Année 3, 19 octobre

Jérémie 36, 16-32

Et il arriva, lorsqu’ils entendirent toutes ces paroles, qu’ils furent effrayés, [se regardant] l’un l’autre ; et ils dirent à Baruc : Certainement nous rapporterons au roi toutes ces paroles. Et ils interrogèrent Baruc, disant : Raconte-nous comment tu as écrit toutes ces paroles sous sa dictée. Et Baruc leur dit : De sa bouche il m’a dicté toutes ces paroles, et moi j’écrivais dans le livre avec de l’encre. Et les princes dirent à Baruc : Va, cache-toi, toi et Jérémie ; et que personne ne sache où vous êtes. Et ils vinrent vers le roi, dans la cour, et ils déposèrent le rouleau dans la chambre d’Élishama, le scribe ; et ils rapportèrent aux oreilles du roi toutes les paroles. Et le roi envoya Jehudi pour prendre le rouleau ; et il le prit de la chambre d’Élishama, le scribe, et Jehudi le lut aux oreilles du roi et aux oreilles de tous les princes qui se tenaient là près du roi : et le roi était assis dans la maison d’hiver, au neuvième mois ; et le brasier brûlait devant lui. Et il arriva que, quand Jehudi en eut lu trois ou quatre pages, [le roi] le coupa avec le canif du scribe et le jeta au feu qui était dans le brasier, jusqu’à ce que tout le rouleau fût consumé au feu qui était dans le brasier. Et ils ne craignirent pas, et ne déchirèrent pas leurs vêtements, [ni] le roi ni tous ses serviteurs qui entendirent toutes ces paroles. Et même Elnathan, et Delaïa, et Guemaria, intercédèrent auprès du roi, afin qu’il ne brûlât pas le rouleau ; mais il ne les écouta point. Et le roi commanda à Jerakhmeël, fils d’Hammélec, et à Seraïa, fils d’Azriel, et à Shélémia, fils d’Abdeël, de prendre Baruc, le scribe, et Jérémie le prophète ; mais l’Éternel les cacha.

Et après que le roi eut brûlé le rouleau et les paroles que Baruc avait écrites de la bouche de Jérémie, la parole de l’Éternel vint à Jérémie, disant : Prends-toi encore un autre rouleau, et écris-y toutes les premières paroles qui étaient sur le premier rouleau que Jehoïakim, roi de Juda, a brûlé. Et tu diras à Jehoïakim, roi de Juda : Ainsi dit l’Éternel : Tu as brûlé ce rouleau, en disant : Pourquoi y as-tu écrit, disant : Le roi de Babylone viendra certainement, et il détruira ce pays et en fera disparaître les hommes et les bêtes ? C’est pourquoi, ainsi dit l’Éternel touchant Jehoïakim, roi de Juda : Il n’aura personne qui s’asseye sur le trône de David, et son cadavre sera jeté dehors, de jour à la chaleur, et de nuit à la gelée. Et je le punirai, lui, et sa semence, et ses serviteurs, pour leur iniquité, et je ferai venir sur eux, et sur les habitants de Jérusalem, et sur les hommes de Juda, tout le mal que je leur ai annoncé, et ils n’ont point écouté.

Et Jérémie prit un autre rouleau, et le donna à Baruc, fils de Nérija, le scribe ; et il y écrivit, de la bouche de Jérémie, toutes les paroles du livre que Jehoïakim, roi de Juda, avait brûlé au feu ; et il y fut encore ajouté plusieurs paroles semblables.


Nous avons laissé Baruc assis au milieu des princes de Juda, occupé à leur lire les paroles de l’Éternel. Effrayés, ces hommes se regardent les uns les autres. La question leur paraît trop sérieuse pour ne pas en parler au roi. Ce dernier, mis au courant, ordonne qu’on lui fasse aussi la lecture de ce redoutable rouleau. Nous remarquons que son contenu ne nous a été donné, ni lors de sa rédaction, ni à l’occasion des trois lectures qui en sont faites. Mais il est permis de penser que le chapitre 25 de notre livre en faisait partie (comp. respect. v. 1, 29 avec chap. 25, 1, 9). — Après avoir écouté un moment, avec une irritation grandissante, le roi s’empare du rouleau, le taillade et le jette au feu. C’était sa manière insensée de se débarrasser du jugement. Or, non seulement il ne pouvait détruire, avec le rouleau, une seule des paroles qui y étaient écrites (au contraire, sur l’ordre de l’Éternel, un autre vient le remplacer, sur lequel sont ajoutées encore « plusieurs paroles semblables »). Mais le roi attirait ainsi sur sa tête un châtiment supplémentaire (v. 30, 31 ; Prov. 13, 13). — Combien de personnes méprisent la Parole de Dieu, sans que ce soit nécessairement en imitant le geste téméraire de Jehoïakim (Ps. 50, 17 ; 1 Jean 4, 6) !