Écho du Témoignage:Méditations sur le psaume 23

De mipe
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Verset 1. — « L’Éternel est mon Berger, je n’aurai point de disette ». C’est là assurément l’expression d’un cœur qui est occupé et rempli du Seigneur Lui-même. Il se peut que ce soit l’expression d’un cœur qui n’a connu le Seigneur que comme Jéhovah révélé à Israël, ou bien d’un cœur qui L’a connu comme le Jéhovah-Jésus qui sauve Son peuple de ses péchés ; mais c’est évidemment le langage d’une âme pieuse, juive ou chrétienne, qui fait du Seigneur son unique attente. Ce verset révèle une âme qui dans toutes les circonstances, se repose sur les soins immanquables et jouit des ressources variées du Berger bien connu des brebis. Et cela, non pas seulement pour le temps actuel, mais pour tous les temps, et pour toujours.

C’est là une foi précieuse ! Prends-en note, ô mon âme, et médite attentivement la chose ; elle est des plus pratiques. « L’Éternel est mon Berger ». C’est une foi qui s’élève au-dessus de ce qu’Il donne, de ce qu’Il fait ou de ce qu’Il promet, quelque bénies que soient ces choses pour se reposer tranquillement sur ce qu’Il est Lui-même. Et de même que les yeux d’Abraham ne s’arrêtèrent pas sur les promesses lorsqu’il avança sa main pour sacrifier son fils, mais bien sur Celui qui avait fait les promesses ; de même ici les yeux du pèlerin sont fixés sur l’Éternel, de sorte qu’il peut dire : « Je n’aurai point de disette ». Lorsqu’une telle confiance remplit le cœur, la paix, le repos et la tranquillité caractériseront la vie.

Mais connais-tu, ô mon âme, la source secrète de cet état béni ? Comment se fait-il que si peu atteignent une pareille mesure ? Es-tu de ce petit nombre ? Possèdes-tu une semblable joie et une semblable confiance au milieu même des circonstances du désert ? Ce « l’Éternel est mon Berger » retentit comme la voix de quelqu’un qui est dans l’allégresse. « Je n’aurai point de disette », voilà l’expression d’une confiance tranquille.

Lorsque nous aurons appris les leçons profondes du psaume 22, nous comprendrons le chemin que nous fait suivre le vingt-troisième ; et plus tard nous nous réjouirons dans l’espérance de la gloire du vingt-quatrième. Ces trois psaumes sont liés ensemble, mais le vingt-deuxième nous présente la première leçon. Pour apprendre à connaître la grâce qui resplendit sur le sentier du pèlerin dans le vingt-troisième et qui cause la gloire dans le vingt-quatrième, il faut que nous connaissions la grâce qui brille dans les souffrances de Christ au vingt-deuxième. La grâce et la gloire sont dues à Celui qui souffrit et à tous ceux qui Le reconnaissent aux jours de Sa réjection. Pour arriver au vingt-troisième il faut que nous parcourions avec foi le vingt-deuxième ; il n’existe pas d’autre chemin, et une fois là nous découvrons que ce qui suit, c’est la gloire. Le chrétien occupe en esprit une telle position ; il est placé entre les souffrances et la gloire — entre la croix et la couronne. Il porte ses regards en arrière sur l’une et en avant sur l’autre. Le péché, la mort, le jugement, le tombeau, le monde, Satan, toutes ces choses sont passées pour lui. La victoire sur tous nos ennemis, voila le sceau que porte notre vie de résurrection.

Les trois grands aspects que revêt le caractère du Seigneur comme Berger dans le Nouveau Testament, nous enseignent les mêmes précieuses vérités. Il se présente : 1° comme le « bon Berger », qui donne Sa vie pour Ses brebis (comp. Jean 10 avec le psaume 22) ; 2° comme « le grand Pasteur ramené d’entre les morts ». Il prend soin des brebis durant leur traversée du désert (comp. Hébreux 13 et psaume 23) ; 3° comme « le souverain Pasteur qui en son apparition et en son règne donnera la couronne inflétrissable de gloire à tous » Ses bergers (comp. 1 Pierre 5 avec le psaume 24). Si nous connaissons ainsi le Seigneur, notre confiance en Lui ne peut offrir un seul instant de doute. Nous connaîtrons Son amour, Ses soins, Sa puissance, Sa grâce, Sa bonté comme le Berger des brebis. Ayant traversé Lui-même le désert, Il connaît tous les dangers et toutes les difficultés du chemin.

Le fait que notre bien-aimé Seigneur prend Lui-même pour nous cette place de soins et de responsabilité, est digne d’une attention toute particulière. Au huitième chapitre de l’évangile de Jean, Il est rejeté comme la lumière et la vérité. Au neuvième, Il est rejeté dans Son œuvre ; et ainsi rejeté par les Juifs dans Sa personne et dans Son œuvre, Il prend, au dixième chapitre, Sa place d’une manière formelle en dehors de la bergerie juive. Maintenant Il rassemble les pauvres du troupeau autour de Lui-même comme étant le nouveau centre. « Elles écouteront ma voix et il y aura un seul troupeau (remarquez qu’il est parlé de troupeau et non de bergerie) et un seul berger ». Elles sont un « petit troupeau » avec Lui-même en dehors de la bergerie juive. Elles ont été rejetées de la synagogue, mais en Lui elles possèdent toute bénédiction. Les apparences peuvent être contre elles, mais Sa parole les assure d’un salut actuel et d’une heureuse liberté. « Je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; et il entrera et sortira et trouvera de la pâture ». Quel contraste avec les limites étroites d’Israël — le lieu de l’esclavage ! Maintenant elles ont la pleine assurance de leur salut et aussi elles peuvent entrer dans le sanctuaire de la sainte présence de Dieu pour adorer, et en sortir pour accomplir un service au milieu d’un monde qui périt. Mais ce n’est pas là tout — la grâce abonde — une tendresse et un intérêt profonds rejaillissent de Son cœur pour tous ceux qui Le suivent ayant tout quitté — qui Le suivent dans Sa réjection, ou, comme le dit l’apôtre, qui sortent vers Lui hors du camp portant Son opprobre — partageant Sa réjection. C’est pour ceux-là, d’une manière spéciale, que fut donnée cette merveilleuse révélation de la grâce. « Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent. Et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne les peut ravir de la main de mon Père. Moi et le Père nous sommes un ». Ces versets seront lus avec dix fois plus d’intérêt si nous comprenons les circonstances dans lesquelles ils ont été prononcés ; mais notre intérêt sera beaucoup augmenté encore si nous nous trouvons nous-mêmes dans des circonstances analogues.

Mais l’on objectera peut-être que David, l’écrivain de ce psaume, ayant vécu longtemps avant l’humiliation et la croix de Christ, ne pouvait rien connaître de toutes ces choses. Cela est vrai jusqu’à un certain point ; mais il savait ce que c’était d’être rejeté par l’homme et de s’attendre uniquement à Dieu, et cela même après qu’il eut été choisi et oint par le Seigneur. David et ses compagnons dans la caverne d’Adullam typifient Christ et ceux qui se groupent autour de Lui. Mais nous ne doutons pas que « l’Esprit de Christ » en David ne l’ait conduit à écrire ce psaume d’une telle manière qu’il pût, à la fois, s’appliquer aux Juifs et aux chrétiens et être en même temps l’expression véritable de ce qu’expérimentent les uns et les autres ; seulement il l’est assurément d’une manière beaucoup plus élevée et spirituelle pour ce qui nous concerne.

La religion juive a eu sa place et son jour avant la croix ; le christianisme est venu après ; c’est là ce qui fait toute la différence. Nous ne connaissons pas le Messie selon la chair, mais comme un Christ ressuscité et entré dans la gloire céleste. Nous sommes associés avec Lui dans cette position. Le judaïsme avait un caractère terrestre. Son service était divin et son sanctuaire terrestre. Quant au christianisme, il est céleste. Les chrétiens sont assis ensemble dans les lieux célestes en Christ. Notre place est en dehors du camp avec Christ comme Ses témoins, et en dedans du voile avec Lui comme Ses adorateurs. Et notre heureux privilège est de pouvoir, de ce point de vue céleste, méditer sur les riches expériences de ce délicieux psaume et de le considérer à la pleine lumière de l’évangile.

Verset 2. — « Il me fait reposer dans des parcs herbeux, et me mène le long des eaux paisibles ». L’effet produit par la connaissance de Jésus comme le bon et souverain Berger apporte le repos à l’âme et la jouissance paisible de Son amour et de Sa grâce. Le connaître Lui-même, c’est la vie — la vie éternelle. Connaître Son œuvre, c’est la paix — la paix parfaite. « Il me fait reposer » (ou étendre, vers. angl.) « dans des parcs herbeux ». S’asseoir, c’est prendre du repos ; mais être étendu, voilà qui donne l’idée d’un plein et parfait repos — d’un repos complet. C’est là ce que le bon Berger procure — ce à quoi Il nous conduit, mais ce que nous n’acceptons pas toujours, hélas ! Nous errons souvent à travers champs, dans des lieux sans herbage et le long d’eaux troubles et non paisibles. Mais un tel état résulte de l’incrédulité et de ce que nous sommes occupés de nous, et ne vient pas du tout de la direction et des soins du Berger. Son désir est que le plus faible de Son troupeau soit dégagé de toute anxiété quant à l’avenir. L’amour prévoyant du Berger suffit. Il s’est chargé du soin de tous ceux qui Le suivent. Il ne nous reste qu’à veiller à suivre soigneusement la direction de Son œil et à nous confier en Son immuable fidélité. « Je te guiderai de mon œil »« Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point ». Telles sont Ses propres déclarations. De quoi Ses brebis auraient-elles besoin ? Il se peut qu’elles soient éprouvées durant leur marche à travers le désert et qu’elles soient prêtes à défaillir à cause de la fatigue ; mais rappelons-nous que la grâce du Seigneur ne défaudra jamais et que nous pouvons, que nous devons toujours compter sur Lui et sur ce que nous possédons en Lui. Il sera avec nous jusqu’à la fin. Nous pouvons tranquillement demeurer avec Lui. Il nous fait reposer dans des « parcs herbeux » — au milieu de la plus grande abondance — nous reposons dans les richesses de Sa grâce et Il nous conduit toujours auprès des eaux paisibles.

La paix, l’abondance et la sécurité caractérisent donc la portion du troupeau bien-aimé du Seigneur. « Ils n’auront plus faim et ils n’auront plus soif, et le soleil ne les frappera plus, ni aucune chaleur, parce que l’agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux fontaines des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux ». Ce magnifique passage qui nous dépeint d’une manière si touchante les délices que le Seigneur prendra dans le résidu scellé d’entre les Gentils s’accomplira littéralement durant le millénium à l’égard de tous ceux qui seront fidèles au « Roi de gloire » (comp És. 49 avec Apoc. 7). Mais il a déjà son application, dans un sens spirituel, pour chaque brebis et chaque agneau du troupeau privilégié et bienheureux de Christ. Mais connais-tu pour toi-même cette vérité bénie, ô mon âme, est-ce là ta propre expérience ? La Parole de Dieu seule peut en donner la connaissance, et la foi en communiquer la jouissance au cœur. « Car nous marchons par la foi et non par la vue ». Notre repos et notre abondance ne sont ni charnels, ni mondains, mais spirituels et célestes.

Lorsque le cœur est simple, tout devient facile ; et nous avons souvent entendu les plus faibles chanter la délivrance d’un cœur joyeux, à peine la nouvelle naissance était-elle opérée.

Plus loin, nous apprenons que la mesure de notre bénédiction est la mesure même du Seigneur. « Parce que tel qu’il est, tels aussi nous sommes dans ce monde ». « Quiconque boit de cette eau-ci » (de l’eau du puits de Jacob) « aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, moi, n’aura plus soif, à jamais ». Les puits les plus profonds des joies humaines sont bientôt desséchés, mais « les fontaines des eaux de la vie » ont leur source dans le cœur de Dieu qui ne peut faire défaut. Et ailleurs le Seigneur Jésus dit : « Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura pas de faim ; et celui qui croit en moi, n’aura jamais soif » (Jean 6). Et de plus, comme la branche sauvage entée sur l’olivier franc se nourrit de sa riche et abondante sève, et comme les membres d’un corps reçoivent leur nourriture de la tête, de même aussi nous sommes unis d’une manière vitale à Christ et nous nous nourrissons de Lui pour le temps et pour l’éternité.

Mais dans le passage qui est devant nous, il est plutôt question de la nourriture que l’Agneau nous donne que de celle qu’Il est pour nous. « Car l’Agneau qui est au milieu du trône les paîtra, et les conduira aux fontaines des eaux de la vie ». Les deux choses sont d’une réalité bénie ; mais la première est plus en rapport avec les pensées du vingt-troisième psaume. Celui qui a laissé Sa vie pour Ses brebis et qui les a lavées de leurs péchés dans Son propre sang, les nourrit maintenant et les conduit de Sa propre main. Quelle grâce ! Quelle douce tendresse ! Être protégés et nourris dans notre voyage à travers ce désert par la main même qui a été percée à cause de nos péchés ! Cela ne devrait-il pas remplir nos cœurs d’une confiance parfaite en notre Berger, quelles que puissent être d’ailleurs les épreuves et les difficultés nombreuses du chemin !

La grande affaire est incontestablement de Le connaître Lui-même et de savoir ce que nous sommes vis-à-vis de Lui et ce qu’Il est pour nous. Qu’a-t-Il fait dans le passé, que fait-Il actuellement et que fera-t-Il dans le futur pour manifester Son amour ? Son œuvre grande et merveilleuse n’est-elle pas sommairement résumée en ceci : Lorsque nous avions tout perdu, l’âme, la sainteté, le bonheur et Dieu, Il ne ramène pas seulement le pécheur perdu à Dieu mais, oh ! vérité merveilleuse, vérité ineffablement bénie ! Il ramène Dieu à l’âme ! et cela est tout, car « Dieu est amour ». Il est le Dieu vivant, l’unique source de la vie, de la sainteté et du bonheur de l’âme. Oh ! quelle vérité ! Qui peut en apprécier la valeur ? Arrête-toi pour la considérer, ô mon âme — l’âme retrouvée pour Dieu, et Dieu retrouvé pour l’âme. Quel recouvrement ! Quelle réconciliation ! Non pas, remarque-le, que Dieu eût besoin d’être réconcilié avec nous ; non, Dieu ne fut jamais l’ennemi de l’homme ; bien au contraire. Il nous a tellement aimés lorsque nous étions encore dans nos péchés qu’Il a donné Son Fils, afin qu’Il mourût pour nous. Et il est positivement déclaré que « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec soi, ne leur imputant point leurs péchés ». Le cœur de Dieu n’avait nullement besoin d’être gagné en notre faveur, que Son nom en soit béni ! Mais la croix était indispensable pour que Dieu pût recevoir par elle la propitiation, et pour que nous fussions réconciliés. Nous étions, hélas ! ennemis de Dieu par nos entendements en mauvaises œuvres, mais l’amour a triomphé en la croix ; car, par cette justice, la réconciliation a été accomplie et l’inimitié de l’homme contre Dieu détruite. « Car aussi Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu, ayant été mis à mort en chair, mais vivifié par l’Esprit » (1 Pier. 3, 18).

Et maintenant, ô mon âme, considère attentivement dans tes méditations ce côté si attrayant de l’amour de Dieu pour nous ; il est propre à calmer plus d’une inquiétude, à te consoler dans toutes tes angoisses et à te remplir déjà maintenant d’une joie ineffable et glorieuse. Prête aussi l’oreille à cette parole d’une esquisse tendresse qui a pour objet l’issue de ton pénible voyage à travers cette vallée de larmes : « Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux ». De Sa propre main Il essuie la dernière larme qui puisse obscurcir l’œil du pèlerin. Ne pouvons-nous pas dire que c’est là le privilège de l’amour réclamé par le Père pour tous Ses enfants ?

Verset 3. — « Il restaure mon âme et me conduit par des sentiers unis pour l’amour de Son nom ». Quoique nous nous trouvions sous les soins fidèles et sous l’œil vigilant du bon Berger, nous avons cependant à traverser un monde où de nombreux et puissants ennemis nous environnent et obstruent notre chemin. Nous sommes parfaitement assurés que « le dieu de ce monde nous hait » parce qu’il sait que lorsqu’il sera enfermé dans l’abîme, nous jouirons d’une pleine liberté dans la gloire avec Christ. Il n’est aucun livre de la Bible qu’il haïsse autant ou dont il cherche autant à empêcher la lecture que celui de l’Apocalypse. Et pourquoi cela ? Parce que sa ruine et son éternelle misère y sont clairement annoncées et qu’il désire les soustraire aux regards de l’homme. Hélas ! combien il a réussi dans ses efforts contre cet utile et précieux volume. Beaucoup de personnes supposent qu’il ne peut être compris et que la lecture en est sans profit, tandis que le Seigneur a rattaché une bénédiction spéciale à la lecture et à l’intelligence de ce livre. « Bienheureux est celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie et qui gardent les choses qui y sont écrites, car le temps est proche » (chap. 1, 3). Les voies de Dieu en jugement non seulement à l’égard de Satan, la source de tout mal, mais aussi à l’égard des Juifs, des Gentils et de l’Église de Dieu, y sont développées. Il nous y montre de quelle manière Il réglera les comptes avec chacun. Il ne saurait y avoir de millénium avant que ces jugements aient eu lieu. « Le tribunal des méchants qui machine du mal contre les règles de la justice sera-t-il joint à toi ? ». Il est extrêmement important d’apercevoir quels doivent être les résultats ou l’issue de ces trois grandes divisions de l’humanité. D’autres livres nous font voir leurs manquements ou leur décadence, mais l’Apocalypse nous fait envisager l’apostasie et la mise de côté de ces catégories, ou classes, considérées comme les témoins responsables de Dieu sur la terre. Mais il y a plus que cela ; l’Apocalypse nous montre le Seigneur Jésus Christ prenant, après la chute des autres, la place de témoin fidèle et véritable et replaçant toutes choses sur un nouveau pied afin que Dieu puisse être pleinement glorifié dans la scène même où Il a été déshonoré. « L’Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu dit ces choses… Jésus Christ le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts et le prince des rois de la terre ». (Apoc. 3, 14 ; 1, 5).

Mais nous ne pouvons pas encore nous écrier dans le langage du vingt-quatrième psaume qui est purement millénial : « La terre appartient à l’Éternel, avec tout ce qui est en elle, la terre habitable et ceux qui y habitent ». Non assurément ; car nous nous trouvons toujours sur le terrain du vingt-troisième psaume, comme les brebis de Christ au milieu de beaucoup de faiblesse, et Satan est encore « le prince de ce monde » — « le prince de l’autorité de l’air, l’esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance ». De là, les épreuves nombreuses et les afflictions du chemin, et de là aussi le besoin pressant de la grâce restaurante et consolante du Seigneur. Satan emploie tous les moyens en son pouvoir pour nuire aux brebis de Christ ou pour les épouvanter durant leur passage à travers son territoire. Il dresse plus d’une embûche sous leurs pas et dore plus d’un tableau trompeur, pour détourner leurs yeux du bon Berger qui marche devant elles. L’ennemi sait assez que, si elles suivent de près les pas de leur Berger, tous ses efforts et ses attraits demeureront inutiles. Celui qui marche devant son troupeau rencontre tous les dangers et les écarte avant que Ses brebis y arrivent, que Son nom en soit béni. Toutes les difficultés s’évanouissent en Sa présence et tous les ennemis demeurent impuissants devant Lui. La grande leçon que nous devons apprendre dans le désert, c’est une entière dépendance du Seigneur.

Lorsqu’Israël eut traversé victorieusement les profondeurs de la mer et qu’il eut été placé en triomphe comme les rachetés du Seigneur à l’entrée du désert, sa rédemption était complète, mais Canaan n’était pas encore atteint. Le désert avec ses difficultés et ses tentations devait encore être parcouru, car le Seigneur voulait y enseigner à Son peuple plus d’une leçon importante. Mais avant que le peuple eût été appelé à faire ces expériences, Dieu s’était fait connaître à lui dans Sa grâce et dans Sa puissance comme le grand « Je suis », dans la délivrance glorieuse du pays d’Égypte. Il avait agi pour le peuple dans une grâce parfaite au moyen du sang de l’agneau ; jusque-là tout était grâce entière, et Israël aurait dû reconnaître que Dieu était digne de toute sa confiance.

Comme caractérisant le désert, la première chose qui se rencontre est une difficulté. Dans quelle direction trouver notre route vers Canaan ? C’est là une question que tous les Israélites pouvaient naturellement se poser les uns aux autres, car aucun chemin n’était tracé devant eux ; un aride désert seul s’offrait à leurs pas. Que faire dans de telles conditions ? Précisément ce qu’ils auraient toujours dû faire et ce que devraient faire en tout temps les rachetés du Seigneur — regarder en haut. Ils y auraient vu dans la nuée Jéhovah Lui-même, le vrai Berger d’Israël, marchant devant eux. Le suivre était leur unique sûreté ; leur affaire consistait à n’avoir aucune volonté, aucun désir, aucun chemin à eux, mais de Le suivre Lui seul dans la pleine assurance qu’Il les conduirait par la meilleure voie jusque dans la terre promise. Oh ! combien Israël eût été heureux si tel avait été alors le cas ! Et combien il nous serait avantageux à nous aussi de suivre ainsi de près le Seigneur — « le Berger et le surveillant de nos âmes ».

Mais une autre épreuve, plus profonde encore, devait bientôt survenir pour Israël. La connaissance d’une rédemption accomplie, la pleine assurance du pardon et la jouissance de la faveur de Dieu ne nous dispensent jamais des épreuves et des mécomptes de ce monde. Nous avons une foule de leçons profitables, mais pénibles à apprendre dans le désert. Si nous n’étions jamais dans le besoin nous ne connaîtrions jamais non plus le secours. La restauration divine est surtout précieuse à l’âme souffrante et accablée. « Après cela Moïse fit partir les Israélites de la mer Rouge et ils tirèrent vers le désert de Shur, et ayant marché trois jours par le désert, ils ne trouvaient point d’eau. De là, ils vinrent à Mara ; mais ils ne pouvaient point boire des eaux de Mara parce qu’elles étaient amères ». Quel désappointement ! Après trois jours de marche à travers le désert, ne point trouver d’eau, et lorsqu’ils en trouvent enfin, découvrir qu’elle est amère ! Quelle épreuve ! Mais Jéhovah, le grand « je suis », se trouvait là, et la foi pouvait, même en de telles circonstances, s’écrier : « L’Éternel est mon Berger, je n’aurai point de disette. Il me fait reposer dans des parcs herbeux et me mène le long des eaux paisibles. Il restaure mon âme ». Sa grâce ne défaut jamais. Si je me fatigue et me lasse, « Il restaure mon âme ». Si je m’oublie et que je commette quelques manquements, « Il restaure mon âme » ; et plus encore : « Il me conduit pour l’amour de Son nom par des sentiers unis ». Quel miséricordieux Seigneur ! Il maintient mon âme, en dépit de toute ma faiblesse, dans les sentiers de la vraie sainteté. Tel est le langage d’une foi calme et patiente. D’un autre côté, le cœur naturel serait disposé à raisonner et à dire : Cela peut-il être de l’amour ? Le Seigneur ne se soucie-t-il pas de Son peuple, après l’avoir retiré de la main de l’ennemi ? Oh ! oui assurément ; ayez seulement patience. Il lui apprend une leçon utile pour le temps actuel, pour le futur et pour l’éternité même, une leçon qui, bien apprise, vaut tous les désappointements du désert. C’est là l’objet que se propose Son amour parfait dans l’épreuve actuelle.

« Et le peuple murmura contre Moïse, en disant : Que boirons-nous ? ». Et que pouvait un homme, que pouvait Moïse, demanderons-nous, au milieu d’un tel état de choses ? Uniquement, comme nous l’avons déjà dit — regarder en haut. « Et Moïse cria à l’Éternel, et l’Éternel lui enseigna un certain bois qu’il jeta dans les eaux et les eaux devinrent douces ». C’est ainsi que le Seigneur adoucit les eaux amères. Les murmures ne les adoucirent pas, ni quoi que ce soit d’autre venu du peuple. Le remède du Seigneur seul, appliqué selon Ses propres directions, fut efficace. Lui seul peut adoucir la coupe amère, mais Il le peut toujours, et Il le fait toujours — que Son saint nom en soit béni ! Mieux vaut une coupe amère, avec le Seigneur pour l’adoucir, que de n’en point avoir ; — mieux vaut mille fois être jeté dans une fournaise ardente avec les mains et les pieds liés afin d’avoir l’honneur et la bénédiction d’y marcher en liberté avec « le Fils de Dieu », que d’être garanti de la fournaise. Combien est vaste le champ de l’expérience pour ta méditation, ô mon âme ! Parcours-le et t’y nourris comme le ferait un troupeau mis en liberté. Les bergers nous disent que les pâturages variés sont salutaires aux troupeaux ; et assurément n’être occupé que d’une partie de la Parole de Dieu, c’est n’apercevoir qu’un côté de la vérité et non la vérité de Dieu dans son ensemble. C’est en faisant ainsi que beaucoup de personnes finissent par avoir des vues étroites et confuses, que leur foi devient chancelante et leur marche défectueuse. Dans notre magnifique psaume qui est d’une si haute instruction, nous trouvons ouvert devant nous le vaste champ de la vie du désert.

Mais revenons à l’enseignement qui nous était donné. À quel arbre, demanderons-nous peut-être, appartient-il de changer en eaux douces les eaux amères ? Dans toutes les forêts de l’univers il ne s’en trouve qu’un seul qui puisse le faire. Mais cet arbre est un spécifique divin — il ne s’emploie jamais inutilement. Il suffit pour transformer la coupe la plus amère qui ait approché les lèvres humaines, en une coupe exquise de bénédictions célestes. C’est sur cet arbre que Jésus mourut, que l’amour divin triompha de la haine de l’homme, que Dieu fut pleinement glorifié, que le péché fut complètement aboli, que Satan fut entièrement renversé, que l’aiguillon de la mort fut brisé, que le sépulcre fut rendu impuissant, que la paix fut faite pour le plus faible du troupeau, que les sombres portes de l’enfer se fermèrent, et que celles des cieux s’ouvrirent largement pour tous ceux qui croient en Celui qui mourut sur l’arbre. Cet arbre a pris racine au Calvaire, et de là il projette des bénédictions infiniment riches sur toute la terre et remplit les plus hauts cieux de fruits exquis. Il est le centre moral de tout l’univers, et la manifestation la plus brillante des gloires morales de Dieu. Oh ! qui ne voudrait accepter la coupe que présente le désert afin d’apprendre à connaître par ce moyen les gloires variées de la croix du Sauveur ?

Il est toujours vrai, vrai dans tous les temps et pour tous les saints, que lorsque le bon Berger met « ses propres brebis dehors, il va devant elles et les brebis Le suivent car elles connaissent sa voix ». C’est là une vérité — un principe divin — d’un prix immense ; sa signification pratique est étendue et profonde. Elle assure nos cœurs qu’en toute circonstance le Berger est là, tout près de nous, à notre portée, si je puis m’exprimer ainsi, de telle sorte que Sa voix peut être entendue de nous. Et le croyant trouve dans le chemin où le Seigneur est passé devant lui un parfum de Sa présence qui n’est pas seulement propre à fortifier son âme, mais qui l’enrichit aussi. À quelque moment que ce soit qu’Il mène ses brebis dehors, Il va devant elles. Comprends-tu bien cette précieuse vérité, ô mon âme ? C’est la grande vérité pour les brebis de Christ ; elle se rattache à chacun de leurs pas à travers ce monde. C’est ta sauvegarde dans le danger — ta victoire dans le combat — ta lumière dans les ténèbres — ta force dans la faiblesse — ta consolation dans l’épreuve — ta compagnie dans la solitude — ta plus brillante espérance au milieu des plus profonds effrois. Celui qui est avec toi et qui marche devant toi a goûté les plus amères douleurs du désert, et c’est à travers la plus sombre des nuits qu’Il est entré dans le plus brillant des jours ; il en sera de même pour toi : suis-Le seulement.

Cette vérité si bénie pour le pèlerin nous assure les soins du Berger pour chacun de nos pas à travers ce désert, que ces pas soient faciles ou pénibles. Il est à jamais présent ; Il ne nous quittera ni ne nous abandonnera point. Par Sa connaissance parfaite du chemin que nous parcourons Il confond l’ennemi, et transforme ses hostilités pour notre bénédiction et pour Sa propre gloire : fruits bénis de ce qui est, par Sa grâce, l’heureux partage de la pauvre nature humaine dans son voyage à travers les sables profonds du désert.

« Si quelqu’un me sert », dit le Seigneur, « qu’il me suive ». Il ne dit pas, remarquez-le, « qu’il fasse ceci ou cela pour moi », mais « qu’il me suive ». S’attendre tranquillement au Seigneur pour connaître Sa volonté, et Le suivre fidèlement, étant attentifs à Sa voix, c’est là le service le plus agréable que nous puissions rendre au Seigneur. Il peut conduire les uns dans une plus grande activité publique, et maintenir les autres dans un service plus caché, mais suivre de près les directions de Sa parole tout en regardant à Lui par la foi, c’est notre service le plus convenable ; et c’est pour de tels qu’Il a laissé Sa plus riche promesse : « Et où je serai, moi, là aussi sera mon serviteur : si quelqu’un me sert, le Père l’honorera » (Jean 12).

Ces vérités solennelles et importantes furent prononcées alors que les épaisses ténèbres de Gethsémané et du Calvaire allaient envelopper Son sentier. C’est une chose comparativement facile que d’être actif pour le Seigneur et de faire pour Lui quelque grande action quand les jours sont brillants et prospères, mais oh ! combien il est difficile de Le suivre à travers les solitudes de Sa réjection et au milieu d’un monde complètement étranger ! Qui est celui qui peut endurer ici-bas d’être séparé de ses amis les plus chers pour être laissé dans la faiblesse et l’isolement ? Qui peut accepter d’être rejeté pour le nom de Jésus ? Ces eaux sont souvent très amères, mais Son amour désire que nous connaissions quelque peu, d’une manière expérimentale, le sentier qu’Il a parcouru à travers ce monde, et que nous ayons communion avec Ses souffrances. Il ne suffisait pas à l’amour si grand du Seigneur, qu’Abel témoignât par son agneau immolé de la vérité que la mort était entrée dans le monde par le péché. Abel fut honoré d’un témoignage plus solennel, celui qu’il rendit par sa propre mort. Le sang de son agneau ne fut pas seul répandu, son propre sang rendit aussi témoignage à Dieu sur la terre. Remarquez combien plus Abel eut affaire avec la mort dans ce monde, que Caïn. Et cela n’est-il pas significatif et d’une instruction solennelle pour tous ceux qui parcourent le même chemin qu’Abel ? Mais, après tout, il s’agissait de l’amour du Seigneur pour Abel et de l’honneur qui lui fut conféré par le Seigneur.

Nous avons le même grand principe en type dans les eaux de Mara. Le peuple avait déjà connaissance de la valeur du sang de l’agneau en Égypte comme le préservant du jugement ; il jouissait de la conscience d’une pleine rédemption en vertu de ce sang. Et maintenant le Seigneur voulait leur faire connaître par leur propre expérience la valeur puissante et infaillible de ce sang pour toutes les vicissitudes du désert ; et la mort se montrait ainsi dans toutes les circonstances du voyage. Le peuple accomplit sa traversée abrité par le sang, symbole expressif de la mort. C’était sur ce terrain seulement que Jéhovah pouvait dire à Balaam : « Je n’ai point aperçu d’iniquité en Jacob, ni vu de perversité en Israël ». Remarquez qu’Il ne dit pas : « Il n’y a point en lui d’iniquité » ; mais : « Je n’ai point aperçu ». Il est vrai que tout cela était en type, mais nous pouvons aisément discerner ce qui occupait tout premièrement la pensée du Seigneur. « Je verrai le sang et je passerai par-dessus vous ». C’est comme si le Seigneur avait dit : « En voyant le sang de l’agneau, je vois ce qui me glorifie, c’est-à-dire le péché effacé, la puissance de l’ennemi détruite et une rédemption éternelle obtenue pour mon peuple bien-aimé ». La vue du sang permettait à Jéhovah d’agir envers le peuple, et cela en toutes circonstances, selon Sa parfaite grâce. Les Israélites n’avaient qu’à regarder en haut, quelque désobéissants qu’ils eussent été ou quelque grande que pût être leur détresse, et aussitôt la grâce jaillissait, le besoin était comblé, la coupe amère était adoucie et le péché entièrement pardonné.

Le sang de l’agneau était le passeport divin entre l’Égypte et Canaan. Rien ne pouvait résister devant lui, tout cédait à sa puissance. Si les armées d’Égypte essaient d’arrêter la marche du peuple qui est aspergé de sang, elles sont englouties dans les profondeurs de la mer, et si tous les peuples de la terre se fussent associés à elles, ils eussent infailliblement subi le même sort. « J’ai donné l’Égypte pour ta rançon, Cush et Seba pour toi ». Les eaux profondes de la mer Rouge doivent livrer passage aux rachetés de l’Éternel ; pas un ongle ne restera derrière. La manne, la nuée et l’eau du rocher sont accordées ; tous les ennemis sont vaincus et les besoins satisfaits en vertu du même sang précieux. Et si, à la fin du voyage, les eaux du Jourdain passent par-dessus tous leurs bords, si les murailles de Jéricho s’élèvent jusqu’aux cieux comme expression de la furie menaçante de l’ennemi et comme gage de sa puissance, rien ne peut cependant opposer une barrière à la puissance infinie et victorieuse du sang. Mais où donc Sa puissance n’est-elle pas sentie et reconnue volontairement ou involontairement ? Elle a déchiré le voile des cieux et ouvert les portes du sépulcre. Qu’y a-t-il de plus élevé que le ciel ou de plus profond que l’enfer Matthieu 27, 50-53 ?

Mais nous sommes tous portés à oublier, comme autrefois Israël, ce que le Seigneur a fait pour nous — quelle coupe amère Il a bue — et que nous avons avec nous durant toute la traversée du désert le même gage de Son invariable amour. Aussi est-il souvent nécessaire que nous fassions l’expérience de ce qui est amer pour nous rappeler ce qui seul peut adoucir, et nous faire souvenir aussi que toutes les difficultés, les épreuves et les tentations de la vie doivent être endurées dans la communion avec Lui. C’est là ce que Son amour désire. Il a traversé toutes ces choses pour nous, et cela avec une patience, une douceur et une sagesse infinies, afin de nous servir d’exemple. Mais, ô merveilleuse grâce ! Il nous accorde dans nos afflictions un soulagement d’amour, de sympathie et de tendresse qu’Il ne s’est point accordé à Lui-même. Il a été abandonné de Dieu dans Son angoisse — Il a été environné de la violence et de la rage de Ses ennemis qui avaient ouvert la gueule contre Lui comme des lions déchirants et rugissants. Tout secours L’avait abandonné, et pour Lui il n’existait pas de consolateurs. Psaume 22, 1-21.

Tout cela était pour nous. Il but la coupe amère de la colère de Dieu contre le péché, et c’est là qu’Il veut que nous Le connaissions dans Son amour pour nous. Il faut que nous apprenions par expérience, quelque pénible que soit la leçon, que la coupe amère du Calvaire peut seule adoucir la coupe amère de Mara. En d’autres termes, les sympathies de Son cœur, à Lui qui mourut là, sont seules capables de calmer les souffrances du nôtre. Mais gloire soit à Dieu qui a donné Son Fils, nous trouvons tout en Jésus. Sa croix est nôtre — Son cœur est nôtre. La pleine valeur de la croix nous appartient — les sympathies tendres et infinies de Son cœur nous appartiennent ; elles sont à nous maintenant — à nous pour toujours. Oh ! vérité merveilleuse, bénie et précieuse ! Que nous faut-il de plus ? La croix et le cœur de Jésus sont à nous. Quelles éternelles sources de bénédiction ! Les eaux bénies mais amères de Mara conduisent à une plus profonde connaissance du Calvaire ; et les soupirs d’un cœur brisé, à une plus grande communion avec le sien propre. Il peut dire avec vérité et mieux que tout autre : « L’opprobre m’a rompu le cœur ». Et, de plus, au lieu d’éprouver les tendres sympathies de Ses co-pèlerins, qui sont si richement accordées aux siens maintenant, Il dut ajouter : « Je suis languissant ; j’ai attendu que quelqu’un eût compassion de moi, mais il n’y en a point eu ; et j’ai attendu les consolateurs, mais je n’en ai point trouvé » (Ps. 69). Oh ! pour nous, quel refuge dans ce cœur de Jésus qui fut une fois rompu et navré !

Lorsque le Seigneur nous a ainsi amenés au sentiment réel de notre faiblesse et à une dépendance plus grande de Sa force toute-puissante et de Ses soins constants, le dessein de Son amour si tendre est accompli. Et c’est maintenant que nous pouvons, dans la riche expérience qu’ont faite nos âmes, nous écrier : « Il restaure mon âme ». Ce ne sont pas les verts pâturages et les eaux tranquilles, quelques agréables et excellents qu’ils soient. Non, mais c’est le Seigneur Lui-même. Le sentier devient de plus en plus étroit et solitaire ; et ce qu’il nous faut c’est une plus grande proximité avec le Seigneur comme notre Berger, et une plus intime, plus directe communion avec Lui. « Il restaure mon âme, et me conduit pour l’amour de Son nom dans des sentiers unis ».

Avant d’en venir au verset 4, qui nous fournit une nuance plus prononcée encore des épreuves et des difficultés du désert, je voudrais considérer un instant une autre application du bois qui doit servir à notre édification.

En 2 Rois 6, 1-7, nous trouvons le récit des « fils des prophètes » se rendant sur les bords du Jourdain pour couper les troncs afin d’élargir leurs demeures. « Or les fils des prophètes dirent à Élisée : Voici, le lieu où nous sommes assis devant toi est trop étroit pour nous. Allons-nous-en maintenant jusques au Jourdain, et nous prendrons de là chacun de nous une pièce de bois et nous ferons là un lieu pour y demeurer. Et il répondit : Allez ». Les jeunes prophètes réclament avec sagesse la présence d’Élisée. Il consent à les accompagner et c’est alors qu’il opère en leur faveur un miracle qui leur épargne la perte du fer emprunté. « Et l’un d’eux dit : Je te prie, qu’il te plaise de venir avec tes serviteurs. Et il répondit : J’y irai. Il s’en alla donc avec eux ; et ils allèrent au Jourdain et coupèrent du bois. Mais il arriva que, comme l’un d’eux abattait une pièce de bois, le fer de sa cognée tomba dans l’eau ; et il s’écria et dit : Hélas ! mon seigneur, encore est-il emprunté. Et l’homme de Dieu dit : Où est-il tombé ? Et il lui montra l’endroit. Alors Élisée coupa un morceau de bois, et le jeta là, et il fit nager le fer par-dessus. Et il dit : Lève-le ; et cet homme étendit la main et le prit ».

Quelques-uns ont attribué une signification typique des plus profondes à cet incident qui, à une première considération, paraît sans importance ; d’autres ont craint de l’envisager de cette manière. Dans tous les cas, nous y rencontrons une illustration frappante de la puissance d’une vie de résurrection. Quant à la signification typique du Jourdain, tous la reconnaissent ; il est, nous le savons, le type de la mort. Le « fer de la cognée » était comme perdu et mort dans ses profondeurs. Mais ce qui est surtout intéressant et instructif en rapport avec ce miracle, c’est qu’Élisée était, en type, le prophète de la vie de résurrection. Il traversa le fleuve de la mort en compagnie d’Élie et fit dater son ministère de grâce et de puissance de résurrection du lieu et du moment où s’était accomplie l’ascension de ce prophète (2 Rois 2). Le ministère d’Élie, au contraire, était judiciaire dans son caractère. Son point de départ fut Sinaï, et cette montagne caractérisa tous les miracles qu’il opéra ; il ferma les cieux sur un peuple rebelle « et il ne plut point sur la terre durant trois ans et six mois ». Il fit tomber le feu du ciel sur les capitaines de l’idolâtre roi d’Israël. En Horeb il fut comme lié avec la loi violée et la responsabilité du peuple, de sorte que le jugement dut frapper son ministère.

Mais le point de départ d’Élisée est la résurrection et il se met en route les yeux attachés sur l’homme glorifié. C’est là que Dieu agit dans Sa grâce insondable — la place du Christ ressuscité Lui-même et des myriades de sauvés qui se groupent joyeusement autour de Lui. À peine les deux prophètes avaient-ils traversé le Jourdain, qu’Élie propose à Élisée de le bénir selon les désirs de son cœur. Non pas, remarquez-le, en rapport avec la loi ou les promesses terrestres, mais selon les désirs de son cœur. « Quand ils furent passés, Élie dit à Élisée : Demande ce que tu veux que je fasse pour toi, avant que je sois enlevé d’avec toi. Et Élisée répondit : Je te prie, que j’aie de ton esprit autant que deux ». Ils avaient laissé derrière eux la loi et la terre de la promesse ; la mort qui n’est que le jugement de Dieu contre le péché, se trouvait également passée, de sorte qu’Il demeurait libre de bénir. Voilà la grâce ! Et quelle signification cela donne au caractère de la mission d’Élisée et des voies de Dieu en grâce, par la mort et la résurrection de Christ jusqu’au temps actuel !

Mais repose-toi ici un moment, ô mon âme, et médite sur cette scène instructive. Dieu commence Son œuvre où Satan, le péché, et tout mal finissent la leur. Il vivifie les morts. Aucun mal ne peut jamais traverser la tombe de Christ. Le sentier de la vie et de la liberté sainte et heureuse se trouve au-delà du domaine de la mort. Élisée, remarque-le, retourne maintenant à Israël, mais tout est changé. Il agit en grâce selon le nouvel état de choses. Douce anticipation de ce Jésus ressuscité qui mourut pour nos péchés et pour la gloire de Dieu, de sorte que Sa grâce peut jaillir librement sur les enfants des hommes aujourd’hui, et le faire aussi d’une manière abondante à l’égard d’Israël aux derniers jours ! Élisée séjourne à Jéricho, le lieu maudit, mais il y apporte la puissance de Dieu en bénédiction et par cela éloigne la malédiction et purifie la source des eaux, de telle sorte que la mort et la stérilité du pays disparaissent. « Et les gens de la ville dirent à Élisée : Voici maintenant, la demeure de cette ville est bonne, comme mon seigneur voit ; mais les eaux en sont mauvaises, et la terre en est stérile. Et il dit : Apportez-moi un vase neuf, et mettez-y du sel. Et ils le lui apportèrent. Puis il alla vers le lieu d’où sortaient les eaux et il y jeta le sel, en disant : Ainsi a dit l’Éternel : J’ai rendu ces eaux saines ; elles ne causeront plus la mort ; et la terre ne sera plus stérile. Elles furent donc rendues saines, et elles l’ont été jusques à ce jour, selon la parole qu’Élisée avait proférée ».

Le sel est un symbole bien connu dans l’Écriture. Il représente ici la puissance de grâce en guérison, s’exerçant par le moyen de la mort et de la résurrection de Christ. La scène tout entière est richement et éternellement bénie. Le mal est vaincu, la malédiction est éloignée du pays — du monde — et spécialement de son peuple d’Israël ; et la source des eaux — la fontaine de la bénédiction — est assurée pour toujours. Le « vase neuf » peut, ce me semble, être considéré comme le type de l’état renouvelé de toutes choses sous le Christ dans les derniers jours. Le prophète se dirige ensuite vers Béthel qui, nous le savons, parle hautement de la fidélité invariable de Dieu envers Jacob et sa semence à jamais, et ainsi il lie désormais le peuple avec les conseils souverains de l’amour et de la grâce de Dieu. De là, le prophète s’en va à la montagne de Carmel, figure de la richesse du pays, associant ainsi le peuple avec la fidélité de Jéhovah et l’abondance de la terre. Quelle grâce ! La malédiction est ôtée — le péché effacé — la scène purifiée — la source des eaux assainie — le Dieu de Béthel reconnu et goûté, et les riches bénédictions du Carmel répandues sur tout le pays comme un champ fertile. Et malgré tout cela — ô vérité solennelle pour le temps actuel comme aussi pour tous les temps ! — si le témoignage de la grâce de Dieu est méprisé et Ses serviteurs injuriés, il faut que le jugement éclate (v. 23-24).

Voilà comment dans mes méditations, mes pensées se sont arrêtées à considérer le sentier mystérieux de ces deux grands serviteurs de Dieu, tel, du moins, qu’il est retracé dans ce second et merveilleux chapitre, tandis qu’en apparence ma méditation avait pour objet le miracle contenu dans le sixième. Mais le chemin que nous avons parcouru jette une lumière merveilleuse sur ce miracle qui nous paraît ressembler maintenant à un passage des Éphésiens ou de saint Pierre. « Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos offenses et dans vos péchés… il vous a vivifiés avec le Christ ». « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts ».

Il n’existe pas d’autre pouvoir pour sauver les perdus ou pour vivifier les morts que la croix de Christ. Quand l’arbre est jeté dans les eaux, le fer surnage. Du moment où la foi entrevoit la croix et où le Saint Esprit l’applique, l’âme est vivifiée ensemble avec Christ, ressuscitée ensemble et assise ensemble dans les lieux célestes en Jésus Christ. Tout cela s’opère en vertu de notre union avec Christ — dès le moment où nous croyons en Son nom et où nous nous confions en Sa croix. Mais jusque-là, hélas, l’âme est dans l’état de mort, quelles que soient ses apparences de vie, de gaieté ou de légèreté. Oh ! si seulement les pauvres âmes qui vivent dans l’indifférence en dehors de Christ pouvaient être rendues attentives à cela maintenant ! Quelle position que la leur ! Se trouver dans le lieu de la mort — les froides profondeurs du fleuve de la mort ! Quelle place basse et dégradante ! Quel avilissement pour une âme immortelle ! pour une âme qui peut être rendue capable par grâce de jouir de Dieu et de Son Fils, et de goûter à toujours toutes les gloires célestes !

Oh ! permettez-moi cette question : Où mon lecteur se trouve-t-il en ce moment ? Dans les profondeurs ou sur les hauteurs ? Il faut absolument que ce soit l’un ou l’autre, car il n’existe pas de place intermédiaire. Mourir dans le premier de ces états, c’est y demeurer à jamais — c’est être précipité dans un abîme d’angoisse et de désespoir. Il ne saurait survenir de changement après la mort. Et veux-tu, âme légère et étourdie, vendre ton bonheur éternel pour un moment de satisfaction présente ? Oh ! pourquoi être si insensée, si cruelle à l’égard de toi-même ? Était-ce convenable ou sage de la part d’Ésaü d’échanger tout le pays de Canaan contre un potage de lentilles, et cela parce que ce mets pouvait être savouré au moment même ? Trouves-tu qu’une telle conduite est grande, noble ou élevée ? Et y a-t-il chez toi de la sagesse à laisser échapper la Canaan céleste qui t’est présentée, pour jouir un instant seulement de ce que ce monde offre ? Je t’en conjure, réfléchis sérieusement à tout cela, cher et pauvre pécheur. Ta vie présente est des plus incertaines ; et quelles seraient les angoisses de ceux que tu laisserais sans aucune espérance dans ta mort ! Et pour toi, quelle éternité !… Qu’est-ce qui pourrait changer une coupe aussi amère ou lui ôter son fiel ? Oh ! toutes les considérations possibles te crient de regarder à Jésus maintenant, oui dès ce moment, avant même d’avoir mis de côté cette feuille. Que tes yeux et ton cœur s’élèvent à Lui. « Regardez à moi », dit-Il, « et soyez sauvés ». La grande œuvre de la rédemption a été achevée sur la croix ; il n’y a plus de raison pour un délai de ta part. « Tout est accompli ». Regarde seulement à Lui en croyant et te voilà sûrement et éternellement sauvé.

Mais, je le sais, quelques-uns allégueront comme excuse, que s’ils sont aussi morts et impuissants que l’était le fer au fond du courant, il faut qu’ils demeurent passifs dans tout le travail de la conversion. Il y a dans cette remarque une certaine mesure de vérité, qui est loin cependant d’être toute la vérité. L’âme est morte pour ce qui regarde Dieu et les choses spirituelles, mais elle est vivante quant au monde ; et, tandis qu’il n’y a ni cœur, ni énergie pour Christ et Son salut, on rencontre abondance de l’un et de l’autre pour les choses présentes ; aussi l’Écriture insiste-t-elle souvent sur la responsabilité du pécheur. Elle l’assure que l’œuvre par laquelle seule il peut être sauvé est achevée, et qu’il n’a qu’à le croire sur le témoignage ferme et positif de Dieu Lui-même, et, qu’en le croyant, il est sauvé et trouve un repos éternel en Jésus.

« Veux-tu aller avec cet homme ? ». C’est là une question tout à fait simple. Dites-moi quel est le pécheur qui ait quelque peu d’activité ou d’intelligence pour les choses présentes et qui ne puisse répondre : oui, ou non ?

« Crois au Seigneur Jésus Christ et tu seras sauvé ». « Or c’est ici le sujet du jugement, que la lumière est venue au monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises ». « Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand ; car c’est ici le témoignage de Dieu qu’il a rendu au sujet de son Fils : Celui qui croit au Fils de Dieu a le témoignage au-dedans de lui-même ; mais celui qui ne croit pas Dieu, l’a fait menteur, car il n’a pas cru au témoignage que Dieu a rendu au sujet de son Fils ». « Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Act. 16, 31 ; Jean 3, 19 ; 1 Jean 5, 9-10 ; Rom. 10, 13).

C’est ainsi que nous trouvons dans les types et dans les ombres, dans la réalité et dans la substance des choses, qu’il n’y a aucune vertu pour l’âme en dehors de Christ, de Christ crucifié. La connaissance de Jésus, de Son amour, de Sa croix, vivifie le pécheur mort et lui donne une place avec Jésus ressuscité. Elle fortifie le saint faible, relève l’esprit abattu, console l’âme affligée et brisée. Elle détruit la puissance des eaux du Jourdain et adoucit celles de Mara.

Verset 4. « Même quand je marcherais par la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal, car tu es avec moi ; ton bâton et ta houlette sont ceux qui me consolent ». — Ce verset de notre magnifique psaume est généralement envisagé comme décrivant l’expérience faite par le croyant dans le passage de la mort — la mort du corps. « La vallée » est considérée comme le sentier qui conduit d’une région de la vie à l’autre, et quoique ce sentier soit sombre et lugubre, le saint de Dieu n’a rien à redouter ayant le bâton du Berger pour le conduire et Sa houlette pour le soutenir et le fortifier.

Il y a assurément pour l’âme qui déloge toute raison de se reposer en toute tranquillité sur le Seigneur pour ce moment solennel et durant ce court et mystérieux passage ; mais je ne pense pas que le texte ait précisément ou uniquement rapport à l’expérience faite par le croyant quant à sa propre mort, mais plutôt à l’ombre épaisse que la mort d’un autre peut jeter sur son sentier à lui. Pour l’âme qui déloge, toutes les ombres s’enfuient ; mais ceux qui demeurent peuvent se trouver sous le poids de la tristesse et de l’abattement. Supposez qu’un cher et bien-aimé compagnon de voyage ait été recueilli dans les demeures d’en haut. Sa place est vide. Le cercle de famille est brisé par la douleur ; la scène entière est assombrie. Les pâles ombres de la mort jettent un voile sur toutes choses, et l’isolement éprouvé par le cœur ainsi déchiré transforme le sentier, autrefois si brillant et si joyeux, en « une vallée de l’ombre de la mort ». Mais les âmes heureuses des bien-aimés qui sont délogés reposent tranquillement dans la pure lumière de Dieu et dans la bénédiction sans mélange de Sa présence.

Dans le texte qui nous occupe, le pèlerin fait allusion, je n’en doute pas, à son passage à travers l’ombre de la mort et aux expériences qu’il y fait, et non pas à la mort elle-même. S’il s’agissait de sa mort à lui, elle ne pourrait être appelée une ombre. Traverser la mort, ou mener deuil en marchant à travers l’ombre de la mort, ce sont des choses qui diffèrent grandement.

Mais arrête-toi ici un moment, ô mon âme, car de semblables expériences réclament une sérieuse et profonde méditation. Il n’est pas, dans la création entière, d’événement plus solennel ! Le sanctuaire de Dieu est la place qui t’appartient. L’œil de Dieu, Sa parole et Son Esprit, peuvent seuls te guider.

L’expérience du croyant est changée, bien qu’il se trouve toujours sous les tendres soins du Berger et sous Sa main puissante. Oui, tout est transformé, transformé de lumière en ténèbres, de joie en tristesse, de force en faiblesse. Quelle transformation ! Au troisième verset le pèlerin goûte les eaux de Mara ; au quatrième il y est plongé. Mais c’est le Seigneur Lui-même qui l’a fait. Il faut donc que ce soit bien, sage et bon ; il faut que ce soit là certainement l’expression la plus forte de Son amour et de Ses soins les plus tendres comme Berger. « Tu es avec moi » — Oui, toi Seigneur, qui connais l’amertume des eaux et aussi la profondeur de ces mêmes eaux comme pas un des tiens ne les peut connaître.

Un de nos bien-aimés peut être malade, très malade, sans donner même aucun espoir de guérison ; toutefois l’âme est encore dans le corps, et nous pouvons encore échanger nos pensées. Mais du moment où l’âme a pris son essor vers le monde invisible, tout cela cesse, cesse d’une manière absolue, irréparable. L’être chéri qui nous a quittés est encore susceptible d’aimer. Que dis-je ? Plus que jamais il le fait, car « Dieu est amour » et le ciel est devenu sa demeure ; l’amour de l’affligé peut aussi être ranimé en une flamme ardente, et son désir de l’exprimer peut être devenu mille fois plus ardent : mais il n’y a plus possibilité de communiquer des pensées ou d’échanger des témoignages d’affection. Le sombre et impénétrable voile qui sépare les deux modes d’existence ne peut être écarté. La foi seule franchit la limite et contemple cet objet aimé se reposant comme chez lui dans le sein de Jésus, dans le paradis de Dieu. Pour un moment alors la vision est brillante, et quelques rayons de bonheur traversent l’esprit ; mais si un tendre souvenir vient émouvoir le cœur, de nouveau l’œil s’assombrit et une profonde tristesse s’appesantit sur l’âme. Tout semble avoir disparu, sauf la personne bénie du Seigneur ; mais Il est près, bien près, que Son nom en soit loué ! « Tu es avec moi ; ton bâton et ta houlette sont ceux qui me consolent ».

Y eût-il seulement la possibilité d’échanger nos pensées et nos affections, quelle que pût être d’ailleurs la distance qui nous séparerait, ce ne serait plus la mort. Souvent, dans cette vie, nous nous séparons les uns des autres, sans que nous pensions pour cela avoir souffert une perte. Des lettres sont échangées ; et ainsi nous suivons en esprit les traces du cher absent et nous anticipons la joie du retour. C’est là la vie — l’objet des affections est possédé. Ce n’est plus la mort, ni ses ombres épaisses. Mais du moment que le Seigneur a retiré l’âme à Lui, toutes ces relations prennent fin et la terrible réalité de la séparation est sentie. Il se peut que le cœur brûle de la plus pure affection, car l’amour ne périt jamais — l’âme peut avoir besoin de dire quelque chose au bien-aimé absent ou d’entendre de lui quelques mots, mais tout est inutile. Le corps peut être là sous nos yeux et les traits n’exprimer qu’un paisible repos, mais tout ce qui pensait, aimait ou sentait est parti. Le silence règne, un silence indescriptible. Vous ne pouvez le réveiller, celui qui dort, et ce cœur qui aurait été ému par un soupir ou attendri par une larme, n’entend pas les sanglots les plus profonds et n’aperçoit pas les torrents de larmes qui sont versés. En vérité, c’est bien là la mort, la mort du corps mortel. Pour ceux qui demeurent c’est « la vallée de l’ombre de la mort ». Et parfois cette ombre parait si épaisse dans ce triste désert qu’il n’est pas jusqu’aux luminaires célestes qui ne semblent changés, et briller plutôt d’une manière tout autre.

Dans un tel moment, l’ennemi ne manque pas d’assaillir l’affligé de toutes parts au moyen de ses traits enflammés. Mille pensées peuvent surgir du passé ; et dans un instant la vie entière se présente à l’esprit plongé dans l’angoisse. Un temps mal employé, de précieuses occasions perdues, voilà les accusations qui, avec beaucoup d’autres, sont soulevées par l’Ennemi. Dans des circonstances aussi accablantes, une ferme confiance dans les déclarations simples et immuables de la vérité de Dieu peut seule soutenir l’âme ainsi frappée. Mais le bon et souverain Berger se tient là, tout près ; Il fait entendre Sa voix, et l’œil est tourné vers Lui. Il prend dans Ses bras l’âme fatiguée, la cache sur Son sein et l’élève bien au-dessus des sentiments de la nature et des malices spirituelles. Mais que seraient vraiment ces épreuves et ces luttes si nous ne pouvions avec vérité nous écrier : « Tu es avec moi, ton bâton et ta houlette sont ceux qui me consolent » ?

Rien ne nous est connu de l’état et des occupations des bien-aimés qui nous ont devancés, sauf ce que les Saintes Écritures nous en révèlent. Mais, béni soit le Dieu de toute grâce ! la brillante clarté d’un ciel sans nuages resplendit sur la scène entière — les rayons de la lumière divine percent à travers les épaisses ténèbres des plus sombres jours terrestres et nous l’entrevoyons derrière le voile. De la chambre de mort jusqu’à la maison où il y a plusieurs demeures, un brillant chemin a été frayé et consacré pour le croyant par le Christ ressuscité et victorieux. La lumière de la gloire « a été maintenant manifestée par l’apparition de notre Sauveur Jésus Christ qui a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile » (2 Tim. 1, 10).

Vérité glorieuse ! assurance précieuse pour le croyant — pour tout croyant dans le Christ Jésus ! — la mort a été abolie sur la croix et Jésus en a triomphé pleinement dans Sa résurrection ; par l’évangile, la vie éternelle pour l’âme et l’incorruptibilité pour le corps ont été mises en lumière d’une manière claire, évidente et parfaite. Il se peut qu’il y ait beaucoup de faiblesse chez plusieurs chrétiens dans la manière dont ils se saisissent de ces vérités précieuses, mais les faits bénis n’en demeurent pas moins les mêmes. Ils sont tous liés à la personne de Christ ; et, du moment où Il est reçu et cru, le croyant est associé à Lui, au-delà de la puissance de la mort et du sépulcre. « Je sais, dit l’apôtre, en qui j’ai cru et je suis persuadé qu’il est puissant pour garder ce que je lui ai confié jusqu’à ce jour-là » (v. 12). Christ personnellement était son objet, son seul objet. Tout ce qui tenait au cœur de l’apôtre, jusque dans la gloire, Lui était confié.

Que ces vérités sont puissantes ! Quel repos elles apportent à l’âme qui traverse la sombre vallée ! La mort annulée — la vie éternelle de l’âme possédée, l’immortalité du corps assurée, telle est la sûre portion de tous ceux qui se sont endormis en Jésus — de tous ceux qui peuvent dire avec l’apôtre : « Je sais en qui j’ai cru » — de tous ceux qui regardent simplement à Jésus par la foi et qui se reposent pour leur salut sur Lui seul.

Médite ici un moment, ô mon âme, sur cette merveilleuse révélation, sur cette brillante splendeur et cette force puissante qui jaillissent des régions de la tombe demeurées jusqu’ici sombres et obscures. La victoire est complète ! Christ a personnellement traversé les terreurs de la mort et écarté du sentier de tous ceux qui Le suivent, jusqu’à la moindre difficulté et au moindre danger. Celui qui est descendu dans les parties les plus basses de la terre se trouve maintenant dans la gloire. Et de cette gloire — la gloire de Dieu dans l’homme ressuscité — la lumière divine resplendit dans ces sombres et solitaires profondeurs. Les horreurs de la mort ont disparu, les ténèbres du sépulcre ont été illuminées et si les ombres de la mort s’aperçoivent, ce n’est plus que du côté humain ; elles ne sont éprouvées que par nos pauvres cœurs charnels.

La mort elle-même, si justement appelée le roi des épouvantements, est complètement vaincue par l’homme. Chacune des circonstances qui accompagnent la mort et le sépulcre est assujettie et pour toujours. Le Seigneur est ressuscité des morts et Il nous associe avec Lui-même dans Sa vie de résurrection, Sa puissance et Sa gloire. Dans quelle position bénie nous avons été amenés ! Nous sommes placées sur le même terrain de triomphe que le vainqueur Lui-même, et nous jouissons avec Lui des trophées de Ses victoires.

Qu’est la mort ? Qu’est-ce que le passage de la mort ? Quelles en sont les issues ? Voila autant de questions qui jusqu’à maintenant n’avaient pas été pleinement résolues dans les Écritures. Jusqu’au temps où notre précieux Sauveur est apparu, est mort, est ressuscité et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile, on ne connaissait relativement que peu de chose sur ces sujets solennels. Sûrement, les âmes pieuses qui, dans les temps de l’Ancien Testament, avaient été amenées par l’Esprit à se confier en Dieu pour les jours de leur pèlerinage, ces âmes, dis-je, pouvaient aussi se reposer sur Lui en pleine paix à l’heure de leur départ. Le dernier aperçu que nous avons de Jacob est réellement admirable. Nous le voyons comme un pèlerin âgé appuyé sur son bâton et adorant le Dieu vivant. Le tableau que présente Joseph est celui de la paix et du triomphe. « Par la foi, Jacob en mourant bénit chacun des fils de Joseph et adora appuyé sur le bout de son bâton. Par la foi, Joseph en terminant sa vie, fit mention de la sortie des fils d’Israël et donna un ordre touchant ses os » (Héb. 11, 21-22).

Mais, pour le Juif comme tel, le sujet de la mort était évidemment un sujet plus sombre qu’il ne l’est pour le chrétien ; et, en conséquence, l’application du verset 4 (psaume 23) diffère quelque peu dans le dernier cas. C’est des Juifs que l’apôtre parle lorsqu’il dit : « qui par la crainte de la mort étaient assujettis toute leur vie à la servitude ». Il se peut que des chrétiens tombent dans cet état et que d’autres y aient toujours été, mais c’est assurément contraire à la réjouissante lumière et à l’heureuse liberté de l’évangile. Ceux qui sont dans un tel état n’ont jamais, nous le craignons, ni vu ni compris que le grand principe sur lequel Dieu bénit le chrétien est la mort et la résurrection de Christ. L’union avec Christ, voilà le seul fondement de notre paix avec Dieu et de notre plein affranchissement de toute crainte de la mort.

Il est vrai aussi que, pour le Juif comme tel, ce monde était la terre des vivants ; c’était le lieu de sa bénédiction. La grande promesse faite à l’obéissance était celle-ci : « Afin que tes jours soient prolongés sur la terre que l’Éternel ton Dieu le donne ». « N’eût-ce été, dit le psalmiste, que j’ai cru que je verrais les biens de l’Éternel en la terre des vivants, c’était fait de moi » (Ps. 27, 13). Pour le chrétien, nous pouvons le dire, c’est la terre des mourants. « Je meurs chaque jour », dit Paul. C’est aussi la terre de la mort — la mort du Seigneur Jésus Christ ; en conséquence c’est la vallée de l’ombre de la mort. La croix a projeté ses ombres épaisses sur la scène entière. Où donc, demandera-t-on, se trouvent la joie et la bénédiction du chrétien ? Dans les lieux célestes en Christ.

Le ciel est la demeure du chrétien ; il est loin de chez lui en ce monde. Comme hommes, nous disons du lieu de notre naissance que c’est notre pays ; le chrétien a donc le droit de dire du ciel que c’est son pays. Il est né de Dieu — né en haut. Et la place, les circonstances, et la compagnie qui conviennent à sa nature comme enfant de Dieu, se trouvent dans les lieux célestes. Jamais, jamais il ne saura ce que c’est de respirer l’air natal et de se sentir chez lui, jusqu’à ce qu’il atteigne les rivages de sa patrie. Aussi, les soupirs et les désirs instinctifs du cœur d’arriver à la maison du Père, sont-ils seuls naturels.

Ici, dans ce corps de péché et de mort et durant le temps de notre séjour dans ce monde mauvais où Christ a été crucifié, nous pouvons jouir d’une bonne mesure de communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ par la puissance du Saint Esprit ; mais c’est là un effet de la grâce au milieu du mal, et de la présence du Saint Esprit dans le croyant. Le Père prend soin des enfants — le Berger veille sur le troupeau, et la présence du Saint Esprit sur la terre est la puissance par laquelle nous jouissons de notre héritage en haut.

Mon âme, c’est là une grande et importante vérité ; je veux dire la vérité qui a trait à la nouvelle naissance — la nouvelle vie — cette vérité que tu es née de Dieu, née d’en haut et vivifiée ensemble avec Christ ! Quoi donc ! que résulte-t-il de cela ? Que tu es un enfant de Dieu, un héritier de Dieu et un cohéritier de Christ, placé en Lui bien au-dessus de la puissance de la mort et du sépulcre. Je le répète, médite d’une manière profonde et soutenue sur ce que renferme cette vérité étonnante, merveilleuse. La connaissance que tu en retireras sera puissante pour te faire comprendre les expériences du désert, pour te soulager des pesants fardeaux du désert, et répandra un flot de lumière sur la sombre vallée.

Il n’est pas douteux que tous ceux qui ont été vivifiés depuis l’entrée de la mort par le péché, ont reçu leur nouvelle vie par Christ et par la puissance du Saint Esprit. L’apôtre faisant allusion aux saints de l’Ancien Testament s’exprime ainsi : « l’Esprit de Christ qui était en eux ». Il est cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui, au temps convenable, a été manifestée. Il n’y a pas d’autre vie, il n’y en a nulle part ailleurs pour l’âme morte dans ses fautes et dans ses péchés. « Et c’est ici le témoignage, que Dieu nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est dans Son Fils. Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie. Qui croit au Fils à la vie éternelle ; mais qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (1 Jean 5, 11-12 ; Jean 3, 36). Et cependant, bien que, dès le commencement, la vie n’ait été trouvée qu’en Christ et par Lui, il paraît évident que la condition de la vie goûtée par le chrétien est toute différente de celle que possédaient les saints de l’Ancien Testament. « Je suis venu afin qu’elles aient la vie et qu’elles l’aient en abondance » (Jean 10, 10). Cette vie abondante, nous n’en doutons pas, c’est la vie en résurrection (Jean 20, 22).

Non seulement le chrétien est un enfant de Dieu, mais il est aussi vivifié ensemble avec Christ, ressuscité ensemble et assis ensemble dans les lieux célestes en Jésus Christ. Remarquez maintenant dans quelles scènes de bénédictions cette grande vérité — cette union avec Christ introduit le croyant. Unis à Lui, la Tête glorifiée, nous sommes faits participants de tous les privilèges de Sa propre position devant Dieu.

Il est la source jaillissante de la vie nouvelle du croyant ; elle est entretenue par Lui continuellement. Ni le péché, ni Satan, ni la mort ne peuvent jamais y toucher. Le chrétien a commencé déjà, par la foi, son éternité avec Christ, aussi n’a-t-il pas besoin d’attendre pour cela d’être par la mort ou par la venue du Christ.

Le fondement pour l’âme de toute cette grande vérité c’est la mort et la résurrection de Christ. Celui qui n’a pas connu le péché a été fait péché pour nous afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui. Dans la grandeur de Son amour Il a porté le fardeau de nos péchés en Son corps sur le bois et a goûté la mort dans toute son amertume pour nous ; Il a aboli le péché qui était la source et l’aiguillon de la mort et cela par le sacrifice de Lui-même. Mais Dieu a ressuscité Son Bien-aimé et nous a vivifiés ensemble avec Lui, de telle sorte que nous connaissons maintenant, d’une manière assurée, béni soit Son nom, que notre nature mauvaise a été jugée et que notre péché et nos péchés ont été entièrement effacés — que la justice a été divinement accomplie — que notre paix avec Dieu est faite et que nous sommes un avec Jésus ressuscité, dans une sphère toute nouvelle, où aucun mal ne peut pénétrer et où la lumière de la face de Dieu resplendit sur nous d’une manière parfaite et pour toujours (2 Cor. 5, 21 ; 1 Pier. 2, 24 ; Héb. 2, 9 ; 9, 26 ; Col. 2, 12-13 ; Éph. 2 ; 1 Cor. 15).

C’est la seule position de laquelle la mort puisse être envisagée franchement et avec calme. De même autrefois Josué, laissant la rive de Canaan, revint jusqu’au centre du Jourdain et y planta douze pierres de triomphe. Placé du côté céleste, il pouvait contempler avec calme la rivière de la mort et redescendre jusque dans ses profondeurs. Mais les sacrificateurs étaient là devant lui, avec l’arche de l’alliance ; et avec « le Seigneur de toute la terre », il était aussi facile de traverser le Jourdain que la mer Rouge.

Mais pour l’homme naturel qui sait n’être ni pardonné, ni sauvé, la mort doit être une chose épouvantable. S’il s’arrête tant soit peu à cette pensée et s’il y a chez lui de l’intelligence et de la franchise, cette idée doit être pleine de terreur. La mort et le jugement, fruits du péché, sont les deux grands sujets de la frayeur de l’homme, et cela bien justement. Oh ! combien doivent être terribles en vérité, pour une âme immortelle, les conséquences de la mort et du jugement ! Et combien aussi la mort est humiliante pour l’homme naturel ! Il succombe. L’homme fort doit se courber et s’humilier devant elle. Le riche et le savant sont aussi incapables l’un que l’autre de l’éviter ou de lui résister. C’est un ennemi implacable qui ne peut être apaisé ou renvoyé, et contre lequel on ne peut se mettre en garde ; il est avide, rapace, insatiable.

Mes sollicitations seront-elles assez puissantes pour engager mon lecteur à prêter une sérieuse attention à ce sujet, si du moins il se trouve dans la condition qui vient de nous occuper ? Mais que ce soit maintenant ! oh ! tout juste maintenant, sans un délai quelconque. Le temps s’enfuit, les jours s’envolent et ceux qui te restent sont peut-être bien courts. Alors que t’arrivera-t-il ? Les siècles éternels commenceront et avec, une éternité de bénédiction ou d’angoisse sans mélange.

Dans tout le vaste champ de la nature humaine déchue, il n’est rien de plus affreux que la mort. Car dans ce champ aussi bien que dans la forêt, « au lieu auquel l’arbre sera tombé, il demeurera ». Que c’est solennel ! Éternellement solennel ! C’est dans l’état où la mort rencontre une âme que cette âme sera trouvée aussi devant le grand trône blanc et durant la longue, longue éternité. Au-delà de la mort, le temps de la repentance n’existe plus. Le sort est invariablement fixé du moment où l’esprit quitte le corps. C’est là le dernier changement, un changement qui ne doit être remplacé par aucun autre à jamais. Oh ! alors cher lecteur, prête l’oreille aux affectueuses supplications de quelqu’un qui aime ton âme et qui t’avertit solennellement de ne pas négliger son salut ! « Car que profiterait-il à un homme de gagner le monde entier s’il fait la perte de son âme ? ». Le monde matériel tout entier ne vaut pas, à beaucoup près, dans l’appréciation du Sauveur, une seule âme immortelle… Et il se peut que le bonheur éternel de ton âme précieuse ne t’ait pas, une fois même, occupé sérieusement. Les choses les plus ordinaires de cette vie, ou peut-être même le soin d’orner ta personne, ont plus de part dans tes pensées que l’éternelle destinée de ton âme ou que les souffrances et la mort de Christ par lesquelles seules tu peux être sauvé.

Prête ton attention, je te prie, mon compagnon de péché, à ce sujet de toute importance. Coûte que coûte, cède à ses droits pressants. Cela devrait-il t’occasionner la rupture de plus d’un engagement pris quant à cette vie ou la ruine de toutes tes espérances terrestres, ne t’arrête pas à cela ; oh ! ne permets pas que de semblables considérations te retiennent sur le terrain enchanté de ce monde ou qu’elles t’empêchent de te décider pour Christ. Rappelle-toi, et la chose est évidente aussi bien que certaine, que celui qui n’est pas du côté de Christ, est du côté de Satan et partagera avec lui l’étang de feu. C’est là la seconde mort. Pensée terrible ! Oh, que te dirai-je ? Comment plaiderai-je avec toi ? Tomberai-je à tes pieds pour y répandre mes larmes suppliantes ? Serai-je comme un fou à tes yeux ? Mes instances paraîtront-elles être les paroles d’un fanatique ou celles d’un juste entre tous ? Eh bien soit, que tout cela se dise et plus encore. La conviction me presse de parler, et non les convenances. Je serai satisfait pourvu que, te jugeant toi-même, tu fuies aussitôt vers Jésus lequel a payé la rançon pour le rachat du pécheur. Te voir à la fin, comme un joyau dans la couronne du Sauveur, ou comme un monument de la grâce sur les plaines éternelles de la gloire, ne serait-ce pas une riche compensation à l’épithète de fou ou d’insensé qui peut m’être donnée dans ce monde ? Je le dis sérieusement, des larmes de sang, s’il m’était possible de les répandre, ne seraient pas trop pour exprimer le malheur d’une âme qui refuse la provision que Dieu a faite pour Sa propre gloire dans notre éternel bonheur.

Jésus, le saint et bienheureux Fils de Dieu, « a été fait un peu moindre que les anges… de sorte que par la grâce de Dieu il goûtât la mort pour chacun » (Héb. 2, 9). Tout est simplement exprimé là. Si ceux qui prêchent exagèrent parfois, les Écritures ne le font jamais. Que nous apprend alors ce texte ? Tout naturellement cette vérité-ci que le péché non jugé amène le pécheur précisément à la place où la grâce de Dieu a amené Christ. C’est en grâce et en amour qu’Il prit la place du pécheur — la place de la malédiction — la place de l’abandon dans laquelle il n’était pas possible que la coupe de la colère s’éloignât de Lui. À la croix, nous voyons où le péché conduit — ce qu’il mérite et comment Dieu le traite. Sans nul doute, le péché a été mesuré et traité dans la sainte personne de Jésus comme il ne pourra l’être, même dans l’étang de feu. La haine de Dieu contre le péché a été parfaitement exprimée à la croix. Une seule goutte de cette coupe qu’Il dut boire jusqu’à la lie — un seul coup de ce jugement qui tomba entièrement sur Lui suffirait pour précipiter dans les profondeurs d’un abîme de désespoir tout un monde de pécheurs rebelles. Mais, dans ce lieu, hélas ! la coupe ne sera jamais vidée, le jugement jamais épuisé.

Ne pouvons-nous pas nous écrier, en vérité : Si ces choses ont été faites au bois vert, que deviendra le bois sec ? Si le seul arbre vrai et vivant a senti d’une pareille manière les flammes de la justice divine, comment un arbre sec et pourri les soutiendra-t-il ? Si Celui qui n’avait pas en Lui-même une parcelle de péché a été ainsi traité lorsque le péché Lui a été imputé, où paraîtra l’impie et le pécheur ? À quoi, mon ami, te servirait le roseau pourri de tes bonnes œuvres dans les eaux grossissantes du Jourdain ? Il est une chose parfaitement claire, c’est que celui qui rejette aujourd’hui l’arbre vert de Dieu, n’aura rien à dire lorsque plus tard Dieu rejettera le sec.

Oh ! que le Seigneur fasse que ce ne soit jamais ton cas, mon lecteur, ni celui d’aucune âme qui aura une fois lu ou entendu ce texte magnifique : « Jésus a été fait un peu moindre que les anges… de sorte que par la grâce de Dieu il goûtât la mort pour chacun ». Quelle révélation du cœur de Dieu pour nous, « par la grâce de Dieu » ! Et quelle œuvre bénie accomplie par le Fils ! Il a goûté la mort pour que nous ne sussions jamais ce qu’elle est. Oh ! crois-le — repose-toi sur Jésus — confie-toi en Son œuvre accomplie, et glorifie-toi dans ce fait que le Dieu de toute grâce t’aime et qu’Il a donné Son Fils bien-aimé afin qu’Il goûtât la mort pour toi, pécheur. Oh ! que je puisse maintenant entendre de ta bouche ces mots : « Que le Seigneur soit béni ! Il a goûté la mort pour moi pécheur, je le crois maintenant ; l’amertume de la mort est passée et, eussé-je mille cœurs, Il les posséderait tous ».

Oui, mon âme, plaide encore, plaide avec ferveur, auprès des pécheurs qui ne sont pas préparés à la mort. « Connaissant donc combien le Seigneur doit être craint », dit l’apôtre, « nous persuadons les hommes ». Mais maintenant, pour un moment, arrête tes regards sur le triomphe du saint dans cette heure si solennelle ! Tu as considéré le côté humain, le côté de la sombre vallée, mais vois à présent le côté céleste, le chemin de la gloire. Suppose donc ceci :

Le messager de paix est venu — venu pour clore dans un tranquille repos les jours d’un pèlerin qui a passé peut-être une quarantaine d’années dans le désert. Il est, dirons-nous, fatigué par la marche, mais ses sympathies sont toutes avec Christ et avec les siens, et il affectionne le témoignage de Jésus sur la terre. Mais le temps déterminé par le Seigneur est venu. Le lien est rompu ; le corps tombe, mais l’âme heureuse est libérée — elle est présente avec le Seigneur.

Ici arrête-toi un moment, ô mon âme. Dis-le moi : Qu’est ce lien qui vient de se rompre ? Le lien qui enchaîne la vie divine dans le vaisseau de terre. « Car nous savons que si notre maison terrestre, qui n’est qu’une tente, est détruite, nous avons un édifice de la part de Dieu, une maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les cieux ». L’apôtre parle ici au nom de tous les chrétiens. « Nous savons ». Rien, absolument rien, dans un cas pareil, qui présente la mort comme « les gages du péché ». Christ notre garant a subi pour nous le châtiment, et d’une manière si complète, pouvons-nous dire, qu’il n’est pas du tout nécessaire que le chrétien meure. Et ce qui est certain, c’est que tous les chrétiens ne mourront pas. « Nous ne nous endormirons pas tous », dit clairement l’apôtre, « mais nous serons tous changés ». Et ailleurs : « Puis, nous les vivants qui demeurons, serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur en l’air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Cor. 15, 51 ; 1 Thess. 4, 17). La dissolution de la tente, qu’elle soit brusque ou paisible, ne porte pas atteinte à la vie éternelle de Jésus ressuscité. Elle ne fait que dissoudre ses relations avec le vaisseau de terre. L’homme nouveau en Christ ne peut jamais goûter la mort.

Mais il peut être profitable de s’arrêter quelques instants sur cette vérité consolante et bénie à laquelle il vient d’être fait allusion, c’est-à-dire, que les chrétiens ne mourront pas tous, mais que beaucoup seront seulement changés et enlevés ensemble avec les morts ressuscités pour rencontrer le Seigneur en l’air. Il ressort, d’une manière évidente, des passages déjà cités, que ceux qui seront vivants sur la terre lorsque le Seigneur viendra, ne passeront pas du tout par la mort. Dans leur cas, comme le dit l’apôtre, « ce qui est mortel sera absorbé par la vie ». La puissance de vie dans le Fils du Dieu vivant sera telle que toute trace de mortalité dans la nature humaine disparaîtra instantanément de devant Lui. Ce sera englouti — annihilé. Et remarquez que, dans ce passage, c’est la mortalité et non la mort qui est dite absorbée par la vie. La mort aussi, nous le savons, sera engloutie en victoire. Dans un cas, l’apôtre fait allusion à ceux qui se sont endormis en Jésus ; dans l’autre, à ceux qui seront vivants sur la terre à Sa venue. Combien la parfaite exactitude des Écritures est magnifique et intéressante ! Si un seul mot est changé, ce changement est motivé par une cause importante. Les mêmes vérités, et la distinction qui existe entre elles, sont enseignées par le Seigneur lorsqu’Il parle de Lui-même comme la résurrection et la vie. « Jésus lui dit : Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra. Et quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais » (Jean 11, 25, 26).

Mais pouvons-nous être surpris de cette manifestation de la puissance de vie dans le Seigneur qui vient ? Le péché, nous pouvons le dire, n’est qu’une chose accidentelle ; il n’a pas de part dans les arrangements divins ; il fut introduit par l’Ennemi. Mais jusqu’au moindre petit atome de ce poison du péché sera entièrement détruit, ainsi que ses pernicieux effets, pour les saints qui vivront à la venue du Seigneur. Il n’y a pas de nécessité à ce qu’ils meurent : Christ mourut pour eux. Oh ! combien cette pensée est douce ! Ce sera le même corps, mais sans le péché ni aucune de ses conséquences. Les corps de notre humiliation seront modelés sur Son corps de gloire, et cependant l’identité de chacun sera parfaitement conservée. Tout cela, remarquez-le, sera opéré par la puissance d’une vie que nous voyons maintenant en Jésus ressuscité ; et, ô vérité merveilleuse, cette vie est à nous — à nous maintenant — à nous en Lui où tout est victoire !

Il est intéressant, au plus haut point, de considérer ce que nous pouvons appeler les quatre phases dans lesquelles la vie divine est ici envisagée par l’apôtre (2 Cor. 4, 6-18 ; 5, 1-9). Mais, bien qu’elle soit vue sous quatre différents aspects, cette vie demeure invariablement la même. C’est la vie éternelle — la vie du Christ ressuscité et glorifié.

Au troisième chapitre, il avait parlé de l’évangile en contraste avec la loi — du ministère de la justice et de l’Esprit, en contraste avec le ministère de mort et de condamnation. La loi, en tant que présentant les justes droits de Dieu sur l’homme, le condamne aussitôt parce qu’il la viole. Mais l’évangile, au lieu de requérir la justice de l’homme, révèle celle de Dieu. Christ Lui-même est cette justice ; et lorsqu’Il est reçu par la foi, nous sommes faits justice de Dieu en Lui, et scellés du Saint Esprit. Et là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté — liberté de l’asservissement de la loi et de la crainte de la mort.

Christ glorifié est le fondement de cette argumentation tout entière. « Or nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés dans la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en esprit ». L’homme Christ Jésus, qui a été sur la croix pour nous comme le porteur de notre péché, est maintenant assis sur le trône. Preuve bénie pour nos cœurs que toute la question du péché a été parfaitement et éternellement réglée. L’humanité a été portée sur le trône de Dieu et la gloire divine est pleinement révélée dans l’homme ressuscité. Il est aussi la manifestation bénie de notre place et de notre portion dans la même gloire. Ô vérité précieuse ! la contemplation de cette gloire, telle qu’elle resplendit en la face de Jésus, nous transforme à Son image par la puissance du Saint Esprit. Seigneur, accorde-moi la grâce de pouvoir vraiment méditer avec bonheur et intelligence sur ta propre gloire et d’en être ici, sur la terre, le véritable reflet !

L’apôtre prêchait au monde les bonnes nouvelles de Christ dans la gloire. « Car nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais nous prêchons le Christ Jésus comme Seigneur ». Il annonçait Christ victorieux du péché, de Satan, de la mort et du tombeau. Il invitait et sollicitait les pécheurs à croire en un Christ glorifié — à venir à Lui par la foi, à jouir de l’amour et à partager les bénédictions et les gloires du Sauveur. Christ a établi la justice pour le pécheur en la présence de Dieu, de sorte qu’il n’y a plus de place pour le doute ou la crainte. La pleine bénédiction est promise à tous ceux qui se confient en Lui. « Oh ! que bienheureux sont tous ceux qui se retirent vers Lui ». Quelle immense puissance dans un tel évangile ! mais aussi quelle faiblesse caractérise nécessairement tous les autres ! Tous ceux qui croient à l’évangile prêché par Paul sont introduits dans la pure lumière de la gloire, telle qu’elle est révélée en Christ. Ceux qui refusent la lumière sont malheureusement aveuglés par Satan, le dieu de ce monde. Quelle pensée ! En refusant le Sauveur glorifié, ils tombent, hélas, entre les mains de l’ennemi.

Le sixième verset donne l’explication de ce que nous appelons la première phase ou le premier état. « Car c’est le Dieu qui a dit à la lumière de resplendir des ténèbres, qui a relui dans nos cœurs pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ ». Le cœur est le vaisseau de la lumière. Une étincelle venue de la gloire est allumée dans le cœur humain. La vie divine, ainsi communiquée par la foi en un Christ glorifié, nous oblige à la manifester comme une lumière resplendissant dans les ténèbres : c’est la lumière de la vie, et elle provient directement de Dieu. Celui qui a d’abord dit à la lumière de resplendir des ténèbres a maintenant relui dans nos cœurs. Christ est notre vie, notre lumière, notre gloire. Dans ce monde obscur et ténébreux, et aux yeux des hommes, nous sommes appelés à être le reflet de notre Seigneur absent. C’est là la première phase de la nouvelle vie. Et combien elle est importante ! Quelle place elle nous donne ici-bas ! Les hommes de ce monde qui se refusent à lire la Bible et les livres religieux liront sûrement la vie des chrétiens. Oh ! que ne sommes-nous des épîtres de Christ lues et connues de tous les hommes ! De même que le Juif pouvait lire les dix commandements en portant les yeux sur les tables de pierre, oh ! que les yeux de ceux qui nous entourent puissent aussi lire Christ dans notre marche et notre conversation journalières.

« Mais nous avons ce trésor dans des vases de terre, afin que l’excellence de la puissance soit de Dieu et non pas de nous ». Voilà le second état. La vie divine est vue en contact avec le corps mortel et avec les infirmités et le mal qui s’y rattachent. Mais aucun mal ne peut jamais porter atteinte à la vie de Christ dans l’âme. Plus le vaisseau était assailli de toutes parts, plus il devenait évident que la puissance de Dieu s’y trouvait. Chez l’apôtre, elle s’élevait au-dessus de tout pouvoir de la mort et triomphait de toutes les difficultés de son sentier épineux. « Car nous qui vivons, dit-il, nous sommes toujours livrés à la mort pour l’amour de Jésus afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle ». Cette mort journalière donnait plus d’éclat à la splendeur de la vie de Jésus. De même qu’avec les cruches de Gédéon, la lumière resplendit après que le vase a été rompu. Mais quelle expérience ! Quel combat ! Quel service ! Ses afflictions nombreuses et pesantes, il les considère comme légères et pour un temps en comparaison du poids éternel de gloire qu’il aperçoit devant lui. Encourage, Seigneur, et fortifie maintenant les cœurs de tes faibles et tristes enfants qui sont si loin de l’exemple que leur a laissé ton serviteur Paul !

Nous arrivons maintenant au troisième état, à l’état du dépouillement qui est celui dont s’occupe plus immédiatement notre méditation. Paul aurait préféré être dans cet état-là, bien qu’en même temps il vit dans l’homme Christ, glorifié dans le ciel, l’état parfait ou de résurrection qui est le quatrième. Le corps alors rendu parfait sera glorifié selon l’image de Christ en gloire. C’était le grand objet toujours présent à l’esprit de l’apôtre : « Car aussi nous qui sommes dans cette tente, nous gémissons, étant chargés ; non pas que nous désirions d’être dépouillés, mais nous désirons d’être revêtus, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie » (voyez aussi Phil. 3).

Le quatrième état se trouvant à la venue du Seigneur, nous avons plus de lumière et un enseignement plus précis à ce sujet que sur l’état intermédiaire. Relativement peu nous est dit de cette troisième condition où l’âme est séparée du corps. Un voile est jeté dessus, nous n’en doutons pas, afin que cela ne vienne pas se placer entre nos cœurs et la venue de Jésus. Si toute la bénédiction que goûte maintenant l’âme qui est avec Jésus, nous avait été pleinement révélée, nous aurions été peut-être assez égoïstes pour y penser et pour la désirer avec une telle ardeur que le retour du Seigneur aurait perdu sa place et sa puissance dans nos cœurs. Le Saint Esprit sauvegarde de toutes manières et avec un soin particulier l’espérance de l’Église. Mais quoiqu’Il révèle assez pour répondre aux besoins de la foi quant aux bien-aimés qui nous ont devancés, toutefois, par amour, une lumière plus entière est refusée. Médite profondément, ô mon âme, sur ce qui est révélé et sois-y plus soumise ; et puisque tu connais l’amour de Jésus et l’immutabilité de ta vie divine à travers tous les changements, tu trouveras là une interprétation facile pour toutes choses.

« Car pour moi vivre, c’est Christ », dit l’apôtre, « et mourir un gain ». C’est là un contraste. Vivre, c’est Christ ; mourir serait un gain même sur cela. Plus loin, il ajoute : « Je suis pressé des deux côtés ayant le désir de déloger et d’être avec Christ, car cela est de beaucoup meilleur ». « Avec Christ » serait son « gain » ; ce serait « de beaucoup meilleur ». Mais, avant tout, examine soigneusement l’état béni qu’il met en contraste avec le départ pour « être avec Christ ».

« Car pour moi vivre, c’est Christ ». Dans quelle proximité de Christ, dans quelle communion avec Lui doit se trouver le serviteur qui peut dire une pareille chose ! Elle renferme premièrement l’idée d’avoir Christ pour objet, pour motif, pour joie et pour force ; et puis aussi elle révèle un grand amour pour l’Église, un intérêt tendre et profond pour tout ce qui concerne le nom et la gloire de Christ et le bien-être de Son peuple. « Car pour moi vivre, c’est Christ », voilà qui résume en deux mots, avec l’énergie de l’Esprit, tout ce cœur ardent, toute cette brillante lumière, tout ce noble serviteur. Vient ensuite cette question importante : Quel serait le « gain » que la mort apporterait à une telle personne ? Elle serait « avec Christ » — dans la jouissance de Christ et personnellement dans le ciel. Ceci est, pour l’autre côté, comme un nouveau résumé présenté par l’énergie de l’Esprit de toute la bénédiction céleste « avec Christ ». Mais, demandera-t-on peut-être, l’âme ne perdra-t-elle pas beaucoup de ses jouissances actuelles lorsqu’elle aura atteint les choses plus élevées ? Assurément non ! Elle possédera celles-ci conjointement avec celles-là. C’est là le point qui est d’un intérêt si profond pour l’état de dépouillement. Nous ne pourrons jamais rien perdre de ce que nous possédons maintenant dans la communion avec Christ, parce qu’Il est déjà ressuscité et glorifié. Il est notre vie et cette vie n’a pas d’épreuve à subir. Elle laisse seulement, dans la mort, le corps misérable et embarrassant dans lequel elle a gémi étant chargée. Tout ce que nous connaissons maintenant, et toutes les choses dans lesquelles nous pénétrons par l’enseignement de l’Esprit, subsisteront à toujours. Nous ne perdons que ce qui appartient au premier Adam, mais rien absolument de ce qui appartient au second. Il y a une immense force dans le contraste que l’apôtre exprime par ces deux mots : beaucoup meilleurbeaucoup meilleur ! Cela sera vrai de tout ce qui concerne les relations de l’âme avec son Seigneur, soit quant aux choses plus élevées, soit quant aux choses plus basses.

Il n’est plus en notre pouvoir de communiquer au cher absent ce qui lui aurait donné de la joie tandis qu’il était ici-bas ; mais puisqu’il est présent avec le Seigneur, nous pouvons joyeusement compter sur Lui pour communiquer Lui-même à cet être aimé tout ce qui est digne de Son amour et tout ce qui est propre à augmenter le bonheur et à élever l’adoration. Tout est bien ! oui, réellement bien ! « Absent du corps, présent avec le Seigneur ». Dans quelle mesure l’âme séparée du corps peut-elle rendre ce qu’elle éprouve, c’est ce que nous ne pouvons définir ; mais, dans sa radieuse conscience d’elle-même, elle se souvient et elle aime. Ses pensées sont occupées du passé et du présent, et elles anticipent l’avenir. L’âme, ainsi heureuse, attend patiemment, avec Christ, le matin de la première résurrection, mais Son amour invariable et éternel est le festin béni qu’elle goûte actuellement.

Je voudrais encore faire allusion à un seul passage qui traite de ce sujet. Ce passage a toujours été le favori des pèlerins fatigués. Je veux parler des paroles adressées par le Seigneur au brigand converti : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ». La douceur, la consolation et le repos de cœur que cette assurance procure, surpassent toute expression. L’âme est là « avec le Seigneur » et avec les bien-aimés qui nous ont devancés, revêtue de lumière et respirant une atmosphère céleste. Une mère a retrouvé son premier-né qui, depuis longtemps l’avait précédée, mais qu’elle n’avait jamais oublié. Quelle source nouvelle d’adoration pour elle ! « Magnifiez l’Éternel avec moi, et exaltons Son nom tous ensemble », voilà quel sera leur joyeux cantique. Là aussi, un mari rencontre la femme de sa jeunesse qui de bonne heure lui avait été redemandée, mais dont le cœur a été formé — pour un amour éternel. Il est vrai que les relations humaines y seront inconnues, mais les cœurs avec l’amour qui les remplit demeureront à jamais.

Mais à moins d’anticiper l’état de résurrection nous laissons, oui, même avec bonheur, nous laissons nos chers et bien-aimés absents « avec le Seigneur » dans le florissant jardin des plus riches délices du ciel. Pour le moment, nous cheminons souvent par la foi, entre la sombre vallée et ce brillant Éden d’en haut ; mais bientôt, oui bientôt, le Seigneur viendra. Toi, le Seigneur de cet heureux pays, dis-le, quand sera-ce bientôt ? Oh ! quand poindra le matin sans nuages ? « Encore un peu de temps ». Voilà la mesure que le Maître détermine Lui-même pour Son absence. Et lorsque cet heureux matin luira, nous aussi nous dirons adieu à cette vallée de larmes. Le travail de la foi sera achevé « car nous Le verrons comme Il est ». L’espérance aussi sera réalisée alors dans la personne du Seigneur. « Et ils verront Sa face ». Ces choses de toute importance pour la traversée de la vallée ne seront plus nécessaires. La foi, si habituée à prendre son essor, repliera alors ses ailes et pour jamais. Adieu, foi précieuse à laquelle je dois tant ! L’espérance bienheureuse qui a soutenu mon âme sera perdue dans les gloires de la Jérusalem céleste ; mais l’amour demeure ; oui l’amour, l’éternel amour, subsistera à jamais au milieu des rachetés.

Mais qu’arrivera-t-il, ô mon âme, à ce pauvre corps qui gît maintenant dans le tombeau ? Ce corps maintenant dans l’humiliation partagera, avant longtemps, la gloire éternelle avec l’âme. Les Écritures sont explicites sur ce point. Encore un ou deux passages et puis j’arrête ma méditation.

« Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous ? » (1 Cor. 6, 19). Remarquez que le Saint Esprit a pris possession du corps. Il l’a ainsi approprié à Dieu. Le texte eût-il dit : « votre cœur est le temple du Saint Esprit », la question des affections aurait pu être soulevée, mais il s’agit du corps, ce qui nous assure clairement que le corps mort ou vivant est sous la garde du Saint Esprit — que, désormais Il est Lui-même le gardien du corps du croyant. Ailleurs, il est dit : « Et si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera aussi vos corps mortels par Son Esprit qui habite en vous » (Rom. 8, 11). Ici il n’est pas seulement dit « vos corps », mais « vos corps mortels », ce qui parle au cœur dans la grâce la plus touchante. Mais quel volume complet nous possédons sur cette vérité en 1 Corinthiens 15 : « Le corps est semé en corruption, il ressuscite en incorruptibilité ; il est semé en déshonneur, il ressuscite en gloire ; il est semé en faiblesse, il ressuscite en force ; il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel… Et comme nous avons porté l’image de Celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste ».

Nous faut-il davantage, ô mon âme, pour assurer le repos au cœur le plus aimant ? Que la patience ait son œuvre parfaite, le « peu de temps » sera bientôt écoulé. « La lamentation loge-t-elle le soir chez nous, le chant de triomphe y est le matin ».

Verset 5. « Tu dresses la table devant moi, en face de mes adversaires ». Le pèlerin chagrin et brisé par la douleur entre maintenant dans un nouveau sentier de l’expérience. Il commence à sortir des épaisses ténèbres de la vallée ; la lumière d’en haut perce les nuages et répand sur sa route sa clarté. Il va seulement maintenant réaliser ce qui s’est passé et découvrir où il en est. Le départ de sa compagne n’est plus un songe de la nuit, mais une réalité sévère sous la main du Seigneur ; elle le poursuit partout et sous toutes les formes. Jamais auparavant il n’a parcouru ce sentier solitaire ; mais les empreintes de plusieurs s’y découvrent et celles aussi de Celui qui connaît par expérience chaque pas du chemin et qui sait ainsi secourir tous ceux qui traversent ces sombres régions (Héb. 2, 17, 18).

Pensée bénie ! La sombre vallée avec ses jours obscurs et ses nuits profondes introduit le pèlerin épuisé dans toutes les riches provisions préparées par les soins du Berger et l’amène aussi à une connaissance plus intime de Lui-même. « Tu dresses la table devant moi, en face de mes adversaires ». Il est encore dans le désert et en présence de ses ennemis, mais le rafraîchissement divin est procuré afin de le fortifier sur sa route ; et, dans la présence du Seigneur, nous le savons, les ennemis sont sans puissance. Voilà comment, lorsque la première ardeur de l’épreuve est passée, le bon Berger attire auprès de Lui Ses chères brebis fatiguées, les fait asseoir sous Sa protection et leur distribue une nourriture riche et abondante préparée par Ses propres mains. Maître béni ! oui, tes soins sont prévoyants et ton amour est tendre pour les tiens. Au jour de l’extrême faiblesse de la nature, alors qu’il ne reste pas assez de force et de courage pour s’entretenir avec un ami, bien moins encore pour rencontrer un ennemi, tu penses à nous, tu t’occupes de nous. D’autres peuvent faire des reproches, mais tu n’en fais jamais. Abrités par ta présence, nous nous asseyons avec sécurité à ta table, nous nourrissant des trésors de ton amour, et mis à couvert sous l’ombre de ton aile de toutes les poursuites de nos ennemis.

Dis-tu, mon âme, peux-tu dire comme beaucoup d’autres, qu’un pareil repas, qu’une semblable expression des sympathies intimes du Seigneur te dédommage de tous les arides labeurs de la vallée ? Je ne cherche pas à équilibrer ainsi les choses ; je ne puis — je n’ose pas proposer au Seigneur de recommencer un autre voyage pareil à travers le désert : et cependant, s’Il ouvre la marche, mon âme ne peut qu’éprouver une bénédiction infinie à Le suivre. Il n’est pas de raison pour que le chrétien ne soit pas parfaitement heureux avec le Seigneur, bien que dans les profondeurs de l’affliction.

« L’Éternel est mon berger », peut-il dire en tout temps, « je n’aurai point de disette ». Mais ici il peut être profitable d’observer, en considérant cette nouvelle phase de l’expérience, que le bon berger ne fait pas pour le moment reposer l’âme auprès des eaux tranquilles et des pâturages d’herbe tendre. Non, il a fait cela déjà et maintenant il la conduit dans une vérité plus élevée et plus avancée et sur le chemin d’une expérience plus riche. De même que les jeunes enfants du deuxième chapitre de la première épître de Jean connaissent Abba, Père, et le pardon des péchés, de même aussi dans notre magnifique psaume les brebis du bon Berger se mettent en route dans la connaissance de ce qu’Il est Lui-même, de ce qu’Il est pour elles, et dans la conscience de Son amour et de Sa grâce dans leur salut. Mais comme il est question aussi dans le même chapitre des « jeunes gens et des pères », ici également nous sommes amenés à considérer un caractère plus avancé de bénédiction individuelle. « Tu dresses la table devant moi… tu oins d’huile ma tête, ma coupe est comble ».

Prenons pour exemple la femme qui vint à Jésus dans la maison de Simon, accablée sous le poids d’une conviction profonde de ses péchés. Il l’introduisit aussitôt auprès des verts pâturages et des eaux tranquilles et réjouit son cœur en lui accordant un plein pardon — un entier salut et une paix profonde. Il la conduisit ainsi, sans soulever la moindre question quant au passé ou au présent, dans toute la grâce et l’amour de Son cœur et dans toute la valeur et la puissance de Sa croix. Il l’amena, pour ainsi dire, à se reposer auprès des pâturages d’herbe tendre et des eaux tranquilles de Son infinie miséricorde pour y trouver la paix. Telles sont les voies pleines de grâce du Seigneur en faveur de toutes les âmes qui viennent à Lui. Et tel est aussi l’inaliénable héritage de chacune des brebis et de chacun des agneaux de Son heureux troupeau. Quant à ces choses, il n’existe aucune différence entre les enfants, les jeunes gens et les pères. L’un peut les connaître mieux qu’un autre ou en jouir davantage, mais elles sont les mêmes pour tous. Remarquez de plus qu’Il n’a jamais besoin de revenir sur ce précieux message. La parole est sortie de Ses lèvres et la Parole de Dieu demeure éternellement. Lorsqu’Il a dit une fois : « Tes péchés sont pardonnés, ta foi t’a sauvée, va-t’en en paix », ces paroles demeurent à jamais. Il en est de cela comme du sang placé sur les poteaux et sur le linteau des portes ; il n’eut jamais besoin d’être renouvelé.

Mais, pour avoir une illustration plus frappante de la vérité qui s’offre à nous, tournons nos regards vers les sœurs affligées de Béthanie. Elles aussi étaient angoissées, mais d’une manière bien différente de cette femme qui était assise aux pieds de Jésus, les baignant de ses larmes. Le pardon et la justification n’étaient pas du tout en question pour Marthe et Marie : ce dont elles avaient besoin, c’était de consolation et de force pour le moment de leur profonde douleur et de l’impuissance complète de la nature. Et quels trésors nouveaux Il leur découvre alors ! Les trésors inépuisables de Son amour, de Sa tendresse, de Ses sympathies, de Sa puissance et de Ses consolations. Oh ! quelles scènes elles contemplèrent, quelles paroles elles ouïrent et quelles bénédictions elles reçurent ! N’eût été la mort de leur frère, comme l’a dit admirablement quelqu’un, elles n’auraient jamais vu les larmes du Rédempteur. Mais ce n’était pas tout, bien que ces larmes doivent faire l’admiration des cieux et la plus profonde consolation de tous les bien-aimés de Jésus dans l’épreuve, en quelque temps que ce soit. Les deux sœurs goûtèrent au milieu de leur deuil non seulement le privilège d’être témoins de la plus touchante expression de l’humanité du Seigneur, mais aussi celui de voir manifester en puissance Sa divinité. « Jésus pleura »« Lazare, sors dehors ». Et ce fut à elles, au milieu de leur douleur profonde, que Jésus révéla cette vérité bénie — « Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra. Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais ».

Quelle gloire pour Dieu, nous pouvons bien le dire — quelle expression de ce qu’est notre Jésus — quel baume pour l’affligé — quelle bénédiction pour Marie découlèrent de la mort de Lazare ! Dans un sens élevé et béni l’âme n’a à faire, dans ce moment, qu’avec le Seigneur Lui-même. L’expérience devient de plus en plus une chose personnelle. Maintenant le langage de l’âme n’est pas tant ce que le Seigneur a fait pour moi que ce qu’Il est Lui-même pour moi. La communion n’est pas simplement une chose vraie, elle est surtout une chose personnelle. « Tu dresses la table devant moi ». « Tu » — « moi ». Les douces consolations que le Seigneur procure dans ces temps-là, surpassent de beaucoup tout ce que l’on peut exprimer ou décrire ; elles portent l’empreinte de Sa propre main.

Celui qui connaît la fin depuis le commencement et qui voit ce qui va arriver, peut seul préparer des provisions. Rien ne le prend par surprise. La nuée qui obscurcit les cieux et qui désole la terre a été vue de Lui avant qu’elle fût grande comme la main d’un homme. Elle peut avoir fondu sur le pèlerin comme la foudre, et l’avoir jeté dans une prostration telle qu’il ne savait que dire ni que faire. Il était comme anéanti et son âme recouverte des eaux profondes : mais il y avait un œil qui voyait ce qui allait survenir et qui y pourvoyait d’avance. Et quelle préparation que la sienne ! C’est avec étonnement et admiration que l’âme se prosterne en présence d’un amour qui a pensé à tout et a pourvu à tout jusque dans les plus petits détails. Adorable Sauveur, quelle grâce que la tienne, quels soins tu prends de tes rachetés ! Mais pourquoi s’en étonner ? Aucun événement, aucune circonstance ne peut être trop petite pour Celui qui compte les cheveux de notre tête et qui ne souffre pas qu’un seul passereau tombe à terre sans Sa permission.

« Tu oins ma tête d’huile ». Quelle douce conscience ce pèlerin possède de la proximité du Seigneur ! C’est là qu’est la force de son cœur. L’honneur conféré est immense et mérite sûrement d’être hautement estimé, mais ce que le cœur affectionne le plus, c’est la présence du Seigneur. Et véritablement peu importe qui peut être éloigné de nous, ou même peut nous être contraire, lorsque le Seigneur est près. En Sa présence nous goûtons, quant à tout ce qui nous entoure, un repos que nous ne pouvons trouver nulle autre part et qui est, nous n’en doutons pas, de la nature même de celui du ciel.

Est-ce là, ô mon âme, ta propre expérience ? Connais-tu la douce paix et la tranquille confiance que donne la conscience de la proximité du Seigneur ? Sûrement ceux qui ont expérimenté la puissance de cette présence au jour de la faiblesse et de l’épreuve ne l’oublieront jamais. Il y a une manière d’apprendre ces choses que ni le temps, ni les circonstances ne peuvent détruire, et que durant l’éternité entière nous nous rappellerons pour notre profit. Mais avant que le Seigneur nous enseigne ainsi il faut que l’âme ait été dépouillée de sa volonté propre et de tout ce qui tient à la nature. Il nous faut voir dans un profond et complet dénuement — un dénuement qui regarde au Seigneur seul, et qui se réjouit dans les ressources, comme venant directement de Lui-même ; et alors assurément les bras qui ont accueilli et soutenu la brebis défaillante — la puissance qui a relevé celle qui était comme jetée par terre et la plénitude qui a rempli le cœur dénué et vide, occuperont à toujours une place dans notre souvenir et le feront en réveillant chez nous une adoration pleine de gratitude.

Mais une âme ne peut-elle pas jouir de la présence intime du Seigneur sans avoir premièrement traversé l’épreuve ou connu les difficultés de la vie présente ? Ces choses ne forment sûrement pas la base de notre proximité, mais elles peuvent être une occasion pour en produire la conscience. C’est l’heureux privilège de tous ceux qui croient, de jouir d’une intimité spirituelle avec Dieu en Christ et cela par la puissance du Saint Esprit. C’est là un droit de naissance. « Notre communion est avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ ». Nous n’avons pas seulement reçu le pardon, mais nous sommes aussi réconciliés ; quoique, chose étrange à dire, j’en aie rencontré beaucoup qui avaient connaissance du pardon tout en demeurant étrangers à la réconciliation. Ceux-là ne connaissaient évidemment rien de cette proximité personnelle avec Christ dont nous avons parlé plus haut. Le doux, l’heureux, l’intime sentiment de la réconciliation est inconnu.

Mais pourquoi cela ? demandera-t-on peut-être. Parce que la vérité n’est pas pleinement reçue. Quelle est donc cette vérité ? pourra-t-on ajouter encore. Comme nous faisons simplement allusion à ce fait pour le moment, nous ne pouvons pas maintenant entrer pleinement dans le sujet, mais la réception du fils prodigue peut être considérée comme une réponse à cette question et une illustration divine de la doctrine de la réconciliation. La première chose que l’enfant prodigue reçut de son père, ce fut le baiser de paix — de réconciliation. Il est l’image vivante d’une âme vivifiée, pardonnée, scellée, acceptée, réconciliée et prosternée dans l’adoration. Dites-le, se trouvait-il dans la maison du père une personne qui eût plus que lui le sentiment du chez-soi ? Oh ! pas une. Il s’y trouvait dans toute la valeur de Christ — resplendissant de Sa beauté — exalté dans Sa dignité et paré des joyaux du ciel. Le père, dans son amour, ne savait comment faire assez de cas de lui, mais hélas combien il en est peu parmi nous qui savent s’abreuver à la fontaine de l’amour du Père ! — amour invariable et qui surpasse de beaucoup toutes les robes, les anneaux et les veaux gras. Oh ! notre Père — Père du Seigneur Jésus, donne-nous de connaître davantage de cet amour qui reçoit et qui accueille si joyeusement les prodigues humiliés et repentants ! Oh ! donne-nous de goûter cette paix parfaite — cette entière réconciliation — cette heureuse et joyeuse adoration !

Mais tout pécheur réellement converti maintenant peut-il lire sa propre réception dans celle du fils prodigue ? Oui certes, et même il le doit, car le Père n’est pas changé. Il peut aussi rattacher à l’amour qui reçoit, l’amour qui cherche, de sorte qu’il a tout lieu de se réjouir dans l’amour du Père, du Fils et du Saint Esprit. Et avec la nouvelle lumière que nous donnent les épîtres, nous avons quelque chose de plus encore que ce qui est contenu dans ce précieux chapitre 15 de Luc. Le nouveau terrain, c’est-à-dire la mort et la résurrection de Christ et Son exaltation à la droite de Dieu, est révélé et développé dans les épîtres. C’est là le terrain tout à fait nouveau sur lequel le croyant est placé dans sa réconciliation avec Dieu. De là la doctrine si clairement enseignée dans les épîtres de notre union avec Christ comme l’homme ressuscité et élevé en gloire. C’est là que nous lisons que le chrétien est dans le Christ Jésus — qu’il est uni au Seigneur et qu’il est assis ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus (Rom. 8, 1 ; 1 Cor. 6, 17 ; Éph. 2, 6).

Mais revenons à la question de la jouissance de notre proximité avec le Seigneur. Il est très vrai que notre privilège béni est de connaître notre position de proximité spirituelle avec Lui, Sa présence avec nous en tout temps et dans toutes les circonstances ; mais qui est suffisant pour en parler ? Méditons plutôt sur les expériences faites par l’homme de foi, telles qu’elles sont décrites par le Saint Esprit. La plupart de ces expériences s’appliqueront à Christ Lui-même dans Son sentier ici-bas, et à tous ceux qui, dans tous les âges, ont marché sur Ses traces. C’est le sentier de l’homme craignant Dieu placé sous le regard et les soins infatigables de Jéhovah. La souffrance et l’humiliation, l’honneur et la gloire s’y rencontrent. Celles-là pour un temps, ceux-ci pour toujours.

Mais, bien que le Seigneur puisse être connu et apprécié dans la simplicité de la foi, c’est à travers les eaux amères de Mara et les ombres épaisses de la mort que notre pèlerin arrive à la table du roi et qu’il devient un convive honoré dans sa maison de festin. Passer d’abord par les souffrances pour arriver ensuite à la gloire est beaucoup meilleur que de jouir premièrement de la gloire pour endurer plus tard les souffrances.

Tandis que le pèlerin est assis à la table que le Seigneur a dressée pour le restaurer, de nouveaux honneurs et de plus riches bénédictions se préparent pour lui. Nous pouvons dire que, selon les coutumes orientales, l’hôte se lève de sa place pour répandre l’huile de parfum sur la tête de son convive. Les peuples orientaux regardent cela comme un témoignage de haute considération ordinairement réservé pour les étrangers et les convives les plus distingués. L’huile est mélangée avec les parfums les plus coûteux, de sorte que la salle du festin est remplie d’une odeur suave. Il n’est pas rare de voir, en de certaines occasions, le serviteur oindre la tête de tous les convives ; mais lorsque c’est le maître lui-même qui accomplit ce service sur un être particulièrement favorisé, quel honneur en ressort pour lui ! Et cependant la foi peut dire de Celui qui est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs : « Tu oins ma tête d’huile ». Aucun serviteur n’est employé en cette circonstance, l’hôte royal prend Lui-même la place de serviteur.

Il est bien évident, d’après les paroles que le Seigneur prononce dans la maison de Simon, que cet usage était adopté parmi les Juifs : « Tu n’as pas oint ma tête d’huile, mais elle a oint mes pieds avec un parfum ». Ce que l’homme plein de propre justice avait gardé pour lui, était libéralement et joyeusement offert par l’humble et pauvre pénitente. Le pharisien ne L’avait pas jugé digne d’un peu d’eau pour se laver les pieds, bien moins encore d’un parfum de grand prix pour Sa tête. Mais qui, du reste, a jamais entendu dire que la propre justice ait eu de l’huile pour la tête, de l’eau pour les pieds, ou un baiser d’heureuse bienvenue pour l’humble Fils de l’homme ? Mais la pauvre pénitente pourvoit à tout cela. Les fontaines de son cœur sont toutes rompues, de sorte que ses larmes inondent les pieds de Jésus. Cela me rappelle ce que me dit quelqu’un que la Parole venait d’atteindre et dont l’émotion étouffait presque la voix. « Il me semble, dit-il, qu’une source jaillit au-dedans de moi et remplit, à la fois, mon cœur et ma tête ». Notre femme aussi avait au-dedans d’elle une source qui jaillissait dans son cœur et lui fournissait les moyens de se procurer un parfum de grand prix et de payer tout autre tribut d’honneur au Sauveur de son âme. Oh ! quelle scène ! quelle leçon ! Une pauvre pécheresse dégradée et ruinée, qui avait ouvertement violé la loi, entre dans la demeure de la justice de l’homme pour se prosterner aux pieds du Fils de David, et c’est de là, du centre même de la vaine gloire pharisaïque, qu’elle emporte la bénédiction. Elle est enrichie du plus noble prix que l’âme ait jamais reçu, tandis que les chefs du peuple qui refusaient de reconnaître la seigneurie de Jésus demeurent pauvres, misérables, aveugles et nus. « Celui qui s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé ».

L’onction est d’un usage fréquent dans les Écritures, et nous voyons aussi que dans leurs pratiques et leur culte les Juifs faisaient un grand emploi de l’huile sainte. Les prophètes, les sacrificateurs et les rois étaient oints et consacrés par ce moyen ; et elle formait un ingrédient important dans les offrandes. Les ustensiles mêmes du tabernacle devaient être oints avec cette « huile de l’onction sainte ». Composée d’après les directions divines contenues en Exode 30, elle était évidemment une figure expressive du Saint Esprit dans Ses opérations nombreuses et variées ; son écoulement silencieux dans les tuyaux d’or (Zach. 4) peut représenter son travail tranquille et inaperçu dans l’âme.

Mais l’onction de la tête que signale notre magnifique psaume, est plutôt l’emblème d’une bénédiction personnelle qu’une observance cérémonielle. Au commencement du psaume, l’homme de Dieu présenté sous la similitude d’une brebis avec son berger, parle de sa confiance parfaite en Jéhovah, et cette confiance ne l’abandonne pas un instant ; elle caractérise le psaume entier. « L’Éternel est mon berger, je n’aurai point de disette ». Il est conduit par les soins de son berger dans de verts pâturages et auprès des eaux tranquilles ; mais un jour d’épaisses ténèbres survient et la scène entière est obscurcie. Le pèlerin doit traverser l’épreuve et la souffrance, bien que la main qui dispense les coups soit invisible. La mort passe sur son sentier laissant derrière elle une ombre terrible. La scène, naguère si paisible, si douce et si heureuse, est transformée en une vallée de larmes, et cependant le Seigneur est là et Sa présence est goûtée. « Tu es avec moi, ton bâton et ta houlette sont ceux qui me consolent ». Maintenant la figure change — nous passons de l’emblème d’une brebis reposant tranquillement sous les soins du berger à l’emblème d’un convive assis à la table du roi.

« Tu dresses la table devant moi, en face de mes adversaires ; tu oins ma tête d’huile, ma coupe est comble ». « La table » peut être considérée comme le symbole de la communion de l’âme avec le Seigneur Lui-même, et elle est, sans doute, présentée ici comme développant d’une manière plus riche et plus entière le caractère d’une intime communion avec Lui. Il l’exprime ailleurs en disant : « Voici, je me tiens à la porte, et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui, et je souperai avec lui et lui avec moi » (Apoc. 3, 20).

L’onction de la tête semble être l’expression d’une faveur plus extérieure, plus publique, et cette bénédiction signalée amène celui qui en est l’objet dans une communion bénie avec le Maître Lui-même. Lui fut oint, non avec l’huile du sanctuaire, mais avec le Saint Esprit descendu du ciel. « Et Jésus ayant été baptisé, s’éloigna aussitôt de l’eau et monta ; et voici, les cieux lui furent ouverts, et il vit l’Esprit de Dieu, descendant comme une colombe, et venant sur lui » (Matt. 3, 16). Ailleurs nous lisons que « Dieu a oint Jésus de Nazareth de l’Esprit Saint et de puissance ». Et encore : « Tu as aimé la justice et haï l’iniquité ; c’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint d’une huile de joie au-dessus de tes compagnons » (Act. 10, 38 ; Héb. 1, 9).

Elle est merveilleuse, en vérité, pour nos âmes cette vérité qui resplendit à travers l’emblème de l’onction. Ici, nous sommes appelés les « compagnons » de Christ ; et nous savons que, comme homme, Il est désigné par le nom de « compagnon » de l’Éternel des armées (Zach. 13) Quel lien ! tu as bien raison de t’écrier, ô mon âme, quel lien entre nous et le Dieu vivant ! Il est dit de tous les chrétiens : « Vous avez l’onction de la part du Saint » ; et aussi : « celui qui nous lie fermement avec vous à Christ et qui nous a oints, c’est Dieu » (1 Jean 2, 20 ; 2 Cor. 1, 21). Il est parfaitement vrai qu’Il est oint d’une huile de joie au-dessus de ses « compagnons » ; mais il est vrai aussi que nous sommes Ses « compagnons ». L’Esprit de vérité le déclare, nous le croyons et bientôt le jour manifestera la chose.

Comme rois et sacrificateurs de notre Dieu et Père, nous serons prochainement associés avec notre glorieux Seigneur dans Sa domination et dans Sa gloire. Nous serons alors publiquement reconnus comme les compagnons de Celui qui aura en Sa main le gouvernement des cieux et de la terre. « Et je vis des trônes ; et ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné… ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ et ils régneront avec lui mille ans » (Apoc. 20). Mais ne pensons pas qu’à la fin des mille ans nous devrons cesser de régner avec Christ ou d’être Ses compagnons. Il est vrai que cette époque sera celle où Christ remettra le royaume à Dieu le Père et où Il déposera l’autorité et la puissance. « Car il faut qu’Il règne jusqu’à ce qu’Il ait mis tous Ses ennemis sous Ses pieds » (1 Cor. 15) Mais notre règne avec Christ commencera, pour ainsi dire, seulement alors ; car nous régnerons en vie par un seul, Jésus Christ (Rom. 5, 17). Notre vie éternelle et notre règne avec Christ doivent coexister à jamais.

Adorable Seigneur ! Quel amour que le tien ! Quelle perspective tu places devant nous ! Que dire en face de telles choses ? Oh ! donne-nous de marcher d’une manière digne de l’huile sainte que notre Dieu a répandue sur nous ! Pour le moment, nous ne pouvons que nous prosterner pour adorer en présence d’une semblable grâce, et c’est avec vérité que nous nous écrions : « Ma coupe est comble ».

« Ma coupe est comble ». Heureux état ! La bénédiction du convive du Roi ne connaît plus de mesure. Celui qui vient de traverser les sombres profondeurs de la vallée est maintenant introduit dans une scène de joie des plus élevées, et c’est là qu’il reçoit publiquement l’assurance de la faveur du Seigneur. Cependant nous ne devons pas perdre de vue que la vallée peut être un témoignage aussi expressif que le banquet de la faveur du Seigneur, bien que les résultats soient dans notre expérience si différents. Pour le moment, la coupe de joie est comble, mais cette joie est exclusivement dans le Seigneur. La scène en bas peut être aussi sombre que jamais. Ces deux choses sont parfaitement conséquentes dans l’expérience chrétienne et connues pratiquement de la plupart d’entre nous. Désormais les scènes terrestres peuvent être dépourvues de joie, bien que traversées par des témoignages nombreux de miséricorde, tandis que le cœur nage dans les joies immenses de son Seigneur. Il se peut que tout ce qui nous entoure porte l’empreinte de la déception et du deuil ou que nous soyons placés sous le poids de la plus cuisante épreuve, tandis que tout en haut demeure calme, serein, joie sans mélange. Être placés devant Dieu dans la pleine valeur de Christ et dans le précieux sentiment que nous sommes les enfants de Son amour, cela suffit pour faire déborder de nos cœurs la plus franche et la plus heureuse louange.

C’est là, ô mon âme, la conséquence naturelle du festin royal. Et comment pourrait-il en être autrement ? Être assis à la table du Roi — participer au repas que Lui-même a préparé — avoir la tête ointe d’une huile odoriférante et la coupe débordant de Son meilleur vin, je le demande, quelle autre exclamation convient mieux à l’âme que celle-ci : « Ma coupe est comble » ? Ma joie, ma bénédiction, mon bonheur est en son entier, oui, il jaillit même tellement au-dessus de sa mesure que je ne puis qu’aimer et louer.

Apprends, ô mon âme, de cette image si frappante ce qu’est l’adoration. Rien, sois-en sûre, n’est d’une importance plus grande pour le chrétien, car rien n’honore Dieu davantage. Sa gloire Lui est enlevée lorsque Ses enfants négligent de L’adorer. Le caractère vrai du culte et le seul principe sur lequel il puisse être rendu sont vus ici. Oh ! combien ce psaume est plein d’instruction et de beauté ; et en combien de points il s’applique à notre Seigneur Lui-même. Oh ! comme Sa coupe était pleine de joie, et de douleur aussi, lorsqu’Il était ici-bas comme l’homme parfaitement dépendant, se confiant dans les soins de Jéhovah ! Mais chez le pécheur sauvé par grâce, combien elle est merveilleuse cette expérience qui le rend capable de s’écrier au milieu des plus profondes eaux : « Ma coupe de joie est comble, ma coupe de larmes l’est aussi ». Telle fut toujours la mesure de la coupe du Seigneur comme l’homme de douleurs. Mais Il connut parfaitement les deux choses, cela est vrai. Quelle faveur d’avoir communion avec Lui ! Quel privilège, bien qu’il soit goûté maintenant dans les larmes, de participer à Sa coupe de souffrance aussi bien qu’à Sa coupe de joie — de connaître quelque chose de Ses angoisses terrestres aussi bien que de Ses délices célestes. Jamais nous ne pourrons toucher à la coupe de colère qu’Il but à notre place ; elle fut vidée jusqu’à la lie. « Tout est accompli ». Mais nous boirons à Sa coupe de joie durant toute l’éternité. Alléluia ! « Entre dans la joie de ton Seigneur ». Voilà quelle va être l’heureuse bienvenue que nous recevrons de Sa part prochainement. Et remarque, ô mon âme, qu’il ne s’agit pas seulement de la joie du ciel, ou de la joie des anges, mais de la joie de ton Seigneur.

Mais demanderas-tu peut-être, ô mon âme, quelle est la signification spirituelle de cet emblème ? Nous croyons qu’il dépeint une âme entrée dans le véritable esprit du culte. Nous ne nous souvenons pas d’avoir rencontré dans les Écritures quatre autres paroles qui donnent aussi entièrement la véritable idée du culte.

Le Maître a tellement rempli le vaisseau qu’il déborde. Lorsque le cœur est plein de la vérité, « de la vérité telle qu’elle est en Jésus », et que le Saint Esprit y habite, ce cœur déborde bientôt en actions de grâce et en louanges — il adore Dieu, qui est Esprit, en esprit et en vérité. Le cœur du convive répond, osons-nous dire, à la bonté de l’hôte, mais il est clair que c’est ce que Dieu répand dans l’âme par Sa grâce qui remonte de l’âme vers Lui en expressions de reconnaissance. C’était la fumée montant de l’autel comme un encens d’agréable odeur.

Il est évident qu’un vase plein ne peut rien contenir de plus. Tout ce qui lui est donné ensuite ne fait qu’augmenter son débordement. Mais de quelle nature, je le demande, sont les sentiments spirituels d’une âme qui répond à cette figure ? D’une nature et d’un caractère célestes — ils sont le fruit du Saint Esprit. Rien sur la terre ne se rapproche autant de l’occupation céleste que l’adoration. Ce sera notre heureux emploi durant les âges de l’éternité. Mais il faut que l’âme habite en esprit le ciel — oui, le saint des saints, avant d’atteindre cette condition, et c’est là que le chrétien devrait toujours se trouver. Il est en Christ, et Christ remplit le ciel de Sa gloire. Pour Dieu, il n’existe pas maintenant de culte se rattachant à un parvis extérieur ; il faut qu’il soit offert par des sacrificateurs et en dedans du voile. Lorsque le cœur de l’adorateur répond au débordement de la coupe, il est évidemment rempli — rempli de manière à ne laisser aucun vide. Il éprouve spirituellement un parfait rassasiement quant à tous ses désirs ; chaque souhait est réalisé et tous les soupirs de l’âme sont satisfaits. Il est vrai que l’adorateur n’est pas encore entré dans la gloire de la résurrection, mais il possède tout excepté la gloire et il en a conscience. Il est vrai que, pour cela, il est dans l’attente, mais sans aucune espèce d’incertitude. « Car nous par l’Esprit, sur le principe de la foi, nous attendons l’espérance de la justice » (Gal. 5, 5) L’espérance qui appartient proprement à la justice, c’est la gloire. Nous avons maintenant la justice en Christ et nous attendons la gloire, et cependant toutefois dans un sens, nous la possédons déjà, car le Seigneur dit Lui-même : « Et la gloire que tu m’as donnée, je la leur ai donnée ». Il est même un sens plus particulier encore dans lequel nous pouvons dire que nous la possédons déjà d’après ce qu’exprime l’apôtre dans l’épître aux Colossiens : « Christ en vous l’espérance de la gloire ». Mais nous attendons, cela est vrai, la gloire de Dieu dans sa pleine manifestation.

Il peut être à propos de signaler ici la différence qui existe entre la prière et l’adoration, quelque rapport qu’il y ait entre les deux choses et quelque convenable même que soit parfois leur mélange comme nous le lisons en 1 Timothée 2 : « des supplications, des prières, des intercessions, des actions de grâces ». Nous avons toujours d’abondants sujets d’être reconnaissants ; néanmoins les deux choses sont en elles-mêmes parfaitement distinctes. Nous apportons nos vaisseaux vides à une réunion de prières, suppliant notre Dieu et Père de les remplir ; cela montre notre connaissance de Dieu et notre confiance en Lui, de telle sorte que si la prière est faite avec foi, l’huile pourra couler jusqu’à ce que chacun des vaisseaux soit rempli (2 Rois 4). C’est ainsi que la prière peut conduire au culte comme le font aussi l’évangélisation et l’entretien ou l’enseignement des enfants de Dieu. Mais avec cela il est essentiel de comprendre la différence qui existe entre la prière, la prédication, l’enseignement et le culte. Toutes ces choses sont d’une importance très grande en elles-mêmes, elles sont toutes de Dieu et ne doivent pas être confondues. Dans la prédication de l’évangile Dieu s’adresse au monde ; dans l’enseignement Il parle à Ses saints ; mais dans le culte c’est nous qui nous adressons à Dieu, nous Lui rendons adoration. Le ministère s’exerce de la part de Dieu en faveur de l’homme, tandis que le culte part de l’homme pour monter vers Dieu. Il n’est peut-être pas deux choses qui soient plus distinctes ; et cependant il en est peu qui soient aussi ordinairement confondues. Une adoration vraie peut être produite par l’un des services dont nous avons parlé, et même l’esprit d’adoration peut être goûté (et c’est heureux s’il en est ainsi), tandis que nous sommes employés à l’un de ces services ; mais dans le culte chrétien, nous nous approchons de Dieu comme de notre Père en Jésus et nous nous adressons à Lui. Lorsque nous connaissons Dieu tel qu’Il s’est révélé dans la personne et dans l’œuvre de Christ, nous éprouvons une sainte liberté en Sa présence et nous Lui rendons la louange, l’adoration et les actions de grâces d’un cœur reconnaissant.

L’Écriture emploie fréquemment et d’une manière très variée le mot de « coupe ». Parfois, il symbolise la joie ; parfois, il exprime la douleur ; mais dans le verset qui est placé devant nous, la coupe comble dépeint une joie qui dépasse toute mesure et qui s’harmonise parfaitement avec la position du croyant qui participe au privilège béni de l’onction. La table que Jéhovah avait dressée pour Son pèlerin fatigué faisait plus que subvenir à tous ses besoins ; rien ne manquait. La provision était entière et divinement appropriée à sa condition. Nulle nécessité de rappeler à l’hôte quelque chose à quoi il eût oublié de pourvoir. Réclamer ou désirer ceci ou cela à une pareille table, serait contraire à tous les sentiments que peut éprouver le convive rassasié, à moins pourtant que son cœur ne soupirât après une gratitude plus entière et des actions de grâces plus convenables. Ne devrions-nous pas tous être animés de cet esprit lorsque nous nous asseyons à la cène du Seigneur ? Oh ! bien certainement, et dans le sens le plus élevé. Et n’est-il pas vrai que dans ce magnifique verset nous possédons au moins une illustration de la cène du Seigneur, de la présence du Saint Esprit, et du culte rendu par l’assemblée de Dieu ? Assurément, car l’idée du culte est plutôt en rapport avec l’assemblée qu’avec un chrétien individuellement. La joie des autres augmente la nôtre et fortifie notre culte.

Cette vérité est placée devant nous d’une manière si admirable et si touchante dans le chapitre 26 du Deutéronome, que je me sens pressé de le considérer un instant. L’adorateur déjà introduit dans le pays promis aux pères, présente sa corbeille de prémices — fruits de la terre sainte ; et le sacrificateur la place devant l’Éternel son Dieu. Il adore dans le pays et ne présente à Jéhovah que les fruits du pays. Canaan est le type du ciel et nous ne pouvons adorer Dieu que lorsque nous y sommes en esprit et que nous présentons les prémices de cet heureux pays. L’amour, la joie, la sainteté, la louange, l’adoration et les actions de grâces croissent en abondance dans notre céleste Canaan. Mais la joie qu’éprouvait dans le pays l’Israélite racheté était partagée par d’autres. Il n’oubliait pas la misérable condition dans laquelle il était autrefois en Égypte bien qu’il en eût été retiré. « Mon père était un pauvre, misérable Syrien ; il descendit en Égypte ». Dans la joie nouvelle qui était désormais son partage, il invite le Lévite, l’étranger, l’orphelin et la veuve à partager son abondance. Mais ce n’était pas tout : il maintenait une marche de sainteté pratique sans laquelle il ne saurait y avoir de culte. « Je n’en ai point mangé dans mon affliction, et je n’en ai rien ôté pour l’appliquer à quelque usage souillé, et je n’en ai point donné pour un mort ; j’ai obéi à la voix de l’Éternel mon Dieu ; j’ai fait selon tout ce que tu m’avais commandé ». Son cœur s’élargit ensuite et il embrasse tout Israël. « Regarde de ta sainte demeure, regarde des cieux, et bénis ton peuple d’Israël et la terre que tu nous as donnée comme tu avais juré à nos pères, qui est un pays découlant de lait et de miel ». La vraie bonté et la largesse de cœur accompagnent toujours un véritable esprit céleste d’adoration. « Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom. Mais n’oubliez pas la bienfaisance et de faire part de vos biens, car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices » (Héb. 13, 15, 16).

Le sacrifice de Christ commémoré dans la fraction du pain est le seul fondement d’un culte vrai, et la présence du Saint Esprit dans l’assemblée est l’unique puissance par laquelle une adoration acceptable peut être offerte à Dieu. M’approcher de Dieu comme adorateur sans savoir que mon péché est ôté et que je suis une nouvelle créature dans le Christ Jésus, serait une présomption des plus audacieuses. Mais, lorsque nous savons que notre adorable Seigneur a, par le sang de Sa croix, pleinement glorifié Dieu, effacé tous nos péchés et nous a purifiés de toutes nos souillures, nous avons une sainte hardiesse pour nous approcher de Dieu comme de notre Père. Sans la croix, tout doit être jugement ; mais par le moyen de la croix tout est grâce, grâce illimitée. Le voile déchiré du haut en bas est pour nous un témoignage divin que Christ a aboli le péché par le sacrifice de Lui-même et nous a ouvert le chemin du lieu très saint. En vertu de Son sacrifice expiatoire, il n’est plus maintenant question de péché, que Dieu en soit loué, entre l’adorateur et Dieu. Cette question fut pleinement réglée à la croix ; réglée et mise de côté pour toujours. Le même coup qui frappa l’Agneau déchira le voile et fraya un chemin jusque dans la présence de la sainteté infinie où l’adorateur se tient maintenant sans conscience de péché et où il se réjouit dans la présence de l’Éternel son Dieu.

Arrête-toi encore un moment ici, ô mon âme, pour que ton adoration puisse s’élever et s’approfondir à la vue de cette croix merveilleuse qui est le grand centre de l’univers moral de Dieu ! C’est vers ce centre que se dirigèrent toujours Ses regards, et c’est sur ce point aussi que se porta par anticipation l’œil de la foi jusqu’à ce que vint le Sauveur. Et maintenant, n’est-ce pas la croix qui doit fixer notre attention à jamais comme étant le centre de toute notre bénédiction et la base de tout notre culte sur la terre et dans les cieux, pour le temps et à travers les âges de l’éternité ? Le « cantique nouveau » n’eût jamais été chanté dans le ciel et l’hymne de la louange n’eût jamais pu être entonnée sur la terre par des hommes déchus et ruinés, sans la croix de Jésus ; et sans cette croix aussi notre coupe eût été à jamais une coupe de terreur et de souffrance au lieu d’une coupe débordant de joie.

Ayant considéré brièvement l’unique fondement du culte — le sacrifice de Christ, nous nous arrêterons maintenant sur la seule puissance du culte — le Saint Esprit. Lorsque nous naissons de nouveau nous recevons une nouvelle nature qui est sainte et appropriée à la présence de Dieu. Elle est aussi capable de jouir de Lui, vérité bénie qui sûrement nous donne l’idée la plus élevée du bonheur que peut posséder une créature ; et pourtant ce bienheureux état peut être connu, déjà maintenant, comme l’apôtre nous le dit : « Mais nous nous glorifions même en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ » (Rom. 5, 11). Sans cette nouvelle nature il ne pourrait y avoir de culte. Le Père recherche l’adoration de Ses enfants. Être enfant, voilà la condition essentielle au culte ; mais le Père prend Ses délices dans le culte de Ses enfants ; Il ne l’accepte pas seulement, Il le recherche. Ô mon âme, qu’elle est étonnante et admirable cette vérité ! Notre Dieu et Père recherchant des adorateurs ! « Car aussi le Père en recherche de tels qui l’adorent ».

Mais en outre de l’œuvre de la rédemption, de la nouvelle naissance et de notre union avec un Christ ressuscité, le don du Saint Esprit est une chose indispensable au culte chrétien. Rien ne peut être plus simple que l’enseignement adressé à ce sujet par le Seigneur Lui-même à la femme de Samarie. « Mais l’heure vient et elle est maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité ». Ici notre Seigneur insiste sur la nécessité morale de la présence et de la puissance du Saint Esprit dans le culte chrétien. Et n’est-ce pas Lui, en effet, qui connaît le mieux ce qui convient au Père, Lui qui était « au sein du Père » (Jean 1, 18) ? Bien qu’enfants, ce n’est que par l’Esprit que nous comprenons Dieu, que nous jouissons de Lui et que nous L’adorons. Dieu étant Esprit, il Lui faut un culte rendu dans Sa nature à Lui — « en Esprit ». Un fils est de la même nature que son père.

Comme enfants, nous sommes faibles et dépendants ; mais nous sommes « fortifiés en puissance par son Esprit dans l’homme intérieur ». Comme enfants, nous sommes ignorants et légers ; mais le Saint Esprit nous communique la pensée de Dieu et nous donne de l’intelligence dans les choses divines, de sorte que nous pouvons nous approcher de Lui dans des pensées et des sentiments qui conviennent à Sa sainte présence. C’est le Saint Esprit habitant en nous qui nous donne conscience de notre union avec Christ et de notre proximité de Dieu. Il est le sceau de la rédemption et les arrhes de l’héritage. L’onction de la tête avec de l’huile est comme cette « onction » que nous recevons de Dieu et par laquelle nous connaissons toutes choses (voyez 1 Jean 2, 20 ; 1 Cor. 2, 12). Et c’est par le même Esprit que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs (Rom. 5, 5), amour qui est, pouvons-nous dire, la source de toute notre bénédiction et l’élan de toute notre adoration. Si donc le Saint Esprit est si absolument nécessaire au culte des chrétiens, il devient de la plus haute importance qu’Il ait la place qui Lui convient dans les assemblées des saints. « Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres ; et nous avons tous été abreuvés pour l’unité d’un seul Esprit » (1 Cor. 12, 13). Comment rendre à Dieu la gloire due à Son nom si l’Esprit est en quelque sorte éteint ou mis pratiquement de côté ? C’est là une question solennelle qui nous rappelle, dans une certaine mesure, le contraste si fermement établi par l’apôtre lorsqu’il s’adresse aux Philippiens (chap. 3, 3) : « Car nous sommes la circoncision, nous qui servons Dieu en Esprit, et qui nous glorifions dans le Christ Jésus et n’avons aucune confiance en la chair ».

Dans ce cas, ce n’est pas contre le péché de la chair, mais contre la religion de la chair que l’apôtre met en garde. Les deux sont également mauvais aux yeux de Dieu. Les vrais adorateurs sont connus par ces deux caractères, servir Dieu en Esprit et se glorifier dans le Christ Jésus. La chair peut être très pieuse à sa manière et se dépenser beaucoup en bonnes œuvres, mais elle ne sera jamais capable de se glorifier dans le Christ Jésus. Elle ne connaît rien de Christ comme méprisé du monde et honoré dans le ciel ; elle ne sait rien non plus de ce que c’est que d’avoir ses affections aux choses qui sont en haut. Mais même lorsque Christ a Sa juste place dans le cœur, et que le Saint Esprit est reconnu comme seule puissance du culte, nous avons à veiller contre le mélange des pensées de la chair avec les directions de l’Esprit. Ce sera toujours le but de l’ennemi, s’il ne parvient pas à substituer la chair à l’Esprit, de chercher au moins à les mélanger.

Mais est-ce que je me glorifie dans le Christ Jésus seul ? C’est là une question solennelle et qui peut servir de pierre de touche à chacun de nous — c’est la pierre de touche du culte spirituel. Ô mon âme, est-ce que tu atteins à ce niveau ? Christ est-Il ton tout en tous ? T’approches-tu de Dieu et te tiens-tu en Sa sainte présence te glorifiant en Jésus Christ seul ? Il fait les délices du cœur du Père, Il est l’objet du témoignage de l’Esprit et c’est en Lui que les siens se réjouissent et se glorifient. Heureux, trois fois heureux, ceux qui dans ce jour de piété charnelle « servent Dieu en Esprit, se glorifient dans le Christ Jésus et n’ont aucune confiance en la chair ».

Avant de terminer notre méditation sur la coupe de joie, il sera bon peut-être de nous arrêter un instant sur ce qui forme avec elle un contraste, c’est-à-dire sur la coupe de souffrance. Dans l’expérience chrétienne celle-ci précède et accompagne souvent l’autre. Comme l’une est naturelle et que l’autre est spirituelle, toutes deux peuvent être remplies à la fois ; mais ce n’est que pendant notre séjour temporel que nous pouvons avoir à faire avec la coupe de souffrance. Dans le ciel nous goûterons une joie pure et sans mélange et nous serons accueillis à l’entrée par ces paroles : « Entre dans la joie de ton Seigneur ». Nous boirons et pour jamais à la coupe même de notre Maître ; nous nous abreuverons à la même fontaine que Christ Lui-même. Possédant la même vie nous aurons le même goût pour les joies, les occupations et les bénédictions du ciel, quoique pas au même degré bien certainement.

En dehors de cette nature divine, il ne peut exister aucune disposition pour les choses divines. La nature purement humaine trouverait la lumière du ciel plus intolérable que les ténèbres de l’enfer. Oh ! quelle pensée ! Une âme immortelle amenée à un tel désespoir par le sentiment du péché, en présence de la sainteté, qu’elle cherche un abri dans les profondeurs des ténèbres et qu’elle crie « aux montagnes et aux rochers : Tombez sur nous, et nous cachez de devant la face de celui qui est assis sur le trône, et de devant la colère de l’Agneau ! » (Apoc. 6, 16). Déjà maintenant, l’évangile de la grâce de Dieu est prêché aux pécheurs en ces termes : « Or c’est ici le sujet du jugement, que la lumière est venue au monde et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises » (Jean 3, 19) Oh ! pourquoi ne sont-ils pas tous attirés maintenant à cette lumière — la lumière de l’amour éternel — la lumière de la croix de Jésus — la lumière de la grâce illimitée de Dieu ? Viens, oh ! viens pécheur ! Ne vaut-il pas mieux être manifesté à la lumière du glorieux évangile de grâce et d’amour où tes nombreux péchés te seront pardonnés et où tu recevras la vie éternelle comme un don de Dieu, que d’être révélé devant la face du Juge alors que la porte des compassions aura été fermée ? Pourquoi donc ne pas venir ? Le péché ne porte-t-il pas déjà maintenant avec lui un aiguillon terrible, alors que la jouissance en est passée ? N’en as-tu pas fait l’expérience, ô mon infortuné compagnon de péché ? Combien j’en ai vu se porter à des actes de violence et de folie à la suite de l’amertume et des remords laissés par le péché, après que ses jouissances s’étaient changées en fiel et en ver rongeur ! Mais quelle doit en être l’amertume dans ce lieu où le sombre et éternel désespoir s’empare de l’âme dans toute sa sinistre réalité ! Là, il ne reste que le péché et son aiguillon terrible, avec la conviction épouvantable qu’aucun soulagement ne pourra y être apporté.

Pourquoi donc ne te laisserais-tu pas convier, chère âme pécheresse, à venir à Jésus maintenant, oui précisément à ce moment même ? Si tu es assez coupable, assez descendue dans l’échelle sociale pour rougir de toi-même en présence d’autrui, tu peux cependant t’approcher en toute confiance de Jésus. Là, tu seras la bienvenue ; sois assurée d’un pardon immédiat, d’une acceptation et d’un salut parfaits au moyen de Son précieux sang. Ce fut l’expérience bénie de la femme pécheresse et du brigand converti sur la croix ; et elle peut devenir la tienne à l’instant. Celui qui mourut sur la croix pour toi et pour moi est bien digne de notre confiance. Et, dis, serait-Il mort pour nous s’Il ne nous eût pas aimés ? Oh ! lève les yeux sur cette croix et vois Son amour intarissable se donnant Lui-même et répandant là Son sang. Chercherais-tu un autre prodige que le prodige de la croix ? Dieu t’en préserve ! La plus grande réalité de l’univers, c’est l’amour de Jésus. Les cieux, la terre et l’enfer s’élevèrent une fois tous ensemble contre le substitut du pécheur. Tout refuge Lui manqua (Ps. 142, 4). Mais c’est alors que Son amour éclata, brisant tous les obstacles, pour se montrer dans toute Sa gloire et Sa puissance. Beaucoup d’eaux ne pourraient point éteindre Son amour et les fleuves mêmes ne le pourraient noyer, bien qu’Il ait pu dire en Esprit : « Les eaux m’ont environné jusqu’à l’âme ; l’abîme m’a environné tout à l’entour, les roseaux se sont entortillés autour de ma tête » (Jon. 2, 6). Encore, et encore, je te le demande : Veux-tu apprécier, apprécies-tu cet amour qui a volontairement enduré toute cette souffrance pour les plus grands pécheurs ? Et, dis-le, dans quel but penses-tu qu’il le fit ? Afin qu’ils pussent un jour partager avec Lui Son trône et Sa gloire. Décharge-toi de tout ton fardeau sur Jésus — confie-toi en Lui. Son œil ne s’obscurcit jamais, Son bras ne peut s’affaiblir, et Son cœur est incapable de se refroidir. Pour le temps et pour l’éternité tu trouveras le bonheur et la sécurité en te reposant sur Lui.

Mais regarde, ô mon âme, combien tu t’es écartée du sentier du troupeau — de ses joies et de ses peines. Eh bien, soit ! le bon Berger se plaisait à laisser les quatre-vingt-dix-neuf dans la bergerie, pour aller dans le désert chercher la brebis perdue, jusqu’à ce qu’Il l’eût trouvée.

Nous parlions tout à l’heure des deux faces de l’expérience chrétienne — la coupe des souffrances de la nature, et la coupe des joies spirituelles. Toutes deux peuvent déborder à la fois. Il arrive parfois que le pauvre cœur humain est tellement brisé par la douleur, qu’il ne peut regarder en haut ; sa force, sa vigueur, son objet quant à sa vie, tout semble disparu. Dans de pareils moments, il est comme affaissé et renversé sous le poids de l’épreuve, au point qu’il ne paraît plus pouvoir se relever. Et sûrement, sans la main miséricordieuse du Seigneur, il tomberait dans un état désespéré. Voilà quel est le poids accablant de la souffrance humaine — souffrance que les bien-aimés du Seigneur ont quelquefois expérimentée ; mais, plus qu’aucun des siens ne pourra le faire, notre Seigneur Lui-même est entré dans toute la profondeur de cette souffrance comme homme de douleurs. Et maintenant, comme la Tête vivante et le grand souverain Sacrificateur de Son peuple, Il est capable de secourir et de relever l’âme affligée et abattue.

C’est précisément alors que le Seigneur peut se révéler à l’âme et attirer les regards sur Lui de manière à les détourner de l’épreuve et à la rendre ainsi moins cuisante. Ce n’est pas que l’affliction soit retirée ou rendue moins profonde ; non, elle le devient peut-être davantage, et ce qui était seulement redouté peut même s’être transformé en une sombre réalité ; aussi, pouvons-nous dire, que l’âme occupe, à la fois, deux régions et qu’elle se trouve dans deux états différents. Dans la nature, elle traverse les désolations de la terre ; mais, par la foi, elle entre au milieu des réalités immuables du ciel. Les deux choses sont vraies, mais les joies spirituelles changent le caractère des afflictions terrestres et donnent la force de les supporter. Le repos étant goûté de nouveau, l’âme se rappelle que le bien-aimé qui nous a devancés attend auprès du Seigneur, dans une jouissance paisible avec Lui, que vienne le jour de la manifestation publique de Sa gloire. Mais quelle expérience et combien elle est vraie ! Les deux coupes sont combles au même moment, l’une de joie et l’autre de douleur. Celle-ci ne tardera pas à disparaître pour jamais, mais celle-là demeurera dans notre souvenir durant toute l’éternité, comme un témoignage des plus doux et des plus puissants de la compassion de l’amour et des tendres sympathies de notre Sauveur.

En Romains 5, 1-11, cette page de l’expérience chrétienne est tracée devant nous d’une manière très claire et il nous sera profitable, je n’en doute pas, d’y jeter un coup d’œil. Posséder une intelligence spirituelle et personnelle de ces versets, est une riche portion pour notre âme. « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons eu accès aussi par la foi à cette faveur dans laquelle nous sommes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu ». La pleine bénédiction de l’âme en rapport avec le passé, le présent et l’avenir, est résumée dans ces deux versets. L’œuvre de Christ en est la base : « lequel a été livré pour nos offenses et a été ressuscité pour notre justification ».

Quant au passé, il est aboli pour tous les croyants — tout ce qui était en rapport avec le vieil homme a pris fin aux yeux de Dieu, à la croix. Le péché, dans sa racine et dans ses fruits, y a été jugé ; et ainsi tout ce qui devait être effacé, l’a été selon les exigences de la gloire de Dieu et selon les besoins du pécheur. Désormais le chrétien est un avec Christ en résurrection. La mort, le jugement, le monde, le péché et Satan sont derrière lui. Sur ce terrain — le terrain de la mort et de la résurrection, il y a paix parfaite pour le chrétien — paix avec Dieu. « Étant justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu ». Quant au présent, nous sommes introduits dans la pleine faveur de Dieu ; notre position est une position de faveur. « Nous avons eu accès aussi par la foi à cette faveur dans laquelle nous sommes ». Et quant à l’avenir, « nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu ». Nous sommes placés entre la croix et la couronne. Notre hier a été le Calvaire, notre demain sera la gloire.

C’est là la vraie condition du chrétien ; non pas dans son expérience, mais par la foi. Ayant été justifiés, possédant la paix, nous tenant dans la grâce, nous attendons la gloire. Sûrement, l’expérience découlera de cette condition. L’Esprit de Dieu ayant amené le chrétien au faîte de sa position comme homme nouveau en Christ, et lui ayant donné un aperçu de la gloire à travers le voile, Il le ramène, pour ainsi dire, à goûter par expérience les difficultés de la vie au milieu desquelles pourtant il peut encore se glorifier. Il se glorifie dans les profondeurs aussi bien que sur les hauteurs. Personne n’est capable de se réjouir dans les tribulations, comme celui qui se glorifie dans l’espérance immédiate de la gloire de Dieu, et c’est ce que nous trouvons chez le plus grand des apôtres, lorsqu’il fut « ravi jusqu’au troisième ciel ». Là, il ne put se glorifier qu’en Christ seul ; et lorsque descendu de nouveau au milieu des tribulations, il eut à supporter « l’écharde dans la chair », il rencontra le même Christ avec lui dans ces profondeurs. « Je me glorifierai donc très volontiers », dit-il, « plutôt dans mes infirmités, afin que la puissance de Christ repose sur moi ». Nous rencontrons la même expérience dans les onze versets placés devant nous. « Et non seulement cela, mais nous nous glorifions aussi dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la patience, et la patience l’expérience, et l’expérience l’espérance, et l’espérance ne rend point honteux, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné ». Les cordes de son âme sont ainsi mises en vibration, et après être descendue jusque dans les profondeurs elle atteint de nouveau les sommités, car il possède la douce jouissance de l’amour de Dieu répandu dans son cœur, et puis le don du Saint Esprit. Quel état béni pour l’âme, même pour celle qui se trouve sous l’ombre de la mort ! Mais ce n’est pas tout ; il y a plus encore à apprendre dans cette vallée de larmes ; il reste une autre expérience à faire. Le chrétien est ramené, non pas à la tribulation, mais à une connaissance expérimentale de sa propre ruine morale. Il faut qu’il apprenne qu’il a été sans force, impie, pécheur et ennemi, mais ces vérités humiliantes sont apprises à la lumière de l’amour parfait de Dieu, de l’œuvre accomplie du Sauveur et de la présence du Saint Esprit. Mais remarque, ô mon âme, quel est le terme de cette progression ! Impossible d’en atteindre un plus élevé : « Nous nous glorifions même en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ ». Sûrement, la joie que nous trouvons en Dieu Lui-même surpasse de beaucoup celle que nous goûtons dans les choses qu’Il nous donne.

Quels sujets de ravissements, ô mon âme, dans ce qui peut être connu, expérimenté, savouré par le pauvre pèlerin dans le désert ! Il peut paraître aux yeux des hommes un être insensible, sans cœur et sans joie, en un mot, une créature indéfinissable ; mais dans quelles profondeurs il pénètre, sur quelles hauteurs il s’élève, quels coups d’œil il envisage, quelle puissance il possède et quelle gloire illumine son sentier ! Pour lui, c’est la gloire au ciel, et dans la vallée d’humiliation. Il connaît l’histoire de l’avenir mieux que celle du passé, et la lumière divine répand ses rayons sur le présent. Ah ! pauvre monde, monde aveugle et mort, tu ne connais pas cet homme mystérieux ! Oh ! si tu voulais seulement venir à Celui qui est la lumière de la vie et la lumière des hommes. La grâce est généreuse ; ce qu’elle possède, elle désire ardemment le partager avec toi. Elle te prie, te supplie de connaître et d’aimer le seul ami des pécheurs. Une chandelle qui en allume une douzaine ne perd par cela rien de sa clarté à elle, mais le faisceau de lumières brille d’un éclat beaucoup plus resplendissant. Prends dès maintenant ta portion parmi ceux qui marchent à la lumière du Seigneur, et que ton sentier puisse être comme la lumière resplendissante qui augmente son éclat jusqu’à ce que le jour soit en sa perfection.

« Oui, le bien et la grâce m’accompagnent tous les jours de ma vie, et mon habitation est dans la maison de l’Éternel pour toute la durée des jours ». Nous venons de voir que dans la richesse de l’expérience chrétienne, le pèlerin apprend à connaître intimement la joie et la souffrance. Ces choses nous ont été enseignées à la fois à l’école de Dieu et par Sa Parole écrite.

Considère soigneusement, ô mon âme, que le pèlerin n’est pas vu ici avec une coupe dans chaque main, mais avec un ange gardien de chaque côté. « Oui », ou plutôt Sûrement (vers. angl.) « le bien et la grâce m’accompagnent tous les jours de ma vie ». Remarque le premier mot qui échappe de son cœur : « Sûrement ». N’y a-t-il pas dans cette note de la foi quelque chose de triomphant, surtout après l’expérience profonde et variée qui vient d’être faite ? Pas de doutes, pas de craintes, pas d’incertitude ici ; une confiance heureuse et tranquille remplit l’âme, c’est la pleine assurance de la foi. Cela ne nous rappelle-t-il pas la dernière parole de notre Seigneur à Son Épouse avant Son départ ? « Oui », (ou Sûrement, vers. angl.) « je viens bientôt ». Oh ! pourquoi cette parole n’est-elle pas tombée dans son cœur et n’y est-elle pas demeurée à sa place jusqu’à Son retour ? La parole du Seigneur dans le cœur et Sa personne présente à l’esprit, voilà ce qui seul peut produire l’expérience, la foi et le triomphe du psaume 23.

Comme l’homme de Dieu a conscience durant son pèlerinage de la dignité de sa suite ! Il est entouré d’honneurs royaux : non pas, il est vrai, de l’éclat qui accompagne les puissants de cette terre et qui fascine l’œil de l’homme, mais il est environné du bien et de la grâce du Dieu vivant. Voilà, pouvons-nous dire, ce qui compose la garde du pèlerin durant sa traversée du désert. Et que peut ajouter la foi, lorsqu’elle s’est exprimée ainsi ? Le ciel lui-même ne saurait fournir un secours plus convenable pour la scène de deuil que nous venons de traverser. Oh ! impossible. Ce sont des compagnons toujours disponibles, toujours prêts, toujours à la hauteur du besoin, capables de rencontrer les ennemis les plus redoutables ; leur origine est céleste, ils sont nobles et invincibles ; et cependant ils sont aussi doux et paisibles que l’amour pur du ciel. Ce tableau n’est pas imaginaire, il n’existe rien de plus réel pour la foi. « Oui, le bien et la grâce m’accompagnent tous les jours de ma vie ».

Penses-y, ô mon âme ; arrête un instant tes pensées et ta méditation sur cette vérité bénie. Mais prends garde de considérer trop longtemps ta propre condition — tes propres circonstances ; songe plutôt à tes champions célestes, « le bien et la grâce » ; et surtout à Celui qui te les a envoyés pour demeurer avec toi si longtemps — tous les jours de ta vie. Peux-tu parler encore d’être solitaire dans ce monde ? La foi te présente ces deux messagers d’amour, descendus du ciel pour te garder et t’accompagner tous les jours de ton pèlerinage. Mais pourquoi, demandes-tu peut-être, ces deux-là sont-ils choisis de préférence à d’autres ? Parce que « le bien » (ou la bonté) pourvoit à tous nos besoins, et que « la grâce » pardonne tous nos manquements. Sans eux, comment poursuivre notre course ? Le bon Berger a Lui-même parcouru le premier le chemin que suivent les brebis ; aussi connaît-Il ce qui vaut le mieux pour elles. Ce n’est pas qu’Il eût besoin, sous tous les rapports, des choses dont nous avons besoin, car Il était « sans péché » ; mais comme homme Il a marché sous les soins de Jéhovah dans le sentier que traversent Ses brebis. Il marche devant elles et elles Le suivent.

Il y a trois choses en rapport avec le Seigneur notre Berger que nous devrions connaître en tant que le troupeau de Sa pâture : 1° qu’Il a fait l’expérience des épreuves les plus cuisantes du désert, de sorte qu’Il connaît chacun des pas, chacune des difficultés, chacun des dangers du chemin, parce qu’Il y a marché Lui-même ; 2° Il mourut pour les brebis. Ayant d’abord suivi le chemin qu’elles devaient parcourir, Il laissa Sa vie pour elles ; 3° Il ressuscita ensuite d’entre les morts, afin de conduire ce troupeau pour lequel Il mourut, afin de veiller sur lui et de le nourrir, de sorte qu’Il est qualifié de toutes manières pour être le Berger du troupeau de Dieu. De là cette doxologie admirable : « Or le Dieu de paix, qui a ramené d’entre les morts le grand pasteur des brebis dans la puissance du sang de l’alliance éternelle, notre Seigneur Jésus, vous rende accomplis en toute bonne œuvre pour faire sa volonté, faisant en vous ce qui est agréable devant lui par Jésus Christ, auquel soit gloire aux siècles des siècles ! Amen ! ».

Dans ce magnifique et dernier verset de notre psaume, le pèlerin que nous avons suivi d’une manière si intime dans ses joies et dans ses douleurs, atteint, pouvons-nous dire, une éminence de laquelle il contemple le passé, le présent et l’avenir. Il est placé, pour ainsi dire, au centre du cercle. S’il s’agit de la position chrétienne, nous savons que le chrétien est en Christ, et que, Lui, Il occupe le centre de la bénédiction et de la gloire. Du haut de cette place privilégiée, le croyant ne parle plus que du bien et de la grâce comme étant le résumé de la traversée du désert. Il connaît les joies et les larmes ; il en a fait une longue expérience. Il connaît les verts pâturages et les eaux tranquilles, mais il a goûté aussi les eaux amères de Mara, et il est entré dans leurs profondeurs. Les ombres de la mort ont obscurci son sentier et répandu leur lugubre obscurité sur tous les objets de la vallée. Il connaît aussi les riches provisions de la table du Roi — le banquet royal — l’onction de la tête et le débordement de la coupe. Cependant, en jetant un coup d’œil rétrospectif sur les jours d’autrefois, et en envisageant le présent, il peut s’écrier en toute vérité : « Le bien et la grâce m’ont accompagné tous les jours de ma vie ». Puis, en anticipant sur l’avenir, l’affection filiale et l’amour du chez-soi ne découvrent plus que la maison du Père : « Mon habitation est dans la maison de l’Éternel pour toute la durée des jours ».

Le cher compagnon de pèlerinage duquel nous allons nous séparer, attend avec calme et triomphe sa dernière transformation. Son cœur, dans cette perspective, déborde de joie et de louanges. Tout est brillant ; mais le moment même du départ surpasse tous les autres ; il est certainement le plus heureux et le plus triomphant. Il devrait en être ainsi de tous les chrétiens, mais d’une manière particulière de tous ceux qui ont été enseignés de Dieu à « attendre des cieux son Fils ». Voilà quelle est la vraie espérance de l’Église et non pas la mort, bien que quelques-uns la placent avant la venue du Seigneur. Lorsque la grande et glorieuse vérité du retour de Jésus a sa propre place dans le cœur, le désir du départ est produit par la puissance de l’affection plutôt que par la simple connaissance d’une doctrine. Le Seigneur Lui-même est personnellement connu et aimé, et le cœur soupire après le moment où il sera avec Lui. Peu importe qu’il faille passer par les portes de la mort ou être enlevé avec tous les saints sur la nuée au-devant du Seigneur (1 Thess. 1, 9, 10 ; 4, 13-18). Ceux qui ont atteint la maison du Père avant l’enlèvement des saints, possèdent l’avantage de connaître le Seigneur dans cette nouvelle position. Expérience précieuse et toute particulière !

La position d’attente, occupée par le chrétien dans ce monde, peut être d’un intérêt profond et d’une grande utilité, et il se peut que les liens qui l’y retiennent soient nombreux et puissants : mais lorsque l’œil de la foi franchit la distance et pénètre jusque dans le ciel pour contempler ceux qui y sont et pour considérer ce qu’ils y font, le cœur désire instinctivement se joindre à ces heureuses multitudes. Le bien-aimé ou les bien-aimés qui nous ont devancés sont présents à notre esprit, bien que là-haut la joie de l’un soit la joie de tous. Il y aura, cela est vrai, l’individualité — une identité parfaite, mais il y aura aussi une bénédiction commune à tous.

Mais quelle grâce, avons-nous lieu de dire, que malgré nos murmures et nos manquements, la dernière scène de notre pèlerinage soit heureuse, calme et brillante ! Ici l’âme est près du Seigneur et la grâce resplendit — la foi triomphe, la gloire brille, les louanges abondent. Placée, pour ainsi dire, sur la limite des deux mondes, l’âme voit tout à la lumière de la présence de Dieu et la bonté divine, la bonté sans mélange, couronne tout son sentier ; ses sombres journées mêmes ne sont plus pour elle que des témoignages de la bonté et de la miséricorde de Dieu. Tout est perdu de vue si ce n’est les soins constants et invariables du Seigneur notre Berger. L’âme ne parle que du bien qui a pourvu si admirablement à ses besoins journaliers, et de la grâce qui a pardonné ses chutes continuelles.

Mais maintenant la fin est venue — la scène se clôt et déjà la maison du Père est en vue. Un seul œil brille dans le cercle de famille, un seul cœur est dans la joie. « Mon habitation est dans la maison de 1’Éternel pour toute la durée des jours ». Cela me rappelle les dernières paroles d’une chère jeune fille de dix-neuf ans, adressées à un père tendrement affectionné, qui paraissait brisé de douleur sous le poids d’une séparation qui devait être prochaine : « Cher père… ne peux-tu pas — me laisser partir ?… Je vais seulement… auprès de Jésus… et tu me rejoindras… bientôt ». Qu’ils sont doux et consolants ces mots, n’est-ce pas ? Mais elle, elle seule était calme et heureuse dans cette touchante scène. Plusieurs autres paroles semblables exprimèrent encore le repos et le bonheur de son âme, mais celles-ci furent accompagnées du plus tendre regard de sympathie dirigé vers son père bien-aimé qui venait de se jeter sur une chaise, dans un coin de la chambre, pour y donner un libre cours à ses larmes. Et maintenant c’est elle qui cherche à consoler celui qui a si souvent lu et prié près de son lit. Quelle grâce ! Quelle miséricorde accordée à un père, à une famille ! À Dieu en soit toute la louange. Oh ! ne sont-ce pas là les tendres et profondes sympathies du bon Berger envers l’agneau qu’Il porte sur Son sein ?

Et maintenant, après avoir longtemps arrêté notre méditation sur le magnifique psaume 23, et cela dans des sentiments profonds et mélangés, nous nous voyons contraints de le laisser pour d’autres thèmes, mais les leçons que nous y avons apprises de notre Père demeureront. Il sait graver sur les tables du cœur de manière à ne laisser ni au temps, ni aux circonstances, la puissance d’effacer. Le souvenir du passé peut jeter une ombre sur le présent, mais il n’est pas capable d’obscurcir notre brillant avenir. La pensée dominante des dernières paroles de ce psaume, c’est la maisonle chez-soi. Toutes les vicissitudes du désert sont passées, et maintenant la seule pensée qui remplisse l’esprit, c’est la maison — l’éternelle et heureuse maison. « Mon habitation est dans la maison de l’Éternel pour toute la durée des jours ». C’est là que le pèlerin fatigué et épuisé trouve un parfait repos ; celui qui était étranger sur la terre y trouve une céleste patrie, et c’est là aussi que le serviteur qui a achevé son travail entre dans la joie de son Seigneur.

Que le Seigneur accorde, tant à celui qui lira ces lignes, qu’à celui qui les écrit, de pouvoir, au temps convenable, atteindre cet heureux chez-soi ! Quelle pensée est plus douce à nos cœurs que celle de nous trouver bientôt chez nous ? Oh ! puissent tous ceux qui nous ont suivis dans nos méditations sur ce psaume, faire l’heureuse expérience du sixième verset et être ainsi capables de s’écrier avec nous : « Oui, le bien et la grâce m’accompagnent tous les jours de ma vie, et mon habitation est dans la maison de l’Éternel pour toute la durée des jours ».