La grâce

Quand Dieu nous fait grâce, nous trouvons non seulement la grâce, mais Dieu Lui-même.

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La grâce est l’introduction de l’amour de Dieu et de la vie de Dieu au milieu du mal. Il ne peut pas exister de grâce où il n’y a pas de mal. Dieu donne, par la grâce, une vie qui hait le mal, aime la sainteté et se place devant le mal selon l’efficace de la vie de Christ en nous.

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En contraste avec la loi qui exige, l’évangile nous a fait connaître que Dieu donne, nous a apporté le don de Dieu. La loi exige ce que nous devons être, Christ nous donne ce dont nous avons besoin, le salut.

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Quand Dieu a purifié notre conscience par Sa grâce parfaite, les intérêts du Seigneur sont les nôtres. Jésus n’est plus notre juge ; Il a ôté nos péchés, nous a unis à Lui, a pris notre cause en main ; nous ne voyons plus un juge en Lui, mais un ami.

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Pour être forts et rendre témoignage à la grâce, il nous faut le sentiment du péché d’où Dieu nous a tirés.

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Nous ne pouvons avoir des idées justes sur la grâce avant d’être fermement établis sur son grand fondement : le don que Dieu nous a fait de Jésus. Aucun raisonnement de notre cœur ne peut jamais s’élever jusqu’à la grâce de Dieu ; pour être telle, elle doit découler directement et librement de Dieu.

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Quand, dans la présence de Dieu, nous nous reposons sur Sa grâce, rien ne peut nous troubler. « Qui intentera accusation contre des élus de Dieu ? » [Rom. 8, 33] — « Qui est-ce qui condamne ? » [Rom. 8, 34] — « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? » [Rom. 8, 35]. Mais, dès que nous sortons de la présence de Dieu, nous ne pouvons plus nous reposer sur Sa grâce comme lorsque nous sommes en communion avec Lui.

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Lorsque nous avons appris dans notre faible mesure à estimer le péché comme Dieu l’estime, nous sommes remplis d’étonnement devant cette grâce de Dieu qui peut l’effacer entièrement ; elle a porté Dieu à donner Son propre Fils et à Le livrer à la mort pour ôter nos péchés.

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La vraie source de notre force comme chrétiens, consiste à avoir des pensées très simples sur la grâce. Demeurer dans le sentiment de la grâce dans la présence de Dieu, est tout le secret de la sainteté, de la paix et du repos du cœur.

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La grâce suppose tout le péché et tout le mal qui est en nous, mais elle est la précieuse révélation du fait que, par Jésus, tout ce péché et ce mal ont été ôtés. Un seul péché est plus horrible aux yeux de Dieu que ne le sont pour nous mille péchés et même tous les péchés du monde entier. Néanmoins, avec la plus parfaite connaissance de notre état, il plaît à Dieu de n’être envers nous qu’une seule chose : amour !

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La grâce se rapporte à l’essence même de Dieu et non à notre condition, quoique la grandeur de nos péchés magnifie d’autant plus l’étendue de Sa grâce ; en outre, la grâce a pour but et pour effet de nous introduire dans la communion de Dieu, de nous sanctifier en amenant notre âme à connaître Dieu et à L’aimer ; c’est pourquoi la connaissance de la grâce est la vraie source de la sanctification.

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L’âme qui se replie sur elle-même, inquiète du jugement que Dieu porte sur elle et de ses conséquences, ne se repose pas sur ce que Dieu est ; elle n’est pas dans la grâce.

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Quand tout est perdu, la souveraineté de Dieu en grâce commence à se manifester. Au lieu d’anéantir les hommes qui avaient rejeté Son Fils unique, Dieu leur offre la grâce. Nous sommes sous la grâce et non sous la loi, ne l’oublions pas. En nous replaçant sous la loi, nous rentrons dans une condition qui a manifesté que nous sommes perdus.

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La loi et la grâce sont toutes deux parfaitement justes et ont Dieu Lui-même pour auteur ; mais elles sont inconciliables dans leurs principes, dans leur raison d’être. L’une exige la justice de l’homme, l’autre révèle en grâce celle de Dieu quand l’homme est pécheur et perdu.

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Il n’est pas si aisé de se dire : Si je ne suis pas sauvé comme un misérable mendiant, je ne suis pas sauvé du tout ; je n’ai rien et tout est pure grâce. Combien l’orgueil humain reconnaît difficilement : il y a Christ, et c’est tout.

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Si vous croyez encore avoir, par nature, un bon désir dans votre cœur, vous n’avez pas compris la grâce.

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Personne, pas même un ange, ne peut parler de la grâce comme un pécheur.

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La grâce, loin de dire à l’homme de quitter son état pour venir à Dieu, vient à l’homme dans son péché. Elle pose la main sur le lépreux pour le mettre en relation avec elle. La grâce applique l’amour de Dieu aux besoins de notre ruine.

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La grâce attire le cœur, la lumière pénètre la conscience.

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Regardez-vous à votre propre cœur pour savoir si Dieu est satisfait ? Oseriez-vous dire que Dieu n’est pas satisfait de Son œuvre ? Voudriez-vous y ajouter quelque chose ? Quant à moi, je vois une chose accomplie, Sa justice ; Il l’a manifestée. De quel côté vous tournez-vous, du côté de Dieu ou du vôtre, pour devenir autre que vous n’êtes ? Trouverez-vous quelque ressource en vous-même ? La mesure de ce qu’un chrétien doit être se trouve dans la grâce seule. Dieu m’a parfaitement aimé, m’a donné Sa justice, et je comprends que je dois être à Lui tout entier, corps et biens.

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Dieu veut que Sa grâce nous suffise [2 Cor. 12, 9], et cela est plus précieux que si l’écharde en la chair nous était ôtée.

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Jamais Dieu ne nous donnera ce qui peut nous faire oublier notre état de voyageurs dans le désert. Il veut que Sa grâce nous suffise ; quand elle ne nous suffit plus, c’est que la chair agit en nous. Il en est de la grâce comme de la manne. Impossible d’en faire provision pour le lendemain, ni de compter sur la grâce d’hier ; nous devons nous appuyer sur Dieu seul, dépendre de Lui journellement ; voilà Son désir. Si nous ne sommes pas satisfaits de voir la manne tous les matins, nous méprisons l’amour de Dieu. La joie du fidèle est de comprendre cet amour et de vivre dans une continuelle dépendance de Dieu.

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Si nous nous traînons péniblement dans le chemin chrétien, reconnaissons notre faute, mais comptons sur la grâce qui connaît et comprend tous nos besoins et veut nous rendre heureux, malgré nos faiblesses.

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Nous sommes placés dans un lieu de difficultés, d’exercices et d’épreuves, mais nous avons la promesse que nous y sommes « gardés par la puissance de Dieu » [1 Pier. 1, 5]. C’est pourquoi notre responsabilité apparaît : nous devons nous appuyer sur Sa grâce à chaque instant. Nous sommes placés journellement devant ces exercices pour montrer si nous sommes fidèles en nous appuyant sur Sa force à Lui et non sur la nôtre, jusqu’à la fin du voyage. Dieu mêle Sa grâce à toutes nos épreuves. Il n’a pas seulement opéré pour nous une rédemption éternelle, mais encore « il ne retire pas ses yeux de dessus le juste » [Job 36, 7].