Année 4, 15 octobre

Actes 27, 18-44

Et comme nous étions violemment battus par la tempête, le jour suivant ils jetèrent une partie de la charge. Et le troisième jour ils jetèrent de leurs propres mains les agrès du navire. Et comme durant plusieurs jours il ne parut ni soleil ni étoiles, et qu’une grande tempête nous pressait, dès lors toute espérance de pouvoir nous sauver nous fut ôtée. Et après qu’on eut été longtemps sans manger, alors Paul, se tenant au milieu d’eux, dit : Ô hommes, vous auriez dû m’écouter et ne pas partir de Crète, et éviter ces avaries et ce dommage. Et maintenant je vous exhorte à avoir bon courage ; car on ne fera la perte de la vie d’aucun de vous, mais seulement du navire. Car un ange du Dieu à qui je suis et que je sers, est venu à moi cette nuit, disant : Ne crains point, Paul : il faut que tu comparaisses devant César ; et voici, Dieu t’a donné tous ceux qui naviguent avec toi. C’est pourquoi, ô hommes, ayez bon courage ; car je crois Dieu, [et je sais] que la chose arrivera comme il m’a été dit. Mais il faut que nous soyons jetés sur quelque île. — Et quand la quatorzième nuit fut venue, comme nous étions portés çà et là sur la mer Adriatique, les matelots, au milieu de la nuit, pensèrent que quelque terre les approchait ; et ayant jeté la sonde, ils trouvèrent vingt brasses ; puis ayant passé un peu plus loin, et ayant encore jeté la sonde, ils trouvèrent quinze brasses. Et craignant que nous ne donnassions au milieu des écueils, ils jetèrent quatre ancres de la poupe et souhaitèrent que le jour vînt. Et comme les matelots cherchaient à s’enfuir du navire, ayant descendu la chaloupe en mer sous prétexte d’aller jeter au loin les ancres de la proue, Paul dit au centurion et aux soldats : Si ceux-ci ne demeurent pas dans le navire, vous ne pouvez être sauvés. Alors les soldats coupèrent les cordes de la chaloupe et la laissèrent tomber. Et en attendant que le jour vînt, Paul les exhortait tous à prendre de la nourriture, disant : C’est aujourd’hui le quatorzième jour que vous passez à jeun, dans l’attente, sans avoir rien pris ; c’est pourquoi je vous exhorte à prendre de la nourriture, car cela est nécessaire pour votre conservation ; car pas un cheveu de la tête d’aucun de vous ne périra. Et quand il eut dit ces choses, ayant pris du pain il rendit grâces à Dieu devant tous, et, l’ayant rompu, il se mit à manger. Et ayant tous pris courage, eux aussi prirent de la nourriture. Or nous étions en tout dans le navire deux cent soixante-seize personnes. Et quand ils eurent assez mangé, ils allégèrent le navire en jetant le froment dans la mer. Et le jour étant venu, ils ne reconnaissaient pas le pays ; mais ils apercevaient une baie ayant une plage, sur laquelle ils résolurent, s’ils le pouvaient, de faire échouer le navire. Et ils abandonnèrent les ancres à la mer, coupant [les câbles], lâchant en même temps les attaches des gouvernails ; et ayant mis au vent la voile d’artimon, ils cinglèrent vers la plage. Et étant tombés en un lieu baigné des deux côtés par la mer, ils échouèrent le navire ; et la proue se trouvant engagée demeurait immobile, mais la poupe se rompait par la violence des vagues. Et l’avis des soldats fut de tuer les prisonniers, de peur que quelqu’un d’eux ne se sauvât à la nage et ne s’enfuît. Mais le centurion, voulant sauver Paul, les empêcha [d’exécuter] leur dessein, et il ordonna que ceux qui savaient nager se jetassent dehors les premiers et gagnassent la terre ; et le reste, les uns sur des planches, et les autres sur quelques [débris] du navire. Et ainsi il arriva que tous parvinrent à terre sains et saufs.


Paul est aussi calme au milieu de la tempête que devant les gouverneurs et les rois. L’ouragan ne l’empêche pas d’entendre la voix du Dieu à qui il est et qu’il sert (v. 23). Alors que, dans l’épreuve, les hommes montrent souvent le pire égoïsme, le cher apôtre, lui, pense au salut de ses compagnons de voyage. Il les rassure par la Parole de son Dieu, mais les exhorte à prendre de la nourriture, non sans rendre grâces devant tous (1 Tim. 4, 4, 5). — Après bien des péripéties et la perte du navire, ils parviennent tous sains et saufs au port désiré (lire Ps. 107, 25-30). — On a pu voir, dans ce vaisseau, jouet de la tourmente, l’image de l’Église ici-bas. Partie par un temps favorable, elle n’a pas tardé à rencontrer le vent des épreuves et des persécutions que Satan a soulevé contre elle. Le manque de nourriture, une période de profondes ténèbres, le recours à toutes sortes de dispositions prudentes, tout cela est arrivé parce que la voix des apôtres — dans la Parole — n’a pas été écoutée. Le jour approche ; et avec lui, le naufrage final de la chrétienté professante (le navire). Mais le Seigneur connaît ceux qui sont siens, dans cette Église qui se réclame de Son nom. Et aucun ne sera perdu, de ceux que le Père Lui a donnés (2 Tim. 2, 19 ; Jean 17, 12).