Année 3, 16 novembre

Les lamentations de Jérémie 3, 1-24

* Je suis l’homme qui ai vu l’affliction par la verge de sa fureur. Il m’a conduit et amené dans les ténèbres, et non dans la lumière. Certes c’est contre moi qu’il a tout le jour tourné et retourné sa main.

Il a fait vieillir ma chair et ma peau ; il a brisé mes os. Il a bâti contre moi, et m’a environné de fiel et de peine. Il m’a fait habiter dans des lieux ténébreux, comme ceux qui sont morts depuis longtemps.

Il a fait une clôture autour de moi, afin que je ne sorte point ; il a appesanti mes chaînes. Même quand je crie et que j’élève ma voix, il ferme l’accès à ma prière. Il a barré mes chemins avec des pierres de taille ; il a bouleversé mes sentiers.

Il a été pour moi un ours aux embûches, un lion dans les lieux cachés. Il a fait dévier mes chemins et m’a déchiré ; il m’a rendu désolé. Il a bandé son arc, et m’a placé comme un but pour la flèche.

Il a fait entrer dans mes reins les flèches de son carquois. Je suis la risée de tout mon peuple, leur chanson tout le jour. Il m’a rassasié d’amertumes, il m’a abreuvé d’absinthe.

Il m’a brisé les dents avec du gravier ; il m’a couvert de cendre. Et tu as rejeté mon âme loin de la paix, j’ai oublié le bonheur ; et j’ai dit : Ma confiance est périe, et mon espérance en l’Éternel.

Souviens-toi de mon affliction, et de mon bannissement, de l’absinthe et du fiel. Mon âme s’en souvient sans cesse, et elle est abattue au-dedans de moi. — Je rappelle ceci à mon cœur, c’est pourquoi j’ai espérance :

Ce sont les bontés de l’Éternel que nous ne sommes pas consumés, car ses compassions ne cessent pas ; elles sont nouvelles chaque matin ; grande est ta fidélité ! L’Éternel est ma portion, dit mon âme ; c’est pourquoi j’espérerai en lui.


Avec le chapitre 3, nous arrivons au cœur de ce petit livre, et en même temps au fond de la détresse du prophète. Bien que n’étant pas coupable, Jérémie prend personnellement sur lui les iniquités de son peuple, de sorte que le châtiment est considéré comme tombant aussi sur lui seul : « Je suis l’homme qui ai vu l’affliction par la verge de sa fureur… » (v. 1). Il représente ainsi le Seigneur Jésus, accomplissant l’expiation de nos péchés. Les souffrances endurées à la croix, de la part de l’homme, et que nous rappellent les versets 14, 30 (comp. respectivement Ps. 69, 12 et És. 50, 6), ont été suivies, pendant les trois heures de ténèbres, des souffrances qui Lui ont été infligées par Dieu, quand Il Le traita comme le péché même. Ces terribles expressions de Sa colère ont toutes été la part du Sauveur (comp. v. 8 et Ps. 22, 2). Et pourtant, Sa confiance et Son espérance n’ont pas manqué un instant ; tandis que celles de Jérémie l’abandonnent (v. 18). — Mais, à partir du verset 21, l’affligé recherche le secours auprès de Celui même qui le frappe. Alors sa foi, soumise et confiante, lui fait trouver les merveilleuses compassions de l’Éternel, « nouvelles chaque matin » (v. 23).