Année 4, 30 septembre

Actes 19, 23-41

Or il y eut en ce temps-là un grand trouble au sujet de la voie ; car un certain homme nommé Démétrius, qui travaillait en argenterie et faisait des temples de Diane en argent, procurait un grand profit aux artisans ; et il les assembla, ainsi que ceux qui travaillaient à de semblables ouvrages, et dit : Ô hommes, vous savez que notre bien-être vient de ce travail ; et vous voyez et apprenez que non seulement à Éphèse, mais presque par toute l’Asie, ce Paul, usant de persuasion, a détourné une grande foule, disant que ceux-là ne sont pas des dieux, qui sont faits de main. Et non seulement il y a du danger pour nous que cette partie ne tombe en discrédit, mais aussi que le temple de la grande déesse Diane ne soit plus rien estimé, et qu’il n’arrive que sa majesté, laquelle l’Asie entière et la terre habitée révère, soit anéantie. Et quand ils eurent entendu [ces choses], ils furent remplis de colère, et s’écriaient, disant : Grande est la Diane des Éphésiens ! Et [toute] la ville fut remplie de confusion ; et, d’un commun accord, ils se précipitèrent dans le théâtre, entraînant avec eux Gaïus et Aristarque, Macédoniens, compagnons de voyage de Paul. Et comme Paul voulait entrer vers le peuple, les disciples ne le lui permirent pas ; et quelques-uns aussi des Asiarques, qui étaient ses amis, envoyèrent vers lui pour le prier de ne pas s’aventurer dans le théâtre. Les uns donc criaient une chose, les autres une autre ; car l’assemblée était en confusion, et la plupart ne savaient pas pourquoi ils étaient assemblés. Et ils tirèrent Alexandre hors de la foule, les Juifs le poussant en avant ; et Alexandre, faisant signe de la main, voulait présenter une apologie au peuple. Mais quand ils eurent connu qu’il était Juif, ils s’écrièrent tous d’une seule voix, durant près de deux heures : Grande est la Diane des Éphésiens ! Mais le secrétaire [de la ville], ayant apaisé la multitude, dit : Hommes éphésiens, qui est donc l’homme qui ne sache pas que la ville des Éphésiens est consacrée à la garde du temple de la grande Diane, et à l’[image] tombée du ciel ? Ces choses donc étant incontestables, il convient que vous vous teniez tranquilles et que vous ne fassiez rien précipitamment ; car vous avez amené ces hommes qui ne sont ni des voleurs sacrilèges, ni des blasphémateurs de votre déesse. Si donc Démétrius et les artisans qui sont avec lui ont quelque affaire contre quelqu’un, les tribunaux sont ouverts et il y a des proconsuls ; qu’ils s’accusent les uns les autres. Et si vous avez une réclamation à faire sur d’autres sujets, on en décidera dans l’assemblée légale ; car nous sommes en danger d’être accusés de sédition pour ce qui s’est passé aujourd’hui, puisqu’il n’y a pas de motif que nous puissions alléguer pour rendre raison de cet attroupement. Et quand il eut dit ces choses, il congédia l’assemblée.


Il y avait, à Éphèse, un temple splendide consacré à la déesse Diane (le précédent comptait parmi les sept merveilles du monde ancien). Sa visite, et les miniatures en argent vendues comme souvenirs, procuraient un gros bénéfice aux artisans de la ville. La prédication de l’évangile ne pouvait que faire du tort à leur commerce, aussi les voyons-nous s’associer pour soutenir leurs intérêts, en donnant hypocritement à leur action un prétexte religieux (comp. Apoc. 18, 11). Hélas ! combien de personnes, au lieu de rechercher ardemment la vérité, sont retenues par des considérations matérielles touchant leur « bien-être » (v. 25), ou par l’opinion d’autrui. — D’immenses clameurs s’élèvent en faveur de la déesse… prouvant seulement que celle-ci était incapable de montrer sa « grandeur » en assurant sa propre défense (comp. 1 Rois 18, 26-29). — Tout en se croyant plus évolué et plus éclairé qu’autrefois, le monde n’a fait que changer ses dieux, mais les cœurs, eux, n’ont pas changé. Idoles du stade, du spectacle ou de la chanson… les foules aujourd’hui adorent et suivent celles qui leur sont proposées par le chef de ce monde, passé maître dans l’art d’égarer les âmes.