Écho du Témoignage:Pensées sur Apocalypse 1

De mipe
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Outre le témoignage direct et béni de l’amour de Dieu et du salut individuel, il y a deux sujets que l’Écriture nous présente intimement unis l’un à l’autre : le gouvernement de ce monde, et l’Église. C’est à l’Église que le Saint Esprit confie maintenant les vérités divines ; c’est elle qui en est dépositaire[1]. La portion de l’Église est d’une nature exclusivement céleste. Être dans les cieux en esprit maintenant ; et, quand la plénitude des temps aura amené l’accomplissement des desseins de Dieu, y être, en réalité, associée à Christ dans le gouvernement de la terre : telle est essentiellement la portion de l’Église. Sa condition propre est d’être l’Épouse et le corps de Christ. Mais elle a aussi une existence extérieure et une responsabilité ici-bas. Elle doit être l’épître de Christ, connue et lue de tous les hommes, et présenter ainsi devant le monde le caractère de Dieu. Sous ce rapport, elle est considérée comme une dispensation responsable dans le monde, comme le labourage de Dieu, comme l’édifice de Dieu où les hommes peuvent mal construire, bien que le fondement ait été bien posé. Christ, de Son côté, poursuivra Sa propre construction à Lui, à travers toutes les phases de l’existence de l’Église, et aura à la fin, comme Sa maison dont Il sera la lumière et la gloire, l’Église parfaite en gloire. Contre cette œuvre sur la terre ou ses résultats dans les cieux, nul pouvoir de celui qui tient l’empire de la mort ne saurait prévaloir. Mais en tant que confiée au service et à la responsabilité de l’homme sur la terre, l’Église se trouve dans la condition d’une économie ; elle doit être rejetée et mise de côté si elle ne reste pas fidèle et ne manifeste pas la gloire qui lui a été confiée. Dans ce cas, Dieu agit à son égard, comme Il a toujours agi dans Ses rapports avec l’homme ; comme Il agit au commencement en lui donnant une innocence parfaite ; comme dans la suite Il fit en lui confiant successivement les promesses, la loi, la sacrificature, la royauté juive placée sous l’obéissance de la loi, la suprématie des Gentils indépendante de tout. Sous toutes ces dispensations, l’homme a failli ; elles seront rétablies en grâce en Christ ou sous Christ : on verra là le second Adam dont le premier n’était qu’une image, les promesses accomplies, la loi écrite dans le cœur, la sacrificature réalisée dans sa splendeur imposante, la royauté juive dans le Fils de David, la suprématie sur les Gentils en Celui qui se lèvera pour régner sur eux.

Bien que l’Église ne soit pas comprise là-dedans, cependant, en tant que sphère de la manifestation de la gloire céleste de Christ par la fidélité de l’homme ici-bas, et en tant que maison de Dieu par le Saint Esprit, elle est sujette à la même loi de responsabilité de l’homme, de chute, et d’accomplissement divin en grâce et en puissance. De même pour les assemblées locales — les chandeliers. Dans leur état normal, elles représentent, chacune en petit, l’état normal de l’Église, ce qui est manifesté du corps de Christ sur la terre ; mais, comme elle aussi, elles peuvent devenir tellement corrompues que leur chandelier leur soit ôté. Seulement, tandis que l’enlèvement du chandelier laisse l’assemblée subsister tout de même sur la terre, elle cesse d’y demeurer, comme scène de l’action de Dieu, dès l’instant que sa responsabilité prend fin. C’est ce qui fait, nous en sommes convaincu, que ceci ne saurait avoir lieu jusqu’à ce que soit venu le temps pour l’Épouse et le corps de Christ d’avoir une place meilleure dans les cieux.

L’Apocalypse nous présente Christ, comme Fils de Dieu ou l’Ancien des jours, dans Son divin titre de juge ; elle met sous les yeux le jugement de l’Assemblée et celui du monde, celui du dernier pouvoir apostat en particulier. Si nous ne l’étudions pas sous ce point de vue, nous ne la comprendrons jamais. De là, le caractère prophétique des communications. On y chercherait en vain les relations du Père avec Ses enfants, de Christ avec Sa fiancée et Son corps, bien qu’à la fin il soit parlé de l’Épouse dans le but d’identifier la cité avec elle. Les saints aussi, tout en ayant conscience de la grâce dont ils sont l’objet, comme aussi l’Église, à la fin, de sa propre relation, loin d’être en aucune manière le sujet du livre, en demeurent nettement séparés. Le livre est prophétique parce qu’il s’occupe du gouvernement et du monde ; l’assemblée elle-même y est envisagée dans sa responsabilité sur la terre, caractère qui doit à la fin occasionner son rejet, et non comme corps de Christ uni à la Tête dans les cieux. Il est de toute importance, non seulement par rapport à l’Apocalypse, mais pour la vérité en général, d’entrer clairement dans cette distinction, sinon l’on ne saura jamais ce que c’est que l’Église ; comme au reste dès qu’on le sait, elle s’impose, pour ainsi dire, immédiatement à l’esprit. Dans l’Ancien Testament, on trouve tout ce qui appartient à Christ, sauf Ses relations avec l’Église. Tout ce qui Le concernait était ouvertement révélé ; l’Église ne pouvait l’être : car tandis que son existence dépendait de la rupture du mur mitoyen, c’était de la conservation de ce mur que dépendait le maintien d’Israël et de la loi ; et véritablement sans cela, la responsabilité du premier homme n’aurait pas été pleinement mise à l’épreuve. C’est sur le fait que cette responsabilité a pris fin par suite de notre état de complète perdition, que reposent l’Église et nos relations avec Dieu et qu’une place nouvelle est prise par le second Adam ressuscité des morts, après l’acceptation de Son œuvre, Sa propre acceptation, à Lui, et Sa glorification en suite de cette œuvre, et la nôtre, par Lui et en Lui.

Notre responsabilité est également d’une autre nature. Elle ne consiste pas à nous conduire comme Adam aurait dû le faire, ou comme la loi le requérait, mais à marcher comme Jésus a marché, à manifester dans notre corps mortel cette vie de Jésus comme étant morts au péché, au monde et à la loi, et comme vivants de cette vie qui est descendue du ciel dans la personne du Fils venu du ciel. Je dois ajouter ici toutefois, qu’il ne faut pas chercher dans l’Ancien Testament la révélation du Père par le Fils comme habitant éternellement dans Son sein. Cette pensée ne lui est sans doute pas étrangère puisqu’on y trouve la relation de Fils ; mais elle est employée d’une manière conventionnelle (je ne veux pas signifier par là qu’elle ne soit pas vraie), ou envisagée dans le temps, et non pas comme ayant son fondement dans la nature de Sa personne, dans la divinité : elle y est comme une relation formée sur la terre : « Il me sera Fils et je raconterai l’ordonnance : Tu es mon Fils, je t’ai aujourd’hui engendré ». Cela se passe dans le temps, sur la terre ; c’est le glorieux et véritable titre du Messie, Son vrai caractère sur la terre. De même encore dans ce passage : « Je lui serai Père et il me sera Fils. Je l’établirai l’aîné, plus élevé qu’Agag et souverain sur les rois de la terre ». Mais dans le Nouveau Testament, le Fils nous apparaît ouvertement dans Sa relation propre avec le Père : « Nul homme n’a jamais vu Dieu[2] ; le Fils unique qui est au sein du Père, lui, l’a fait connaître ». Il a révélé le nom du Père, déjà même alors qu’Il était sur la terre. Il est venu envoyé de la part du Père. Par le Fils, Dieu a créé toutes choses. Il ne nous place dans cette relation d’enfants et de fils, adoptés, il est vrai, qu’en devenant notre vie. Aussi n’est-il jamais dit que cette vie est en nous, bien que nous l’ayons et soyons dits l’avoir ; mais Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie est en Son Fils. Celui qui a le Fils, a la vie ; Celui qui n’a pas le Fils de Dieu, n’a pas la vie.

Ceci me conduit à examiner de plus près la nature et le caractère de l’Apocalypse, parce que c’est Jean surtout qui met en avant ce dernier point de vue, en parlant des vérités qui ont trait à notre salut, spécialement de la présence du Saint Esprit, et, dans l’épître, de la propitiation. Dans son évangile, on trouve le Fils venu comme vie, la vie étant la lumière des hommes. Dans l’épître, c’est la vie qui est prise pour base, pour sujet principal, mais elle est montrée comme communiquée à l’homme, et son existence éprouvée par son vrai caractère, pour nous garder contre les séducteurs.

Il est à remarquer que, sauf dans quelques rares et courts passages destinés à compléter çà et là la vérité, Jean ne voit jamais cette vie poussée à son dernier résultat dans le plan de Dieu, mais manifestée dans ce monde, soit en Christ Lui-même, soit en nous. Le fait que nous monterons au ciel, à la maison du Père, est établi d’une manière bénie au commencement du chapitre 14, et demandé à la fin du chapitre 17 ; mais nulle part ce n’est le sujet général. Paul, qui était né comme un avorton entre la première et la seconde venue de Christ ; qui ne connut Christ que dans la gloire dans laquelle Il se trouvait dans le ciel, homme glorifié, dans la jouissance auprès de Dieu et avec Dieu des fruits de Son œuvre accomplie ; Paul, qui ne devait pas connaître Christ selon la chair, qui était spécialement apôtre de l’Église, ministre de l’Église pour compléter la Parole de Dieu, qui avait été converti par la révélation de la gloire céleste de Christ et de l’union des saints glorifiés avec Lui[3] ; Paul nous place, parfaitement acceptés, dans la gloire en Christ, et voit cette vie en Celui qui a été ressuscité et glorifié, et en nous crucifiés avec Lui, mais vivants ; « ce n’est pas toutefois nous qui vivons, mais Christ vit en nous ». Mais Jean — et c’est ce qui donne cette inexprimable douceur aux écrits que, par la bénédiction du Saint Esprit, il a laissés — nous présente la personne divine du Fils dans la vie (et cela en grâce, dans la chair, l’amour divin se déployant lui-même et nous manifestant le Père), dans Sa supériorité bénie sur le mal, et s’adaptant, comme fait l’amour divin, aux besoins et aux afflictions qui L’entourent, à toutes les nécessités du cœur humain, et en même temps, répandant partout la lumière. Nous ne trouvons pas en Jean l’homme dans les cieux, pour nous exprimer ainsi, mais nous y trouvons Dieu Lui-même, en grâce, le Fils révélant le Père ici-bas. Son évangile et son épître nous révèlent cette vie en elle-même ou en nous ; mais tandis que l’épître nous la montre seulement dans l’espace qui sépare le départ du retour du Seigneur, l’évangile nous laisse entrevoir qu’à la fin l’apôtre est privilégié d’un témoignage à la venue de Christ : « Jésus ne lui avait pas dit qu’il ne mourrait pas, mais simplement : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne ». Paul pouvait bâtir l’Église, ou en jeter les fondements comme un sage architecte ; Pierre enseigner au pèlerin à suivre Celui qui était ressuscité et qui l’avait régénéré pour une espérance vivante, à suivre son Maître à travers le désert où, après tout, Dieu gouvernait encore. Ces deux apôtres et les autres pouvaient aussi mettre en garde contre les maux à venir. Mais il y en avait un personnellement rapproché du Christ, Juif dans ses relations et plein d’elles, mais aux yeux duquel en même temps, en tant qu’enseigné de Dieu, ce Christ était une personne qui se trouvait en Lui-même au-dessus de toute relation, si ce n’est avec le Père, et qui avait pris une place où Il pouvait être dans le sein du Père et marcher en même temps sur la terre avec le titre de Fils et comme manifestation du Fils sur la terre ; qui avait en même temps par la grâce une place dans le cœur de ce disciple, place qui l’attachait à Sa personne, et dans laquelle il trouvait la vie — un tel homme (et tel était Jean le disciple que Jésus aimait) pouvait veiller sur les gloires de l’Église sur la terre, prêtes à s’éteindre, selon l’énergie d’une vie qui ne pouvait faillir en le faisant, et passer plus loin, par une vision prophétique, pour établir sur la terre les droits de cette même personne (comme venant toutefois du ciel et faisant valoir des droits célestes — droits dont l’établissement apporterait la paix sur la terre, mettrait de côté tout mal et ferait valoir ces droits là même où le prophète lui-même les avait vus méprisés dans la personne de Celui qu’il avait tant aimé lorsqu’Il avait été manifesté ici-bas), et lier l’excellence de Celui qui avait souffert, mais qui maintenant était revêtu de gloire, avec la bénédiction d’un monde affranchi du joug du mal, d’un monde que la grâce pouvait bénir par Lui quoiqu’il L’eût jadis rejeté.

Les moyens par lesquels Dieu amène ceci, et l’histoire préalable de l’Église déchue, voilà ce qui nous est offert dans l’Apocalypse avec la personne de Christ connue d’une manière prophétique, et Sa gloire se rattachant d’abord à l’assemblée responsable sur la terre, quoique ce soit alors en jugement, et se rattachant ensuite à la terre elle-même.

Dès l’entrée du livre, la révélation prend le caractère d’une prophétie. Dieu la donne à Christ pour montrer les choses qui doivent arriver bientôt. Les assemblées ne sont mises en scène que comme une espèce d’introduction nécessaire, car Christ ne pouvait prendre en main le gouvernement du monde qu’après les avoir rejetées, elles, quant à leur témoignage sur la terre, témoignage qui était encore le sujet de la prophétie et de solennels avertissements. Christ envoie la révélation par Son ange, non pas précisément un ange, mais un personnage qui Le représentait particulièrement Lui-même, à Son esclave Jean. Il porte le message : et ce message, c’est la Parole de Dieu et le témoignage de Jésus Christ, et une vision[4]. Cette déclaration est importante sans doute, c’est ce qui caractérise, sauf que c’est une vision, toute l’Écriture ; mais nous y trouvons le fait que cette prophétie est le témoignage de Jésus, et que les souffrances qu’elle prédit et qui arrivent à l’époque à laquelle elle s’applique, sont pour la Parole de Dieu et le témoignage de Jésus. Il en ressort en outre, ce qui est au reste de toute évidence et ne saurait être autrement, mais c’en est une preuve de plus, que la prophétie n’est pas adressée au peuple de Dieu ou aux saints en tant que dans leur état normal, comme le sont les épîtres, mais est une révélation adressée à un autre à leur sujet. De même que les prophètes portaient directement au peuple de la part de Dieu les avertissements que Dieu lui adressait immédiatement, nous voyons dans les épîtres, quoique d’une manière différente, le Saint Esprit entrer en rapports immédiats avec les saints pour leur bien et leur instruction. Daniel au contraire parle pour le peuple, mais non pas au peuple ; Zacharie, et, dans une certaine mesure, Habakuk suivent son exemple ; cela se reproduit dans l’Apocalypse. Jean reçoit la révélation pour la transmettre à l’Église ; elle est pour l’Église comme du reste tout le Nouveau Testament, mais elle n’est pas communiquée directement à l’Église dans son propre état naturel. L’Église sur la terre est elle-même envisagée comme le sujet d’un avertissement prophétique, et comme en relation, non avec le Père, mais avec le Dieu de la prophétie qui gouverne le monde. Le Fils de l’homme, qui est juge, marche au milieu des assemblées. La grâce et la paix sont souhaitées de la part de Celui qui est, qui était et qui vient, de la part des sept Esprits dans lesquels est développée la plénitude de Ses attributs gouvernementaux, et de la part de Christ en rapport avec la terre, bien que ressuscité. Cette salutation n’embrasse pas le temps de l’Église comme telle, c’est-à-dire laisse en dehors le caractère de Christ en ce temps-là. Christ demeure le témoin fidèle qu’Il était ici-bas ; Il est premier-né d’entre les morts ; Il est ressuscité (cela, aussi, sur la terre — non pas monté en haut) — puis prince des rois de la terre, ce qu’Il est maintenant, en droit, mais titre que cependant ce passage néglige depuis la résurrection jusqu’au moment de Son retour où Il revendique Ses droits de gouvernement[5]. Il n’y a pas ici Sa relation avec l’Église, mais on y trouve tout ce qu’Il était, a été et sera vis-à-vis de la terre, et ce qui Lui donne Son droit dans le royaume établi en justice et en puissance sur la terre.

Je ne doute pas que les sept églises ne fussent dans l’état auquel il est fait allusion ; et dans le langage dont on se sert, ceci ne doit pas être perdu de vue. Mais il me semble qu’avec ce nombre sept, le caractère des discours, et les détails d’expressions, il est impossible de ne pas reconnaître qu’une plus vaste sphère de pensées se déroule devant l’œil prophétique de l’apôtre. Mais des sujets dont l’apôtre a préalablement parlé, attirent d’abord notre attention. L’Apocalypse nous présente Christ dans trois positions, ou caractères distincts : comme marchant au milieu des chandeliers vêtu d’une robe qui allait jusqu’aux pieds, comme l’Agneau au milieu du trône, enfin comme venant sur le cheval blanc, sans parler de la description de la cité dont Il est la lumière.

Le caractère que Dieu revêt dans ce livre, est celui de Jéhovah, l’Ancien des jours, Celui qui était, qui est et qui vient. C’est, de fait, sous ce même caractère qu’Il s’est révélé comme Celui qui doit être un grand Roi sur la terre. Le Dieu qui, pour Abraham, était le Tout-puissant, sera souverain au-dessus de tout ce qui existe. Mais Jéhovah est Son nom personnel, le nom sous lequel Il prend le gouvernement, comme Celui qui avait arrêté des conseils, des desseins, et les accomplirait par Sa propre puissance, et qui en a donné la révélation.

C’est ainsi que nous lisons psaume 83, 18 : « Afin qu’on connaisse que toi seul, qui as nom l’Éternel, es souverain sur toute la terre ». De même dans les psaumes 87 et 91 où ces trois noms sont présentés ensemble d’une manière si belle et si frappante ; lorsque la promesse étant faite de la puissance du Tout-puissant pour garantir celui qui se tenait dans la demeure du Souverain, il est répondu (par le Messie) : Je prendrai le Dieu des Juifs : « Je dirai à Jéhovah : Tu es ma forteresse », la suite du psaume célébrant, par la bouche du Juif pieux, la justesse de cette réponse, et Jéhovah Lui-même y apposant le sceau de Son approbation : « Puisqu’il m’aime avec affection je le délivrerai ».

C’est en ce nom-là que la bénédiction est désirée ici aux « sept églises qui sont en Asie ».

Nous voyons ensuite qu’elle leur est désirée de la part des « sept esprits qui sont devant son trône ». Ce dernier mot est à remarquer. Nous sommes là en présence d’un trône sur lequel est Jéhovah, et devant lequel se trouvent sept esprits. La bénédiction n’est point présentée comme procédant du Père, et du Fils, dans leur communion, non plus que de la nature divine, dans sa béatitude propre, mais comme procédant de Jéhovah, le gouverneur suprême, sur Son trône, les esprits, comme les lampes dans le tabernacle, étant tous devant le trône. L’Esprit Lui-même a Sa place en tant que développement parfait de la puissance gouvernementale, en exercice de la part de Dieu. Les esprits en sont la manifestation et le déploiement devant le trône.

Les caractères que Christ revêt sont ici pareillement d’une grande importance. J’ai dit déjà qu’ils sont en rapport avec la terre ; mais il y a quelque chose de plus. Ils expriment tout ce qui était nécessaire pour donner la place du gouvernement sur la terre, gouvernement avec lequel Il est en rapport ici. Il est, mais bien plus, Il était, le témoin fidèle de Dieu sur la terre. Il disait ce qu’Il connaissait ; Il rendait témoignage de ce qu’Il avait vu. Il déclarait la justice dans la grande assemblée, Il ne retenait point Ses lèvres : Jéhovah le savait. Quoiqu’il dût en résulter pour Lui-même, Il rendait témoignage à ce que Dieu était, en justifiait le témoignage devant les hommes. C’était là un service immense. Il réalisait le parfait témoignage de la lumière dans le monde. « Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde ; et Dieu est lumière ». Et Il rendait ce témoignage, nonobstant la haine et l’opposition qu’il Lui attirait. De sorte qu’on put dire : « C’est ici le message que nous avons entendu de lui, que Dieu est lumière et qu’il n’y a en lui nulles ténèbres ». Et ce qu’Il annonçait, Il en était Lui-même la manifestation, Il l’était dans tous les sens — un témoin fidèle. Interrogé sur ce qu’Il était, Il pouvait répondre « en nature et en principe ce que je vous ai dit », tên archên hô, tî lalô humin (Jean 8, 25). Ses paroles étaient le témoignage et l’expression de ce qu’Il était ; et c’est là précisément, avec Sa réjection, ce qui fait le sujet de ce chapitre 8 de Jean, et est la preuve du péché de l’homme : ils aimaient les ténèbres. Sans doute Il rendait aussi témoignage de la vie qu’Il avait en Lui-même, car la vie était la lumière de l’homme ; mais cela fut passé sous silence, pour ainsi dire, pour ce qui est de Sa révélation à nous, et de la part que nous pouvions y avoir, jusqu’après Sa mort[6] où nous avons l’Esprit, le sang et l’eau (qui découlèrent de Son côté après qu’Il eut expiré) comme témoins que Dieu nous a donné la vie éternelle, et que cette vie est en Son Fils. La vie était la lumière, et la lumière des hommes, proprement des hommes comme tels ; mais à moins que le grain de froment ne tombât en terre et ne mourût, il demeurait seul. Aussi était-Il à l’étroit jusqu’à ce que ce baptême fût accompli. Il ne fut rendu témoignage de tout cela que postérieurement à Sa mort, témoignage rendu à Son sujet plutôt que par Lui. En conséquence, ce n’est pas du témoignage que la vie éternelle nous est donnée dans le Fils, que je parle (cela découle de la mort, et quant à tous ceux qui sont tels, Ses serviteurs sont, avec l’Esprit, Ses témoins), mais de Christ Lui-même comme le témoin fidèle. Il y a toujours nécessairement cette différence : pour ce qui concerne la réconciliation, en 2 Corinthiens 5, Dieu était en Christ réconciliant ; ensuite, Christ étant rejeté, un ministère est confié à Paul et autres, Christ ayant été fait péché pour nous.

Christ a donc justifié Son titre comme contre le monde pour Dieu et comme de Dieu, en tant que le témoin fidèle. C’est, quand nous avons des yeux pour voir (chap. 9 de Jean), une immense bénédiction pour nous. La lumière est venue dans le monde, bien plus, le voile a été déchiré, et nous avons la lumière de Dieu Lui-même, oui, la révélation comme lumière (et nous sommes aussi lumière dans le Seigneur, Lui étant notre vie), de manière à marcher dans la lumière comme Il est dans la lumière. Oh ! puisse cette lumière nous pénétrer entièrement, de telle sorte que tout soit lumière en communion avec Lui. Mais c’est là beaucoup dire ; c’est la perfection du chrétien, non pas, peut-être, atteinte, mais vue et, dans la nature qui nous est donnée, poursuivie.

Mais il y avait davantage. Christ était un homme fidèle ; mais il y avait un adversaire qui avait sur l’homme la puissance de la mort, gouvernait le monde, et pouvait soulever le monde contre ce témoignage comme ayant la puissance de la mort. Sans doute, il n’avait rien en Christ en tant que le témoin fidèle ; mais alors, si Christ ne s’était pas assujetti à la mort, Il serait demeuré seul, ainsi que nous l’avons vu ; Il serait allé au ciel avec douze légions d’anges, dans le droit de Sa propre perfection, mais Il nous en aurait laissés dehors et aurait laissé le monde sous la puissance de Satan. Mais telles n’étaient point Ses pensées, non plus que le conseil de Dieu ; et cela n’eût point convenu à Sa gloire. Les Écritures avaient parlé différemment, et, expression de la pensée de Dieu, il fallait qu’elles fussent accomplies ; et qu’est-ce qui pouvait leur donner plus d’autorité que cette allusion que leur fit le Seigneur : « Comment donc seraient accomplies les Écritures qui disent qu’il faut que cela arrive ainsi ? ». Christ Lui-même, le Fils de Dieu, devait mourir ; les Écritures, témoignage de la pensée de Dieu, la vérité, l’avaient déclaré, et Il se donna Lui-même, et but, dans une obéissance bénie à Son Père et par amour pour Lui, la coupe qu’Il Lui avait donnée à boire.

Mais ce que nous avons à considérer ici, c’est spécialement ce qui concernait Sa puissance et Son titre sur le monde, et Sa victoire sur le prince du monde.

Satan se confiait entièrement dans l’exercice de cette puissance de mort et de domination sur le monde ; mais c’était tout ce qu’il possédait. Il était le prince de ce monde, et c’était l’heure des ténèbres. De Son côté, Christ se soumet dans l’esprit d’obéissance, à ce dernier et suprême déploiement de toute la puissance de Satan sur les hommes, et exercée en mort, puissance soutenue aussi par le jugement positif de Dieu : mais c’est de la première de ces deux choses qu’il est question ici ; quoiqu’elle n’eût été rien sans cette dernière. Le résultat fut que le prince de ce monde était jugé. Par la mort, Christ mit à néant le pouvoir de celui qui avait la puissance de la mort ; et dans la résurrection, Il s’élève à cette puissance de vie qui ne laissait derrière aucun vestige de la puissance de Satan. Conformément à Sa confiance en Jéhovah, la corruption ne passa point sur Lui, non plus que la plus passagère trace de quoi que ce soit qui ne fût pas de l’efficace du Saint Esprit. Il se livra Lui-même à la mort, Il remit Son esprit à Son Père, et ne sentit jamais la corruption. En Lui, la résurrection et la transmutation furent unies, pour ainsi dire. Dans la résurrection il revêtit, conformément à la justice divine, la condition à laquelle la puissance appartenait en grâce. Il mourut et ressuscita afin d’être le Seigneur tant des morts que des vivants, et d’avoir droit à la possession de toute autorité dans le ciel et sur la terre. Le passage qui nous occupe passe sous silence Son ascension, et Le présente seulement sortant de tout l’effet du pouvoir que Satan a obtenu par le péché, au moyen de l’œuvre qui Lui a donné la position et l’autorité de l’homme dans le nouvel état dans lequel la puissance de Dieu voulait Le placer. Il est le premier-né d’entre les morts, l’homme qui a maintenu, dans cette dernière et décisive lutte, le droit de Dieu en dépit du péché et contre le péché, et qui a déjoué tous les succès apparents de Satan, de sorte que Dieu est parfaitement glorifié relativement à ce en quoi l’homme L’avait déshonoré et en quoi, pour ainsi dire, aux yeux de la créature, tout ce que Dieu était, toute Sa gloire morale, était mis en question. De cette manière, Christ a pris la place que Dieu avait préparée pour l’homme, la tête de l’humanité selon Dieu, toute la question du bien et du mal ayant été résolue par Son assujettissement à toute la puissance du mal dans la mort (dans la vie, Il l’avait toujours tenue à distance, par la puissance du Saint Esprit) ; et le jugement divin ayant été pleinement glorifié, Il a rendu possible, bien plus, nécessaire, que Dieu L’élevât (et, béni soit Dieu, nous tous en Lui) à la place parfaite de la bénédiction, où la bonté divine pouvait avoir son cours absolu, et tout à fait selon la justice — oui comme due à Christ, et par là à d’autres en tant que rachetés. Mais ici, c’est comme la position d’autorité et de droit dans l’homme, conformément aux conseils de Dieu, que nous la considérons. Le chef de tout homme, c’est le Christ, et Il retirera tous les hommes de dessous la puissance de la mort, et de dessous la puissance de Satan, quoique pour ce qui concerne les méchants, ce doive être pour le jugement. Il est le premier-né d’entre les morts.

Notre livre traite du trône, et du gouvernement du monde. Aussi le troisième titre de Christ s’applique-t-il à cela. Il est le Prince des rois de la terre. Ce titre est tellement clair que je ne m’étends pas à son sujet ; et le principal sujet de l’Apocalypse, après les lettres aux églises, c’est de le justifier, d’en amener la réalisation, d’abord par la puissance de Dieu s’exerçant en des voies préparatoires, et ensuite par l’exercice de la propre puissance de Christ lorsqu’Il vient. Une chose que nous pouvons remarquer, c’est que le gouvernement constitue si entièrement le sujet de ce livre, que lorsque l’Épouse elle-même est mentionnée et manifestée en gloire, c’est comme une grande cité, la capitale, pour ainsi dire, du royaume de Dieu.

Mais ici l’Église intervient tout à coup ; et dès qu’il est fait mention de Jésus, il ne saurait en être autrement. Pareille chose se voit à la fin du livre (22, 17) ; et dans l’un et l’autre cas, elle intervient nécessairement avec la conscience et le sentiment de la position et des bénédictions qui lui sont propres, conformément à sa relation avec Lui. Si la femme et l’enfant d’un général victorieux assistaient à son entrée triomphale, si la femme et l’enfant d’un illustre magistrat l’entendaient célébrer comme le premier de toute sa race par sa sagesse, les sentiments dont leurs cœurs seraient remplis n’éclateraient-ils pas aussitôt par ces paroles : — « C’est mon mari ! — C’est mon père ! » ? Tel est nécessairement l’effet des sentiments que produit la conscience de la relation, et c’est de toute beauté. — « À lui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang » ! Il peut être le plus grand au-dessus de tous les princes de la terre, mais voilà ce qu’Il a fait pour nous : Son propre sang nous a lavés ; Il peut être grand, mais Il nous aime ; Il peut être grand, mais Il veut nous avoir grands avec Lui et près de Lui. « Il nous a faits un royaume de sacrificateurs pour son Dieu et Père ». Ces dernières paroles disent notre association avec Christ dans la position royale qu’Il possède en connexion avec la terre. Il ne s’agit pas de notre privilège d’enfants, de fils, d’Épouse, mais de notre caractère de rois et de sacrificateurs. C’est une position royale et très rapprochée, sous Dieu, d’une position gouvernementale divine ; la plus rapprochée de Lui, quand le monde est en relation avec Dieu. Ce n’est point la position d’enfants se sentant chez eux dans la maison. C’est une gloire officielle, quoique dans son caractère le plus élevé et semblable à la propre gloire de Christ ; car Il est Roi et Sacrificateur. Littéralement l’original dit « un royaume de sacrificateurs », comme l’hébreu en Exode 19. Cela ne fait que confirmer le caractère sous lequel tout apparaît ici. Les saints attribuent à Christ la gloire et la force à toujours. Remarquez que c’est Jean lui-même, l’Esprit parlant au nom des saints qui sont sur la terre, que nous trouvons ici : À Lui qui nous aime. Dans le verset suivant l’Esprit annonce la venue de Christ pour le monde lorsque tout œil Le verra venant dans les nuées du ciel — et pour les Juifs aussi — et que toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de Lui. Tout cela est clos, je pense, par l’amen de Dieu Lui-même comme le premier et le dernier — Jéhovah, Élohim, Shaddaï[7]. Ce sont là les trois noms que j’ai déjà fait remarquer, et qui sont les noms bien connus sous lesquels Dieu s’est révélé dans l’Ancien Testament[8] : Dieu qui s’est fait connaître à Abraham, par Son nom de Dieu tout-puissant (El Shaddaï) — à Moïse et à Israël comme Jéhovah. Seulement Celui qui parle affirme ici, comme dans les prophètes, que de même qu’Il était au commencement et l’alpha de tout le reste, ainsi Il est l’oméga lorsque tout est achevé par Sa puissance, subsistant par Lui-même, et embrassant toute choses et n’étant embrassé par rien. Cela termine l’introduction, et la révélation que le livre lui-même contient commence dans ce qui suit.

Dans la manière dont Jean se présente, nous trouvons le même caractère de relations et le même ordre de pensées que ce que nous avons déjà vu. Il ne se présente point comme apôtre, et ne dit pas non plus : Celui qui est de Dieu nous écoute. C’est un frère et un coparticipant à l’affliction, au règne, et à la patience de Jésus Christ. Son esprit contemple le royaume et Christ venant pour l’établir. Christ est assis à la droite de Dieu, attendant que Ses ennemis soient faits Son marchepied. Ses saints sont à présent dans l’affliction. La persécution que Jean endurait avait pour cause ce que nous trouvons dans le livre — la Parole de Dieu et le témoignage de Jésus Christ. Toute la Parole est telle, mais elle prend ce caractère lorsqu’elle se présente sous l’aspect prophétique. Il ne dit pas pour l’évangile, quoiqu’il soit naturellement la Parole de Dieu et le témoignage de Jésus Christ ; mais ce n’était nullement ici le lieu de le mentionner, car il n’enseigne pas parmi les saints mais il est tout seul voyant des visions dans l’Esprit. L’expression « dans la journée du Seigneur » a un sens tout à fait différent, selon moi, de celui que plusieurs lui attribuent. C’est Κυριαϰη ημερα, non ημερα του Κυριου, le jour de la semaine nommé jour du Seigneur, la position dans laquelle le christianisme nous place en tant que ressuscités. Et ainsi, quoique le témoignage de l’apôtre fût un témoignage prophétique, c’était comme se tenant personnellement dans sa position de ressuscité qu’il le rendait. Cela est constamment vrai. Aucun prophète ne peut cesser maintenant d’être un chrétien. Quand il sort de la position chrétienne, c’est une fausse prophétie. Sa prophétie peut avoir le caractère qui appartient au sujet de la prophétie, c’est-à-dire au gouvernement de ce monde par Dieu, mais il est personnellement dans le jour du Seigneur. Je ne dis pas cela eu égard à des prophéties qui seraient données de nos jours, comme s’il pouvait en exister de telles, à moins que ce ne soient de fausses prophéties, mais relativement à la position qu’aurait nécessairement celui qui a été, ou prétendait être, prophète dans les temps chrétiens. Non pas que le prophète fût dans le jour du Seigneur, le dix-neuvième chapitre tout au plus est dans ce cas ; mais il fut dans le jour du Seigneur, dans l’Esprit. Il reçoit alors sa commission. Il entend une voix comme d’une trompette, mais qui parle maintenant sur la terre[9]. En ce moment-là il n’a devant lui aucune vision, mais il entend une voix derrière lui.

La voix[10] lui dit d’écrire dans un livre ce qu’il a vu et de l’envoyer aux sept assemblées qui sont en Asie. Il se tourne pour voir celui qui lui parle, et voit premièrement sept chandeliers d’or. C’était là l’objet propre de la vision ; mais c’est sur un autre objet que son attention est attirée. Il voit se tenir au milieu des sept chandeliers quelqu’un de semblable au Fils de l’homme. Nous avons là le vaisseau responsable de la lumière sur la terre, correspondant au déploiement de la puissance en gouvernement en haut. Les sept esprits étaient devant le trône ; et plus tard nous les trouvons sous la figure de sept yeux aux cornes de l’Agneau. Nous avons ici sept chandeliers qui devraient donner de la lumière sur la terre par un seul et même esprit. Il ne s’agit point de l’unité du corps de Christ : ceci est parfait et appartient au ciel. Ce qui nous est présenté, c’est le vase de la lumière sur la terre dans sa responsabilité, et de l’état duquel, comme nous le verrons, Christ juge. C’est là que se trouve la clé pour l’intelligence de cette partie de la révélation. Le trône de Dieu dirige tout secrètement et, dans le temps de ce livre, d’une manière et avec une puissance qui y sont révélées, conformément à la septuple excellence de l’Esprit. Il y a aussi Christ, comme prenant le royaume. Les chandeliers sont des vases de lumière. La font-ils rayonner ? Nous n’avons point ici non plus Christ intercédant pour la faiblesse des saints individuellement ici-bas, ni les représentant devant Dieu ou devant le Père. Il n’est pas vêtu comme pour le service (Il est vêtu d’une robe qui va jusqu’aux pieds), mais Il prend connaissance de leur état. Puis, quoique les détails soient fort importants, Il est l’Ancien des jours. C’est remarquable comme nous sommes toujours conduits dans les choses, les pensées en rapport avec le millénium, avec le royaume, je ne dis pas dans les temps du millénium. Nous y arrivons seulement à la fin — et Daniel, avec la prophétie duquel ceci nous rattache si étroitement, ne nous introduit jamais dans ce temps-là, mais il est toujours occupé de ce qui s’y rapporte, seulement dans les temps des Gentils qui le précèdent — puis vient le jugement. Ce que nous avons ici c’est le caractère de Christ, et non Sa marche, Son action, parmi les chandeliers. Il se tient là ; c’est Sa place, et Son caractère est tel et tel. Le prophète voit quelqu’un qui répond à l’idée de Fils de l’homme. Il ne s’agit pas de quelque chose qui eût trait à la connaissance personnelle que Jean avait eue du Seigneur, mais il voit quelqu’un dans le caractère de Fils de l’homme ; et, comme je l’ai fait remarquer, Il n’apparaît pas dans l’attitude du service ayant les reins ceints, mais vêtu d’une robe qui descend jusqu’aux pieds. Il est à l’aise avec puissance pour juger, et ceint de la justice divine. Nous trouvons ensuite, précisément comme en Daniel 7, qu’Il est l’Ancien des jours. Mais de plus, Ses yeux sont la puissance pénétrante du jugement qui voit toute chose ; Ses pieds, la fermeté et la perfection du jugement divin en tant qu’appliqué aux hommes conformément à la gloire de Dieu ; Sa voix, comme une voix d’une majesté redoutable en dehors des atteintes du pouvoir de l’homme. Il tenait dans Sa main toutes les autorités subalternes qui Le représentaient en lumière dans l’Église, et Sa parole jugeait les cœurs et les intentions des hommes ; Son visage disait la gloire de l’autorité suprême.

Le caractère et la dignité de Christ sont exprimés ici d’une triple manière. D’abord, Son vêtement, Sa ceinture et les cheveux de Sa tête s’appliquent à Sa personne et à Son état personnel ; secondement, Ses yeux, Ses pieds et Sa voix expriment ce qu’Il est en jugement et en majesté divine à l’égard de l’homme ; les étoiles, l’épée qui sort de Sa bouche, et Son visage comme le soleil disent, en troisième lieu, Son autorité officielle et Sa gloire en tant qu’homme.

Que le lecteur remarque ce caractère et cette diverse gloire de Christ présentés ici. L’apôtre — et cela aussi caractérise l’homme dans la chair en présence de la gloire, trait caractéristique de la prophétie par voie de vision — tombe à Ses pieds comme mort. La réponse est le témoignage fortifiant — non pas d’un ange envoyé comme messager, comme c’est le cas en Daniel — mais du Seigneur et Sauveur bien connu du prophète, force pour ceux qui sont siens, en Lui qui a vaincu. Il mit Sa main droite sur lui, disant : « Ne crains point ». Ce n’est point de la paix qu’il s’agit dans cette parole ; elle a trait simplement à l’homme sur la terre, comme lorsque Jésus était ici-bas, seulement Il possède aujourd’hui la domination. « Je suis le premier et le dernier ». C’est encore le Jéhovah de l’Ancien Testament mais de plus, le vivant. Mais ce n’est pas tout. Il a la victoire sur le prince du mal et de la faiblesse. « J’ai été mort, et voici, je suis vivant aux siècles des siècles ». C’est Jéhovah ; mais c’est l’homme victorieux de tout le mal et de la mort elle-même dans lesquels l’homme était tombé ; et c’est à jamais qu’Il est vainqueur. Et ce n’est pas seulement dans Sa personne victorieuse qu’Il l’était, mais Il tenait le pouvoir sur ce qui avait été la sphère de la puissance de l’ennemi — la mort et le hadès. Un ange n’aurait pu tenir ce langage à Daniel. La puissance — puissance qui avait opéré la délivrance — était là : puissance supérieure à tout ce que l’ennemi pouvait faire, et puissance que Jean connaissait et dont il expérimentait maintenant les effets comme le soutenant et assurant la bénédiction qu’il était dans le dessein de Dieu d’introduire, avant que les maux, les souffrances, et les épreuves des saints fussent présentés à son esprit.

Le prophète reçoit ensuite sa commission. Il y a trois classes de choses qu’il doit écrire. « Les choses que tu as vues » — « les choses qui sont » — et « les choses qui doivent arriver après celles-ci » : mais les deux premières classes sont étroitement unies ensembles. « Les choses que tu as vues », et « les choses qui sont » ; puis ce qui doit arriver après cela. Il avait vu Christ se tenant au milieu des chandeliers. « Ce n’était point là les choses qui sont » ; mais l’état des chandeliers dans son développement, et le jugement de Christ comme marchant au milieu d’eux, voilà ce qui les constitue ; de sorte que la connexion entre ces choses est très étroite. En outre, cela se rattachait à Christ tel que Jean L’avait vu maintenant, et tel qu’il Le connaissait Lui-même. Ce n’était pas la connaissance la plus élevée qu’on pût avoir de Lui, mais celle qu’on en avait actuellement — l’Église étant sur la terre. Ce n’était pas proprement une connaissance prophétique, c’est-à-dire, entrant dans le gouvernement moral du monde, quoiqu’elle pût, comme menace morale, prédire bien des choses relativement à l’Église. Néanmoins, tout ici était « les choses qui sont » et appartenait à la période de l’Église et à son état, quoique bien entendu à sa forme extérieure. On a remarqué que l’expression « les choses qui sont » est au pluriel ; et que l’expression « les choses qui doivent arriver après celle-ci », est au singulier. Cela est parfaitement à sa place ici, « les choses qui sont » passant en détail devant l’esprit du prophète, et l’avenir, encore éloigné, lui apparaissant comme un tout rapide.

Il peut être bon de remarquer ici l’usage fait des divers caractères, sous lesquels Christ se présente dans les épîtres aux églises, comme en confirmant l’interprétation. Les deux premiers présentent l’état dans lequel Il était comme Fils de l’homme d’une manière générale ; le second montre qu’Il est l’Ancien des jours. Ils ne sont employés ni l’un ni l’autre d’une façon spéciale, non plus que la voix de grosses eaux, symbole aussi de la grandeur et de la majesté personnelle, ni Son visage dans cet aspect solennel qui fait voir dans sa force l’immense grandeur de Sa majesté divine au-delà de l’atteinte et du contrôle de l’homme, et Sa suprématie personnelle comme homme. Ceux dont il est fait une application particulière sont, Ses yeux comme une flamme de feu, Ses pieds semblables à de l’airain très luisant, l’épée aiguë sortant de Sa bouche, les sept étoiles dans Sa main droite, et Sa réponse à Jean quand il tomba à Ses pieds : tous exprimant des qualités relatives pour ainsi dire, principalement en jugement, mais aussi en puissance pour soutenir. Nous verrons que tous ces caractères sont employés dans les quatre premières églises, et qu’il ne s’en trouve aucun dans les trois dernières, sauf Son droit sur les sept étoiles[11].

Les anges sont là comme les représentants moraux des églises. Ils sont ceux auxquels il est parlé dans les lettres — et non les messagers par lesquels les lettres sont envoyées — et ils sont reconnus de Christ. Ce sont des étoiles (c’est-à-dire une autorité subalterne, mais dans un caractère de lumière céleste et d’ordre dans les ténèbres) dans la main de Christ ; de sorte qu’il nous faut voir en eux quelque chose qui soit comme un représentant de l’autorité devant Christ, et dans Sa main. Mais c’est l’Église qui est jugée, et, comme un autre l’a remarqué, partout où il y a menace du jugement[12] ce n’est pas sur l’ange, c’est, en réalité, sur l’Église ou sur une portion coupable de l’Église. Les anges sont donc là comme les représentants acceptés des églises. Tant eux que les églises sont les objets de la pensée de Christ et de Dieu. Les étoiles sont dans la main droite de Christ, et les chandeliers sont d’or. Le chandelier peut être ôté de sa place ; mais, dans la pensée de Dieu, c’est d’un chandelier d’or qu’il s’agit.

L’étoile est donc ce qui possède l’autorité de Christ dans l’Église, et se tient devant Lui comme la représentant, mais ne saurait être séparé, en idée, de l’Église elle-même. Je dis cela, à cause que je trouve : « Tu as abandonné ton premier amour ». Qui ? L’ange : c’est dit ainsi, mais sûrement c’est bien l’Église comme telle. Néanmoins c’est « ton chandelier » ; c’est son état publiquement reconnu devant le monde, comme porte-lumière. De sorte que ce que l’oreille qui peut ouïr doit entendre, est ce qui est dit aux églises, mais tout est dit à l’ange. Ainsi à Smyrne : « Ne crains rien des choses que tu vas souffrir ; le diable va jeter quelques-uns de vous » etc. Pareilles choses se trouvent en Thyatire. De même en Pergame : « Antipas a été mis à mort parmi vous ». Il est certes impossible de lire les épîtres aux églises, sans voir que l’ange et les églises sont identifiés ; seulement l’ange est envisagé d’une manière abstraite dans son caractère représentatif, et les églises sont traitées selon leur état actuel, et comme se composant d’individus. Tout le corps est responsable, et c’est de lui qu’il s’agit dans le détail du jugement ; mais Christ envisage le personnage idéal responsable — pensée qui sera réalisée de fait par quiconque entend Ses paroles. Un individu peut être dans cette position, s’il est le vaisseau intelligent de la pensée de Christ, au milieu d’une assemblée ; pareillement, tous ceux qui sont tels ; mais l’assemblée est responsable, ainsi que tous ceux qui entendent l’avertissement de Christ.

L’histoire qui nous est donnée ici c’est l’état moral de l’Église, et peut s’appliquer à toute assemblée, et même à tout chrétien dans tous les temps selon la sagesse spirituelle avec laquelle est faite l’application. Je me référerai à cet état, et comme conséquence, nous aurons son application historique, dans la succession des églises. La première a abandonné son premier amour, la dernière doit être vomie de la bouche de Christ. Voici dans quel ordre elles se suivent :

1. Éphèse : L’Église a abandonné son premier amour, et à moins qu’elle ne se repente elle sera ôtée de son lieu. 2. Smyrne : elle est persécutée. Ceux qui prétendent être l’ancien peuple de Dieu sont particulièrement en vue. 3. Pergame : Le martyre a continué, et l’Église se trouve là où est le trône de Satan — le monde qui a persécuté. Mais la corruption de la doctrine et de la pratique commence au-dedans, particulièrement dans le monde.

4. Thyatire : Ici nous trouvons dévouement et travail ; mais en outre, d’un autre côté, en même temps que cela, un triste état de choses — Jésabel, qui non seulement séduit, comme Balaam, pour mêler le monde avec le christianisme, mais commet adultère et engendre des enfants. Le mal est actif et fertile à sa manière. Ceci va jusqu’à la fin ; et la venue du Seigneur est la ressource de la foi. Le jugement sera spécial et terrible.

5. En Sardes, nous trouvons un nom de vivre mais la mort ; et, si la repentance n’intervient point, son jugement sera le même précisément que celui du monde extérieur.

6. En Philadelphie, peu de force, mais fidélité à la Parole et dans la patience de Christ. Ceux-là sont encouragés par la prompte venue de Christ, et échapperont à l’heure de la tentation qui vient sur toute la terre. 7. Laodicée doit être vomie de la bouche de Christ, comme objet de dégoût, n’étant ni froide, ni bouillante ; toutefois un avertissement lui est donné.

Voilà les choses qui sont. Je n’ai aucun doute que, tandis que la prophétie proprement dite envisage la fin, le temps où Dieu commence de nouveau à intervenir directement dans le gouvernement de la terre, ou du moins à préparer la voie pour cette intervention, l’Esprit de Dieu envisage dans l’Apocalypse, comme dans toute la prophétie du Nouveau Testament, les choses spirituelles analogues pour en faire le sujet de Ses instructions et de Ses avertissements. Il y a Babylone, et ce qui a, sans qu’on puisse s’y méprendre, le caractère babylonien, avant qu’elle soit pleinement révélée. Il y a l’Antichrist ; et toutefois plusieurs antichrists, le το του αντιϰριστου (l’esprit de l’antichrist) dont nous avons entendu parler ; et comme Jude nous le montre, la manifestation, dans les jours apostoliques, de ceux dont Énoch a parlé, qui doivent être jugés à la venue de Christ. Les barrières qui faisaient obstacle à la manifestation publique du méchant, seraient ôtées plus tard ; mais déjà le mystère d’iniquité était à l’œuvre, et combien il a mûri depuis lors ! C’est là un principe incontestablement scripturaire, et je n’ai aucun doute qu’il s’applique à l’Apocalypse. Nous pouvons voir dans les sept églises l’état d’alors de la province d’Asie, un tableau de l’état général — des spécimens, des exemples de toutes les églises — et l’histoire que Dieu nous trace du monde de ce moment-là jusqu’à la fin ; ou bien nous pouvons les prendre dans leur signification littérale et voir dans la partie prophétique l’histoire de l’action de Dieu à la fin des choses.



  1. C’est à ceux qui en sont membres qu’est confié le soin de les répandre. L’Église n’enseigne pas. Les apôtres et les prophètes enseignaient ; après eux, ce sont les docteurs et les évangélistes dans leurs positions respectives qui ont mission de le faire. L’Église, elle, reçoit, tient ferme et professe la vérité. Sans doute elle peut tomber au point d’abandonner le maintien et la profession de la vérité, à la fidélité des individus ; mais son devoir, dans l’état normal, est d’être la colonne et l’appui de la vérité.
  2. Comparez 1 Jean 4, 12, pour voir l’ineffable privilège des chrétiens.
  3. Bien que cette doctrine se rencontre en différents endroits des écrits de Paul, il peut être intéressant de remarquer que, quoique dans les plans de Dieu (Rom. 8) il nous voie glorifiés et Christ intercédant dans les cieux — quand il s’agit de doctrine il nous présente dans son épître aux Romains l’homme comme pécheur et Christ ressuscité dans le seul but de justifier les individus — l’Église ne s’y trouve pas, sauf dans les devoirs relatifs. Dans l’épître aux Éphésiens, au contraire, il ne montre pas Christ vivant sur la terre, ni nous vivant dans le péché, excepté quand il fait allusion au passé, quand il parle de pratique. Christ y est considéré d’abord comme mort, mais Dieu L’a ressuscité et L’a établi au-dessus de toutes choses ; nous, nous y sommes vus comme morts dans nos fautes, mais Dieu nous a ressuscités avec Lui. De là, une création toute nouvelle et des relations absolues selon cette création ; de là enfin, l’Église, et notre place devant Dieu, comme celle où Christ est maintenant assis.
  4. Apoc. 1, 2. On sait qu’il ne faut pas lire : « et toutes les choses » mais simplement : « toutes les choses qu’il a vues ».
  5. Il est à remarquer qu’en Jean 1, où les noms et titres de Christ sont si admirablement énumérés, on ne trouve précisément pas ceux qui appartiennent à Sa place dans les cieux et à Ses relations présentes avec l’Église exclusivement. Il n’y paraît ni comme chef de l’Église, ni comme sacrificateur. Dans les écrits de Jean, cela est significatif.
  6. Au chapitre 10, au sujet des brebis, le Seigneur parle de vie éternelle ; mais il dit aussi qu’Il met Sa vie pour les brebis. Cela est postérieur aux chapitres 8 et 9, c’est-à-dire, à la réjection de Sa parole et de Ses œuvres.
  7. Il faut lire ainsi le verset : « Moi, je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu qui est, et qui était, et qui vient, le Tout-puissant ».
  8. Comparez l’emploi de ces noms en 2 Corinthiens 6, 17, 18, où Celui qui les porte prend la place et le nom de Père par rapport à nous.
  9. Je suis fortement disposé à penser que cela donne à entendre que sa position prophétique envisage réellement le gouvernement du monde tel qu’il était alors immédiatement devant lui. L’Église était passée ; et, en tant que prophète, il se trouvait dans des temps ultérieurs, mais il faut qu’il se retourne et fasse un récit rapide et général du cours de l’Église jusqu’à ce jour-là. La prophétie saute toujours par-dessus le présent à la fin, et surtout ne connaît pas l’Église ; mais ici il était nécessaire de donner le cours de l’Église sur la terre.
  10. Les éditions critiques rejettent la première partie du verset 11 des versions ordinaires.
  11. Il est très possible que Jean eût été visité par des messagers, anguéloï, des sept églises, quoique, naturellement, comme ce n’est pas révélé, je n’en parle que comme d’une circonstance dont l’idée est suggérée par le terme anguéloï et comme il écrivait réellement à ces églises. En fût-il réellement ainsi, le dessein de l’Esprit n’était point d’envoyer une épître ordinaire aux églises, mais de profiter de cette occasion pour présenter prophétiquement le tableau de toute la scène des voies de Dieu telles qu’elles se déroulaient aux yeux de Dieu.
  12. Au moins dans les quatre premiers.
    Une étude plus attentive des églises nous amènera à voir que dans les quatre premières, où le Seigneur signale des choses qui encourent Son blâme (il n’y a rien de pareil dans l’épître à Smyrne) et menace du jugement, la menace doit être exécutée non pas sur l’ange mais sur le chandelier à Éphèse — ou bien sur les parties coupables, comme à Pergame et à Thyatire. Mais dans les trois dernières il n’en est pas ainsi. Il n’est pas adressé de reproche à Philadelphie ; et, de même que dans Smyrne, l’ange et l’Église n’y sont pas, dans l’épître elle-même, distingués l’un de l’autre ; mais pour ce qui est de Sardes et de Laodicée, les menaces y sont continuées comme faisant partie intégrante de l’épître, et s’adressant à l’ange lui-même. Cela se rattache, je pense, à la distinction déjà faite entre ces deux classes d’églises. Les quatre premières sont d’une manière bien précise dans une position d’église, et l’ange, cette portion qui aux yeux de Dieu représentait réellement l’Église, est constamment reconnu, dans tous les cas, et c’est sur la portion inconséquente, ou ce qui faussait le témoignage, que doit tomber le jugement. Mais, quand nous arrivons à Sardes nous revenons en arrière (car Thyatire va jusqu’à la fin) ; quand il est parlé de la masse, la partie la meilleure et qui rend témoignage ressort comme témoin, témoin contre Jésabel ; si on n’est pas témoin, on n’est rien du tout. La constitution en corps est nulle ici. En conséquence, s’il y a manquement, c’est la chose tout entière qui manque et qui est jugée avec le monde, et les quelques fidèles deviennent distinctivement un résidu béni, parce que un fidèle témoignage est tout. Aussi, lorsque c’est Christ qui doit devenir cela, l’Église ainsi ruinée doit-elle être vomie de Sa bouche.