Année 2, 20 avril

2 Samuel 11, 1-27

* Et il arriva, au retour de l’année, au temps où les rois entrent en campagne, que David envoya Joab, et ses serviteurs avec lui, et tout Israël ; et ils détruisirent les fils d’Ammon et assiégèrent Rabba ; mais David resta à Jérusalem. Et il arriva, au temps du soir, que David se leva de dessus son lit de repos et se promena sur le toit de la maison du roi, et, du toit, il vit une femme qui se lavait, et la femme était très belle à voir. Et David envoya et s’informa de cette femme, et on [lui] dit : N’est-ce pas là Bath-Shéba, fille d’Éliam, femme d’Urie, le Héthien ? Et David envoya des messagers, et la prit ; et elle vint vers lui, et il coucha avec elle (et elle se purifia de son impureté) ; et elle s’en retourna dans sa maison. Et la femme conçut ; et elle envoya, et informa David et dit : Je suis enceinte.

Et David envoya vers Joab, [disant] : Envoie-moi Urie, le Héthien. Et Joab envoya Urie à David. Et Urie vint vers lui ; et David s’enquit de l’état de Joab, et de l’état du peuple, et de l’état de la guerre. Et David dit à Urie : Descends dans ta maison, et lave tes pieds. Et Urie sortit de la maison du roi, et on envoya après lui un présent de la part du roi. Et Urie se coucha à l’entrée de la maison du roi avec tous les serviteurs de son seigneur, et ne descendit pas dans sa maison. Et on le rapporta à David, disant : Urie n’est pas descendu dans sa maison. Et David dit à Urie : Ne viens-tu pas de voyage ? Pourquoi n’es-tu pas descendu dans ta maison ? Et Urie dit à David : L’arche, et Israël, et Juda, habitent sous des tentes ; et mon seigneur Joab et les serviteurs de mon seigneur campent dans les champs, et moi, j’entrerais dans ma maison pour manger et boire, et pour coucher avec ma femme ? Tu es vivant, et ton âme est vivante, si je fais une telle chose ! Et David dit à Urie : Demeure ici encore aujourd’hui, et demain je te renverrai. Et Urie demeura à Jérusalem ce jour-là et le lendemain. Et David l’appela, et il mangea et but devant lui, et [David] l’enivra ; et il sortit le soir pour se coucher sur son lit avec les serviteurs de son seigneur, et il ne descendit pas dans sa maison.

Et il arriva, le matin, que David écrivit une lettre à Joab, et l’envoya par la main d’Urie. Et il écrivit dans la lettre, disant : Placez Urie sur la première ligne au fort de la bataille, et retirez-vous d’auprès de lui, afin qu’il soit frappé et qu’il meure. Et il arriva que, comme Joab surveillait la ville, il plaça Urie à l’endroit où il savait qu’étaient de vaillants hommes. Et les hommes de la ville sortirent et se battirent contre Joab ; et il en tomba quelques-uns d’entre le peuple, d’entre les serviteurs de David, et Urie, le Héthien, mourut aussi.

Et Joab envoya, et rapporta à David tous les faits du combat. Et il commanda au messager, disant : Quand tu auras achevé de dire au roi tous les faits du combat, s’il arrive que la fureur du roi monte, et qu’il te dise : Pourquoi vous êtes-vous approchés de la ville pour combattre ? Ne savez-vous pas qu’on tire de dessus la muraille ? Qui frappa Abimélec, fils de Jerubbésheth ? N’est-ce pas une femme qui jeta sur lui, de dessus la muraille, une meule tournante, et il en mourut à Thébets ? Pourquoi vous êtes-vous approchés de la muraille ? — alors tu diras : Ton serviteur Urie, le Héthien, est mort aussi.

Et le messager s’en alla ; et étant arrivé, il rapporta à David tout ce pour quoi Joab l’avait envoyé. Et le messager dit à David : Les hommes ont eu l’avantage sur nous ; ils sont sortis contre nous dans la campagne, et nous les avons chargés jusqu’à l’entrée de la porte ; et les archers ont tiré sur tes serviteurs de dessus la muraille, et des serviteurs du roi sont morts, et ton serviteur Urie, le Héthien, est mort aussi. Et David dit au messager : Tu diras ainsi à Joab : Que cela ne soit pas mauvais à tes yeux, car l’épée dévore tantôt ici, tantôt là ; renforce le combat contre la ville, et détruis-la. Et toi, encourage-le. Et la femme d’Urie apprit qu’Urie, son mari, était mort, et elle se lamenta sur son mari. Et quand le deuil fut passé, David envoya, et la recueillit dans sa maison, et elle devint sa femme, et lui enfanta un fils. Mais la chose que David avait faite fut mauvaise aux yeux de l’Éternel.


On aimerait rester sur les victoires du chapitre 10, et passer sous silence ce qui vient maintenant. Car David y subit, de la part de l’ennemi des âmes, la plus cruelle défaite de son existence. Pourtant, ce triste récit figure dans le livre de Dieu, comme un solennel avertissement pour chacun d’entre nous. Le croyant le plus pieux possède un cœur corrompu, grand ouvert à toutes les convoitises, et doit veiller sur les entrées donnant accès à ce méchant cœur, en particulier sur ses yeux. Cette tragique histoire nous montre un roi devenant un esclave : esclave de ses convoitises, pris dans l’engrenage terrible du péché. Au lieu d’être au combat avec ses soldats, David se repose à Jérusalem, puis se promène désœuvré sur la terrasse de son palais. L’oisiveté, la paresse, souvenons-nous-en, multiplient pour l’enfant de Dieu les occasions de chute. Dans l’inactivité, la vigilance se relâche infailliblement ; et le diable qui, lui, ne se relâche jamais, sait comment en tirer parti. Sachons donc être occupés. — David prend la femme d’Urie, et, pour cacher son péché, il en commet un second, avec la complicité de Joab, en machinant la mort de son noble et dévoué soldat.