Année 1, 23 février

Genèse 32, 1-21

* Et Jacob alla son chemin. Et les anges de Dieu le rencontrèrent ; et Jacob dit, quand il les vit : C’est l’armée de Dieu. Et il appela le nom de ce lieu-là Mahanaïm.

Et Jacob envoya devant lui des messagers à Ésaü, son frère, au pays de Séhir, dans la campagne d’Édom ; et il leur commanda, disant : Vous parlerez ainsi à mon seigneur Ésaü : Ainsi a dit ton serviteur Jacob : J’ai séjourné chez Laban, et m’y suis arrêté jusqu’à présent ; et j’ai des bœufs, et des ânes, du menu bétail, et des serviteurs et des servantes ; et je l’ai envoyé annoncer à mon seigneur, afin de trouver grâce à tes yeux.

Et les messagers revinrent vers Jacob, disant : Nous sommes allés vers ton frère, vers Ésaü, et même il vient à ta rencontre, et quatre cents hommes avec lui. Et Jacob craignit beaucoup, et fut dans l’angoisse ; et il partagea le peuple qui était avec lui, et le menu bétail et le gros bétail, et les chameaux, en deux bandes ; et il dit : Si Ésaü vient à l’une des bandes et la frappe, la bande qui restera pourra échapper. Et Jacob dit : Dieu de mon père Abraham, et Dieu de mon père Isaac ! Éternel, qui m’as dit : Retourne en ton pays et vers ta parenté, et je te ferai du bien ! Je suis trop petit pour toutes les grâces et pour toute la vérité dont tu as usé envers ton serviteur ; car j’ai passé ce Jourdain avec mon bâton ; et maintenant je suis devenu deux bandes. Délivre-moi, je te prie, de la main de mon frère, de la main d’Ésaü, car je le crains, de peur qu’il ne vienne et ne me frappe — la mère avec les fils. Et toi, tu as dit : Certes, je te ferai du bien, et je ferai devenir ta semence comme le sable de la mer, qui ne se peut nombrer à cause de son abondance. Et il passa là cette nuit ; et il prit, de ce qui lui vint sous la main, un présent pour Ésaü, son frère : deux cents chèvres, et vingt boucs ; deux cents brebis, et vingt béliers ; trente chamelles allaitantes, et leurs petits ; quarante vaches, et dix taureaux ; vingt ânesses, et dix ânons. Et il les mit entre les mains de ses serviteurs, chaque troupeau à part, et il dit à ses serviteurs : Passez devant moi, et mettez de l’espace entre troupeau et troupeau. Et il commanda au premier, disant : Quand Ésaü, mon frère, te rencontrera, et t’interrogera, disant : À qui es-tu ? et où vas-tu ? et à qui sont ces [troupeaux] devant toi ? tu diras : À ton serviteur Jacob ; c’est un présent envoyé à mon seigneur Ésaü ; et voici, lui-même aussi [vient] après nous. Et il commanda de même au second, de même au troisième, de même à tous ceux qui suivaient les troupeaux, disant : Selon cette parole vous parlerez à Ésaü, quand vous le trouverez ; et vous direz aussi : Voici, ton serviteur Jacob [vient] après nous. Car il disait : Je l’apaiserai par le présent qui va devant moi, et après cela je verrai sa face ; peut-être qu’il m’accueillera favorablement. Et le présent passa devant lui ; mais, pour lui, il passa cette nuit-là dans le camp.


Hébreux 1, 14 nous apprend que les croyants bénéficient du service des anges. Le plus souvent, c’est à leur insu. Mais à son départ de Canaan, Dieu avait voulu, en quelque sorte, présenter à Jacob ceux qu’Il allait employer pour prendre soin de lui pendant son exil (chap. 28, 12). À présent, au moment de son retour, les anges de Mahanaïm souhaitent la bienvenue au patriarche dans le pays de la promesse. Mais Jacob n’est pas en état de se réjouir de la bonté du Dieu qui exauçait son vœu de jadis (chap. 28, 20, 21). En effet, son cœur n’est pas affranchi de la crainte de l’homme. S’il n’a plus derrière lui Laban, il a encore devant lui Ésaü, et il tremble à la perspective de le rencontrer. Il a bien recours à la prière (v. 9-12) ; mais aussitôt après, il prend toutes les précautions imaginables, comme s’il ne croyait pas vraiment Dieu capable de le délivrer. Ne lui ressemblons-nous pas quelquefois ? Voyez aussi l’attitude servile de Jacob (v. 18, 20), alors que la bénédiction de son père avait fait de lui le maître de ses frères. Enfin, ne pensez-vous pas qu’au lieu de toute cette mise en scène, de tous ces prudents arrangements, Jacob aurait mieux fait de passer en tête de sa troupe, et, se confiant en Dieu, de demander avec courage pardon à son frère offensé ?