Livre:Messages aux sept églises/Chapitre 4

De mipe
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L’apôtre Paul avait longuement exercé son ministère dans l’assemblée à Éphèse, et elle avait aussi joui de privilèges qu’aucune autre assemblée, avant ou après, n’a connus. C’est peut-être pour cette raison qu’elle est la première sur laquelle le Seigneur prononce Son jugement.

C’est à cette assemblée que l’apôtre avait annoncé tout le conseil de Dieu. C’est aux saints d’Éphèse qu’il avait exposé l’amour qui surpasse toute connaissance ; il leur avait révélé leur relation d’Épouse de Christ. C’est eux qu’il avait avertis de la dispersion du troupeau après son départ ; c’est là qu’il avait exhorté les anciens à prendre garde à eux-mêmes (Act. 20, 27, 28).

Ces privilèges et ces avertissements auraient dû amener les saints à briller pour Christ dans les ténèbres du monde, à prendre garde à eux-mêmes et à se montrer vigilants face au déclin. À de grands privilèges correspondent de grandes responsabilités. Ainsi l’assemblée qui, plus que toutes les autres, avait été privilégiée, est la première sur laquelle se pose le regard scrutateur du Seigneur. Ceux à qui avait été annoncée la vérité la plus élevée, devraient reconnaître que c’était parmi eux que le déclin avait commencé. La plus haute vérité — l’amour de Christ pour l’Assemblée — est la vérité qu’ils n’ont pas su maintenir. Ils n’ont pas pris garde à eux-mêmes, comme l’apôtre les y avait exhortés. Autrefois, le sage avait dit : « Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde » (Prov. 4, 23). Hélas ! malgré une conduite extérieure correcte, ils n’ont pas su garder leur cœur. Ils ont abandonné leur premier amour.

Nous devons cependant nous souvenir que l’état de cette première assemblée montre l’état spirituel de l’Assemblée entière, aux yeux de Christ, au soir de la vie du dernier apôtre dans la période qui a suivi Son départ. Elle nous donne ainsi la pensée de Christ sur le déclin de l’Assemblée entière, l’abandon de sa vraie place et de son caractère de témoin pour Christ dans ce monde.

Verset 1 : Le message est adressé « à l’ange de l’assemblée ». L’ange semble représenter ceux qui sont établis pour transmettre la lumière céleste dans chaque assemblée. Comme une étoile émet sa lumière en l’absence du soleil, ainsi, les anges (qui sont assimilés aux étoiles) sont les représentants d’un Christ absent, pour apporter la vérité céleste à l’assemblée qui est solidairement responsable d’être une lumière pour Christ dans le monde. Il s’ensuit que l’ange, d’une manière particulière, est tenu pour responsable de l’état de l’assemblée.

Le Seigneur se présente à cette assemblée comme « Celui qui tient les sept étoiles dans sa droite, qui marche au milieu des sept lampes d’or ». Les anges sont vus ici dans leur place personnelle de dépendance à l’égard du Seigneur. Ils sont tenus dans Sa main droite, ce qui indique qu’ils accomplissent leur ministère sous l’autorité directe et avec la puissance de Christ. À ce début de l’histoire de l’Église, le temps n’était pas encore venu où ceux qui sont responsables de transmettre la lumière céleste se retireraient de la main de Christ, pour recevoir leur autorité de la main de l’homme.

De plus, le Seigneur n’est pas vu seulement au milieu des lampes comme Il est apparu à Jean, mais comme celui « qui marche au milieu des sept lampes d’or ». Il n’est pas là comme spectateur, mais comme quelqu’un qui visite les assemblées, prenant un intérêt actif et profond à l’état des siens, porteurs de lumière divinement établis afin de briller pour Lui dans ce monde.

Verset 2 : Après cette présentation préliminaire du Seigneur, le message commence par ces mots : « Je connais ». Ce sont des paroles scrutatrices qui montrent les assemblées comme étant sous le regard de Celui à qui rien ne peut être caché.

Nous sommes limités dans notre connaissance et, par conséquent, souvent partiaux dans nos jugements. Le Seigneur connaît tout ce qui est de Lui et tout ce qui n’est pas de Lui, bien que souvent cela reste inconnu des autres. Il n’y avait rien dans cette assemblée que le monde puisse considérer comme étant incompatible avec la profession chrétienne ; néanmoins le Seigneur savait ce qu’il lui manquait. « Je connais » : voilà des mots encourageants pour le cœur, bien qu’ils sondent aussi la conscience.

Comme toujours, le Seigneur parle d’abord de ce qui a Son approbation ; dans cette assemblée, il y avait bien des choses en accord avec Sa pensée. D’abord, le Seigneur dit : « Je connais tes œuvres ». C’était certainement des œuvres que le Seigneur pouvait approuver, car il y avait dans cette assemblée beaucoup de dévouement dans le service.

Ensuite, le Seigneur approuve le « travail » qui marquait leurs œuvres. Il peut y avoir beaucoup de service et cependant peu de travail. Le mot indique que leur service demandait de l’énergie et du labeur ; les saints s’y dépensaient avec dévouement.

Puis le Seigneur relève et approuve leur patience (ou « persévérance »). Leur service n’était pas marqué par la simple énergie humaine qui se traduit si souvent par un grand déploiement d’activité. Il était marqué par cette calme persévérance qui ne se lasse pas dans l’œuvre du Seigneur, face à tous les obstacles, les découragements et même l’opposition.

De plus, le Seigneur peut manifester Son approbation en disant : « Tu ne peux supporter les méchants ». Ils refusaient de tolérer le mal ou de transiger avec lui ; ils ne voulaient pas non plus s’associer avec ceux qui pactisaient avec le mal.

Le Seigneur trouve encore un motif pour les approuver : leur refus ferme et sans équivoque de recevoir quelqu’un sur sa propre recommandation. Quelle que soit sa profession extérieure, jusqu’à même se dire apôtre, ils le mettaient à l’épreuve et rejetaient ceux qui étaient trouvés menteurs.

Verset 3 : Enfin, le Seigneur se complaît à rendre témoignage à leur amour fidèle et fervent. Leur patience, leurs afflictions, leur travail inlassable avait pour objet le nom de Christ ; ils ne cherchaient pas à se faire un nom à eux-mêmes ; ils agissaient par amour pour Son nom.

Combien belles sont ces qualités que le Seigneur souligne pour les approuver ; il est certes souhaitable que ceux qui cherchent à être une lumière pour Christ dans ce monde de ténèbres aspirent à revêtir des traits aussi excellents et cherchent à les posséder dans une heureuse harmonie, car chaque trait complète l’autre. Leur « travail » les gardait de n’accomplir des œuvres approuvées par le Seigneur que d’une façon froide et mécanique. La persévérance empêche le travail de n’être qu’une manifestation passagère de ferveur. La haine du mal empêche la patience de dégénérer en tolérance. En mettant à l’épreuve les professants et en démasquant leur prétention, ils prouvaient que leur haine du mal n’était pas une simple profession des lèvres, simple protestation non suivie d’action. De plus, le fait qu’ils faisaient tout pour le nom de Christ, prouvait que leurs œuvres, leur travail, leur persévérance et leur manière de traiter le mal, n’avaient pas simplement pour but d’établir ou de maintenir leur réputation religieuse. C’était pour l’amour de Christ.

Verset 4 : Il est ainsi évident qu’il y avait bien des choses, dans l’assemblée à Éphèse, qui méritaient l’approbation sans réserve du Seigneur. Bien qu’Il ait discerné quelque défaut, le Seigneur ne refuse pas Son approbation. Mais tout le bien qu’Il a pu approuver ne L’empêche pas de signaler la défaillance. Sous Son regard, il y avait dans cette assemblée un déclin d’une très sérieuse nature. Malgré bien des choses louables, Il doit dire : « Mais j’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour ». Cet abandon était si sérieux à Ses yeux qu’il faisait de cette assemblée une assemblée déchue. Extérieurement, il n’y avait rien en elle que le Seigneur condamne et rien à quoi le monde puisse trouver à redire. Certes, l’assemblée pouvait être marquée par des traits que le monde ne pouvait ni comprendre, ni imiter ; mais de toute façon, le monde pouvait difficilement condamner ceux qui étaient caractérisés par les œuvres, le travail, la persévérance, la haine du mal et l’absence de prétention. Extérieurement, tout était beau et la lampe paraissait briller avec suffisamment d’éclat devant le monde. Cependant, sous la surface, il y avait ce qui, aux yeux du Seigneur, gâtait toute cette belle apparence. L’assemblée avait abandonné son premier amour pour Christ. Ce n’était pas qu’ils aient abandonné leur amour, mais ils avaient perdu leur premier amour. Quelqu’un a dit : « Quel terrible déshonneur on jette sur Christ quand on perd son premier amour ! C’est comme si, après un premier contact, Christ perdait à être connu de plus près ».

Nous pouvons nous demander alors, qu’est-ce que le premier amour ? N’est-ce pas un amour qui ne souffre pas de partage, qui trouve une entière satisfaction dans son objet ? Un tel amour ne saurait souffrir de partage ; il remplit l’esprit et le cœur, à l’exclusion de tout autre objet ; il satisfait le cœur parce qu’il le remplit.

Il fut un temps où Christ était tout en tous pour l’assemblée à Éphèse. Alors, vraiment, Christ satisfaisait leur cœur, remplissait leurs pensées et absorbait leur énergie. Mais cette fraîcheur primitive avait passé. Ils n’avaient pas cessé de travailler pour Christ, ni de L’aimer, ni de souffrir pour Lui, mais leur travail et leur amour avaient perdu leur fraîcheur primitive. Le premier amour s’en était allé.

Qu’est-ce donc qui avait alimenté leur amour dans ces premiers jours ? N’était-ce pas la réalisation de l’amour de Christ pour eux ? L’amour qui surpasse toute connaissance — l’amour de Christ pour Son Assemblée — avait été placé devant eux, mais, au fil des jours, la conscience de Son grand amour pour eux s’était émoussée, et ainsi ils avaient abandonné leur premier amour pour Lui.

Le fait que Christ reproche à l’assemblée d’avoir abandonné son premier amour est une preuve de la grandeur de Son amour pour elle. Car Son amour est tel qu’il ne peut être satisfait s’il ne trouve pas en retour un cœur tout entier pour Lui. L’amour ne peut se satisfaire que d’une réponse sans réserve. Des œuvres faites pour Christ, si grandes soient-elles, ne sauraient satisfaire Son cœur. L’amour fervent de Marie reçoit l’approbation du Maître plus que le service empressé de Marthe. Ce n’est pas que les œuvres manqueront là où il y a l’amour. Marie qui a choisi « la bonne part » a fait « la bonne œuvre », et le Seigneur Lui-même, dans le message à Éphèse, lie le « premier amour » avec les « premières œuvres ». Il y avait certes à Éphèse des œuvres que le Seigneur pouvait approuver, mais elles n’étaient pas les premières œuvres qui étaient le fruit du premier amour.

Le Seigneur nous révèle donc ici la racine de tout déclin, soit dans l’Assemblée dans son ensemble, soit dans le croyant individuellement. Toute la ruine qui a été introduite, tout le mal subséquent qui se développe dans les autres assemblées, ont leur racine dans ce premier abandon. À Éphèse, nous voyons le premier pas qui conduit à la faillite complète de l’assemblée dans sa responsabilité. À Laodicée, nous voyons la dernière étape du déclin. À Éphèse, le Seigneur n’a plus la première place ; à Laodicée, Il n’a plus de place du tout ; Il est dehors à la porte. Si Christ n’a plus Sa place dans le cœur de l’Assemblée, le temps viendra où Il sera dehors, à la porte de l’Assemblée.

Verset 5 : La mise à nu de cette source cachée du déclin est suivie par une parole solennelle d’avertissement. Le Seigneur peut dire : « Souviens-toi donc d’où tu es déchu ». Aux yeux des autres, l’assemblée à Éphèse pouvait bien être considérée comme une assemblée modèle ; au regard de Christ, elle était déchue. L’assemblée est invitée non seulement à se souvenir, mais à se repentir. Il est inutile de pleurer la perte de la fraîcheur primitive, s’il n’y a pas de repentance. Et qu’est-ce que la repentance, si ce n’est reconnaître notre état réel devant le Seigneur ? Si nous sommes vraiment repentants, nous mettrons nos pieds dans les mains du Seigneur afin qu’Il puisse ôter la souillure qui est venue entraver la jouissance de Son amour pour nous, et affaiblir notre premier amour pour Lui. Si nos pieds sont dans Ses mains, Il pourra ôter toute la poussière du chemin, afin que comme jadis Jean, nous puissions, pour ainsi dire, reposer notre tête dans Son sein et y goûter à nouveau la joie du premier amour.

Le résultat de ce retour au premier amour sera vu dans les premières œuvres. Les Thessaloniciens, comme les Éphésiens, étaient caractérisés par leur « œuvre », leur « travail » et leur « patience », mais nous lisons que leur œuvre était une œuvre de foi, leur travail, un travail d’amour, et leur patience, une patience d’espérance.

Alors vient une dernière parole d’avertissement. Si l’assemblée ne se repent pas — s’il n’y a pas de guérison, s’il n’y a pas de retour au premier amour — le Seigneur les avertit qu’Il viendra vers eux comme juge et qu’Il ôtera la lampe de son lieu. La mission de l’Assemblée était d’être une lumière pour Christ dans ce monde de ténèbres. Cette mission ne peut être remplie que si le cœur est en bon état devant Christ. Le jugement qui menace l’assemblée, si elle faillit à sa mission, est vu comme un acte accompli par le Seigneur. Il ôtera la lampe comme, dans le passé, Il ôta Israël du pays dans lequel il aurait dû être un témoin pour l’Éternel. Dans les deux cas, le jugement peut être exécuté par l’intermédiaire du monde ; néanmoins, c’est le Seigneur qui en est l’auteur.

Verset 6 : Cependant, s’il y avait abandon du premier amour pour Christ, les Éphésiens continuaient à haïr ceux qui étaient un déshonneur pour Christ. Les Nicolaïtes semblent avoir été ceux qui faisaient de la profession chrétienne une couverture pour le péché. Ils utilisaient la grâce de Dieu pour se livrer aux convoitises de la chair. Une telle conduite était haïe par Christ, et justement haïe par l’assemblée à Éphèse. Au début, ce mal se traduisait par une conduite abominable. Plus tard, dans la période de l’histoire de l’Église qui correspond à Pergame, le mal fit de tels progrès que les mauvaises œuvres furent cautionnées par une doctrine perverse.

Verset 7 : Après cet avertissement, on trouve l’appel, pour celui qui a des oreilles, à écouter ce que l’Esprit a à dire aux assemblées. Le Seigneur envoie ces messages aux assemblées, mais à travers tous les âges, l’Esprit a appliqué les paroles du Seigneur au cœur et à la conscience de celui qui a des oreilles pour entendre. Ainsi, dans le message du Seigneur à l’ange de l’assemblée à Éphèse, se trouve révélée pour celui qui a l’oreille ouverte, la racine cachée de tout le déclin grandissant qui a marqué l’Assemblée, comme témoin responsable de Christ sur la terre durant sa longue histoire. Le premier manquement n’a pas été dans son témoignage devant le monde, mais dans ses relations secrètes avec Christ. L’éloignement intérieur précède toujours le déclin extérieur.

Le message se termine par la promesse du Seigneur au vainqueur. La victoire, pour l’Assemblée, s’entend normalement par rapport au monde, ainsi que Jean nous le dit : « C’est ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi » (1 Jean 5, 4). Ici la victoire doit être remportée à l’intérieur de la profession chrétienne, triste témoignage à l’état de déchéance de l’Église. Pour l’encouragement du vainqueur, le Seigneur présente la promesse de manger de l’arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu. Dans le paradis de l’homme, il y avait deux arbres, l’un en rapport avec le privilège et l’autre avec la responsabilité. L’homme a désobéi et a perdu toute bénédiction sur le terrain de la responsabilité. Dieu n’entra dans le jardin que pour chasser l’homme déchu. Maintenant, comme conséquence de la rédemption, le chemin est ouvert et l’homme peut entrer dans le paradis de Dieu et se nourrir là de Christ, l’arbre de vie, pour ne plus jamais en sortir. Le vainqueur, c’est-à-dire celui qui se repent et retrouve le premier amour, a la promesse d’être éternellement satisfait du fruit de l’arbre de vie dans le paradis de Dieu. D’autre part, la pensée du Seigneur est certainement que le vainqueur ait un avant-goût de ces encouragements dans son combat ici-bas pour la victoire.