Sur les souffrances de Christ

Marc 14, 14 à 50
J.N. Darby

Il y a deux côtés dans les souffrances du Seigneur Jésus : les souffrances que, pendant Sa carrière, Il a endurées de la part des hommes, et les souffrances qu’Il a connues, lorsque, prenant la coupe qu’Il devait boire, Il a supporté le poids de la colère de Dieu.

L’étendue de l’iniquité de l’homme paraît de deux manières : directement, dans tout ce que l’homme a fait en s’opposant à Jésus et en rejetant Jésus ; mais surtout dans le poids du péché que le Seigneur Jésus a dû porter quand Il a bu la coupe que le Père Lui avait donnée. Ce n’était pas pour Lui une chose légère. « Il commence à être effrayé et fort agité, et il dit : Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort » (v. 33-34).

Parmi ceux qui liront ceci, n’y en a-t-il pas plusieurs qui n’ont jamais été saisis de tristesse à cause de leurs péchés ? Y a-t-il rien qui mette davantage à nu la folie et la légèreté du cœur de l’homme ? Nous qui, par le péché, avons rendu si amère et si affreuse cette coupe que Jésus a bue, nous considérerions le péché comme peu grave aux yeux de Dieu ! Mais c’est Lui, c’est Jésus qui a trouvé combien il était horrible. Si nos cœurs, misérables comme ils le sont, ne sentent pas le péché, Christ l’a senti quand Il a bu la coupe pour nous et porté le péché pour nous. Si le cœur ne comprend pas la gravité du péché, non au même point que Jésus l’a connue, mais au moins à un degré quelconque ; si, quelque faible qu’il soit, le sentiment de la gravité du péché nous est étranger, nous ne sommes pas entrés du tout dans la pensée de Jésus.

Il est bien différent d’avoir le cœur touché par ces choses ou d’en avoir seulement la connaissance ; car ce n’est pas de cette connaissance que je veux parler ici. Avoir la connaissance de la gravité du péché, de ce que le péché a coûté à Jésus, et de ne pas en avoir le cœur touché, cela est même pire que de n’y rien comprendre du tout. L’état du cœur est, dans l’un des cas, bien plus mauvais que dans l’autre.

Nous allons voir faiblement, bien faiblement, ce qu’ont été les souffrances de Jésus.

Personne, hélas ! ne peut sonder jusqu’au fond ce que ces souffrances ont été. Tous les jours vous avez les pensées, vous dites et faites les choses, vous avez les péchés qui ont fait que Christ a dû boire cette coupe et subir la colère de Dieu. Et, malgré cela, vous pensez peut-être que vous n’êtes pas si méchant ! Si vous avez la pensée que Christ a souffert pour vos péchés, vous trouverez que Christ n’a pas jugé, Lui, que ces péchés ne fussent pas très graves. Il en a été effrayé et agité. Dans le jardin de Gethsémané, Christ se préparait, pour les autres, à la rencontre de Son Dieu, selon la sainteté de Son jugement. Son âme était, « de toutes parts, saisie de tristesse jusqu’à la mort » (Matt. 26, 38).

Vous, qui pensez vous préparer à la rencontre de votre Dieu, avez-vous ces tristesses et ces frayeurs ? Quelque vague que soit la pensée que vous puissiez en avoir, si vous voulez apprendre ce qu’elles ont été, considérez comment en Gethsémané Christ a été agité et effrayé par le péché ! Et si vous ne l’avez pas fait, vous n’avez pas non plus apprécié l’amour de Jésus, ni l’œuvre de Jésus dans la grâce. Ce qui importe et ce qu’il faut, c’est que nos consciences soient touchées par la pensée que Christ était là pour nous dans la souffrance, afin de porter nos péchés. Si mon âme n’est pas amenée à le reconnaître, il faut que j’y passe moi-même, et que je souffre pour moi-même la colère et la justice de Dieu, telles que Christ les a subies. Si, quand Son Fils, Son bien-aimé, qui n’avait point de péché, a été fait péché pour nous, Dieu a dû frapper le péché en Lui ; si Sa justice et Sa sainteté n’ont pu épargner Jésus, pensez-vous échapper quand vous rencontrerez la face de Dieu ? Et, quand je considère Christ souffrant la colère et la malédiction, puis-je penser que mes péchés soient peu de chose ? Le mal que j’avais fait était assez grave aux yeux de Dieu et aux yeux de Jésus, pour que, quand Jésus s’en est chargé, ce mal L’ait fait agoniser et ait fait passer sur Lui le poids de la colère de Dieu. Christ a souffert sur la croix la colère de Dieu, et pourquoi ? Parce que vous avez mérité cette colère et la condamnation éternelle.

Souvent, sans le savoir, les âmes vont à la rencontre de Dieu avec leur péché sur elles. C’est là souvent où les âmes en sont sans en avoir la connaissance. N’est-il pas vrai, pour plusieurs d’entre vous, que vous cheminez dans cette vie à la rencontre de Dieu et au-devant de Son jugement, et que vous ne craignez rien ? Et s’il en est ainsi, si vous cheminez ainsi à l’aise en face de ce jugement, qu’est-ce à dire, sinon que la conscience n’est pas réveillée, que même elle est endurcie malgré l’agonie de Jésus, malgré les souffrances de Jésus, et malgré la coupe qu’à cause du péché Jésus a dû boire.

Qu’il est beau de contempler Jésus au milieu de cette agonie et de ces souffrances ! Nous Le voyons parfaitement calme et pesant avec calme la gravité de la coupe qu’Il voulait boire. Et dans quelles circonstances ? Au milieu de tout ce qui était propre à briser et à broyer les affections de Son cœur. Plus le monde nous rejette et nous méprise, plus aussi nous avons besoin d’affection. Jésus était plein de bonté et de tendresse pour Ses disciples. Il les avait aimés et supportés. Que Lui arrive-t-Il ? Que trouve-t-Il au milieu d’eux, quand l’iniquité de l’homme va être déchaînée contre Lui ? Ce qu’Il trouve, c’est que, au milieu de ceux qu’Il aimait, de ceux avec qui Il était à table et mangeait comme avec Ses amis et Ses compagnons (v. 18), Jésus peut dire : « En vérité, je vous dis que l’un d’entre vous me trahira ». Oui, l’un de vous qui avez été avec moi, l’un de vous, mes compagnons ! Son cœur est blessé jusqu’au fond. Et, comme ils s’attristaient et se demandaient l’un après l’autre : Est-ce moi ? Jésus montre combien Son cœur est navré. « C’est l’un des douze qui trempe avec moi dans le plat ». L’un de vous, qui m’avez connu, qui m’avez vu et qui êtes reçus dans mon intimité. Et Jésus était parfaitement calme.

Versets 22 à 26. On allait Le crucifier. À qui pense-t-Il ? À Ses disciples. Son corps allait être rompu et Son sang répandu. Il allait subir la colère de Dieu, et Il leur explique en paix le prix de ce qu’Il va faire pour eux. Il se transporte, au-delà de ces siècles où nous vivons, au temps où « rassasié du travail de son âme » (És. 53, 11), Il boira nouveau dans le royaume de Dieu, ce fruit de la vigne (v. 25). Qu’il est beau de voir ainsi le Seigneur Jésus porter Ses regards à travers les siècles ! Au milieu des circonstances affreuses où Il se trouve, Son âme est assez calme pour penser au bonheur éternel acquis à Ses disciples par Ses souffrances, et à la joie qu’Il éprouvera de les revoir dans cet état de gloire. Sans se laisser détourner par la pensée de Ses souffrances, sans agitation, sans effroi, Il contemple en paix la valeur de Son sacrifice et le bonheur de retrouver Ses disciples à la fin. Trahison de Judas, reniement de Pierre, abandon des disciples, réjection du monde, inimitié de Satan, rien ne Le trouble. « Ils chantent le cantique » (v. 26).

Versets 27 et 28. « Jésus leur dit : Vous serez tous, cette nuit, scandalisés en moi ». Avoir honte de Lui, malheureux que nous sommes ! Et même, combien cela met en relief l’ineffable amour de Jésus ! Il dit à Ses brebis, qui vont être dispersées, qu’Il les rejoindra bientôt, et que, aussitôt qu’Il aura accompli toute cette œuvre qui doit sauver les siens, manifester, hélas ! toute la faiblesse de la chair en eux et toute la perfection de l’obéissance en Jésus, Il ira devant eux en Galilée.

Versets 29 et 30. Pierre a la fausse confiance de la chair. Jésus le lui reproche-t-Il ? Qu’est-ce que la présomption de Pierre produit dans le cœur de Jésus ? Il avertit Pierre et prie pour lui. Son amour stable, immuable, ne se ralentit jamais. Son cœur n’est pas découragé. C’est Lui, Lui qui devait porter toute la peine, qui encourage Ses disciples et qui les console.

Verset 31. Il peut arriver à d’autres qu’à Pierre de dire : « Quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point ». Car « tous aussi le disaient pareillement ». Là où Christ est honoré et reconnu, au milieu des siens, au milieu de ceux qui confessent Son nom, on Le reconnaît bien, on veut bien avoir un Christ, quoique rejeté des hommes ; mais, dans une autre société, au milieu de ceux qui Le rejettent, combien le cœur est prompt à cacher qu’il Le connaît ! Et, si vous trouvez mauvais en Pierre de L’avoir renié ainsi, cela est-il moins affreux en vous ? Et si, quand nous sommes exposés à l’opprobre pour Son nom, nous n’aimons pas à Le confesser, ne Le renions-nous pas autant que Pierre ? Et on le fait parce que la conscience n’est pas réveillée et touchée parce que Jésus a souffert à cause du péché. Ce que je désire, c’est que la conscience sente la gravité du péché qui a fait souffrir Jésus, et ce péché est le vôtre ; c’est que le cœur soit touché par le sentiment de l’amour de Jésus, par cette puissance d’amour en vertu de laquelle Jésus s’est chargé devant Dieu du poids et de la responsabilité du péché, et en vertu de laquelle Il a porté tout ce poids, quand « il a été navré pour nos forfaits et froissé pour nos iniquités » (És. 53, 5).

Versets 32 à 39. Jésus dit à Ses disciples de prier (v. 38). Ce n’est plus pour Lui le moment de consoler les siens. Il faut qu’Il rencontre pour eux la colère de Dieu. Il repasse maintenant dans Son esprit, devant Dieu, ce qu’Il doit souffrir en buvant la coupe de la colère de Dieu. Jésus, qui était saint, et qui avait demeuré dans l’amour du Père, comprenait seul ce qu’était la sainteté de Dieu et de quel prix était Son amour. Il était par là d’autant plus capable de comprendre seul combien était horrible le péché, et combien affreuse la colère de Dieu. L’indifférence à cette colère ne peut se trouver qu’en ceux qui, étant dans le péché, ne connaissent pas la sainteté de Dieu, et qui, étrangers à Dieu, n’ont pas goûté Son amour. Il est affreux de nous voir calmes, contents de nous-mêmes et insouciants, quand on sait les angoisses que le péché a coûtées au Seigneur Jésus, et pourquoi Il a été effrayé et fort agité.

Dans Sa carrière d’obéissance, Jésus a souffert la contradiction des pécheurs. Jamais Il ne s’en est détourné, et jamais Il n’a demandé qu’une telle coupe fût éloignée de Lui. Pourquoi celle-ci ? Parce que ce n’était pas seulement celle de l’iniquité des hommes ou de la malice de Satan, mais celle de la colère de Dieu. En ce qu’Il avait eu à souffrir auparavant de la part des hommes, Il avait eu la joie d’accomplir la volonté de Son Père ; mais, dans cette coupe-ci, qui était celle de la colère, il n’y avait pas une goutte de douceur. Jésus prie que, s’il est possible, cette coupe soit transportée loin de Lui. — Et pourquoi impossible ? — Le voici. Il est impossible que Dieu supporte le péché et que, quand Jésus Lui-même a été fait péché pour nous, la colère de Dieu ne s’accomplisse pas contre le péché.

Voilà, chers lecteurs, où vous en êtes ! Si Christ n’a pas porté vos péchés, impossible que vous échappiez au jugement que Dieu a prononcé contre le péché. C’est une pensée sérieuse. Pesez cette expression de Jésus : « S’il est possible ». Certes, si cela eût été possible, Dieu eût exaucé Jésus et Il eût épargné à Son Fils bien-aimé cette douleur sans pareille. Pourquoi Jésus dit-Il : « S’il est possible » ? Parce que, Lui qui savait ce que c’était que l’amour de Dieu, était seul aussi en état de savoir combien terrible était Sa colère.

Quel était l’état des disciples ? Ils dormaient (v. 37). Ils n’avaient pas assez d’affection pour Lui pour veiller une heure. Pierre, qui voulait faire face à la prison et à la mort, n’a pu veiller une heure. Il avait dormi sur la montagne pendant la transfiguration (Luc 9, 32), et il dort en Gethsémané. Cela découvre, au fond de nos cœurs, l’égoïsme étranger aux affections qui font entrer nos cœurs dans la gloire comme dans les souffrances de Jésus.

Versets 40 à 43. L’amour de Jésus a-t-il été rebuté ou fatigué de tout cela ? Non. Il a dû, Il a voulu glorifier Son Père et sauver les siens, et Il ne s’arrête à aucune difficulté. Impossible que nous soyons sauvés s’Il ne boit pas la coupe, et Il la prend. Son amour est plus puissant que la mort. Il présente tout à Dieu. Et, du moment où Il a trouvé impossible que cette coupe passe sans qu’Il la boive, le calme se retrouve dans Son âme et Il la prend.

Versets 44 à 50. De quoi le cœur de l’homme n’est-il pas capable ? Dieu a permis que toute la perfidie du cœur fût mise à nu et que l’homme trahît Jésus par un baiser. Pas une angoisse, pas une épreuve que Jésus n’ait eu à supporter pour mettre Son cœur à l’épreuve. Sans cela, quelque chose aurait manqué à la coupe qu’Il avait à boire. L’épreuve du Seigneur n’aurait pas été complète, et la question de l’iniquité de l’homme n’aurait pas été vidée en la présence du jugement de Dieu ; mais Jésus a parfaitement glorifié Dieu Son Père, au milieu de toute l’iniquité de l’homme et de toute la malice de Satan. Tout ce qui pouvait blesser, écraser, colère de Dieu, méchanceté de Satan, iniquité de l’homme, tout a broyé Son cœur et tout a fait briller devant Dieu l’excellence infinie de Jésus. Le cœur de Jésus a été éprouvé jusqu’au fond. Et quelle est, après tout cela, par la foi, la position des pécheurs ? Il ne reste rien que le prix et la valeur de Jésus sur eux ; et, aux yeux de Dieu, celui qui croit a toute la valeur de Jésus devant Dieu. Il peut se présenter devant Dieu comme aimé de Dieu au point que Dieu a donné Son Fils, et comme ayant le prix de toutes les souffrances de Jésus.

Si Christ vous est ainsi présenté, de deux choses l’une. Ou bien vous êtes coupables des souffrances de Jésus, si vous les méprisez ; ou bien, si, par la grâce, vous en saisissez la valeur infinie par la foi, vous jouissez de l’effet de ces souffrances. Si vous les méprisez, vous serez traités comme ceux qui les méprisent. Si, par la grâce, vos yeux sont ouverts pour comprendre ce que Jésus a fait, toute l’efficace de Son œuvre vous est appliquée, et vous jouissez de l’amour de Dieu. — Ou vous êtes coupables des souffrances de Jésus, ou vous jouissez du prix de Ses souffrances.

Confesser que ce sont vos péchés qui ont fait souffrir Jésus, c’est réellement croire qu’Il les a portés. Si vous dites : C’est moi qui ai fait ainsi souffrir Christ, vous dites aussi : Moi, je ne souffrirai jamais comme cela. Si Jésus a porté mes péchés et en a subi les conséquences, je ne les subirai pas, et je suis délivré et affranchi de la condamnation.

Que, par le sentiment de l’amour de Jésus, Dieu touche vos cœurs et vous fasse sentir de quel prix infini il est pour vous que Jésus Lui-même se soit présenté pour subir la colère de Dieu. Oh ! que l’amour de Jésus est précieux !