait pas attendre les nacelles ou ses compagnons disciples, tellement il était impatient de se jeter aux pieds de son Seigneur ressuscité. Il ne dit pas à Jean et aux autres : « Vous savez combien j’ai manqué honteusement ; et quoique j’aie depuis revu le Seigneur et que je L’aie entendu parler de paix à mon âme, je crois cependant plus convenable pour moi qui ai péché de me tenir en arrière. Allez donc, vous autres, à Sa rencontre d’abord, et moi je viendrai après vous ». Au lieu de cela, il se jette résolument à la mer, comme pour dire : « Je dois être le tout premier à rejoindre mon Sauveur ressuscité ; nul autre que le pauvre Pierre défaillant et trébuchant n’a un tel droit auprès de Lui ».
Or il y avait là une conscience parfaitement restaurée — une conscience sans une seule tache — une conscience qui se prélassait à la lumière du soleil d’un amour qui ne changeait pas. La confiance de Pierre en Christ était sans nuage, et cela, nous pouvons hardiment l’affirmer, plaisait au cœur de Jésus. L’amour aime à ce que l’on se confie en lui. Souvenons-nous toujours de cela. Nul n’a besoin de s’imaginer honorer Jésus en se tenant loin sous prétexte d’indignité ; pourtant, il est très difficile pour celui qui est tombé ou a été infidèle, de retrouver sa confiance dans l’amour de Christ. Une telle personne peut voir clairement qu’un pécheur est le bienvenu auprès de Jésus, quelque grands ou nombreux qu’aient pu être ses péchés, mais elle pense alors que le cas d’une chute ou d’une infidélité du chrétien est tout à fait différent.
Si ces lignes devaient être lues par quelqu’un qui a été infidèle ou est tombé, nous voudrions vivement lui présenter l’importance de revenir immédiatement à Jésus. « Revenez, fils infidèles ; je guérirai vos infidélités ». Quelle est la réponse à cet appel pathétique ? « Nous voici, nous venons à toi, car tu es l’Éternel, notre Dieu ». « Si tu reviens, ô Israël, dit l’Éternel, reviens à moi » (Jér. 3, 22 ; 4, 1). L’amour du cœur de Jésus ne connaît aucun changement. Nous changeons, mais Lui est « le même hier, et aujourd’hui, et éternellement », et Il aime à ce qu’on Lui fasse confiance. La confiance du cœur de Pierre était un riche festin pour le cœur de Christ. Sans doute, il est triste de tomber, d’errer, d’être infidèle, mais il est encore plus triste, quand nous avons agi ainsi, de se méfier de l’amour de Jésus ou de Sa volonté pleine de grâce de nous prendre de nouveau dans Son sein.
Bien-aimé lecteur, êtes-vous tombé ? Avez-vous erré ? Avez-vous été infidèle ? Avez-vous perdu le doux sentiment de la faveur divine, l’heureuse conscience de l’acceptation par Dieu ? Si c’est le cas, que devez-vous faire ? Simplement cela : Revenir ! C’est la propre parole de Dieu spécialement pour celui qui a été infidèle. Revenir dans le jugement de soi et dans la pleine confiance en l’amour sans limites et sans changements du cœur de Christ. Ne restez pas, nous vous en supplions, à distance dans l’éloignement de votre incrédulité. Ne mesurez pas le cœur de Jésus par vos propres pensées. Laissez-Le vous dire ce qui est dans Son cœur envers vous. Vous avez péché, vous êtes tombé, vous vous êtes détourné, et maintenant, peut-être, vous avez peur ou vous avez honte de tourner vos regards vers Celui que vous avez attristé et déshonoré. Satan aussi suggère les plus sombres pensées, car il cherchera à vous garder à une grande distance de ce précieux Sauveur qui vous aime d’un amour éternel. Mais vous n’avez qu’à fixer vos yeux sur le sang, l’intercession, le cœur de Jésus, pour obtenir une réponse triomphante à toutes les terribles suggestions de l’ennemi et à tous les raisonnements infidèles de votre propre cœur. Ne continuez donc pas une heure de plus sans chercher à obtenir un règlement complet de la question entre votre âme et Christ. Rappelez-vous, « Son amour ne change pas, libre et fidèle, fort comme la mort ». Souvenez-vous aussi de Ses paroles : « Revenez, fils infidèles » — « Revenez à moi ». Enfin, souvenez-vous que Jésus aime à ce qu’on se confie en Lui.
En second lieu, le cœur doit être restauré aussi bien que la conscience. N’oublions pas cela. Il arrive souvent, dans l’histoire des âmes, que bien que la conscience ait été parfaitement purifiée quant à certains actes que nous avons faits, toutefois les racines d’où ces actes avaient surgi n’ont pas été atteintes. Les actes apparaissent à la surface de la vie quotidienne, mais les racines sont cachées profondément dans le cœur, inconnues de nous-mêmes et des autres, mais entièrement exposées aux yeux de Celui à qui nous avons affaire.
Or ces racines doivent être atteintes, exposées et jugées avant que le cœur soit dans une bonne condition sous le regard de Dieu. Regardez Abraham. Il commença sa course avec une certaine racine dans son cœur, une racine de réserve incrédule par rapport à Sara. Cette chose le détourna du droit chemin quand il descendit en Égypte. Bien que sa conscience ait été restaurée et qu’il fût revenu à son autel à Béthel, cependant la racine n’avait pas été atteinte pendant des années, jusqu’à l’affaire d’Abimélec, roi de Guérar.
Tout cela est profondément pratique et des plus solennels. Nous en trouvons l’illustration en Pierre aussi bien qu’en Abraham. Remarquez la manière exquisement délicate avec laquelle notre bien-aimé Seigneur opère pour atteindre les racines dans le cœur de Son cher et honoré serviteur, Pierre. « Lors donc qu’ils eurent dîné ». Non pas pendant, donc. Il n’y avait aucune allusion au passé, rien qui puisse jeter un froid dans le cœur ou amener un nuage devant l’esprit, tandis qu’une conscience restaurée festoyait en compagnie d’un amour qui ne connaît aucun changement. C’est un beau trait moral. Il caractérise les opérations de Dieu avec tous Ses saints. La conscience est mise en repos en présence d’un amour infini et éternel, avant qu’il y ait même la plus distante allusion aux racines des choses dans le cœur. Quand Simon Pierre, dans la pleine confiance d’une conscience restaurée, se jeta lui-même aux pieds de son Seigneur ressuscité, il fut appelé à entendre cette invitation pleine de grâce : « Venez, dînez ». Mais « lors donc qu’ils eurent dîné », Jésus prit Pierre à part pour faire entrer dans son âme la lumière de la vérité, de sorte que par elle, il discerne la racine d’où était provenu tout son manquement. Cette racine était la confiance en soi qui l’avait conduit à se mettre au-dessus de ses compagnons disciples et à dire : « Si même tous te reniaient, je ne le ferai pourtant pas, moi ».
Cette racine devait être manifestée. C’est pourquoi, « lors donc qu’ils eurent dîné, Jésus dit à Simon Pierre : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? ». C’était une question perçante et forte, et elle alla droit jusqu’au fond même du cœur de Pierre. Trois fois, Pierre avait renié son Seigneur, et trois fois, son Seigneur met maintenant au défi le cœur de Pierre, car les racines doivent être atteintes afin de produire un bien permanent. Il ne suffit pas d’avoir simplement la conscience purifiée des effets qui ont été produits dans la vie pratique, il doit aussi y avoir le jugement moral de ce qui les a produits. C’est quelque chose qui n’est pas suffisamment compris et dont on ne s’occupe pas assez. De là vient que, encore et encore, les racines poussent et portent du fruit, et dispersent leur semence des milliers de fois autour de nous, nous laissant le travail très amer et douloureux qui aurait été complètement évité si les racines des choses avaient été entièrement jugées et surveillées.
Lecteur chrétien, notre but dans cet article est entièrement pratique. Exhortons-nous l’un l’autre à juger nos racines, quelles qu’elles puissent être. Connaissons-nous nos racines ? Sans aucun doute, il est très difficile de les connaître. Elles sont profondes et nombreuses ; orgueil, vanité personnelle, convoitises, irritabilité, ambition — voici quelques-unes des racines du caractère, les sources qui motivent l’action, sur lesquelles une censure rigoureuse doit toujours être exercée. Nous devons faire savoir à la nature que l’œil du jugement de soi est continuellement sur elle. Nous devons poursuivre la lutte sans nous arrêter. Nous pouvons avoir à nous lamenter sur des manquements occasionnels, mais nous devons conserver le combat, car le combat est la preuve de la vie. Que Dieu le Saint Esprit nous fortifie pour ce conflit sans fin.
Enfin, nous terminerons par une courte référence à la restauration portant sur la position ou le chemin de l’âme. La conscience étant entièrement purifiée et le cœur avec ses diverses racines, jugé, il y a un état de préparation morale pour notre propre chemin. L’amour parfait de Jésus avait chassé toute crainte de la conscience de Pierre ; Sa triple question avait dévoilé les racines dans le cœur de Pierre ; et maintenant, Il lui dit : « En vérité, en vérité, je te dis : Quand tu étais jeune, tu te ceignais, et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra, et te conduira où tu ne veux pas. Or il dit cela pour indiquer de quelle mort il glorifierait Dieu. Et quand il eut dit cela, il lui dit : Suis-moi ».
Ici, nous avons en deux mots le chemin du serviteur de Christ : « Suis-moi ». Le Seigneur venait de donner à Pierre les plus tendres gages de Son amour et de Sa confiance. Il lui avait, en dépit de tous ses manquements passés, confié le soin de tout ce qui était cher à Son cœur aimant dans ce monde, à savoir les agneaux et les brebis de Son troupeau. Il lui avait dit : « Si tu as de l’affection pour moi, pais mes agneaux, sois berger de mes brebis » ; et maintenant, dans une déclaration brève mais complète, Il lui ouvre son propre chemin devant lui. « Suis-moi ». C’est suffisant. Cela inclut toute autre chose.
Si nous voulons suivre Jésus, nous devons garder les yeux continuellement sur Lui ; nous devons discerner Ses empreintes et Ses traces ici-bas. Oui, remarquons-les et marchons-y ; et quand nous serons tentés comme Pierre de « nous détourner » pour voir ce que celui-ci ou celui-là a à faire, ou comment il le fait, nous pourrons entendre les paroles de réprimande : « Que t’importe ? Toi, suis-moi ». Ce doit être notre seule et grande affaire, qui nous absorbe entièrement, quoi qu’il arrive. Un millier de choses peuvent surgir pour distraire et entraver. Le diable nous tentera pour nous faire regarder ici et là, pour regarder à celui-ci ou à celui-là, pour imaginer que nous pourrions faire mieux ici que là, ou là qu’ici, pour être occupés et imiter le travail de quelque compagnon de service. Tout cela est réglé par ces mots perçants : « Suis-moi ».
Il y a un immense danger, au jour actuel, de marcher à la suite des autres, de faire certaines choses parce que d’autres les font, ou de faire des choses comme d’autres les font. Il faut soigneusement se garder de tout ceci. On peut être certain que cela n’aboutira à rien. Ce que nous désirons réellement est une volonté brisée — le véritable esprit d’un serviteur qui sert son Maître, pour connaître Sa pensée. Le service ne consiste pas à faire ceci ou cela, ou à courir ici ou là ; c’est simplement faire la volonté du Maître, quelle qu’elle puisse être. « Ceux qui se tiennent debout et attendent, servent ». Il est plus facile d’être occupé que d’être tranquille. Quand Pierre était « jeune », il allait où il voulait, mais quand il fut devenu « vieux », il alla où il ne voulait pas. Quel contraste entre le jeune, infatigable, ardent et énergique Pierre, allant où il voulait, et le vieux, mature, soumis et expérimenté Pierre, allant où il ne voulait pas. Quelle grâce d’avoir la volonté brisée ! De pouvoir dire de cœur : « Ce que tu veux, comme tu le veux, là où tu le veux, quand tu le veux ». « Non pas ma volonté, mais la tienne, ô Seigneur, qui soit faite ».
« Suis-moi ». Précieuses paroles ! Qu’elles soient gravées sur nos cœurs, bien-aimé lecteur. Alors nous serons constants dans notre course et efficaces dans notre service. Nous ne serons pas distraits ou perturbés par les pensées et les opinions des hommes. Il se peut qu’il n’y en ait que bien peu qui nous comprennent ou qui sympathisent avec nous — bien peu qui approuvent ou apprécient notre travail. Peu importe. Le Maître sait tout à ce sujet. Soyons seulement sûrs de ce qu’Il nous a dit de faire, et faisons-le. Si un maître dit à l’un de ses serviteurs d’aller et de faire une certaine chose ou d’occuper un certain poste, c’est son affaire d’aller et de faire cette chose, ou d’occuper ce poste, peu importe ce que ses compagnons serviteurs peuvent penser. Ils pourraient lui dire qu’il devrait être ailleurs ou de faire quelque chose d’autre. Un bon serviteur ne les écoutera pas, car il connaît la pensée de son maître et il a à faire le travail de son maître.
Qu’il en soit ainsi davantage pour tous les serviteurs du Seigneur ! Que nous sachions tous plus clairement et poursuivions de façon plus décidée la volonté du Maître en ce qui nous concerne. Pierre avait son chemin et Jean le sien. Jacques avait son travail et Paul le sien. Ainsi en était-il autrefois, le Guershonite avait son travail et le Merarite le sien ; et si l’un avait interféré avec l’autre, l’œuvre n’aurait pu être faite. Le tabernacle était transporté ou dressé par chacun accomplissant son propre travail. Ainsi en est-il de nos jours. Dieu a divers ouvriers dans Sa maison et dans Sa vigne. Il a des carriers, des tailleurs de pierre, des maçons et des décorateurs. Tous sont-il carriers ? Certainement pas, mais chacun a son travail à accomplir, et la construction progresse du fait que chacun fait le travail qui lui est assigné. Un carrier méprisera-t-il un décorateur, ou un décorateur toisera-t-il avec mépris un carrier ? Assurément pas. Le Maître les veut ensemble, et chaque fois que l’un interfère avec l’autre, comme nous le faisons souvent, la fidèle parole de répréhension tombe dans l’oreille : « Que t’importe ? Toi, suis-moi ».