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Tâchons maintenant de nous faire une idée de la situation de l’esprit de Jonas, au moment où il prononça la prière qui nous occupe. Jonas était un homme, le fils d’Amitthaï ; son histoire est une réalité ; ce sont ses impressions, ses expériences qu’il décrit ; mais en le faisant pensa-t-il au Messie ? Eut-il la conscience qu’il prophétisait touchant les souffrances du Rédempteur promis ? — La parole de saint Pierre autoriserait encore à le croire. En tout cas, Dieu sûrement dirigea l’esprit de Son serviteur de manière à ce que, tout en épanchant sa douleur personnelle, il exprimât en même temps ce que le Messie aurait à souffrir pour nous à Gethsémané et au Calvaire{{Note-txt|||''Les souffrances expiatoires de Jésus Christ consommées à la croix''. — On peut expliquer le {{Pass-txt|chapitre second de Jonas|Jon2}} de deux ou trois manières différentes. Nous avons adopté l’interprétation qui nous a paru la plus simple et la plus sûre ; c’est en même temps la plus généralement admise. Elle soulève néanmoins une objection qui semble d’abord peu facile à résoudre. On se demande pourquoi dans l’antitype les faits ne se présentent pas dans le même ordre que dans le type, savoir premièrement la mort et la sépulture, puis la prière. Mais on peut répondre à cela qu’il n’est rien de moins sûr que de vouloir conclure rigoureusement du type à l’antitype, et que cette manière de raisonner conduirait aisément à d’absurdes résultats. On pourrait encore ajouter que, dans le type de Samson, par exemple, type généralement admis par les théologiens évangéliques, la même interversion des faits, le même anachronisme se retrouve : la résurrection précède la mort.
 
Tâchons maintenant de nous faire une idée de la situation de l’esprit de Jonas, au moment où il prononça la prière qui nous occupe. Jonas était un homme, le fils d’Amitthaï ; son histoire est une réalité ; ce sont ses impressions, ses expériences qu’il décrit ; mais en le faisant pensa-t-il au Messie ? Eut-il la conscience qu’il prophétisait touchant les souffrances du Rédempteur promis ? — La parole de saint Pierre autoriserait encore à le croire. En tout cas, Dieu sûrement dirigea l’esprit de Son serviteur de manière à ce que, tout en épanchant sa douleur personnelle, il exprimât en même temps ce que le Messie aurait à souffrir pour nous à Gethsémané et au Calvaire{{Note-txt|||''Les souffrances expiatoires de Jésus Christ consommées à la croix''. — On peut expliquer le {{Pass-txt|chapitre second de Jonas|Jon2}} de deux ou trois manières différentes. Nous avons adopté l’interprétation qui nous a paru la plus simple et la plus sûre ; c’est en même temps la plus généralement admise. Elle soulève néanmoins une objection qui semble d’abord peu facile à résoudre. On se demande pourquoi dans l’antitype les faits ne se présentent pas dans le même ordre que dans le type, savoir premièrement la mort et la sépulture, puis la prière. Mais on peut répondre à cela qu’il n’est rien de moins sûr que de vouloir conclure rigoureusement du type à l’antitype, et que cette manière de raisonner conduirait aisément à d’absurdes résultats. On pourrait encore ajouter que, dans le type de Samson, par exemple, type généralement admis par les théologiens évangéliques, la même interversion des faits, le même anachronisme se retrouve : la résurrection précède la mort.
<br>Il est une autre opinion qui peut également fournir les éléments d’une saine interprétation de {{Pass-txt|Jonas chapitre 2|Jon2}}, et qui, d’autre part, a l’avantage d’écarter l’objection ci-dessus. Cette opinion se rapporte à l’état de l’âme de Jésus dans le lieu invisible. Il continua d’y souffrir, quoique les souffrances qu’il y endura ne fussent plus des souffrances expiatoires, celles-ci s’étant accomplies sur la croix ({{Pass-txt|Colossiens chapitre 1 versets 20 et 22|Col1v20,22}} ; {{Pass-txt|Hébreux chapitre 10 verset 10|Heb10v10}}). Il y demeura sous l’impression de l’effroyable crise qu’Il venait de traverser. L’ouragan ne rugissait plus mais Il en avait encore l’horrible sifflement dans les oreilles. Tout Son être se trouvait dans un état de terrorisation, suite naturelle des frayeurs qui venaient de tomber sur Lui et de la grande mort qu’Il venait de subir. Il en était encore tout saisi, tout tremblant et comme glacé d’effroi. Voilà ce qu’Il exprimait en {{Pass-txt|Jonas chapitre 2|Jon2}}, et dans quelques psaumes. Nous l’avons déjà dit&nbsp;: dans cette opinion les souffrances expiatoires du Messie ont complètement cessé ; mais le sentiment douloureux en demeure encore dans Son âme et Le poursuit comme un affreux cauchemar jusqu’au moment de Sa résurrection. Car, il ne faut pas l’oublier, Jésus est vrai homme comme Il est vrai Dieu, et ce qui a dû se passer en Lui dans le ''hadès'' ou lien invisible, c’est précisément ce qui se passe en tout autre homme qui sort d’une violente épreuve. Après un ébranlement profond de tout notre être, il nous faut un certain temps pour rentrer dans les conditions ordinaires de l’existence, pour revenir à l’état normal. On a donc tort de se représenter les douleurs de Jésus comme quelque chose qui s’est, pour ainsi dire, rompu tout à coup, au moment où le Seigneur a rendu sur la croix le dernier soupir. La Bible nous le représente plutôt comme quelque chose qui s’est ''délié'' peu à peu, et n’a complètement achevé de se défaire qu’au moment où Jésus s’est élancé victorieux du sépulcre ({{Pass-txt|Actes chapitre 2 verset 24|Act2v24}}, ''grec'').
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<br>Mais il est une autre manière d’entendre {{Pass-txt|Jonas chapitre 2|Jon2}}, que nous rejetons décidément. Elle repose sur la doctrine qui enseigne que Jésus, après Sa mort ''corporelle'', est resté sous l’empire de la mort ''spirituelle'', dans l’enfer ou ''hadès'', jusqu’au moment de Sa résurrection, afin de passer ainsi ''par toute la mort'' que Son Église devait souffrir. C’est à cette prétendue mort de Jésus dans le ''hadès'' qu’on rapporte la prière de Jonas et les passages parallèles. On peut alléguer en faveur de cette interprétation qu’elle ne donne pas lieu, comme la première, à l’anachronisme que nous avons signalé. Mais, d’autre part, cet anachronisme, ainsi qu’on l’a pu voir, nous inquiète assez peu. Puis, la seconde interprétation l’écarterait au besoin. Voici, du reste, nos motifs pour rejeter les prétendues souffrances expiatoires de Jésus dans l’''enfer''.
<br>Telle est donc l’opinion de plusieurs chrétiens sur l’état de l’âme de Jésus dans le lieu invisible. Nous avons dit que cette opinion peut fournir les éléments d’une saine interprétation de {{Pass-txt|Jonas chapitre 2|Jon2}}. Néanmoins nous préférons toujours l’explication précédente, bien que nous n’ayons pas d’objection sérieuse à opposer à celle-ci.
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<br>Mais il est une troisième manière d’entendre {{Pass-txt|Jonas chapitre 2|Jon2}}, que nous rejetons décidément. Elle repose sur la doctrine qui enseigne que Jésus, après Sa mort ''corporelle'', est resté sous l’empire de la mort ''spirituelle'', dans l’enfer ou ''hadès'', jusqu’au moment de Sa résurrection, afin de passer ainsi ''par toute la mort'' que Son Église devait souffrir. C’est à cette prétendue mort de Jésus dans le ''hadès'' qu’on rapporte la prière de Jonas et les passages parallèles. On peut alléguer en faveur de cette interprétation qu’elle ne donne pas lieu, comme la première, à l’anachronisme que nous avons signalé. Mais, d’autre part, cet anachronisme, ainsi qu’on l’a pu voir, nous inquiète assez peu. Puis, la seconde interprétation l’écarterait au besoin. Voici, du reste, nos motifs pour rejeter les prétendues souffrances expiatoires de Jésus dans l’''enfer''.
   
<br>En premier lieu, cette doctrine attribue gratuitement au mot grec ''hadès'' le sens de ''lieu de tourments''. Ce mot signifie simplement ''lieu invisible'', et, comme le mot hébreu ''shéol'', auquel il correspond (voir note précédente), il désigne en général le sépulcre (c’est, je crois, le sens qu’il a — {{Pass-txt|Matthieu chapitre 16 verset 18|Mat16v18}}), le séjour ou empire de la mort, le lieu où vont les âmes en attendant la résurrection et le jugement ; quelquefois, en figure, un état d’abaissement profond, d’accablement et de péril. Nous rendons communément le mot ''hadès'' par celui d’''enfer'', qui signifie littéralement ''lieux bas'' ; mais ce dernier mot, tiré de nos versions latines de la Bible, n’a point de valeur dans cette controverse, n’étant pas celui du Saint Esprit, et présentant un sens traditionnel qu’on serait peut-être embarrassé de justifier par la Parole de Dieu.
 
<br>En premier lieu, cette doctrine attribue gratuitement au mot grec ''hadès'' le sens de ''lieu de tourments''. Ce mot signifie simplement ''lieu invisible'', et, comme le mot hébreu ''shéol'', auquel il correspond (voir note précédente), il désigne en général le sépulcre (c’est, je crois, le sens qu’il a — {{Pass-txt|Matthieu chapitre 16 verset 18|Mat16v18}}), le séjour ou empire de la mort, le lieu où vont les âmes en attendant la résurrection et le jugement ; quelquefois, en figure, un état d’abaissement profond, d’accablement et de péril. Nous rendons communément le mot ''hadès'' par celui d’''enfer'', qui signifie littéralement ''lieux bas'' ; mais ce dernier mot, tiré de nos versions latines de la Bible, n’a point de valeur dans cette controverse, n’étant pas celui du Saint Esprit, et présentant un sens traditionnel qu’on serait peut-être embarrassé de justifier par la Parole de Dieu.
 
<br>Ensuite, on ne peut citer un seul texte de l’Écriture qui exprime clairement que Jésus soit descendu dans le lieu des tourments, et qu’Il y soit descendu pour souffrir sous l’empire de la mort spirituelle ; tandis qu’on peut alléguer cent, deux cents passages qui disent expressément qu’{{Pass-txt|« il a porté nos péchés en son corps sur le bois »|UPi2v24|1 Pierre chapitre 2 verset 24}}, et {{Pass-txt|« nous a obtenu » par Sa croix « une éternelle rédemption »|Heb9v12|Hébreux chapitre 9 verset 12}}. Or, le silence des Écritures sur ce point a justement lieu de nous surprendre, s’il est vrai, comme on n’a pas craint de le dire, que notre salut, ''ébauché'' seulement à la croix, n’ait été consommé que dans le ''hadès''. Ce silence est surtout remarquable, il est même terrassant, dans les endroits où les écrivains sacrés étaient naturellement conduits, pour ne pas dire nécessairement appelés, à exposer cette doctrine, si elle eût été aussi vraie que nous la croyons fausse. Il est bon de reproduire ici ce que dit, au missionnaire romaniste, le célèbre théologien Charles Drelincourt, dans son ouvrage intitulé&nbsp;: ''Dialogues sur la descente de Jésus Christ aux enfers'' (Genève, 1664, page 303)&nbsp;:
 
<br>Ensuite, on ne peut citer un seul texte de l’Écriture qui exprime clairement que Jésus soit descendu dans le lieu des tourments, et qu’Il y soit descendu pour souffrir sous l’empire de la mort spirituelle ; tandis qu’on peut alléguer cent, deux cents passages qui disent expressément qu’{{Pass-txt|« il a porté nos péchés en son corps sur le bois »|UPi2v24|1 Pierre chapitre 2 verset 24}}, et {{Pass-txt|« nous a obtenu » par Sa croix « une éternelle rédemption »|Heb9v12|Hébreux chapitre 9 verset 12}}. Or, le silence des Écritures sur ce point a justement lieu de nous surprendre, s’il est vrai, comme on n’a pas craint de le dire, que notre salut, ''ébauché'' seulement à la croix, n’ait été consommé que dans le ''hadès''. Ce silence est surtout remarquable, il est même terrassant, dans les endroits où les écrivains sacrés étaient naturellement conduits, pour ne pas dire nécessairement appelés, à exposer cette doctrine, si elle eût été aussi vraie que nous la croyons fausse. Il est bon de reproduire ici ce que dit, au missionnaire romaniste, le célèbre théologien Charles Drelincourt, dans son ouvrage intitulé&nbsp;: ''Dialogues sur la descente de Jésus Christ aux enfers'' (Genève, 1664, page 303)&nbsp;:
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