Année 3, 8 janvier

Job 7, 1-21

L’homme n’a-t-il pas une vie de labeur sur la terre ? Et ses jours ne sont-ils pas comme les jours d’un mercenaire ?

Comme l’esclave soupire après l’ombre, et comme le mercenaire attend son salaire,

Ainsi j’ai eu pour partage des mois de déception, et des nuits de misère me sont assignées.

Si je me couche, alors je dis : Quand me lèverai-je et quand l’obscurité prendra-t-elle fin ? et je suis excédé d’agitations jusqu’au point du jour.

Ma chair est couverte de vers et de croûtes de terre, ma peau se retire et suppure.

Mes jours s’en vont plus vite qu’une navette, et finissent sans espérance.

Souviens-toi que ma vie n’est qu’un souffle : mon œil ne reverra pas le bien ;

L’œil qui me regarde ne me reverra plus ; tes yeux sont sur moi, et je ne suis plus.

La nuée disparaît et s’en va ; ainsi celui qui descend au shéol n’en remonte pas,

Il ne revient plus dans sa maison, et son lieu ne le reconnaît plus.

* Aussi je ne retiendrai pas ma bouche ; je parlerai dans la détresse de mon esprit, je discourrai dans l’amertume de mon âme.

Suis-je une mer, suis-je un monstre marin, que tu établisses des gardes autour de moi ?

Quand je dis : Mon lit me consolera, ma couche allégera ma détresse,

Alors tu m’effrayes par des songes, tu me terrifies par des visions,

Et mon âme choisit la suffocation, — plutôt la mort que mes os :

J’en suis dégoûté ; je ne vivrai pas à toujours. Laisse-moi, car mes jours sont vanité.

* Qu’est-ce que l’homme que tu fasses grand cas de lui, et que ton cœur s’occupe de lui,

Et que tu le visites chaque matin, que tu l’éprouves à tout moment ?

Pourquoi ne détournes-tu pas les yeux de moi, et ne me laisses-tu pas tranquille jusqu’à ce que j’aie avalé ma salive ?

J’ai péché ; — que t’ai-je fait ? Toi qui observes l’homme, pourquoi m’as-tu placé pour être l’objet de tes coups, de sorte que je suis un fardeau à moi-même ?

Et pourquoi ne pardonnes-tu pas ma transgression, et ne fais-tu point passer mon iniquité ? Car maintenant je me coucherai dans la poussière, et tu me chercheras, et je ne serai plus.


Ce n’est plus à Éliphaz, mais à l’Éternel, que Job adresse la fin de son discours. Il fait un bref tableau de la condition pitoyable de l’homme sur la terre. Labeur, soupirs, déception, misère, agitation, amertume, détresse, dégoût, vanité, sont les expressions qu’il emploie, et qui ne résument que trop bien l’expérience humaine. Mais le mot-clé n’a pas encore été prononcé, celui qui est, qu’on le reconnaisse ou non, la cause première des malheurs de l’homme. Finalement Job s’écrie : « J’ai péché » (v. 20). C’est en effet le péché — pas seulement celui d’Adam ou celui d’autrui, mais aussi le mien — qui est responsable des maux de l’humanité. Mais Job ajoute : « Que t’ai-je fait ? », comme si le péché n’était que cela : une source de misère pour l’homme, alors qu’il est d’abord et surtout une offense à Dieu. — D’une manière générale, c’est tout ce cheminement de pensée que Dieu s’efforce de produire chez quelqu’un qu’Il éprouve : constatation de son malheureux état, conviction de péché, et confession à Dieu. — À la question désespérée des versets 17, 18, le psaume 8 apporte la glorieuse réponse, en présentant Christ, le Fils de l’homme, le dernier Adam (1 Cor. 15, 22, 45).