Année 3, 26 janvier

Job 27, 1-23

Et Job reprit son discours sentencieux et dit :

*Dieu qui a écarté mon droit, le Tout-puissant qui met l’amertume dans mon âme, est vivant :

Tant que mon souffle est en moi et l’esprit de +Dieu dans mes narines,

Mes lèvres ne diront pas d’iniquité, et ma langue ne prononcera pas de fausseté.

Loin de moi que je vous justifie ! Jusqu’à ce que j’expire, je ne lâcherai pas ma perfection ;

Je tiendrai ferme ma justice et je n’en ferai pas abandon ; mon cœur ne me reproche aucun de mes jours.

Que mon ennemi soit comme le méchant, et celui qui s’élève contre moi comme l’inique !

Car quelle est l’espérance de l’impie quand [Dieu le] retranche, quand +Dieu retire son âme ?

*Dieu entendra-t-il son cri quand la détresse viendra sur lui ?

Trouvera-t-il ses délices dans le Tout-puissant ? Invoquera-t-il +Dieu en tout temps ?

* Je vous enseignerai comment *Dieu agit, je ne cacherai pas ce qui est par-devers le Tout-puissant.

Voici, vous-mêmes, vous l’avez tous vu : et pourquoi entretenez-vous ces vaines pensées ?

Voici quelle est, par-devers *Dieu, la part de l’homme méchant et l’héritage que les violents reçoivent du Tout-puissant :

Si ses fils se multiplient, c’est pour l’épée, et ses descendants ne sont pas rassasiés de pain.

Ceux qui restent après lui seront enterrés dans la mort, et ses veuves ne pleureront pas.

S’il entasse l’argent comme la poussière et se prépare des vêtements comme de la boue,

Il se les prépare, mais le juste s’en vêtira ; et l’argent, c’est l’innocent qui se le partagera.

Il a bâti sa maison comme la teigne, comme une cabane que fait celui qui garde [les vignes].

Il se couche riche, et il ne le refera pas ; il ouvre ses yeux, et il n’est plus.

Les frayeurs le surprennent comme des eaux ; l’ouragan l’emporte de nuit ;

Le vent d’orient l’enlève, et il s’en va, et dans un tourbillon il l’emporte de son lieu.

[Dieu] lance [ses dards] sur lui et ne l’épargne pas ; il voudrait fuir loin de sa main.

On battra des mains sur lui, et on le chassera de son lieu avec des sifflements.


Il ne faudra pas moins de six chapitres à Job pour établir sa propre justice. C’est trop, et ce n’est pas assez ! Y en aurait-il cent, que cela ne suffirait pas, car rien de ce qui vient de l’homme ne peut faire le poids, dans la balance de la justice divine. Mais, d’autre part, cette justification est chose faite, entièrement en dehors de ses propres efforts. — Remarquons que le fait de se justifier lui-même, revient implicitement pour Job à accuser d’injustice ce Dieu qui le frappe à tort (comp. chap. 40, 3). De plus, il se permet ouvertement de faire des reproches au Tout-puissant, qui a écarté son droit et qui le tourmente sans raison (v. 2). — Il y a de l’orgueil dans cette attitude. « Je tiendrai ferme ma justice… — dit Job — mon cœur ne me reproche aucun de mes jours » (v. 6). Mais que répond la Parole de Dieu ? « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous » (1 Jean 1, 8). D’ailleurs, si notre propre cœur ne nous reproche rien, cela ne prouve pas que nous sommes sans péché. Dieu est infiniment plus sensible au mal que ne l’est notre conscience (1 Cor. 4, 4). Dans la pénombre, nos vêtements peuvent nous paraître propres, tandis qu’en plein soleil (celui de la lumière de Dieu), la moindre tache apparaîtra (Prov. 4, 18).