Messager Évangélique:Notes sur les sacrifices/Partie 3

De mipe
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Du sacrifice de prospérité — Lév. 3 et 7, 11 et suiv.

Le premier chapitre du Lévitique nous a présenté, sous la figure de l’holocauste, Christ se donnant Lui-même pour faire toute la volonté de Dieu, Christ obéissant jusqu’à la mort, éprouvé au feu du jugement de Dieu, s’offrant Lui-même à Dieu sans tache, Christ glorifiant Dieu sur la terre et ouvrant ainsi au pécheur, par le sacrifice de Lui-même, un libre accès auprès de Dieu ; et la bonne odeur du sacrifice monte continuellement vers Dieu à qui il est offert tout entier (Lév. 1 ; 6, 1-6 ; Ex. 29, 38-46).

Au chapitre 2, nous avons vu, dans l’offrande du gâteau, toute la perfection de l’homme Christ Jésus, dans Sa nature et Sa vie de dévouement parfait à Dieu — une offrande de fine farine, pétrie à l’huile et ointe d’huile, sans levain ni miel, salée de sel, et dont le mémorial, avec tout l’encens, était offert à Dieu sur l’autel en bonne odeur : le restant était pour la nourriture de ceux qui avaient accès dans le sanctuaire (Lév. 2 ; 6, 7-11 ; 7, 12-13 ; 23, 10-22).

Le chapitre 3 traite du sacrifice de prospérité, et en particulier de la portion de ce sacrifice qui était offerte à Dieu ; ce qui advient du corps de la victime est développé au chapitre 7, versets 11 et suivants.

Le sacrifice de prospérité a le même caractère général que les deux précédents : il est un sacrifice volontaire fait par feu en bonne odeur à Jéhovah. Il a ceci de particulier, qu’il est ce dont le Seigneur Lui-même se nourrit : ce n’est pas seulement un sacrifice, mais « une viande de sacrifice » (v. 11, 16) ; et ce que Dieu a préparé pour la nourriture des siens, afin qu’ils aient communion avec Lui.

Le premier acte consistait à présenter la victime, soit mâle, soit femelle[1], sans tare, devant l’Éternel, en posant la main sur sa tête pour s’identifier avec elle, à la tuer à la porte du tabernacle d’assignation et à faire aspersion de son sang sur l’autel tout à l’entour (v. 1, 2), ce qui était la base de toute offrande de bétail. Puis toute la graisse, surtout celle des entrailles, était brûlée sur l’autel des holocaustes, par-dessus l’holocauste, devant le Seigneur (v. 3-5).

Le sang et la graisse plus particulièrement sont « la viande du sacrifice » (v. 11, 16) : l’un et l’autre étaient également défendus à Israël et réservés exclusivement à Dieu (v. 16, 17 ; Lév. 7, 22-27 ; 17). Le « sang », c’est la vie (Gen. 9, 4 ; Lév. 17, 11, 14) ; et toute vie vient de Dieu et appartient à Dieu : c’est ce qu’Abel comprit et ce qui fit que Dieu accepta son sacrifice. La « graisse » représente la richesse et l’énergie de la nature, la force de la volonté, l’intérieur d’un cœur d’homme. « Ils seront rassasiés de la graisse de ta maison ». « Mon âme est rassasiée comme de moelle et de graisse ». « Les yeux leur sortent dehors à force de graisse ». « Jeshurun s’est engraissé et a regimbé » (Ps. 36, 8 ; 63, 5 ; 119, 70 ; 73, 7 ; Deut. 32, 15 ; voyez aussi Ps. 65, 11 ; 17, 10). C’est pourquoi aussi, quand le Seigneur veut exprimer Son entière mortification, Il dit qu’on pourrait compter tous Ses os et que Ses os sont attachés à Sa chair à cause de la voix de Son gémissement (Ps. 22, 17 ; 102, 5). Or « toute graisse appartient à Jéhovah » (v. 16) ; elle était brûlée en offrande à Dieu et ne devait pas être mangée.

Dans le Seigneur Jésus toute la riche énergie de la force de Sa nature, toutes « ses entrailles », si on peut dire ainsi, « l’homme intérieur du cœur », étaient un holocauste à Dieu, entièrement sacrifié et offert à l’Éternel comme oblation de bonne odeur. C’était là « la viande de Dieu » dans l’offrande, « la viande de l’offrande faite par feu à l’Éternel » (v. 16 — comp. Lév. 21, 6, 8, 17). Dieu y prit plaisir ; Son âme s’y reposa, car c’était « très bon », bon au milieu du mal, bon par l’énergie du dévouement. L’œil de Dieu parcourant la terre, comme le pigeon de Noé, ne pouvait, jusqu’à ce que Jésus y parût, trouver aucun lieu où se reposer avec satisfaction. Sur Jésus les regards du Père peuvent s’arrêter avec bienveillance. Quels que fussent, dans le ciel, les conseils de Dieu, le ciel demeurait comme fermé sur la terre, jusqu’à ce que Jésus, l’homme nouveau et parfait, le Saint, parût ici-bas où Il venait s’offrir à Dieu pour faire Sa volonté. Au moment où Jésus se présenta pour commencer Son service, le ciel s’ouvrit, le Saint Esprit descendit sur Lui, comme sur l’unique lieu de Son repos, et la voix du Père que rien ne pouvait arrêter, fit entendre cette déclaration : « C’est ici mon Fils bien-aimé, en qui j’ai pris mon plaisir » (Luc 3, 22). Cet objet de l’amour du Père, trop excellent pour que le silence du ciel continuât, devait-Il perdre de Sa perfection et de Sa valeur, au milieu d’un monde de péché ? C’est là au contraire que Son excellence fut éprouvée et démontrée. S’Il apprit l’obéissance par les choses qu’Il a souffertes (Héb. 5, 8), il était vrai de Lui que chaque mouvement de Son cœur était consacré à Dieu. Il marchait dans la communion de Dieu ; L’honorant dans Sa vie et dans Sa mort. L’Éternel trouva constamment en Lui Ses délices : c’était là « la viande de l’offrande » !

Les graisses, et particulièrement celles des entrailles, étaient ainsi offertes à Dieu en bonne odeur : comme Jésus l’a été, elles étaient éprouvées par le feu de la sainteté de Celui qui est « un feu consumant », qui ne peut supporter le mal, ni rien de ce qui est incompatible avec Sa nature (Héb. 12, 29 ; comp. aussi 1 Jean 1, 5 ; És. 6, 1-7) ; et elles étaient acceptées et reconnues comme étant un aliment pour Dieu Lui-même.

Tel est le grand principe développé dans le sacrifice de prospérité ; mais il y a aussi la communion de nos âmes avec ce qui fait la nourriture de Dieu Lui-même. Dans l’holocauste tout était brûlé pour Dieu ; ici, le sang était aussi répandu d’abord sur l’autel et tout à l’entour, et la graisse était brûlée comme un holocauste, en signe que la consécration à Dieu était entière et parfaitement agréée par Lui, mais la grâce avait réservé une part pour l’homme. La poitrine de la victime était pour Aaron et ses fils, types de l’Église tout entière ; l’épaule droite pour le sacrificateur qui faisait l’aspersion du sang, type plus spécial de Christ sacrificateur qui offre le sang dans le ciel, et le reste pour celui qui offrait le sacrifice et ceux qu’il invitait. Le sacrifice de prospérité est donc pour nous un type de la communion des saints, selon l’efficacité du sacrifice, avec Dieu, avec le sacrificateur qui l’offre pour eux, et avec tout le corps de l’Église.

Nous apprenons, par cette ordonnance, comment il se fait que chez les Juifs, les festins s’alliaient tellement à un sacrifice, qu’au désert, là où cela était faisable, personne ne devait manger de la chair d’un animal, à moins de l’avoir présenté d’abord en offrande devant le tabernacle. Les païens aussi avaient cette coutume, ou bien l’imitèrent : celui qui offrait le sacrifice en avait sa part ; et Dieu, parlant de la cène en rapport avec ce type et cette coutume, déclare que « ceux qui mangent des sacrifices ont communion avec l’autel », et Il ne veut pas que les chrétiens participent à la table du Seigneur et à la table des démons. Plus loin encore, lorsqu’Il permet aux Corinthiens de manger de tout ce qui était mis devant eux, sans qu’ils eussent à s’enquérir si l’animal avait été ou non sacrifié aux idoles, Il revient sur le même sujet, disant : « Mais si quelqu’un vous dit : Ceci est sacrifié aux idoles, n’en mangez pas, car celui qui mange a communion avec l’autel ». Le sang de la victime était répandu sur l’autel, et puis le sacrifice était mangé, par conséquent ceux qui en prenaient leur part avec connaissance de cause, étaient regardés comme participants à l’autel, car c’était de cette manière qu’il y avait communication, soit avec une idole, soit entre un fidèle et Dieu.

Le sacrifice de prospérité se liait, dans l’application, à l’offrande du gâteau (chap. 7, 11-13) : il ne fait pas seulement les délices de Dieu, mais il est ce à quoi nous pouvons participer ensemble avec Lui ; il est l’élément constitutif de la communion. « Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que moi je vis à cause du Père, celui qui me mangera, vivra aussi à cause de moi » (Jean 6, 57). La communion a lieu entre l’adorateur, le sacrificateur et Dieu ; et nous n’avons pas seulement le privilège de savoir que le sacrifice offert à Dieu, nous ouvre l’accès jusqu’à Lui (comme dans l’holocauste par exemple), mais Dieu, ayant agréé le sacrifice, prend plaisir à se mettre en communication avec nous à son sujet, et à nous donner une part dans ce qui fait l’objet de Ses délices. Jésus, comme Celui qui a été immolé, devient l’aliment dont nous devons faire notre nourriture. « Le pain que je donnerai, c’est ma chair, laquelle je donnerai pour la vie du monde. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle » (Jean 6, 51, 54). Lorsque nous arrivons à la connaissance de Christ, nous nous nourrissons de Lui qui a été ainsi immolé et dont le sang a été, pour ainsi dire, séparé du corps. « Ma chair est en vérité un aliment et mon sang est en vérité un breuvage » (Jean 6, 55). « Sans effusion de sang, il ne se fait pas de rémission » (Héb. 9, 22). Nous nous nourrissons de Jésus comme de la vie qui a été donnée, non pas de Sa vie comme vie, mais de Sa vie comme donnée jusqu’à la mort ; nous nous nourrissons de Lui, non seulement comme de Dieu venu en chair, mais comme de Celui qui a donné Sa chair pour être mangée, et Son sang pour être bu, étant aussi parfaits et sans tache que la vie qui fut répandue. En présence du Seigneur, à Sa table, pour ainsi dire, les sacrificateurs s’approchent en vertu de ce parfait sacrifice, ils s’en nourrissent comme de ce qui fait les délices de Dieu et ils ont part à Sa joie. Dieu Lui-même se réjouit de l’excellence de l’œuvre de la rédemption accomplie par Christ, et les adorateurs ont communion avec Dieu dans cette joie. Comme des parents se réjouissent d’une joie commune dans leurs enfants, d’une joie qui est augmentée par l’intérêt mutuel qu’ils y prennent, ainsi les adorateurs, remplis de l’Esprit et rachetés par Christ, ont un même sentiment avec Dieu au sujet de Christ : ils se réjouissent avec Dieu de l’excellence de ce parfait sacrifice.

Mais il y avait à cette joie une condition : il fallait que celui qui mangeait du sacrifice de prospérité, fût net. Si quelqu’un mangeait du sacrifice, étant souillé, il devait être retranché du milieu du peuple (chap. 7, 19-21). Nous savons que la purification morale a pris la place de celle qui n’était que cérémonielle : « Vous êtes nets, à cause de la parole que je vous ai dite » (Jean 15, 3) ; « Dieu n’a pas fait de différence entre nous et eux, ayant purifié leurs cœurs par la foi » (Act. 15, 9). C’étaient donc les Israélites qui avaient part aux sacrifices de prospérité, mais si un Israélite était souillé par quoi que ce soit qui souillât, selon la loi, il ne pouvait pas manger du sacrifice, tant que durait cette souillure. Ce ne sont non plus que les chrétiens, dont les cœurs sont purifiés par la foi, parce qu’ils ont reçu avec joie la Parole, qui peuvent en réalité adorer Dieu et avoir part à la communion des saints : si le cœur est souillé, cette communion est interrompue. C’était tout autre chose de ne pas être Israélite ou de n’être pas net ; celui qui n’était pas Israélite n’avait jamais part aux sacrifices de prospérité ; il ne pouvait pas même s’approcher du tabernacle. N’être pas net ne prouvait pas qu’on n’était pas Israélite ; au contraire, l’exclusion que Dieu ordonnait ne s’exerçait qu’à l’égard de ceux qui étaient Israélites ; mais la souillure rendait l’individu incapable de participer aux privilèges de la communion avec ceux qui étaient nets, car quoique les adorateurs en fussent participants, ces sacrifices de prospérité « appartenaient au Seigneur » (chap. 7, 20, 21). On ne peut s’approcher de l’autel que si on est net : ce n’est qu’autant que nous sommes purifiés et acceptés, que nous pouvons jouir ensemble du Seigneur Jésus, donné pour être un objet commun de jouissance et de communion entre Dieu et nous.

Nous ne nous approchons pas ici de Dieu, seulement pour nous enquérir au sujet de notre acceptation, mais nous venons à Lui comme ayant été déjà reçus, pour nous réjouir avec Lui au sujet du sacrifice, en connaissant les fruits. Le sacrifice de prospérité était un sacrifice d’action de grâce. Tout découlait de l’assurance que toute satisfaction avait déjà été précédemment donnée. Souvent notre culte n’a pas ce caractère : nous communiquons avec Dieu au sujet de nos craintes, de nos manquements, de notre mauvaise condition ; mais si nous en restons là, nous demeurons bien en deçà des privilèges qui nous appartiennent. Notre religion ne doit pas être une religion toute de regrets, car nous sommes bien plutôt appelés à la joie, à nous réjouir par l’Esprit de la perfection de tout ce que Christ a fait. Nous pouvons nous réjouir, non seulement de ce que la colère a été détournée, mais parce qu’il y a en Jésus ce qui fait procéder constamment du Père, et l’amour et la satisfaction, et que nous aussi, nous sommes introduits là où nous avons communion avec le Père à Son sujet. Si donc nous avons part ensemble à ce culte, nous y avons part comme étant nets, car aucune personne souillée ne peut y participer. « Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent » (Jean 4, 23).

Un détail que nous trouvons au verset 13 du chapitre 7 paraît au premier abord contredire ce principe, mais ne fait au fond que l’éclaircir davantage. Il était ordonné d’offrir du « pain levé » avec les offrandes qui accompagnaient le sacrifice de prospérité, parce que, quoique ce qui est souillé, ce qui peut être reconnu comme souillé, doive être exclu, il y a cependant toujours un mélange de mal dans notre culte même. Le levain est là, car l’homme ne peut être sans levain ; quand l’Esprit n’est pas contristé, il y en a peut-être peu qui soit en évidence, mais cependant il y en a toujours là où l’homme se trouve. — Il y avait aussi là « le pain sans levain », parce que Christ est là et que l’Esprit de Christ est en nous, en qui le levain se trouve, parce que l’homme est là[2].

Les adorateurs se réjouissent donc avec Dieu de ce qui fait Sa propre joie en Christ et dans la rédemption qu’Il a accomplie. Mais le sacrificateur qui a offert le sacrifice, a sa part aussi dans cette joie. Le sacrificateur qui avait répandu le sang, avait sa part du sacrifice et des offrandes qui l’accompagnaient ; il était là une figure de Christ qui est Celui qui a répandu le sang. Jésus, comme sacrificateur, se réjouit de la joie de la communion qu’Il a Lui-même procurée entre Dieu et les adorateurs, et dont Il est Lui-même l’objet ; car en quoi consiste la joie d’un Rédempteur, sinon dans le bonheur, la communion et la joie de Ses rachetés ? Comme chrétiens, nous sommes un avec Christ, et nous sommes si parfaitement agréés de Dieu pour jouir de Son amour direct et immédiat, que Jésus dit : « Je ne vous dis pas que moi je ferai des demandes au Père pour vous, car le Père lui-même vous aime parce que vous m’avez aimés » ; et ailleurs : « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 16, 26 ; 20, 17). Si nous regardons à Dieu comme Père, nous jouissons de la joie de Sa face comme fils. En même temps, nous savons que, étant encore dans ce corps de péché et de mort, nous avons besoin d’un sacrificateur par lequel nous puissions nous approcher de Lui, nous avons un besoin continuel de l’exercice de la sacrificature de Jésus, et même dans la communion nous ne pouvons jamais nous en passer, car elle implique nécessairement la joie de la connaissance du sacrificateur qui a répandu le sang. Le sacrificateur ne peut jamais être exclu de notre joie ; la communion est une chose commune entre nous. Dieu se réjouit, nous nous réjouissons, et Jésus se réjouit avec nous. Merveilleuse pensée ; le sacrificateur, après avoir répandu le sang, revient pour prendre part lui-même à notre joie secrète dans le lieu saint (Nomb. 18, 8-11).

Il est très important que nous comprenions bien qu’il n’y a point de vraie joie dont la source et l’origine ne soient pas de Jésus. Dieu est si parfaitement satisfait, et nous si parfaitement lavés, que nous pouvons venir ainsi pour jouir de la communion qui résulte de ce que Jésus a fait ; et comme le sacrificateur, Il fait la fête avec nous maintenant dans le lieu saint. Là où deux ou trois sont assemblés en Son nom, Il est au milieu d’eux (Matt. 18, 20), comme Celui qui fait l’aspersion du sang, et pour faire la fête déjà maintenant, pendant que nous attendons le jour où, en personne, Il sera présent au milieu de nous pour manger et boire dans le royaume du Père (Matt. 26, 29). Il a dit une fois : « J’ai fort désiré de manger cette pâque avec vous, avant que je souffre » (Luc 22, 15) : Il n’était pas content sans ce dernier mémorial de l’unité des siens avec Lui ; et tandis qu’Il était occupé du temps où Il boirait de ce fruit de la vigne nouveau avec eux dans le royaume de Dieu, Il voulait que Ses disciples eussent un mémorial continuel de cette dernière entrevue avec Lui : « Faites ceci, toutes les fois que vous en boirez, en mémoire de moi » (1 Cor. 11, 25).

La chair du sacrifice de prospérité devait être mangée le jour même du sacrifice ou le jour suivant, au plus tard[3], « on n’en laissera rien jusqu’au matin » (chap. 7, 15). La purification de l’adorateur était identifiée avec l’acte d’offrir la graisse à Dieu, ainsi il est impossible de séparer le culte spirituel et vrai — la vraie communion — d’avec Christ s’offrant sans tache à Dieu. Dès le moment que nous le perdons de vue et que notre culte se sépare de Jésus, de l’efficacité de Son sacrifice et du sentiment de ce qu’Il est pour nous auprès du Père qui trouve en Lui tout Son bon plaisir, ce culte devient charnel, un vain formalisme en la satisfaction de la chair ; il devient positivement mauvais et celui qui le rend porte son iniquité (chap. 7, 18). La chair tend toujours à intervenir : nous pouvons même devenir orgueilleux de notre bonheur, et ceci ouvre immédiatement la porte à toute la folie et la légèreté de notre nature corrompue. Après que Paul eut été élevé au troisième ciel, en sorte qu’il ne savait pas si ce fut en corps ou hors du corps, nous trouvons qu’il était en danger de s’enorgueillir ; et quel fut le remède ? Est-ce que la chair fut en quelque manière corrigée ? Non, mais un ange de Satan fut envoyé pour le souffleter (voyez 2 Cor. 12, 1-10).

Ce n’est que par l’Esprit que nous pouvons avoir communion avec Dieu ; si la chair intervient, tout est gâté : elle doit être brûlée au feu. L’adorateur doit manger sa portion du sacrifice en communication avec le sacrifice lui-même et avec la portion du sacrificateur : autrement la distance du sacrifice fait perdre à cette portion la vertu que les autres lui communiquaient ; la joie dans le Seigneur dégénère en une joie charnelle, et c’est « une abomination » devant Dieu. La vraie pierre de touche de notre joie en même temps que la vraie puissance, c’est la relation avec le sacrifice qui a été offert. Quand le Saint Esprit nous fait entrer dans le vrai culte spirituel, Il nous fait entrer en communion avec Dieu en la présence de Dieu, et alors tout ce que le sacrifice de Christ est à Ses yeux, est nécessairement présent à notre esprit. Christ est l’offrande agréée, et nous Lui sommes associés : le sentiment du bon plaisir que Dieu prend à cette offrande, forme une partie intégrante et indispensable de notre culte, car si nous sommes agréés de Dieu, si nous jouissons de Sa communion, c’est à cause de l’offrande de Christ. En dehors de là, notre culte dégénère et devient charnel, lors même qu’il aurait commencé par l’Esprit, nos prières ne sont plus qu’une forme qu’on appelle quelquefois un don de prière et qui est souvent une fort triste chose, c’est-à-dire une répétition, un flux de vérités et de principes reconnus, à la place de la vraie communion et de l’expression de nos besoins dans l’onction du Saint Esprit. Nos chants aussi ne sont plus qu’une jouissance pour l’oreille ou l’expression de quelques idées auxquelles nous sympathisons. Tout cela est un mal ; l’Esprit de Dieu ne reconnaît pas un tel culte ; il n’est pas offert « en esprit et en vérité » ; c’est un vrai péché.

Il est bon que nous nous souvenions toujours que « la chair du sacrifice de prospérité » « appartient à l’Éternel » (chap. 7, 21). Le culte — ou ce qui se passe dans nos cœurs, dans le culte — n’est pas à nous, mais à Dieu. Le Seigneur l’a mis là pour notre joie, afin que nous eussions part à l’offrande de Christ, à Sa joie en Christ ; mais dès que nous voulons nous approprier ce culte, nous le profanons. C’est pourquoi ce qui restait du sacrifice était « brûlé au feu » (chap. 7, 17) ; et ceux qui étaient souillés ne pouvaient en manger (chap. 7, 20, 21). C’est pour la même raison qu’il était nécessaire de l’associer avec la graisse brûlée à l’Éternel, afin que ce fût réellement Christ en nous, et par conséquent la communion véritable, la présentation faite par nos âmes, à Dieu, de Christ dont nous nous nourrissons. Tout notre culte appartient à Dieu : il est l’expression de l’excellence de Christ en nous ; et de cette manière, il devient notre joie avec Dieu, comme par un seul Esprit. « Je suis en mon Père ; vous êtes en moi, et moi en vous », dit le Seigneur. C’est là l’union merveilleuse qui existe dans la grâce comme dans la gloire. Notre culte, c’est la jouissance de cette union dans le cœur par Christ. De même quand le Seigneur exerce le ministère de ce culte, Il dit encore : « J’annoncerai ton nom à mes frères ; je te louerai au milieu de l’assemblée » (Ps. 22) !

Puissions-nous accompagner de nos voies et de nos cœurs notre céleste chantre : ainsi nos chants seront bien conduits et nos sacrifices de louanges seront assurément agréables au Père ! Ses oreilles seront attentives, lorsqu’Il entendra cette voix qui nous conduit. Celui qui, dans l’œuvre de la rédemption, fit selon tout le cœur du Père, a dû avoir une expérience profonde de ce qui Lui était agréable. Le cœur de Jésus est l’expression de tout ce qui est agréable au Père, et nous sommes enseignés par Lui dans ces choses, quoique la connaissance que nous en avons soit faible et imparfaite. Nous avons toutefois « la pensée de Christ », et le « fruit de nos lèvres » est l’expression du même Esprit par lequel nous offrons nos corps en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu, éprouvant en cela quelle est cette volonté de Dieu, bonne, agréable et parfaite.

Tel est notre culte, tel est notre service ; car, dans un certain sens, notre service doit être notre culte !



  1. Dans l’holocauste, il fallait que la victime fût « un mâle sans tare », tandis qu’ici elle pouvait être « soit mâle, soit femelle », également « sans tare ». La nature de Christ, soit que nous l’envisagions comme objet de la satisfaction de Dieu seul (comp. Matt. 11, 27), ou bien de celle de l’adorateur en communion avec Dieu (comp. 1 Jean 1, 1-4 ; 1 Pier. 2, 4-7), est toujours la même, et ne peut pas changer. Mais Dieu permettait d’offrir « une femelle » dans le sacrifice de prospérité, uniquement parce qu’ici il était question de la capacité de l’adorateur à jouir de Celui qui, en Lui-même, est « le même hier, aujourd’hui et éternellement » (Héb. 13, 8).
  2. Il est intéressant de remarquer que la personne qui devait recevoir le « pain levé », c’était le sacrificateur qui avait répandu le sang (chap. 7, 14).
  3. Dans le cas d’un vœu, on pouvait manger du sacrifice le lendemain, et dans le cas d’un sacrifice d’action de grâces, on ne pouvait en manger que le jour même où il était offert. Il y a en cela la différence de l’énergie spirituelle. En effet, lorsque notre culte est le fruit d’un dévouement simple et sincère, étant rempli de l’Esprit, il peut se soutenir plus longtemps dans la réalité de la communion ;… lorsqu’au contraire ce culte est la conséquence naturelle d’une bénédiction déjà reçue, il est agréable à Dieu ; — il Lui est dû, mais l’énergie de la communion n’est pas la même : on est en communion avec le Seigneur en Lui offrant le sacrifice d’actions de grâces ; mais une fois qu’il a été offert, cette communion passe.