Année 3, 12 février

Job 40, 1-27

* Et l’Éternel répondit à Job du milieu du tourbillon et dit :

Ceins tes reins comme un homme ; je t’interrogerai, et tu m’instruiras !

Veux-tu donc anéantir mon jugement ? Me démontreras-tu inique afin de te justifier ?

As-tu un bras comme *Dieu, et tonneras-tu de ta voix comme lui ?

Pare-toi, je te prie, de grandeur et de magnificence ; revêts-toi de majesté et de gloire !

Répands les fureurs de ta colère, et regarde tout ce qui s’élève et abaisse-le ;

Regarde tout ce qui s’élève [et] humilie-le, et écrase sur place les méchants ;

Cache-les ensemble dans la poussière, lie leurs faces dans un lieu caché :

Alors moi aussi je te célébrerai, parce que ta droite te sauve !

* Vois le béhémoth, que j’ai fait avec toi : il mange l’herbe comme le bœuf.

Regarde donc : sa force est dans ses reins, et sa puissance dans les muscles de son ventre.

Il courbe sa queue comme un cèdre ; les nerfs de sa cuisse sont entrelacés ;

Ses os sont des tubes d’airain, ses membres sont des barres de fer !

Il est la première des voies de *Dieu : celui qui l’a fait lui a fourni son épée.

Car les montagnes lui apportent [sa] pâture, là où se jouent toutes les bêtes des champs.

Il se couche sous les lotus dans une retraite de roseaux et de marécages ;

Les lotus le couvrent de leur ombre, les saules de la rivière l’environnent.

Voici, que le fleuve déborde avec violence, il ne se précipite pas ; il est plein d’assurance si un Jourdain se jette contre sa gueule.

Le prendra-t-on en face ? Lui percera-t-on le nez dans une trappe ?

* Tireras-tu le léviathan avec un hameçon, et avec une corde lui feras-tu y enfoncer sa langue ?

Lui mettras-tu un jonc dans le nez, et lui perceras-tu la mâchoire avec un crochet ?

Te fera-t-il beaucoup de supplications, ou te dira-t-il des choses douces ?

Fera-t-il une alliance avec toi ? Le prendras-tu comme serviteur à toujours ?

Joueras-tu avec lui comme avec un oiseau, et l’attacheras-tu pour tes jeunes filles ?

Des associés feront-ils trafic de lui ? Le partageront-ils entre des marchands ?

Rempliras-tu sa peau de dards, et sa tête de harpons à poissons ?

Mets ta main sur lui : souviens-toi de la bataille, — n’y reviens pas !


Le tableau de la création ne serait pas complet, sans la description de deux animaux mystérieux et terribles. Le premier est le béhémoth, peut-être l’hippopotame, en tout cas une bête impressionnante, dont la puissance évoque celle de la mort. Fait solennel : celle-ci dut être la première des voies de Dieu envers l’homme coupable. Comme conséquence de la chute, une épée invincible arme la mort pour la sanction du péché (v. 14 ; voir Gen. 3, 24). Non seulement elle fait sa proie de chaque homme, mais toutes les bêtes de la terre lui sont données en pâture (v. 15). Le Jourdain, fleuve de la mort (v. 18), nous en parle aussi. — Mais voici un monstre plus redoutable encore. La mort n’a pouvoir que sur la vie présente, tandis que Satan, dont le léviathan est la figure, entraîne ses victimes avec lui dans la seconde mort (És. 27, 1). En face d’un tel ennemi, nous sommes naturellement aussi désarmés qu’un enfant qui prétendrait, avec un hameçon dérisoire, s’emparer d’un crocodile (v. 20) ! Certes, on ne joue pas impunément avec la puissance du mal. Sommes-nous donc à sa merci ? Non, par la grâce de Dieu ! Christ a triomphé à la croix du terrible adversaire. Souvenons-nous de cette bataille définitive, et demeurons attachés à Celui qui l’a vaincu (v. 27 ; Col. 2, 15).