Année 3, 22 octobre

Jérémie 38, 14-28

Et le roi Sédécias envoya, et se fit amener Jérémie le prophète, à la troisième entrée qui était dans la maison de l’Éternel. Et le roi dit à Jérémie : Je te demanderai une chose ; ne me cache rien. Et Jérémie dit à Sédécias : Si je te le déclare, ne me feras-tu pas mourir ? Et si je te donne un conseil, tu ne m’écouteras pas. Et le roi Sédécias jura secrètement à Jérémie, disant : L’Éternel est vivant qui a fait notre âme : si je te fais mourir, et si je te livre en la main de ces hommes qui cherchent ta vie ! Et Jérémie dit à Sédécias : Ainsi dit l’Éternel, le Dieu des armées, le Dieu d’Israël : Si tu sors franchement vers les princes du roi de Babylone, ton âme vivra et cette ville ne sera point brûlée par le feu, mais tu vivras, toi et ta maison. Mais si tu ne sors pas vers les princes du roi de Babylone, cette ville sera livrée en la main des Chaldéens, et ils la brûleront par le feu ; et toi, tu n’échapperas pas à leur main. Et le roi Sédécias dit à Jérémie : Je crains les Juifs qui se sont rendus aux Chaldéens ; [j’ai] peur qu’on ne me livre en leur main, et qu’ils ne me maltraitent. Et Jérémie dit : On ne te livrera point ; écoute, je te prie, la voix de l’Éternel dans ce que je te dis, et tout ira bien pour toi, et ton âme vivra. Mais si tu refuses de sortir, voici la parole que l’Éternel m’a fait voir : Voici, toutes les femmes qui sont de reste dans la maison du roi de Juda seront menées dehors vers les princes du roi de Babylone, et elles diront : Tes familiers t’ont entraîné, ils ont prévalu sur toi ; tes pieds se sont enfoncés dans le bourbier, ils ont glissé en arrière. Et toutes tes femmes et tes fils, on les mènera dehors vers les Chaldéens, et toi tu n’échapperas pas à leur main ; car tu seras pris par la main du roi de Babylone, et tu feras que cette ville sera brûlée par le feu.

Et Sédécias dit à Jérémie : Que personne ne sache rien de ces paroles, et tu ne mourras pas ; et si les princes entendent que j’ai parlé avec toi, et qu’ils viennent vers toi et te disent : Déclare-nous donc ce que tu as dit au roi ; ne nous le cache pas, et nous ne te ferons point mourir ; et que t’a dit le roi ? tu leur diras : J’ai présenté ma requête devant le roi, qu’on ne me fasse pas retourner dans la maison de Jonathan pour y mourir. — Et tous les princes vinrent vers Jérémie, et l’interrogèrent ; et il leur rapporta [la chose] selon toutes ces paroles que le roi avait commandées ; et ils se turent et le laissèrent, car l’affaire ne s’ébruita pas. Et Jérémie habita dans la cour de la prison jusqu’au jour où Jérusalem fut prise.


Le pauvre Sédécias, tourmenté de soucis et d’incertitudes, convoque de nouveau secrètement Jérémie. Celui-ci l’exhorte à sortir « franchement » vers les chefs chaldéens, et à se rendre. Il l’avertit de ce qui l’attend, s’il ne le fait pas : il est menacé d’avoir ses pieds comme « enfoncés dans le bourbier » (v. 22). Sans doute, le prophète dit-il cela en pensant à sa récente expérience. Mais quelle différence entre les deux hommes ! Tout en sachant bien quelle était la volonté de Dieu, Sédécias est sans force pour l’accomplir, parce qu’il est dominé par la crainte des hommes : crainte des Chaldéens, crainte des princes (v. 5, 25), crainte des Juifs déjà transportés (v. 19 ; voir Prov. 29, 25). Seule, la vraie crainte de Dieu paraît absente de sa pensée. Oui, quel contraste avec l’assurance que la foi donne à Jérémie. Cette rencontre nous fait penser à la scène du chapitre 26 des Actes, où nous voyons Paul prisonnier comparaître devant le roi Agrippa. Il peut lui parler « hardiment » (v. 26), et termine en disant : « Plût à Dieu que vous devinssiez de toutes manières tels que je suis, hormis ces liens » (v. 29). Qu’il nous soit donné, à nous aussi, d’être tels que Paul et que Jérémie, toujours pleins de courage devant les hommes, parce que le Seigneur est avec nous (Héb. 13, 6).