Année 2, 23 décembre

Esther 3, 1-15

* Après ces choses, le roi Assuérus agrandit Haman, fils d’Hammedatha, l’Agaguite, et l’éleva, et plaça son siège au-dessus de tous les princes qui étaient avec lui ; et tous les serviteurs du roi qui étaient à la porte du roi se courbaient et se prosternaient devant Haman : car le roi l’avait ainsi commandé à son égard. Mais Mardochée ne se courbait pas et ne se prosternait pas. Alors les serviteurs du roi qui étaient à la porte du roi dirent à Mardochée : Pourquoi transgresses-tu le commandement du roi ? Et il arriva que, comme ils lui parlaient jour après jour et qu’il ne les écoutait pas, ils informèrent Haman, pour voir si les affaires de Mardochée se maintiendraient ; car il leur avait déclaré qu’il était Juif. Et Haman vit que Mardochée ne se courbait pas et ne se prosternait pas devant lui ; et Haman fut rempli de fureur. Mais c’eût été une chose méprisable à ses yeux que de mettre la main sur Mardochée seul, car on lui avait appris [quel était] le peuple de Mardochée, et Haman chercha à détruire tous les Juifs qui étaient dans tout le royaume d’Assuérus, le peuple de Mardochée.

Au premier mois, qui est le mois de Nisan, la douzième année du roi Assuérus, on jeta le pur, c’est-à-dire le sort, devant Haman, pour chaque jour et pour chaque mois jusqu’au douzième [mois], qui est le mois d’Adar. Et Haman dit au roi Assuérus : Il y a un peuple dispersé et répandu parmi les peuples, dans toutes les provinces de ton royaume, et leurs lois sont différentes [de celles] de tous les peuples ; ils ne pratiquent pas les lois du roi, et il ne convient pas au roi de les laisser faire. Si le roi le trouve bon, qu’on écrive [l’ordre] de les détruire, et je pèserai dix mille talents d’argent entre les mains de ceux qui font les affaires, pour qu’on les porte dans le trésor du roi. Et le roi ôta son anneau de sa main et le donna à Haman, fils d’Hammedatha, l’Agaguite, l’adversaire des Juifs. Et le roi dit à Haman : L’argent t’est donné, et le peuple, pour en faire ce qui sera bon à tes yeux. Et les scribes du roi furent appelés, le premier mois, le treizième jour du mois, et suivant tout ce qu’Haman commanda, on écrivit aux satrapes du roi et aux gouverneurs qui étaient [préposés] sur chaque province, et aux chefs de chaque peuple, à chaque province selon son écriture et à chaque peuple selon sa langue ; ce fut au nom du roi Assuérus qu’on écrivit, et on scella avec l’anneau du roi. Et les lettres furent envoyées par des courriers dans toutes les provinces du roi, pour détruire, tuer et faire périr tous les Juifs, depuis le jeune garçon jusqu’au vieillard, les enfants et les femmes, et pour que leurs biens fussent mis au pillage, en un même jour, le treizième [jour] du douzième mois, qui est le mois d’Adar. Pour que l’édit fût rendu [public] dans chaque province, une copie de l’écrit fut portée à la connaissance de tous les peuples, afin qu’ils fussent prêts pour ce jour-là. Les courriers partirent, pressés par la parole du roi. Et l’édit fut rendu à Suse, la capitale. Et le roi et Haman étaient assis à boire ; mais la ville de Suse était dans la consternation.


Un nouveau personnage apparaît sur la scène : Haman l’Agaguite. L’emprise de cet homme séduisant sur le faible Assuérus a tôt fait de le hisser au sommet du pouvoir. Mais qu’Haman ôte son masque ! Il s’agit d’un membre de la famille royale d’Amalek (voir note). Devant un tel homme, Mardochée ne saurait s’incliner. Dieu n’avait-Il pas déclaré solennellement, dès le début du désert : « L’Éternel aura la guerre contre Amalek de génération en génération » (Exo. 17, 16) ? Et plus tard : « Souviens-toi de ce que t’a fait Amalek… tu ne l’oublieras pas » (Deut. 25, 17-19). C’est assez pour empêcher l’Israélite fidèle de donner, à un ennemi de l’Éternel, le moindre signe de déférence. Les siècles qui s’étaient écoulés depuis ces déclarations divines n’en avaient nullement diminué la portée. En ce qui nous concerne, ne soyons pas plus tolérants, à l’égard du monde et de son prince, que ne l’étaient les premiers chrétiens. — À vue humaine, l’attitude de Mardochée paraît insensée. Et les conséquences, non seulement pour lui, mais pour tout son peuple, en sont proprement terribles, sans aucune proportion avec la faute reprochée. Mais Mardochée a obéi à la Parole, sans se préoccuper des conséquences, et c’est ce que nous devrions toujours faire.