Écho du Témoignage:Le cantique de Salomon/Partie 6

De mipe
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Chapitre 6

Verset 1. « Où est allé ton bien-aimé, ô la plus belle des femmes ? De quel côté est allé ton bien-aimé, et nous le chercherons avec toi ? ».

Très précieux et variés sont les résultats qui découlent du fait béni que l’âme est entièrement occupée de Christ. Perdre de vue le moi et avoir Jésus pour objet, c’est la bénédiction immédiate, certaine. Quand les chrétiens tombent dans un pauvre état spirituel, comment en sortiront-ils de la manière la plus prompte et la plus efficace ? Ce sera en étant remplis et occupés de Christ pour eux-mêmes, et en en parlant aux autres. L’expérience de l’épouse est une magnifique preuve de cette vérité. Sa faute, sans doute, était de s’occuper d’elle-même : la préoccupation du moi — la recherche de la propre satisfaction. « J’ai dépouillé ma robe ; comment la revêtirais-je ? J’ai lavé mes pieds, comment les souillerais-je ? ». Mais lorsque les filles de Jérusalem la provoquent au sujet de la supériorité de son bien-aimé sur les autres, elle est amenée à ne penser qu’à lui, à ne parler que de lui ; et à mesure qu’elle poursuit, sa propre âme, tout d’abord, est pleinement et heureusement restaurée. Elle s’élève ainsi à une mesure de communion, qu’auparavant elle n’avait jamais atteinte ; et elle s’arrête tellement sur les perfections incomparables de son Seigneur, que celles qui l’avaient en quelque sorte défiée à son sujet, sont attirées par les gloires de sa personne, et éprouvent le désir de le voir et de le connaître.

Mais il est un autre fruit, ô mon âme, de ce témoignage de l’épouse à Christ que je ne voudrais pas te laisser passer inaperçu. Les filles de Jérusalem, remarque-le, concluent très naturellement que ce doit être l’époux qui a quitté son épouse, et non pas l’épouse qui a quitté son époux. En l’entendant parler de lui dans des termes aussi pleins de feu, elles ne pouvaient supposer un moment qu’elle pût jamais s’éloigner de lui. Un être tellement aimé — tellement admiré — si bon — si apprécié, l’œil de l’épouse ne pouvait jamais cesser de le contempler — son cœur ne pouvait jamais cesser de prendre en lui ses délices, et elle ne pouvait jamais, jamais, se lasser de lui. — Aussi lui disent-elles : « Où est allé ton bien-aimé ?… De quel côté est allé ton bien-aimé, et nous le chercherons avec toi ? ». Quel vif, quel sanglant reproche, tout indirect qu’il soit ! Et comme son cœur, cœur maintenant sensible, doit l’avoir vivement ressenti ! Mais en exaltant son Seigneur, elle se condamnait elle-même. Ainsi en est-il, et ainsi en doit-il être toujours. Quand l’âme n’est plus dans l’état de communion, tout semble frapper durement contre elle et condamner ses voies. Mais quand elle est restaurée, toutes ces choses contribuent à nous humilier plus profondément et à élever le niveau de notre communion. Le cœur qui vient de déborder des louanges de son bien-aimé, maintenant se réjouit en lui ; son œil repose sur lui. Elle sait où il est et ce qu’il fait. Heureux moment ! Tout est lumière et joie. Elle peut dire maintenant à ses compagnes où on peut le trouver.

Verset 2. « Mon bien-aimé est descendu dans son verger, aux carreaux de drogues aromatiques, pour paître dans les vergers et cueillir du muguet ».

Quelle délicieuse scène est celle-ci pour l’œil de la Sulamithe, en comparaison de celle qui est décrite au chapitre 5, 7 : « Le guet qui faisait la ronde par la ville me trouva ; ils me battirent, ils me blessèrent ; les gardes des murailles m’ôtèrent mon voile de dessus moi ». Telle est la différence entre marcher en communion avec Jésus, et errer dans le monde. Maintenant, elle se trouve dans des scènes champêtres avec son bien-aimé, entrant dans les conseils de son cœur et les œuvres de ses mains. Ce verset présente un ravissant tableau d’heureuse communion. Le Seigneur nous y est montré prenant Ses délices dans les siens ; il est dans son verger, cueillant du muguet. « Tel qu’est le muguet entre les épines, telle est ma grande amie entre les filles ». Elle entre dans ses pensées relativement aux siens en général, et relativement à elle-même en particulier. C’est là sa communion, communion bénie et solide. Son œil est simple, et la lumière du ciel remplit son âme. Maintenant elle s’écrie :

Verset 3. « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ; il paît parmi le muguet ».

Voilà un ton élevé, mais la foi le prend aisément. C’est la note tonique d’une âme qui a perdu de vue le moi. « Je suis à mon bien-aimé ». C’est précisément l’opposé d’une âme qui est occupée d’elle-même. C’est là véritablement avoir le cœur occupé de Christ ; c’est là entrer dans Ses pensées, Son amour, Sa grâce, Ses délices, au lieu d’être rempli et occupé de ses propres pensées à soi, de ses propres sentiments, de sa propre foi, ou de son propre service. L’œil, le cœur, les pensées, les lèvres, sont tous remplis de Christ et occupés de Lui. « Je suis à mon bien-aimé ». Au chapitre 2, 16, elle dit : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui ». Là, c’est la joie qu’il y a à posséder Christ : Il est à moi. Ici, c’est la joie plus profonde d’appartenir à Christ : Je suis à Lui. Joies, toutes deux, extrêmement précieuses, mais la dernière marque un progrès divin.

Nous pouvons bien comprendre qu’une âme nouvellement réveillée soit pleine d’anxiété relativement à elle-même, en bien des manières, et que, quand elle a reçu la vérité, elle s’écrie : « Maintenant, je crois en Jésus — je suis sûre que je crois en Lui — je sais que je crois en Lui — je sais qu’Il est mort pour moi — qu’Il a versé Son sang pour me laver de mes péchés, et maintenant je puis me confier en Lui » ! Ayant suivi avec sollicitude les profonds combats d’une âme nouvellement vivifiée qui se dégage des ténèbres de la nature, et entendant le cri de victoire à mesure que les sombres nuages étaient emportés en arrière, « Jésus est à moi », nous avons été pénétrés d’une reconnaissance et d’une joie sans mesure. C’est tout ce que nous pouvions attendre alors, et nous étions satisfaits.

Mais bientôt, lorsque l’âme s’est calmée après les angoisses de la nouvelle naissance, nous attendons qu’elle s’élève, dans l’intelligence de la vérité, de son propre intérêt personnel à la source de sa bénédiction. D’où cette vie nouvelle est-elle venue ? peut-elle bien demander. Quelle en est la source ? Pourquoi toute cette grâce, toute cette bonté envers moi, pécheur ? Qui a injecté dans mon âme, autrefois morte, ce pouls de la vie éternelle ? Apprenant, par degrés, que la vie éternelle et toutes les bénédictions ne sont que les fruits de l’amour de Dieu en Christ pour moi pécheur, je suis doucement attiré à Lui dans la confiance de l’amour — de Son parfait amour pour moi lorsque j’étais dans mes péchés. Toute crainte disparaît, car la crainte porte avec elle du tourment. « Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie est dans son Fils ». « En vérité, en vérité, je vous dis que l’heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et, l’ayant entendue, ils vivront » (Jean 5, 25). L’âme est ainsi amenée dans la relation la plus étroite avec le Fils du Dieu vivant dans le ciel ; et trouvant que toutes les sources de sa bénédiction sont là, elle s’élève à Lui, comme l’eau s’élève à son niveau. « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ! », telle est, désormais, alors, la véritable expression de sa foi toute remplie d’admiration.

Verset 4. — « Ma grande amie, tu es belle comme Thirtsa, agréable comme Jérusalem, redoutable comme des armées qui marchent à enseignes déployées ».

Quelle salutation que celle que ces paroles expriment ! Considère-la bien, ô mon âme. Veux-tu connaître le cœur de Jésus ? Veux-tu connaître Son patient amour — Son infatigable bonté — Son inépuisable tendresse ? Arrête-toi un peu ici et médite sur cette scène.

Il peut y avoir de l’intérêt à déterminer le sens de l’allusion à Thirtsa, à Jérusalem, et à des armées qui marchent bannières déployées. Mais, oh ! ne laisse pas détourner un moment tes pensées de la personne du Seigneur Jésus par l’une ou l’autre de ces choses. Il est vrai, je l’accorde, que ces comparaisons peuvent être l’expression immédiate de son amour. S’il en est ainsi, qu’elles soient pour toi comme des courants au moyen desquels tu peux arriver sûrement à la source ; mais ne t’arrête pas trop longtemps au ruisseau, la source vaut mieux. L’heureux effet du vrai ministère de la Parole est de mettre l’âme en rapport direct avec la personne de Christ. Le but de l’ennemi, et l’effet d’un faux enseignement, sont de placer quelque chose entre l’âme et Christ. Thirtsa n’est plus, Jérusalem est foulée aux pieds, et depuis longtemps la bannière de Juda n’a pas été déployée ; mais le cœur qui recourait pour exprimer ses sentiments à ces significatifs emblèmes, n’a point changé et demeure le même invariablement. Cherche par-dessus tout à connaître le cœur de Jésus. « C’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jean 17, 3). Connaître l’amour de Dieu en Christ pour moi, pécheur, est la meilleure chose que je puisse jamais connaître, car je connais alors la source — la source première de toute bénédiction. Que de fois il peut arriver que l’âme ne jouisse pas de Christ Lui-même, tout en se réjouissant dans la vérité ! Fais-y bien attention, ô mon âme, et ne cesse de prier à cet égard.

Maintenant, considère encore cette salutation sans exemple : « Ma grande amie, tu es belle comme Thirtsa, agréable comme Jérusalem, redoutable (ou éblouissante) comme des armées qui marchent à bannières déployées ». Ces paroles, remarque-le, sont les premières qu’il adresse à son épouse après sa triste chute. Ses lèvres s’ouvrent à la pauvre errante restaurée, par ces mots d’amour : « Ma grande amie, tu es belle ». C’est là Jésus Lui-même. Qui peut parler de Son amour ? Te sens-tu à l’aise, ô mon âme, dans cette atmosphère ? Ne te sens-tu pas comme clouée à ta place et confondue d’admiration ? Contemple, oh ! contemple, la personne qui s’exprime de cette manière, et vois devant Son cœur charmé une pauvre égarée de retour. Que rien ne vienne te distraire dans tes méditations. Tâche d’en profiter, surtout, en comprenant mieux la grâce de notre Seigneur Jésus Christ.

Il peut être utile de rattacher cette scène aux dernières paroles que l’époux lui adressa la dernière fois qu’ils étaient séparés : « Ouvre-moi, ma sœur, ma grande amie, ma colombe, ma parfaite ; car ma tête est pleine de rosée et mes cheveux de l’humidité de la nuit ». Rien ne pouvait être plus tendre ou plus affectueux que ce touchant appel ; pourtant elle n’y fit alors aucune attention et, en conséquence, elle s’égara tristement un certain temps. Mais à présent, nous la trouvons auprès de son Seigneur pleinement et heureusement restaurée. Elle a confiance parfaite en son amour. « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi », telle est la joyeuse expression de son âme. Mais ne lui dira-t-il rien de ses égarements et de sa folle conduite ? Ne voudra-t-il pas mettre d’abord au moins un peu de froideur dans ses manières, afin qu’elle soit honteuse devant lui ? Certainement non, puisqu’il la voit repentante de ce qu’elle a fait. Lorsque nous sommes repentants, le Seigneur ne pardonne pas seulement, mais Il oublie toutes nos offenses passées, et c’est avec la plus parfaite expression de Sa grâce qu’Il aborde toute âme pénitente. Du moment que l’âme est devant Lui à sa véritable place, Il ne garde aucune réserve et lui ouvre le riche trésor de Son amour. Voyez-en un exemple dans la femme syrophénicienne (Matt. 15). Elle n’eut pas plutôt pris la place d’une Gentile qu’elle vit couler à elle la pleine bénédiction du cœur de Jésus. Il fait même l’éloge de sa foi dans les termes les plus forts : « Ô femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu veux ». Il ne lui retient rien. Elle est bénie même jusqu’à la pleine satisfaction de son cœur. Témoins encore la pauvre pécheresse à Ses pieds dans la maison de Simon, et le fils prodigue dans les bras du père.

Telle est la grâce — la grâce de Dieu en Christ pour les pécheurs. La première chose, remarque-le, dont l’époux fait mention à son épouse, c’est sa beauté sans défaut à ses yeux. « Ma grande amie, tu es belle ». Pas un mot de plainte ne sort de ses lèvres : il ne fait pas une allusion au lieu même où elle est allée, ni à ce qu’elle a fait. Son amour est parfait, et la grâce de son accueil est semblable à l’abandon de son amour. Il veut être gracieux conformément à l’amour de son cœur. Il lui dit qu’elle est belle comme « Thirtsa, agréable comme Jérusalem ». Thirtsa signifie charmes. C’était la royale résidence des rois d’Israël avant qu’ils eussent bâti Samarie, comme Jérusalem était la demeure des rois de Juda. Jérusalem, nous le savons, est célèbre dans l’Écriture par ses nombreuses splendeurs. Il est parlé d’elle comme « le plus beau de la contrée, la joie de toute la terre, la ville du grand Roi. Dieu est connu en ses palais pour une haute retraite ». Thirtsa était la capitale des tribus révoltées. Mais au jour prochain de la gloire, les deux royaumes, Israël et Juda, seront unis sous un seul Chef pour ne plus être jamais séparés. Les prophètes nous enseignent dans les termes les plus formels et les plus clairs ce qui nous est présenté ici sous la forme d’une allégorie. « Ainsi a dit le Seigneur l’Éternel : Voici, je vais prendre les enfants d’Israël entre les nations parmi lesquelles ils sont allés ; je les rassemblerai de toutes parts, et je les ferai rentrer en leur terre. Et je ferai qu’ils seront une seule nation dans le pays, sur les montagnes d’Israël ; ils n’auront tous qu’un roi pour leur roi, ils ne seront plus deux nations, et ils ne seront plus divisés en deux royaumes » (Éz. 37, 21-22).

Quand les douze tribus seront réunies, et que le Messie sera leur roi, la gloire de la nation alors sera grande. « Ils n’auront tous qu’un roi pour leur roi ». Alors elle sera « redoutable comme des armées qui marchent à bannières déployées ». Ce n’est pas de quelque chose de terrible que cette image implique l’idée, mais de quelque chose d’éblouissant, de brillant, de glorieux — tel que l’effet imposant d’une armée marchant bannières déployées. Le Roi reconnaît que la gloire de son peuple bien-aimé ainsi réuni en un est d’un effet qui l’accable. « Détourne tes yeux qu’ils ne me regardent ; car ils me forcent ». Combien cela est merveilleux ! Qui pourrait le comprendre ? Pour le comprendre en quelque mesure, il nous faut connaître Jésus Lui-même. Nul cœur n’entre comme le sien dans la bénédiction et la joie d’autrui. Il trouve du soulagement à bénir les nécessiteux. Nous Le voyons durant les jours de Sa chair parcourir de grandes distances pour rencontrer et bénir une fille dégradée de Samarie, ou une pauvre Gentile des côtes de Tyr et de Sidon. C’est Sa joie et la joie de tout le ciel, de voir même un seul pécheur se repentir et venir à la plénitude qui est en Lui. Mais, quelle ne sera pas Sa joie, lorsque la maison de David et les habitants de Jérusalem se tourneront vers Lui avec deuil et avec larmes — lorsque les tribus longtemps perdues apparaîtront sur la scène et Le reconnaîtront comme le véritable Messie — quand tous les regards de toutes les tribus seront fixés sur Lui — quand Sa louange débordera de tous les cœurs — et que de Jérusalem, la bénédiction coulera vers toutes les nations de la terre !

Alors le chapitre cinquante-troisième d’Ésaïe fournira la matière du chant de deuil d’Israël, et l’expression de sa joie mêlée de larmes. « Il était navré pour nos forfaits et froissé pour nos iniquités ; l’amende qui nous apporte la paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous avons la guérison. Nous avons tous été errants comme des brebis ; nous nous sommes détournés chacun en suivant notre propre chemin, et l’Éternel a fait venir sur lui l’iniquité de nous tous ». Leur Jérusalem bien-aimée deviendra alors la Jérusalem des conseils de Dieu, et ne sera plus celle de l’orgueil et de l’oppression de l’homme. Environnée de montagnes, ceinte de murailles, de remparts, et de tours, elle sera la gloire de tous les pays. « Le nom de la ville depuis ce jour-là sera Jéhovah-Shamma — l’Éternel est là » (Éz. 48, 35 ; Ps. 48). Alors le Messie disposera tout selon Sa volonté ; Satan sera alors enfermé dans le puits de l’abîme, la terre sera délivrée, la malédiction, la puissance du mal sera réprimée, et le vrai Salomon régnera comme roi sur toutes choses. Impossible de concevoir quel sera l’effet en puissance et en gloire, sur la nature tout entière, de l’absence de Satan et de la présence de Christ.

« Oh ! quel monde radieux et béni sera cette terre qui maintenant ne fait entendre que des gémissements, lorsque, précipité de son trône, le tentateur laissera tout l’univers à tes lois, ô Seigneur !
Mais bien plus brillant, bien plus heureux, sera ce monde d’en haut où nous connaîtrons comme nous sommes connus, et d’où nous régnerons dans les douces étreintes de l’amour, sur cette terre rachetée. »



Versets 5-7. « Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres qu’on tond lorsqu’elles sont descendues de Galaad. Tes dents sont comme un troupeau de brebis, qui remontent du lavoir, et qui sont toutes deux à deux et il n’y en a pas une qui manque. Ta tempe est comme une pièce de pomme de grenade au-dedans de tes tresses ».

Ces mêmes expressions se trouvent au chapitre 4, et cependant, nous le savons, le Saint Esprit ne fait pas de répétitions inutiles. Quel est donc le sens de celle-ci ? Depuis que l’époux s’est adressé à son épouse dans ces mêmes termes dans le chapitre quatrième, elle s’est égarée et est revenue. En lui répétant de la sorte ce qu’il lui avait dit auparavant, il donne l’assurance à son cœur que sa beauté n’est point altérée à ses yeux. Quoiqu’il ne dise rien de sa chute et de ses égarements, ses paroles auront désormais prise sur son cœur d’une manière plus profonde qu’auparavant. Leur prix s’accroît au septuple par suite des circonstances dans lesquelles elles sont de nouveau répétées. Le Saint Esprit peut bien se servir des mêmes paroles, lorsque c’est pour la gloire de Christ et la bénédiction de nos âmes. Dans le cas actuel, nuls termes n’auraient pu comme ceux-là redonner assurance au cœur de l’épouse.

Verset 8. « Qu’il y ait soixante reines, et quatre-vingt concubines, et des vierges sans nombre ».

Ce verset, nous n’en doutons nullement, a trait au millénium. Il vient à la suite de l’union des deux portions du peuple divisées depuis si longtemps. Les villes de Juda et les nations de la terre remplissent la scène glorieuse. Jérusalem a la première place. Cette vérité si manifeste dans l’Écriture est très pleinement exprimée et de la manière la plus touchante dans le verset qui suit.

Verset 9. « Ma colombe, ma parfaite, est unique ; elle est unique à sa mère, à celle qui l’a enfantée ; les filles l’ont vue et l’ont dite bienheureuse ; les reines et les concubines l’ont louée ».

Quelle place elle occupe dans le cœur de Christ ! Elle est la première à Ses yeux : aucune ne peut lui être comparée. Il y en a beaucoup d’autres, mais l’affection de Christ ne peut voir qu’elle seule. « Ma colombe, ma parfaite est unique, elle est unique à sa mère ». Dans les premières scènes, il parle de ses qualités, et fait la description de sa beauté personnelle ; mais à présent c’est d’elle-même qu’il parle, et de ce qu’elle est pour lui. « Unique à celle qui l’a enfantée ». La nation est envisagée ici sous l’aspect d’une mère, et la tribu de Juda sous celui d’une épouse. Tel est, ô mon âme, l’amour de Jésus comme Époux ! Voilà ce qu’Il sera au dernier jour pour le résidu fidèle de Juda — voilà ce qu’Il est maintenant — oui maintenant, pour nous en esprit. Abreuve-toi, oh ! abreuve-toi à longs traits à cet amour d’époux de ton Seigneur. La source est profonde, elle est inépuisable, elle est gratuite, elle est ouverte à la foi jusqu’au jour nuptial.

Il fut un temps où la fille de Sion, dans l’orgueil et la méchanceté de son cœur, repoussa Son amour ; il n’en resta pas moins le même pourtant, mais c’est dans les larmes qu’Il versa sur l’aveuglement de Son ingrate épouse que cet amour se montra alors. Abandonnée par Lui, elle devint la proie de ses ennemis cruels qui lui infligèrent de dures souffrances. Cependant, à travers tous ses égarements, l’Époux ne cessait pas de la suivre de Ses regards d’amour. Rien ne pouvait altérer les sentiments de Son cœur pour elle ; aussi, au temps convenable, la visita-t-il dans son état de dégradation. Il la trouva dans la condition d’une pauvre esclave, repoussée, toute brûlée par le soleil — réduite à garder les vignes d’autrui ; son cœur s’enflamma pour elle. Dans son amour et sa compassion, il sentit comme si elle avait « reçu de la main de l’Éternel le double pour tous ses péchés ». Et maintenant, « son temps marqué est accompli, son iniquité est pardonnée », et elle est consolée dans son Seigneur plein de grâce et de pardon. Mais, vérité bénie, l’amour de son Seigneur ne se donne pas de repos jusqu’à ce qu’il ait accompli tous les désirs de son cœur envers elle. Et maintenant, remarque-le, ô mon âme, où est-elle ? Qu’est-elle ? sinon la belle et radieuse fiancée du vrai roi Salomon — l’associée de son trône royal en Sion ? Et, remarque-le encore, elle n’est pas seulement l’objet des suprêmes délices du roi, mais elle est l’objet de l’admiration universelle. « Les filles l’ont vue et l’ont dite bienheureuse : les reines et les concubines l’ont louée ». « Et la fille de Tyr (type des Gentils) et les plus riches des peuples te supplieront avec des présents » (Ps. 45). Elle reflète la gloire et la beauté du roi, et c’est la beauté du roi que toutes les nations admirent en elle. « Et ta renommée se répandit parmi les nations à cause de ta beauté ; car elle était parfaite à cause de ma magnificence que j’avais mise sur toi, dit le Seigneur l’Éternel » (Éz. 16, 14).

Verset 10. « Qui est celle-ci qui paraît comme l’aube du jour, belle comme la lune, brillante comme le soleil, redoutable comme des armées qui marchent à bannières déployées ? ».

Il semble que ce verset nous fait entendre les admirateurs de l’épouse, et qu’il intervient dans le Cantique comme un chœur. Tout a une voix pour la célébrer. L’affreuse nuit est passée ; le jour se lève. « Qui est celle-ci qui paraît comme l’aube du jour » ? Elle se dégage juste, pour ainsi dire, des ténèbres de la longue, longue nuit, par laquelle elle a passé ! Mais à présent, elle la laisse toute derrière elle et s’avance dans la fraîcheur, la beauté, et l’espérance du matin, pour apparaître bientôt dans la splendeur de midi, revêtue des rayons du « soleil de justice ».

As-tu observé, ô mon âme, dans tes méditations, que la lumière, la gloire, et la dignité futures d’Israël sont fréquemment représentées par les corps célestes — le soleil, la lune et les étoiles ? Nous trouvons cela figuré dans les songes de Joseph. Toute la nation est représentée dans la famille de Jacob, et préfigurée par le soleil, la lune et les étoiles (Gen. 37). Dans le chapitre 12 de l’Apocalypse, nous voyons la tribu de Juda de laquelle notre Seigneur est issu, revêtue de la même lumière et de la même gloire. La figure est « une femme revêtue du soleil, et ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles ». La gloire des douze tribus semble se concentrer dans la tribu royale et l’avoir pour représentant. Ces luminaires célestes impliquent aussi l’idée de la stabilité. « J’ai une fois juré par ma sainteté (si je mens jamais à David), que sa race sera à jamais, et que son trône sera comme le soleil en ma présence ; qu’il sera affermi à jamais comme la lune ; et il y en aura dans les cieux un témoin certain » (Ps. 89, 35-37).

Arrête-toi ici un moment, ô mon âme, et médite sur la parole ferme de la prophétie touchant la gloire future d’Israël. Quel changement pour le Juif tant méprisé, si longtemps foulé ! Les vierges, les reines, les concubines ravies d’admiration, contemplent la royale tribu de Juda dans son aspect nuptial, « paraissant comme l’aube du jour, belle comme la lune, brillante comme le soleil, redoutable comme des armées qui marchent à bannières déployées ». Revêtue de lumière, de gloire, et de dignité, comme la belle épouse du Fils royal de David, elle devient le grand objet des délices de la terre et de l’universelle admiration. Salut, bienheureux matin ! Les ténèbres sont passées, « le soleil de justice se lève avec la santé dans ses rayons ». Déjà ils dorent les sombres montagnes de la Terre Sainte et réjouissent ses vallées. Tous les cœurs tressaillent. Hosanna au Fils de David ! La promesse est accomplie : « Lève-toi, sois illuminée ; car ta lumière est venue, et la gloire de l’Éternel s’est levée sur toi… Et les nations marcheront à ta lumière, et les rois à la splendeur qui se lèvera sur toi » (És. 60, 1, 3).

« Prenez les rameaux des jours d’allégresse, la palme joyeuse, le saule du ruisseau, et célébrez la fête ; l’huile et le baume ont été versés sur les blessures de la pauvre affligée et les ont guéries ; la captive a vu sécher ses larmes, ses maux prendre fin ; réjouissez-vous, entonnez les chants de louange ; que la harpe et la cymbale redisent : « Que tes tabernacles sont beaux, ô Jacob, et tes pavillons, ô Israël ».
Comme les saules croissent sur les bords du ruisseau sinueux, ainsi désormais fleuriront les enfants de tes enfants ; ta longue captivité n’est plus qu’un songe — cette branche de saule est un doux mémorial de toutes tes douleurs, de ce pain mouillé de larmes dont ton âme fut nourrie sur le fleuve de Kebar.
Plantée dans le sol fertile de Canaan, ses fleuves nourriront ta racine étendue au loin ; jamais il ne se trouvera sur toi de feuille jaunie, car la rosée de Hermon entretiendra tes rameaux toujours verts. « Qu’est-ce que Jéhovah a opéré ! » s’écrient les nations — « de grandes choses en notre faveur ! » répliquent les tribus rachetées. »



Versets 11, 12. « Je suis descendu au verger des noyers, pour voir les fruits de la vallée qui mûrissent, et pour voir si la vigne s’avance et si les grenadiers ont poussé leurs fleurs. Je ne me suis point aperçu que mon affection m’a rendu semblable aux chariots de Amminadab ».

Qu’il est rare que l’agriculteur ait à exprimer sa surprise de l’abondance et de la qualité des fruits de sa vigne ! C’est trop fréquemment, hélas ! le contraire qui a lieu, et au lieu d’une douce et rayonnante satisfaction, il ne recueille pour tout fruit de son travail que des espérances déçues. Il en a été constamment ainsi d’Israël, nous pouvons bien le dire, comme vigne du Seigneur, jusqu’à maintenant. Mais, heureusement, voilà que tout est changé ! La grâce brille, la foi triomphe, le Seigneur a le dessus, le peuple regarde vers Lui, et ne compte que sur Lui seul. Tout est mûr en Juda pour la victoire et pour la gloire.

Jour béni ! Le Seigneur voit maintenant en Son peuple les fruits mûrs de Sa grâce ; Son cœur déborde de joie ; il semble qu’un pareil spectacle est trop pour Lui. Ce ne sont plus les scènes du désert, ni les relations qu’il y soutenait avec son peuple, mais le verger fertile avec ses grenadiers qui poussent leurs bourgeons, ses vignes en fleur, et les fruits de la vallée. Tous ces fruits de sa riche, de sa patiente grâce, le touchent profondément. Son amour l’emporte avec la rapidité des chariots de Amminadab vers son peuple, maintenant changé et devenu un peuple de franche volonté. « Je ne me suis point aperçu que mon affection m’a rendu semblable aux chariots de Amminadab » ; ou, m’a placé sur les chariots de mon peuple plein de franche volonté (Ps. 110, 3, note margin. de la vers. angl.). Merveilleuse scène, que le cœur du Seigneur soit tellement ému, tellement entraîné par la promptitude de Son peuple à Le recevoir ! N’y a-t-il pas, ô mon âme, dans cet aspect de l’amour du Seigneur, quelque chose qui veut être tout particulièrement profondément médité ? Combien merveilleux n’est-ce pas, mais aussi combien heureux et béni, que Celui qui est le Seigneur de tous soit ainsi transporté de délices en voyant les cœurs regarder à Lui et Le désirer ardemment ! Oh ! puissent toutes les âmes inquiètes, toutes les âmes qui pleurent sur leurs péchés, toutes les âmes pénitentes croire cette vérité précieuse ! Quand la fille de Sion arrosera les pieds du Seigneur de ses larmes, Il laissera tout le reste et s’empressera de la consoler. Les larmes de Son épouse seront Son chariot rapide : la plénitude de Son cœur s’épanchera pour elle, et Il réjouira son oreille attentive de la bienheureuse nouvelle d’un plein pardon, d’un plein salut, d’une pleine paix.

Nous pouvons contempler ce tableau dans bien des pages du Nouveau Testament. Il est vrai que c’est toujours de cette manière que Dieu en a agi avec l’âme pénitente, mais nous trouvons dans le Nouveau Testament des scènes nombreuses où sont pleinement décrits l’amour et la grâce du Seigneur personnellement. Et quelle est celle où Il ne nous apparaisse pas plus ravi de joie que le pécheur sauvé ? Ne se tourna-t-Il pas de tout côté dans la foule, et ne chercha-t-Il pas celle qui avait touché le bord de Son vêtement ? Elle aurait pu s’éloigner aussi tranquillement qu’elle était venue, mais il faut pour la satisfaction de l’amour de Jésus, que toute la scène soit mise en lumière, et racontée dans le livre du souvenir éternel. Personne qui s’intéresse comme Lui à ce qui vient de s’accomplir. Cette femme avait touché par la foi la fibre la plus intime de Son cœur, et la vertu qui y était en avait coulé pour elle. Mais le Seigneur a besoin de la voir elle-même, et d’entendre de ses propres lèvres l’expérience de son âme. Cela fait, Il ne peut la laisser aller jusqu’à ce qu’Il ait reconnu la relation qui existe entre elle et Lui, et les bénédictions qui en découlent : « Ma fille, ta foi t’a guérie, va-t’en en paix, et sois guérie de ton fléau » (Marc 5).

Et le cri par lequel le pauvre aveugle mendiant implore Sa compassion, Lui cause-t-il moins de délices, ou a-t-il moins d’empire sur Son cœur (Luc 18) ? En aucune manière. Il est en marche pour un voyage important ; faut-il que tout le cortège s’arrête pour le cri d’un pauvre mendiant qui élève la voix du sein des derniers rangs de la multitude ? Aussitôt que l’appel à Sa miséricorde arrive à l’oreille du Fils de David, Celui-ci s’arrête. Il ne fait pas un pas de plus. « Et Jésus s’étant arrêté, commanda qu’on le lui amenât ; et comme il s’approchait, il l’interrogea, disant : Que veux-tu que je te fasse ? ». Quel spectacle ! Oh ! considère encore. Un pauvre aveugle mendiant dans la poussière, et Jésus attendant après lui ! « Que veux-tu que je te fasse » ? Il ne cherche pas à en finir précipitamment avec Son œuvre de miséricorde ; Il s’arrête sur cette scène bénie et sainte ; elle remplit et émeut Son âme ; seul, Il en connaît la portée merveilleuse. Mais quelle position pour une âme qui se trouve dans un dénuement absolu ! Qu’aurais-tu demandé, ô mon âme, si tu eusses été à la place de ce pauvre aveugle ? C’est comme si le Seigneur avait dit : « Demande ce que tu voudras, je suis là pour te servir — pour t’accorder ta demande ». Pauvre âme, que demandera-t-elle ? Seulement ce dont elle sent le besoin — sa vue naturelle. « Et il dit : Seigneur, que je recouvre la vue ». Mais le bon et miséricordieux Seigneur daigne ajouter à sa requête mille fois davantage. « Et Jésus lui dit : Recouvre la vue, ta foi t’a sauvé ». Qu’elle est glorieuse, l’issue de cette scène ! Il suit Jésus, il glorifie Dieu, et tout le peuple donne aussi louange à Dieu. Quel tableau anticipé du siècle millénial !

Mais de toutes les scènes du Nouveau Testament, c’est la parabole du fils prodigue qui ressemble le plus complètement, croyons-nous, à celle que nous présente ici le Cantique des cantiques. La repentance du pauvre prodigue emporte le père vers lui comme sur un chariot rapide. Il court à la rencontre de son fils. « Et comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, et courant à lui, se jeta à son cou et le couvrit de baisers ». L’amour qui brûle dans le cœur du père, et le désir que le fils éprouve de retourner vers lui, forment, pour ainsi dire, un rapide chariot de tendresse. Mais comme c’est le père qui en dirige la course, ils atteignent promptement leur éternelle et bienheureuse demeure.

C’est ainsi qu’il en sera du bien-aimé du Cantique. Les profondes et pieuses souffrances de son peuple dans le dernier jour, et particulièrement celles de sa propre tribu, et le désir ardent qu’éprouve tout le résidu fidèle de voir arriver le Messie, agissent sur son affection, et l’amènent rapidement sur la scène. « Je ne me suis point aperçu que mon affection m’a rendu semblable aux chariots de Amminadab ». Et maintenant, prenant en mains la direction de son peuple, il accomplit sa pleine délivrance, et le conduit promptement au triomphe et à la gloire.

Verset 13. « Reviens, reviens, ô Sulamithe ! Reviens, reviens, et que nous te contemplions. Que contempleriez-vous en la Sulamithe ? Comme une danse de deux bandes ».

Ici encore les vierges font éclater en chœur leur admiration. Elles expriment leur désir ardent de contempler une plus grande mesure de la beauté, de la perfection, et de la gloire de l’épouse. Elle se promène avec le roi dans le verger des noyers. Précieux privilège ! Elles l’appellent d’un nouveau nom. « Reviens, reviens, ô Sulamithe » ; ce nom est la forme féminine du mot Salomon, et son emploi est significatif. L’union est désormais accomplie : les relations longtemps interrompues sont rétablies ; la grâce a opéré dans l’épouse une œuvre parfaite. Béni soit le nom du Seigneur ! Il peut maintenant se faire connaître pleinement à elle, et elle réfléchit véritablement les rayons de sa gloire : « elle est belle comme la lune, brillante comme le soleil ». Elle est établie dans la faveur du roi, et dans la possession et la jouissance de ses affections. C’est là le repos pour le cœur — parfait — précieux repos ! Rien ne saurait le dépasser. Ô mon âme, dis, est-ce là ton lieu de repos — la manifestation, la jouissance des affections de ton Bien-aimé ? Il s’est révélé, Il s’est donné Lui-même ; que peut-Il faire de plus ? Nous ne saurions avoir dans le ciel une expression de Son amour pareille à celle que nous avons sur la terre, à celle qu’Il a fait briller sur la croix. Le sang qui fut répandu sur la croix est le repos parfait de la conscience — l’amour qui s’est révélé à la croix est le repos parfait du cœur ; tu possèdes tout à présent. « Crois seulement ». « Nous qui avons cru, nous entrons dans le repos » (Héb. 4).

Maintenant, d’autres vierges se joignent au chœur, et demandent : « Que contemplez-vous en la Sulamithe ? ». La réponse est toute prête : « Comme une danse de deux bandes ». En elle on voit réunies la belle Thirtsa et l’agréable Jérusalem. Quelques-uns ont pensé que cette danse de deux bandes telle qu’elle apparaît dans l’épouse, représentait la vieille vie et la vie nouvelle, constamment en guerre l’une avec l’autre dans le chrétien. Nous croyons que c’est là une erreur. Il ne semble pas qu’il y ait ici la moindre allusion à un état de lutte ; c’est bien plutôt une allusion à un état de paix, d’unité et de gloire. Ces paroles n’expriment-elles pas la réunion, sous le Prince de paix, de la maison de Jacob si longtemps divisée ? Juda et Israël ne forment plus deux nations en guerre l’une avec l’autre, mais sont réunies en une seule nation et représentées par la tendre et paisible épouse du vrai Salomon. Cette union introduit au millénium le règne de paix. « Et la jalousie d’Éphraïm sera ôtée, et les oppresseurs de Juda seront retranchés ; Éphraïm ne sera plus jaloux de Juda, et Juda n’opprimera plus Éphraïm » (És. 11, 13). Le Roi de Salem règne, les douze tribus sont rétablies, les nations leur sont soumises : tout est paix maintenant. La trompette des combats ne retentit plus, les épées sont forgées en hoyaux, les hallebardes en serpes, et les nations ne s’adonnent plus à la guerre (És. 2, 4).

Mais indépendamment de l’allégorie que nous avons là, les Écritures expriment-elles l’idée que le combat du chrétien est entre la vieille vie et la vie nouvelle ? Certainement non. Le combat est entre la chair et l’Esprit. « La chair convoite contre l’Esprit, et l’Esprit contre la chair ». Ce n’est point « la vieille vie contre la nouvelle, et la nouvelle contre la vieille ». Il faut qu’il y ait une sérieuse lacune dans la connaissance qu’on a de la croix, là où on nourrit une pensée semblable. L’apôtre déclare formellement : « que notre vieil homme a été crucifié avec Christ, afin que le corps du péché soit annulé » (Rom. 6, 1-11). Il est donc parfaitement clair que, aux yeux de Dieu, et maintenant pour la foi, notre vieille nature a trouvé sa fin à la croix. Quelle consolation pour nos cœurs ! Nous savons, naturellement, par une pénible expérience, que la vieille nature que nous avons, existe encore et n’est point une faible chose, et qu’en outre, si nous ne sommes pas fidèles à veiller sur elle et à la juger, elle sera tant pour nous que pour les autres une source de troubles sans fin. On peut dire que le christianisme pratique consiste en deux choses : 1° à entretenir la vie nouvelle en ayant le cœur et l’esprit soigneusement occupés de Christ ; 2° à juger la vieille vie sur laquelle Dieu a exécuté de la manière la plus terrible la sentence de mort à la croix. Mais il en est peut-être qui diront : « Comment devons-nous veiller contre ses mouvements et la juger ? ». Voici la réponse de l’apôtre : « Mais je dis : Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez pas la convoitise de la chair ». Nous n’avons de puissance contre la nature que par le Saint Esprit, et dans l’assurance, par la foi, que dans la pensée de Dieu la chair est une chose sacrifiée, et que c’en est fini avec elle pour toujours, béni soit le nom de Celui qui a porté la croix pour nous. C’est dans Sa croix que notre vieil homme a été crucifié ; il a été là réellement, pleinement et définitivement cloué au bois ; là il en a été fini à jamais avec lui. Nous avons à croire cela, et à marcher dans la puissance et la liberté que la foi communique.

Es-tu entrée, ô mon âme, dans la vraie intelligence de cette vérité capitale, de cette vérité qui donne la paix à l’âme troublée ? Sache donc, pour ton parfait repos et ta parfaite consolation, que du moment où nous avons la vie par la foi en Christ, notre nature corrompue tout entière est présentée et traitée dans l’Écriture comme une chose morte. « Vous êtes morts », tel est le langage expressif de l’Écriture ; mais grâces à Dieu, tout ne se borne pas à cela, et elle ajoute : « et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col. 3, 3). Combien elle est sûre ! Comme elle est à l’abri de tout danger ! « Avec le Christ en Dieu » ! Notre vieille nature pourrait-elle se cacher là, ou quoi que ce soit qui lui appartienne ? Ah ! non, assurément : tout ce qui était à toi a disparu — disparu pour toujours ; tout ce qui est de Christ demeure — demeure dans son éternelle perfection dans la place la plus glorieuse de tout le ciel. Par la croix, nous sommes débarrassés de tout ce qui est à nous — dans la résurrection, nous sommes mis en possession de ce qui appartient à Christ. Jamais on ne trouvera dans la nouvelle création un atome de la vieille.

L’apôtre pose pleinement cette vérité bénie, comme à son propre sujet. « Je suis crucifié avec Christ », dit-il, « néanmoins je vis ; non pas moi pourtant, mais Christ vit en moi ». Il parle là de lui-même, à un point de vue, comme mort ; et à un autre, comme vivant. Comment cela peut-il être compris ? Par la foi seulement. Il parle de deux « moi » ; du vieux « moi », comme mis à mort — ou crucifié, du nouveau « moi », comme la nouvelle vie — Christ en lui. Le premier, il le traite comme mort, comme en ayant fini pour toujours avec lui ; le second, comme désormais son unique vie : « Christ vit en moi ». Lorsqu’elle est crue, cette vérité est d’un effet pratique immense. Le moi, le véritable moi, qui est la fin et l’objet de l’homme naturel dans tout ce qu’il fait, a disparu — j’entends, disparu pour la foi. Christ entre et prend la place du moi. « Pour moi, vivre c’est Christ ». — C’est avoir Christ et non le moi, pour ma fin et pour mon objet ; Christ et non le moi est désormais le mobile. Naturellement, nous savons que Paul avait ici-bas sa vie naturelle — la vie qu’il possédait toujours en tant qu’homme ; mais la vie dans laquelle il vivait, était une vie entièrement nouvelle — Christ en lui. « Et ce que je vis maintenant en la chair, je le vis dans la foi, la foi du Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi ».

Tout cela est, en principe, aussi vrai de tout chrétien maintenant, que c’était vrai de l’apôtre, quoiqu’il se puisse que ce ne soit pas manifesté avec autant d’éclat. Il faut d’abord qu’il y ait la foi en la vérité, ensuite une vie répondant à la force que donne la foi. Cependant, il est écrit d’une manière bien nette : « Ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » ; non pas, remarquez-le, qu’ils crucifient la chair, mais qu’ils l’ont crucifiée. Seraient-ce des chrétiens extrêmement avancés ? Non, mais tout simplement de « ceux qui sont de Christ ». C’est aussi vrai des jeunes enfants que des jeunes gens ou des pères en Christ. Qu’est-ce qui avait besoin d’être crucifié sur la croix ? Quelque chose appartenant à Christ ou à moi ? C’est le vieil et grand « moi » qui avait besoin d’être mis à mort — d’être cloué au bois, et cela a été fait en Christ, béni soit à jamais Son nom. Oh ! qu’il nous soit donné de le croire — de tenir le moi là où la croix l’a placé — de marcher dans la liberté et la puissance du Saint Esprit, et d’être uniquement et toujours occupés du Christ ressuscité et glorifié !