Les éléments de l’Assemblée existent dans une localité lors même que les croyants n’y sont pas réunis ; mais la pensée de Dieu est de les réunir ; le fait aura lieu dans la gloire, où aucun de ceux qui constituent l’Assemblée ne sera absent. En attendant, les croyants ont l’immense privilège d’anticiper ce moment en se réunissant « en assemblée » comme ils le faisaient jadis à Corinthe et dans chaque localité où l’évangile avait été reçu.
Le besoin de se rencontrer entre croyants est le fruit de la nouvelle nature qui trouve sa joie dans un objet commun : « le Seigneur ». Lui-même invite les siens à se rassembler ici-bas autour de Lui. Un jour, Il les réunira dans la maison de Son Père, et y sera leur centre unique et glorieux ; mais en attendant, Il veut l’être déjà dans ce monde, car Il dit à Ses disciples, en Matthieu 18, 20 : « Là où deux ou trois sont assemblés en — ou plutôt à — mon nom, je suis là au milieu d’eux ». Peut-il y avoir pour nous un motif plus important de nous réunir que celui d’être avec Lui ? Cette jouissance ne dépend pas du nombre de ceux qui se rassemblent, mais du fait que le Seigneur se trouve au milieu d’eux. En parlant ainsi à Ses disciples, Jésus savait à quel nombre pourraient être réduits ceux auxquels Son nom suffirait pour les assembler, en opposition avec tous ceux qui auraient besoin d’autres motifs pour se réunir. Il les encourage (et nous encourage de même aujourd’hui) en les assurant que, si même ils ne sont que deux ou trois, Il est là au milieu d’eux. En principe, l’Assemblée est formée de tous ceux que le Seigneur a rachetés ; Il l’a fait en vue de les grouper autour de Lui ; mais tous ne répondent pas à ce désir.
Le soir de Sa résurrection, le Seigneur s’est empressé d’inaugurer, pour ainsi dire, le premier rassemblement en Son nom. En parlant du moment où Il serait délivré d’entre les cornes de buffles, il est dit au psaume 22, 22 : « J’annoncerai ton nom à mes frères ». C’est ce que le Seigneur fit dire aux siens, par Marie de Magdala : « Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu ». Voilà ce qui concerne les relations et privilèges individuels qui appartiennent au croyant. Puis : « Au milieu de l’assemblée — ou congrégation — je chanterai tes louanges » (Héb. 2, 12). Non pas dans le temple de Jérusalem, mais au milieu de ceux qu’Il a rachetés. Ils avaient été dispersés comme des brebis à Sa mort, et, sur le terrain nouveau de la rédemption, Il les rassemble autour de Lui pour le temps actuel, en attendant qu’Il le fasse pour l’éternité.
Le jour de la résurrection, les disciples avaient appris que le Seigneur était vivant, ils avaient reçu le message de Marie de Magdala. Pierre L’avait vu ; Il s’était fait connaître aux disciples qui allaient à Emmaüs : leur cœur était uni dans une même pensée, les dirigeait vers la personne de leur Seigneur, objet de la haine des Juifs ; mais, mieux encore que cela : la pensée du Seigneur Le dirigeait, Lui, vers eux. Ils se rassemblent, pleins de crainte, et ferment la porte au monde qui n’a rien à voir dans ce qui fait palpiter leur cœur. « Jésus vint et se tint au milieu d’eux. Et il leur dit : Paix vous soit ! ». Quelle joie pour eux tous lorsqu’ils Le virent au milieu d’eux, leur apportant la paix !
La paix ne se trouvait pas au-dehors, et leurs cœurs étaient dans la crainte ; mais le Seigneur ressuscité, vainqueur de Satan et du monde, ayant fait la paix par le sang de la croix, la leur apporte. Il leur montre à quel prix cette paix a été obtenue pour eux ; Il leur fait voir Ses mains et Son côté, ce côté percé d’où sortirent l’eau et le sang, fondement de leurs nouvelles relations avec Lui et avec son Dieu et Père. « Les disciples se réjouirent quand ils virent le Seigneur ». Tableau merveilleux de ce qu’est le rassemblement autour de Sa personne !
Le centre du rassemblement, le motif qui nous réunit, la personne qui nous y invite, sont exactement les mêmes aujourd’hui que le jour de la résurrection du Seigneur. Cela a lieu, il est vrai, pour la foi ; mais « la foi est l’assurance des choses qu’on espère, et la conviction de celles qu’on ne voit pas ». En plus que jadis les disciples, nous avons avec nous, ce jour-là, la personne du Saint Esprit, dont le service habituel est de nous faire jouir individuellement et collectivement de la personne du Seigneur.
En reconnaissant l’autorité des Écritures, en nous soumettant à elles en toute simplicité, nous avons le privilège de nous rassembler autour de la personne du Seigneur et de réaliser les bienheureux effets de Sa présence. Au milieu de la chrétienté qui a abandonné le Seigneur, et ne retient que quelques formes extérieures du christianisme, nous professons nous réunir selon les enseignements de Sa Parole. Nous savons, plus ou moins, expliquer que nous nous réunissons en dehors de toute organisation humaine, au nom du Seigneur et sous la libre action de l’Esprit de Dieu. Mais est-ce que la pratique répond entièrement à cette profession scripturaire, dans toutes nos réunions d’assemblée ? Une réunion d’assemblée est une réunion où tous, frères et sœurs, se trouvent parce que le Seigneur y est ; ils s’attendent à Lui seul, et réalisent Sa présence. Personne n’y vient pour entendre un frère, et encore moins pour se faire entendre. La réunion d’assemblée a divers buts : le culte, les prières, ou certaines réunions d’édification. Elle comprend, en un mot, toute réunion qui n’est pas convoquée pour profiter du ministère d’un serviteur de Dieu. Le culte est en général la réunion d’assemblée où la présence de Dieu est la plus complètement réalisée, parce que nous y sommes réunis pour nous souvenir de Lui, et en notre qualité d’adorateurs cherchés par le Père. Le mémorial de la mort du Seigneur, l’adoration et les louanges, remplissent trop les cœurs dans une telle réunion, pour qu’une méditation proprement dite de la Parole y ait place. Elle peut, sans doute, avoir lieu, exceptionnellement, mais toujours en rapport avec le culte. Lorsqu’une personne absente du culte demande à ceux qui y ont assisté : « Qui a parlé ? », c’est qu’elle n’a pas compris le culte, n’a pas abandonné l’idée que les frères vont, le dimanche matin, assister à une prédication. Dans le culte, tous sont sacrificateurs ; ils viennent offrir à Dieu les fruits récoltés dans le bon pays céleste où le Seigneur les a introduits.
Les frères qui indiquent un cantique doivent être eux-mêmes sous l’action de l’Esprit, en sorte que le cantique exprime la louange de l’assemblée à ce moment-là. Ceux qui prient doivent être aussi sous cette même action, afin d’être la bouche de l’assemblée, qui rend grâces et adore. Le service de la Parole, s’il a lieu, est plutôt celui d’un Lévite, serviteur de l’assemblée ; c’est pourquoi, dans le culte, au milieu d’une assemblée de sacrificateurs, ce service ne devrait pas avoir la prééminence. C’est l’assemblée qui rend culte ; ce fait est perdu de vue par ceux qui ne pensent qu’à jouir de l’action de quelques frères ayant « l’habitude d’agir ».
Hélas ! si dans le culte, chacun fonctionnait à sa place, par le silence ou par l’activité, les actions de grâces et de louanges n’auraient pas toujours lieu par les mêmes frères, ou peut-être en grande partie par un frère à l’œuvre en passage. Ce dernier serait heureux d’assister au culte de l’assemblée, en y prenant sa part avec tous les frères comme sacrificateur, et non pas comme « pasteur en charge » !
La réunion de prières est aussi une réunion d’assemblée, comme le Seigneur le dit en Matthieu 18, 19. Il est là au milieu des deux ou trois réunis pour prier, et dont l’accord découle de la réalité de Sa présence. C’est un privilège immense de pouvoir exprimer des besoins que l’Esprit de Dieu fait monter au cœur dans le sentiment réel de la présence du Seigneur. Celui qui est au ciel est là au milieu des siens sur la terre, c’est pourquoi nous pouvons compter sur l’exaucement des prières qui sont ainsi adressées à Dieu. C’est aussi pour la même raison que toute décision d’assemblée, prise non pas avec la prétention, mais avec la réalité de la présence du Seigneur, est liée ou déliée au ciel comme sur la terre.
Là encore, sous la libre action de l’Esprit de Dieu, ce ne devraient pas être toujours les mêmes frères qui présentent les prières de l’assemblée, comme s’il y avait des dons de prière ; car tous sont des frères entourant le Seigneur, en liberté devant leur Père, et peuvent, dans une pleine dépendance de l’Esprit, exposer les besoins de l’assemblée. Il faut pour cela, sans doute, être exercé habituellement au sujet des besoins divers et nombreux de l’assemblée locale et d’autres assemblées. À Jérusalem, l’assemblée faisait d’ardentes prières pour la délivrance de Pierre ; mais quand nous sommes réunis, il nous faut être pénétrés de la présence du Seigneur et demeurer sous l’action du Saint Esprit, afin d’être dirigés, et de savoir quels sont les besoins qu’il convient de placer au milieu de tant d’autres devant Dieu ; une heure de prières ne suffirait pas pour les exposer tous. Un frère pourra présenter en deux minutes ou en quatre ou cinq ce que l’Esprit de Dieu place sur son cœur, se souvenant que, seul dans son cabinet, il peut prier pendant une heure ; mais que, dans l’assemblée, il n’est pas seul, et que le Saint Esprit peut se servir d’autres frères, à moins qu’Il n’ait été éteint par les prières trop longues des uns ou des autres.
En somme, on n’ira pas au culte et aux réunions de prières pour s’édifier, mais pour rendre culte et présenter des demandes ; si la présence du Seigneur y est réalisée, on sort de là édifié et heureux. Si l’on ne va pas aux réunions dont nous parlons pour entendre une prédication, on ira dans ce but aux autres réunions. En effet, chaque fois qu’un serviteur de Dieu aura convoqué une réunion pour y exercer son ministère, on y ira dans l’esprit de Corneille et des siens, lorsqu’il disait à Pierre : « Nous sommes tous présents devant Dieu, pour entendre tout ce qui t’a été ordonné de Dieu » (Act. 10, 33). Seulement là, ce n’est point être réunis en assemblée, ou être assemblés par le nom du Seigneur, qui représente Sa personne. Nous irons au ciel parce que le Seigneur y est, et pour être avec Lui ; mais, comme nous l’avons dit, en attendant ce glorieux moment, il y a un lieu sur la terre où Il a voulu être avec les siens. Que nous manque-t-il pour nous rendre avec bonheur à ce lieu de réunion ? Sera-ce un frère qui puisse nous édifier ? Non, nous y irons pour mieux aimer le Seigneur, pour mieux apprécier Sa personne, pour mieux Le connaître, pour vivre avec Lui, et de Lui, pour jouir de Sa communion. Voilà ce qui nous manque le plus, et non pas les moyens d’édification, qui paraissent à plusieurs la seule chose désirable pour se réunir. Il est probable que parmi ceux qui ont le plus joui de la présence du Seigneur, le soir de Sa résurrection, ce dût être Marie de Magdala qui n’avait eu de repos au matin de ce jour, qu’elle n’eût trouvé son Seigneur. Cherchons-Le individuellement comme elle, et nous serons sûrs de ne pas sortir avec le vide au cœur d’une réunion, qu’il s’y trouve ou non « le frère tel ou tel ».
Le Seigneur a évidemment donné des dons pour Son Assemblée ; la Parole règle leur exercice, tout particulièrement en 1 Corinthiens 14 ; mais si les dons s’exercent dans l’assemblée, ce ne sont pas eux qui réunissent les saints, ni qui sont la source de la bénédiction. L’Église a bientôt perdu de vue le Seigneur comme centre de rassemblement ; les dons, s’ils existaient, ont pris la place du Seigneur, et cela est arrivé au point que des hommes sans la vie de Dieu et formés par des hommes, sont devenus dans la chrétienté des centres de rassemblement. Du moment qu’il faut l’activité d’un frère quelconque pour être heureux dans l’assemblée, celle-ci est sur la voie qui a conduit la chrétienté à des services organisés et à son clergé.
Il n’y a pas de dons, nous dit-on, dans toutes les assemblées, mais il y a au moins quelques frères auxquels on peut s’attendre ! Grave erreur ! Ce ne sont pas les frères qu’il faut voir ; c’est le Seigneur qui les voit, et tous doivent voir le Seigneur et s’attendre à Lui. Lui a donné les dons pour Son Assemblée, pour Son Église entière ; Il est la source des bénédictions pour la terre et pour le ciel ; ne suffira-t-Il pas pour remplir Lui-même les cœurs de tous ceux qui sont réunis, et qui chantent souvent : « Jouir de ta présence est le plus heureux sort » ? On dira : « Il Lui faut pourtant des instruments pour faire éprouver aux siens Sa bénédiction et leur donner de l’édification ». C’est vrai, mais à Lui seul incombe d’y pourvoir. Ce qui nous empêche de réaliser cette bénédiction, c’est de l’attendre de nos frères, ou à ces derniers de vouloir être le moyen de la dispenser. Si l’on s’attend au Seigneur, il est impossible qu’Il ne la donne pas. N’est-ce pas déjà une grande bénédiction de se trouver avec Lui, ayant fermé la porte au monde qui Le hait, quoique nous ayons à accomplir nos devoirs journaliers au milieu de lui, et que son contact dessèche et éloigne si facilement nos cœurs du Seigneur ? Quelle paix, quel repos nous éprouvons à nous trouver en dehors du monde, réalisant quelque chose du ciel, dans la compagnie du Seigneur, que l’on ne pourrait trouver ailleurs ! Si, par contre, les uns sont préoccupés de ce qu’ils pourront entendre, les autres de ce qu’ils pourront donner, cette distraction détournera la bénédiction que le Seigneur donnerait si l’on s’attendait à Lui seul.
Nous tirons de cela la conclusion que la routine avec laquelle les choses se passent dans les assemblées provient beaucoup de ce que l’on n’y donne pas assez de place au Seigneur et de ce que l’on n’a pas assez confiance à la direction de l’Esprit. Cela ne signifie pas qu’il faille changer l’ordre dans lequel les choses se passent habituellement dans les réunions, à moins que cela ne vienne de l’Esprit de Dieu. Ainsi, par exemple, la réunion commence en général par un cantique et se continue par une prière. Cela est bien : un cantique élève l’âme et détourne le courant de pensées étrangères que l’on porte facilement avec soi ; la prière exprime la dépendance du Seigneur, source de la bénédiction, et par elle on peut tout aussi bien commencer. Après la prière, on lira sans doute et l’on méditera sur quelque portion de la Parole. Sera-ce parce que telle est l’habitude dans une réunion d’édification ? Mais il arrive souvent que le frère sur qui vous comptez n’a rien à vous donner. Si le Seigneur ne le lui donne pas, faut-il qu’il se fasse violence pour présenter quelques vérités ? Ne vaut-il pas mieux qu’il se lève encore une fois pour dire au Seigneur que nous n’avons rien, que nous nous attendons à Lui ? Ne vaut-il pas mieux Lui dire en vérité : Nous sommes ici pour jouir de ta présence, donne-nous de la réaliser, révèle-toi à nos âmes ? Et si nous devions prier ainsi plusieurs fois de suite, ne serait-ce pas préférable que de donner ce que nous n’avons pas reçu pour cette occasion ? Chaque fois que les frères ont été assez simples, assez dépendants du Seigneur pour agir ainsi, la bénédiction a débordé sur eux.
Que le Seigneur nous donne à tous, frères et sœurs, de nous attendre à Lui, plutôt que de vouloir agir parce que c’est l’heure, l’habitude, l’ordre, dans lequel l’action a lieu habituellement ! Sous l’action de l’Esprit, une simple lecture de la Parole resplendit dans sa divine beauté ; l’Esprit peut en susciter une seconde, un frère nous dira pourquoi il l’a choisie, ou ne dira rien. Un cantique aura peut-être sa place. Combien cette libre action de l’Esprit apportera plus d’édification qu’une action dont le but est non pas l’exercice d’un don, mais la manière de remplir le temps. Le Seigneur peut donner davantage à l’assemblée qu’une simple lecture, mais quand ce n’est pas Lui qui donne, tout est une perte.
À mesure que le temps s’écoule, nous avons besoin de revenir à ce qui était dès le commencement. C’est à sa source que l’eau est la plus pure !