Écho du Témoignage:La doctrine du Nouveau Testament sur le Saint Esprit/Partie 3

De mipe
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Méditation 3 — « Des fleuves d’eau vive » — Jean 7, 1-39

Le sujet sur lequel doit en ce moment se porter notre attention ne peut être séparé du contenu des chapitres qui précèdent. Il se rattache étroitement aux incidents racontés dans le chapitre 7, et surtout à l’aspect spécial sous lequel le Seigneur se présente à nous. C’est là le secret de toute connaissance certaine de la vérité divine ; et cet enseignement ne nous est pas donné d’une manière sèche et formelle, mais avec amour. Il fait partie de ces révélations de Dieu qui ont Christ pour leur premier objet, car Dieu veut que Christ soit le centre de toutes choses. Il est vrai que les progrès d’une âme que la grâce a déprise d’elle-même, qui ne force pas la vérité, qui ne la découvre pas ailleurs qu’à la place qu’elle occupe dans les plans divins, qui ne sépare pas tout ce qu’a fait Christ d’avec tout ce qu’Il est à la gloire de Dieu, peuvent paraître lents à première vue, mais en réalité elle se trouve dans les seules conditions où il est possible d’avancer, car une âme ne peut recevoir de bénédictions solides et durables que de Dieu directement. Au lieu d’acquérir la connaissance par des moyens purement humains, nous recevons la vérité par l’action de la grâce divine, nos cœurs sont formés sur la Parole et nous entrons ainsi dans le courant des pensées de Dieu. En examinant à ce point de vue le chapitre que nous venons le lire, nous reconnaissons dans la déclaration du Seigneur Jésus touchant le Saint Esprit un caractère autre que celui que nous avons trouvé dans les enseignements renfermés dans les chapitres 3 et 4 de cet évangile. Il y a ici un progrès évident qui dépend comme toujours d’une manifestation plus complète de Christ. Car la connaissance du cœur s’accroît en raison du degré de cette manifestation, aussi bien que la force qui est puisée dans la Parole de Dieu. Nous avons eu premièrement l’exposition de la vérité fondamentale élémentaire, considérée sous son double aspect ; savoir, ce qui est commun aux saints de toutes les époques, et ce qui a été spécialement révélé depuis la venue du Christ, bienfait général lorsqu’il s’agit du fond, de la substance elle-même, spécial quant à la forme qu’il revêt maintenant que Dieu a révélé Son Fils.

Cette vérité fondamentale a été posée au chapitre 3, et ici je dois appeler l’attention sur l’ordre admirable observé dans l’évangile de Jean. Nous y contemplons Christ, la Parole, seul de toute éternité avec Dieu, et nous pouvons Le suivre jusque dans le royaume à venir, où sera pleinement manifestée Sa gloire, non seulement dans les rapports avec Dieu et avec les saints, mais aussi avec ce monde, ainsi que l’effet de ce déploiement de Sa puissance s’étendant jusqu’à l’économie milléniale. Alors Il répandra la joie là où régnaient la désolation et la stérilité, et fera disparaître tout ce qui peut offenser Dieu, par le jugement qu’Il exercera là où l’homme avait corrompu et souillé la maison du Père, savoir à Jérusalem.

Nous sommes ainsi amenés jusqu’au royaume durant lequel Christ établira la gloire de Dieu ici-bas. Et c’est alors que se pose cette question : Quel homme pourra avoir sa part dans ce royaume de Dieu ? Le troisième chapitre de Jean nous donne la réponse et démontre que, de tout temps, Dieu avait par-devant Lui des âmes qu’Il préparait pour le royaume à venir. Il révèle la forme particulièrement sous laquelle cette nouvelle nature est communiquée quand le Fils de Dieu Lui-même est manifesté. Il n’y a pas un des attributs divins, ni une grâce accordée aux hommes qui ne resplendisse avec un éclat jusqu’alors inconnu, quand Christ apparaît. Il était la vraie lumière, et quelles qu’eussent été les bénédictions goûtées avant Sa venue, et certes elles étaient nombreuses, mais le seul contraste avec la lumière de Christ les revêt d’une forme nouvelle, forme riche, harmonieuse et bénie, qui pour ainsi dire, sans rien changer à la substance de la vérité qui a été révélée, la transforme et l’illumine. Dès le commencement, tous les saints de Dieu participaient nécessairement de cette nouvelle et divine nature, capable d’entrer en communion avec Dieu ; mais maintenant ils savent qu’elle n’est autre que la vie éternelle, leur portion actuelle dans Son Fils.

Mais il y a plus encore, car comme nous l’avons vu au chapitre 4, le Fils de Dieu abaissé (dans l’heure qui vient et qui est maintenant), donne le Saint Esprit ; non pas seulement une nouvelle naissance qui provient du Saint Esprit, mais le Saint Esprit pour être en nous une puissance de communion avec le Père et le Fils. Christ était Celui qui avait été annoncé, mais Il fut rejeté, et c’est pourquoi les promesses, toutes précieuses qu’elles étaient, firent place à des révélations touchant l’indicible et éternelle gloire de Sa personne. Ainsi cette réjection et cette gloire inférieure ont eu pour résultat de faire ressortir la gloire plus élevée — je puis dire toute la gloire du Fils de Dieu, mais du Fils de Dieu manifesté sur la terre dans Sa grâce indicible et parfaite. Il ne s’agit pas ici de quelque grand docteur juif venant à Jésus, mais du Seigneur allant au-devant d’une pauvre pécheresse samaritaine et développant cette grâce ineffable du Saint Esprit donné afin que le croyant puisse entrer dès maintenant en communion avec le Père et Son Fils Jésus Christ. Le fait de la nouvelle naissance avait toujours été vrai et le sera tant qu’il y aura des âmes à appeler. L’homme est souillé, mort dans ses fautes et dans ses péchés, et par sa nature, incapable d’hériter du royaume de Dieu. Mais ici nous avons un privilège transcendant qui est au-dessus et au-delà de ce royaume, et dont rien ne nous sépare. La raison en est évidemment que le Fils de Dieu étant là, et rejeté par Israël, Dieu voulait L’honorer. Il faut que toutes choses soient soumises au Fils, et rien n’est trop grand pour être donné par Lui. Le fait de la venue du Fils dans l’abaissement n’était qu’une raison de plus pour hâter ce don du Saint Esprit. C’est pourquoi le cœur par cette perception de la gloire du Fils, peut savourer l’amour du Père par la puissance du Saint Esprit que Jésus donne, et qui révèle tant d’amour et de gloire. C’est pourquoi ce bienfait inestimable est la source de tout culte réel. Il met de côté les choses anciennes, naguère ordonnées de Dieu, ainsi que la « dévotion volontaire » de l’homme.

Nous abordons un sujet tout différent. Le Seigneur Jésus ne voulut plus demeurer en Judée parce que les Juifs cherchaient à Le faire mourir. Le peuple aussi bien que les chefs étaient jaloux de Jésus. Leur haine était arrivée à son comble, et ils n’attendaient pour la satisfaire qu’une occasion favorable. Autant que cela dépendait d’eux, ils voulaient éteindre cette lumière de Dieu, et rien que l’accomplissement de ce dessein ne pouvait les contenter. Quand l’époque de la fête des Tabernacles fut proche, Ses frères Le pressèrent de se rendre en Judée, afin que Ses disciples vissent les œuvres miraculeuses qu’Il opérait. Le Seigneur Jésus avait été peu à peu chassé de Jérusalem, le centre de la grandeur, de l’antiquité, de tout ce qui se vantait d’être religieux parmi les Juifs. C’était dans la Galilée qu’Il avait fait le plus grand nombre de Ses miracles, et il leur semblait impossible qu’un homme capable d’opérer ces prodiges ne cherchât pas la publicité. « Si tu fais ces choses, montre-toi au monde ». C’était une pensée toute humaine, et d’autant plus blâmable qu’elle vint au cœur des frères de Jésus selon la chair, et s’exprima par leur bouche.

Mais qu’avait été l’enseignement de Jésus au chapitre précédent ? Il avait frappé à la racine de toutes ces espérances, car les Juifs avaient voulu Le faire roi. Le Seigneur en multipliant les pains leur avait fait du bien ; et, comme les Juifs s’entretenaient souvent de ces choses, il se peut que ce miracle leur eût rappelé l’attente du Messie d’après le psaume 132. Ils désiraient hâter le royaume, car certainement le Roi était parmi eux. Le Seigneur répond par un refus absolu, et lorsque le peuple persiste à s’adresser à Lui, Il se sert du miracle qu’Il vient de faire, pour montrer le but de Sa mission qui dans cet évangile n’est pas d’être reçu comme le Christ. Il va sans dire que dès le commencement Dieu savait que les Juifs rejetteraient le Messie, et les prophètes l’avaient clairement prédit. L’offre fut faite et l’homme ainsi mis à l’épreuve ; mais si l’homme faillit, Dieu ne faillit pas à faire de plus grandes choses. Ce n’est pas que Jésus ne donna pas les preuves les plus convaincantes qu’Il était le Messie, mais l’évangile de Jean Le considère dans Sa divine nature et dans Sa gloire éternelle et inhérente. Il était le rejeté. Des desseins d’une portée plus profonde s’accomplissaient alors, savoir, la rédemption par Son sang.

L’homme ne comprend pas, ne veut ni ne peut reconnaître ce qui peut manquer si le Roi est sur la terre, si c’est bien le pays, si les Juifs sont bien le peuple. Tous les éléments voulus sont là, le vrai Roi, le vrai peuple, le vrai pays, si l’on regarde aux circonstances extérieures. Mais qu’arrive-t-il ? Dieu n’est pas dans les pensées des Juifs, et le péché n’a pas été jugé en Sa présence. Jésus au contraire ne cherchait que la volonté et la gloire de Celui qui L’avait envoyé. C’est pourquoi l’établissement prématuré du royaume eût été une offense à Dieu, le royaume avec l’homme dans son péché et sans que l’honneur de Dieu fût sauvegardé. Il ne se pouvait pas que Jésus acceptât un pareil royaume. Et voilà pourquoi le point capital du discours de notre Seigneur était celui-ci : qu’au lieu de s’élever pour prendre possession du royaume, Il était descendu pour faire la volonté de Celui qui L’avait envoyé, et cette volonté était de sauver, de recevoir tous ceux qui venaient à Lui, abstraction faite de tout sentiment personnel. Car Il ne vint pas ici-bas pour faire Sa propre volonté, ni pour choisir les personnes qui Lui étaient agréables. C’était une question de vie éternelle et de résurrection au dernier jour. Quand les hommes furent atterrés en entendant ces vérités étonnantes, Jésus en exprima une plus grande encore. Il était venu afin de mourir, afin de « donner sa vie pour le monde » ; et à moins de « manger sa chair et de boire son sang », on ne pouvait avoir la vie. C’est donc le Fils de l’homme apparaissant dans l’abaissement et dans la souffrance qui prend la place du Roi que les Juifs attendaient, et qui devait amener avec Lui la prospérité, l’abondance et le bien-être ici-bas.

Remarquons que dans Jean 5, Jésus est considéré comme le Fils de Dieu travaillant de concert avec le Père et donnant ainsi la vie. Ceux qui ne voudront pas recevoir Jésus auront en Lui leur juge, car Il est aussi le Fils de l’homme auquel le Seigneur remet tout jugement. Dans Jean 6, nous avons une vérité plus profonde encore. Le Fils de l’homme n’est plus considéré comme juge, mais comme Fils de l’homme qui venait mourir, donner Sa chair à manger et Son sang à boire. Rien ne manifeste aussi pleinement ce qu’est Dieu, ce qu’est Christ dans Sa complète abnégation, dans un amour qui se montre divin au moment même où l’humanité de Jésus est le plus entièrement manifestée. Quel autre que Lui est venu mourir ? Toute cette gloire royale du Messie si longtemps attendue disparaît et s’efface pour la mort, parce qu’il fallait avant tout que Dieu fût exalté, que le péché fût jugé, et que l’homme béni selon les desseins de Dieu pût entrer dès lors dans la pensée divine, et en communion avec Christ Lui-même dans Son amour et dans Son renoncement. Ces paroles « manger la chair » de Jésus et boire Son sang impliquent non seulement le sacrifice offert par Jésus, mais encore la communion de Sa mort, la reconnaissance de cette sentence de mort qui en est le résultat et qui pèse sur tout ici-bas, car même la gloire du Messie s’éclipse pour un temps. Nous savons que cette gloire sera bientôt manifestée et que le règne de Jésus sera fécond en bénédictions, étant fondé sur des bases immuables. Mais maintenant c’est la mort qui est devant Jésus, et c’est ce fait avec les résultats qui en découlent qu’Il expose à la multitude. La mort du Christ, le Fils de l’homme, nous ayant donc été présentée comme la base de toute communion véritable avec ceux qui sont à Lui, car il faut pour avoir la vie en soi-même manger Sa chair et boire Son sang, nous avons au chapitre 7 la fête des Tabernacles qui était une figure de la glorieuse perspective de la promesse de Dieu.

Les frères du Seigneur Le pressaient de se manifester. Il leur semblait que le moment favorable était arrivé. Le Seigneur annonce cette solennelle vérité que « leur temps est toujours prêt ». Ils étaient du monde, ils parlaient du monde, et le monde les écoutait ; mais quant à Lui Son temps n’était pas encore venu. Quelle grâce infinie nous découvrons dans ces paroles : « mon temps n’est pas encore venu », si nous nous rendons compte de la gloire de Celui qui les a prononcées, si nous nous rappelons que c’est Lui qui a créé le monde, qu’Il était l’héritier légitime de toutes les promesses, qu’Il avait le droit de tout prendre, de tout posséder ! Et aussi quelle condamnation du pécheur dans ces mots : « votre temps est toujours prêt » ! Quelle sentence de mort sur toutes les notions de l’homme, car le temps de l’homme c’est le présent, et par conséquent il est toujours prêt. C’est là sa principale préoccupation, car il aime à s’exalter lui-même. C’est là la vie dans laquelle il se meut, le mobile de toutes ses activités. Ce qui doit nous faire admirer le plus la voie du Seigneur, c’est que Sa puissance n’était pas en question. Ses frères, nous est-il dit, « ne croyaient pas en lui », mais ils ne doutaient pas de cette puissance. Croire n’est pas la même chose qu’admettre que Jésus fût capable de faire ce qu’Il voulait ; mais l’incrédulité de ces hommes se trahissait par le fait qu’ils n’avaient aucun sentiment de ce qui est dû à Dieu, aucune intelligence de Sa gloire, aucune notion juste de la condition de l’homme, de la grâce qui demeurait en Jésus ou de la contradiction qui existait entre Lui et tout ce qui L’entourait. Mais Celui qui possédait toute puissance pour changer en un clin d’œil la face des choses, attend l’heure convenable. Son temps n’était pas encore pleinement venu.

Ses frères montent à la fête, et là nous voyons les pensées des hommes se manifester quant à Jésus, et les Juifs montrer à leur tour leur incrédulité. Ils murmurent, ils raisonnent, mais leurs pensées sont purement les pensées d’hommes qui n’ont aucune connaissance de Dieu. L’intelligence de l’homme ne peut jamais s’élever jusqu’à l’amour de Dieu. Les idées humaines sont les idées humaines et rien de plus. Elles n’ont aucune valeur réelle ; elles sont aussi impuissantes que l’être qui les conçoit, et elles portent l’empreinte de la sécheresse et de la mort. En Jésus il y avait la puissance, nous le savons, mais il y avait quelque chose d’incomparablement plus précieux encore. Il était divin dans Son amour. Il vint dans la pleine prescience de l’humiliation suprême qui L’attendait, et quand les hommes cherchèrent à Le faire mourir, Sa pensée creusa sans doute toutes les profondeurs de ce qu’Il devait endurer. Rien ne pouvait se dérober à Son regard ; tout était mesuré, tout était prévu : mais cependant Jésus ne hâte pas le dénouement. Il s’attend avec calme et sérénité à Dieu ; Il ne court pas au-devant des événements qui doivent faire éclater le danger qui Le menace et consommer la ruine de l’homme ; Il ne considère pas avec mépris ce que le monde veut faire, car, hélas ! c’était le triomphe éphémère de Satan et la plus insigne de toutes les folies de l’homme, supposant qu’on pouvait se défaire ainsi de Celui qui jetait le trouble partout ici-bas. Mais l’amour, Dieu Lui-même qui est amour, était dans toutes les pensées de Jésus, dans tous Ses sentiments. C’est pourquoi Il attend que la fête soit commencée, et alors coûte que coûte, Il s’y présente.

Premièrement Il annonce Son prochain départ. J’attire votre attention sur ce fait, car il a une grande importance considéré comme base de l’action du Saint Esprit dont je veux vous entretenir. Le don du Saint Esprit suppose la mort et le départ de Jésus, suppose qu’Il allait là où l’homme ne pouvait Le suivre, où les Juifs ne devaient pas venir. C’est pourquoi « en la dernière journée », la grande journée de cette fête « qui était la dernière de l’année parmi les Juifs », Jésus se tint là, et cria, disant : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive ».

Occupons-nous pendant quelques instants de la signification de cette fête. Elle avait été instituée en commémoration du fait que le peuple de Dieu, après avoir séjourné dans le désert, était maintenant recueilli dans la terre promise. Cette fête avait lieu après la moisson et la vendange qui préfiguraient dans ces deux actes l’exécution du jugement de Dieu. Il y a un jugement qui sépare tout d’abord les bons des mauvais : c’est la moisson. Ensuite, vient un autre jugement terrible, inexorable, qui atteint tout ce qui est impie et rebelle envers Dieu ; c’est la vendange. Dieu montrait ainsi à Son peuple quand et comment il pouvait attendre la délivrance. Attendre la gloire selon Dieu avant l’exécution du jugement était une folie. Il faut d’abord que le jugement ait un libre cours avant que la gloire resplendisse. Mais cette fête des tabernacles ne ressemblait pas aux autres fêtes juives. Elle offrait une particularité qui mérite notre attention, savoir, qu’elle n’était pas limitée à sept jours, division ordinaire du cours du temps, ici-bas. Il y avait un jour surnuméraire, en plus de la semaine entière qui marque le cercle habituel de la vie humaine, et ce temps de repos béni vers lequel, d’après la Parole, se tournent les conseils de Dieu concernant Son peuple et la terre, car le Seigneur ne perd jamais de vue dans Ses desseins et dans Sa pensée « le repos qui reste pour le peuple de Dieu ». Ce ne fut pas le septième, mais le huitième jour que Jésus se montra ; le jour non de l’amour créateur, mais de la gloire de la résurrection. « Jésus se tint là, et cria, disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ».

Un esprit divinement éclairé saisira la portée de ce passage que j’ai cherché à développer comme il se présente à nous dans ce chapitre. Il est évident qu’il ne s’agit pas ici de l’Esprit de Dieu comme opérant jadis sur les âmes même avant la venue de Christ, ni du don du Saint Esprit comme établissant la puissance de la communion avec Jésus venu comme Fils de Dieu. L’heure n’était pas venue, ne pouvait pas venir jusqu’à ce que Jésus eût quitté ce monde, de recevoir un bienfait dont aucune âme humaine ne pouvait jouir dans quelque mesure que ce fût avant la mort de Jésus, plus encore, avant Sa résurrection et Son ascension dans la gloire. Mais le point que le Seigneur met en évidence avec tant de sagesse et de puissance dans tous les détails de ce chapitre est celui-ci, que le fait de la gloire de Jésus, non pas de celle qui Lui appartiendra dans le royaume, mais de celle qu’Il a dès maintenant dans le ciel, détermine l’introduction immédiate sur la scène du Saint Esprit répandu ici-bas sur tout croyant, comme un fleuve irrésistible et abondant en bénédiction. C’est quelque chose de tout différent de ce que nous avons eu précédemment. Et il n’y a rien d’étonnant, car quelle n’est pas la pensée de Dieu touchant la mort de Jésus ! Quel témoignage Dieu rend ainsi à la valeur de l’insondable abaissement où descendit Son Fils.

La grâce du Fils se complaît dans le don gratuit du Saint Esprit au croyant, afin qu’il puisse jouir de la communion avec le Père et le Fils qui s’est offert Lui-même. Et sans ce don ineffable, qui pourrait comprendre l’amour de Christ, ou apprécier la majesté de Sa personne ? Prétendre entrer en communion avec le Fils par quelque chose qui existe en nous, serait nous placer sur le même niveau, car même la nouvelle nature que nous avons reçue ne suffirait pas. C’est au Saint Esprit seul qu’il appartient de le faire.

Ici Jésus n’est pas présenté en Sa qualité de Fils de Dieu, mais expressément comme Fils de l’homme, comme Celui qui avait été rejeté tant et plus, comme Celui qui est mort, qui est ressuscité des morts, et qui est maintenant glorifié dans les cieux. Et remarquez que ceci se passe avant que le jugement de Dieu s’exécute, avant qu’un seul châtiment ne tombe sur l’homme, soit qu’il s’agisse de prendre à Lui les bons, en laissant les mauvais, ou d’exercer une vengeance inflexible sur ces religions de convention qu’Il a en abomination. Mais avant ces actes juridiques de la part de Dieu, le Fils de l’homme quitte cette terre qui demeure insouciante et paisible. Il monte au ciel, et de ce ciel où Il a pris place, Il envoie le Saint Esprit pour être comme un lien divin entre l’homme ici-bas, et l’homme glorifié à la droite de Dieu. C’est ainsi que le cœur trouve ses délices par la puissance du Saint Esprit, d’abord en se réjouissant de l’élévation du Sauveur, ensuite en rendant son témoignage au près et au loin. Voilà Celui que je possède et que je sais être ma vie. Pour me racheter et me nettoyer de mes souillures, Il mourut. Et maintenant, Il a rompu avec cette scène terrestre, ayant été rejeté par le peuple même qui aurait dû Le recevoir. Les promesses terrestres ont été différées pour un temps ; mais Celui qui en est le centre, l’objet et l’auteur attend le jour où elles seront pleinement accomplies ; car ce que Dieu a garanti ne peut ni changer ni faillir. La ruine de l’homme a été consommée dans la croix de Jésus. Mais Dieu se sert de l’intervalle qui sépare Sa mort de l’accomplissement des promesses, pour introduire un état de choses incomparablement plus élevé. Au lieu de Christ, le Fils de l’homme établissant Son règne universel ; au lieu de la manifestation d’une gloire terrestre, un ordre de choses est introduit auquel l’homme n’aurait jamais songé. Il envoie le Saint Esprit du ciel pour faire connaître d’avance aux siens le lieu où ils vont, afin qu’ils apprennent dès maintenant à s’y habituer, si je puis ainsi parler. Il veut que j’aie le Saint Esprit qui connaît si bien ce séjour de gloire, afin qu’Il puisse élever toutes les pensées, toutes les aspirations, toutes les affections de mon cœur vers Celui qui m’y attend.

C’est là ce que le Seigneur met devant nous dans ce passage : « La dernière journée, la grande journée de la fête, Jésus se tint là et dit : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi ». Il ne s’agit pas de ce que feront les autres, mais du dénuement et de la misère de chaque homme individuellement. Qu’y a-t-il de plus dangereux que les théories dans les choses de Dieu, que les combinaisons et les systèmes de vérité contre lesquels nous devons nous tenir sur nos gardes ? Nous avons à songer non seulement à notre intelligence, mais aussi à nos âmes. Toutefois, si nous avons été amenés à Dieu pleinement, sincèrement, il nous est permis de nous dilater dans les choses précieuses de Dieu. Mais il faut la réalité : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive ». Cette invitation suppose que l’homme se place quant au dénuement de son âme au point de vue de Dieu, qui lui donne en Christ la réponse à tous ses besoins réels ; car s’Il produit le sentiment de ces besoins, c’est afin de les satisfaire dans la grâce infinie : « qu’il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive découleront de son ventre ». Ainsi l’âme qui a soif se désaltère, et trouve sa joie dans tout ce que le Saint Esprit accorde. Mais il y a plus encore, car Christ mort dans la réjection, mais aussi en expiation, est maintenant ressuscité d’entre les morts et glorifié dans les cieux d’où Il est la source de la puissance, puissance de l’Esprit qui triomphe de tous les obstacles. Ce monde est sans doute un désert aride et désolé — mais cela ne rend ce don ineffable que plus merveilleux. La scène n’est pas changée. Le monde loin d’être amélioré, a été jugé pour ce qu’il est réellement. L’iniquité de l’homme subsiste ; l’inimitié du monde contre Dieu n’a subi aucune modification ; l’absence complète de tout sentiment selon Dieu a été pleinement prouvée par la mort de Christ. Cependant, dans un tel état de choses, le Saint Esprit est donné pour être non seulement une source d’eau pour le croyant, mais des fleuves d’eau vive qui se répandront sur tous ceux qui l’entourent. Que les voies et les paroles de Dieu sont admirables ! Comme Il combat d’une manière digne de Sa gloire avec le mal qui est dans le monde, et remédie au triomphe apparent de Satan ! L’adversaire n’est jamais aussi complètement vaincu que lorsqu’il semble être arrivé à ses fins. La chute apparente du Fils de l’homme était justement le moyen par lequel Il devait accomplir l’œuvre de la rédemption, et par là prendre une position nouvelle. Dès lors Il établit un lien entre le croyant et Lui-même par le Saint Esprit envoyé des cieux et se répandant en fleuves d’eau vive pour rafraîchir le monde désert et desséché.

Souffrez que je vous adresse quelques questions solennelles : Comment Jésus vous apparaît-Il, et quelles sont vos relations avec Lui maintenant qu’Il est dans le ciel ? N’avez-vous rien de plus que l’espoir que vous y serez aussi ? Assurément, c’est là une espérance aussi précieuse qu’elle est certaine ; et plus encore, nous serons avec Lui éternellement. Mais n’y a-t-il qu’une simple espérance ? N’y a-t-il pas dès maintenant quelque chose pour le cœur ? N’y a-t-il pas une puissance actuelle nous unissant à Jésus là où Il est ? Il me semble que c’est ce que le Seigneur voulait révéler aux siens. Jésus ne veut pas que nous nous contentions seulement de désirer avec ardeur le jour de la gloire ; Il veut en donner à nos cœurs l’avant-goût, et faire que, dès à présent, la force et la joie du ciel nous appartiennent ; Il veut nous conduire à travers le monde, non seulement comme ceux qui reçoivent, mais aussi comme ceux qui dispensent selon la riche miséricorde de Dieu. Les croyants qui dans leur dénuement vinrent à Christ, qui burent l’eau vive quand tout en eux n’était que lassitude et tourment, reconnurent que Jésus les avait comblés des vraies richesses, bien qu’Il eût quitté ce monde et que leur position fut de plus en plus précaire et isolée. Ainsi le partage actuel des croyants offre un contraste frappant avec tout ce que les saints ou les prophètes connaissaient ou attendaient ici-bas. Prenez par exemple les saints de l’Ancien Testament et voyez comme la différence est fortement marquée. Écoutez les soupirs et les aspirations des Psaumes. Étudiez les prophéties de Jérémie, d’Ézéchiel ou tout autre : la condition de ces écrivains sacrés est-elle la même que celle des disciples ? Ce n’est pas certes qu’ils ne fussent pas bénis ou honorés de Dieu, car plusieurs d’entre les saints de cette époque étaient des vaisseaux d’inspiration. Et cependant, quand il s’agit de leur propre expérience, ces saints de Dieu, malgré leurs visions ineffables de l’avenir, ne jouissaient pas quant au présent de cette puissance d’adoration et de témoignage.

Rien n’est plus éloigné de ma pensée que de nier que les souffrances des chrétiens peuvent être plus poignantes encore que celles de Jérémie ou d’Ézéchiel, ou de supposer que l’homme de douleur, l’affligé des affligés, épargne aux siens cette association avec Lui. Non, assurément, et nous ne consentirions pas à être privés de cette faible part dans les souffrances que nos pauvres cœurs sont capables de porter. Mais croyons-le bien, nous jouirons pleinement de Christ et de notre union avec Lui dans la mesure où le peuple de Dieu sera rejeté par le monde, où nous serons les objets d’un mépris inconnu dans les anciens temps, car aucun Juif n’a dû subir ce qui assaillit le chrétien. Et ce qu’il y a de plus pénible, c’est que plus on prend la place qui convient au chrétien, c’est-à-dire la place de Christ — (car après tout le christianisme est notre association par le Saint Esprit avec Christ) — plus on est uni à Christ par la puissance de l’Esprit, plus on est rejeté par le monde.

Mais, d’un autre côté, quelle gloire, quelle joie, quelle bénédiction ! Pourquoi les chrétiens sont-ils si souvent abattus ? Je n’entends pas écrasés par les épreuves et par les fatigues du chemin ; mais découragés en présence de Dieu par leurs pensées à l’égard du Seigneur et oublieux des liens qui les attachent au ciel ? Pourquoi y a-t-il chez eux des nuages, de l’incertitude, l’absence de cette joie abondante de Celui auquel ils appartiennent, et de là d’où ils sont ? Parce que n’ayant pas appris à contempler le ciel par l’Esprit, ils ne regardent pas la terre comme un désert, bien que les fleuves d’eau vive puissent découler d’eux. Ils oublient ce que Jésus leur a donné ; ils considèrent la terre comme un lieu désirable. Pourquoi Christ ne serait-Il pas exalté ici-bas ? Pourquoi n’aurions-nous pas, Lui et nous, un nom glorieux dès à présent ? Non — Son heure n’est pas encore venue ; ni la nôtre non plus, puisque nous sommes un avec Lui. Ici, l’heure de l’homme fut pour Christ le mépris ; le rejet et la mort, ce sont là Son partage. Le nôtre est de n’être rien, d’être méprisés, haïs des hommes. Telle fut la portion de Christ sur la terre. Y a-t-il quelque chose de meilleur dans ce monde ? Y a-t-il quelque chose qui puisse soutenir la comparaison avec ce que Christ a connu Lui-même ? Il l’a expérimenté comme nul ne le pourra jamais, mais du moins par Sa grâce nous pouvons nous attacher fortement à Lui, et ainsi en prendre notre part et l’apprécier dans une certaine mesure.

C’est pour cela que le Saint Esprit a été donné. Examinez dans cet ordre d’idées l’expression « fleuves d’eau vive ». La puissance du Saint Esprit remplit le cœur de la gloire dans laquelle Christ est maintenant. Quelle puissance peut mieux convenir au désert, quand il est le plus aride, quand tout est stérilité autour de nous, et qu’il n’y a pas une seule source où nous puissions puiser, un point verdoyant où reposer notre regard, ni un palmier sous l’ombre duquel nous puissions nous abriter ? Quand le sentiment du vide de ce monde a pénétré notre cœur, il prépare et fortifie notre âme selon Dieu. Voici donc la question qui se présente. Si dans Jean 4 nous avons le Saint Esprit mettant le croyant en rapport avec le Fils et le Père, ce qui constitue un culte véritable, quelle est la bénédiction nouvelle et spéciale qui est promise ici ? Elle s’applique plutôt au service qu’au culte, car l’expression « des fleuves d’eau vive couleront de son ventre » suggère la pensée d’une effusion abondante. Mais aussi elle suppose que par la grâce, le croyant est élevé dans une atmosphère supérieure à celle du désert qu’il traverse. Le croyant sans cesse rempli de Christ, qui est lui-même dans le repos, et qui accorde son repos au cœur, reçoit une puissance communicative du Saint Esprit, et le ciel devient un séjour bien rapproché, duquel la grâce lui a ouvert l’entrée à cause de Christ qui y est déjà. Ainsi le Saint Esprit l’unit si étroitement au Seigneur Jésus, que tout ce que le monde peut lui présenter ne lui semble plus qu’un hochet misérable. D’un autre côté, nous savons qu’il y a d’inépuisables richesses telles que le cœur de l’homme ne saurait imaginer, et nous reconnaissons que, s’il nous est donné de nous les approprier, c’est uniquement par la grâce du Sauveur. En somme, ce qui nous est présenté dans ce passage n’est pas tant l’Esprit du Fils nous donnant de nous réjouir dans Sa personne et dans Sa grâce aussi bien que dans l’amour du Père, mais plutôt la puissance du Saint Esprit dépeinte par Celui qui est maintenant élevé dans la gloire de Dieu, afin de nous donner l’assurance que cette gloire est nôtre en Lui, et de nous remplir tellement de Sa plénitude, que nous communiquions des bénédictions à autrui.

Bien que le sujet ne soit pas identique, il me semble que la différence que nous trouvons dans 1 Pierre 2, entre la sacrificature sainte et la sacrificature royale, peut jeter quelque lumière sur le passage que nous étudions. L’apôtre Pierre nous représente comme étant revêtus de cette double sacrificature, une « sacrificature sainte » (v. 5), une « sacrificature royale » (v. 9) ; assurément ce n’est pas une répétition inutile. Ce ne sont pas des épithètes sonores, accumulées sans intention, mais une appréciation claire et distincte de notre position comme « rapprochés » de Dieu. Quelles sont les fonctions de la « sainte sacrificature » ? Offrir des sacrifices spirituels. Ainsi consacrés, nous nous approchons de Dieu, et en conséquence il s’agit de ces sacrifices qui ont rapport au culte du Seigneur. D’autre part nous sommes appelés une « sacrificature royale », et alors il n’est plus question de sacrifier à Dieu les louanges et les actions de grâces, mais d’annoncer les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. Ainsi l’une de ces sacrificatures s’exerce en louant Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, tandis que l’autre a pour objet de manifester parmi les hommes l’excellence de Celui qui a agi avec nous comme Dieu seul pouvait en former ou en exécuter le dessein. Que le chrétien ne perde jamais de vue la dignité de cette vocation ; pour lui, chercher la gloire terrestre c’est en réalité s’avilir.

Bien des chrétiens pendant le cours de leur pèlerinage ici-bas sont dans l’obligation de gagner pour eux et pour leurs familles le pain quotidien. Et cela est bon, car peu d’entre nous seraient capables de supporter qu’il en fût autrement. Et pourquoi ce travail manuel nécessaire m’empêcherait-il de rendre un témoignage vivant d’amour et de fidélité à notre adorable Sauveur ? Mais pour le croyant ce travail est un gagne-pain — rien de plus. Aussitôt qu’on veut y attacher l’importance d’une vocation, ou le regarder comme une chose honorable selon le monde, le témoignage rendu à la gloire de Christ devient impossible. Nul doute que la grâce de Dieu puisse appeler des individus activement engagés dans des professions honorables selon le monde. Nous avons connu des hommes ainsi appelés de Dieu au moment même où ils entraient dans une de ces carrières chères au cœur naturel, et nous en avons vu quelques-uns faire preuve d’une grande simplicité de cœur. Je ne dis pas qu’on ait tort de suivre ce qu’il est convenu d’appeler une profession ; mais au nom de la gloire céleste de Christ, je juge l’esprit dans lequel tout ce qui appartient au monde est organisé, et je vous mets en garde contre la vaine gloire des hommes, contre le désir des grandeurs terrestres, contre l’entraînement, pour nous et pour les nôtres, de l’opinion du monde. L’heure de Christ n’était pas venue ; la nôtre ne l’est pas non plus. Si nous Lui appartenons, nous n’avons que faire de la gloire de ce monde. Soyez convaincus que ces honneurs-là sont un déshonneur pour l’enfant de Dieu. Peu importe les biens que le monde nous offre. Quel besoin en avons-nous ? Toutes choses sont à nous. Nous jugerons le monde, et même les anges. Je ne tiens pas à montrer que les choses terrestres portent si souvent l’empreinte de leur futilité, que les sages de ce monde admettent que le plaisir consiste plutôt à poursuivre qu’à atteindre.

Souffrez donc que j’insiste sur l’importance pour le chrétien (qu’il s’agisse de lui ou des siens) de se tenir constamment sur ses gardes quant au monde, le regard attaché sur Christ dans le ciel. Loin de moi la pensée que le christianisme impose à tous les croyants une uniformité d’occupations, ni que la foi se manifeste par l’abandon de la vocation où l’on se trouve, si l’on peut y demeurer avec Dieu, ou par la recherche d’un état qui soit en dehors de nos aptitudes. Ce n’est pas de la foi, mais de la folie. Mais malgré ces réserves, souffrez que je vous redise qu’il n’y a qu’un seul mobile digne d’un chrétien, c’est de tout faire en vue du Seigneur, que notre occupation journalière soit de faire des souliers ou de rédiger des actes. Et si nous savons que nous accomplissons la volonté de Dieu, nous pouvons faire quoi que ce soit avec une bonne conscience et un cœur joyeux. Ce qui perd le chrétien, c’est d’oublier qu’il est sur la terre pour faire la volonté de Dieu et pour être un fidèle témoin d’un Christ rejeté par le monde, mais glorifié dans le ciel.

Quelle est au contraire l’ambition de l’homme du monde ? C’est de faire son chemin, d’accomplir quelque chose de grand — et ce qu’il a pu acquérir aujourd’hui devient un marchepied pour obtenir de nouveaux honneurs demain. Tout cela n’est que la négation de la position que doit occuper le chrétien, et montre combien les désirs du cœur se trouvent dans le courant du monde. Il est naturel peut-être de souhaiter d’avoir une position plus brillante ou plus facile ; mais alors, où est l’attachement du cœur à Christ, et se pourrait-il, après tout, qu’on Lui préférât le premier Adam ? Toute la question est là. Si mon cœur appartient au second Adam, ne dois-je pas le montrer dans ma vie de chaque jour ? Ne faut-il honorer Christ que le dimanche ? Assurément ce n’est pas là la loyauté que nous devons à notre Chef. Avez-vous été amenés par la grâce le Dieu à la connaissance de Son amour pendant que vous occupiez une position regardée par le monde comme basse et méprisable ? Soit. Quelle admirable occasion d’exercer la foi qui sait juger par Christ dans la gloire si vous pouvez, en conservant cette position, demeurer avec Dieu ! Je ne vous demande nullement de suivre tel ou tel homme ; mais de sonder la Parole, et de déterminer dans quelle mesure il vous sera possible d’honorer Dieu là où vous êtes. Car ne devons-nous pas être Ses épîtres lues et connues de tous les hommes ? Et n’est-ce pas ainsi que par Sa grâce des fleuves d’eau vive couleront de nous ? Nous ne manifestons pas Christ quand nous étreignons avec force les biens que nous possédons, quand nous maintenons rigoureusement nos droits, quelque fondés qu’ils puissent être selon le monde ; quand nous résistons avec raideur à tout empiétement qui nous semble injuste. De même l’esprit de Christ n’est pas manifesté par celui de « basse condition » qui profite avec avidité de toutes les occasions d’avancement qui peuvent se présenter. Que votre condition soit élevée ou basse, comme on dit dans le monde, l’occasion ne vous manquera pas de montrer ce que vous pensez de Christ.

La Parole de Dieu peut nous diriger d’une manière infaillible ; notre sagesse n’est que folie. La volonté du Seigneur est tout. Il faut que la conscience chrétienne reconnaisse que, quelle que soit la position du croyant, chacun de nous peut faire la volonté de Dieu, peut être Son serviteur, peut manifester que nous L’estimons infiniment au-dessus du monde. La bénédiction pour moi consiste à être satisfait du service quel qu’il soit que le Seigneur me donne à faire. Quant aux circonstances qui doivent Le glorifier, et qui conviennent à Son serviteur, c’est à Lui à en juger. Que je les regarde simplement comme autant de moyens de publier Ses louanges, en estimant par-dessus tout ce que le monde hait. Pour ce qui concerne notre profession, qu’elle soit honorée ou méprisée par les hommes, elle ne doit être pour nous qu’un gagne-pain. Ce point de vue n’est pas celui du monde. Traiter une profession honorable de gagne-pain ? Oui assurément ; un Sauveur crucifié ici-bas, et élevé dans la gloire fait peu de cas du monde et de ce qui s’y trouve. Prenez un exemple. Je dois travailler comme cordonnier ; ai-je le désir d’être le premier cordonnier de Paris ? Supposez que je sois médecin. Mon ambition me porte-t-elle à vouloir avoir la plus nombreuse clientèle ? De semblables désirs proviennent-ils de Christ ? Est-ce ainsi que nous honorons de fait Jésus glorifié ? Est-ce de Sa main que j’accepte mon travail, et pour Lui que je le fais ? Nos cœurs savent combien — si le Seigneur nous donnait réellement quelque chose à faire pour Lui, notre amour se montrerait à le bien faire. Loin de nous la pensée que les chrétiens doivent être négligents ou insouciants dans la manière de vaquer à leurs occupations. Ce qu’il faut pour la foi, c’est la ferme conviction que Christ est le but de notre travail, qu’il soit important ou humble.

C’est ainsi que nous manifestons, même dans notre vie journalière, que nous ne vivons pas pour nous-mêmes en ce monde, mais pour Celui qui est mort et qui est ressuscité ; et nous aurons certainement pour nous la puissance du Saint Esprit. Précieux témoignage, bien qu’il soit rendu au milieu des choses transitoires de ce monde ; mais témoignage qui ne passera jamais. Nous ne faisons que traverser un pays étranger ; notre patrie est avec Christ ; mais nous ne sommes que pour un temps là où le Seigneur Lui-même nous a placés. Nous séjournons ici aussi longtemps qu’Il nous donne à travailler pour Lui. Nous campons au commandement de l’Éternel, et au commandement de l’Éternel nous partons. C’est à Lui à disposer de nous. Nous sommes au désert, mais, en attendant, au lieu de boire de l’eau d’un rocher, nous avons une source au-dedans de nous, d’où découlent des sources d’eau vive. C’est la joie de Jésus qui se reproduit ici-bas — la puissance du Saint Esprit qui donne dès à présent au cœur de se dilater en Celui qui est là-haut. Nous savons que nous Lui appartenons, et ainsi les vanités de ce monde sont jugées pour ce qu’elles sont, l’appât dont se sert Satan pour séduire un monde condamné.

Bien-aimés, dans quelle mesure vos âmes cherchent-elles ce but ? Je me pose la même question. Je désire, par la grâce de Dieu, que les vérités qu’Il a placées devant nous, ne dégénèrent pas en une connaissance stérile. Plus que d’autres chrétiens, nous avons à nous méfier de ce piège. Dieu dans Sa miséricorde a réveillé Ses enfants en leur rappelant cette vérité, et plus encore en ravivant la foi qui a été « une fois enseignée aux saints ». C’est là, sans doute, un grand privilège, mais il entraîne avec lui une sérieuse responsabilité et de graves périls. Qui sont ceux qui sont le plus exposés à perdre de vue cette vérité et à en devenir les adversaires déclarés ? Ceux-là mêmes qui l’ayant connue ont cessé de la réaliser et par conséquent de l’apprécier. Et comment peut-on la réaliser, à moins que Christ et non le moi soit notre premier objet ? Mettez à la place du Seigneur dans nos cœurs des préoccupations personnelles, touchant notre renommée ou notre bien-être, et tout se corrompt jusqu’à la source. Dieu seul sait où s’arrêterait cette folie sans la grâce qui, après nous avoir pris quand il n’y avait pas dans nos cœurs une seule étincelle d’amour pour Dieu, nous a gardés malgré toute notre misère, et qui peut encore empêcher les funestes conséquences de notre indécision et de notre infidélité. Dieu qui a toujours Christ en vue et qui veut qu’Il soit glorifié en nous, nous laisse assez de liberté d’action et de responsabilité morale pour montrer jusqu’où l’incrédulité peut nous entraîner. Mais Il peut relever une âme, et c’est ce qu’Il fait. Puissions-nous compter sur cette grâce pour nous garder aussi bien que pour nous relever, aussi bien que pour discerner la manière dont Il juge les personnes et les choses, et traiter avec sévérité tout ce qui peut tendre à amoindrir la Parole, ou à abuser de la grâce pour diminuer la gloire du Seigneur Jésus Christ.

Veuille le Seigneur nous rendre humbles et nous tenir dans l’humilité. Qu’Il nous donne si constamment de Le contempler dans la gloire, que tout ce qui est de ce monde soit jugé comme devant subir l’heure de la moisson, et celle de la vendange qui ne sont pas encore venues. Mais en attendant, notre joie est venue dans la glorification de Christ et dans le Saint Esprit qui nous a été donné avant cette heure. Nous connaissons Jésus dans la gloire céleste, et nous savons qu’Il a déjà envoyé le Saint Esprit pour nous faire participer dès maintenant à la richesse de cette gloire. Puissions-nous être Ses fidèles témoins, dussions-nous être brisés afin que les fleuves d’eau vive se répandent plus librement à la louange de la grâce et de la gloire de Dieu.