Messager Évangélique:Comment le chrétien est «mort au péché, mais vivant à Dieu»

De mipe
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La grâce nous place toujours dans la liberté ; même dans la sainteté, la liberté caractérise la séparation qui en est le fruit ; car la liberté, c’est l’affranchissement de la servitude du péché, la consécration volontaire et joyeuse à Dieu.

Le chapitre que nous avons devant nous est très pratique, en même temps que très profond, comme tout ce qui vient de Dieu, car tout ce qui vient de Dieu, retourne à Dieu. L’homme rapporte tout à lui-même, par nature : toutes ses pensées, toutes ses actions, commencent et se terminent par le moi. Mais Christ ne pouvait descendre sur la terre et marcher dans la justice sans rapporter toutes choses à Dieu : tout l’encens de « l’offrande de gâteau » (Lév. 2) montait vers Dieu. Sans doute, les sacrificateurs en respiraient la bonne odeur, toutefois comme offrande, le parfum montait tout entier vers Dieu. Il en est de même de la nouvelle vie dont parle ce chapitre, et qui, venant de Dieu, remonte à Dieu. Elle produit des fruits, cela est naturel, mais ce n’est pas là son but ; comme nous lisons au chapitre 5 de l’épître aux Éphésiens : « Soyez donc imitateurs de Dieu, comme de bien-aimés enfants, et marchez dans l’amour ». Voilà la morale chrétienne ; c’est la nature de Dieu, la vie de Dieu exprimée dans les hommes, une vie qui découle de Dieu et qui doit retourner à Dieu. Mais la Parole ajoute : « Comme Christ aussi nous a aimés, et s’est donné lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu, en odeur de bonne senteur ».

La vie que Dieu donne remonte à Lui ; et lorsqu’elle fait défaut, tout manque. Elle est le tout, mes bien-aimés — car la valeur d’un homme n’est pas dans ce qu’il fait, mais dans le motif qui le fait agir. Deux hommes peuvent être occupés du même travail par des motifs totalement opposés : l’un travaillera pour sa famille, tandis que l’autre dépensera le prix de sa journée dans de coupables plaisirs. — Quelle différence entre l’acte de l’un et celui de l’autre ; et pourtant ils sont occupés du même travail et s’en acquittent également bien, dans l’intérêt de celui qui les emploie ! — Dans la nouvelle nature, je le répète, toute chose retourne à Dieu, c’est pourquoi nous avons à nous juger nous-mêmes, car même le chrétien, quand sa marche est sans reproche devant les hommes, peut permettre quelquefois que d’autres choses interviennent qui ne sont pas simplement plaire à Dieu — et qui altèrent le parfum. Quelle chose affreuse, lorsque le moi entre et vient corrompre le parfum ! alors même que d’autres ne s’en apercevraient pas.

Le chapitre 3 de cette épître nous enseigne de quelle manière le sang vient faire face aux péchés, soit des Juifs, soit des Gentils. — Le chapitre 4 nous montre le vrai caractère de la foi chrétienne, se reposant en Dieu qui était venu en puissance, et avait élevé à Sa droite Celui qui était mort. En regardant à Jésus comme à un homme placé sous la mort, nous voyons la puissance de Dieu qui intervient et Le ressuscite. — Dans le chapitre 5, ce principe est appliqué à la justification, et la Parole nous parle de la joie qui est répandue dans nos cœurs par le Saint Esprit. Ensuite vient la loi qui est mise en contraste avec la grâce, et qui fut introduite autrefois, après que l’homme fut devenu pécheur — elle-même étant juste, et ainsi démontrant le péché de l’homme. Il y a pour l’homme deux manières de subsister devant Dieu, et point d’autre : l’homme pouvait être juste, ou bien il peut être sauvé. L’homme aurait pu encore, il est vrai, être innocent comme le fut Adam, mais par l’entrée du péché dans le monde, cette possibilité est perdue pour toujours. L’homme ne peut donc se tenir devant Dieu que sur le fondement de la grâce souveraine. La loi est bonne, et si l’homme l’accomplissait, elle le rendrait heureux ; elle rendrait même les anges heureux, car aimer Dieu de tout son cœur et son prochain comme soi-même, cela est pratiqué dans le ciel. Mais dans la forme sous laquelle elle fut donnée à Sinaï, la loi ne pouvait être donnée à un Adam innocent ; car la loi suppose toujours la présence du péché, et elle intervient afin de mettre en évidence son vrai caractère.

Après nous avoir démontré que « comme par la désobéissance d’un seul, plusieurs ont été constitués pécheurs, ainsi aussi par l’obéissance d’un seul, plusieurs seront constitués justes » — et nous avoir ainsi fait comprendre que Dieu fait remonter la famille des pécheurs jusqu’à Adam et la famille des justes jusqu’à Christ, l’apôtre, dans le chapitre 6, s’empare de l’objection que ce qu’il vient de dire, paraît devoir nous rendre indifférents quant à notre marche pour nous faire faire un pas de plus dans la connaissance de notre position en Christ. La chair en effet raisonne ainsi : car si « par l’obéissance d’un seul plusieurs sont constitués justes », et si nous sommes envisagés dans le chef auquel nous appartenons, nos actions n’ont plus aucune importance, parce qu’elles ne sont pas le fondement de notre acceptation ; car la chair tourne tout à mal. Elle s’empare de la loi, qui a été donnée pour convaincre de péché, pour en faire un instrument de justice ; et de la grâce, qui est la puissance et le moyen de sainteté et de communion avec Dieu, pour en faire une occasion de péché.

Adam et Christ sont donc ici placés devant nous comme les deux chefs des deux familles humaines. Mais Adam est devenu un homme pécheur, le péché a été accompli en lui avant qu’il soit devenu chef de race. Christ également a accompli la justice avant qu’Il ne soit devenu le chef de Sa famille ; et de même que nous entrons dans la condition qui fut accomplie en Adam, nous entrons dans celle qui a été accomplie en Christ. Et comme nous avons eu en nous une vie qui aimait l’état dans lequel nous nous trouvions en Adam, de même, après que nous nous trouvons justifiés dans le Christ Jésus, il y a en nous une vie qui aime ce nouvel état.

La réponse de l’apôtre quant à l’usage que la chair voudrait faire de cette vérité que nous sommes justifiés par l’obéissance d’un autre, comme étant dans le chef qui est Christ, est tirée de la vérité même qui donna lieu à l’objection : le Christ dans lequel nous sommes, est mort et ressuscité ! « Nous qui sommes morts au péché, comment y vivrons-nous encore » (v. 2) ? — En Christ nous sommes morts au péché. Il n’est jamais dit que nous devions mourir au péché, mais que nous sommes morts au péché. Nous sommes établis en Christ. — Notre place est en Christ, mort et ressuscité. Si je possède cette justification, c’est en Lui en qui je possède cette vie. Si je n’ai pas l’une, je n’ai pas non plus l’autre. L’apôtre ne parle pas ici de motifs ; il établit ce qui doit être nécessairement, en conséquence de la nature de notre union avec Christ. Si je crois que je suis sauvé par le sang de Jésus, je trouve dans ce sang, mis sur mon oreille, sur ma main et sur mon pied (comp. Lév. 8, 23, 24), un motif pour marcher d’une manière qui soit en harmonie avec ce que ce sang réclame. Mais, je le répète, il n’est pas question ici de motifs, mais de résurrection. Comment ai-je été justifié ? Par la mort et la résurrection. Dieu me considère donc comme mort, car Christ est mort et je suis en Lui. Si je suis mort, je ne puis pas vivre en ce en quoi je suis mort ; — voilà la doctrine ! Nous sommes appelés à mortifier nos membres et non à mourir nous-mêmes.

La grande question pour nous est : Comment pouvons-nous nous débarrasser du péché qui est dans notre nature ? Il faut que nous fassions mourir le péché ; il faut que nous nous mettions à mort nous-mêmes. Mais comment pouvons-nous accomplir cette œuvre pendant que nous sommes dans cette nature ? Il faut que nous possédions une autre vie, avant que nous puissions faire mourir celle que nous avons ; il faut que nous ayons une vie nouvelle avant que nous puissions crucifier l’ancienne, autrement nous ferions mourir la seule vie que nous possédons. Or, cette vie nouvelle nous est donnée, de sorte que nous pouvons mortifier ce qui est de la vieille vie ; et ce sont mes membres que je mortifie, ce n’est pas moi-même. Mon moi, le vieux moi, est mort dans la mort de Christ, ainsi qu’il est écrit : « Je suis crucifié avec Christ » ; mais l’Écriture ajoute : « Mais Christ vit en moi » (Gal. 2, 20) ; la nouvelle vie, c’est moi maintenant. Je vis ! — J’ai une vie nouvelle, quoique la vieille vie ait été mise à mort, et dès ce moment je puis exterminer tout ce qui appartient à l’ancienne.

L’apôtre unit ainsi la liberté à la mort et à la résurrection : « Sachant ceci, que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit annulé pour que nous ne servions plus le péché » (v. 6) ; « car si nous avons été identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort, nous le serons donc aussi dans la ressemblance de sa résurrection » (v. 5).

À quel Christ avons-nous part ? À un Christ mort ou à un Christ ressuscité ? Christ est-Il divisé ? Nous n’avons pas part à un demi-Christ. Si nous sommes morts avec Lui, nous ressuscitons aussi avec Lui, « afin que comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, ainsi nous aussi nous marchions en nouveauté de vie » (v. 4). Là est notre marche. Et remarquez que le type de cette marche — la mesure qui est placée devant nous, c’est « la gloire du Père » !

Je m’arrête ici un moment pour examiner cette expression merveilleuse ; car tout ce qui nous montre l’excellence de Christ, nous donne de la puissance. Ce que je vois ici, c’est qu’il n’y a pas une seule chose qui glorifie le Père, qui ne soit en jeu dans la résurrection de Christ d’entre les morts. La puissance divine ? — C’est Dieu qui ressuscite les morts. La mort comme ruine de l’homme ? — Dieu en ramène Christ. L’amour du Père ? — Il est en plein exercice. Fut-il jamais plus complètement manifesté que dans la mort de Christ ? « À cause de ceci, le Père m’aime, c’est que je laisse ma vie afin que je la reprenne » (Jean 10, 17). Le Père trouve, pour ainsi dire, un nouveau motif d’aimer Son Fils. Mais, de plus, c’était le Fils du Père qui se trouvait ainsi sous la puissance de la mort, et par conséquent, Il ne pouvait y être laissé. Pour l’amour de Sa gloire, le Père ne pouvait pas souffrir que Son Bien-aimé sente la corruption. — Sa justice ? — La justice du Père fut magnifiée. « Je t’ai glorifié sur la terre… maintenant glorifie-moi, toi, Père, auprès de toi-même » (Jean 17, 4, 5). La Père, ayant en quelque sorte été rendu débiteur du Fils, qui L’avait glorifié sur la terre, avait à Lui donner maintenant Sa récompense. Ainsi, tout ce qui constitue la gloire du Père a été en exercice dans l’élévation de Jésus à la droite même de Dieu. Il y aurait eu une lacune dans le ciel, une lacune effrayante, si Christ n’avait pas été ressuscité, mais il n’était pas possible qu’Il fût retenu sous la puissance de la mort.

« Vous aussi tout de même, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (v. 11). — L’apôtre ne dit pas : Réalisez que vous êtes morts, quoique cela soit vrai en son lieu, mais dans la puissance de cette vie ressuscitée : tenez-vous vous-mêmes pour morts, puisque Christ est mort. C’est ici que j’obtiens cette vie en Christ ressuscité. Mon âme est amenée à saisir la gloire du Père, le caractère du Père et Sa relation avec Christ, en voyant toutes les perfections divines mises en évidence dans la résurrection de Christ, et en étant rendu participant en Lui de la vie, dans la puissance de laquelle Il est ressuscité. Et comment suis-je ainsi associé à cette vie ? Pourquoi Christ était-Il là dans la mort ? Pour mes péchés — et ce fait lie cette vie ressuscitée à mes affections. Ce n’est pas par la puissance ou par un effort de l’intelligence qu’on y entre ; — mais quand l’âme, dans la puissance du Saint Esprit, saisit l’excellence de la personne de Jésus, comprenant qu’Il était tel, qu’Il ne pouvait être retenu par la mort, et que la gloire du Père était engagée dans Sa résurrection. Lorsque nous connaissons la personne de Christ, nous savons qu’Il ne pouvait être retenu par la mort ! — C’est à cette connaissance que le Seigneur amena la femme samaritaine. Il agit d’abord sur sa conscience : « Va et appelle ton mari » ; ensuite, après lui « avoir dit tout ce qu’elle avait fait », Il l’amène au point où Il peut lui dire : « C’est moi qui te parle » (Jean 4, 16, 26, 29), de sorte que la personne du Seigneur Jésus remplit son âme et son cœur. Lorsque Dieu nous a fait comprendre par la puissance de l’Esprit, que c’est un Christ mort qui est ressuscité, alors nous acquérons la puissance de la vie. Je suis uni à Christ Lui-même qui est ressuscité, mais qui a été mort une fois pour mes péchés, étant descendu par grâce jusque dans la condition dans laquelle je me trouvais, et hors de laquelle Il fut ressuscité par la gloire du Père. Combien ceci rapproche le Seigneur de nous ! Comment vous ou moi pourrions-nous monter au ciel pour contempler la gloire du Père ? Mais ici je vois la gloire du Père entrer là où Christ était mort pour mes péchés. Il a été occupé de moi ; — Il a souffert pour moi. N’allez pas croire même pour un instant, que c’est par une sagesse de l’intelligence que vous arriverez à ces choses, mais elles rempliront votre âme quand vous apprendrez que vous êtes un si grand pécheur que Christ a été dans le sépulcre à cause de vos péchés. D’abord, la conscience est atteinte par la puissance de l’Esprit de Dieu ; ensuite nous voyons la fin de ses luttes dans ce qui a lieu dans la personne de Christ, lorsqu’Il est complètement sous le poids de nos péchés.

Nous avons vu que toute la puissance et toute la gloire du Père étaient en jeu dans la résurrection de Christ, et le cœur suit Jésus là où Il est maintenant dans la gloire.

L’apôtre va nous montrer maintenant de quelle manière nous avons part à la mort et à la résurrection de Christ. « Si nous avons été identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort, nous le serons donc aussi dans la ressemblance de sa résurrection » (v. 5). Je le répète, ce n’est pas un demi-Christ que nous avons. Si Christ est mort, et si nos péchés sont effacés, c’est qu’Il est ressuscité, et notre place est avec Lui comme étant ressuscité. (Car, dans cette partie de l’épître, il ne s’agit pas de justification. La justification ne consiste pas en ce que Christ a effacé le péché, mais en ce que Lui, dans Sa personne, Il a été accepté ; — Il a été ressuscité pour notre justification — et que nous, nous sommes acceptés en Lui.) « Notre vieil homme a été crucifié avec lui, pour que nous ne servions plus le péché » (v. 6). Servir le péché ! L’apôtre se sert du langage d’un pays où il y avait des esclaves ; il parle à la manière des hommes. Vous êtes maintenant des serviteurs de la justice, et cependant pas des serviteurs, car, en vérité, vous êtes libres. La position dont il est question ici est celle d’un homme qui dépend de la volonté d’un autre et qui est à sa disposition. Il était l’esclave du péché. Être sous la loi et être sous le péché, c’est la même chose (voyez Jean 8). « L’esclave ne demeure pas dans la maison pour toujours ». — Si vous êtes sous la loi, vous ne pouvez pas demeurer toujours dans la maison — vous n’êtes que des esclaves — vous pouvez être mis dehors, comme il arrive aux esclaves, ou être tués si vous ne faites pas bien votre service. Mais si vous êtes fils, vous faites partie de la famille, vous êtes libres et vous demeurez dans la maison pour toujours.

On ne peut rien mettre à la charge d’un homme qui est mort ; le maître d’un homme mort a perdu son pouvoir sur lui. Si l’on veut tuer, il faut qu’il y ait quelqu’un à tuer. La vie à laquelle l’iniquité pouvait être imputée, cette vie n’existe plus. Nous sommes morts. — Mais comment se fait-il que nous puissions parler ainsi ? Christ est mort et nous sommes morts en Lui. « Celui qui est mort est quitte du péché » (v. 7). Mais vous dites : Hélas ! nous n’en avons pas fini avec le péché ! Voulez-vous être plus sage que Dieu ? Dieu dit qu’en Christ nous sommes quittes du péché. Le péché fut attaché à Christ, mis sur Lui pour nous, par grâce, et Christ est mort, et c’en est fait du péché, entièrement. Christ est mort pour tout le mal que je vois en moi — le principe du mal, mes mauvais penchants et tout le reste ; tout cela a pris fin en Christ, et maintenant, je suis appelé à faire mourir tout ce qui le rappelle. Par conséquent : « Tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché » — tenez-vous pour morts — telle est l’expression de l’Écriture — et là est la liberté — l’affranchissement du péché et non la liberté de pécher.

Je désire faire ici deux observations. L’évangile produit nécessairement des fruits en moi, mais la doctrine du christianisme, c’est que je suis sauvé par un médiateur. Si je dois être sauvé par moi-même, c’en est fait de moi ; — tout est perdu. Si je dois jamais paraître en jugement, je suis perdu. Toute la doctrine du salut repose donc sur ce qu’il y a « un médiateur » (Job 9, 33). Quant à moi-même, comme dit Job : « Si je me lave dans de l’eau de neige, et que je nettoie mes mains dans la pureté — alors tu me plongeras dans un fossé, et mes vêtements m’auront en horreur » (Job 9, 30, 31). Mais il y a un médiateur, il y a quelqu’un « qui met la main sur nous deux » ; et cette personne, c’est Christ. Il est ma vie, et assurément je produis du fruit, mais je suis fait justice de Dieu en Lui.

Cependant vous dites : « Le péché est pourtant toujours vivant en moi ». Laissez-moi vous demander ceci : Christ est-Il tout ce qu’Il est, pour les péchés que vous avez, ou pour ceux que vous n’avez pas ? — Pour ceux que vous avez, sans nul doute — pour ceux que vous découvrez en vous. C’est pour ces péchés-là que Christ mourut. Il est bon d’être jaloux d’une jalousie de Dieu, mais, en même temps que la jalousie de la grâce, souvenez-vous qui a effacé tous vos péchés.

Si nous sommes morts, nous vivons aussi. Par ma relation avec Christ, je suis amené dans une nouvelle condition d’existence dans laquelle rien ne peut s’élever contre moi : ni le péché, ni Satan, ni la mort. Il n’y a rien de ce qui pouvait m’atteindre comme pécheur, que Christ n’ait affronté pour moi, et Il a triomphé de tout. Nous sommes placés dans un état entièrement nouveau — comme au-delà de la mer Rouge. Christ mourut une fois au péché. S’Il avait refusé de prendre sur Lui tout ce qui pesait sur moi comme pécheur, je n’aurais pas été sauvé — je n’aurais point de liberté. « Mais il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes » (Héb. 5, 8). Il dut obéir jusqu’aux dernières limites de l’obéissance ; Il dut passer à travers tout, afin que l’on vît si, en quoi que ce soit, on pourrait trouver en Lui un refus d’obéir (et c’est là le péché), mais il ne s’en trouva pas, et c’est ce qui fait que dans Sa mort, il n’y a pas seulement l’expiation, mais aussi la perfection morale du Rédempteur.

Christ ne demanda jamais qu’une autre coupe, quelle qu’elle fût, fût éloignée de lui ; — mais cette coupe-là, Il ne pouvait pas désirer de la boire, car c’était souffrir pour le péché — Dieu Lui cachant Sa face. Ainsi, dans le jardin, Il choisit la coupe qui Lui cachera la face de Dieu, plutôt que de manquer à l’obéissance — et désormais Il vit au-delà de tout cela. Quelle sera donc maintenant votre position ? Vous êtes morts, n’est-ce pas ? Oui, « morts », mais pourtant « vivants » ; et telle est la véritable position chrétienne. Ce n’est pas : « Si vous n’êtes pas cela, vous ne jouirez pas de la valeur du sang » ; mais : « Vous devez être cela puisque Christ l’est ». Je n’exhorte pas quelqu’un qui n’est pas mon enfant à vivre comme s’il l’était. Non, certainement. « Vous aussi, tout de même, tenez-vous vous-mêmes pour morts, etc. ». J’acquiers à la fois la position et ce qui en est la conséquence. Je dois me tenir moi-même pour mort. C’est là de la foi. Je le répète, il n’est pas dit : « faites l’expérience », mais « tenez-vous vous-mêmes pour morts etc. » et la conséquence suivra. Par grâce, j’ai le droit de me tenir pareillement pour ressuscité ; et alors je vis pour Dieu. J’ai ainsi la position justifiée de vivre pour Dieu devant le monde, comme auparavant j’étais dans la position de condamnation de la vie coupable d’Adam. L’apôtre ne dit pas : « Livrez-vous vous-mêmes à la vertu », mais « Livrez-vous vous-mêmes à Dieu ». Ce qui vient de Dieu retourne à Dieu. (Je m’abhorre moi-même lorsque je vois que je fais une chose bonne, et que je ne la fais pas en vue de Dieu. Cela arrive, hélas ! Et en parlant de la meilleure chose, il peut y avoir le plus affreux péché.) Maintenant je me livre moi-même à Dieu. Une des premières choses que j’aie remarquées en lisant les évangiles, c’est que jamais Jésus n’a fait quoi que ce soit en vue de Lui-même. Il n’avait pas le temps de dormir. La prière occupait Ses nuits ; ou bien Il reposait tranquillement dans le vaisseau battu par les vagues. Il était là dans l’obéissance, non pas seulement dans les choses qui étaient commandées, mais parce qu’elles étaient commandées. Oh ! quelle liberté ! Si vous êtes chrétien, vous savez ce que c’est que d’être un meurtrier du péché et du moi ; et c’est là la chose la plus heureuse. J’ai le droit d’en avoir fini avec moi-même.

Le chapitre 5 nous présente un homme, par lui-même pécheur, sous le jugement de la désobéissance ; ici, c’est un homme sous la domination du péché — comme jadis Israël sous Pharaon, obligé de faire des briques sans paille : les Juifs n’y trouvaient pas de plaisir, cependant ils le faisaient. Mais, dites-vous, le péché a de la puissance ; je crains que je ne me trompe. — Où en êtes-vous ? — Vous ne vous placez pas sous la grâce. Il faut y être d’abord ; et puis allez à Dieu et vous obtiendrez de la force pour résister au péché. C’est pourquoi le chapitre 5 est placé avant le chapitre 6. Avant tout, il faut que vous soyez placés sous la grâce. La grâce ne s’exerce pas envers un être saint — c’est alors l’amour ; — mais elle s’adresse à quelqu’un qui en est indigne. « Le péché n’aura pas d’empire sur vous, parce que vous n’êtes pas sous [la] loi, mais sous [la] grâce » (v. 14). Vous avez Dieu de votre côté, pour vous, contre le péché.

Les hommes pensent que si on donne à l’homme une paix parfaite, il oubliera Dieu. Hélas ! il est dans notre nature corrompue d’en agir ainsi en tout temps, et d’abuser pour cela du soulagement qu’a trouvé la conscience. Mais la puissance de la résurrection en Christ dans laquelle nous obtenons ce soulagement, nous délivre du péché, et comment celui qui est délivré du péché peut-il être esclave du péché ? « Si nous sommes conduits par l’Esprit, nous ne sommes pas sous la loi » (Gal. 5, 18). Le Saint Esprit ne nous conduira jamais dans le péché. « Ayant donc été affranchis du péché, vous avez été asservis à la justice » (v. 18). Quand je dis : « asservis », je parle à la façon des hommes, car après tout, c’est réellement la liberté que le service de Dieu. Remarquez qu’il y a un fruit dans la justice. Quel fruit avions-nous du péché ? La fin de ces choses est la mort, mais la justice, servant la volonté de Dieu, produit des fruits bénis. Non seulement il y a des fruits justes, mais il y a un fruit dans la justice. « Nous avons notre fruit en sanctification » (v. 22). Qu’est-ce que la sainteté ? C’est la séparation pour Dieu. Adam n’était pas saint — il était innocent. Dieu est saint. Il connaît le bien et le mal ; Il aime le bien et Il hait le mal. Il en est ainsi de Jésus, et puis de nous. Nous aimons le bien et nous haïssons le mal. Mais moi, comme créature, je ne puis juger de la différence entre le bien et le mal, c’est pourquoi j’ai besoin de Dieu comme d’un objet pour discerner la mesure entière du bien, et pour pouvoir ainsi juger le mal, et m’en tenir séparé. Des affections tournées vers Christ sont le canal et la puissance de ce bien. Christ, dans ce sens, ne pouvait pas avoir d’objet, quoiqu’Il eût toujours son Père devant Lui, et que, comme homme, Il regardât « à la joie qui lui était proposée » (Héb. 12, 2). Mais Il n’avait pas besoin d’avoir Ses affections tournées vers un objet qui Le sanctifiât ; car elles l’étaient dans la vérité et une parfaite communion ; et en prenant Sa place d’homme ressuscité, Il se sanctifiait Lui-même et se mettait à part comme l’homme ressuscité, par la révélation duquel nous devions être sanctifiés par la vérité. Lui-même, Il était l’objet de l’amour du Père sur la terre (Matt. 3, 16, 17). Ailleurs (Act. 7, 55) Il est le nôtre dans le ciel[1].

Il n’y a point de fruit du péché ; mais la destruction, jusqu’à la mort, de ce qui a été dégradé en perdant l’image de Dieu. Maintenant je suis appelé à marcher dans la justice, et la conséquence en est que je m’éloigne de l’esprit et des voies du monde ; je suis soustrait à l’influence des choses qui le gouvernent ; dans la liberté pratique de ma nouvelle nature, mon cœur est plus occupé de ce qui est de Dieu ; ma confiance en Lui est augmentée, la prière embrasse une sphère plus étendue, le cœur est attiré plus près de Dieu, et par le commerce dans lequel je vis avec Dieu, j’apprends à Le connaître mieux Lui-même. Ce n’est pas seulement qu’il y a des fruits, mais à cette marche pratique dans la justice, se lie la consécration du cœur à Dieu, et la connaissance de Dieu Lui-même. Si nous vivons pour Dieu, nous connaîtrons ce qui est bon ou mauvais à Ses yeux. Ce n’est pas seulement que nous vivions pour Christ quant au dévouement extérieur, mais notre cœur sera délivré de l’influence des choses qui l’entraînaient autrefois.

C’est pourquoi veillez à ce que Dieu soit tout dans votre vie de tous les jours ! Ne soyez pas comme des gens dont les pieds glissent à tout moment, et qui avancent pour glisser de nouveau et recommencer toujours, comme font tant de chrétiens, mais avancez tranquillement et d’un pas ferme, croissant dans la séparation pour Dieu. Alors « vous aurez votre fruit en sanctification », étant vous-mêmes asservis, non pas à la sanctification, mais, comme il est dit, « à Dieu ». Là est la source, et l’excellence glorieuse et la liberté du service. Vous pouvez être un esclave à la justice, afin de satisfaire votre conscience et vous exténuer ainsi jusqu’à la mort ; tandis que ce que je trouve ici, par la grâce, c’est la liberté par la justice, et ensuite la volonté de Christ comme le motif de tout ce que je suis, et de tout ce que je fais. C’est la liberté, en effet ! Il faut le fruit pratique de chaque jour, mais, en outre, il y a la joie, la joie positive, de servir Dieu. Et, après tout, après que cette voie pratique d’arriver à la justice et à la véritable sainteté, à l’image même de Dieu — vous a été enseignée, il est doux d’apprendre encore que la vie éternelle est entièrement par grâce, « le don de Dieu ». J’aime mieux recevoir et posséder la vie éternelle comme un don de Dieu, que de mériter dix vies, car posséder la vie ainsi, est la preuve de l’amour de Dieu, et par là félicité !

Que le Seigneur nous donne, dans notre vie ordinaire de chaque jour, de vivre de la vie cachée du cœur, et de faire découler de là la vie extérieure de notre service pour Lui, sur le fondement que nous nous tenons nous-mêmes pour morts et ressuscités, nous livrant nous-mêmes à Dieu, comme d’entre les morts étant faits vivants (v. 13).



  1. Quand je dis : « sur la terre », je parle de Christ comme actuellement révélé. Il a été les délices du Père éternellement. Voyez Proverbes 8.