Année 1, 15 février

Genèse 27, 30-46

Et comme Isaac avait achevé de bénir Jacob, et que Jacob était à peine sorti de devant Isaac, son père, il arriva qu’Ésaü, son frère, revint de sa chasse. Et lui aussi apprêta un mets savoureux, et l’apporta à son père ; et il dit à son père : Que mon père se lève, et qu’il mange du gibier de son fils, afin que ton âme me bénisse. Et Isaac, son père, lui dit : Qui es-tu ? Et il dit : Je suis ton fils, ton premier-né, Ésaü. Alors Isaac fut saisi d’un tremblement très grand, et il dit : Qui donc est celui qui a pris du gibier, et m’en a apporté ? Et j’ai mangé de tout avant que tu vinsses, et je l’ai béni : aussi il sera béni. Lorsque Ésaü entendit les paroles de son père, il jeta un cri très grand et amer ; et il dit à son père : Bénis-moi, moi aussi, mon père ! Et il dit : Ton frère est venu avec ruse et a pris ta bénédiction. Et il dit : N’est-ce pas qu’on a appelé son nom Jacob ? et il m’a supplanté ces deux fois : il a pris mon droit d’aînesse ; et voici, maintenant il a pris ma bénédiction ! Et il dit : Ne m’as-tu pas réservé une bénédiction ? Et Isaac répondit et dit à Ésaü : Voici, je l’ai établi ton maître, et je lui ai donné tous ses frères pour serviteurs, et je l’ai sustenté avec du froment et du moût ; que ferai-je donc pour toi, mon fils ? Et Ésaü dit à son père : N’as-tu que cette seule bénédiction, mon père ? Bénis-moi, moi aussi, mon père ! Et Ésaü éleva sa voix et pleura. Et Isaac, son père, répondit et lui dit : Voici, ton habitation sera en la graisse de la terre et en la rosée des cieux d’en haut. Et tu vivras de ton épée, et tu serviras ton frère ; et il arrivera que, lorsque tu seras devenu nomade, tu briseras son joug de dessus ton cou.

* Et Ésaü eut Jacob en haine, à cause de la bénédiction dont son père l’avait béni ; et Ésaü dit en son cœur : Les jours du deuil de mon père approchent, et je tuerai Jacob, mon frère. Et on rapporta à Rebecca les paroles d’Ésaü, son fils aîné ; et elle envoya, et appela Jacob, son plus jeune fils, et lui dit : Voici, Ésaü, ton frère, se console à ton sujet dans l’espoir de te tuer. Et maintenant, mon fils, écoute ma voix : Lève-toi, fuis chez Laban, mon frère, à Charan ; et tu demeureras avec lui quelques jours, jusqu’à ce que la fureur de ton frère se détourne, jusqu’à ce que la colère de ton frère se détourne de toi et qu’il oublie ce que tu lui as fait, et que j’envoie et que je te tire de là. Pourquoi serais-je privée de vous deux en un jour ?

Et Rebecca dit à Isaac : J’ai la vie en aversion à cause des filles de Heth. Si Jacob prend une femme d’entre les filles de Heth, comme celles-ci, d’entre les filles du pays, à quoi bon pour moi de vivre ?


Hébreux 12, 16, 17 rattache cette scène à celle du chapitre 25. Ésaü le profane désire ardemment hériter de la bénédiction, mais il est rejeté malgré ses larmes ; il l’a jadis méprisée, et maintenant, c’est trop tard. Le monde est rempli de gens qui, comme cet homme, vendent leur âme précieuse en échange de quelques plaisirs passagers. Leur dieu, c’est leur ventre, et leurs pensées sont aux choses terrestres (Phil. 3, 19). Ils sont de la terre, ont leur portion dans cette vie (Ps. 17, 14). Un réveil terrible les attend lorsque, « plus tard », ils reconnaîtront leur folie. Toutes les larmes versées dans le lieu épouvantable où sont les pleurs et les grincements de dents, seront aussi vaines que celles d’Ésaü ici, pour retrouver la bénédiction perdue par leur seule faute. — Pour Jacob, les difficultés vont commencer. La haine de son frère, excitée par la rancune et la jalousie, l’oblige à quitter les siens. Il ne reverra plus sa mère, alors que celle-ci ne prévoyait qu’une séparation de quelques jours (v. 44). Rebecca subira donc, elle aussi, les conséquences de leur commune tromperie. — En donnant une grande place au récit de la vie de Jacob, l’Écriture va nous permettre d’admirer le long et patient travail de la grâce de Dieu envers un des siens.