Année 2, 24 mars

1 Samuel 23, 14-28

Et David habita au désert, dans des lieux forts, et il habita dans la montagne, au désert de Ziph. Et Saül le cherchait tous les jours ; mais Dieu ne le livra pas en sa main. Et David vit que Saül était sorti pour chercher sa vie ; et David [se tenait] au désert de Ziph, dans un bois. Et Jonathan, fils de Saül, se leva et alla vers David dans le bois, et fortifia sa main en Dieu ; et il lui dit : Ne crains pas, car la main de Saül, mon père, ne te trouvera pas ; et tu régneras sur Israël, et moi, je serai le second après toi ; et Saül, mon père, le sait aussi. Et ils firent, les deux, alliance devant l’Éternel ; et David demeura dans le bois, et Jonathan s’en alla à sa maison.

Et les Ziphiens montèrent vers Saül, à Guibha, disant : David ne se tient-il pas caché auprès de nous, dans les lieux forts, dans le bois, sur la colline de Hakila, qui est au midi de Jeshimon ? Et maintenant, ô roi, puisque tout le désir de ton âme est de descendre, descends ; et ce sera à nous de le livrer en la main du roi. Et Saül dit : Bénis soyez-vous de par l’Éternel, de ce que vous avez eu pitié de moi ! Allez, je vous prie, assurez-vous encore davantage, et sachez et voyez le lieu où est son pied, [et] qui l’y a vu, car on m’a dit qu’il est très rusé. Et voyez et sachez toutes les cachettes où il se cache, et revenez vers moi avec quelque chose de certain, et j’irai avec vous ; et il arrivera que, s’il est dans le pays, je le chercherai soigneusement parmi tous les milliers de Juda.

Et ils se levèrent et s’en allèrent à Ziph, devant Saül ; mais David et ses hommes étaient au désert de Maon, dans la plaine, au midi de Jeshimon. Et Saül et ses hommes allèrent pour le chercher ; et on le rapporta à David, et il descendit le rocher, et habita au désert de Maon. Et Saül l’apprit, et il poursuivit David au désert de Maon. Et Saül allait de ce côté-ci de la montagne, et David et ses hommes de l’autre côté de la montagne ; et David fuyait en hâte pour échapper à Saül, et Saül et ses hommes cherchaient à environner David et ses hommes, pour les prendre. Et un messager vint à Saül, disant : Hâte-toi, et viens, car les Philistins se sont jetés sur le pays. Et Saül cessa de poursuivre David, et il marcha à la rencontre des Philistins. C’est pourquoi on a appelé ce lieu-là Séla-Hammakhlekoth.


Aveuglé et endurci, Saül avait osé dire de David, au verset 7 : « Dieu l’a rejeté et livré en ma main ». Le verset 14, non sans ironie, rétablit la vérité : « Dieu ne le livra pas en sa main ». Et pourtant, le « bien-aimé », le roi « selon le cœur de Dieu », doit connaître l’amertume et l’injustice de sa situation en marge de la société. Il faut qu’il fasse l’expérience de toute la méchanceté humaine s’exerçant contre lui : haine, jalousie, ingratitude, et jusqu’à la trahison. Ces Ziphiens ne nous font-ils pas penser à Judas vendant son Maître ? Oui Jésus, le Roi rejeté, a connu, plus encore que David, ce débordement de mal à Son égard, cette « contradiction de la part des pécheurs contre lui-même » (Héb. 12, 3). Son cœur, infiniment sensible, en a souffert de la manière la plus profonde. — Ce que David a éprouvé alors, nous pouvons le comprendre par certains psaumes composés dans ce désert de Juda (Ps. 54 ; 63…). La visite de Jonathan l’encourage, et porte sa pensée vers l’avenir. Mais l’ami fidèle lui-même « s’en alla à sa maison » (comparez Jean 7, 53), tandis que David, image d’un plus grand que lui, continue, avec ceux qui ont tout abandonné pour le suivre, son chemin de réjection.