Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 9

De mipe
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… Votre âme peut-elle encore regarder en haut ? Peut-elle, à la lumière du ciel, passer au milieu des ténèbres ? Je connais ce qu’est le vaste et aride désert que vous avez devant vous. Qu’il est grand le vide que laisse cet ami tant aimé ! Combien tout doit vous paraître insipide ! Elle a disparu cette tendresse qui savait entrer dans tous les détails qui pouvaient vous intéresser ; vous avez perdu celui qui vous donnait des conseils, qui vous protégeait, qui pleurait avec vous dans vos épreuves, et qui se réjouissait de vos joies. Je sais ce que c’est que de se retirer le soir en disant : Où est-il ? — de se réveiller le matin, et de ne plus le trouver ; — d’entendre jour après jour sonner l’heure qui le ramenait à son heureux foyer, et de ne plus rencontrer qu’un souvenir dont l’avenir entier semble rempli d’amertume. Oh ! ma pauvre, ma pauvre amie ! qui mieux que moi pourrait sympathiser à votre peine ? Qui plus que moi a participé à votre bonheur ? Mais il est passé ce temps si doux, pendant lequel il m’a été donné de jouir de vos joies réciproques. Maintenant je puis partager votre douleur, et je sais que cela est selon Dieu. Si je connais en grand le sens du mot affliction, je sais aussi qu’un autre n’est point mêlé dans la joie de celui que Dieu afflige. Avec quelle tendresse le Seigneur parle des veuves ! C’est comme un père qui sent les coups mieux que l’enfant qu’il châtie. Il semble qu’Il veuille guérir chaque blessure qu’Il a été forcé de faire ; Il proclame du haut des cieux qu’Il guérit les cœurs froissés. Il a déjà répondu à chacune des plaintes que vous pourriez faire. Si vous dites que vous n’avez plus personne qui vous suive, qui vous accompagne, et sur qui vous puissiez vous appuyer ; Il veut vous suivre, et Il vous invite à monter du désert appuyée sur votre bien-aimé. Avez-vous besoin de quelqu’un qui s’intéresse à ce qui vous concerne ? Rejetez sur lui tout votre fardeau, parce qu’Il prend soin de vous. — Avez-vous besoin d’un protecteur ? « Que tes veuves s’assurent en moi », est-il écrit. — Vous faut-il un conseiller ? Il est l’admirable en conseil. — Vous faut-il de la société, des amis ? Il vous dit : « Je ne vous laisserai point orphelins, je viendrai à vous » ; « je ne vous laisserai point, je ne vous abandonnerai point » ; « je ne vous appelle point serviteurs, mais je vous ai appelés mes amis ». « Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi ». — Vous manque-t-il quelqu’un qui pleure avec vous ? « Dans toute leur angoisse Il a été en angoisse » ; « Jésus pleura ». Lorsque vous vous couchez, vous vous placez en sûreté à l’ombre de Ses ailes, sous la bannière de Son amour. Lorsque vous vous réveillez, Il entoure votre lit, et Il est encore sur votre sentier. Il faut que l’affliction contribue à nous unir intimement à Lui, et que nous apprenions à connaître toute l’excellence de ce Jésus qui est le premier entre dix mille. Tout en Lui est aimable ; Il est le frère qui naît dans la détresse, l’ami qui est plus attaché que le frère, l’ami des pécheurs. Je vous en prie, écrivez souvent à votre pauvre sœur ; dites-moi tout ce qui peut vous intéresser ; faites que les enfants ne m’oublient pas…