Année 3, 15 janvier

Job 14, 1-22

L’homme né de femme est de peu de jours et rassasié de trouble ;

Il sort comme une fleur, et il est fauché ; il s’enfuit comme une ombre, et il ne dure pas.

Pourtant, sur lui tu ouvres tes yeux, et tu me fais venir en jugement avec toi !

Qui est-ce qui tirera de l’impur un [homme] pur ? Pas un !

Si ses jours sont déterminés, si le nombre de ses mois est par-devers toi, si tu lui as posé ses limites, qu’il ne doit pas dépasser,

Détourne de lui ton regard, et il aura du repos, jusqu’à ce que, comme un mercenaire, il achève sa journée ;

Car il y a de l’espoir pour un arbre : s’il est coupé, il repoussera encore, et ses rejetons ne cesseront pas.

Si sa racine vieillit dans la terre, et si son tronc meurt dans la poussière,

À l’odeur de l’eau il poussera, et il fera des branches comme un jeune plant ;

Mais l’homme meurt et gît là ; l’homme expire, et où est-il ?

Les eaux s’en vont du lac ; et la rivière tarit et sèche :

Ainsi l’homme se couche et ne se relève pas : jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de cieux, ils ne s’éveillent pas, et ils ne se réveillent pas de leur sommeil.

* Oh ! si tu voulais me cacher dans le shéol, me tenir caché jusqu’à ce que ta colère se détourne, me fixer un temps arrêté, et puis te souvenir de moi, —

(Si un homme meurt, revivra-t-il ?) tous les jours de ma détresse, j’attendrais jusqu’à ce que mon état vînt à changer :

Tu appellerais, et moi je te répondrais ; ton désir serait tourné vers l’œuvre de tes mains ;

Car maintenant tu comptes mes pas : ne veilles-tu pas sur mon péché ?

Ma transgression est scellée dans un sac, et [dans tes pensées] tu ajoutes à mon iniquité.

Mais une montagne qui s’éboule est réduite en poussière, et le rocher est transporté de son lieu ;

Les eaux usent les pierres, leur débordement emporte la poussière de la terre : ainsi tu fais périr l’espoir de l’homme.

Tu le domines pour toujours, et il s’en va ; tu changes sa face, et tu le renvoies.

Ses fils sont honorés, et il ne le sait pas ; ils sont abaissés, et il ne s’en aperçoit pas.

Sa chair ne souffre que pour lui-même, et son âme ne mène deuil que sur lui-même.


Beaucoup de personnes se font de Dieu la même image que Job : un Être tout-puissant, qui agit arbitrairement, sans rendre de comptes à personne, et dont les voies sont incompréhensibles. L’homme est entièrement à Sa merci, telle une feuille chassée par le vent (chap. 13, 25), et tout ce qu’il peut faire, c’est chercher à s’abriter de Ses coups le mieux possible. Ce « fatalisme » se retrouve dans la plupart des religions orientales. Il est bien vrai que Dieu est tout-puissant et agit de manière souveraine. Il est également vrai que l’homme est faible et dépendant ; qu’il sort « comme une fleur, et il est fauché » (v. 2 ; 1 Pier. 1, 24). Mais il n’est pas vrai que Dieu se joue de l’homme en le dominant pour Son plaisir (v. 20). Au contraire, Il a soin de Sa créature et ne brise pas « le roseau froissé » (És. 42, 3 ; Matt. 12, 20). « Qui est-ce qui tirera de l’impur un homme pur ? » demande Job (v. 4). Plus loin, il s’écrie : « Ma transgression est scellée dans un sac… » (v. 17). Il n’a pas conscience de la plénitude de la grâce, comme c’est toujours le cas quand on est occupé de sa propre justice. Chacun de nous connaît-il Celui qui purifie parfaitement le pécheur souillé, et qui a jeté dans les profondeurs de la mer le « sac » pesant contenant tous ses péchés (Mich. 7, 19) ?