Une grande victoire qui délivre, sauve, fait vivre, console et réjouit

(Courte prédication sur le bord d’une tombe)
1885

Il y a peu de temps, un serviteur de Christ fut invité à parler à l’ensevelissement d’une dame chrétienne, dont le père avait été officier supérieur dans l’armée de son pays. S’étant rendu à l’invitation et ayant pris place sur le bord de la tombe, il se vit en présence d’un auditoire où se trouvaient plusieurs personnes de distinction et d’un esprit cultivé.

La pensée qu’il avait à parler devant elles commençait à l’émouvoir, lorsque ses regards furent attirés sur la fosse où l’on descendait dans ce moment le corps de la défunte. Pauvre être que tu es, pourquoi t’agiter et t’intimider ? se dit-il alors à lui-même. N’est-ce pas le moment d’annoncer avec calme l’évangile, « qui est la puissance de Dieu en salut à tout croyant » (Rom. 1, 16) ; de l’annoncer à des hommes mortels ainsi que toi, et que le péché, aiguillon de la mort, couchera aussi un jour « dans la fosse de la pourriture » (És. 38, 17) ? Ils ont besoin, comme les autres, du salut que la grâce de Dieu, venue par Jésus Christ, place devant les hommes. Ne crains donc pas, en regardant à Celui qui est plus haut qu’eux, d’ouvrir la bouche pour leur parler de ce salut, et leur dire que Celui qui en est l’auteur (Héb. 5, 9), a été Lui-même, à cause de nos péchés, couché dans le sépulcre, mais qui, sans avoir senti la corruption, en est sorti victorieux et est assis maintenant à la droite de Dieu (Ps. 16, 10 ; Act. 2, 22-36 ; 13, 34-39 ; Éph. 1, 20).

Ayant alors ouvert sa Bible et lu dans le chapitre 2 de l’épître aux Hébreux, Dieu mit dans sa bouche (Jér. 1, 9 ; Act. 10, 33 ; Jacq. 1, 17) des vérités qui furent écoutées avec attention et qu’il désire, dans ces pages, placer sous les yeux du lecteur, en les accompagnant de plusieurs passages qui viennent les appuyer.

La circonstance douloureuse qui nous réunit, dit-il, rappelle avec puissance à nos esprits que le péché est dans le monde : le péché dans lequel l’homme est tombé, et dont il est devenu à tel point l’esclave, qu’il ne peut ni s’en affranchir lui-même, ni trouver dans ce monde qui que ce soit qui puisse l’en délivrer, non plus que du pouvoir de Satan qui l’y a entraîné (Ps. 49, 7-10 ; Jér. 13, 23 ; Jean 3, 3-7 ; 8, 32-44 ; 2 Cor. 11, 3 ; Éph. 2, 2 ; 1 Tim. 2, 14 ; 1 Jean 3, 7-9).

Le voilà maintenant, cet homme créé pourtant à l’image et à la ressemblance de Dieu, le voilà assujetti à la mort à cause de sa désobéissance, et après la mort le jugement (Rom. 5, 12-21 ; Héb. 9, 27).

En présence de ces réalités, et en face d’une tombe ouverte, on ne pourrait qu’être écrasé par la douleur, si on ne savait que ce que l’homme ne pouvait pas faire, Dieu l’a fait, dans Sa miséricorde, « car rien, est-il écrit, ne sera impossible à Dieu » (Matt. 19, 25-26 ; Luc 1, 37 ; Rom. 8, 3, 32 ; 2 Tim. 1, 9 ; Tite 3, 3-7).

Dans le chapitre 3 de la Genèse, où il est parlé de la chute de l’homme, Dieu annonce en même temps, que la postérité de la femme brisera la tête du serpent. Or, nous trouvons ailleurs que Christ, né de femme, fait péché et malédiction pour nous, nous a rachetés pour Dieu par Son sang (Gal. 3 et 4 ; 2 Cor. 5 ; 1 Pier. 1, 18 ; Apoc. 5, 9). C’est par Lui que la délivrance a eu lieu, que la promesse a trouvé son accomplissement, comme le démontre la portion de la Parole que nous avons lue dans l’épître aux Hébreux. Ce chapitre 2 place devant nous un grand salut, une grande victoire : une victoire qui mérite bien plus d’être proclamée que celle que César, ce fameux général, annonça si fièrement au sénat romain par ces mots devenus célèbres : Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu (veni, vidi, vici).

Le Christ Jésus, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, Lui le Créateur de tout l’univers, n’a pas eu besoin de venir dans ce monde pour voir, car étant Dieu, Il voit de loin aussi bien que de près (Ex. 3, 7-8 ; Ps. 138, 6 ; Ps. 139, 2 ; Prov. 15, 3), et c’est parce qu’Il a vu du haut du ciel (Ps. 14, 2 ; Rom. 3) l’esclavage dans lequel le péché nous retenait loin de Lui, et la perdition éternelle qui en aurait été la conséquence inévitable, qu’Il s’est anéanti Lui-même, s’est fait homme, a participé à la chair et au sang, et est venu nous délivrer en triomphant de tout par la mort de la croix (Phil. 2, 5-8 ; Col. 2, 10-15).

Cette victoire qui rencontre l’homme mort dans ses fautes et dans ses péchés (Éph. 2 ; Col. 2), le délivre de cet état, le sauve, le vivifie, et l’élève jusque dans le ciel, où le vainqueur est entré après avoir obtenu une rédemption éternelle (Héb. 1, 3 ; Héb. 9, 12). C’est pour le croyant « une ferme consolation » de savoir qu’il en est ainsi et que, là où est son Sauveur, là aussi il sera lui-même : non comme un esclave ou un étranger, mais comme un enfant que Dieu le Père a revêtu de la plus belle robe de Sa maison (Luc 15 ; 1 Cor. 1, 30-31), de Christ Lui-même, qui ne prend pas à honte d’appeler celui-ci, dans le sein de la gloire, « compagnon » et « frère », vu qu’Il est sanctifié, justifié, glorifié. « Or tout cela vient de Dieu », est-il écrit dans 2 Corinthiens 1, 21 et 22 ; 5, 5, 18, et est le résultat de Son immense grâce, comme on peut le voir dans le chapitre 2 des Éphésiens déjà cité. C’est le fruit de l’œuvre de Son bien-aimé Fils, qui a satisfait à toutes Ses perfections et donné plein cours à Son amour pour nous (Ps. 22, 1-22 ; Luc 12, 30 ; Héb. 10, 10-22 ; Apoc. 1, 6).

Oh ! combien la victoire du Fils de Dieu est différente, aussi bien dans sa nature que dans ses résultats, de celle que les hommes de ce monde remportent, en versant des flots de sang humain ! Ces dernières en enrichissent peu, tandis qu’elles en appauvrissent beaucoup par leurs ruines et leurs désolations. Combien elle est différente, celle d’où découle le salut des pécheurs, « car Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité ». « Il est patient envers tous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance ». « Tournez-vous vers moi et soyez sauvés, vous tous les bouts de la terre » (És. 45, 22 ; 1 Tim. 2, 3-6 ; 2 Pier. 3, 9). Cette victoire, dis-je, du Seigneur, remarquez-le bien, n’a pas été obtenue par la parole de Sa puissance, qui du néant a créé l’univers. Il ne l’a pas non plus remportée en faisant couler le sang d’autrui, mais bien en donnant Sa vie en « rançon pour tous », « afin que par sa mort, avons-nous lu, il rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et qu’il délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient toute leur vie assujettis à la servitude ».

Le Seigneur Jésus, qui a effacé le péché, vaincu Satan, « annulé la mort et fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile » (2 Tim. 1, 10), a envoyé de la part du Père, selon Sa promesse, non pas un esprit de servitude, mais l’Esprit d’adoption par lequel les croyants peuvent appeler Dieu : Père, et être libres devant Lui qui a montré envers eux Son riche amour en les faisant Ses enfants et Ses héritiers, en leur envoyant « Son propre Fils » et « le don du Saint Esprit ».

Et maintenant, chères âmes, en présence des souffrances profondes endurées par le Sauveur sur la croix, pour nous délivrer du péché et nous amener à Dieu et en présence de leur riche et glorieux résultat (1 Pier. 1, 11 ; 2, 21-24 ; 3, 18 ; 5, 10), rappelons-nous ces paroles solennelles : « Comment échapperons-nous, si nous négligeons un si grand salut ? ». Il est si grand, ce salut, que tout ce qui était nécessaire à la félicité de l’homme et propre à faire briller à ses yeux les perfections de Dieu, aussi bien que Sa grâce et Sa gloire, s’y trouve contenu. En saisissant par la foi ce salut, on n’a pas à redouter la mort, comme le roi des terreurs (Job 18, 14), car elle est un gain pour le chrétien et, comme Siméon (Luc 2, 29), on peut quitter ce monde en paix quand on a vu le salut de Dieu, car on sait que, absent du corps, on est avec le Seigneur, ce qui est bien meilleur. De plus, on sait que le corps ressuscitera en gloire, que les vivants seront changés, leurs corps d’abaissement seront transformés en corps glorieux, et ainsi, dit l’apôtre, nous serons toujours avec le Seigneur ; « consolez-vous donc l’un l’autre par ces paroles » (2 Cor. 5, 8 ; Phil. 1, 21-23 ; 3, 20-21 ; 1 Thess. 4, 13-18). Ce sont là, en effet, « de bonnes paroles, des paroles de consolation » (Zach. 1, 13 ; 3, 4-5) : être toujours dans le paradis de Dieu, dans la gloire avec le Seigneur qui l’a voulu ainsi (Jean 17, 24), et semblables à Lui-même (Col. 3, 4 ; 1 Jean 3, 2). Quelle riche et glorieuse espérance ! Telle a été celle de la personne pieuse que son Sauveur a prise à Lui et dont nous avons accompagné ici la dépouille mortelle. Telle puisse aussi être celle de chacun de ceux qui entourent cette fosse, afin que, lorsque la trompette de Dieu sonnera et que le Seigneur fera entendre Sa voix d’archange, nous soyons tous participants de cette résurrection de vie qui met à l’abri de la seconde mort (Jean 5, 24-29 ; Apoc. 20, 6). Alors, avec tous les saints glorifiés, remplis d’allégresse, nous nous écrierons comme Paul : « La mort a été engloutie en victoire ». « Où est, ô mort, ton aiguillon ? où est, ô mort, ta victoire ? ». Or l’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la puissance du péché, c’est la loi. Mais grâces à Dieu qui nous a donné la victoire par notre Seigneur Jésus Christ. Qui nous a délivrés du pouvoir des ténèbres, est-il dit ailleurs, et nous a transportés dans le royaume du Fils de Son amour. « À lui la gloire aux siècles des siècles ! Amen » (1 Cor. 15, 51-57 ; Col. 1, 13 ; 2 Tim. 4, 18).

Cette courte prédication, écoutée par l’auditoire avec beaucoup de recueillement, laissa sur quelques-uns des assistants une impression qui a conduit le prédicateur à faire imprimer ces pages, afin de placer les mêmes vérités sous les yeux d’un plus grand nombre d’âmes. Il y a été d’autant plus encouragé, qu’il s’est souvenu combien, en de pareils moments, Dieu bénit Sa Parole pour le salut des pécheurs. Le souhait de son cœur (Rom. 10, 1) est que ces lignes soient en aide à celui qui ne serait pas encore « né de Dieu », qui n’aurait pas « la vie éternelle » (1 Jean 5, 1, 13).

Cher lecteur, si après avoir pris connaissance de l’amour que Dieu a montré en envoyant et livrant Son Fils pour nous, ainsi que des douleurs et des angoisses profondes que ce « Fils bien-aimé » a endurées sur la croix où Il a été navré et froissé pour nos péchés (Rom. 8, 32 ; És. 53, 5 ; Ps. 22 ; 1 Pier. 2, 24), votre cœur demeurait néanmoins fermé à ces puissantes sollicitations : « Nous supplions pour Christ : soyez réconciliés avec Dieu ». « Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous ». « C’est aujourd’hui le temps agréable ; c’est maintenant le jour du salut » (2 Cor. 5, 20-21 ; 6, 2) ; si votre cœur, dis-je, restait fermé et indifférent aux appels pressants d’un Dieu Sauveur, dont la bonté parfaite et l’amour infini passent devant vous (Ex. 33, 19 ; Tite 3, 4), comment, alors, échapperiez-vous au jugement de la géhenne, à l’étang brûlant de feu et de soufre qui est la seconde mort (Matt. 23, 33 ; Apoc. 21, 8) ? Tournez-vous donc, je vous en supplie, vers le Seigneur qui vous tend les bras de Sa miséricorde et vous dit avec tant d’amour : « Venez à moi », « Je suis le chemin, et la vérité, et la vie ; nul ne vient au Père que par moi ». « Moi je suis la porte, si quelqu’un entre par moi il sera sauvé ». Celui-là « ne viendra pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (És. 55 et 65 ; Matt. 11, 28-30 ; Jean 5, 24 ; 6, 37 ; 10, 9).

Que « le Dieu de toute grâce » fasse, aujourd’hui même, qu’il en soit ainsi de vous, afin que vous soyez du nombre de ceux dont l’apôtre dit : « Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu » ; et ailleurs : « Nous sommes plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés » (Éph. 2 ; Rom. 8). « Tout ce qui est né de Dieu, dit Jean, est victorieux du monde ; et c’est ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi. Qui est celui qui est victorieux du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? » (1 Jean 5, 1-5).

Ne soyez donc pas, cher lecteur, « incrédule, mais croyant » (Jean 20, 24-29). Si vous croyez, vous avez devant vous le même privilège, la même part que ceux dont Pierre dit, en parlant de Jésus Christ : « Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ; et, croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse » (1 Pier. 1, 8).

« Or que le Dieu d’espérance vous remplisse de toute joie et paix en croyant, pour que vous abondiez en espérance par la puissance de l’Esprit Saint » (Rom. 15, 13).


Gloire d’âge en âge
Au grand Dieu Sauveur !
À Lui, sans partage,
L’empire et l’honneur.
Qu’à jamais notre âme,
Dans un saint transport,
Exalte, proclame,
L’Agneau mis à mort !

À toi soit la gloire,
Ô Fils éternel !
Ta mort, ta victoire,
Nous ouvrit le ciel.
À toi qui nous aimes
Pour l’éternité,
Louanges suprêmes,
Force et majesté !