Année 3, 3 mai

Ésaïe 7, 1-25

* Et il arriva, dans les jours d’Achaz, fils de Jotham, fils d’Ozias, roi de Juda, que Retsin, roi de Syrie, et Pékakh, fils de Remalia, roi d’Israël, montèrent à Jérusalem pour lui faire la guerre ; mais ils ne purent pas l’assiéger. Et on rapporta à la maison de David, disant : La Syrie est venue prêter appui à Éphraïm. Et son cœur fut agité, et le cœur de son peuple, comme les arbres de la forêt sont agités devant le vent. Et l’Éternel dit à Ésaïe : Sors à la rencontre d’Achaz, toi et Shear-Jashub, ton fils, au bout de l’aqueduc de l’étang supérieur, sur la route du champ du foulon ; et tu lui diras : Prends garde et sois tranquille ; ne crains point, et que ton cœur ne défaille pas devant ces deux bouts de tisons fumants, devant l’ardeur de la colère de Retsin et de la Syrie, et du fils de Remalia. Parce que la Syrie a formé contre toi de mauvais desseins, Éphraïm [aussi] et le fils de Remalia, disant : Montons contre Juda, et jetons-y l’alarme, et faisons-y pour nous une brèche, et établissons pour roi au milieu d’elle le fils de Tabeël ; ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Il ne s’accomplira pas et n’aura pas lieu ; car le chef de la Syrie, c’est Damas, et le chef de Damas, c’est Retsin. Et encore soixante-cinq ans, et Éphraïm cessera d’être un peuple ; et le chef d’Éphraïm, c’est la Samarie, et le chef de la Samarie, c’est le fils de Remalia. Si vous ne croyez pas, vous ne subsisterez pas.

Et l’Éternel parla encore à Achaz, disant : Demande pour toi un signe de la part de l’Éternel, ton Dieu ; demande-le dans les lieux bas ou dans les hauteurs d’en haut. Et Achaz dit : Je ne [le] demanderai pas, et je ne tenterai pas l’Éternel. Et il dit : Écoutez donc, maison de David : Est-ce peu de chose pour vous de lasser [la patience] des hommes, que vous lassiez aussi [la patience de] mon Dieu ? C’est pourquoi le Seigneur, lui, vous donnera un signe : Voici, la vierge concevra et elle enfantera un fils, et appellera son nom Emmanuel. Il mangera du caillé et du miel, pour savoir rejeter le mal et choisir le bien. Car avant que l’enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, le pays des deux rois desquels tu as peur sera abandonné. L’Éternel fera venir sur toi, et sur ton peuple et sur la maison de ton père, des jours qui ne sont pas venus depuis le jour qu’Éphraïm s’est retiré de Juda, — [savoir] le roi d’Assyrie.

Et il arrivera, en ce jour-là, que l’Éternel sifflera la mouche qui est au bout des fleuves d’Égypte, et l’abeille qui est dans le pays d’Assyrie ; et elles viendront et se poseront toutes dans les vallées désertes et dans les fentes des rochers, et sur toutes les broussailles, et sur tous les pâturages. En ce jour-là, le Seigneur rasera avec un rasoir pris à louage au-delà du fleuve, avec le roi d’Assyrie, la tête et les poils des pieds, et il enlèvera aussi la barbe. Et il arrivera, en ce jour-là, qu’un homme nourrira une jeune vache et deux brebis ; et il arrivera que, de l’abondance du lait qu’elles donneront, il mangera du caillé ; car tous ceux qui seront de reste au milieu du pays mangeront du caillé et du miel. Et il arrivera, en ce jour-là, que tout lieu où il y avait mille ceps de mille [pièces] d’argent, sera [abandonné] aux ronces et aux épines ; on y viendra avec des flèches et avec l’arc, car tout le pays sera ronces et épines. Et toutes les montagnes qu’on cultivait avec la bêche, — on n’y viendra pas, par crainte des ronces et des épines ; et elles seront un lieu pour y envoyer le bœuf, et pour que les brebis le foulent.


Après avoir répondu à l’appel de Dieu, Ésaïe a été, semble-t-il, obligé d’attendre longtemps (au moins seize ans : durée du règne de Jotham), avant de commencer son service public. Si nous avons à passer par une semblable école de patience, ne nous décourageons pas. Laissons le Seigneur choisir le moment et la manière qui Lui conviendront, pour nous employer. Notre seule responsabilité est d’être disponible et obéissant (comp. Matt. 8, 9). — C’est au roi de Juda, le méchant Achaz, qu’Ésaïe est d’abord envoyé. L’heure est grave, pour le petit royaume. Il est menacé par Retsin, roi de Syrie, et, chose triste à dire, par Pékakh, roi d’Israël. Satan, par leur moyen, cherche à renverser le trône de David, et à s’opposer ainsi au règne du Messie promis. Mais le prophète est chargé d’une bonne nouvelle : les deux agresseurs ne pourront accomplir leurs « mauvais desseins ». Puis Achaz, malgré son indignité et sa fausse humilité, est invité à entendre une révélation combien plus grande et plus glorieuse : la naissance d’Emmanuel. Elle apportera le salut à la maison de David, à Israël et au monde. Beau nom d’Emmanuel : Dieu avec nous (Matt. 1, 23). Nous le trouvons ici comme un premier rayon de lumière projeté par la lampe prophétique, au milieu de profondes ténèbres morales (2 Pier. 1, 19).