Année 3, 7 janvier

Job 6, 1-30

* Et Job répondit et dit :

Oh ! si mon chagrin était bien pesé, et si on mettait toute ma calamité dans la balance !

Car maintenant elle pèserait plus que le sable des mers ; c’est pourquoi mes paroles sont outrées ;

Car les flèches du Tout-puissant sont en moi, leur venin boit mon esprit ; les frayeurs de +Dieu se rangent en bataille contre moi.

L’âne sauvage brait-il auprès de l’herbe ? Le bœuf mugit-il auprès de son fourrage ?

Ce qui est insipide, le mange-t-on sans sel ? Y a-t-il de la saveur dans le blanc d’un œuf ?

Ce que mon âme refusait de toucher est comme ma dégoûtante nourriture.

* Oh ! si ma demande s’accomplissait, et si +Dieu m’accordait mon désir,

S’il plaisait à +Dieu de m’écraser, de lâcher sa main et de me retrancher !

Alors il y aurait encore pour moi une consolation, et, dans la douleur qui ne m’épargne pas, je me réjouirais de ce que je n’ai pas renié les paroles du Saint.

Quelle est ma force pour que j’attende, et quelle est ma fin pour que je patiente ?

Ma force est-elle la force des pierres ? Ma chair est-elle d’airain ?

N’est-ce pas qu’il n’y a point de secours en moi, et que toute capacité est chassée loin de moi ?

* À celui qui est défaillant est due la miséricorde de la part de son ami, sinon il abandonnera la crainte du Tout-puissant.

Mes frères m’ont trahi comme un torrent, comme le lit des torrents qui passent,

Qui sont troubles à cause des glaces, dans lesquels la neige se cache ;

Au temps où ils se resserrent ils tarissent, quand la chaleur les frappe ils disparaissent de leur lieu :

Ils serpentent dans les sentiers de leur cours, ils s’en vont dans le désert, et périssent.

Les caravanes de Théma les cherchaient du regard, les voyageurs de Sheba s’attendaient à eux ;

Ils ont été honteux de leur confiance ; ils sont venus là, et ont été confondus.

De même maintenant vous n’êtes rien ; vous avez vu un objet de terreur, et vous vous êtes effrayés.

Ai-je dit : Donnez-moi, et de votre richesse faites-moi des présents,

Et délivrez-moi de la main de l’oppresseur, et rachetez-moi de la main des terribles ?

* Enseignez-moi, et je me tairai ; et faites-moi comprendre en quoi je me trompe.

Combien sont puissantes les paroles justes ! Mais la censure de votre part que reprend-elle ?

Songez-vous à censurer des discours ? Mais les paroles d’un désespéré ne sont faites que pour le vent.

Certes, vous tombez sur l’orphelin, et vous creusez [une fosse] pour votre ami.

Et maintenant, si vous voulez, regardez-moi ; vous mentirais-je donc en face ?

Revenez, je vous prie ; qu’il n’y ait pas d’injustice ; oui, revenez encore : ma justice sera là.

Y a-t-il de l’iniquité en ma langue ? Mon palais ne discernerait-il pas la méchanceté ?


Chaque discours de l’un de ses amis donne lieu à une réponse de Job. Il sent bien que son chagrin excessif lui fait prononcer des « paroles outrées » (v. 3). Méfions-nous de ce qui peut nous échapper, sous le coup de l’excitation… ou de la colère (Prov. 29, 20). « Quelle est ma fin pour que je patiente ? » demande Job au verset 11. « La patience de Job », à laquelle l’épître de Jacques rend témoignage, n’avait tenu bon que jusqu’à la sixième épreuve. Et avant qu’il puisse connaître « sa fin », ou plutôt la merveilleuse « fin du Seigneur » envers lui, il était nécessaire précisément que cette patience ait eu « son œuvre parfaite » en lui. C’est l’épreuve de la foi qui la produira (Jacq. 1, 3, 4 et 5, 11). Comme Job, nous sommes toujours pressés de connaître la fin de ce qui nous arrive. Mais Dieu, dans Sa sagesse, ne nous la révèle généralement pas d’avance, de manière à nous enseigner la vraie patience, celle qui n’a pas besoin de comprendre pour se soumettre et compter sur Lui. — Job a appris une première leçon, à savoir qu’il n’y a pas de recours en lui-même, que toute capacité est chassé loin de lui (v. 13). C’est une bonne chose que d’avoir compris cela. Et point n’est besoin d’avoir traversé autant d’épreuves pour en être convaincu. Croyons simplement ce que nous en dit la Parole de Dieu.