Écho du Témoignage:Exposition de l’épître aux Romains/Partie 1

De mipe
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Introduction

Pour faciliter notre intelligence de l’épître aux Romains, il sera bon d’esquisser brièvement les autres épîtres de Paul qui complètent son enseignement sur les diverses parties du grand tout général — les épîtres aux Galates, aux Romains, aux Éphésiens, aux Colossiens. Une portion de la seconde aux Corinthiens nous en fournit une application pratique. Dans les Galates, nous avons les premiers éléments ; dans les Éphésiens, les plus brillants résultats du même grand cercle de vérité. Mais quelques remarques préliminaires pourront faciliter notre perception des différentes parties contenues dans chaque épître. Le point auquel je fais allusion maintenant est la différence entre les conseils de Dieu et la responsabilité de l’homme. Les conseils de Dieu ont leur accomplissement dans le second homme qui est le Seigneur (venu) du ciel. Toute créature intelligente est responsable, et le saint, à un degré bien plus élevé qu’un simple enfant d’Adam. Mais je parle maintenant de notre responsabilité originelle comme créatures de Dieu et par conséquent en connexion avec le premier Adam.

Une vérité merveilleuse et bénie, c’est que les hommes étaient le sujet des conseils de Dieu et que Dieu prenait Ses plaisirs avec eux. Avant que le monde fût, les pensées divines étaient concentrées sur eux, et cela en connexion avec le Fils de Son amour. Les conseils de Dieu étaient antérieurs à la responsabilité. La responsabilité attendait nécessairement la création de la créature responsable, car nous ne parlons pas des anges dont la création fut tout à fait distincte et qui étaient présents lorsque cette création-ci fut créée par la puissance de Dieu. Ce dessein de Dieu avait en vue le dernier homme, le second Adam, le Fils de Son amour, en qui devaient être déployées Sa sagesse et Sa puissance ; et il ne fut révélé qu’après qu’Il eut accompli Son œuvre, sur laquelle, en étroite connexion avec Sa personne, la gloire de Dieu devait être fondée. Cela est très clairement établi dans deux passages que je vais citer. Tite 1, 2, 3 : « Dans l’espérance de la vie éternelle que Dieu, qui ne peut mentir, a promise avant les temps des siècles… mais Il a manifesté en Son propre temps Sa parole dans la prédication qui m’a été confiée à moi, selon le commandement de notre Dieu Sauveur ». Puis, 2 Timothée 1, 9 : « Qui nous a sauvés, et nous a appelés d’une sainte vocation, non selon nos œuvres (ce serait alors la responsabilité et à sa suite le jugement) mais selon Son propre dessein et Sa propre grâce, qui nous a été donnée dans le Christ Jésus, avant les temps des siècles ; mais qui a été maintenant manifestée par l’apparition de notre Sauveur Jésus Christ qui a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile, pour lequel j’ai été établi prédicateur et apôtre et docteur des nations ».

La même vérité, en substance, est établie en Éphésiens 1, 4, rattaché à d’autres passages de l’épître, où elle est pleinement développée. Dans le passage bien connu de Proverbes 8, quoique, naturellement, ce ne soit pas un exposé dogmatique, comme dans les épîtres, nous trouvons la même vérité sur les pensés et les conseils de Dieu dans l’homme, présentée en connexion avec la sagesse personnifiée, ce qui, dans leur accomplissement, a eu lieu en Christ. Le but de ce passage n’est pas, comme on le suppose souvent, de célébrer — ce que chaque cœur réellement pieux reconnaît sûrement — la sagesse de Dieu dans la création ; mais déclare que la sagesse était en Dieu avant la création, avant que Ses voies eussent commencé. « L’Éternel m’a possédée dès le commencement de Sa voie ; même avant qu’Il fît aucune de Ses œuvres, j’ai été établie de toute ancienneté » (vers. angl.). Avant que la terre fût, la sagesse était là ; c’était un fait, alors qu’il n’y avait pas encore de création. Qu’y avait-il dans la pensée de la sagesse dont le monde créé n’était que la sphère ? Quand Jéhovah était occupé à créer, et qu’Il ordonna notre monde actuel, la sagesse était présente avec Lui « comme son nourrisson ; j’étais ses délices de tous les jours, et toujours j’étais en joie en sa présence. Je me réjouissais en la partie habitable de sa terre, et mes plaisirs étaient avec les enfants des hommes ». L’homme occupait la pensée de la sagesse, les délices de la sagesse étaient là.

Par suite, quand la Parole est faite chair, les anges, cette création antérieure, la célèbrent en s’écriant : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et sur la terre paix, et bon plaisir dans les hommes ! ». Pas simplement « bonne volonté ». C’est le même mot que lorsqu’il est dit : « en qui je prends mon bon plaisir ». Louange bénie de ces saints êtres, se réjouissant sans jalousie dans les pensées de Dieu, même lorsque d’autres en sont les objets ! Car la gloire de Dieu était leur joie, et Christ éclipsait toute autre pensée, et cela selon leur nature parfaite. Le conseil était ainsi dans le second homme, le Fils de Dieu, la Parole faite chair, le Fils de l’amour de Dieu, et en ceux en qui Sa joie était associée avec Lui, fin en vue de laquelle Il devint homme, et qui, par Sa mort, fut à la gloire et à la justice de Dieu.

Mais le dessein de Dieu ne reçut pas d’abord son accomplissement. Cela ne vint qu’avec le second homme quand la question de la responsabilité de l’homme eut été pleinement résolue et eut donné son dernier résultat, et que les hommes durent être traités comme perdus. L’homme comme tel, comme simple créature, fut pleinement traité comme responsable, ou plutôt fut placé sous la responsabilité, d’abord comme être innocent ! Là, il faillit, mis à l’épreuve par la simple demande de l’obéissance, alors qu’il ne se trouvait en lui aucune mauvaise convoitise ; mais (l’âme d’Adam ou toutefois celle d’Ève s’étant méfiée de Dieu et ayant écouté Satan) Dieu fut perdu et la convoitise et la transgression entrèrent — caractérisèrent désormais l’homme et ses voies, l’homme ayant peur de Dieu, et chassé par Lui. Le sentiment de cette responsabilité se perdit alors, pour ainsi dire, dans une licence effrénée, et le déluge et le jugement vinrent sur la terre. Alors Dieu développe Ses voies à nouveau, en en agissant positivement avec l’homme, comme de dehors, pour bénir ou mettre à l’épreuve. Mais avant de mettre à l’épreuve, Il révéla la grâce ; l’homme fut traité en grâce. Une promesse absolument gratuite et sans condition aucune fut donnée à Abraham, la nouvelle racine de l’espérance et de la promesse par grâce.

Il n’est pas sans intérêt de remarquer la différence des voies de Dieu avant et après le déluge. Quand Adam fut jugé, aucune promesse ne lui fut faite. Le premier homme avait tout perdu, excepté le jugement qu’il avait encouru ; et il ne pouvait être fait de promesse à la chair de péché. Mais la destruction totale de la puissance de Satan est annoncée. Dans le jugement du serpent il est déclaré que la semence de la femme, non pas Adam (évidemment il n’était pas la semence de la femme), écraserait la tête du serpent. Les promesses étaient en Christ. Et, bien que des individus, tels qu’Abel, Énoch, Noé eussent été traités en grâce, il n’avait pas été établi alors de système ou de principe nouveau. L’homme demeurait responsable comme homme ; et la terre se remplit d’iniquité, de corruption et de violence, et elle devint si mauvaise que le jugement vint et le monde d’alors périt. Il ne fut pas établi alors de tête ou de racine nouvelle de promesse. Après le déluge l’homme s’éleva en rébellion pour se faire un nom à lui-même, et n’être pas dispersé ; et Dieu confondit leur langage, les nations se formèrent, et Satan introduisit l’idolâtrie. Excepté comme racine abstraite de tout culte, que produit la conscience de Dieu, Dieu fut mis de côté et les hommes mirent les démons à Sa place et revêtirent de Son nom les passions déifiées[1]. Alors Dieu appela hors du monde qu’Il avait créé, et de toutes relations avec lui, un homme à qui Il se révéla, et qu’Il fit tête d’une famille Lui appartenant, soit dans le sens naturel, soit dans le sens spirituel. À cet homme élu et appelé, ce chef d’une race nouvelle, Dieu donna des promesses adressées directement, non pas à l’homme comme tel, mais à l’homme élu et appelé. La promesse fut introduite[2] et d’abord déposée en Abraham le père des croyants ; bientôt après elle fut, par une figure typifiant la mort et la résurrection de Christ, confirmée à la semence. C’était plus que le jugement par lequel la semence de la femme devait écraser la tête du serpent ; il y avait une bénédiction personnelle et directe de Dieu pour ceux qui en étaient les objets et cette bénédiction était dans la semence d’Abraham. La promesse et la semence étaient pleinement unies dans les révélations de Dieu.

Après cela vint une autre dispensation de Dieu très importante avec la semence charnelle d’Abraham — le don de la loi qui soulevait la question de la justice, et l’exigeait de l’homme, selon sa règle parfaite, comme applicable aux enfants d’Adam : la bénédiction et la vie dépendant de l’obéissance — obéissance aussi justement requise que la règle en était parfaite. Ici la responsabilité fut mise nettement en relief, sanctionnée par l’autorité expresse de Dieu, et une mesure parfaite en fut donnée. Nous en connaissons le résultat. Le veau d’or fut fait avant que les tables de la loi pussent être apportées dans le camp. À la responsabilité naturelle furent ajoutées une autorité révélée et une règle révélée. La justice fut définie et réclamée de l’homme conformément à ses obligations mesurées par Dieu Lui-même. La transgression entra, comme elle était entrée autrefois par Adam.

Mais alors la responsabilité de l’homme, pour ne rien dire des voies patientes de Dieu à son égard par les prophètes, fut traitée d’une manière différente et entièrement nouvelle. Dieu entra en grâce dans ce monde de péché, suppliant l’homme de se réconcilier avec Lui, et la semence de David qui avait été promise, vint à la semence d’Abraham selon la chair. Mais quand Il vint, Il ne trouva personne ; quand Il appela, nul ne répondit. Non seulement le péché s’était développé en une licence effrénée et la loi n’avait rencontré que la transgression, mais la miséricorde avait été rejetée, et la promesse elle-même et l’Être promis avaient été méprisés. L’épreuve de la responsabilité était achevée ; l’arbre était mauvais ; et toute la peine prise pour le cultiver et le fumer, n’avait amené aucun fruit pour Dieu. Le figuier, sur la route, ne portait que des feuilles et fut jugé pour toujours. Le Fils bien-aimé, quand Il vint chercher du fruit, fut jeté dehors et tué. Si le roi invita des convives, Son invitation fut méprisée. Non seulement Dieu avait chassé l’homme du paradis, mais l’homme, en ce qui le concernait, avait agi envers Dieu, venu en grâce dans le monde ruiné des expulsés d’Éden, en Le mettant dehors par haine contre Lui. Le péché était complet et l’homme était perdu.

Mais maintenant, en toute révérence, c’était le tour de Dieu. De leurs mains impies, ils avaient tué Christ ; mais c’était selon le conseil déterminé et la prescience de Dieu. La vérité, c’est qu’Il était apparu une fois dans la fin du monde (la consommation des siècles — expression que maintenant nous pouvons facilement comprendre) pour l’abolition du péché, par le sacrifice de Lui-même.

Ici, le Seigneur fit face, conformément à tous les besoins de l’homme et à toutes les exigences de Sa gloire, aux conséquences de la responsabilité de l’homme — fait péché, et portant nos péchés, en Son corps, sur le bois. La propitiation fut parfaite, la rédemption (non pas en ce qui regarde l’exercice de la puissance, mais quant au titre moral en justice dans la valeur de l’œuvre de Christ) accomplie ; et par là il n’avait pas été seulement pourvu à la responsabilité de l’homme, mais Dieu avait été parfaitement glorifié dans tout ce qu’Il est : l’amour, le juste jugement contre le péché, la majesté, la vérité, une obéissance dévouée à tout prix, et l’homme entré en justice dans la gloire de Dieu, et comme Fils établi héritier de toutes choses (voyez Jean 13, 31, 32 ; 7, 1, 4, 5). Ainsi, dans la croix de Christ, le plein fondement fut établi, en justice, conformément à la justice de Dieu, pour l’accomplissement des conseils divins, en vue de glorifier les rachetés dans le second homme, le dernier Adam, le Seigneur du ciel. L’abolition des péchés de ceux qui avaient part avec Lui était accomplie (ceux qui Le rejetaient étaient doublement coupables) ; la révélation de la justice de Dieu avait maintenant sa véritable base, Christ étant à la droite de Dieu, comme homme, en vertu de cette justice, et les conseils de Dieu pouvaient être pleinement manifestés à la gloire de Dieu par nous ; oui, même tous Ses plans pour la gloire du second Adam, Son Fils bien-aimé et de nous avec Lui.

Nous avons donc devant nous ces deux grands sujets : la responsabilité de l’homme, et les conseils de Dieu. J’ajouterai pour compléter ces vérités que Christ ainsi ressuscité devient notre vie ; et le Saint Esprit nous est donné afin que nous jouissions de l’efficacité de la première venue de Christ en pardon et en justice, et que nous ayons l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs, et les arrhes de l’héritage qui nous est proposé en gloire, avec la conscience d’être fils de Dieu, héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ.

Toutefois le pardon des péchés et le dépouillement de tout ce qui appartenait au vieil Adam d’un côté, et les conseils de Dieu de l’autre, sont maintenant distinctement révélés par le moyen de la croix, et la différence vue aussi clairement. Dans l’un, l’œuvre de la croix fait face au mal et à notre responsabilité, dans l’autre, le juste fondement de l’accomplissement de tous les conseils de Dieu est posé, de sorte qu’ils peuvent être révélés.

Nous avons vu d’abord l’homme responsable dans son état naturel avant et après la chute, et cela se terminer au déluge ; ensuite, dans la terre renouvelée, quant à ce point de vue, quand l’homme cherchait à se l’approprier et que Dieu l’eut partagée entre les nations, Dieu appelant un homme pour être une race et un peuple pour Lui-même, et lui donnant les promesses, les confiant à sa postérité ; puis l’homme, ce peuple appelé, placé sous la loi ; et, finalement l’héritier de la promesse venu, et Dieu en Christ réconciliant le monde. L’homme avait donc été mis pleinement à l’épreuve — dans son état naturel, et par tout ce que Dieu pouvait faire en agissant avec lui. Le résultat fut : péché — iniquité, ou bien inimitié contre Dieu. Maintenant Dieu Lui-même a, par Sa propre œuvre de grâce, opéré la rédemption et parfaitement glorifié en Christ un homme d’entre les hommes, et L’a établi comme homme en justice dans la gloire divine, comme notre précurseur à qui nous devons être rendus conformes. Ainsi le pardon, la justice, la mise de côté de la chose ancienne étaient assurés, et les conseils de Dieu pleinement manifestés quant à avoir l’homme avec Lui-même dans la gloire, dans et avec Son Fils le Seigneur Christ ; l’Esprit étant donné aux hommes pardonnés, afin qu’ils connussent pleinement cette rédemption, eussent conscience de leur position de fils, et possédassent les arrhes de la gloire.

De tout cela l’épître aux Galates démontre d’une manière très nette les points suivants : la promesse en contraste avec la loi, qui avait apporté une malédiction, et non la justification de l’homme ; le rachat de cette malédiction par Christ, fait malédiction pour nous ; puis, par Christ, la semence promise, venu de la femme (jadis source du péché), et placé sous la loi afin de racheter ceux qui étaient sous la loi, faisant face aux deux grandes formes de la responsabilité et du jugement qui en étaient la conséquence, avant et après le déluge, Lui-même le Fils, afin que la bénédiction d’Abraham s’étendant aussi aux Gentils, tous pussent recevoir l’adoption de fils. Ainsi Christ était Celui qui accomplissait la promesse en contraste avec le conducteur jusqu’à ce qu’Il vînt. Mais nous, étant fils, par la foi en Lui, l’Esprit nous est donné, nous donnant conscience de la relation. Nous ne sommes plus esclaves, mais fils, et l’Esprit est en contraste avec la loi. La chair, notre mauvaise nature, convoite contre l’Esprit ; mais si nous sommes conduits par Celui-là, nous ne sommes plus sous la loi ; et il ne peut pas non plus y avoir de loi contre le fruit de l’Esprit. Nous avons donc dans cette épître la constatation du mal naturel de l’homme ; mais nous n’y trouvons pas une information entière quant à notre place sous les dispensations de Dieu, la promesse, la loi, la semence promise, la rédemption accomplie par Lui, et le don de l’Esprit promis qui en est la conséquence, non plus que la relation de fils dans laquelle nous sommes amenés. Les voies et les dispensations de Dieu sont pleinement discutées, notre place assurée, mais il n’est pas question des conseils de Dieu. C’est pour cela que j’ai dit que l’épître était élémentaire, quoique des plus importantes à sa place.

L’épître aux Romains discute pleinement le principe sur lequel un homme peut être placé vis-à-vis de Dieu, et comment la promesse faite aux Juifs et leur réjection présentée, et la doctrine qu’il n’y a pas de différence entre les Juifs et les Gentils, peuvent se concilier avec la promesse. Notre étude de l’épître fera ressortir cela, à sa place, avec l’aide du Seigneur. Je fais seulement remarquer qu’elle aussi traite de la responsabilité de l’homme et non des conseils de Dieu. Mais elle ne laisse pas ignorer qu’il en existe, et notre sécurité sous eux est précisément touchée dans le chapitre 8, de sorte qu’il y a un lien avec l’autre point.

Je voudrais maintenant faire allusion à deux aspects de l’état de péché de l’homme, nécessaires pour comprendre la distinction entre les épîtres qui suivent et les autres mentionnées précédemment. L’homme peut être considéré comme vivant dans de mauvaises voies, vivant au péché et à la convoitise, pour ainsi dire ; mais, s’il en est ainsi, mort à l’égard de Dieu. Quant au premier aspect, la mort doit intervenir pour le délivrer du mal ; dans le deuxième, il est envisagé comme mort dans le péché. L’épître aux Romains traite pleinement du premier et de la manière dont il y est remédié par la grâce ; celle aux Éphésiens traite l’homme comme mort dans les péchés. Dans les Romains il s’agit de la justification et de la délivrance de l’homme pécheur et de la manière dont il est tiré hors de cet état par la rédemption ; dans les Éphésiens, c’est une création nouvelle. Ici, par conséquent, en même temps que la rédemption est pleinement constatée, les conseils de Dieu sont pleinement révélés et l’homme est vu assis dans les lieux célestes en Christ. Dans les Colossiens, nous avons l’un et l’autre aspects — ensevelis sous la mort, et, lorsque morts dans les péchés, ressuscités avec Christ. Le croyant est vu ressuscité avec Christ, étant mort avec Lui ; mais le ciel est en espérance et en perspective : il n’y est pas vu assis. Les Éphésiens, par conséquent, commencent par les conseils de Dieu, nous mettant d’abord dans notre place devant Dieu, moralement semblables à Christ — la position de Christ qui est allé vers Son Dieu et notre Dieu, Son Père et notre Père ; puis, après avoir brièvement établi la rédemption, comme ce qu’il nous fallait pour nous conduire là, et même pour faire connaître Dieu, l’épître établit les desseins de Dieu quant à Christ Lui-même, chef au-dessus de toute chose comme homme, ce qui amène l’héritage et les arrhes de l’Esprit données jusqu’à la rédemption de la possession acquise, quand la gloire sera révélée. L’exaltation présente de Christ, et l’opération en nous de cette même puissance, qui, quand Il était mort, Le fit sortir du tombeau et Le plaça à la droite de Dieu, amène l’Église comme associée avec Lui, comme Son corps à Lui qui est Tête sur toutes choses et à elle. Cette œuvre de Christ est développée dans le chapitre 2. Christ est d’abord vu dans la mort où nous étions dans nos péchés, et (ceux-ci ôtés en conséquence de ce qu’Il les a portés — descendant dans la mort pour nous) la puissance de Dieu intervient et nous élève avec Lui, dans la même place de gloire et de bénédiction. Ainsi le conseil de Dieu dans les fils et héritiers, dans l’Église, comme Son Corps uni à Lui, est pleinement révélée, et la conséquence pratique réglée. C’est un plan caché dans tous les âges et générations, ne pouvant exister ni être révélé jusqu’à ce que le mur mitoyen de clôture fût détruit. Vient ensuite la révélation des dons de l’Esprit, venant de l’homme monté en haut, pour édifier les saints et évangéliser le monde, formant le corps en union avec Christ ; et, à partir de 4, 17, nous avons ce qui concerne la conduite pratique. Il est intéressant de remarquer que, de même que nous sommes parfaitement amenés à Dieu en Christ, la conduite du chrétien est celle de quelqu’un qui sort d’auprès de Lui comme enfant pour déployer le caractère propre de Dieu, duquel Christ est le parfait modèle dans l’homme. Ceci dépend subjectivement de ce que le vieil homme a été dépouillé et l’homme nouveau revêtu, lequel est créé selon Dieu etc., et de la présence du Saint Esprit qui ne doit pas être contristé. Dieu, comme lumière et amour, est la mesure objective à suivre comme par de chers enfants, Christ Lui-même ayant été la parfaite expression des deux. Il est bon de remarquer le frappant contraste que ceci fait avec la loi et combien ce lui est supérieur. La loi prend l’amour de soi comme la mesure de l’amour pour les autres ; ceci, le parfait abandon de soi en amour, comme Christ Lui-même a fait ; finalement, nous sommes les guerriers de Dieu en Canaan — c’est-à-dire dans les lieux célestes — et avons besoin de toute l’armure de Dieu contre les malices spirituelles, en marchant dans la dépendance de Dieu. Tel est un aperçu rapide des principes de l’épître aux Éphésiens.

Dans les Colossiens, les saints ne sont pas assis dans les lieux célestes ; une espérance est établie pour eux dans le ciel. Cette épître va plus loin que celle aux Romains, en ce qu’elle nous présente comme ressuscités avec Christ, point qui n’est pas traité dans l’épître aux Romains[3], mais elle ne nous présente pas comme assis dans les lieux célestes en Lui ainsi que le fait l’épître aux Éphésiens. Nous devons placer nos affections sur les choses d’en haut où Christ est assis. Mais le point de vue sous lequel l’épître aux Romains et celle aux Éphésiens envisagent le cas est nettement établi dans ses éléments. Nous sommes ensevelis avec Lui, par le baptême, pour la mort. Ceci est comme en Romains 6. Le croyant est envisagé comme vivant autrefois dans ses péchés, ainsi que nous le voyons dans le chapitre 3, 7. Mais alors il est aussi envisagé comme vivifié avec Christ (3, 1, 3), ce qui n’est pas dans les Romains, mais se trouve dans le développement éphésien de la vérité, sans s’élever toutefois à la hauteur de la pleine doctrine éphésienne, savoir, que nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ. Aussi trouvons-nous plus loin : « Si vous êtes morts avec Christ » (2, 20), et 3, 1 : « Si vous êtes ressuscités avec Christ ». Puis, nous sommes exhortés à chercher les choses qui sont en haut, où Christ est assis. Il y a une autre vérité se rattachant à celle-ci, qui montre la perfection des Écritures et le soin vigilant de Dieu à enseigner pleinement Ses saints. Dans les Colossiens, sauf une expression pratique qui ne fait pas partie de sa doctrine, l’Esprit n’est pas mentionné ; c’est le dépouillement du vieil homme, et le revêtement de l’homme nouveau — la vie comme ressuscités avec Christ. Les Éphésiens sont le plein développement du corps et de la relation de fils. C’est par le Saint Esprit que nous avons l’esprit d’adoption et que nous sommes baptisés pour être un seul corps. De là Sa présence est pleinement mentionnée dans cette épître. Dans celle aux Colossiens le corps est mentionné d’une manière pratique (3, 15) ; mais c’est la Tête, Christ, qui en constitue plus spécialement le sujet. Dans les Colossiens, la plénitude de la déité est en Christ. Dans les Éphésiens, le corps est Sa plénitude et complète la Tête qui remplit tout en tous. En 2 Corinthiens 4, 10 et les versets suivants, se trouve la puissance pratique de la doctrine des Romains dans l’activité journalière. La mort quant à ce qui était d’Adam en Paul est effectuée dans la vie de tous les jours, afin que la vie de Jésus soit seule manifestée dans ses relations avec les autres, Dieu aussi aidant à la même fin en le faisant passer à travers des circonstances qui étaient la mort pour toute vie naturelle (comparez 2 Cor. 1, 8, 9). Dans le chapitre 5, 14 nous en avons d’autres, envisagés à la lumière de la doctrine éphésienne — tous morts, sans quoi Christ n’avait pas besoin de mourir pour eux. Il descendit dans la mort, parce qu’ils étaient là[4]. La gloire d’un Christ exalté, c’est ce qui est ici spécialement devant ses yeux — la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ.

J’espère que cet aperçu, tout rapide qu’il est, nous permettra d’étudier avec plus d’intelligence l’épître aux Romains, qui n’entre pas avec développement dans les conseils de Dieu, mais pose pleinement la base pour leur accomplissement, en mettant de côté le péché, et donnant la délivrance du vieil homme. La responsabilité de l’homme y est pleinement traitée, la justice de Dieu expliquée et établie, et la grâce développée comme la source et le principe des voies de Dieu envers nous. Le cas spécial des promesses faites aux Juifs, qui semblait être contraire à l’introduction de tous, sans différence, est traité dans un appendice spécial.

Nos recherches pourront être facilitées si nous divisons l’épître dans les parties qui la composent naturellement. Les dix-sept premiers versets servent d’introduction, le dernier donnant la thèse de l’épître entière. La portion qui va de 1, 18, jusqu’à 5, 11, constitue une grande division, où il est traité des péchés et de la grâce de Dieu à l’égard de ces péchés. Dans cette division prise comme un tout, la section 1, 18 à 3, 20 donne pleinement la preuve que tous étaient sous le péché ; et alors l’apôtre retourne au verset 17 et déclare comment la justice de Dieu est maintenant révélée, la propitiation ayant été faite par le sang de Christ. Le chapitre 4 parle de la résurrection de Christ comme scellant Son œuvre pour le même but. Mais jusque-là, l’imputation de la justice ne va pas plus loin que le pardon des péchés. Les onze premiers versets du chapitre 5 donnent le résultat béni et l’effet de la grâce dans notre position présente sous cette grâce. Le verset 12 du chapitre 5 commence un sujet nouveau — le vieil homme, la chair, le péché dans la chair, ce que nous sommes en Adam (non ce que nous avons fait, quoique cela soit le fruit et la preuve de l’autre). Ici arrive notre mort avec Christ et notre vie en Lui (non pas en Adam). C’est la délivrance, non le pardon. Cette seconde bénédiction et notre sécurité par Lui sont établies dans le chapitre 8. Cela permet d’amener pleinement devant nous la question de la loi. Elle s’adresse à l’enfant d’Adam. Comme tels, nous sommes morts en Christ. Ainsi tous avaient péché, Juifs et Gentils, et avaient tous la même nature charnelle, Il n’y avait point de différence ; et, si c’était la justice de Dieu, elle était applicable aux uns comme aux autres. Mais alors il s’élevait une difficulté. Il y avait des promesses pour Israël, aussi bien que la loi. Qu’en advenait-il ? Cela ne faisait-il pas une différence de la part de Dieu ? Il est répondu à cela dans ce que j’ai appelé un appendice, chapitres 9-11. À partir du chapitre 12, ce sont des exhortations fondées sur les miséricordes déjà exposées.

L’épître aux Romains fournit les principes éternels de la relation de Dieu avec l’homme ; la manière par laquelle, en Christ mort et ressuscité, le croyant est établi dans la bénédiction ; et la conciliation de ces choses avec les promesses spéciales faites aux Juifs par Celui dont les dons et la vocation sont sans repentir.

Exposition de l’épître

Je puis maintenant en venir aux détails ; et d’abord aux versets d’introduction, chapitre 1, 1-17. Nous ne devons pas oublier que l’apôtre n’avait jamais été à Rome, et qu’il écrit sur le principe de sa mission universelle aux Gentils. Aussi, quoique les salutations personnelles soient bien nombreuses, l’épître est-elle éminemment un traité sur le sujet qu’il a en vue, ce que nous pourrions appeler l’évangile pleinement développé, l’état de l’homme, la place réelle de la loi, et, comme nous l’avons vu, la position dans laquelle les Juifs, qui avaient été près, étaient entrés. Il commence par sa mission. Il était apôtre par l’appel de Dieu.

Premièrement, le Seigneur l’avait personnellement appelé et lui avait donné sa mission pour les Gentils, le séparant de la race humaine tout entière, Juifs et Gentils, et le rattachant à Lui-même dans la gloire (Act. 26, 17) « en te retirant du milieu du peuple (des Juifs) et des nations vers lesquelles je t’envoie maintenant ». Le Seigneur lui était apparu dans le but d’en faire un témoin du Seigneur Jésus glorifié. C’est pourquoi nous entendons parler de l’évangile de la gloire (2 Cor. 4) et de Dieu qui fit briller la lumière des ténèbres, brillant dans son cœur, afin de donner la lumière de la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ. De là aussi, il dit que, s’il a connu Christ selon la chair — c’est-à-dire dans Ses associations terrestres — comme Messie ici-bas, selon que L’attendait le Juif conformément à la Parole, il ne Le connaissait plus ainsi. L’homme glorifié, après avoir souffert la mort et accompli la rédemption, tel était le Christ qu’il connaissait. C’était le commencement et la tête de la nouvelle création — l’homme glorifié — le Seigneur qui sauvait les siens comme étant Lui-même. Toutefois, l’administration de la miséricorde reconnaissait la place que Dieu avait donnée aux Juifs. Il n’y avait point de différence ; mais c’était au Juif premièrement et aussi au Grec.

Deuxièmement. Il fut séparé, de fait, pour un service actif à Antioche. « Séparez-moi Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés ». Il reçut sa mission directement du Seigneur révélé en gloire, il était séparé pour la gloire, pour le Seigneur en elle. Sa séparation immédiate pour son œuvre actuelle était par le Saint Esprit. Il était séparé pour l’évangile de Dieu. Ceci a un double caractère : c’était concernant le Fils de Dieu ; mais c’était, d’un côté, l’accomplissement de la promesse ; de l’autre, la personne du Fils de Dieu, déterminé en puissance par la résurrection, la mise de côté de l’effet du péché, non pas le jugement de Dieu, cela va sans dire, mais ce en quoi la puissance de Satan régnait sur l’homme par le péché. Il est bon de remarquer ici que c’est la personne du Fils de Dieu qui est spécialement mise en avant, comme l’évangile pour lequel il était séparé. Nous trouverons la propitiation et la justice pleinement établies ; mais, en tout premier lieu, l’évangile est concernant Son Fils Jésus Christ notre Seigneur — d’abord semence de David, selon la chair, puis Fils de Dieu, avec puissance, selon l’Esprit de sainteté, par la résurrection des morts.

Cette puissance, puissance divine qui Le ressuscita[5] d’entre les morts et Le prouva Fils de Dieu, fut manifestée tout le long de Sa vie dans la sainteté qui ne permit jamais au péché d’entrer un seul instant.

Il fut vivifié par l’Esprit (εν Πνευματι) — mais Sa sainteté, Sa séparation pour Dieu, était aussi par l’Esprit. La résurrection fut la démonstration publique, avec puissance, qu’Il était Fils de Dieu, la victoire complète sur les gages du péché comme vus dans ce monde ; mais un œil ouvert aurait vu la même puissance dans l’exclusion même du péché, dans Sa sainteté absolue et parfaite tout le long de Sa vie.

Ainsi l’accomplissement de la promesse et la puissance sur la mort étaient là, ainsi que le Fils de Dieu, comme homme, dans une sainteté absolue, notre Seigneur Jésus Christ. Voilà quel était l’évangile de Dieu concernant Son Fils. De Son œuvre, sauf en triomphe sur la mort, nous n’avons rien encore ; mais Dieu était venu en puissance et en grâce là où régnaient le péché et la mort. La sainteté a été manifestée dans l’homme, dans ce monde, et la mort sous laquelle l’homme est placé a été vaincue.

Il est important de remarquer que dans l’exposé de l’évangile de Dieu, c’est la personne du Fils qui est mise en relief avant tout : c’est bien Son intervention pour délivrer[6], la promesse accomplie ; mais, par-dessus tout, c’est le Fils de Dieu. La grâce L’a fait homme, et la résurrection L’a prouvé Fils de Dieu, en puissance, selon l’Esprit de sainteté. Il en est un qui nous est révélé en grâce parfaite ; mais qui, en grâce, a un droit parfait sur nos âmes.

Nous pouvons remarquer une autre chose en ceci, comme nous le verrons plus loin ; c’est ce qu’Il est de la part de Dieu. Dieu a accompli Sa promesse, Dieu a introduit la victoire sur la mort. C’est tout dans la personne du Fils, un homme ; et non ce que l’homme est pour Dieu, sauf la personne de Christ Lui-même. Nous verrons bientôt que, comme le Fils de Dieu est révélé dans l’homme triomphant de la mort, la justice de Dieu est révélée aussi ; puis, nous verrons toute la nécessité de l’homme pleinement satisfaite et comment elle l’est ; mais d’abord c’est ce que Dieu Lui-même a introduit, et introduit pour Lui-même, pour la grâce et la gloire, ce qui a davantage le caractère de l’évangile éternel quant à la puissance qui est en Lui — la personne du Fils dans l’homme Jésus, et la justice divine, voilà l’aspect général : la responsabilité et le besoin de l’homme viendront après. Mais il faut d’abord que nous ayons la chose comme elle est pour Dieu et devant Dieu, quoique toute en grâce pour nous.

Mais il y a un autre point qu’il faut que je fasse ressortir ici, comme il se rapporte au caractère entier de l’épître qui a plutôt pour objet de poser le fondement que de construire l’édifice : c’est la résurrection, et non la gloire, qui est le témoignage que Christ est le Fils de Dieu. L’ascension, quoique admise, cela va sans dire, ainsi que l’est l’Église, n’est mentionnée qu’occasionnellement (chap. 8) pour amener l’intercession. L’ascension amena le résultat des conseils de Dieu ; mais déjà, par la résurrection, Dieu avait apposé Son sceau sur la personne et l’œuvre de Christ. La rédemption était accomplie, le péché expié, la mort vaincue ; celui qui avait l’empire de la mort annulé dans la forteresse de sa puissance — en un mot, il y avait eu accomplissement de tout ce qui faisait que la gloire était en justice. Ainsi toute l’affaire, entre l’homme et Dieu, était réglée et établie sur un terrain nouveau. L’épître n’entre pas dans les gloires qui résultent de cette œuvre selon les conseils de Dieu. Nous verrons qu’il n’est pas même parlé de notre résurrection avec Christ ; il est fait mention de notre mort avec Lui, parce que c’était nécessaire pour clore le mal ancien, et nous amener dans une condition propre pour vivre avec Dieu, comme pleinement délivrés. La résurrection de Christ et notre mort avec Lui sont nécessaires pour établir notre titre et clore l’ancien et mauvais état, et introduire ce qui est essentiellement nouveau. Il restait encore à entrer dans le sujet de notre position selon les conseils de Dieu[7].

La mission de l’apôtre avait pour but l’obéissance de la foi, la soumission des âmes des hommes à la révélation du Fils de Dieu, l’homme ressuscité, le Seigneur Jésus — à la vérité de Dieu révélée en Lui et à la grâce qui accompagnait cette vérité, car toutes deux doivent être là afin que nous puissions croire. Et même, l’une ne peut pas être révélée pleinement sans l’autre, car la grâce fait partie de la vérité là où Dieu est pleinement manifesté ; et la grâce ne pouvait pas venir sans la vérité, car que ferait la grâce et comment Dieu serait-Il révélé ? Mais Dieu est lumière et Dieu est amour, et ce sont là, venant à nous, la grâce et la vérité.

Cette obéissance de la foi était « parmi toutes les nations », non pas de toutes les nations. Il faut que la grâce et la vérité viennent aux hommes comme tels. Dieu, ainsi révélé, ne pouvait pas seulement l’être aux Juifs ; mais le temps d’assujettir toutes les nations par puissance, n’était pas encore venu : il s’agissait seulement d’appeler un peuple du milieu d’elles — « d’en tirer un peuple pour son nom ». Parmi ceux-ci, les croyants qui se trouvaient à Rome étaient les appelés de Jésus Christ. C’est à eux que l’apôtre s’adressait à Rome. Ils étaient déjà là ; Dieu ne permit pas que le christianisme fût fondé à Rome par un apôtre. Ces croyants étaient les bien-aimés de Dieu, et saints par Son appel.

L’apôtre entre alors dans ses propres sentiments et son intérêt pour eux, rattachant cela à sa commission universelle pour les Gentils, dans laquelle l’amour de Christ l’étreignait, pour faire d’eux les objets de son cœur et les lui rendre précieux quoiqu’il ne les eût pas même vus. Il voulait leur communiquer la puissance spirituelle apostolique ; mais, dans une grâce réelle, il voulait être consolé par leur foi mutuelle. « Débiteur envers les Grecs et envers les barbares » (car telle est la place de l’amour en puissance), il était prêt à prêcher l’évangile à ceux de Rome aussi. Il n’avait pas honte de l’évangile ; il était « la puissance de Dieu en salut » — mots simples, mais combien ils renferment !

Ce n’est pas Dieu réclamant de l’homme, ce n’est pas l’homme agissant pour Dieu, ou découvrant le moyen de Lui donner satisfaction. Mais Dieu agissant pour l’homme : c’est la puissance à l’œuvre en faveur de l’homme ; et cela, non seulement pour aider ou simplement pour faire valoir des excuses, mais pour délivrer de l’état dans lequel il était — pour le sauver.

Ensuite, la voie. Elle était la même pour tous ceux qui croyaient, Juifs ou Grecs : ils avaient besoin d’être sauvés. La puissance de Dieu, là pour sauver, prenait l’homme dans son besoin et son péché, non pas dans ses titres et ses droits même s’ils venaient de Dieu, et s’appliquait à un Gentil perdu aussi bien qu’à un Juif perdu. Elle était pour « tous ceux qui croyaient » ; la foi en était le chemin. L’ordre qui y était suivi reconnaissait les voies de Dieu. C’était « au Juif premièrement, puis aussi au Grec ». Mais cela n’altérait pas son caractère : c’était le salut à un Juif pécheur. Il devait entrer par la miséricorde tout comme un Gentil, par la foi en ce qui était de la part de Dieu, en grâce, envers lui, quoique, dans l’ordre selon lequel elle était administrée, elle fût adressée à lui premièrement.

Plus loin, c’est la puissance de Dieu à salut parce qu’en elle la justice de Dieu est révélée sur le principe de la foi pour la foi. L’homme n’avait rien à faire, rien ne lui était demandé. La justice de Dieu parfaite et absolue — ce sur quoi Il pouvait bénir, sans limites — était révélée pour l’homme. Il ne pouvait exiger davantage, ni, pour ce qui est de la justice, donner davantage, et c’était là pour l’homme, et c’était révélé, c’était donc la puissance de Dieu pour le sauver. Cela la séparait entièrement des œuvres de l’homme pour Dieu, et j’insiste là-dessus, parce que c’est le grand principe de la vérité ; c’est l’œuvre de Dieu pour l’homme. C’est sur le principe de la foi, afin que ce soit par grâce : l’homme n’avait qu’à croire, par grâce, ce qui était révélé. Dorénavant tout croyant la possédait, soit Gentil, soit Juif. Mais ici, c’est de sa nature intrinsèque qu’il s’agit. C’était « la justice de Dieu » ; elle était révélée « sur le principe de la foi » (les œuvres ne manifestant pas la justice de Dieu, mais celle de l’homme), et par conséquent « pour la foi ». Le juste vivrait de la foi.

Ceci clôt les vérités d’introduction. La personne du Seigneur Jésus et la justice de Dieu sont la grande thèse de l’évangile de Dieu : l’un révélé comme le Libérateur, le Fils de Dieu, réclamant l’obéissance de la foi ; l’autre révélée comme le principe sur lequel un homme pouvait avoir une part dans la bénédiction proposée par la grâce. L’apôtre maintenant en vient à ce qui rendait cette justice de Dieu nécessaire pour nous : « Car la colère de Dieu est révélée du ciel, contre toute impiété et toute iniquité des hommes qui possèdent la vérité tout en vivant dans l’iniquité ». Ceci est un principe des plus importants. Il ne s’agit pas d’une colère gouvernementale, comme d’amener l’Assyrien contre Israël, ou de mener Israël en captivité à Babylone — chose de ce monde pendant que Dieu était encore caché derrière le voile. Cela nous parle de l’incompatibilité de la nature de Dieu avec le mal. La colère de Dieu était révélée contre tout ce qui était incompatible avec Sa nature ; — la colère du ciel contre toute impiété, et là où la vérité était connue et où les hommes pouvaient paraître plus près de Dieu comme les Juifs : s’ils possédaient la vérité dans l’injustice, la colère était aussi contre ceux qui la retenaient ainsi. La colère contre toute impiété était révélée du ciel : Gentils, Juifs, les hommes dans toutes les conditions venaient sous le jugement. Ce n’était pas un Dieu caché, agissant en jugements terrestres ; mais Dieu Lui-même pleinement révélé selon Sa propre nature, abhorrant le mal, en juste colère contre tout mal, quelque part qu’il se rencontrât. Sa nature ne pouvait admettre le mal. Il pouvait y avoir eu des voies de dispensation — de gouvernement, de patience : mais maintenant la colère était révélée contre toute iniquité, en quelque lieu qu’elle se trouvât.

L’apôtre fait voir ensuite sur quelle base allait le jugement, comme sur tous les hommes : sur le païen, à la fin du chapitre ; sur les moralistes, au commencement du second ; sur le Juif depuis le verset 17 du chapitre 2, jusqu’au 20 du 3. La base de la condamnation des païens, c’est le témoignage de la création et le fait qu’ils n’ont pas retenu Dieu dans leur connaissance, car en Noé se trouvait cette connaissance. Le premier motif est énoncé dans les versets 19, 20 ; le second, dans le verset 21. Ils tournaient la gloire du Dieu incorruptible en images des hommes, des oiseaux, des bêtes à quatre pieds et des reptiles ; et, comme ils changèrent ainsi la gloire de Dieu en déshonneur, Dieu les abandonna à changer aussi celle de l’homme, et ils se dégradèrent dans l’impureté, comme ils avaient dégradé Dieu dans l’idolâtrie. Pourtant ils connaissaient le jugement de Dieu.

Et cela rendait inexcusables les moralistes, les Socrates et autres : ils faisaient les choses qu’ils jugeaient (chap. 2). Mais le jugement de Dieu est, selon la vérité, contre ceux qui commettent de telles choses. Les faire soi-même et juger les autres, n’était nullement la manière d’échapper au jugement de Dieu ; ou bien, méprisaient-ils la miséricorde de Dieu qui les conviait à la repentance, et amassaient-ils de la colère pour le jour du jugement — de la révélation du juste jugement de Dieu ? Dieu juge toujours le mal moralement ; mais il y a un jour où ce jugement sera révélé, et cette voie de Dieu à l’égard du mal prend place d’une manière manifeste selon la nature de Dieu. Nous avons vu ce grand et important principe en 1, 17. Non pas le gouvernement dispensationnel sur ceux qui sont près et sur ceux qui sont loin ; mais Dieu révélant Son jugement du mal dans l’homme, conformément à ce qu’Il est. De là, la lumière du christianisme est jetée ici sur les fondements du jugement, quoique la lumière possédée de fait soit faite pour entrer dans la mesure de la rétribution ; mais la nature, et, en jugement, l’autorité de Dieu, rejette le mal ; Juif ou Gentil, c’est absolument la même chose. Quand Dieu est révélé, le mal est traité comme mal. Les avantages particuliers peuvent intervenir sur le terrain du jugement, et si on a péché sous la loi, on sera jugé par la loi ; mais le mal est mal, tant que Dieu est Dieu, que le mal soit dans un Gentil ou dans un Juif ; il n’y a pas non plus d’égard à l’apparence des personnes devant Dieu.

Mais la révélation de Dieu qui introduit la connaissance du jugement, selon la vérité, nécessairement suppose la vérité là, et l’obéissance à la vérité devient partie de l’épreuve morale de l’homme aussi bien que la loi et la conscience naturelle. En conséquence, en 2, 7, 8, nous avons ce que le christianisme a amené à la lumière, versets 9, 10, la tribulation et l’angoisse sont sur toute âme d’homme qui fait le mal, et la gloire, l’honneur et la paix sur toute âme d’homme qui fait le bien, au Juif premièrement, et puis aussi au Grec.

Évidemment, le but de l’apôtre ici n’est pas de montrer comment un pécheur pouvait être justifié, mais bien que, quoique Dieu puisse suivre dans Son administration de la bénédiction ce qu’Il avait accordé au peuple juif, pourtant maintenant qu’Il s’est révélé, Il a à faire avec des réalités, et qu’un Gentil pieux fait davantage Ses délices qu’un Juif infidèle, quels que soient les privilèges de ce dernier. Celui qui accomplit la loi serait justifié, qu’il soit Juif ou Gentil ; non pas celui qui la possédait et la violait. Pour Dieu il n’y avait pas d’égard à l’apparence des personnes, et la conscience pouvait observer le bien et le mal où il n’y avait pas de loi, et ainsi devenir loi pour un homme qui n’en avait pas une directe de Dieu. Ainsi ceux qui avaient péché sans la loi périraient sans elle ; ceux qui avaient péché sous elle seraient jugés par elle. Le sujet de la discussion n’est pas ici de savoir par quel pouvoir ou par quelle grâce un homme serait conduit, ou rendu capable de marcher en bonne conscience ; mais bien, que la réalité de la marche et non le privilège de la position était ce que Dieu reconnaissait.

Il est bon de remarquer qu’il n’y a point de loi écrite dans le cœur du Gentil[8] — c’est la nouvelle alliance — mais l’œuvre que requiert la loi, la conscience la reconnaît comme bien ou mal. La conscience sait qu’il est mal de tuer ou de voler quand même il n’y ait pas de loi donnée. L’homme acquit la connaissance du bien et du mal par la chute, et il est de toute importance de discerner la différence entre cela et la loi. La loi impose une règle par autorité — ici c’est l’autorité de Dieu ; la conscience au contraire a connaissance du bien et du mal en lui-même comme fait Dieu. « L’homme est devenu comme l’un de nous, connaissant le bien et le mal ». C’est-à-dire que la conscience prend connaissance du bien et du mal en lui-même, comme bien ou comme mal, sans aucune loi qui le prescrive ou le défende ; et jusque-là l’homme est loi à lui-même, c’est-à-dire, la chose ne lui étant pas prescrite ou défendue comme le fait une loi.

Il est bon de remarquer aussi ici que les versets 13, 14, 15 sont une parenthèse ; la liaison est : « seront jugés par la loi au jour etc. ».

Remarquez aussi ici, du côté de l’homme, comme auparavant de celui de Dieu, qu’il ne s’agit pas de jugement gouvernemental, des voies de Dieu avec les hommes sur la terre, visitant, il est vrai, les péchés sur un peuple ou sur une race avec longanimité et patience ; mais du jugement des secrets du cœur — tout amené à la lumière et strictement jugé — selon les exigences absolues de la nature de Dieu prenant en considération les avantages que les hommes ont eus ; non pas gouvernant en patience, mais jugeant en justice selon ce qui est bien et ce qui mal, comme personne ne peut nier et où personne ne peut échapper. Les secrets du cœur des hommes seraient jugés, et les hommes manifestés être ce qu’ils sont réellement, quelque cachés qu’ils soient aux yeux des hommes.

En 2, 17 l’apôtre commence d’une manière précise avec le Juif, insistant sur la même vérité, mais disant l’inverse de ce qu’il avait dit du Gentil — un Juif qui se prévalait de la loi et la violait était aussi mauvais que celui qui n’en avait point. Le nom de Dieu était blasphémé à cause d’eux au milieu des Gentils. Celui-là seul était Juif, qui l’était intérieurement, dont le cœur était circoncis dans l’esprit et non dans la lettre, dont la louange était de Dieu et non des hommes.



  1. Il y a eu, ce me semble, quatre sources d’idolâtrie : un sentiment intérieur ineffaçable de l’existence de Dieu ; la déification des ancêtres ; les astres, et le principe de génération. Elles s’entrelacèrent toutes, la dernière donnant naissance à une corruption inconcevable, la consécration des convoitises dégradantes. Les dieux selon la notion populaire étaient des passions déifiées, comme Vénus, Mars, etc., ainsi que les forces de la nature. Derrière tout cela était toujours le dieu inconnu. La conscience n’était nullement en jeu en tout cela, excepté, peut-être, la bonté naturelle comme dans l’Inde, et même, quand quelque chose de la conscience (car tous en ont une depuis la chute) s’y mêlait, comme dans l’Amenti égyptien, il n’y avait aucune idée de rapports futurs avec Dieu : mais uniquement celles de transmigration, d’exaltation vers des dieux semblables aux hommes eux-mêmes. Mais, quoique la racine d’une conscience de Dieu fût toujours là, la communion avec Dieu était totalement inconnue.
  2. Une promesse de ne pas détruire la terre fut bien donnée à Noé ; mais il ne fut pas une racine de bénédiction personnelle promise.
  3. Nous sommes vus en Christ dans le chapitre 8, et l’Église est contemplée dans le chapitre 12, mais cela est simplement admis, le sujet n’est pas traité.
  4. L’interprétation : « là tous sont morts » comme une conséquence, est, je n’en doute pas, tout simplement une erreur, comme le verset 15 le montre clairement.
  5. Ce n’est pas nécessairement Sa résurrection seule. C’est une expression abstraite ; mais elle en fut la première preuve grande et complète.
  6. En ceci elle participe de la nature de l’évangile éternel.
  7. Notre résurrection avec Christ L’envisage comme étant descendu en grâce dans notre place, là où nous sommes morts dans le péché. Notre résurrection ensemble avec Lui implique union avec Lui. Ceci n’est pas le sujet de l’épître des Romains, qui traite de la justification personnelle.
  8. « Écrite » s’accorde avec œuvre ; non pas avec loi ; le grec ne laisse pas d’incertitude là-dessus.