Traité:La mission du chrétien

De mipe
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Mon jeune et cher ami,

Mon cœur a été rempli de joie et d’actions de grâces, en apprenant l’heureuse nouvelle de la bonté du Seigneur envers vous, Lui qui a bien voulu parler de paix à votre âme troublée. Je puis véritablement me réjouir de votre joie et participer à votre bonheur. Le Seigneur, Lui seul, soit béni pour tout Son amour et toute Sa grâce ! — Qu’elle est merveilleuse, l’œuvre de l’Esprit de Dieu dans l’âme ! — Il blesse, afin de pouvoir guérir ; Il démolit dans Sa puissance, afin de pouvoir bâtir dans Sa grâce. — Vous avez appris beaucoup de choses en peu de temps, sous la direction de votre divin docteur. Ce que vous avez maintenant le bonheur de connaître, je suis persuadé que vous désirez l’employer avec zèle pour la gloire de votre Maître et pour le bien des âmes. Vous pouvez maintenant parler par expérience — de la paix, après le trouble de la conscience ; — du repos, après le travail accablant sous le poids du péché ; — de la joie, après les angoisses du cœur. Que d’âmes ne rencontre-t-on pas aujourd’hui qui passent par ces divers états ! Certainement le Seigneur travaille d’une manière admirable en bien des endroits, et dans beaucoup de cœurs. Son nom en soit béni !

J’ai à cœur de vous rappeler une vérité de la plus haute importance, au sujet de laquelle je ne doute pas que vous avez été enseigné de Dieu. Je veux dire que c’est quand nous croyons, et non pas avant de croire, que nous trouvons la paix. — « Que le Dieu d’espérance vous remplisse de toute joie et paix, en croyant » (Rom. 15, 13). Remarquez bien l’expression, en croyant. Ce n’est pas le mérite de la foi, comme si la paix en était la récompense ; — ni même après avoir cru, comme si la foi était une condition légale à accomplir ; — mais en croyant. C’est le message lui-même qui nous rend heureux, au moment où nous le croyons. Que cette vérité si simple se fixe bien dans votre esprit, et y demeure d’une manière claire et permanente. Vous la trouverez toujours exacte. Nous sommes constitués de cette façon que, en croyant un témoignage, il se produit immédiatement en nous un effet qui est en rapport avec la parole que nous avons crue. Si, par exemple, vous recevez une lettre vous annonçant de bonnes nouvelles, quel est l’effet que vous en éprouvez dans votre esprit ? Tout de suite vous ressentez du contentement. — Si, au contraire, ce sont des nouvelles fâcheuses, qu’arrive-t-il alors ? Vous tombez dans la tristesse. — Eh bien ! ainsi en est-il d’une âme angoissée ; aussitôt qu’elle est rendue capable de regarder à Jésus par la foi, elle trouve un soulagement immédiat. Et pourquoi cela ? Parce qu’elle croit qu’il se trouve en Lui une pleine et éternelle réponse à tous ses besoins. Pendant qu’elle regarde à Lui, elle n’est jamais dans le doute. La foi lui fait voir, en Jésus, le pardon des péchés par Son précieux sang — la vie éternelle — enfin, toute bénédiction. En un mot, elle trouve toute chose en Lui ; et, en croyant cela, elle a, elle doit nécessairement avoir un parfait repos. Elle n’a plus besoin de s’agiter pour chercher ailleurs ce qu’elle possède maintenant en plénitude. Elle peut employer, en les appliquant à Christ, les paroles du psaume 132 : « C’est ici mon repos à perpétuité ; ici j’habiterai, car je l’ai désirée ».

Oui, c’est Lui, dans tout l’univers, qui seul est digne de l’affection entière de votre cœur. Eussiez-vous en votre possession tous les avantages qu’on puisse imaginer, sans Le posséder Lui-même, vous n’éprouveriez, au-dedans de vous, que le vide du malaise, du mécontentement ; et au-dehors, qu’une affreuse déception.

Mais en Le possédant, Lui, le précieux Christ de Dieu, le cœur est plein avec surabondance, et toutes les circonstances extérieures sont éclairées par la lumière de Sa face, qu’aucun nuage ne peut jamais voiler. Il est pour l’âme la clarté du soleil, sans lequel tout n’est que ténèbres. Sa présence est le seul sanctuaire pour l’âme du pécheur ; et c’est Son amour qui fait la plénitude et la perfection de sa félicité.

Et maintenant que vous êtes pleinement heureux en Jésus, mon cher ami ; maintenant que vous Le connaissez comme le Sauveur de votre âme, quel usage voulez-vous faire de cette connaissance ? Voulez-vous la garder pour vous seul ? Voudriez-vous la cacher aux autres ? — Certainement non ! — Sans doute ce serait excessivement mal à nous de prendre envers les autres des airs de supériorité, sous prétexte que nous sommes chrétiens ; ou de présenter la vérité avec un manque de sagesse tel que nous les irritions ; néanmoins nous sommes appelés à être de vrais témoins pour Christ, en Sa qualité de Sauveur ; et à rendre un fidèle témoignage à la vérité, telle qu’elle est en Lui. Il faut attendre le moment convenable pour le faire et en profiter avec soin ; il faut aussi s’en acquitter avec douceur, bonté et amour. Ayez à cœur de convaincre ceux à qui vous parlez, que c’est leur bonheur que vous cherchez, sincèrement et humblement. Évitez tout ce qui pourrait faire croire que vous vous recherchez vous-même. Une personne inconvertie a de la disposition à s’irriter facilement du témoignage d’un jeune chrétien. Cela demande à être accompli avec beaucoup d’humilité, dans un esprit de prière et de dépendance du Seigneur. Mais tout premièrement commencez avec ceux qui sont davantage vos égaux, soit quant à l’âge, soit sous le rapport de la position, comme, par exemple, avec les membres de votre propre famille et avec vos anciens amis.

Vous avez, dans le cas d’André, frère de Simon Pierre (Jean 1, 42-43), un exemple charmant et instructif de la manière dont un service pour Christ et pour les âmes peut être accompli. « Il trouve d’abord son propre frère Simon, et lui dit : Nous avons trouvé le Messie (ce qui, interprété, est Christ). Et il le mena à Jésus ». — Eh bien ! mon cher ami, allez et faites de même. Que ce soit là, au nom du Seigneur, votre première mission. Allez trouver d’abord votre propre frère ; dites-lui ce que vous avez trouvé ; et cherchez à l’amener à Jésus. — Voyez combien c’est simple ! Que c’est naturel ! Et pourtant combien c’est propre à atteindre le but ! — Vous pouvez remarquer qu’André se borne uniquement à raconter ce qu’il a trouvé. Quand cela se fait dans une heureuse disposition d’âme, ce tout simple récit va droit au cœur, avec efficacité. Ce n’est pas là la prétention de vouloir enseigner les autres, ni de leur prêcher ; mais c’est le simple exposé de ce fait qui remplit maintenant votre cœur d’une nouvelle et céleste joie. Si vous faites cela dans le moment convenable et avec le désir évident de procurer le bien de votre frère, il est impossible qu’il s’en offense. Il verra que vos efforts ne sont que l’effort tout naturel d’un cœur pieux et heureux. — Vous pourrez vous étonner de voir combien peu il semble se soucier de ce qui vous paraît, à vous, si précieux et si important. Mais que cela ne vous décourage pas. Souvenez-vous de ce que vous étiez vous-même ; persévérez à prendre soin de son âme ; comptez sur Dieu. — Rien n’est plus propre à faire du bien à votre âme elle-même que cette attention vigilante que vous aurez pour l’âme de votre frère ; parce qu’elle vous obligera à vivre d’une manière conforme à votre profession chrétienne. Vous sentirez que des inconséquences dans votre conduite affaibliraient tout de suite votre témoignage ; elles seraient autant de pierres d’achoppement pour lui. — Maintenant tout ce que je viens de vous dire se trouve vrai et a son application, que l’objet de votre sollicitude soit votre propre frère, ou bien que ce soit un parent, un ami, un voisin. Tout le monde est notre frère, cela pris dans un sens évangélique ; et notre service d’amour ne sera jamais fini aussi longtemps que nous rencontrerons quelqu’un qui n’est pas encore venu à Jésus.

Mais par-dessus toute chose, priez beaucoup pour votre frère inconverti, pour ce parent, cet ami, ce voisin, qui ne connaît pas Jésus. Un véritable intérêt pour quelqu’un nous conduira à prier pour lui. La prière est un lien qui nous unit, devant Dieu et en Sa présence, à la personne pour laquelle nous prions ; et cela nous conduit à marcher devant cette personne comme nous le ferions devant Dieu. Oh ! qu’ils sont innombrables les avantages de la prière ! Ils sont infinis !

Laissez-moi encore vous recommander d’éviter tout ce qui peut ressembler à des discussions, ou à de la polémique. L’ennemi ne manquera pas de chercher à vous y entraîner ; mais « le serviteur de Dieu ne doit pas être querelleur » (pesez bien ce qui est dit, 2 Tim. 2, 22-26). Vous vous feriez aussitôt des ennemis par le moyen de la polémique ; en même temps que vous n’en remporteriez pas du bonheur pour votre propre âme. Imitez André : « Nous avons trouvé le Messie », dit-il. Ce simple témoignage, s’il part du cœur, aura une grande efficace. C’en fut assez pour Simon. Par la bénédiction de Dieu, il fut amené à Christ. Parlez avec assurance, mais humblement, de ce que vous avez trouvé, c’est-à-dire, de ce que vous connaissez, de ce que vous possédez, de ce dont vous jouissez ; prenez bien garde de ne pas aller plus loin que votre expérience ou votre sentiment. Selon que l’occasion s’en présentera, il y aura toujours suffisamment lieu pour vous de dire que vous avez trouvé le pardon, la paix, la joie, le bonheur, et un plein salut.

Le passage suivant, extrait d’une lettre, vous fera comprendre ma pensée. — C’est une jeune fille qui écrivait à une personne qu’elle affectionnait beaucoup, et qui était fort loin d’elle. Elle lui disait : — « Je crois en Jésus ; j’ai trouvé Jésus ; je sais que Jésus m’a aimée et s’est donné Lui-même pour moi ; à présent je sais que je serai sauvée. Je vais chaque jour à … pour y prier pour vous, ma chère, et pour les vôtres et pour d’autres encore, afin que Jésus vous bénisse tous ». Oh ! qui pourra dire l’effet d’un tel appel sur le cœur d’un père chéri, ou d’une tendre mère, surtout quand ils voient, au pied d’une affectueuse lettre, le nom si familier d’une personne qui leur est chère à tant de titres !

Mais maintenant, mon cher ami, en terminant ma longue lettre, permettez-moi de placer sur votre cœur la dernière partie de l’exemple que nous avons devant nous, savoir : « Et ils l’amenèrent à Jésus ». — Cherchez de tout votre cœur à faire ainsi. Oh ! soyez pressant. Mettez-y toutes vos facultés. Que rien ne vous distraie de votre but. Que toutes les autres choses cèdent le pas à celle-ci. C’est une affaire de vie ou de mort ; il s’agit du ciel ou de l’enfer ! Oh ! comprenez-le bien. — Pouvez-vous penser que votre propre frère est sur le chemin large de la perdition, sans vous sentir pressé de faire tous vos efforts pour qu’il soit sauvé ? Oh ! soyez fidèle ; — soyez vigilant ; — soyez persévérant dans la prière. Pourrait-il y avoir un sacrifice de temps, de travail ou d’argent, qui fût trop grand, quand il s’agit de sauver un frère chéri, de le délivrer d’un malheur éternel ? Avez-vous fait pour cela tout ce que vous pouviez faire ? — Peut-être vous arrive-t-il de croire que vous avez dépensé en pure perte, jusqu’à la dernière flèche de votre carquois. — Confiez-vous en Dieu ; Son carquois à Lui est encore plein de traits. Placez devant Lui l’ardeur de vos désirs, ce besoin consumant que vous éprouvez dans votre cœur pour la conversion de vos frères, de vos parents, de vos amis, de vos voisins. Et, comme un sacrifice vivant, continuez à faire monter devant Lui l’holocauste de vos prières, de vos désirs, jusqu’à ce que votre frère, ou celui qui est l’objet de votre intérêt, ait été amené à Jésus. — Oh ! que l’une des grandes pensées de votre âme, pendant le temps qui vous reste à vivre sur la terre, soit donc d’amener des pécheurs à Jésus, afin que Son grand nom soit glorifié par leur salut. Tâchez de les amener aux réunions où ils pourront entendre parler du Sauveur. — Voici ce que me disait dernièrement un cher ami évangéliste : « Je sens que ma grande tâche, pour le reste de mes jours, c’est de presser les pécheurs de venir à Christ, et de presser les chrétiens de marcher en Christ ». — « Comme donc vous avez reçu le Christ Jésus, le Seigneur, marchez en Lui » (Col. 2, 6).

Veuille faire le Seigneur que chacune de vos missions puisse être entreprise — chacun de vos services, être accompli — chacune de vos lettres, être écrite — dans l’esprit vrai, dans la puissance réelle de cette joie qui est devenue votre portion, après avoir trouvé Jésus — et dans un zèle ardent pour amener les autres à Lui !

C’est là la prière de votre très affectionné en Christ…



  1. Publié dans le Messager Évangélique de 1868.